T3 : Vingt-huit ✔️

Une semaine, voilà une semaine que j'étais reine. Entre les différentes conférences, l'organisation de notre nouveau conseil, les festivités et autres obligations royales, je ne savais plus où donner de la tête. Cela faisait bien une heure que j'étais réveillée, à tourner dans mon lit, vide car je ne partageais plus ma chambre avec Samuel, ce qui d'après ma manageur serait mal vu pour une fille de mon âge. Je levais les yeux au ciel en y pensant et décidais de me lever, bien décidée à agir. J'avais des idées, et je voulais enfin faire quelque chose par moi même. J'étais enfin reine, et j'avais les pouvoirs de décider, alors c'était à mon tour d'ordonner. Je prenais une longue douche et enfilais un jean, des baskets et un chemiser vert avant de quitter ma chambre, mon téléphone à la main. Quand je traversais les couloirs du Capitole, il était rare que je ne tombe pas sur un membre du personnel qui m'interrompait quelques instant, sur mes gardes du corps ou mon abominable manageur. En pensant à elle, elle apparu soudainement devant moi en sortant d'un des nombreux salons où d'autres journalistes devaient m'attendre pour une conférence.

-Mademoiselle Lawrence ! Vous voilà ! On attendait votre arrivée avec impatience ! Les journalistes sont prêt à vous accueillir pour...

Je la coupais net en levant la main.

-Ne vous fatiguez pas Gina, j'ai autre chose à faire, déclarais-je.

-Mais ils vous attendent !

-Je m'en fiche, je ne compte pas les voir ! Je ferai appel à eux quand j'aurai des choses à dire, pour le moment faites les sortir et allez vous prendre du temps libre, vous ne m'avez pas lâché d'une semelle depuis une semaine !

Je ne la laissais pas répondre et m'engageais dans un couloir. Je pianotais rapidement sur mon téléphone, écrivant à la va vite un message sur mon téléphone que j'envoyais à Ryan, Olivia et Samuel. J'entrais dans le grand bureau où se réunissait auparavant l'ancien conseil. Je demandais aux gardes à l'entrée de me ramener un grand tableau avec des crayons pour que je puisse travailler correctement. Je m'asseyais dans l'un des nombreux fauteuils et attendais. On revint m'apporter ce que j'avais demandé quelques minutes plus tôt avant que mes amis n'arrivent. Ils s'assirent tous les trois face à moi, debout devant le tableau.

-Bien ! Il est temps qu'on se bouge, j'ai déjà des idées. Il faut que l'on remette en ordre ce pays, et vite.

~~~

La grande salle était pleine, bondée de monde. Nos quatre sièges derrière notre tableau avec quatre micros avaient été installés pour nous. Je sentais le stresse monter, nous allions être diffusés en direct sur tous les sites d'infos de l'unique moteur de recherche psi du pays. Je réajustais ma robe, lissant la jupe de mes mains moites. Nous allions d'ici quelque minutes faire part de nos avancées, décisions et déclarations. Nous avions travaillés avec acharnement pendant près d'un mois, avant de décider de ce que nous allions annoncer. Je prenais mon discours que mon assistante me tendais, secouant mes bras pour tenter d'évacuer le stresse. Olivia, Ryan et Samuel avaient l'air d'être dans le même état que moi, mais nous étions prêts, et il était temps. D'un hochement de tête, je replaçais une mèche derrière mon oreille et m'élançais. J'entrais sur scène, dans cet salle immense où les flashs des appareils photos nous aveuglèrent dès notre premier pas sur l'estrade surplombant l'assemblée. Je prenais place derrière la table, entre Samuel et Olivia, Ryan se trouvant à la droite de la blonde. Je regardais la foule quelques instants, face à ce brouhaha à n'en plus finir. Samuel leva alors la main, faisant place à un silence complets en quelques instants. Je ne disais rien, ce n'était pas à moi de commencer le discours, je n'avais pas voulu prendre ce rôle.

-Bonjour à tous. Avant toutes choses, nous avons travaillé durant plus d'un mois, à l'écart de tous pour pouvoir décider de ce que nous allions vous dire aujourd'hui, débuta Samuel.

-Nous avons fait des choix, après notre couronnement, nous avions décidés de remettre en place un nouvel ordre, pour qu'il puisse diriger ce pays dans de bonnes conditions, poursuivit Olivia.

-Ce qui nous mène devant vous, ce matin. Nous avons réfléchis à tout, pensé à chacune des catégories de personnes qui nous regardent aujourd'hui, et nous avons fait des choix, termina Ryan.

C'était à mon tour, je devais faire la déclaration. Je gardais le silence, ne me sentant pas prête à parler devant tous ces gens. Mais Samuel me prit la main et la serra dans la sienne.

-Dès aujourd'hui des listes seront mises en ligne, nous avons décidé de recréer un conseil, élu cette fois ci par le peuple. Un premier ministre sera nommé, par la majorité du parti le plus populaire. C'est à la population psi de choisir ses représentants. Nous aurons toujours un contrôle sur le conseil, mais c'est eux qui dirigeront désormais notre pays.

Une foule de main et des exclamations s'élevèrent quand j'achevais ma dernière phrase. Je jetais un regard à mes amis avant de lever la main, pour rétablir le silence.

-Une première mesure a été décidé, repris-je. Tous les adultes, anciens élèves et jeunes des écoles de l'association des anciens originels à qui on a retiré la mémoire, devront passer des tests pour la récupérer s'ils le désirent, et ce dès à partir de demain.

-Des écoles vont être rénovées, remises à neuf pour accueillir les jeunes psis dans des établissements pour leur apporter un apprentissage digne de ce qu'ils méritent, poursuivit Ryan. Nous comptons à ce jour une dizaine d'écoles, mais d'autres sont en construction à travers tous le pays, pour que tous puissent en bénéficier.

-Une ministre de l'éducation sera élue, et sous nos directives, organisera différentes filières, pour aider les jeunes à entrer dans le vrai monde, enchaîna Olivia. Chacun mérite de choisir ce qu'il veut faire, car tout est possible, on peut faire n'importe quel métier et ces écoles seront là pour permettre des études de qualité aux jeunes et qu'ils puissent, par leur propre choix, faire ce qu'il leur plait.

-Pour ce qui est des anciennes bases militaires du gouvernement, toutes seront remises à neuf, pour les plus anciennes. Les personnes travaillant au service de l'ancien gouvernement sont libres de pouvoir quitter le travail qu'ils occupent, ou demander à se faire muter dans une base différente. Plus personne ne sera dans l'obligation de servir le gouvernement.

-C'est vous qui déciderez, c'est le peuple qui a le pouvoir maintenant. Les bases du gouvernement seront renommées, LOE sera désormais votre protecteur, dont je suis la directrice, épaulée par Arthus Lawrence, Samuel Hadley et Nicolas Sauren.

Je marquais quelques secondes de silence avant de reprendre, sur un ton bien plus symbolique face à mon annonce.

-Un monument en mémoire de tous nos défunts, amis, frères, sœurs, cousins, cousines, tantes, oncles, parents et grands-parents, sera érigé à Philadelphie. En mémoire pour toutes ces personnes qui se sont battues, pour notre liberté, pour que les jeunes psis puissent avoir une vie, qu'ils puissent vivre en paix. En mémoire à tous ces jeunes de LOE qui ont perdus la vie pour protéger les leurs, pour tous les résistants du gouvernement qui se sont rebellés pour nous aider, pour nos frères d'armes, car oui nous étions en guerre. Et cette guerre a été gagné, non pas par le gouvernement, ni par les anciens originels, mais par le vrai peuple, par les futures générations, pour nos espoirs. Et c'est avec fierté que l'on se tient devant vous, Ryan, Olivia, Samuel et moi, en tant que vos rois et reines, qui saurons vous représenter dignement. Une nouvelle air est en marche, et c'est vous, vous seuls qui déciderez. Car la force ne vient pas de la guerre, des armées, des morts, mais elle vient de l'espoir, de notre espoir.

Des applaudissements, des cris, des sifflements. Je m'étais levée durant mon discours, emportée par la force de ce que j'avais rédigé le matin même. Mes trois amis se levèrent à côté de moi et on se prit la main, les flashs des appareils photos nous bombardant de leur éclairs aveuglants. On salua les journalistes avant de nous retirer. Une fois dans les coulisses je sautais dans les bras de Samuel.

-On l'a fait, murmurais-je, n'arrivant pas à croire tellement tout s'était passé vite.

-Oui, on y est arrivé.

Je l'embrassais avec passion avant de le serrer à nouveau contre moi. Nos amis coururent vers nous, et je me précipitais dans les bras de Louis, Nicolas et Lila. Ils me serrèrent tous les trois en même temps, me félicitant pour ma prestation. J'enlaçais mes amis uns à uns, savourant ce moment de bonheur intense. Nous avions réussi, nous avions changé la vie de tous les psis de notre pays.

~~~

Le mur en quartz noir construit quelques jours plus tôt présentait désormais des centaines, voir des milliers de noms, en mémoire de tous nos amis défunts. Vêtue de ma robe noire, un énorme bouquet de roses blanches et rouges dans les bras, je passais devant chaque colonne de noms, y déposant une fleur aux pieds, a même le sol au milieu de tant d'autres, de bougies, de photos, de mots et autres objets en souvenir de nos précieux alliés. Je m'arrêtais devant la dernière colonne de noms que je n'avais pas faite, Samuel à mes côtés. Il ne me restait qu'une rose, de couleur blanche. Ma main effleura les gravures dorée des noms de William, Edward, Julia, Axel et Mae. J'avais demandé à les mettre tous les quatre à côté, un vœux que l'on m'avait gentiment accordé. Je déposais la fleur au pied du mur, mes yeux laissant déborder les larmes sans honte. Des milliers et des milliers de personnes étaient venues ce jour là, pour l'inauguration du mur noir. Je n'avais pas fait de discours, je n'avais pas voulu prendre la parole. Au lieu de cela une poignée de volontaires avaient pu le faire et s'exprimer librement à travers des paroles émouvantes, rappelant des souvenirs avec leurs êtres cher perdus, ou rappelant simplement ce qu'ils étaient, ce qu'ils avaient fait. Tous les psis des États-Unis étaient en deuil. Une journée nationale qui resterait dans les mémoires. Suite à cela, après cette longue matinée de pleures et d'émotions, nous étions partit, le groupe au complet pour la maison des bois comme nous l'avions appelé, appartenant depuis peu à Lila et Samuel, cadeau de leur père pour se faire pardonner. On avait enfin pu oublier, l'espace de quelques jours, nos rôles de rois et reines, Olivia, Samuel, Ryan et moi. Une soirée bien arrosée avait débuté, j'étais assise sur le tapis du salon, à côté de la table basse, à regarder mes amis danser de l'autre côté du canapé. Nous étions tous un peu éméchés, mais peu nous importait. Sam faisait danser Olivia sur un rock simple, tentant de lui apprendre quelques pas, Nicolas et Taylor, ainsi que Louis et Lila s'engageant dans des pas tous les quatre au rythme de la musique. Les jumeaux dansaient un peu n'importe comment, mais ils semblaient s'éclater, jouant les DJ de la soirée. Clarisse et Ryan étaient assis dans un coin du salon, et discutaient tous les deux autour d'un verre. Ils s'étaient beaucoup rapprochés ces derniers temps, pour mon plus grand bonheur, mais sous les confidences de mon meilleur ami, il n'avait pas encore fait le premier pas, ce qui ne saurait tarder. Deux de mes amis manquaient pourtant à l'appel. Moa et Clarence avaient disparu depuis quelques minutes et personne ne s'était aperçu de leur absence. Je décidais donc de me lever pour partir à leur recherche. Je contournais l'îlot de la cuisine et trouvais la porte menant au jardin entre ouverte. Je saisissais la poignée, me faufilant pour sortir dans l'air doux de la nuit. Sous le porche, à une dizaine de mètres de moi, se tenaient mes deux amis. Je ne vis pas grand chose au départ, les éclairages extérieurs étaient éteints et la seule lumière que projetait la lune sur la façade ne me permettait pas de bien analyser ce que je voyais. J'appuyais sur le bouton pour allumer les spots extérieurs et sursautais de surprise quand j'apercevais mes deux amis, enlacés dans les bras l'un de l'autre.

-Je rêve ! m'exclamais-je, n'en revenant pas.

Ils se retournèrent tous les deux en même temps. Un sourire triomphant sur les lèvres de mon mentor, me faisant bien vite comprendre ce qu'il venait de se passer.

-Je... Désolé ! m'empressais-je de dire avant de rentrer, sous le rire de Moa.

Je refermais la porte derrière moi, riant en me remémorant l'expression de Clarence, complément perdu en m'ayant aperçu. Je me précipitais au salon, tirais ma meilleure amie par le bras et m'empressais de lui raconter ce que je venais de découvrir. Elle s'écria de joie et s'empressa de tout raconter aux reste de nos amis. On fit un silence total quand les deux concernés rentrèrent. Ils nous regardèrent quelques instant.

-Félicitation ! nous nous écriâmes en cœur.

Les deux garçons rirent alors que nous nous précipitions vers eux pour les prendre dans nos bras. Moa me sera contre lui avec un clin d'œil complice, avant de poser un doigt sur ses lèvres. Je m'en étais douté, je le connaissais bien et je m'étais vite dit que Clarence serait probablement réceptif au charme de mon ami. Et cette nouvelle annonce nous réchauffa un peu plus les cœurs, nous donnant une bouffée d'énergie. On dansa et nous amusa toute la nuit, n'allant nous reposer finalement que vers cinq heures du matin tout au plus. Je me couchais exténuée dans les bras de mon bien aimé, sa présence près de moi m'ayant terriblement manqué.

~~~

On s'était tous rendu à la clinique St Augustin, là où les premières opérations récupération de mémoire allaient débuter. Des centaines de jeunes, la liste de LOE en première, avaient été appelé ce matin même. Chaque jour, nous avions reçu des mails, pour inscrire des noms sur les listes, ainsi pendant près de trois jours, chaque liste était convoqué. Nous avions expliqué comment cela se passait, mais presque tous avaient acceptés de retrouver leur mémoire. Cela me faisait mal de voir tous ces jeunes crier de douleur, non pas à cause de la charge électrique, mais surtout de ce qu'elle provoquait. Un médecin m'avait expliqué qu'il fallait faire attention à la puissance que l'on mettait sur la machine, sinon cela pouvait devenir dangereux pour les « soignés », et que ce n'était pas le choc en lui même qui provoquait cette douleur, mais bien le fait qu'il débloque notre mémoire, provoquant des spasmes de douleurs à travers tout notre corps.
Nous étions restés présent tous les jours, afin de rassurer et de supporter les victimes de l'association des anciens originels. Tous nous avaient remerciés du fond du cœur, mais je ne cessais de leur dire que nous n'y étions pour rien, que c'était mes parents qui avaient dévoilés au grand jour le moyen pour retrouver la mémoire, voulant se rattraper de l'erreur qu'ils avaient commis.

Face à nos mesures, les psis du pays semblaient plus heureux, j'avais pu passer dans les anciens bunkers du gouvernement, ou des centaines d'agents faisaient leurs bagages pour rejoindre leur famille, et partir en quête d'un nouveau travail. Par conséquent certaines basent avaient fermées, ne servant plus à personnes puisqu'elles étaient vides. Je m'étais entretenue avec le président des États-Unis, accompagnée de Samuel, Olivia et Ryan. Il avait semblé soulagé que notre « guerre » soit enfin terminé, cacher toutes nos morts et désastres à la population du pays entier devenant un tâche bien plus difficile. Il avait donc récupéré nos anciennes bases militaires, au profit de ses propres armées. Il avait semblé étonné au début que ce soit de si jeunes rois et reines qui aient reprit le pouvoir, mais face à notre détermination et notre sérieux, il avait vite semblé s'en accommoder. J'avais pu lui demander comment se faisait-il qu'il connaisse l'existence des psis avant même qu'il n'arrive au pouvoir, et il m'avait expliqué qu'il était l'un des seuls membres de sa famille à ne pas avoir reçu le gène, que lui et sa sœur étaient de simples normaux alors que ses cousins, sa mère et son frère étaient des psis.
Suite à une rencontre de quelques heures, nous étions repartit pour Philadelphie, ou un tout autre projet nous attendait. En effet nous avions eu une idée totalement différente : la construction d'un véritable quartier général pour LOE. Avec des habitations, de vrais appartements, pour accueillir les familles des agents. Il s'organisait comme une petite ville, de petites résidences, toutes identiques, avec quelques magasins, un super marché... Et un grand bâtiment, sur deux étages, avec les bureaux, les salles de recherche, salles de réunions, de sport, armureries avec leurs stands de tir. Puis le sous sol, là où étaient entreposés tous les véhicules, avec une plateforme pour faire remonter les hélicoptères. Une porte s'ouvrant à l'extérieur pour que tous les accès au QG soient contrôlés. Le tout entouré de grandes clôtures métalliques, avec des milliers de détecteurs de mouvements. Pour l'emplacement, nous avions choisi les alentours de Philadelphie, dans un zone au milieu de la nature mais à trente minutes des premières habitations. Avec l'argent récolté pour les vente d'une bonne dizaine de bunker au gouvernement des normaux, nous avions assez pour nous engager dans un projet aussi gros. Énormément de personnes avaient été appelées pour ce projet, si bien que les plans étaient presque terminés. Tout allait très vite, trop vite. De retour au Capitole, nous avions pu signer le contrat déclarant officiellement que nous étions les propriétaires, enfin que le gouvernement psi était le propriétaire du terrain que nous avions choisi, faisant bien quelques hectares. C'est ici qu'avait commencé notre nouvelle vie.

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