Chapitre 12 :
Aujourd'hui est le grand jour. Ma nuit fut assez courte. Je n'ai pas pu dormir correctement. Entre la scène avec Elio, et le concours blanc, mon cerveau tourne à vif. Je me lève de mon lit le plus rapidement possible. Je n'aurais pas le temps de m'échauffer avant, il faut que je me prépare. Que je prépare mon corp aux actions qu'il va subir, mais aussi aux défenses qu'il va devoir produire. Je me suis permis de sortir ma combinaison d'espionnage. Elle est souple, composant parfaitement mes moindres mouvements. Mais avant même que je ne puisse l'enfiler, Noor fait effraction dans ma chambre, les yeux remplit de stupeur, elle s'approche à grand pas comme ci il y avait mort d'hommes.
- Père le sait, me chuchote-t-elle tout bas. Il sait que tu nous l'as dit.
Interloquée par sa révélation, mais aussi son honnêteté, je lui demande :
- Mais qui lui a dit ?
Elle hausse les épaules en guise de réponse. Ses cheveux en bataille, ainsi que la trace de salive séchée sur le bord de sa bouche, me prouve qu'elle vient de se réveiller. C'est vrai qu'il n'est que trois heure. Le soleil ne se lève que dans deux heures. Le concours commence au lever de celui-ci. Cela veut dire qu'elle n'a pu qu'entendre la conversation, elle n'y a pas assisté. Les marches craques sous le poids d'une personne montant les escaliers. On se regarde avec Noor. De la peur transverse nos yeux écarquillés. Il ne peut savoir qu'elle est ici. Mais plus exactement, qu'elle est au courant. Je l'attrape par les épaules pour venir l'enfermer dans ma salle de bain.
- Lisandro ne doit pas savoir que tu es ici, je marmonne en fermant avec une clé la porte et en la cachant sous un oreiller.
Le bois de la porte tape contre le mur de ma chambre qui la fusille à bout portant. Lisandro fait son entrée brusque. Le regard sévère, il vient claquer celle-ci. Ses yeux sont plissés, remplit d'aigreur.
- Liv... Il faut qu'on parle.
Il le dit sur un ton sec et froid, me donnant la chair de poule. C'est sa manière à lui de s'énerver. J'entre ouvre la bouche, pour m'apprêter à riposter, comme j'ai l'habitude de faire, mais il ne m'en laisse pas l'occasion. Sa main vient frapper ma joue chaude, encore endormi.
- Tu m'as menti, Liv, commence-t-il en hurlant dans mes oreilles. Non seulement tu m'as espionné, mais en plus tu racontes tout à tes sœurs...
Il s'interrompt en entendant l'absurdité de ce qui s'est passé. Je l'ai berné, mais je l'ai été de même. Pensant faire confiance à mes sœurs, j'ai été trahit de la même manière. Cruellement. Mais ma joue en feu me met hors de moi. J'essaie de répliquer calmement, même si ma fureur est présente :
- Et ? C'est toi qui m'as fait devenir espionne, tu ne peux que t'en prendre a toi-même, père.
- Petite insolente...
Il repasse ses mains dans ses cheveux, un sourire narquois apparaissant sur ses lèvres. Il a quelque chose en tête. Je le devine directement.
- Je t'enlève de tes fonctions, pour cette mission... Plus exactement, tu ne seras plus mon espionne à partir de maintenant, décrète-t-il.
Même si cette affirmation devrait me paraître normal, au vu de la situation, je ne peux m'empêcher de montrer mon étonnement. Horrifiée, je renchérie même si je sais que cela ne le fera pas revenir sur sa décision déjà prise :
- Père tu ne peux pas...
- Si je peux ! Me coupe-t-il en un élan de rage. Je peux te remplacer Liv. Tu m'as déçu. Ne compte pas sur moi pour t'aider par la suite. Tu sais donc ce que ça implique. Plus de mission, aucun moyen de savoir ce que je fais avec le baron et le feudataire. Et ne compte pas sur moi pour venir t'encourager au concours blanc de chevalier !
J'ai l'impression de tomber dans un trou sans fin. Emporter loin, sans plus jamais en voir le bout. S'il ne m'envoie plus en mission, je ne pourrai pas déjouer son plan, et il le sait. Mais cela veut aussi dire, que le concours blanc d'aujourd'hui...
- Vous m'avez déçu aussi Lisandro, j'exclame l'appelant pour la première fois par son prénom devant lui. Mais le concours blanc d'aujourd'hui je le ferais que vous le vouliez ou non.
- Oh mais fait donc, dit-il en se rapprochant de moi. Mais je ne serais pas présent.
Il vient me bloquer contre le mur froid, pour venir me chuchoter à l'oreille :
- Ne devenons pas ennemi Liv, je ne pense pas que tu veuilles affronter le général royal. Se serait dommage que tu perdes ta liberté actuelle.
Il recule pour venir pointer de son index en direction de la salle de bain.
- Je sais que Noor est ici. C'est la même chose pour toi, lui dit-il. Si tu veux aider ta sœur, aide-la, Mais fait le jusqu'au bout, au moins.
- On peut aussi aller voir le Roi et lui dire ! Je crie perdant mon sang froid devant l'instant qui n'est plus en ma faveur.
- Et tu penses qu'ils te croiront ? Il rit. Une humaine comme toi... Ta voix n'a aucune valeur ici. Je vous ai accueilli chez moi, nourrit, élevé... C'est comme cela que vous me remerciez ?
Je ne sais quoi dire. La puissance, l'avance que j'avais sur lui, tout s'efface petit à petit. Plus la discussion dur, plus j'ai l'impression que je ne pourrais pas contre carré ses plans.
Il repart, me laissant désarmé, impuissante face à lui.
- Liv, ne fait pas quelque chose que tu vas regretter par la suite, marmonne-t-il, en claquant la porte.
Me laissant bredouille devant sa phrase, il redescend d'un pas furtif.
Je viens ouvrir à Noor, qui a assisté à toute la conversation. J'ai à peine le temps de la faire sortir, que celle-ci se rue sur moi, pour m'enlacer.
- Je suis tellement désolée... dit-elle les larmes aux yeux. Fait voir ce que t'as fait père.
Derrière son caractère rebelle, de d'habitude, je trouve une petite fille apeuré par la situation grotesque à mon gout. Elle m'attrape la mâchoire avec peu de délicatesse. Sa marque de main est un peu imprégnée sur ma joue. Mais d'ici une heure il ne devrait plus rien y avoir. Elle caresse ma peau, les mains tremblantes.
- Il n'a jamais levé une main sur nous... Sanglote-t-elle, le regard effrayé. Je ne sais pas qui des deux filles a dit quoi que se soit, mais je pense que la seule responsable c'est...
- Belle.
D'un ton accusatrice, je la regarde faisant la moue. Elle ne voulait pas l'admettre, mais la seule qui est du côté de Lisandro, c'est elle. Je ne pleure pas devant cette situation. Comparé à Noor, cela ne m'atteint pas plus que cela. Au contraire, cela me donne encore plus l'envie de le mettre à nu pendant le couronnement de Come. Ma colère augmente ma motivation.
- La mission est toujours en cours, je continue essayant de rendre l'atmosphère moins pesante. Il faut qu'on arrête père pendant le couronnement. Même si aucune de nous deux n'est espionne pour lui, alors on sera juste espionne pour nous même.
Elle essuie ses joues humides, en allant se poser sur mon lit.
- Ça risque d'être plus compliqué que prévu... Argue-t-elle. On va devoir se contenter de ce qu'on a.
- A moins que l'on fouille.
J'affiche un sourire de fierté. S'il ne veut pas que l'on soit ses fureteuses, autant l'être, mais contre lui. Il va plus se soucier de nous, maintenant. Peut-être qu'il s'en rendra compte. Or, le laisser tuer des gens, innocents, ne sont pas dans mes capacités. Il avait surement raison. Je n'ai pas la notion d'un tueur. Je ne suis pas faite pour cela. Je le suis fait peut-être plus pour arrêter ceux qui font du mal aux autres. Être quelqu'un de bien, sans forcément en venir au meurtre.
- As-tu réussi à avoir ce que je t'ai demandé Noor ? J'interroge cette dernière perdu dans ses pensées.
Elle me regarde les yeux rouges, en levant son pouce en l'air, avec de l'enthousiasme :
- Oui, j'ai fait ce que tu m'as dit. Heureusement que tu n'en as fait part que à moi. Sinon notre plan entier serait tombé à l'eau.
Elle n'a pas tort. Mais j'ai commencé à avoir des doutes, après la discussion que Belle et moi avons eu. Je ne pouvais lui faire entièrement confiance. Quant à Yoshiko, le fait que Belle est allée lui parler m'a mis en garde. Mais elle n'est pas du genre à aller divulguer la moindre information. On a tellement de secret que l'on garde et que Lisandro ne sait pas. La seule personne qui est pu aller raconter la vérité, c'est Belle.
- On va dire que j'avais anticipé le coup. Au cas où cela devrait arriver. Maintenant il faudrait que l'on passe à la phase deux du plan.
Un sourire en coin, elle vient s'attacher les cheveux. J'enfile enfin ma combinaison, prête à mettre un terme à cette mascarade, quitte à me mettre Lisandro à dos.
Je me suis entrainée avec l'aide de Noor pendant une bonne heure. Cela faisait un moment qu'elle avait arrêté de me prodiguer des conseils. Mais son aide m'a fortement aiguillé.
S'ils utilisent leur magies contre toi, fonce tête baisser sur eux. C'est assez étrange dit comme cela, avait-elle remarqué, mais tu vas voir que c'est compliqué de parer et de penser à faire pousser des tiges, en même temps.
J'ai pu me battre contre elle. Elle a utilisé ses pouvoirs contre moi. J'ai exécuté ce qu'elle m'a dit. Et il s'est avéré, que c'est plutôt une bonne technique. Elle n'a pas gagné une seule fois. Et pourtant, elle est meilleure que moi. Petite elle me surpassait à chaque fois. Même si on change, je n'aurais pas pensé que je serais meilleure qu'elle à l'avenir.
J'attends dans un des vestiaires féminins. Mes bottes sont poussiéreuses, dû à l'entrainement de tout à l'heure. Je suis assise sur un banc, la tête contre le mur noircis, lézardés, éclairant de large crevasse. Montrant ainsi des débris de plâtre, de fonte, d'inextricables broussailles. Cela donne le long d'un corridor, une voûte cintrée. Laissant les traces des autres joueurs des années d'avant.
Le concours blanc va commencer d'une minute à l'autre. J'imagine que le Roi et la Reine sont arrivés. Je pense déjà à leur visage quand ils verront que je mérite ma place ici, comme garde royal. Une fois que l'histoire avec père sera terminée, je postulerais au vrai concours. Un tonnerre d'applaudissement retentit. C'est le moment d'entrer en scène. Je me lève, prête à faire mordre la poussière si quelqu'un veut me battre. Mais je ne vois pas Ronnie, qui me percute l'épaule en me faisant tomber l'arme luisante que je tenais dans la main. Elle se colore parfaitement à l'aspect de ses joues à moitié bleu.
- Tu ne seras jamais chevalier, déclare-t-elle en plaquant ses dernières mèches bleu, marchant avec fière allure en direction de l'arène. Tu devrais abandonner, et surtout, ne t'avise pas de me voler le prince Syan.
Je glousse en entendant ses derniers mots :
- Te le voler ? Mais je croyais que tu étais avec Bayu ?
Elle peste en entendant cette vérité avant de reprendre :
- Bayu n'est qu'une distraction... Enfin cela ne te regarde pas. Juste ne t'avise plus à danser avec lui. Sinon tu auras à faire à moi.
- Affaire à toi ? Je commente en montrant mes dents blanches. Comme la dernière fois ?
Elle me tire la langue avant de partir sur le terrain. Pas très élégant pour une princesse. Je ne comprends toujours pas pourquoi elle joue avec Syan. Il est amoureux d'elle. Je les compris quand il s'est énervé avant de me recoudre. Pourquoi elle veut le rendre jaloux ? J'enlève ces questions grotesques de mon esprit pour me reconcentrer sur le concours. Je fais mon entrer. La lumière vient m'éblouir, ne voyant que des flashs blancs, je dois cligner plusieurs fois des yeux avant de bien m'adapter à mon environnement présent. L'arène populeuse retentit d'appels de chaque spectateur venu, au nouveau combat qui va se produire. Comme je le pensais, Lisandro n'est pas venu. Je vois juste Yoshiko, Belle et Noor. Belle a osé survenir après ce qui s'est passé. En soit, je trouve cela normal de lui en vouloir. C'est juste, dommage qu'elle nous a mis moi et Noor a dos. Cette dernière me fait des signes de la main. Je souris en voyant que même Yoshiko l'imite.
J'aperçois la Reine et le Roi, un verre à la main chacun, en train de dévisager, et déterminer qu'elle personne va surement remporter le tournoi.
- Alors humaine, fait une voix qui ne peut-être que Syan, tu es revenu reprendre une défaite complète ?
Bayu et Ronnie se mettent à rigoler. Je ne fais pas attention à sa remarque. J'aperçois Elio derrière, qui m'adresse un sourire timide. Je rougis. Il pense pouvoir me battre... qu'il le croit.
J'ancre mes pieds dans la terre grasse et humide, nourrissant les racines des pouvoirs de Fourthia. Le coup de sifflet retentit. Comme à l'entrainement les hommes et femmes se ruent les un sur les autres. Cette fois ci au lieu d'attendre, je m'engouffre dans cet amas de guerriers sans merci. Tous aussi cruel les uns que les autres. Mais la rage que je contenais en moi dû à la dispute avec Lisandro se fait ressentir. Je la laisse me submerger à petit feu. J'abas à terre plus d'une dizaine de personnes, avant de me retrouver face au prince, comme la dernière fois.
- Comme on se retrouve, je murmure pointant mon épée sur lui.
En l'affrontant je suis sûr d'attirer l'attention du Roi et de la Reine. Comme je l'avais pressenti il utilise son pouvoir pour essayer de me bloquer. Mais j'agis comme m'a dit Noor. Après quelque esquives, je le mets à terre. J'ai gagné contre lui.
- Impressionnant, Liv.
Un sourire en coin, il me dévisage d'un regard admirateur. J'en reste interloquée. Il agit étrangement. Je m'éloigne de lui pour ne plus le prendre en considération. Je réussi à mettre les autres gens que je rencontre un à un au sol. Ronnie y est passé, heureusement que Elio c'est fait éliminer par quelqu'un d'autre. Je ne sais pas si j'aurais été capable de le faire. La seule personne que je n'ai pas réussi à battre est Bayu. Il m'en a fait manger la terre du terrain. Se fichant de moi, il est parti tout enjouer à l'idée de m'avoir éliminé. Je sais que j'ai attiré le regard de la cour royale, je les ai vu m'observer en mettant une défaite à leur fils. J'ai pu extérioriser la colère qui était présente en moi. Laissant place à la joie d'avoir eu ce que je voulais. De l'attention.
Je rentre dans les loges, pour me changer et récupérer mes affaires. Noor arrive avec Yoshiko en sautillant.
- Tu aurais dû te voir ! Me hurle-t-elle encore plus heureuse que moi. En train de mettre une raclée à se fichu Syan... Et j'ai vu aussi le regard que te portait le prince Elio...
Elle me fait les yeux doux pour que je lui crache le morceau. J'exclame en levant les yeux au ciels un sourire aux lèvres :
- Bon c'est vrai que l'on sait déjà embrasser mais...
Ses yeux se mettent à pétiller. La connaissant elle est partie pour un long discours.
- Alors moi qui pensait que c'était Syan qui allait t'embrasser je suis choquée ! Elio ! Le prince de feu ! Mais c'est génial Liv, en plus il est trop craquant, oh si un jour vous vous mariez...
- Stop ! Je la coupe avant qu'elle ne s'imagine trop d'histoires. On sait juste embrasser d'accord ? Pas plus. Je ne sais même pas si on peut dire qu'on est quelque chose, tous les deux.
Noor fait la moue en apprenant que ce n'est pas forcément une relation spéciale. Elle aurait espéré avoir un beau mariage dans peu de temps. Il faut toujours plus avec elle. Yoshiko elle, ne laisse aucune expression apparent sur son visage. Elle reste muette.
- D'ailleurs, continue-t-elle en prenant mes mains sales, il y a une soirée qui va commencer pour vos exploits ! Est-ce que l'on peut y aller ? S'il te plait...
Ses yeux plisser en forme de chat, me font craquer à chaque fois qu'elle imite cette expression. Je ne peux refuser.
- D'accord. Yo, tu viens avec nous ?
Elle ramène ses pupilles vers moi. Elle était dans ses pensées. Bizarre. C'est assez rare quand Yoshiko ne parle pas de son mécontentement ou du fait que je fais toujours quelque chose qu'il ne faut pas, par habitude.
- Non, marmonne-t-elle, père m'attend pour une mission. Je ne peux pas y aller mais amusez-vous sans moi.
Noor et moi nous regardons perplexe de sa réponse. Surement une mission qu'il aurait due, de base, me donner. Mais aller en soirée avec elle est une première. Je ne peux cacher mon excitation et elle aussi.
- J'espère que tu vas réembrasser se prince ! Me lâche-t-elle. Je vais t'observer toute la soirée.
- Tu seras plus concentrée sur ta piste de danse que sur mes agissements, je réplique.
Nous sortons, toutes les trois, en direction de la musique céleste, que l'on commence à entendre et qui bat son rythme poétique, s'élevant dans le ciel calme.
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