T3 : Dix-neuf ✔️
-Tu lui as donné quel numéro ? me demanda Samuel après deux longues heures de route en silence.
-Celui de mes parents, répondis-je avec un sourire en coin, fière de mon coup.
-Ah bien joué !
Un nouveau silence se fit, on ne parla pas avant d'être arrivé au camp, une heure plus tard. J'ouvrais la porte de la voiture et descendais. J'ouvrais le coffre pour récupérer le sac d'armes et entrais quand on vint nous ouvrir la porte. Nicolas gara le 4x4 dans l'enceinte du camp et on verrouilla à nouveau le lourd portail de l'entrée.
-Comment ça s'est passé ? me demanda une jeune fille qui venait nous accueillir.
-Plutôt bien, répondis-je sans enthousiasme en fixant le sol.
Nos amis vinrent à notre rencontre. Devant ma mine déconfite ils crurent d'abord que nous avions échoués, mais Samuel et Nicolas leurs expliquèrent que nous avions fait un travail remarquable. Je retirais mes talons d'un coup de pied, laissais le sac d'armes en plan sur le sol et retournais à pied vers le bâtiment central. J'ignorais mes amis qui m'appelaient derrière moi, et courrais à vive allure vers l'entrée de la piscine, ignorant les graviers qui me lacéraient les pieds. Je poussais la porte et marchais jusqu'au bord du bassin. Il était très tard, par conséquent personne ne viendrait me déranger. Je retirais ma robe et me plaçais, debout, les orteils au dessus du vide, au bord du bassin. Je me retournais et me laissais tomber en arrière, me pliant un peu en deux pour éviter le plat. Je m'enfonçais dans l'eau avec une satisfaction, appréciant ce calme et cette sensation de paraître légère et libre. Je ne bougeais pas, descendant vers le fond de la piscine sous mon poids, tout en sachant que je remonterai à la surface avec l'air dans mes poumons. Je soufflais doucement les petites bulles de ma bouche, précipitant plus rapidement ma chute vers le fond du bassin. Je commençais à manquer d'air mais je me sentais bien, j'avais encore un peu de souffle pour rester sous l'eau. Mais quelqu'un en décida autrement. Une main saisie mon bras et me remonta à la surface. Je reprenais mon souffle dans une grande inspiration. Deux mains passèrent sous mes aisselles pour me remonter sur le bord. Je me passais une main sur le visage et ouvrais les yeux pour tomber sur le regard inquiet de Lila et Ryan.
-Tu faisais quoi là ? me demanda ma meilleure amie.
-Je me baignais.
-Ouais c'est ça et je suis un pigeon !
Je jetais un coup d'œil à Ryan qui avait tout le mal du monde à tenter de ne pas rire. Lila lui jeta un regard assassin avant de me regarder avec sérieux.
-J'avais besoin de calme, et j'adore être sous l'eau, c'est tellement apaisant...
-Pourquoi ? Qu'est ce qu'il s'est passé ? me demanda Ryan soudain très inquiet.
-J'ai du faire sauter une voiture qui nous poursuivait.
Je sentais toujours la douleur lancinante de ma blessure au bras que j'avais tenté de cacher du mieux que je pouvais. Mais les coulées de sang commençaient à tacher le sol.
-Tu es blessé ?! Mais qu'est ce qu'il s'est passé ?! s'exclama Ryan en saisissant mon bras.
-J'ai eu de la chance, j'ai faillit être poignardée, c'est passé juste, expliquais-je en posant ma main sur la plaie pour empêcher le sang de couler. Ils ont dû deviner, je ne sais pas, deux voitures étaient lancées sur nos trousses, mais quelqu'un dans la salle, je n'ai pas eu le temps de l'identifier, a tenté de me faire du mal. Mais on était au milieu de tout le monde, on devait partir vite fait, Nico avait été repéré.
Lila se leva et attrapa une serviette sur une étagère. Elle l'a compressa contre la plaie tout en jurant.
-On va te faire un bandage et tu vas aller te coucher, tu dois être épuisée, me dit-elle dans un soupire.
-Samuel est partit à votre appartement, il t'y attend. On devrait se bouger ou il va s'inquiéter, m'informa mon meilleur ami en m'aidant à me lever.
Il déposa une serviette sur mes épaules et me souleva dans ses bras, me mettant en sac à patate du son dos.
-Qu'est ce que tu fais ?! m'écriais-je affolé.
-Tais-toi, tu n'as pas de chaussures !
Je ne protestais pas plus et il me porta jusque dans l'ascenseur de notre immeuble. On se salua sur le palier alors que Lila et moi entrions dans notre appartement. Je prenais une longue douche pour retirer la coloration de mes cheveux, heureusement elle se retirait à l'eau. Pendant ce temps, Lila sortait la trousse à pharmacie. Elle me soigna, recouvrant ma plaie d'une dizaine de centimètre d'un bandage tout le long du bras.
-Aller vas te coucher, me dit-elle d'une voix douce en me faisant un signe de tête en direction de la chambre de Sam.
J'ouvrais doucement la porte, il leva les yeux de son livre.
-Qu'est-ce que tu as au bras ?! s'exclama-t-il en se précipitant vers moi.
-Un fan un peu taré qui m'a sauté dessus, ricanais-je.
Il me jeta un regard désapprobateur mais sourit tout de même. Je retirais les lentilles de contactes, mes yeux retrouvant leur couleur d'origine.
-Heureusement que ce sont des teintures éphémères ! soupira-t-il. Je déteste être blond !
Je laissais échapper un petit rire. J'allais enfiler mon pyjama dans le dressing. Je me couchais, me blottissant sous les draps. Samuel bougea à côté de moi. Il éteignit sa lampe de chevet et s'approcha de moi. Il posa sa main sur ma cuisse puis la fit remonter doucement jusqu'à la placer sur mon ventre, sous mon teeshirt. Il se cola à moi et m'embrassa dans le cou, sur l'épaule.
-Sam, l'appelais-je.
-Hum ?
Je me retournais pour être face à lui.
-Je suis crevée, on peut dormir ?
-Heu ok.
Il parut tout à coup très gêné et s'éloigna de moi. Je souriais devant son embarra et me rapprochais de lui. Je le serrais contre moi. Ce n'est que quelques instants plus tard qu'il passa son bras autour de mes épaules pour me serrer plus fort contre lui.
~~~
Après deux bons jours de repos, Maddy allait bien mieux. Elle ne pouvait pas marcher mais elle avait bien moins mal, ce qui me rassurait. Les jumeaux et Nicolas avaient bien avancé dans le décryptages des infos sur le gouvernement. Nous avions désormais la liste du personnel travaillant au Capitole, un plan du bâtiment avec l'indication des caméras, des détecteurs à l'extérieur ainsi que les entrées et sorties. Ils travaillaient encore sur le piratage des codes d'accès des multiples portes qui nous permettraient d'entrer dans la salle royale comme on l'appelait, celle qui contenait les reliques de nos grands parents. Il était primordiale d'obtenir ces informations si nous voulions réussir notre coup.
-Vic ? Tu m'écoutes ? me demanda Ryan en fronçant les sourcils.
-Heu... non désolé, j'étais perdu dans mes pensées, m'excusais-je en me redressant sur ma chaise.
-Ouais bon, en bref il faudrait qu'on entre par là, c'est une sortie un peu moins protégée. Elle donne accès au parc autour du bâtiment. Il suffira juste que l'on passe le grillage. Seul problème, il faudra éviter les détecteurs, alors nous devons apprendre le plan par cœur. Chaque capteur est dissimulé sous la pelouse, donc invisibles. Une petite équipe entrera par la, mais il faudra faire diversion, à l'entrée principale.
-Que proposez-vous ?
Ryan échangea un regard avec Moa et Nicolas avant de poursuivre.
-Soit créer une sorte de manifestation, ce qui pourrait paraître normal étant donné la situation, et nous sommes assez nombreux pour que ça fonctionne. Soit, et je préfère éviter cette option, on attaque par l'avant, bombes, tirs, mais il risque d'y avoir des blessés.
-Évitons la seconde option, la première est la meilleure, restons sur ce plan initial, on s'organisera par la suite quand nous détiendrons toutes les informations dont nous avons besoin.
-Ok, je note. Et je voulais aussi te demander...
Une alarme se déclencha. Je me levais d'un coup en entendant les premières notes crier dans tout le camp. Ce n'était pas n'importe quelle alerte. Je me précipitais à mon bureau et enfilais ma ceinture de couteau, puis dégainais mes deux pistolets. Samuel entra dans la pièce une minute plus tard.
-On est dans la merde, me dit-il, son visage déformé par l'inquiétude.
-Dépêchons-nous, ne les laissons pas nous prendre d'avance. Nous nous sommes préparés à ça, on peut riposter.
L'alerte intrusion affolait tout le camp. Les jeunes les plus qualifiés récupéraient des armes tandis que les plus jeunes et les moins expérimentés allaient dans la salle des dortoirs, là où nous nous étions réveillé à notre premier jour à Lake-Moon. On se précipita hors de la pièce, il sortit par une fenêtre en volant après que je lui ai donné rendez-vous à l'extérieur du bâtiment. Une seule entrée était encore ouverte, les génies du camp avaient mit en place un système de blocage, verrouillant toutes les issues secondaires en cas d'attaque.
J'arrivais sur le terre plein central au moment où j'entendais le premier coup frapper contre la porte en bois de l'entrée. Samuel atterri à côté de moi quelques secondes plus tard. Les premiers jeunes équipés arrivaient en courant. Ryan, Clarence, Nicolas, Arthus, Mae et Clarisse débarquèrent accompagnés d'un grand groupe de jeunes. Je me tournais vers la foule et commençais à crier des ordres.
-Mettez-vous à couvert ! Dépêchez-vous ! Ne tirez qu'en cas de menace ou en entendant mon signal ! Utilisez vos pouvoir, on est sans doute plus nombreux qu'eux ! Aller !
Tous les jeunes se mirent à courir, se mettant à l'abri derrière les arbres de l'autre côté de la pelouse centrale, à la lisière de la forêt. Le soleil se couchait, on n'y voyait presque plus rien. Je me cachais juste à côté du bâtiment, aux côtés d'Olivia, Lila, Samuel et Ryan. Nous déchaînerions nos pouvoirs pour nous défendre, cinq originels ne seraient pas de refus. Le troisième coup contre la porte retentit, on entendit le bois de la poutre fermant l'accès se craqueler. Au troisième coup elle était prête à céder, puis le quatrième. Elle vola en éclats, les deux battant s'écartant un peu. J'apercevais un 4x4 reculer et enclencher la marche avant. Au cinquième coup, les portes s'ouvrirent. Je levais les mains, prête à me déchaîner alors qu'une troupe s'engageait dans le camp. Des hommes armés, tous vêtus de noirs, progressèrent vers la pelouse à pas méfiant. Je créais une bulle de protection autour de moi et sortais des bois. Mes quatre amis m'imitèrent. Dès que le groupe nous aperçu, un second puis un troisième avança. Il devait y avoir plus de cent hommes armés jusqu'aux dents prêt à nous tirer dessus. Mais ils n'en firent rien, on continua alors d'avancer, jusqu'au milieu du terre plein central.
-Arrêtez-vous où on tire ! s'exclama un homme dans un haut-parleur.
On ne l'écouta pas. On marcha encore sur une dizaine de mètres avant d'enfin se stopper. Trois coups de feu furent tirés dans ma direction. Les trois balles rencontrèrent ma barrière et se désintégrèrent en petit nuages de cendres. Les hommes restèrent étonnés, figés par la surprise. Je jetais un regard à mes amis avant de fixer les hommes devant moi. Je créais une rempart de feu, les empêchant ainsi de reculer ou de partir sur les côtés. Ryan leva son bras d'un coup, de multiples racines sortant du sol et transperçant de leurs épines, une bonne dizaines d'agents. Mais les hommes et femmes de la terre ne l'entendirent pas de la même façon et réussirent à faire disparaître les végétaux de Ryan, les réduisant en poussière. Olivia fit pleuvoir de l'eau brûlante au dessus d'eux, en ébouillantant plus d'un, mais encore une fois les enfants de l'eau contrèrent son attaque. C'est alors Samuel et Lila qui s'avancèrent, je les vis tout deux tendre les bras, plusieurs personnes se mirent à se tortiller sur elles mêmes, privées d'oxygène et ne parvenant plus à respirer convenablement. Mon amie s'épuisait vite, sa bulle de protection disparue, je me précipitais vers elle pour la protéger grâce à la mienne, au moment même où une balle sifflât non loin de ma tête. Plusieurs corps tombèrent inanimés sur le sol, mais l'attaque de mes amis ne fut pas non plus assez puissante. Je criais de rage et refermais mon cercle, je le faisais se resserrer de plus en plus, lutant contre les hommes et femmes du feu se trouvant à l'intérieur qui tentaient de repousser mon attaque. Je gagnais du terrain, plusieurs personnes prirent feu, des hurlements déchirant s'élevèrent, les personnes sortant du cercles, enflammés, se jetaient au sol pour éteindre les flammes. On repoussa mon attaque. Ma barrière disparue en un nuage de fumée. On conserva nos bulles de protection, dévisageant les agents devant nous.
-Tirez ! hurlais-je.
Des coups de feu retentirent, plusieurs corps tombèrent sur les graviers blancs, les jeunes sous mon commandement jusque là cachés à là lisière de la forêt sortirent en criant, telle la scène dans la guerre des boutons. Je repoussais cette pensée et dégainais deux couteaux. Je me précipitais vers l'un des groupes, tranchant la gorges et poignardant tous ceux que je croisais. Je me pris un violent coup dans les côtes, me forçant à m'arrêter dans ma course folle. Je me redressais rapidement et enfonçais mon poignard dans le ventre de l'homme venant de me frapper. Je fus soudain poussée avec force au sol, me faisant mordre la poussière. On saisit ma queue de cheval pour me faire relever la tête. Je grognais de douleur mais réagissais au quart de tour. Je lançais mes pieds dans l'estomac de mon agresseur. Il recula en titubant. J'eus tout juste le temps de tendre le bras et il prit feu. Je me redressais, récupérais mes poignard et regardais autour de moi. D'un coin de l'œil je voyais une jeune fille en difficulté. J'accourais et saisie la tête de son agresseur. Je le tirais en arrière le déséquilibrant, je lui donnais un coup derrière le genou, le forçant à tomber, puis, sans scrupule lui plantais un couteau au niveau du cœur. Je retirais l'arme en relevant la tête vers la jeune fille. Elle devait avoir bien deux ans de moins que moi et le regardait ébahi.
-Fais attention, rappelles toi bien ce qu'on t'a apprit, et restes en vie, lui dis-je avant de filer.
J'entendais des cris de partout, des flammes s'élevaient de plusieurs côtés. Je ne savais pas ou regarder. Une femme s'approcha de moi un couteau à la main. Je saisis son poignet et lui exerçais une rotation, faisant craquer son articulation elle cria et lâcha son arme. Je saisis mon pistolet et le pointais sur sa tête. Je tirais sans plus réfléchir. J'entendais soudain quelqu'un crier mon nom. Une fois, puis deux. Je cherchais partout autour de moi avant que mes yeux ne tombent sur Mae. L'instant d'après un coup de feu retentit, une balle se logeant dans sa poitrine. Je hurlais son nom en la voyant s'écrouler au sol. Je me précipitais vers son assassin et lui assénais un premier coup de couteau dans la cuisse, puis lui entaillais les bras, le ventre, avant de saisir ses cheveux quand il tomba à genoux et de lui trancher la gorge. Je restais un instant pétrifié devant la violence dont je faisais preuve, mais mes yeux tombèrent sur le corps inanimé de Mae. Je me précipitais vers elle et me laissais tomber au sol. Je la ramenais contre de moi et la serrais dans mes bras, les larmes salées coulant sur mes joues brûlaient l'une de mes coupures. Je caressais les cheveux de ma pauvre élève, de cette enfant, qui n'avait rien mérité. Je hurlais de rage. Deux hommes s'approchèrent de moi. Mes yeux rouges pétillaient de haine. Je n'avais plus aucune clémence. Je créais une barrière de feu puis concentrais toute mon énergie. Plusieurs personnes s'écartèrent. J'entendais vaguement Samuel et Ryan crier à tous les jeunes de courir se mettre à l'abri. J'accumulais mon énergie, prenant celle de Mae. Je serrais sa main tout en faisant grandir en moi ma rage. Je me redressais alors, ce qui me demandais un gros effort sous la pression d'une telle intensité de pouvoirs. Cela faisait longtemps que j'aurais dû me libérer ainsi, mais la rage, la colère n'étaient pas telles qu'elles l'étaient à ce moment précis. On avait touché à ma protégé, tué mon élève, assassiné Mae, une jeune fille pleine de vie, dévouée pour les autres et adorable. Elle n'avait pas mérité ça, et je voulais la venger. Il ne s'était écoulé que deux petites minutes mais le temps paraissait bien plus long. Sans doute utilisais-je ma rapidité hors du commun, je voyais les gens autour de moi courir au ralentit. Je criais et explosais. Comme une bombe toute mon énergie se libéra et envoya propulser les personnes les plus loin. Mais ceux se trouvant à proximité, au cœur de toute cette puissance, se désintégrèrent, ne laissant retomber qu'une carcasse d'os calcinés et fumants. Je baissais les bras, observant le carnage autour de moi. J'avais il me semblait, atteint le sommet de mes capacités, et je me sentais vide, vide de toute existence, vide de vie, vide. J'apercevais au loin plusieurs agents s'enfuir du camp. Je ramassais mon poignard et me précipitais vers eux. Je les tuais un à un, ne m'attardant sur aucun d'entre eux. Ils étaient tous sans importance, ils ne méritaient pas qu'on leur en accorde. Je m'arrêtais devant le dernier, il me suppliait à genoux. Je le regardais toujours avec un regard plein de haine.
-Tu vas retourner voir tes petits chefs au gouvernement et leur dire que tu es le seul survivant de ce massacre. Que moi, Victoire Lawrence, descendante de la famille originelle du Feu promet qu'on se vengera et qu'ils le payeront très cher !
Je lui infligeais une droite en plein visage avant de me redresser, de m'écarter de lui et de le laisser partir. Il s'enfuit presque en courant, boitillant à chaque pas à cause de sa jambe blessée. Je me tournais vers l'intérieur du camp où régnait un calme plat. Il n'y avait pas un bruit hormis des gémissements de douleur et les crépitements des feux. Il faisait noir la nuit étant tombée mais les multiples petits incendies me laissait entrevoir les corps inanimés par terre. Je marchais d'un pas lent vers tous ces cadavres. Je n'avais plus de force, plus la force de me battre. Je voulais juste me terrer six pieds sous terre et ne jamais revoir la lumière du jour. Je marchais au milieu des cadavres, notant un grand nombre de jeunes. Nous étions environ cent quatre-vingt jeunes à défendre Lake-Moon ce soir là, en regardant le petit groupe, nous ne devions être qu'une centaine et une dizaine de plus. Un vrai carnage. Les cailloux blanc de l'allée avaient viré au rouge écarlate. Les os calcinés faisaient penser à des restes des corps de vieux soldats de l'antiquité. Je ne savais plus quoi penser, je ne pouvais pas réfléchir. Ce spectacle me glaçais d'effroi, bien plus que le fait que j'eus tué une bonne trentaine d'hommes à moi seule, voir même plus. Je ne savais plus ou regarder tellement j'étais terrifié, j'avais tellement peur. Je m'approchais d'un garçon de mon équipe. Il devait avoir un an de moins que moi, les yeux encore ouverts, il s'était prit une balle en plein cœur. Je m'agenouillais à ses côtés, passant une main sur ses paupières pour les fermer. Je lui caressais les cheveux avant de me relever. Mon regard croisa celui de Samuel en face de moi. Ses yeux montraient qu'il était aussi abattue que le moi, mais il tentait de me rassurer, avec un petit hochement de tête. Je passais donc de cadavre en cadavre. Je prenais le poul de chacun, pour m'assurer qu'on puisse en sauver quelques uns. Je trouvais quatre personnes blessés gravement, mais c'était déjà quatre morts de moins. Une fois que j'eus fait le tour de tous les corps, je retournais m'asseoir à l'entrée du bâtiment central. Mes amis arrivèrent vers moi d'un pas lent.
-Qu'est-ce qu'on fait ? me demanda Ryan.
J'inspirais profondément avant de relever les yeux vers eux.
-Les enfants de la terre, vous allez creuser les tombes, à côté du bâtiment centrale du côté gauche il y a une parcelle de terrain sans arbres, on va enterrer chacun de nos morts, il faut leur rendre hommage. Il faut soixante-sept trous, les autres c'est au bûcher. Ils ne méritent pas le moindre traitement de faveur. Les enfants de l'eau nettoyez les cailloux, ces taches de sang vont terrifier les plus jeunes, et on ne peut pas les laisser de toutes façon. Et les enfant de l'air, transportez les corps vers les tombes, et les autres réunissez les en tas, je vais chercher l'huile et l'alcool pour leur mettre le feu.
Mes amis s'exécutèrent sans rien ajouter. Je me rendais au garde manger et rapportais les bouteilles d'alcool et tous produits inflammables que je trouvais. Je ramenais tout ça sur la pelouse central alors que les jeunes de mon équipe s'activaient déjà. À chaque tombe creusée, un psi de l'air déposait quelqu'un à côté. On s'était chargé d'aller chercher le reste des jeunes du camp, les pleurs s'élevaient déjà des frères et sœurs, cousins et cousines ou même amis de nos défunts. Au bout d'une bonne heure, toutes les tombes étaient creusées, et les deux bûcher étaient prêt. Je les aspergeais de produits inflammables puis y mettais le feu. Je tournais les talons en direction de notre cimetière où les premiers corps commençaient à être déposés sous terre. Plusieurs jeunes avaient écrit les noms des défunts sur des morceaux de papier, en attendant que l'on trouve une pierre ou un morceau de bois plus digne pour porter leur prénom. Je m'approchais de la tombe de Mae. Clarisse pleurait dans les bras de Mathew, nos regards se croisèrent, évoquant la même peine et la même douleur. Je me postais à leur côté et observais la terre fraîchement retournée. Je ne pus empêcher une larme de rouler sur ma joue.
-Ils ne sont pas morts en vint, ils sont mort pour protéger les leurs, déclara Samuel, à ses premiers mots, le silence se fit et les jeunes présents l'écoutèrent. Aucun d'entre eux ne méritaient ça et on a encore été victime de cette société dépravée et sanguinaire. Ils ont voulu nous vaincre, mais ils n'y sont pas parvenus, et nous vengerons nos amis, frères et sœurs, cousins et cousines, car leur courage nous a permit de survivre. Rendons hommage à ceux qui nous ont protégés, qui ont donnés leur vie pour nous. À ceux que l'on n'oubliera jamais, aux plus courageux de nos combattants, ils resteront dans nos cœurs et ce pour toujours. Ils sont libres désormais, qu'ils trouvent la lumière et soient en paix.
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