T2 : Huit
Quand je me réveillais, deux heures plus tard, rien n'avait changé. On aurait dit que le temps était resté en suspend. Le soleil était toujours caché, mes amis lâchaient encore des exclamations en jouant à leur jeu de cartes. Je me redressais et me frottais les yeux. J'ouvrais ma couchette et en sortait. Les autres se tournèrent vers moi.
-Où sont Ryan et Sam ? demandais-je avec une petite voix encore toute endormie.
-Sur la couchette double, me répondit Nicolas avec un petit sourire.
Je rejoignais mes deux amis. J'ouvrais la couchette et m'installais en face d'eux, appuyé contre la cloison.
-Je dérange ?
-Pas du tout ne t'inquiète pas ! me répondit Ryan.
-En fait on parlait de tes parents, m'explique Samuel.
-Ah oui ? Comment ça ?
Je fronçais les sourcils. Qu'avaient-ils bien pu dire sur eux ?
-En fait, on trouvait ça étrange que ta famille soit surveillée par les FSP, on se demandait ce qu'ils avaient bien pu faire pour que ce soit le cas... m'avoua Samuel. Ce n'était pourtant pas le cas des parents de Ryan ou encore ceux de Liv...
Je restais silencieuse.
-Mais on trouvait surtout étrange qu'aucune de nos familles ne nous aient répondus quand on leur avait demandé pourquoi ils nous avaient envoyés à Lake-Moon, à part la famille de Taylor. Sa mère nous avait expliqué qu'ils ne savaient pas qu'on allait effacer la mémoire de leur fille, sinon ils ne l'auraient jamais envoyé dans une école pareille, poursuivit Ryan.
Ils me fixaient tout les deux en silence, attendant que je réponde.
-Vous pensez que nos parents savent quelque chose mais qu'ils ne veulent pas nous le dire c'est ça ? conclus-je.
-Ouais...
-Mais pourquoi feraient-ils ça ?
-Je ne sais pas, ils ont peut-être honte ou ont peut-être peur de notre réaction ? Ils doivent s'en vouloir de nous avoir envoyé là bas et qu'on ai enduré tout ce qui a suivit avec Jones. Ils doivent culpabiliser en se disant que c'est de leur faute, supposa Samuel.
-De toute façon, la seule façon de le savoir c'est de demander, déclarais-je. On verra avec les parents de Clarence et avec les votre à toi et Lila.
-Ouais, s'ils acceptent de...
J'interrompais Ryan en m'approchant précipitamment de la petite fenêtre entre mes deux amis. La camping car avait ralentit et était maintenant arrêté. Je jetais un œil dehors pour voir si nous faisions une pause mais ce que je vis n'étais pas du tout rassurant. Je jurais entre mes dents ce qui provoqua une multitude d'interrogations auprès de Ryan et Samuel.
Je descendais de la couchette en vitesse et me précipitais vers la porte qui menait à l'avant en passant par dessus la table, surprenant le reste du groupe. J'ouvrais la porte et passais la tête pour voir ce qu'il se passait.
-Oh bonjour monsieur ! m'exclamais-je avec un sourire forcé quand j'apercevais le policier à la fenêtre du conducteur.
-Bonjour mademoiselle. Nous allons faire un petit tour dans votre véhicule juste pour voir si nous ne trouvons rien... d'illégal si vous voyez ce que je veux dire, me dit l'homme. Et sortez nous votre permis et les papiers du véhicule jeune homme.
-Oui monsieur, faites le tour du véhicule, on vient vous ouvrir, termina Axel qui était au volant.
-À l'arrière, vite, murmurais-je aux garçons avant de rejoindre le reste du groupe.
-Ok, Ryan, rends toi invisible et tu sors dès que j'ouvre la porte ! Tu files à leur voiture et tu te débrouilles pour la faire démarrer ou attirer leur attention et tu reviens le plus vite possible après. C'est ok ? lui dis-je en parlant à toute vitesse.
Il hocha la tête et disparue. Les policiers vinrent frapper à la porte du camping car.
-Paraissez normaux ! dis-je aux autres.
J'ouvrais la porte et lançais un grand sourire aux deux homme devant moi.
-Entrez ! Je vous en pris !
Ils montèrent dans le véhicule regardant tout autour d'eux et saluant mes amis. Je sentis une main se poser sur la mienne et exercer une légère pression. Je comprenais que Ryan allait exécuter le plan. Les deux policiers commencèrent à aller fouiller l'avant du camping car. Je tournais en rond réfléchissant à toute vitesse. Aller Ryan ! Dépêche toi ! soupirais-je intérieurement. Les policiers retournèrent à l'arrière avec nous, je redressais la tête et essayais de paraitre le plus naturelle possible.
-Pourrais-je avoir les papiers du véhicule s'il vous plait ? nous redemanda l'un d'eux.
-Bien sur ! répondit Samuel.
Il me jeta un regard et montra les sacs qui se trouvaient sous les couchettes. Il ne nous restait plus que quelques secondes avant que tout soit finit. Après les policiers découvriront nos armes et que nous n'avons pas de permis, aucun de nous.
-Ryan... Je t'en supplie, dépêche toi... murmurais-je.
-Il va y arriver... me rassura Samuel si bas que je du tendre l'oreille pour l'entendre.
Je tirais le sac d'armes vers moi. Samuel saisit mon poignet. Je relevais la tête pour croiser son regard. Il saisit ensuite le sac et le tira vers lui. Il paraissait confiant, il savait ce qu'il s'apprêtait à faire. Mais contrairement à ce que je pensais, il le poussa tout au fond des placards. Je le regardais avec étonnement. Il me montra ses mains. Il allait utiliser ses pouvoirs. Il se releva et se tourna vers les deux hommes qui étaient en train de fouiller les placards de la petite cuisine. Il commença à lever les mains lentement. Je me plaçais à côté de lui et posais ma main sur son épaule. Il inspira profondément et alors qu'il allait déchainer son pouvoir, une sirène retentit. Je jetais un regard interrogateur à Samuel et me précipitais vers la fenêtre.
-Messieurs, je crois que c'est l'alarme de votre voiture ! dis-je en essayant de contenir ma joie.
-Quoi ? Comment ...
Les deux hommes sortirent en courant et se précipitèrent vers leur voiture. Ryan réapparu quelques secondes plus tard à côté de Taylor. Axel fonça vers l'avant du camping car et démarra en trombe, on reprit la route. Il s'arrêta à la station service la plus proche. On fit rapidement le plein et je prenais le volant. Lila me rejoignit et s'installa sur le siège du passager. Elle prit soin de fermer correctement la porte derrière elle. Je démarrais et quittais le parking.
-Bon je veux que tu me racontes tout ! s'exclama mon amie à côté de moi.
-Hein ? Te raconter quoi ? demandais-je en lui jetant un coup d'œil.
-Comment tu vas en ce moment ! Qu'est-ce que tu ressens en ce moment, ta relation avec Axel et votre plan avec Ryan et Samuel. Il me semble que vous avez un « projet », on n'a pas vraiment prit le temps de passer un moment ensemble depuis quelques jours, alors racontes moi tout !
Je ne répondais pas durant quelques secondes avant de prendre la parole.
-Bon, de toutes façon je n'ai pas vraiment le choix ! ricanais-je. J'ai parlé avec Samuel et Ryan, ils pensent que nos parents nous cachent des choses voir qu'ils sont peut-être liés à Lake-Moon. Ils se demandent pourquoi mes parents sont surveillés par le gouvernement alors que ce n'est pas le cas des autres familles du groupe. C'est vrai que toutes ces coïncidences sont plutôt étranges...
-Je vois, c'est sur que vu comme ça... Tu as réussi à déchiffrer le magazine que tes parents t'ont laissés ?
-Non pas vraiment, y'a une phrase qui bloque et je pense que c'est la plus importante.
-Je suis sûre que tu trouveras ! Ils ont du faire en sorte que seule toi comprendrais ce qu'ils ont voulu dire et que tu puisses les retrouver. Tu auras peut-être un déclique tôt ou tard.
-J'espère, sinon je ne pense pas réussir à les retrouver.
Il y eut un court instant de blanc, puis Lila reprit la parole.
-Et avec Axel ?
Je n'avais pas du tout, mais pas du tout envie de répondre à sa question. J'en avais mare de cette histoire et voulais juste qu'on me foute la paix. Je me tournais vers ma meilleure amie. Elle me regardait avec insistance. Je soupirais et me lançais.
-Je sais qu'il faut que je lui parle, mais pour lui dire quoi ? Tout est déjà nette ! On a plus rien à mettre au clair on en a déjà parlé juste après l'incident qui à provoqué notre séparation.
-Pourquoi ? Tu ne lui as pas vraiment laissé le choix et le temps de se justifier... Tu ne lui as même pas donné d'explications.
-Peut-être mais je pense que c'était évident ! On ne se convient pas, c'est tout !
-Ne mens pas ! Je sais très bien que ce n'est pas la vraie raison !
-Ah oui ? Alors quelle est la vraie raison ?
-Toute cette situation te met dans tous tes états. Le problème avec ta famille, Lake-Moon, East Green Forest... Après cette vision que tu as eu de ta sœur sur ton enlèvement tu t'es mis en tête de les tuer, et cette idée était tellement présente que tu n'as pas pensé aux conséquences. Axel a juste voulu te faire prendre conscience...
-Tu es en train de le défendre ?! m'exclamais-je.
Ma voix se brisa un peu sur le dernier mot, mais je reprenais vite mon expression indéchiffrable et mon calme implacable.
-Non, tout ce qu'il a dit était totalement faux et je reste de ton côté là dessus, mais j'ai parlé avec lui. Il faut que tu comprennes que tes résolutions ne sont pas toujours les meilleures... Tu dois minimiser les choses. Supprimer ou ignorer, tu es toujours dans les extrêmes. Je sais que ça fait partit de ton caractère et de ton tempérament explosif mais il faut que tu relativise. Tu comprends ce que je veux dire ?
Je ne répondais pas. Je bouillonnais de l'intérieur et je n'avais qu'une seule envie, crier toute ma haine, lâcher tout ce que j'avais sur le cœur et déchainer mes pouvoirs. D'un côté je me sentais trahi par ma meilleure amie, et de l'autre je savais qu'elle avait raison. Je savais que j'avais fait des erreurs, trop, mais je culpabilisais déjà assez et on me l'avait déjà assez reproché. J'en avais plus que mare. Je serrais tellement fort le volant dans mes mains que mes jointures en étaient blanches.
-Victoire ! s'écria Lila.
Je me reprenais à l'entente de mon prénom. Mon pied avait appuyé de plus en plus fort sur la pédale de l'accélérateur et me retrouvais à rouler à cent soixante au lieu de cent vingt. Je relâchais un peu la pédale. Il faisait également très chaud dans l'habitacle, ma peau était brûlante. Je me regardais dans le rétroviseur et constatais sans surprise que mes iris étaient rouges, j'étais donc bien à l'origine de cette étrange chaleur. Lila me fixait, les yeux écarquillés. Mon pouvoir avait encore fait des siennes ! J'inspirais un grand coup pour me calmer. Ce qui m'étonnais en revanche, c'est que j'avais pu produire de la chaleur sans à avoir recourt aux flammes. Encore une nouveauté ! pensais-je.
-Victoire, je sais que...
Je l'interrompais d'un geste de la main.
-Ne te fatigues pas, dis-je en essayant de contenir ma colère. Retourne à l'arrière s'il te plait.
Elle voulu protester mais s'abstint. Elle détacha sa ceinture et se leva. Elle posa sa main sur la poignée de la porte et se tourna vers moi.
-Je sais qu'au fond de toi, tu l'aimes encore, me dit-elle avant de sortir.
Quand elle quitta l'habitacle, je tournais le verrou de la porte et me reconcentrais sur la route. Le volant en cuire était brûlant, mais je préférais ne pas y faire attention. J'allumais le lecteur de CDs, en rentrais un dans le lecteur et mettais en marche. J'essayais d'oublier, ou du moins de penser à autre chose. Nous avions de la route et je n'avais pas besoin de penser à tout ça.
~~~
Trois heures plus tard, j'étais toujours au volant. Les tubes de Muse passaient dans le lecteur alors que le soleil commençait déjà à descendre dans le ciel. Il était dix-neuf heure trente, je décidais de quitter la route, m'engageant dans de plus petites. Je roulais sur une air très fréquentée dans la périphérie d'une petite ville. De chaque côté de la rue se trouvaient des hangars de toute sorte, des restaurants ou encore des boutiques de vêtements. Je me garais sur le parking vide d'une petite station service. J'arrêtais le moteur et gardais le regard perdu dans le vide, droit devant moi. J'inspirais profondément, me passais une main sur le visage et descendais du véhicule avec les clés. Je prenais la direction de la station tout en ignorant la porte du camping car claquer et les pas qui se rapprochaient dangereusement de moi.
Je franchissais les quelques mètres qui me séparaient de la porte de la station service en à peine une fraction de seconde grâce à mes pouvoir et entrais comme si de rien n'était. Je me dirigeais à pas rapides vers les toilettes et m'enfermais dans la première cabine. Je restais dans celle ci pendant plus de cinq minutes, les sens en alerte pour être sur que personne n'entrerait. Une fois avoir vidé ma vessie, je me lavais les mains et me passais de l'eau sur le visage. J'appuyais mes mains sur le rebord du lavabo et me fixais dans le miroir. J'avais l'air d'une jeune fille perdu, remplit de haine et de désespoir. Des cernes étaient dessinées sous mes yeux noisette et mes cheveux bruns en pagaille, avaient repoussés jusqu'à mes épaules. Je soupirais devant ce tableau triste et fade. Je me dirigeais vers la sortie et tirais la porte. Quand je relevais la tête, qu'elle ne fut pas ma surprise quand je le vis, adossé au mur en face des toilettes pour dames.
-Qu'est-ce que tu fais là ? lui demandais-je d'un ton sec.
Axel se redressa et me regarda droit dans les yeux avec un regard triste. J'aurais presque eu pitié si je n'avais pas eu cette dispute avec Lila.
-Je devais te parler, répondit-il d'une voix très calme.
J'eus un rire sans joie et passais devant lui en l'ignorant. Je sortais de la station et commençais à me diriger vers le camping car quand il se planta devant moi.
-Qu'est-ce que tu me veux ? lui demandais-je agacée.
-Des réponses, dit-il simplement.
-J'ai rien à te dire, tu sais tout ce qu'il y a à savoir.
Je tentais de le contourner pour retourner au camping car mais il me barra la route.
-Tu n'as pas le droit de me faire ça, déclara-t-il d'une voix de plus en plus dure.
-De te faire quoi ?
-De m'abandonner.
Je ris à nouveau mais cette fois ci de bon cœur, surprise et amusée par ce qu'il venait de me dire. Je le poussais pour passer mais il ne dû pas l'entendre de la même façon. Il me plaqua contre le mur du bâtiment, sa main enserrant mon poignet à m'en faire mal.
-Je t'ai tout donné, murmura-t-il. Je t'ai aimé et tu sais très bien que je t'aime encore. Tu ne peux pas tout arrêter pour une dispute !
Je ne répondais pas et lui jetais un regard noir. Il passa sa main sur ma joue.
-Victoire, laisse nous encore une chance... Je suis désolé, je ne dirai plus jamais de telle choses ! Crois-moi s'il te plaît.. me dit-il d'une voix douce.
Un frisson de dégout traversa mon corps tout entier.
-Je sais que tu m'aimes, poursuivit-il. Nous deux ça marchait bien non ?
Il m'embrassa. J'eus envie de vomir quand ses lèvres se posèrent sur les miennes. Je ne répondais pas à son baisé mais je ne le repoussais pas. Quand il rompit le contact et s'écarta pour voir ma réaction, je le repoussais. Je l'aimais encore, mais j'étais incapable de lui pardonner, et je me refusais à me remettre avec lui après ce qu'il s'était passé. Ma fierté mal placée et ma rancune prenant le pas sur les sentiments, il m'était difficile d'imaginer passer l'éponge. De toutes façons il valait mieux pour lui qu'on en reste là. J'étais autodestructrice, et je ne voulais certainement pas l'entraîner dans ma chute, il méritait mieux, mieux qu'une gamine trop fière et incapable de contrôler ses pulsions meurtrières.
-C'est finit Axel. Nous n'avons plus rien à nous dire, déclarais-je finalement, avec un regard désolé.
Je me libérais de sa poigne autour de mon poignet. Il s'approcha de moi dans un dernier espoir mais je m'éloignais.
-Ne me touche plus.
Je tournais les talons et reprenais la direction du camping car. Ma meilleure amie n'avait pas faux sur toute la ligne. J'étais belle et bien encore amoureuse d'Axel, mais Axel, lui, était encore amoureux de la Victoire de Lake-Moon, et non celle que j'étais devenue. J'étais sûre de mon choix, je me devais de les protéger et mes états d'âmes avaient largement les moyens de mettre en péril cette mission. Je ne reviendrais pas en arrière et je n'avais aucun regret.
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