T2 : Dix ✔️
Un mois était passé, le séjour chez Clarence avait été reposant et calme. On avait réussit à contacter nos parents et on c'était mit d'accord pour commander une carte banquière au nom de Clarence, ou plutôt Paul de son vrai prénom, puisque nous étions chez lui. Chaque famille, à part celle de Nico, des jumeaux et la mienne, versait cent-trente dollars par mois, ce qui était suffisant pour faire le plein du camping car et nous nourrir. Nous avions récupéré des vêtements chez nous et n'en avions donc pas besoin. On avait reprit la route depuis une journée complète après avoir dit au revoir aux parents, au grand frère et aux deux petits frères et sœurs de Clarence.
Lila et moi avions parlé longuement et elle s'était excusée de son comportement, se sentant mal de ne pas avoir essayé de me comprendre. On avait alors décidé de tout oublier. On prenait maintenant la direction de New York pour les jumeaux. Samuel et Louis étaient à l'avant. J'étais dans le salon, assise sur l'un des canapés avec Nicolas, Taylor et Clarence.
Olivia devait être en train de lire, Ryan dormait dans la couchette deux places et Axel vaguait à ses occupations dans une autre. Je feuilletais le magazine de décoration que mes parents m'avaient laissés, en regardant rapidement les meubles présentés en photos. J'arrivais à la fin du magazine, soupirais et retournais à la première page pour le relire entièrement. Je relisais plusieurs fois le mot de mes parents. Une phrase attira plus mon attention que les autres.
« Entre les lignes se cachent de bons prix... »
J'avais laissé de côté cette phrase, préférant m'intéresser aux autres qui me semblaient plus importantes. Je lisais donc attentivement les textes écrit sur la première page. Mes yeux s'arrêtèrent sur un mot, ou plus précisément une lettre. Si j'avais lu rapidement je n'aurais jamais vu le trais très fin tracé au crayon de bois sous la lettre « e ».
Je tournais la page et lisais les inscriptions. Cette fois ci c'est un « i » qui était sous ligné. Je me levais d'un bon, sous les regards étonnés et surpris de mes amis, et montais à toute vitesse l'échelle qui menait à la couchette deux places. J'ouvrais doucement le paravent fermé et entrais sans faire de bruit. Une fois que je l'eus refermé, je me jetais sur Ryan.
-Ryan ! Ryan ! Réveille toi ! lui chuchotais-je.
Il grogna mais ne bougea pas un poil. Je le secouais doucement tout en lui disant de se réveiller.
-Je sais que je suis chiante, mais c'est urgent ! lui dis-je à voix basse pour que les autres en dessous n'entendent pas.
Il grogna à nouveau, ouvrit brièvement les yeux et les referma sans rien dire.
-Ryan... soupirais-je.
Sans que je puisse faire quoi que ce soit, il passa son bras autour de ma taille et me balança sans ménagement de l'autre côté du lit, m'arrachant au passage un cri de surprise. Je me redressais alors qu'il se tordait de rire en voyant ma tête. Je lui jetais un regard noir, il se redressa en essayant de se calmer puis reprit son sérieux.
-Bon ! C'est quoi le truc si urgent qui me vaut l'honneur de ce délicieux réveille en toute délicatesse, ricana-t-il.
Je lui jetais un regard amusé et lui tendais le magazine de mes parents.
-En le lisant plus attentivement je me suis rendu compte qu'il y avait des lettres qui étaient sous-lignés sur les deux premières pages. J'ai trouvé un
« e » puis un « i », expliquais-je.
-Un message caché ? en conclu-t-il un sourcil levé.
-Sans doute.
Je prenais un crayon et la feuille avec le mot de mes parents. Il commença à me dicter, page par page. Une fois arrivés à la dernière, je lisais le résultat.
-Eighteen Beyrouth Street.
-Une adresse... murmura Ryan.
-La leur, mais attend, il nous manque le nom de la ville.
-Donne moi le mot.
Il le relu à voix haute.
-« Lors de la lune rouge sur les fesses du géant... », répétais-je. Attends ! C'est comme ça que mon frère appelait les deux collines à côté de mon village ! Les fesses du géant ! Et la lune rouge, c'est la lune rousse, j'allais observer la lune avec ma mère quand cet événement arrivait ! C'était un rendez-vous, si je n'arrivais pas à trouver l'adresse ! Beyrouth Street c'est juste à côté des deux collines !
Je sautais dans les bras de mon ami, toute contente.
-Il faut le dire aux autres tout de suite ! On va chez toi ! s'exclama-t-il.
-Non !
Il s'écarta de moi. Il me jeta un regard interrogateur.
-Tu ne peux pas savoir comme j'ai été déçu de devoir me dire que je ne reverrai pas ma famille avant deux mois alors que j'étais à deux doigts de les retrouver. Toute la peine, ça fait super mal. Et tu connais Sam et Lila, si on leur dit ils vont vouloir qu'on aille chez moi et je ne veux pas qu'ils ressentent cette déception, même si ils ferons tout pour le cacher ils le ressentiront.
-Très bien... Je ne dirai rien, mais une fois à New-York tu leur dis ! Ils n'aimeraient pas que tu leur caches.
-Promis !
-Contente ?
-Trop !
On se mit à rire en cœur. Le camping car s'arrêta quelques instant. On n'eut même pas le temps de se demander pourquoi qu'il redémarra et que Samuel nous rejoignit. Il se laissa tomber sur le matelas en soupirant bruyamment. Il se tourna sur le ventre, face contre les draps.
–Qui est au volant ? demanda Ryan.
-Achel et Charence... répondit Sam.
Un petit silence s'en suivit.
-Faudrait qu'on apprenne à tout le monde à conduire, déclarais-je. C'est chiant de devoir tourner à quatre...
-Grave ! grogna Samuel.
-Qui se charge de qui ?
-Bah toi tu prends Lila et Louis, moi j'ai qu'à prendre Clarence et Taylor et Sam je prend Liv et Nicolas. Et Axel, bah personne, nous proposa Ryan en se passant une main sur le visage puis dans sa chevelure brune.
-Ouais bon... On verra ça plus tard ! soupirais-je.
Nouveau silence. Samuel se retourna sur le dos en grognant.
-Dis moi Sam, ça fait quelques temps que je ne te vois plus avec Clarence... Pareil pour toi, Ryan, avec Axel. Ça n'était pas vos meilleurs amis pourtant ? les interrogeais-je en les regardant à tour de rôle.
Ils me fixèrent tout deux comme si je venais de sortir une énormité. Je n'aurais peut-être pas du leur dire ça...
-J'ai dit quelque chose de mal ? demandais-je hésitante.
-Non non ! me rassura Samuel en se redressant pour s'asseoir. Bon, on va dire que, en ce moment, Axel et Clarence sont toujours collés.
-Et en ce qui me concerne j'ai toujours du mal à digérer ce que t'as dit Axel, poursuivit Ryan. Tu étais, tu es, et tu seras toujours ma meilleure amie. Tu étais déjà là avant lui et tu as toujours été là pour moi, contrairement à lui.
-Et puis à Lake-Moon, comme on avait la même aptitude, c'est ce qui a suscité les rapprochements, expliqua Samuel. On passait plus de temps ensemble, je veux dire, Clarence et moi, Ryan et Axel, Liv et Taylor et Nico et toi.
-Mais même avec ce rapprochement, pour ma part, c'est vous deux qui étiez mes meilleurs amis. On vivait quand même ensemble ! Et puis on se connaît depuis le départ, on est les quatre à ne pas séparer.
-Sauf que Liv s'est un peu éclipsée du groupe... soupira Sam. Elle est très proche de Taylor et Clarence, mais on ne peut pas lui en vouloir, elle fait ce qu'elle veut.
-Donc pour en revenir à tout ça, non, Axel était un très bon ami, et il est vrai que je passais plus de temps avec lui pendant quelques temps qu'avec Sam et de même pour Sam avec Clarence. Tu piges ou on t'a perdu ?
Je ne répondais pas. Mes deux amis avaient enchaînés toutes leurs explications comme si ils le faisaient pour la centième fois. En voyant mon regard surpris ils se mirent à rire.
-Ouais bon, en fait on en a déjà parlé quand on était que tout les deux, m'expliqua Samuel.
-Ok, je vois. Donc... Ouais, non y'a rien à ajouter, tout à déjà été dit ! terminais-je.
-Rassure nous, on est bien tes meilleurs amis hein ? me demanda Ryan avec des yeux de biches mimant une bouille d'enfant adorable.
-J'espère que oui sinon nous on boude ! s'exclama Sam en croisant les bras et en se mettant à son tour à imiter un enfant.
-Bande de gosses, ricanais-je.
-Samuel ! Tu as entendu ! Elle a dit l'impardonnable ! s'offusqua Ryan.
-Elle nous a traité de gosses !
-Tu vas le payer cher !
Ils se jetèrent sur moi en criant.
-Méthode de la baleine ! s'écria Ryan d'une voix aigue.
Je criais quand ces deux cachalots m'écrasèrent. Je me retrouvais allongée sur le matelas, les deux imbéciles sur moi. Je ne pouvais plus bouger, et même si je l'avais voulu, je riais à un point à ne plus pouvoir faire quoi que ce soit !
-Dégagez ! m'exclamais-je entre deux rires.
-Répètes après moi ! continua Sam. Je vous pris d'accepter mes plus plates excuses messieurs les plus beaux maîtres de l'univers !
Je riais toujours et tentais de répéter sa phrase. Quand j'eus dit le dernier mot, ils se dégagèrent enfin.
-Vous êtes super lourd putain ! leur reprochais-je en me redressant et en remettant mes cheveux et habits en place.
-C'est toi qui nous dis ça ? La bonne blague ! s'exclama Ryan.
Je lui jetais un regard noir et lui envoyais mon point dans le ventre. Il ne s'y attendait pas et même avec ses abdos bien sculptés, j'avais frappé au bon endroit, il se plia en deux.
-T'es malade ! s'écria-t-il en ricanant.
-Tu n'avais pas qu'as traiter la reine du monde de grosse ! poursuivais-je en croisant les bras, levant la tête en signe de supériorité.
On explosa tous de rire. On eut beaucoup de mal à se calmer, on en pleurait !
-Oui... murmurais-je alors.
-Oui quoi ? me questionna Ryan.
-Oui vous êtes mes meilleurs amis, les deux plus gros gamins du monde, mais je vous adore.
Les deux garçons s'échangèrent un regard et me prirent en même temps dans leur bras. Je riais. J'avais de la chance de les avoirs. Sans eux je ne sais pas ce que je serais devenu.
~~~
Je fus réveillé en pleine nuit par le couinement d'une porte. J'ouvrais un œil, le canapé en face du mien était vide. Ryan s'était levé et était sortit. Je refermais les yeux me disant qu'il était sans doute partit prendre l'air ou satisfaire ses besoins naturels. Une dizaine de minutes plus tard, n'étant toujours pas revenu, je commençais à m'inquiéter. Je balançais mes jambes en dehors du canapé et me levais. J'enfilais mes baskets, prenais un sweat sur le porte-manteau au passage et sortait après l'avoir enfilé. Il faisait froid dehors.
Je remontais le pull sur mon nez. Il était bien deux fois trop grand pour moi. Je reconnu l'odeur de Samuel. Je regardais partout autour du camping car, essayant de trouver mon ami. On s'était garé sur un parking de station service, comme d'habitude. J'apercevais une silhouette à une dizaine de mètres de moi. Je m'approchais prudemment. La lune était ma seule source de lumière, et pourtant, même dans l'obscurité, je distinguais clairement l'affreux spectacle qui se présentait sous mes yeux.
Ryan était assis dans la pelouse, roulé en boule, les jambes ramenées contre son torse. Il sanglotait, je voyais les larmes rouler le long de son visage. Il me fixait en se balançant d'avant en arrière, tapant son dos contre le tronc de l'arbre auquel il était adossé. Son regard me suppliait presque de l'aider. Une boulle se forma dans ma gorge. J'étais bouleversé de le voir dans un état pareil. Je m'approchais de plus en plus doucement.
-Ryan ? l'appelais-je hésitante.
Il ne me répondit pas. Je faisais un pas de plus quand je crue voir une lueur verte passer dans ses iris bleues. D'un seul coup, des plantes sortirent de terre et commencèrent à s'enrouler autour de moi. Je tentais de me débattre mais les lianes me serraient de plus en plus fort. Mes paumes de main étaient plaquées contre mes flans, je ne pouvais pas utiliser mes pouvoirs.
-Je te déteste, tu n'avais pas le droit de partir... murmura Ryan d'une voix presque inaudible.
Les plantes continuaient de monter dangereusement vers ma gorge et mon visage.
-Tu m'as abandonné, maman... soupira mon ami.
Il croyait que j'étais sa mère... Je commençais à étouffer alors que les lianes entouraient mon cou. Je respirais avec difficultés. Je fermais les yeux. Allez Victoire, tu peux le faire ! Mais je n'y arrivais pas. J'étais tellement tétanisé par la peur que je n'arrivais pas à utiliser mes pouvoirs autres qu'avec mes mains. Je rouvrais les yeux et dans un ultime effort, je fixais mon ami dans le blanc des yeux, plongeant dans ses iris.
-J'y vais et après tu y va, d'accord ? murmurais-je dans un souffle.
Les lianes recouvrirent mon visage. Je prenais une dernière inspiration avant de ne plus pouvoir le faire. Je fermais les yeux. C'est donc ainsi que j'allais mourir ? Par les mains de mon meilleur ami qui n'est même pas conscient de ce qu'il fait. Il s'en voudra toute sa vie, et je n'aurais rien fait, rien pu faire pour l'en empêcher. Je n'avais presque plus de souffle, ma tête me tournait, et alors que je me disais que c'était finit, les lianes se déroulèrent et retournèrent dans la terre. Je tombais à genoux en reprenant mon souffle en grandes goulées d'air. Je relevais la tête vers Ryan qui n'avait pas bougé.
-Victoire... hoqueta-t-il.
Je m'approchais de lui à quatre pates. Je le prenais dans mes bras et le serrais fort contre moi. Il posa sa tête au creux de mon cou tout en pleurant. Je lui caressais les cheveux.
-Je suis désolé... murmura-t-il d'une voix faible.
-Ce n'est rien. Chut... Tout va bien, je suis là.
Il avait comprit, c'était la première phrase qu'il avait dit au moment du test d'aptitude à Lake-Moon. C'est la phrase qui avait signé le début de notre amitié. Ce jour là, j'avais su que Ryan serait toujours là pour moi, que je pourrai toujours compter sur lui. Et en lui disant ça, il avait réussit à se contrôler, à reprendre le dessus sur ses pouvoirs. On se leva pour retourner au camping car. Je ne prenais pas la peine de retirer le pull de Samuel, on enleva juste nos chaussures. Je m'asseyais sur l'un des canapés. Je fis signe à Ryan d'approcher. Il s'allongea, posant sa tête sur mes genoux. Je continuais de lui caresser les cheveux.
-C'est finit, je suis là, tout va bien Ryan, murmurais-je.
Il s'endormit en à peine quelques minutes, sa main se cramponnant au sweat pour me garder plus prêt de lui, je tentais de le rassurer comme aurait pu le faire sa mère, son visage crispé par la douleur tourné vers moi. Il paru se détendre peu à peu. Je sombrais à mon tour.
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