Deux semaines étaient passés, deux semaines que j'avais quitté cette fête et deux semaines que Nathan hantait toutes mes pensées. Au fond je me trouvais idiote, on ne se connaissait pas, on avait juste couché ensemble, pour le plaisir et sans doute aussi car nous avions un peu bu. J'étais distante, souvent perdu dans mes pensées. J'étais allée acheter discrètement une pilule du lendemain le jour d'après pour éviter tout risque, faute de ne pas avoir prit assez de précautions la veille. J'avais été idiote dans ce sens.

On avait visité New York, la Statue de la liberté et Time Square étant mes lieux préférés. On avait prit pleins de photos que nous avions fait développer. On avait passé un séjour incroyable chez les Hadley, mais le lendemain on prendrait la direction de chez moi. On commençait à refaire nos valises, il était seize heures. On avait toute la journée à tuer. J'avais convaincu les jumeaux de la passer avec leur père, seuls à seuls.

Ils ne tarderaient pas à rentrer. On n'avait pas parlé de leur mère durant tout le séjour. On ne connaissait rien sur elle, il faudrait que je leur en parle. J'enfilais le collier que Lila m'avait offert face au miroir. Ryan entra dans la chambre. Il se plaça derrière moi et entreprit de fermer le fermoir derrière ma nuque.

-Qu'est ce qu'il y a ? me questionna-t-il.

-Bah rien, pourquoi ? répondis-je avec un petit sourire.

-Tu es... différente depuis quelques temps...

Je me tournais vers lui en fronçant les sourcils.

-Comment ça ?

-Depuis qu'on a quitté le bal, tu es distante, plus toi même...

Je blêmis à vue d'œil. Ryan s'en rendit compte car il afficha une mine inquiète.

-Dis moi, m'ordonna-t-il.

-Te dire quoi ? demandais-je en reprenant une expression indéchiffrable.

-Que s'est-il passé à cette fête ?

-Rien.

Il soupira. Il était en colère, ça se voyait.

-Arrête de me mentir ! s'exclama-t-il d'une voix forte.

-Je ne mens pas, répondis-je d'un ton ferme.

-Si ! Tu mens ! Je te connais trop bien Vic ! Samuel croit que tu t'éloignes de lui car il a fait quelque chose de mal ! Qu'est ce que tu as ?!

-Rien !

Il cria, se tournant vers la fenêtre quelques seconde avant de me faire face à nouveau.

-Putain mais arrêtes de mentir ! hurla-t-il. Arrêtes de faire semblant ! Arrêtes ! T'es insupportable quand tu es comme ça !

-Ah parce que c'est moi qui suis insupportable ?! Qui s'énerve sur qui là ? Hein ? criais-je aussi fort que lui.

-Ne joues pas à ça ! Tu m'énerves ! Réponds ! Que s'est-il passé à ce bal ?!

-Rien ! Combien de fois devrais-je te le dire ?!

Il me fixa quelques secondes. Il saisit mon bras et me tira sans ménagement en dehors de la chambre de notre ami. On monta dans l'ascenseur pour descendre jusqu'au parking sous terrain. Une fois en bas il me poussa si fort que je faillis tomber.

-Mais tu es complètement malade ! hurlais-je.

-Réponds ! cria-t-il.

-Non ! Je n'ai rien à dire ! Et encore moins à toi !

-Mais putain ! Tu ne vois pas qu'on s'inquiète pour toi ?!

Je rigolais, d'un rire amers, plein d'ironie.

-Tu me tues ! ricanais-je avec un regard sombre.

-Arrêtes ça !

-Mais ce que tu n'as pas comprit, c'est que je vais super bien !

Ce fut à son tour de rire.

-Tu fais la gueule à être toujours dans tes pensées, tu es distante, c'est ce que tu appelles aller bien ?!

Je ne répondais pas, lui jetant un regard noir.

-Réponds putain ! Arrêtes de me mentir !

Je ne répondais toujours pas. Le sol commença à trembler, ça venait de lui. Mes yeux changèrent de couleur et je prenais feu d'un coup, mon corps tout entier.

-Arrêtes ! me hurla-t-il.

-Non ! C'est toi qui as commencé ! répondis-je sur le même ton plein de haine.

-Crache le morceau, je ne laisserais pas tomber tant que je ne saurai pas.

Je ne pouvais pas lui dire, surement pas. Ça ne les regardait pas. Je faisais ce que je voulais de ma vie, ils n'étaient pas obligés de tout savoir. Je lui envoyais une boule de feu. Il monta une barrière de pierre entre nous. Je lançais mes flammes, faisant chauffer le roc jusqu'à ce qu'il explose. Ryan rattrapa les fragments d'un geste de la main avant qu'ils ne touchent les voitures de luxe. Il tenta de m'emprisonner avec des lianes qui jaillissaient du sol.

Mais elles ne résistèrent pas longtemps avec la chaleur du feu qui brulait tout autour de mon corps. Par mégarde, une liane m'entailla la cuisse, déchirant mon pantalon au passage. Je lâchais un grognement de douleur. Je jetais un regard plein de haine à Ryan. Je tendais la main vers lui, lançant une multitude de langues de flammes. Il fut brulé, touché à l'épaule. Son cri rauque résonna dans tout le parking.

Il reculait, j'avançais, il toucherait bientôt le mur et se retrouverait dans une impasse. Mais je ne m'arrêtais pas tant qu'il n'aura pas capitulé. Je refusais de perdre cette fois ci. Alors que son dos allait rencontrer le béton dur et froid, je fus expulsée contre le mur opposé du parking.

Je heurtais celui ci avec violence, me laissant arracher un cri de douleur presque animal. Je tombais au sol en gémissant. Je me relevais difficilement, après deux bonnes minutes de souffrance atroce, grognant de la douleur de ma jambe blessée en plus de celle de mon dos. Samuel se tenait à côté de Ryan. Je formais une sphère de feu dans ma main droite.

-Arrête ! la voix dure de Samuel retentit à mes oreilles.

La sphère disparue, mais pas ma colère, mes yeux gardèrent leur couleur rouge, tout comme les yeux gris de Samuel et les iris vertes de Ryan. Je faisais un pas.

-Ça suffit ! hurla-t-il.

Je me stoppais, interloqué.

-Attends, tu le défends ?! demandais-je scandalisée.

Il ne répondit pas. Je me passais une main dans mes cheveux en lui jetant un regard noir. Le reste de nos amis arrivèrent par la porte des escaliers. Lila courue vers moi.

-Pourquoi tu le défends ?! criais-je à Samuel.

-De ce que j'ai vu tu étais prête à le cramer ! me répondit-il sur le même ton.

Il se rapprocha avec Ryan, je faisais de même avec difficulté. Ma jambe me lançait et j'avais du mal à tenir debout. Lila lâcha une série de jurons en voyant mon état.

-Il n'avait pas qu'à me lancer le défi ! pestais-je en les regardant.

-Mais pourquoi tu n'as pas répondu simplement à sa question ?!

-À parce que tu étais au courant ?! Vous aviez tout planifié !

Mes mains formèrent à nouveau des sphères de feu. Lila posa sa main sur mon épaule.

-Stop, ça suffit, arrête Vic, me murmura-t-elle à l'oreille.

Je faisais disparaître mes flammes, sans pour autant me départir de mon regard haineux.

-On voulait juste savoir ce que tu avais ! s'écria Samuel à son tour en colère.

Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres de moi.

-Mais je vais bien bordel ! Je vais bien ! Et si vous étiez moins cons, vous vous seriez rendu compte que depuis le bal, je ne fais plus de putains de cauchemars la nuit ! Alors arrêtez de dire que j'ai changé ! Je suis juste apaisée !

Ryan et Samuel échangèrent un regard avant de se tourner à nouveau vers moi.

-Ça ne nous dit toujours pas ce qu'il t'est arrivé durant le bal ! Qu'est ce qu'on t'a fait ?! me demanda Ryan.

Je prenais ma tête entre mes mains, me retenant de les frapper.

-Pourquoi je devrais tout vous dire, tout le temps ?! criais-je. Foutez moi la paix ! Vous n'êtes pas mes parents putain ! Vous me faites chier ! Et me faire du mal vous pensez que c'était la meilleure solution pour que je crache le morceau c'est ça ?! Me mettre dans tous mes états ! C'est ce que vous aviez prévu n'est ce pas ?!

-Si on pouvait enfin le savoir, oui, me répondit Samuel.

Je ne me retenais plus longtemps. Je lui envoyais mon point en plein visage. Il passa sa main sur sa joue rouge en titubant, les yeux rond, il n'en revenait pas, Ryan non plus apparemment.

-Je vous déteste ! crachais-je. Vous êtes que des gros cons !

Je ne tenais plus debout, je m'appuyais sur Lila pour ne pas tomber. Ryan et Samuel se rapprochèrent précipitamment mais Olivia se plaça entre nous.

-Vous ne la touchez pas ! dit-elle d'une voix sèche.

-Clarence vient vite ! cria Lila.

Il me prit dans ses bras, me portant en princesse. Il m'emmena vers l'ascenseur, Olivia, Nicolas, Taylor, Louis et Lila nous suivant de prêt.

Les portes se refermèrent. Je lâchais un petit cri de douleur alors que Lila posait sa main sur ma jambe pour voir les dégâts de l'entaille sur ma cuisse. On arriva dans l'appartement. Clarence m'emmena directement dans la salle de bain. Il me déposa par terre. Je retirais délicatement mon pantalon pour éviter de me faire mal mais c'était peine perdue. Après plusieurs cris de douleur, je le jetais dans le lavabo. Je me hissais dans la baignoire avec l'aide d'Olivia tendit que Taylor allumait le jet d'eau et réglait la température.

-Ça ne vous rappelle pas... Lake-Moon ? demandais-je avec un sourire crispé à mes deux amies.

-Quand tu t'es amusé à sauter dans un étant gelé en plein hiver ? ricana Olivia.

On rit toutes les trois. Taylor commença à passer l'eau sur ma plaie. Je serrais les dents pour ne pas crier, même si je lâchais quelques gémissements. Je serrais la main de Nicolas qui me l'avait donné pour avoir quelque chose à quoi me raccrocher. L'eau devenait rouge, quand j'eus un peu moins mal, je commençais à passer délicatement ma main sur la coupure. Heureusement elle n'était pas trop profonde. Je grognais tout en nettoyant le sang pour y voir plus claire. Une fois qu'on eut rincé, j'appuyais une serviette sur la plaie pour sécher ma jambe.

Lila humidifiait un coton de désinfectant. Elle le passa doucement sur ma plaie qui me brûla. Je grognais et serrais la main de Nicolas si fort que je devais lui faire un garrot ! On me posa ensuite un grand pansement et Clarence me fit sortir de la baignoire en me soulevant par la taille. Je tenais debout mais j'avais du mal à m'appuyer sur ma jambe. Mon dos me faisait atrocement souffrir aussi et Nicolas lâcha un juron quand il souleva mon teeshirt et aperçu les bleus apparaître le long de ma colonne vertébrale. Lila me donna un short que j'enfilais. Je sortais dans le couloir pour rejoindre la chambre de ma meilleure amie quand je tombais sur Ryan, Axel et Samuel qui étaient remontés.

-Peux-tu prendre mes affaires et les mettre dans la chambre d'amie avec celles de Taylor et les tiennes ? demandais-je à voix basse à Olivia. Ce soir je dors avec vous.

Je n'avais pas quitté les garçons des yeux.

-C'est bon Clarence, va aider Ryan avec sa brulure, lui dis-je.

-Tu es sûre ? me demanda-t-il inquiet.

-Oui, ça va aller ne t'inquiète pas.

Je lui fis un faible sourire et tournais les talons. Je marchais avec difficulté jusqu'à la chambre de Lila. Elle me fit asseoir sur son lit et ferma la porte à clé.

-Je vais le tuer, murmura-t-elle en se prenant la tête entre ses mains.

-Laisse tombé Li, je pense que je leur en ai déjà assez fait baver.

-Non, surement pas ! Tu as vu ce qu'ils t'ont fait ?! Ils étaient près à te faire du mal pour te faire dire ce qu'ils veulent ! C'est de la torture ! Ils se comportent comme les normaux ! C'est exactement la même chose ! Quand ils faisaient des testes sur moi, ils me faisaient du mal pour en savoir plus quand je ne voulais rien leur dire.

Je ne répondais pas. Elle vint s'asseoir à côté de moi.

-Promet moi que tu ne vas pas aller leur faire un sermon, je ne veux plus remettre cette histoire sur table, la suppliais-je presque.

-Ok... Mais c'est quoi ce nouveau surnom ? Li ?

-Vu que tu m'en donnes un, pourquoi ne pas faire de même ?

Elle me sourit et me prit dans ses bras.

-Je vais voir où ils en sont avec ton matelas. Après tu iras te reposer, tu as de petits yeux, je penses qu'utiliser tes pouvoirs t'as fatigué.

Elle déposa un baisé sur mon front et sortit de la chambre. C'est Nicolas qui vint me chercher deux minutes plus tard. Je me couchais sur mon matelas qui avait été installé au pied du lit d'Olivia et Taylor. Je me tournais sur le côté pour ne pas avoir mal à la jambe ni au dos. Dans le salon, les cris de Lila me parvenaient. Je savais qu'elle n'aurait pas tenu parole. Elle était bien trop en colère et j'aurais fait la même chose. Alors j'essayais de penser à autre chose et tombais rapidement de sommeil.

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C'est Taylor qui me réveilla le lendemain, vers huit heure. On se prépara tous pour le départ, je faisais comme je pouvais malgré le fait que ma jambe me faisait toujours mal. Axel avait fait le plein du camping car, toutes nos affaires avaient été rangées dedans. On était en bas de l'immeuble pour dire au revoir au père des jumeaux. On le remercia chaleureusement de nous avoir accueillit, et on monta dans le camping car.

Je m'installais sur une couchette et lisais un livre. Ça m'avais manqué de voyager. Rester au même endroit pendant plusieurs semaines dans une ville dans laquelle je ne me sentais pas à mon aise était fatigant. On prenait maintenant la direction de chez moi, le stade final de notre Road-Trip en quelques sortes. Notre expédition avait commencé en milieu de mars, juste après avoir fait sauter East-Green Forest. Nous étions fin août il me semble. Notre excursion allait prendre fin, et ce, pour mon plus grand malheur...