T2 : Quatorze ✔️

Une quarantaine de minutes plus tard, le véhicule s'était arrêté devant un grand château. Le père des jumeaux sortit en premier de la voiture. On suivit tous. Le bâtiment se tenant face à nous était gigantesque. Les propriétaires devaient avoir une grosse fortune pour avoir les moyens de se payer une demeure pareille ! Je mettais mon masque, inspirais à fond et me tournais vers mes amis. Je passais mes bras sous ceux de Samuel et Ryan et on suivit Vincent Hadley sur l'allée de gravier jusqu'aux portes du château. Ce dernier nous annonça et un homme vint à notre rencontre.

-Vincent ! Quelle joie de te revoir mon ami ! s'exclama l'homme aux cheveux noirs et sel vêtu d'un costume en prenant Vincent dans ses bras.

-Franck ! Comment vas-tu ?! répondit ce dernier avec le même enthousiasme.

-La forme et toi mon vieux ?

-À merveille !

-Alors ! Il paraît que tes deux héritiers sont revenus !

Vincent se tourna vers Samuel et Lila.

-Oui, grâce au ciel ils me sont revenus. Dieu, je ne le remercierai jamais assez pour ce qu'il m'a rendu.

-Et bien ! Je suis heureux pour toi ! Qui sont ces jeunes gens avec toi ?

-Ce sont des amis de mes enfants.

-Je vois ! Franck Millers !

Il nous tendit la main. On la serra tour à tour, mais pour les filles, il préféra poser ses deux mains autour de la notre et nous faire un petit hochement de tête respectueux.

-Bien, je vais malheureusement devoir vous quitter les enfants, j'ai du monde qui m'attend ! nous informa Vincent.

Il embrassa sa fille, nous fit un dernier signe de la main avant de s'éloigner. On décida d'entrer dans la demeure et d'aller dans la salle prévue pour accueillir toutes ces personnes renommées. Il y avait beaucoup de monde. Je préférais rester à distance de la piste de danse au centre de la pièce, du moins pour le moment. Samuel mena notre petit groupe jusqu'au buffet pour prendre un rafraichissement.

-Il y a beaucoup de monde ! s'exclama Taylor.

Je préférais ignorer sa remarque inutile et me concentrer sur mon choix entre le ponch ou le champagne. J'optais finalement pour la boisson la plus raffinée et demandais une coupe. On me la servit et je rejoignais les autres qui étaient un peu plus loin. Je me faufilais entre les nombreuses personnes jusqu'à arriver à destination. Samuel s'approcha de moi le visage fermé. Il colla sa bouche à mon oreille.

-Tu as emporté une arme ? me demanda-t-il d'une voix sévère.

Je ne répondais pas.

-Putain ! Vic ! On est dans un bal masqué ! Pas une soirée meurtre ! s'exclama-t-il à voix basse.

-Ça me rassure ! Et puis comment tu le sais ?! lui demandais-je suis le même ton.

-C'est Lila qui me l'a dit pardi !

-N'en fait pas tout un plat ! Je n'ai pas d'arme à feu non plus !

Il me regarda avec un visage sévère mais finit par capituler.

-Tu m'énerves... soupira-t-il.

-Je sais, mais tu m'aimes trop pour m'en vouloir ! répondis-je avec un sourire en coin.

-Et tu m'aimes trop pour me refuser une danse ! ajouta-t-il avec un sourire malicieux.

-Quoi ? Non mais tu es fou ! Hors de question !

-Tu n'as pas le choix princesse !

Je grognais alors qu'il me prenait ma coupe même pas entamée de champagne et la tendait à Ryan. Lila et Louis nous suivirent de près.

-Je te déteste, murmurais-je à mon ami qui me tirait par la main jusqu'à la piste de danse.

-Mais oui !

Personne ne dansait pour le moment. Samuel lâcha ma main et se dirigea vers le DJ. Il revint vers moi quand « For you » de Liam Payne et Rita Ora passa en fond. Je regardais Samuel avec des yeux ronds alors que Lila et Louis explosaient de rire.

-Tu es sérieux ?! La musique de « 50 Nuances de Grey » ! C'est un film de cul ! lui murmurais-je alors qu'il prenait ma main et me menait sur la piste de danse.

-Je ne vois pas en quoi cette musique est différente des autres ! me répondit-il avec un sourire satisfait sur les lèvres.

Je soupirais alors qu'il prit mes deux mains dans les siennes. Non pas pour partir dans une valse, mais pour me faire tourner.

-Aller ! Je croyais que tu étais une danseuse professionnelle ! ricana-t-il.

-J'ai jamais dit ça !

-M'en fou ! Éclate toi !

-Devant tous ces gens ? Mais on ne va pas paraître ridicules ou malpolis ?!

-Oh la bourgeoise bien élevée ! À bas les bonnes manières ! On est jeune ! Profites-en !

À ses mots je décidais de me prendre au jeu. Heureusement que ma robe ne trainais pas par terre, sinon je serais tombé à plusieurs reprises ! Je tournais, Samuel me faisait voler dans de simples portés ce qui me faisaient rire aux éclats. Lila et Louis à côté de nous avaient du mal à suivre mais ils rattrapèrent bien vite le rythme. Les beaux bourges et hommes d'affaires autour de nous avaient bien vite disparus ! Remplacés par des images flous et informes.

Je ne voyais plus que du flou et le visage de Samuel qui riait autant que moi. Quand la musique toucha à sa fin, une deuxième suivit. Puis une troisième. On ne s'arrêtait pas. Il y avait de plus en plus de monde sur la piste de danse. Surtout des gens de notre âge ou plus vieux. Les adultes trop sérieux préféraient rester à l'écart. Tout le monde s'éclatait, personne ne dansait convenablement, les bras se promenaient dans les airs. Au bout de la quatrième chanson, je quittais la piste, épuisée. Je m'approchais du bar pour prendre un petit rafraichissement et pour reprendre rapidement mes esprits. Je demandais un jus de fraise que je buvais goulument. J'en redemandais un, ce qui fit rire le serveur qui m'en resservit un. Je lui faisais un petit sourire pour le remercier.

-La reine de la soirée fait une pose à ce que je vois.

Je me tournais vers la voix qui c'était adressé à moi. Un jeune homme d'à peu près mon âge se tenait face à moi. Il avait des cheveux bruns coiffés avec du gèle, la peau bronzé et je pouvais voir des yeux sombres, marron presque noirs à travers son masque. Il arborait un grand sourire.

-Vous avez fait sensation sur la piste de danse, ça en a réveillé plus d'un ! poursuivit-il.

-Oh, je n'étais pas l'actrice de ce mouvement, c'était mon ami qui dansait avec moi qui m'a poussé à m'amuser, expliquais-je avec un petit sourire.

-Et bien il a eut une merveilleuse initiative.

Il me tendit la main.

-Nathan Collins ! se présenta-t-il.

J'eus un temps de pause. Que devais-je lui dire ? Mon véritable nom ou mon nouveau ? Je ne prenais pas longtemps à me décider.

-Lara, Lara Douglas, déclarais-je finalement en lui serrant la main.

Il fronça les sourcils un tout petit instant, si je ne le fixais pas intensément je ne m'en serais pas rendu compte.

-Je ne crois pas vous connaître, comment s'appellent les personnes qui vous accompagnent ?

-Je suis venue avec la famille Hadley.

Il tenait toujours ma main. Je sentais une légère chaleur l'envahir. Garçon du feu, pensais-je. Je lui renvoyais cette même chaleur en un peu plus puissante, toujours sans me départir de mon sourire.

-Et d'où venez vous ? continua-t-il de m'interroger comme si de rien n'était.

Je préférais mentir, je le trouvais louche.

-De Californie, répondis-je finalement. Je viens de San Francisco ! Et vous ?

-À Atlanta, j'y vis depuis quelques mois seulement.

Merde... Pourquoi j'ai si peu de chance ?

-C'est une longue route que vous avez fait pour venir ici, à New York.

Je voyais qu'il faisait tout pour entretenir une conversation avec moi, par intérêt ou seulement était-il intrigué, je n'en savais rien.

-Oui en effet. Je suis venue voir mes deux meilleurs amis. On est plusieurs à avoir eut la même idée. Nous sommes dix ce soir.

-Je vois. J'espère que votre séjour se passe bien.

-À merveille.

Il y eu un autre silence.

-Si cela ne vous dérange pas, je vais devoir vous quitter, mes amis doivent me chercher, m'excusais-je avec un sourire polis.

-Je ne vous retiens pas plus longtemps, ravis d'avoir fait votre connaissance.

-De même pour moi.

Je lui fis mon plus beau sourire avant de m'éloigner. Cet homme était certes un peu curieux, mais quelque chose me disait que l'on se serait super bien entendu ! Je rejoignais Lila qui était assise dans un coin.

-Où étais-tu ? me demanda-t-elle en me voyant approcher.

-Je discutais avec quelques personnes, répondis-je avec un petit sourire.

J'attrapais une coupe de champagne pleine sur le plateau d'un serveur qui passait. Je m'asseyais à côté de ma meilleure amie et buvais mon verre presque d'un trait.

-Eh ! On ne boit pas du champagne si vite ! me gronda-t-elle.

-Ouais, je sais, mais j'avais soif.

-Je n'en peux plus de toi.

J'échangeais un regard avec la brune avant qu'on ne se mette à rire en cœur.

~~~

La soirée battait son plein. Après avoir parlés travail, les hommes et les femmes d'affaires décidèrent enfin à s'amuser. La piste de danse n'était jamais vide, j'avais enchainé les verres et les danses endiablées avec mes amis. J'étais au milieu de la piste, les lumières de la grande salle avaient été éteintes pour laisser les néons bleus et violets illuminer faiblement la pièce comme dans une boite de nuit. J'avais perdu de vue mes amis, mais à vrai dire, je m'en fichais un peu. J'avais sans doute trop bu pour me soucier de leur absence. Je balançais la tête en arrière comme pour savourer pleinement la musique, les paupières closes. Une main saisit la mienne. Je rouvrais les yeux alors que Nathan Collins me faisait tourner sur moi même. Je suivais les mouvements qu'il me faisait faire. J'étais bien et savourais l'instant présent sans me soucier du reste.

-On a perdu de vu les Hadley ? m'interrogea-t-il en s'approchant de mon oreille pour que je puisse l'entendre par dessus la musique.

-On dirait bien ! répondis-je avec un grand sourire.

On continua à danser, riant aux éclats. À la fin de la chanson je laissais Nathan pour aller prendre l'air. Je prenais la direction du hall en me faufilant entre tous les invités. Je sortais enfin de la salle et traversais l'entrée, non pas sans difficultés pour marcher avec des talons pareil après avoir bu. Je trouvais un coin tranquille où il y avait moins de bruit. Laissant mon dos heurter le mur froid en pierre. Je soupirais, enfin tranquille. Des pas s'approchèrent. Je rouvrais doucement les yeux, une main sur ma cuisse où se tenait toujours mon poignard. Il faisait sombre, les lumières de la salle me permettaient tout de même de distinguer Nathan. Je relâchais la pression sur mon arme.

-Depuis quand s'enfuit-on comme ça d'une soirée ? me demanda-t-il en ricanant.

Je riais et entreprenais de retirer la broche qui maintenait les restes de mon triste chignon. Mes cheveux retombèrent sur mes épaules, doux et lisses. Je passais une main entre pour les démêler un peu et me recoiffer un minimum. Nathan tandis la main. Je lui donnais la broche. Il se plaça derrière moi et me recoiffa, mèche par mèche, avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve.

-Je me demande vraiment comment, pendant toutes ses années, on ne connaissait pas...

Il termina ma coiffure, je me tournais vers lui alors qu'il allait achever sa phrase.

-...votre existence votre altesse.

Je me fermais.

-Qu'avez vous dit ? demandais-je méfiante.

-Ne faites pas semblant, princesse, vous m'avez très bien comprit. Je sais qui vous êtes.

-Que me voulez vous.

-Rien, je m'en suis rendu compte grâce à votre marque sur votre épaule. Je l'avais déjà aperçu tout à l'heure, mais maintenant j'en suis sur, vous avez bien la marque de la famille originelle sur votre épaule. Et très peu de personnes se baladent avec un couteau sur leur cuisse.

Je ne répondais rien, me maudissant intérieurement.

-Vous ne dites rien ? constata-t-il en levant un sourcil.

Des cloches retentirent.

-Que se passe-t-il ? demandais-je.

-Il est minuit, c'est l'heure de faire tomber les masques.

Il dénoua le sien, me laissant voir un visage plein de charme de mon interlocuteur. Il était très beau. Il détacha le mien et le laissa tomber par terre.

-Vous êtes bien plus belle que ce que je ne m'étais imaginé, me dit-il alors.

-Ne parlez de mon identité à personne, lui ordonnais-je. Ou vous savez ce qu'il se passera.

-Oui, je sais. Votre secret est bien gardé avec moi, n'ayez craintes votre altesse.

-Arrête de m'appeler comme ça.

-On passe au tutoiement ? ricana-t-il.

Je riais aussi. Les échos de nos rires se perdirent entre les murs du château. L'alcool me faisait encore tourner la tête, mais je me sentais bien. Il me fixa intensément. Puis, pour je ne sais quelle raison, il m'embrassa. Je répondis à son baisé, j'en avais envi, même si je savais pertinemment que je ne le reverrais pas après cette soirée j'avais le droit de profiter. Il glissa sa main derrière ma nuque et l'autre sur ma taille, ou aurais-je du dire, sur le haut de mes fesses. Il me souleva du sol, me portant en princesse. On entra dans la première pièce qu'on rencontra. En l'occurrence un bureau. Il me posa par terre et ferma la porte à clé. Il se tourna ensuite vers moi.

-Attend t'as quel âge ? me demanda-t-il.

-Seize ans pourquoi ?

-Pour rien.

Il captura à nouveau mes lèvres. Des flashs rapides apparurent derrière mes paupières closes. Moi et Dean, mon ancien petit copain. C'est avec lui que j'avais perdu ma virginité. Nathan commençait à ouvrir la fermeture de ma robe et je ne protestais pas, j'en avais envi. Après tout je faisais ce que je voulais, et personne n'était là pour me dire ce que j'avais à faire. Ma robe tomba au sol, laissant découvrir ma poitrine à nue. J'arrêtais notre baisé passionnel.

-Attend, toi tu as quel âge ? lui demandais-je entre deux souffles.

-Dix-sept.

Je l'embrassais à nouveau en l'aidant à retirer ses vêtements. Chacun de nos mouvements étaient précipités, tout se passait vite. J'avais du mal à réaliser ou j'étais, je ne pensais à rien. L'esprit embrumé par l'alcool et la fatigue. Il me porta et me posa sur le bureau. Je retirais mes chaussures qu'un coup de pied. Ses mains se baladaient sur mon corps avec envie et douceur, me donnant des frissons de plaisir. Il me retira ma culotte, détruisant la dernière barrière entre nos deux corps.

-T'es sur ? me demanda-t-il.

Je hochais la tête. Nathan était doux, et faisait attention, comme s'il avait peur de me casser. Tous ses gestes étaient tendre, montrant qu'il voulait faire les choses bien, et ne pas me froisser. Nos corps ne faisant plus qu'un, je lâchais un gémissement. On continua à s'embrasser, sa langue titillant la mienne. Un désir intense parcourait nos deux corps. Il me faisait taire avec des baisés passionnels. Je passais mes mains dans ses cheveux bruns, les tirants, puis les faisant glisser autour de son cou, puis sa nuque. Nos baisés étaient à la fois doux et puissants, intenses. Il caressait ma peau, me donnant des frissons. J'entre-ouvrit mes paupières quelques instants, n'apercevant qu'une pièce floue, plongée dans le noir et dont la seule source de lumière se trouvait être la lune au dehors, derrière les fenêtres.

Nathan parcourait ma mâchoire, mon cou, ma clavicule en déposant ça et là quelques baisés. J'avais chaud, nos peaux collés l'une à l'autre, nos lèvres scellées. Je n'avais pas connaissance d'avoir déjà vécu une sensation pareil. On atteignit le point culminant quelques minutes d'intense plaisir plus tard. On resta à se fixer, haletant. Il me garda collé à lui pendant quelques instants, nos sourires collés aux lèvres, ses mains caressant mon dos du bout des doigts, une sensation tellement agréable. Son souffle dans mon cou me donnant des frissons, je caressais sa joue jusqu'à poser ma main dans son cou. Je l'embrassais une nouvelle fois avant qu'on ne se sépare. Je descendais du bureau. Quand son regard croisa le mien, on explosa de rire.

-On vient de coucher sur le bureau de Franck Millers là ?! fit remarquer Nathan.

-Je crois bien ! ricanais-je.

-M'en fou ! Je ne sais même pas qui c'est !

-Moi non plus !

On éclata à nouveau de rire. Une fois calmés, on entreprit de se rhabiller. Il m'aida à remettre ma robe, je remettais en ordre ses cheveux et son nœud papillon. Il refit une nouvelle fois mon chignon.

-Ok ! Ça va ? On n'a pas l'air trop débraillés ? me demanda-t-il.

-Non, je pense que c'est bon.

On remit les quelques documents qui se trouvaient sur le bureau en place. Nathan allait ouvrir la porte mais je le retenais par la main.

-Attends.

Je l'embrassais une dernière fois, un baisé lent, tendre, parfait.

-Maintenant c'est bon ! dis-je avec un sourire satisfait.

On sortit du bureau sans bruit. On se sépara une fois de retour dans la salle. Je lui jetais un dernier regard avant de me diriger vers Nicolas et Ryan que j'avais aperçu assis plus loin.

-Ah te voilà ! On ne va pas tarder à y aller ! Samuel et Lila te cherchaient, m'informa Nicolas.

-Ok ! On se rejoint dans le hall ? Je vais essayer de les retrouver, les prévins-je.

Ils hochèrent la tête. Je faisais le tour de la salle pour trouver Nathan. Je devais lui dire au revoir. Mais une main attrapa mon poignet.

-Te voilà ! Aller ! On y va ! me dit Samuel avec un petit sourire.

Une boulle se forma dans ma gorge quand nos regards se croisèrent mais je ne laissais rien paraitre.

-Oui, allons-y.

On quitta la salle et on sortit. La voiture était garée juste devant l'entrée. Avant de monter je me retournais une dernière fois et le vit, Nathan. Il me fit un signe de la main et un clin d'œil auquel je répondis par un sourire. Je montais et fermais la portière derrière moi. Le véhicule démarra, s'éloignant peu à peu du château.

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