T2 : Dix-sept ✔️
J'avais proposé cette idée sans vraiment y avoir réfléchis avant, mais nous étions arrivés à la fin de notre voyage. Ma famille était la dernière chez qui on devait aller et nous avions déjà évoqué cette possibilité il y a de cela quelques mois. Il n'y avait plus aucune organisation pour nous dicter quoi faire ou nous pourrir la vie, alors pourquoi ne pas reprendre une vie normale ou presque, histoire d'enfin pouvoir profiter du fait que personne ne nous contrôlerait. Mes amis avaient simplement acquiescé à ma déclaration. Lila s'était levé, et avait téléphoné à son père pour lui faire part de notre projet. Ils avaient achevés leur discussion sur l'accord que Vincent paierait les frais de scolarité de ses enfants. Chacun de mes amis en avait fait de même, nous avions même convenu que nous irions dans mon ancien lycée.
Ma mère et moi avions convenu que nous appellerions le directeur le lendemain, puisqu'il était déjà tard. On allait se mettre à table, ma mère préparant la salade avec Lila et Arthus, Taylor, Nicolas et Axel s'occupant de deux grands saladiers de frites encore fumantes qui sortaient du four, Ryan, Samuel et Louis aidant mon père avec la viande dehors au barbecue, puis Olivia, Clarence et moi qui mettions la table. Ma sœur n'était toujours pas rentrée, je bouillonnais d'impatience en attendant son arrivée. Mon cœur rata un battement quand j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir.
-C'est moi ! cria ma sœur.
Je n'osais plus bouger, cette voix... je ne l'avais pas entendu depuis tellement longtemps... Les secondes passaient au ralentit. Mon père apparu à côté de moi, ayant utilisé sa « super-rapidité » dont j'avais hérité. Ma sœur dut trouver ce silence pesant étrange. Elle passa sa tête dans le salon. Son regard passa sur toutes les personnes présentes dans la pièce. Elle fronçait les sourcils. Puis ses iris noisettes, semblables aux miennes, se posèrent sur moi. Elle ouvrit de grands yeux tout en accourant vers moi. Je titubais un peu quand elle sauta dans mes bras. Je la serrais si fort que je due lui briser les côtes. Une larme coula le long de ma joue, puis deux, trois, quatre. Des larmes de pur bonheur, de soulagement qui étaient absorbées par la chemise d'un blanc trop parfait de ma sœur, de ma Lara. Elle aussi pleurait, je l'entendais sangloter. Elle s'écarta de moi et prit mon visage entre ses mains. Elle m'examina sous tous les angles, m'embrassa sur le front et me serra à nouveau contre elle.
-Mon Dieu... C'est un miracle, tu es revenue, souffla-t-elle. Tu m'as tellement manqué.
-Toi aussi... répondis-je avec un sourire en m'écartant d'elle.
-Tu as beaucoup de choses à me dire, je veux tout savoir ! me dit-elle par télépathie.
-Toi aussi ! lui répondis-je.
Je lui faisais un grand sourire et me tournais vers les autres.
-Je vous présente Lara, ma sœur.
Je faisais les présentations unes à unes puis on se mit à table. Je racontais une nouvelle fois mon long récit que j'avais fait à mes parents et mon frère quelques heures plus tôt.
~~~
On avait dinée longtemps, jusque tard le soir. Il était minuit et demi quand on décida enfin à aller nous coucher. Je retournais dans ma chambre accompagnée des filles. On se mit en pyjama rapidement. Je retirais doucement mon jean pour ne pas me faire mal à ma blessure toujours, malheureusement, présente sur ma cuisse. Le pansement était plein de sang suite à la course de quelques mètres que j'avais parcourue pour rejoindre mon père dans le jardin. Je le retirais délicatement, non sans grimacer. Lila entreprit de m'aider à en mettre un nouveau. Tandis qu'elle préparait un coton de désinfectant et les nouveaux bandages, la porte s'ouvrit.
-Alors ! Comment trouve-tu ta...
Ma sœur ne finit pas sa phrase. Ses yeux étaient rivés sur la coupure de ma jambe.
-Qui t'as fait ça ? me demanda-t-elle par télépathie.
Je n'eus le temps de répondre, elle avait déjà la réponse, mes pensées s'étaient directement dirigées vers Ryan. Elle sortit en trombe de la pièce.
-Qu'est ce qu'il vient de se passer ? m'interrogea Lila.
-C'est la merde... signalais-je.
J'enfilais mon short de pyjama, ne prenant même pas le temps de refaire mon pansement, je fonçais vers la chambre d'ami d'où j'entendais déjà ma sœur crier. J'entrais à toute vitesse. Lara tenait Ryan par le cou et le plaquait contre le mur. Il aurait pu la repousser mais il n'en avait rien fait, il la regardait dans les yeux, le visage triste, comme s'il acceptait son sort.
-Répond ! Pourquoi tu lui as fait ça ?! cria Lara.
-C'est compliqué, répondis Samuel en avançant vers d'elle.
-Toi ! Tu ne l'approches pas ! lui ordonnais-je d'une voix glaciale à celui-ci. Ou tu es sur de finir carboniser, que ce soit par moi ou par elle !
Il recula d'un pas sans rien dire.
-Je rêve ! s'exclama ma sœur.
Elle avait du lire dans les pensées de Ryan et y voir ce qu'il s'était passé. Je m'interposais entre elle et mon ami.
-Ne lui fais rien, dis-je calmement.
Je tirais sur le col du teeshirt de Ryan pour laisser entrevoir la brulure encore rouge que je lui avais faite.
-Il a déjà payé.
Lara lâcha le brun, lui jetant un regard haineux à lui et Samuel, puis sortit de la pièce.
-Je suis désolé... me murmura Ryan.
Je me tournais vivement vers lui.
-C'est tout ce que j'attendais, soupirais-je finalement. Des excuses...
Il me fit un faible sourire, auquel je répondis. Je jetais un regard noir à Samuel et retournais dans ma chambre, Louis m'aidant à marcher à cause de ma jambe qui s'était remise à saigner.
-Mon Dieu ! Tu t'es remis à saigner ! s'exclama Taylor. Une serviette vite !
Olivia accourue avec le nécessaire, et Lila me soigna. Suite à ça, on se coucha. Ma meilleure amie à mes cotés, Louis dans un matelas simple, Ryan dans un autre, mais Samuel n'étais toujours pas sous ses draps. Je le vis rentrer dans la chambre seulement une demie heure plus tard, alors que les autres dormaient déjà. Il se coucha sans faire de bruit. Je me retournais dans mon lit, me retrouvant dos à lui et face à sa sœur, et m'endormis.
~~~
Une semaine et trois jours étaient passés. Demain ce serait la rentrée. Le directeur nous avait donné rendez-vous quelques jours après qu'on l'eut appelé, et avait, par je ne sais quel miracle, accepté de nous prendre tous les dix. Dès le lendemain, on avait arpenté les magasins et les grandes surfaces pour acheter toutes nos fournitures. Les filles m'avaient trainé dans des magasins pour acheter une tenue pour la rentrée. Je n'avais rien prit, ayant déjà ma propre idée de ce que je pourrais mettre. J'avais même vendu certains de mes anciens vêtements, ne me plaisant plus, pour les remplacer par des neufs que je m'étais acheté avec l'argent récolté. Bon !
Passons les détails sur ma garde robe ! Les filles voulaient qu'en entrant dans le lycée, on fasse sensation. Mais je savais que même sans des vêtements neufs et sans mes neufs amis qui m'entouront, je ferrai sensation. Tout le monde me reconnaitrait. Je stressais beaucoup, mais ne montrais rien, du moins j'essayais. Il devait être minuit et je ne dormais toujours pas. J'étais assise face à la cheminée, sur le tapis du salon et caressais ma chienne allongée à côté de moi. Je regardais les braises rouges qui commençaient à s'éteindre peu à peu dans le noir. Je remettais une buche et plaçais ma main dans la cheminer pour la faire prendre feu.
Les flammes repartirent, me brûlant le visage avec la chaleur qu'elles diffusaient. Je savourais ce moment en fermant les yeux. J'entendis des bruits de pas et quelqu'un s'assit à côté de moi. Je rouvrais les yeux pour voir qui venait combler ma solitude et ne fut presque pas surprise quand je m'aperçus que c'était Samuel. Il regardait droit devant lui, les flammes dansant dans la cheminée. Des cernes marquaient ses yeux verts. Je le fixais, attendant qu'il m'explique ce qu'il venait faire ici.
-Tu ne dors pas, toi non plus, constata-t-il toujours en fixant les langues de feu.
Je ne répondais pas et me détournais de lui. Je continuais de caresser mon chiot.
-Tu stresses pour demain, finit-il par dire après un silence. Tu essayes de le cacher, ça marche avec les autres mais pas avec moi.
Nouveau silence, je ne voulais pas le regarder, c'est lui qui se tourna vers moi.
-Écoute, je n'en peux plus de cette relation qu'on a. J'en ai marre. Je voulais m'excuser pour la dernière fois... Je n'aurais jamais du te forcer à tout me dire comme ça. Et encore moins être capable de te faire du mal. Je suis vraiment un salop pour avoir fait ça.
-Je confirme, répondis-je d'un ton neutre.
Il eut un rire gêné.
-Je t'ai fait une promesse, celle de toujours être là pour toi, et je la tiendrai. Si tu crois une seule seconde que je n'ai pas vu la lueur étrange qui est passé dans ton regard quand je t'ai retrouvé avant de partir le soir du bal. Tu semblais... avoir du regret ou avoir peur... Je l'ai bien vu, et je savais qu'il s'était passé quelque chose. Tu es partit durant une grande partie de la soirée. Ryan, Lila et moi on l'a tout les trois remarqué. Mais Lila nous disait que tu étais sans doute avec Olivia et Taylor qui nous avaient elles aussi faussé compagnie.
Il se tue. Je n'osais rien dire tout en maudissant intérieurement le fait qu'il me connaisse si bien.
-Regarde moi, me supplia-t-il presque.
Je tournais la tête dans sa direction, plongeais mes yeux dans les siens.
-Si tu ne veux pas me dire ce qu'il t'est arrivé, dis moi au moins si on t'a fait du mal.
Je le fixais quelques secondes, me demandant si je devais ou non lui dire la vérité. Je pris vite ma décision.
-J'ai fait la connaissance de quelqu'un, avec qui j'ai passé une grande partie de la soirée. Et c'était... génial. J'étais juste déçu de devoir partir sans pouvoirs lui dire au revoir et sachant que je ne reverrai jamais cette personne.
J'affichais une expression neutre. C'était en partit la vérité, il n'avait pas à savoir le reste. Il hocha simplement la tête.
-Merci, et encore désolé, je n'aurais jamais du te faire du mal...
-Qu'attendais-tu ? demandais-je.
Il y eut un silence où on continua de se fixer.
-Je les attendais tes excuses. Pourquoi ne me les présenter que maintenant ? poursuivis-je.
Il soupira en se passant une main dans les cheveux. Il reporta son attention sur les flammes.
-Je ne sais pas. Je savais que c'était ce que tu attendais, mais dans ma tête je méritais d'être punis et que tu ne m'accordes plus d'attention. Je ne voulais pas que tu me pardonnes trop rapidement, ça aurait été trop facile. Je m'en vœux énormément, tu ne peux pas savoir à quel point je regrette.
Je ne disais rien, il n'y avait rien à ajouter.
-Tu as peur, n'est ce pas ? me questionna-t-il.
Je tournais la tête vers lui en fronçant les sourcils.
-Tu vas tous les revoir, Dean, Maya... Tous tes anciens amis.
-Oui...
-Raconte moi, pourquoi tu as si peur toi qui ne crains jamais rien ?
Je ricanais, un petit sourire se formant au coin de mes lèvres.
-Je faisais partie d'une très grande bande d'amis. Les populaires comme on les appelle. J'ai été casé dans cette « classe » parce qu'on me trouvait jolie, que j'avais une façon de m'habiller qui plaisait, j'étais gentille avec tout le monde, déléguée et représentante des élèves de mon lycée, j'avais un petit copain mignon, une meilleure amie qui était aussi canon que moi... De plus ma famille avait les moyens... Je n'ai pas choisi d'être jugé comme une populaire, mais je me plaisais à cette place, et je n'aurais pas cherché à m'en faire détitrer. On s'est fait enlevé vers le milieu de l'année de seconde, tout le monde me connaissait déjà. Je sais que quand ils me reverront, ils ne comprendront pas. Je ne suis plus la même depuis qu'on m'a effacé la mémoire et que je me suis réveillé dans ce lit à Lake-Moon. Je ne suis plus cette fille toujours joyeuse qui se fichait de ce qui l'entourait du moment que ça petite vie était tout en rose. Je n'étais pas méchante, mais en prenant du recul j'étais surtout naïve autant que maline quand il fallait faire quelque chose pour attirer l'attention sur moi, mais j'étais tout sauf mauvaise. La violence était une chose que je détestais, j'étais sociable mais ouverte qu'avec ma bande d'amis. Tout ce qui pouvait se passer dans ma vie était su, j'étais un véritable livre ouvert, je me jouais de ça. En bref j'avais une image de fille parfaite, mais je ne l'étais pas.
Je marquais une pause.
-Aujourd'hui je suis tout le contraire de la fille que j'étais avant. Cette hypocrisie que je subissais sans m'en rendre compte autour de moi je ne saurais la supporter. Si on ne m'aime pas, je n'en ai rien à foutre, mais que l'on ne vienne pas me faire chier. Je ne suis plus Noa, et Dean, Maya, tous mes anciens amis ne peuvent et ne pourront jamais comprendre qui je suis devenue. Quand je rentrerai dans le lycée, après un an et demi d'absence, ils reviendront vers moi, je le sais. Mais je serai obligé de les rejeter et je sais que ça finira mal.
Un petit sourire s'afficha sur le visage de Samuel.
-Et bien tu vas faire une entrée fracassante avec nous tous. On sera LA bande des dix que personne ne connaitra mais qui sera observé de tous. Et on t'appellera par ton vrai prénom, par celui qui fait de toi qui tu es, ce que tu es ! On t'appellera Victoire car c'est cette fille que tu es, et rien à foutre des autres, nous on sera là, et si ça merde, on sera tous avec toi.
Je lâchais un petit rire alors qu'il me donnait un petit coup d'épaule.
-Aller ! Allons nous coucher, il faut être en forme pour demain !
Je hochais la tête et me levais à sa suite.
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