T1 : Vingt-cinq
-Ça va Vic ? me demanda-t-il.
Voyant que je ne répondais pas et que je le fixais, pétrifiée, il répéta sa question.
-Il... il... a... il a... essayé...
Je n'arrivais pas à parler, mon esprit était confus et embrumé par ce que je venais de vivre. Je ne comprenais et ne réalisais pas vraiment ce qu'il venait de se passer.
-Eh ! Calme-toi ! Dis-moi.
J'entendais une porte claquer derrière moi et me retournais précipitamment. L'homme sortit des toilettes, balayant son regard balaya sur la foule jusqu'à m'apercevoir, à quelques mètres seulement devant lui.
-Sors moi d'ici... suppliais-je Clarence en me tournant vers lui.
Il aperçut l'homme et parut comprendre. Il me prit la main et on se faufila jusqu'à notre table.
-On s'en va ! cria-t-il aux autres pour couvrir le son de la musique.
Nos amis le regardèrent sans comprendre mais Clarence m'entrainait déjà vers la sortie. Ils se levèrent tous et on sortit de la boite quelques instants plus tard. La fraicheur de la nuit à l'extérieur fut comparable à une bouffée d'air comme si je reprenais mon souffle après l'avoir retenu plusieurs secondes. Toujours en état de panique, je regardais partout autour de moi, cherchant un quelconque repère, me contentant finalement de river mes yeux au sol. Axel posa ses mains sur mes épaules.
-Qu'est-ce qu'il se passe Vic ? me demanda-t-il inquiet.
Je me mettais à trembler très fort, pas de froid mais de peur. Je ne parvenais pas à répondre, les mots refusant de franchir mes lèvres bien que j'en exprimais la volonté. Axel passa sa veste sur mes épaules, mais je continuais de trembler. La porte de la boite s'ouvrit à nouveau. Le mec sortit avec cinq de ses potes. Ils commencèrent à s'approcher. Mais Clarence se mit entre nous.
-Dégage connard ! cria-t-il à l'intention du pervers.
-C'est toi qui vas bouger ! J'ai un compte à régler avec ta copine ! répondit le gars sur un ton hargneux, il avait visiblement mal pris la façon dont je m'étais défendue.
-C'est ma copine, et qu'est-ce que t'as à régler avec elle ? s'interposa Axel en me cachant derrière lui pour me protéger.
-Ta pute m'a frappé pour aucune raison, continua-t-il.
-Non... soufflais-je.
-Déjà ce n'est pas une pute ! s'écria Ryan à son tour.
-Et il y avait bien une raison ! poursuivit Clarence.
-Arrête de raconter de la merde ! marmonna le mec.
N'y tenant plus, Clarence lui balança son poing dans la joue, lui offrant sa deuxième droite de la soirée. Je poussais un petit gémissement étouffé quand la bagarre débuta. Louis et Samuel s'y mêlant à leur tour, ils étaient désormais à cinq contre six. Mais nous avions largement l'avantage, et pour cause, nous avions été entrainés pour ce genre de situations. La bagarre cessa rapidement et les compagnons du pervers s'enfuirent en courant. En ce qui le concernait en revanche, il gisait au sol, le visage ensanglanté. Lila s'approcha de lui. Il se mit à rire.
-Qu'est-ce que tu vas me faire pétasse ? demanda-t-il en riant, crachant du sang par terre suite à la violente attaque de Clarence.
Elle tendit sa main vers lui et lui coupa la respiration. Il commença à s'étouffer, se prenant la gorge et ouvrant grand la bouche à la recherche d'air. Elle continua, n'ayant nulle intention de s'arrêter. L'homme commençait à perdre des forces, ses yeux roulaient presque dans leurs orbites. Je décidais de réagir, posant ma main sur l'épaule de mon amie, la faisant cesser immédiatement. L'homme reprit difficilement sa respiration, peinant à déglutir. Axel se tourna vers moi et m'entraina dans le camping-car, nos amis nous suivant de prêt. Il alluma en entrant et me fit asseoir sur le canapé. Tout le monde monta et on referma la porte derrière nous. Axel s'accroupit devant moi en posant ses sur les miennes pour tenter de capter mon attention. Je gardais la tête baissée, le regard perdu dans le vague.
-Que s'est-il passé ? me demanda-t-il d'une voix douce.
Je ne voulais pas répondre, je n'en avais pas la force.
-Il a essayé de la violer, expliqua Clarence à ma place.
-Et il a... il est arrivé à ses fins ? m'interrogea Axel.
Je hochais la tête doucement pour dire non.
-Il a failli, mais j'ai réussi à me libérer avant, expliquais-je d'une voix tremblante.
Ryan se dirigea vers le volant et démarra le véhicule. Il quitta le parking et s'engagea sur la route. Je me levais soudain et allais vomir dans les toilettes de la salle de bain. Quelqu'un vint prendre mes cheveux pour les tenir en arrière. Je le remerciais intérieurement. Une fois que j'eus recraché toute l'alcool que j'avais ingurgité, je buvais le grand vers d'eau que Nicolas me tendit. Je me lavais les dents et ressortais de la salle de bain. Axel me montra une couchette qu'il avait préparé à mon attention pour que je puisse me reposer. Je me m'installais sur le lit, souris à mes amis et fermais le paravent. Je retirais ma robe et me couchais en sous-vêtements, m'enroulant dans la couette pour essayer de trouver un peu de réconfort à emmitoufler ainsi. Je pleurais longtemps, pendant au moins une heure, en silence. Personne ne parlait, ou alors je ne les entendais pas. Tout le monde était parti se coucher. Je tirais le petit rideau pour regarder à travers le petit hublot, observant les voitures défiler sur l'autoroute à côté de nous. Je tombais de fatigue peu de temps après.
~~~
Je me réveillais en sursaut en plein milieu de la nuit. Ma respiration était haletante. Je regardais autour de moi affolée. J'étais dans le camping-car, tout allait bien. Je ne me souvenais même plus de mon cauchemar. Je me laissais tomber sur mon oreiller en soupirant et ouvrais le hublot pour respirer un peu. Je le refermais au bout de quelques secondes ayant froid en sous-vêtements. Quelqu'un frappa à mon paravent. Je ramenais la couverture jusqu'à ma poitrine et ouvrais. Axel me tendit un verre d'eau. Je le prenais et le bus d'un trait. Il le posa dans l'évier et revint s'accroupir à côté de ma couchette.
-Ça va ? me demanda-t-il à voix basse.
-Non, répondis-je.
Ça ne servait à rien de lui mentir. Il passa une main sur ma joue.
-Tu veux bien rester avec moi, s'il te plait... soufflais-je.
Il hocha la tête et vint se coucher à côté de moi. Lui, avait pris le temps d'enfiler son « pyjama ». Il portait un teeshirt et juste son boxer. Il se coucha à côté de moi, refermant le paravent derrière lui. Il passa sa main autour ma taille, un geste anodin dans un couple, mais qui me fit tout de même tressaillir.
-Eh, c'est moi, c'est juste moi, me dit-il pour me rassurer.
Il se rapprocha de moi et je posais ma tête sur son torse. Je sentais son souffle dans mon coup.
-Je ne laisserai plus jamais personne te faire du mal, dit-il. Jamais.
-Tu serais capable de m'accompagner aux toilettes ? demandais-je.
-Ouais.
On se mit à rire. Il prit mon menton dans sa main et le releva pour que je le regarde dans les yeux.
-Je t'aime Victoire, et je te protégerai, même si pour cela il faut que j'y perde la vie.
Il m'embrassa tendrement. Je passais une main dans ses cheveux et la fis descendre jusqu'à son cou, jouant avec les quelques mèches rebelles tombant sur sa nuque. Quand je m'écartais, il passa un bras autour de mes épaules et je reposais ma tête sur son torse. Il me caressa les cheveux jusqu'à ce que je m'endorme.
~~~
Le soleil vint me caresser le visage. Je souriais, j'étais bien, je me sentais en sécurité, et j'avais totalement laissé de côté ce qu'il s'était passé la veille. À vrai dire, la pensée de notre périple et les bras d'Axel me suffisaient à me consoler à ce sujet. Je me maudissais tout de même de ne pas avoir réagi plus tôt, mais c'était fini. L'homme en avait bien bavé en retour, et je doute qu'il recommence un jour. J'ouvrais les yeux, me trouvant face au hublot et dos à Axel qui était collé à moi. Son bras était posé sur mon ventre et je sentais son souffle dans mes cheveux. Je retirais son bras doucement et me tournais pour être face à lui. Je le regardais dormir. Il paraissait si innocent, et plus jeune qu'un garçon de seize ans. On aurait dit un ange. Je déposais avec tendresse mes lèvres sur les siennes mais il n'ouvrit pas les yeux. Il fait semblant ! me dis-je. En effet, il sourit, faisant apparaitre de petites fossettes sur ses joues.
-Salut... souffla-t-il.
-Salut... répondis-je avec un petit sourire.
Il ouvrit les yeux et passa une main dans mes cheveux, caressa ma joue avec son pouce. Je posais mes lèvres sur les siennes et l'embrassais amoureusement.
-Il faut qu'on se lève, lui murmurais-je.
Il ne bougea pas et continua de m'embrasser. Je m'écartais au bout d'un moment et attrapais ma robe. Je l'enfilais en m'asseyant.
-Les sous-vêtements blanc te vont vraiment super bien... me dit-il.
Je souriais et déposais un baisé sur ses lèvres.
-Je vais te chercher un jogging, j'arrive... lui dis-je.
J'ouvrais le paravent et sortais de la couchette. Ryan et Sam dormaient encore sur les canapés du salon. J'ouvrais un placard et sortait un jogging au pif que je lançais à Axel. Je me prenais ensuite un short et un débardeur que j'allais enfiler à la place de ma robe dans la salle de bain. Je ressortais, retrouvant les garçons assis sur leur couchette de fortunes, se frottant les yeux pour se réveiller. Je sortais dehors pour voir où nous étions. On était dans un petit village, tranquille en campagne, le soleil commençant à se lever. Le câble d'électricité était déjà branché. Je retournais à l'intérieur et commençais à préparer le petit déjeuné pour tout le monde. Je sortais les deux paquets de céréale, des bols et des cuillères. Axel se chargea des boisson, jus d'orange, lait... Je frappais ensuite aux paravents des couchettes pour réveiller tout le monde. Ryan alla allumer la musique à l'avant du camping-car d'où sortit Nicolas, qui avait dormit dans l'un des sièges avant. La musique qui passait était « Stargazing » de Justin Jesso. Je bougeais mon bassin quand le refrain arriva. Je bougeais la tête au rythme de la musique. Lila et Louis pointèrent le bout de leur nez et descendirent de la couchette deux places. Lila se mit à chanter avec moi. Samuel nous rejoignit et on commença à danser. Les autres se foutaient de nous mais on les ignorait. Les jumeaux connaissaient aussi cette chanson. La musique qui passa après nous fit tous crier de joie. Elle était plutôt connue, et on la connaissait tout. « All night » de Nate DeVincent. On se mettait à crier comme des tarés au refrain, ce qui réveilla le reste de la bande. Olivia et Taylor descendirent de leur couchette et Clarence sauta carrément de la sienne en se joignant à nous. Quand la musique s'arrêta, on s'écroula tous sur les deux grands canapés. On mangea rapidement et on passa ensuite chacun notre tour à la douche. Je me lavais en première, rapidement, puis me rhabillais. Je prévenais alors les autres que j'allais faire un tour et sortais. Dès que mon pied se posa sur l'herbe, je me mettais à courir comme une folle. Je faisais le tour des rues, visitant très rapidement le petit village dans lequel nous nous étions arrêtés. Je me stoppais d'un coup devant un tabac presse et entrais. Je faisais le tour des présentoirs jusqu'à trouver ce que je cherchais. Je prenais une carte des États Unis et passais à la caisse. Je ressortais avec et allais retrouver les autres quand je passais devant un magasin d'informatique. J'entrais dans le magasin et me rendais au rayon GPS. J'en trouvais un pas trop cher et passais à la caisse. Je ramenais le tout au camping-car. En arrivant, la moitié seulement du groupe était propre. Il fallait dire qu'une salle de bain pour dix était un peu problématique... Je décidais de me poser dehors après avoir pris un crayon.
Je dépliais la carte et commençais à faire mon repérage. J'entourais Atlanta, la ville où vivaient mes parents. Axel me rejoignit et s'assit derrière moi et me souleva sans difficultés pour me poser sur ses genoux.
-Où est ce que vit ton père déjà ? demandais-je, le regard bloqué sur la carte.
-À Seattle, me répondit-il.
Il écarta mes cheveux et m'embrassa dans le cou. Je ne me laissais pas déconcentrer pour autant. Louis s'approcha et vint s'installer à côté de nous.
-Qu'est-ce que tu fais sur cette carte ? me demanda-t-il.
-J'entoure les villes où se trouve nos parents, expliquais-je. D'ailleurs, où vivent les tiens ?
-À Montgomery dans l'Alabama.
J'entourais la ville qu'il m'indiqua. Lila arriva et s'assit sur ses genoux.
-Et vous, vous viviez où avant ? demandais-je à Lila.
-À New York.
J'entourais la grande ville. Taylor et Clarence arrivèrent à leur tour. J'entourais Reno, dans le Nevada pour Taylor et Jacksonville en Floride pour Clarence. Liv avait de la famille à Los Angeles et Nicolas à Little Rock dans l'Arkansas. Ryan, lui, vivait à Portland dans l'Oregon. Je faisais un trajet allant de villes en villes.
-Seattle, Portland, Reno, Los Angeles, Little Rock, Montgomery, Atlanta, Jacksonville, New York... put lire Axel par-dessus mon épaule.
Je prenais la carte et la montrais à mes amis.
-Je vous présente le trajet qu'on va effectuer pour retrouver notre famille, conclus-je.
-Et on est où là ? demanda Taylor.
-Dans l'état de Washington, on commence notre voyage à partir de Seattle.
Personne ne parla. Je me levais, prenais la carte, et allais l'accrocher sur le mur au-dessus d'un des canapés. Je ressortais ensuite, déballais le GPS qui était encore dans sa boite, et l'allumais. Je mettais en place un itinéraire en m'aidant du mode d'emploi. Le GSP m'afficha le trajet le plus rapide à prendre pour aller à Seattle. Je le posais au milieu du groupe. On le fixa quelques secondes.
-C'est parti, demain on partira de ce petit village, et on prendra la direction de Seattle. Maintenant on reprend notre vie en main, on retrouve notre famille, on est enfin libre. Et cette fois ci, personne ne pourra nous empêcher de faire ce qu'on veut. On va tracer notre destin. Demain, marquera le début de notre nouvelle vie.
~~~
On passa le reste de la journée à se reposer, allongés sur nos couvertures dans l'herbe. On était bien, heureux, la peur de cette aventure nous tourmentait, mais l'espoir d'un nouvel avenir, tranquille, sans organisation secrète ni mensonges. Juste entre nous, dix amis qui avaient vécus le pire, inséparables, une famille unie et qui se soutenait. J'étais allongée dans ma petite couchette, le bras d'Axel se posé sur mon ventre. Il me serra contre lui et m'embrassa sur la joue.
-À quoi tu penses ? me questionna-t-il à voix basse.
-Je vois enfin de l'espoir. On va enfin pouvoir faire ce qu'on veut, on est libre. On est maitre de notre destin et plus personne ne se mettra en travers de notre chemin. Demain on partira pour Seattle, on retrouvera ta famille. On va enfin les revoir, après presque un an... Et avoir des réponses, pourquoi ils nous ont envoyé à Lake-Moon...
Je me tournais pour lui faire face et plongeais mes yeux dans les siens. Il passa une main sous mon teeshirt et la posa sur ma taille. Il devait être une heure du matin environ. Je me collais à lui et l'embrassais. On roula sur le côté et je me retrouvais sur lui. J'intensifiais le baisé en passant mes mains dans ses cheveux. Ses doigts parcouraient lentement mon dos, ce qui me donnait des frissons. Je décollais mes lèvres des siennes pour reprendre mon souffle.
-J'espère que ta famille va me tolérer, lui dis-je en rigolant.
-Ils vont t'adorer ! me dit-il avec un grand sourire.
Après quelques instants de silence à nous fixer, je me lançais.
-Je t'aime Axel.
-Moi aussi Victoire.
Je fermais les yeux, m'endormant dans ses bras. J'étais bien, heureuse. J'étais entourée des personnes que j'aimais, ils allaient tous bien. On allait tous retrouver nos familles, avoir un avenir que seul nous décideront de vivre et que personne ne nous dicterait. On allait enfin avoir des réponses aux nombreuses questions qui nous tourmentaient l'esprit. On avait changé, tous. Ce que nous avions vécu en quelques mois nous avait rendu différents mais c'est ce que nous étions et chacun acceptait les autres comme ils étaient. Et alors que je songeais à notre avenir, je réalisais qu'un sentiment puissant me prenais au cœur. Je ne l'avais pas ressenti depuis longtemps mais maintenant c'était fini. Alors que je sombrais dans les profondeurs du sommeil, un seul mot tournais en boucle dans ma tête : Espoir.
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