Prologue

Deux hommes et une femme se tenait face à un immense écran. Devant eux se trouvaient une centaine de postes auxquels étaient attelés un même nombre d'employés, fixés à leurs ordinateurs. Les visages d'une centaine de jeunes ainsi que leurs données cardiaques étaient retransmis face à tous. Chaque bureau était en charge de l'un des jeunes, pourtant quatre d'entre-eux se trouvaient davantage en retrait, tenus par des hommes et des femmes vêtues de noir, à la différence de leurs compères qui étaient en blanc.

-Lancement de l'opération. Vous pouvez les installer en salle de réveil, ordonna l'un des deux hommes du trio se tenant en haut des marches surplombant le reste de la pièce.

La femme et l'homme se tenant à ses côtés pincèrent les lèvres, ayant du mal à contenir leur inquiétude à cette étape du plan. Sur l'écran géant défilaient des dizaines de brancards sur roulettes dans lesquels se trouvaient des adolescents endormis. Ils étaient poussés par des infirmiers et infirmières dont le visage était partiellement caché par un masque chirurgical. Arrivé devant la pièce renommée « salle de réveil », plusieurs hommes se relayèrent pour déplacer chaque jeune de leur brancard à leur lit. L'immense pièce sans fenêtre contenant une centaine de lit se rempli peu à peu, accueillant ses occupants dans un silence troublant. Les gestes effectués paraissaient anodins et étaient répétés avec une précision déconcertante. Une fois que chaque jeune eu trouvé sa place dans cette immense salle, les portes se refermèrent et se verrouillèrent pour les y enfermer.

-Bien, dans trois heures vous lancerez la phase deux, déclara l'homme d'il y a quelques minutes.

Les employés devant lui hochèrent la tête. L'écran se divisa en deux parties. En haut à droite étaient affiché un visuel de la salle de réveil, et sur le reste de l'écran les visages des jeunes s'y trouvant.

-Je ne veux pas d'erreurs, cette année est particulière, gardez à l'œil les sujets 14, 26, 30 et 72. Veillez à ce qu'ils se réveillent dans les temps. Nous repasserons d'ici quelques heures. Bon courage à tous !

Le trio tourna le dos aux écrans, bien que la femme eu marqué une pointe d'hésitation. Ils quittèrent la salle sans un mot. Ils progressaient dans le couloir, le seul bruit de leurs pas sur le sol en béton froid résonant entre les murs. Ils entrèrent dans une pièce un peu plus loin, un salon sobre et épuré très minimaliste, et prirent place dans des canapés en son centre.

-J'ai peur que l'on fasse une erreur... soupira la femme.

-Ne t'inquiète pas, il n'y a pas de raison que ça ne fonctionne pas, tenta de la rassurer son mari qui prit sa main d'un geste tendre.

-Ce n'est que le début, pour le moment c'est facile, mais quand on atteindra la phase trois de l'opération ce sera une toute autre histoire.

Les deux hommes acquiescèrent, conscient des enjeux.

-N'y pensons pas pour le moment, on peut compter sur eux, tout se passera bien, assura le deuxième homme assis en face du couple.

-Ils sont encore si jeunes. Ça fait des années qu'on s'y prépare, mais maintenant qu'on y est c'est bien pire...

Aucun n'eut le courage de contredire son point de vue.

-Ils réussiront, je ne doute pas qu'ils pourront compter les uns sur les autres, leur différence va les rapprocher et leur force de caractère les mènera loin. Je ne doute pas qu'ils feront exactement ce qu'on attend d'eux. Ils sont le futur de notre société, chacune de leurs actions aura une répercussion sur la population. Ils créeront un véritable mouvement, une révolution.

-Et si on les perdait ? On joue gros, on joue leur vie, on voudra s'en prendre à eux !

La femme étouffa un sanglot, plaquant sa main sur sa bouche et tentant vainement de retenir ses larmes.

-On ne laissera pas une telle chose arriver, on gardera un œil sur eux, on interviendra s'il faut.

-J'espère qu'on interviendra à temps.

Nouveau silence, plus pesant. Le deuxième homme reprit la parole après avoir assisté à l'échange de son ami avec sa femme.

-Il y a des risques, mais on se doit de les prendre, Noa, Nolan, Stefen et Jennifer sont notre futur, il faut qu'on croit en eux, ils réussiront, soyez-en sûrs.