T1 : Vingt

Je me levais rapidement, j'avais encore plein de choses à faire aujourd'hui. Une fois prête je filais au gymnase pour pouvoir m'entrainer un peu seule avant l'arrivée des jeunes. Je prenais alors des gants de boxe et commençais à me défouler sur un sac. Trente minutes plus tard, mes « élèves » arrivèrent et on commença l'entrainement.

~~~

À midi je sortais du gymnase et me dirigeais vers ma chambre. J'envoyais un message à Liv pour lui dire que j'allais me poser un peu. J'entrais et me jetais sur mon lit. Le fait de dire à Axel qu'il me manquait la veille m'avait fait quelque chose, je ne sais pas vraiment quoi, comme une boule de chaleur au creux de mon ventre. Je décidais de penser à autre chose et de dormir mais je laissais tomber cette idée. Je restais donc allongée sur mon lit, fixant le plafond.

-Elle est où ? Laissez-moi la voir ! cria une voix depuis le couloir.

-Elle est en train de se reposer, elle est épuisée, tu la verras plus tard, lui répondit une autre.

Elles semblaient très loin, j'avais du mal à les entendre. Je me levais, allumais et ouvrais la porte de ma chambre. Je trouvais le propriétaire de la première voix. Je m'arrêtais net, mes jambes se mirent à trembler.

-Axel ? murmurais-je.

Il m'entendit et se retourna d'un bon, se précipitant vers moi quand il m'aperçut. Je me jetais dans ses bras. Il me fit décoller du sol et tourner autour de lui. Je fermais les yeux et il me reposa à terre. Les larmes de joie se mirent à rouler sur mes joues. Je reculais et pris son visage entre mes mains.

-Tu es enfin réveillé... soufflais-je.

Je le serrais à nouveau dans mes bras, de toutes mes forces pour être sûr qu'il était bien réel. Il s'écarta de moi au bout d'une longue minute.

-Tu ne peux pas savoir comme j'étais inquiète, lui dis-je. Je suis venue tous les jours ! Je commençais vraiment à m'inquiéter, je craignais que tu ne te réveilles pas, pourquoi tu...

Il me coupa en posant un doigt sur ma bouche.

-Je t'entendais quand tu me parlais, que tu me résumais tes journées, je sentais quand tu me prenais la main et m'embrassais sur le front ou la joue, je le sentais. Mais je ne pouvais pas me réveiller.

Je ne répondais rien. Il sécha mes larmes en passant sa main d'un geste doux sur ma joue.

-Je suis au courant de tout.

-Alors on a beaucoup de choses à revoir ! déclarais-je en le tirant par la main.

Il me retient avant que je ne sorte de la chambre.

-Pas besoin, vu que je sais déjà tout... dit-il avec un sourire ironique. Mais j'aimerais qu'on travaille sur ce que tu as découvert pour retrouver notre mémoire.

J'ouvrais la bouche puis la refermais.

-On verra ça ce soir après l'entrainement des jeunes.

-Ok, on va manger ?

-Ouais, il me faut assez d'énergie pour cet après-midi.

Je me dirigeais vers ma lampe de chevet que je voulais éteindre avant de partir.

-Allume la lumière à côté de toi quand j'éteindrai celle-là pour qu'on évite de foncer dans un mur en voulant sortir, ricanais-je.

J'appuyais sur l'interrupteur de ma lampe de chevet et la pièce se plongea dans le noir. J'attendais quelques secondes mais Axel ne ralluma pas la lumière. Je l'entendais bouger et sursautais quand il posa ses mains sur ma taille. Il me fit reculer et mon dos se retrouva plaqué contre le mur. Je posais mes mains sur son torse.

-Tu sais que si je voulais je pourrais allumer une flamme pour faire de la lumière, murmurais-je.

-Oui je sais, mais je sais que tu ne le feras pas, souffla-t-il à mon oreille.

Cette proximité entre nous deux accélérait les battements de mon cœur. J'avais des papillons dans le ventre. Il se rapprocha de moi, je sentais son souffle sur ma joue. Nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autres. Il colla son front contre le mien. Je passais ma main derrière sa nuque et l'autre sur sa joue. Nos lèvres s'effleurèrent. L'instant était parfait sans compter l'arrivée d'Olivia et de Samuel qui entrèrent dans ma chambre. Je repoussais Axel pour mettre fin à notre proximité et allumais une boule de feu dans ma main. Étrange réflexe, je sais. Olivia entra et nous aperçut. Elle eut l'air étonnée de nous voir ainsi, dans le noir, à un mètre l'un de l'autre, moi avec une boule de feu dans la main. La situation était assez étrange à vrai dire.

-Qu'est-ce que vous faites dans le noir ? nous interrogea-t-elle.

-Bah on discutait et l'ampoule de ma lampe à grillé d'un coup, mentis-je en essayant d'être le plus convaincante possible.

-Ok, vous venez manger ? On vous attendait mais vous tardiez à venir alors on est venu vous chercher, nous expliqua Samuel.

-Ouais ! J'ai super faim ! s'exclama Axel.

On sortit de la chambre à la suite de Liv et Sam. Je ne jetais pas un seul regard à Axel. Olivia se tourna vers moi puis jeta un œil à Axel. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres roses. Je l'interrogeais du regard et je pus lire sur ses lèvres : « Plus tard ».

~~~

On déjeuna rapidement. Je ne disais pas un mot et écoutais les conversations des autres. Après avoir fini, je me rendais au gymnase, laissant les autres retourner à leur étage respectif. Pendant trois heures je me battais avec les jeunes que j'entrainais. Ils s'amélioraient mais je gagnais toujours, ayant plus d'expérience.

Ce qui était bien c'est que ça m'entrainait en même temps. À la fin du cours, Axel m'attendait à l'entrée du gymnase.

-Ça s'est bien passé ? me demanda-t-il.

-Ouais, ils s'améliorent, c'est super. Par contre ils m'ont crevé, soupirais-je.

-Tu veux que je te porte ?

Je rigolais, ne le prenant pas au sérieux mais il passa un bras derrière mes genoux et l'autre dans mon dos et me souleva, me portant en princesse. Je criais de surprise puis me mis à rire quand il commença à tourner sur lui-même en me tenant dans ses bras. Il me reposa enfin. J'avais mal au ventre à avoir trop rigolé. Une fois qu'on fut calmé, il se tourna vers moi.

-Pour la solution que tu as trouvé pour qu'on récupère la mémoire, tu veux t'y prendre comment ?

-J'en ai parlé avec une alliée, elle m'a proposé une idée qu'il faudrait que je teste...

Je lui prenais la main et l'entrainais dans l'ascenseur. On monta jusqu'à l'étage de soin. Je retournais au petit labo où j'espérais trouver Julia. Comme je l'avais imaginé, elle y était.

-Victoire ! Comment tu vas ? Tu viens voir comment ça avance ? me questionna-t-elle en nous voyant entrer.

-Ça va et non. Je voudrais tester la théorie que tu m'as proposé pour récupérer la mémoire, expliquais-je.

Elle eut un temps d'arrêt.

-Tu es sûre ?

-Je suis prête à tout pour récupérer mes souvenirs.

Elle hocha la tête et sortit de la pièce en nous faisant signe de ne pas bouger. Axel s'approcha de ses recherches.

-C'est quoi ? me demanda-t-il en jetant un œil à l'ordinateur.

-L'intérieur de mon sang, et là ce sont les molécules de mon anomalie 56.

Il ne répondit pas puis se tourna vers moi.

-Elle cherche quoi ?

-À savoir à qui appartient le sang qui m'a fournie ces molécules. D'après elle, elles ne viennent pas de moi mais d'une autre personne qui m'aurait donné son sang, expliquais-je.

-Tu ne m'as pas dit ça quand j'étais dans le coma.

-Non, j'ai dû oublier.

Julia revint quelques minutes plus tard avec un chariot. Elle me demanda de retirer mon teeshirt. Je me retrouvais en brassière de sport allongée sur la table au milieu de la pièce. Elle plaça des ventouses reliées à des fils un peu partout sur mon ventre et ma poitrine et en mit quatre sur mon visage. Elle les brancha toute à une grosse boite noire.

-Tu es sûr de vouloir faire ça ? insista-t-elle.

-Oui.

-Ça risque d'être assez douloureux, normalement ce n'est pas dangereux. Je vais t'envoyer une charge de 50 000 voltes, un peu plus qu'un taser. Il n'y a pas d'ampère donc tu ne devrais pas courir de risque.

-Ok. Axel écarte toi s'il te plait. Et ne me touche pas tant que ce n'est pas finit, tu te prendrais la charge en même temps.

Il recula d'un pas.

-Prête ?

-Ouais.

Je soufflais un grand coup et fermais les yeux. Elle appuya sur un bouton et lança la charge. J'attendais quelques secondes puis commençais à sentir des picotements désagréables. Sans crier gare, la charge électrique des 50 000 voltes arriva d'un coup. Je me tordais de douleur en lâchant un cri. J'ouvrais les yeux mais voyais des points noirs partout autour de moi, je les refermais précipitamment. Mon rythme cardiaque s'accéléra, je n'entendais rien d'autre que les battements de mon cœur. Même les cris qui me brûlaient la gorge n'arrivaient pas à parvenir à mes oreilles, je ne les entendais pas, ou alors je n'arrivais pas à crier et ma voix restait bloquée. Au bout de ce qui me sembla être dix minutes mais qui n'était finalement que quelques secondes, la charge disparue. J'eus à peine le temps de soupirer que ma tête vacilla sur le côté et que je sombrais dans l'inconscience.

~~~

Quand je revenais à moi, j'avais des fourmis dans les bras et dans les jambes. J'ouvrais doucement les yeux, clignais plusieurs fois des paupières pour m'habituer à la lumière aveuglante des néons accrochés au plafond. Je me redressais, aidé par quelqu'un, et m'assis au bord de la table. Je dus attendre quelques secondes avant de pouvoir entendre de nouveau. Je levais la tête, mon regard croisa celui d'Axel. Je descendais de la table pour me mettre debout. Tout me revint d'un coup et un flot de souvenirs m'envahis. Des centaines, des milliers de flashs me lacéraient le cerveau. Je tombais à genoux et me roulais en boule en gémissant, les mains sur la tête. La douleur était insupportable, mais petit à petit, les souvenirs arrêtèrent de défiler. J'ouvrais les yeux sur le visage d'Axel penché sur moi. Il me caressait les cheveux pour me calmer. Ses yeux reflétaient de la peur et de l'inquiétude.

-Ça va ? me demanda-t-il, son expression laissant montrer la panique qui le prenait.

Je hochais la tête et il m'aida à me relever.

-Alors ? me demanda Julia.

-Ça a marché, dis-je simplement.

Je me mettais à fixer le mur puis dirigeais mon regard vers le sol, regardant un point imaginaire. Axel passa une main dans mon dos et se pencha pour que nos regards se croisent.

-Tu es sûre que ça va ?

-Oui oui, à toi.

Il n'avait pas l'air très motivé... Après ce qu'il venait de m'arriver je le comprenais.

-Il faut attendre une heure pour que la machine se recharge, elle se fait vielle et rame beaucoup, m'expliqua Julia.

-Ok, on reviendra demain, déclara Axel.

-Je laisse la machine sortie, je serai la toute la journée, je vous attendrai.

-Merci.

Axel passa un bras autour de mes épaules et on sortit de la pièce. On retourna à mon étage et on se dirigea vers la salle commune sans avoir dit un seul mot. Le dîner n'était que dans une heure, la salle était quasiment vide quand on arriva.

-Tu veux t'asseoir ?

-Ouais... soufflais-je.

Il tira une chaise et je m'asseyais. Il s'accroupit devant moi, plongeant son regard dans le mien. Son expression me laissait aisément deviner l'état dans lequel je me trouvais. Je me décidais donc à lui expliquer.

-Je suis obligée de me concentrer pour bloquer les souvenirs, sinon ils ressortent d'un coup comme des flashs.

-Ok, alors vas-y, arrête de te retenir, libère-toi pour être tranquille. Si tu tombes dans les pommes je te rattraperai t'inquiète, me dit-il pour me rassurer.

-Ok, mais tu me retiens hein ? ricanais-je.

En réponse il posa ses mains sur mes épaules, alors je fermais les yeux et laissais défiler les souvenirs. Il y eut plusieurs flashs puis les scènes se matérialisèrent. Dans la première j'étais à mon cours de danse avec ma meilleure amie, Maya. Je me souvenais que je m'éclatais, je prenais vraiment à cœur de me défouler en dansant, j'avais l'air d'adorer ça. Le souvenir s'effaça, laissant place à une seconde scène. Cette fois ci j'étais dans un grand jardin, en plein été. Je jouais avec mon frère Arthus et mon petit chiot. La petite boule de poils courait dans tous les sens et on lui courait après en riant. Le souvenir passa et je tombais dans une salle de classe. J'étais assise à un bureau et discutais avec mes voisins. La sonnerie retentit, je sortais de la salle et retrouvais ma grande bande d'amis. Je prenais une fille dans mes bras, ma meilleure amie du premier souvenir. Puis j'embrassais un garçon, Dean. On se dirigeait vers la sortit et on se posait sur l'herbe en cercle pour discuter. Le souvenir s'effaça à nouveau. La scène qui suivit était en compagnie de mes parents. On était dans une grande cuisine moderne et très bien décorée. Je faisais un gâteau sur l'ilot central pendant que mes parents cuisinaient. Dehors la neige recouvrait le toit des maisons. Mon père sortit un plat du four, on préparait le repas de Noël. On écoutait de la musique en même temps, chantant, riant, puis le souvenir s'évanouit. Je me retrouvais allongée sur une couverture sous un arbre. On était au milieu du jardin de mon second souvenir. Je mangeais des cerises tout en discutant avec ma sœur, Lara. Je la regardais rire et lui lançais une cerise dessus. Elle se redressa avec un air sérieux, comme si elle était en colère. Puis on explosa de rire.

Le souvenir s'éloigna puis tout devint noir. Je rouvrais les yeux, Axel me fixait, impatient.

-Noa... murmurais-je en le regardant.

-Quoi ?

-Je m'appelais Noa. Noa Lawrence. Ma sœur c'était Lara, mon frère Arthus, j'avais une meilleure amie, Maya et ...

-Et ?

-Un petit copain, Dean...

Il sembla se fermer. Heureusement les autres arrivèrent et coupèrent court à notre discussion.

-Ah bah vous voilà vous deux ! s'exclama Olivia.

-Vous faisiez quoi ? nous demanda Taylor.

- Surprise, surprise ! On a une bonne nouvelle à vous annoncer ! déclarais-je avec enthousiasme en me levant d'un bon.

Je jetais un regard à Axel qui souriait, le regard pétillant, il semblait heureux et il avait de quoi.

-Ah oui ? Et quelle est cette bonne nouvelle ? demanda Samuel. Vous êtes ensemble ?

-Non, non, c'est encore mieux !

On s'assit tous autour de la table après être allé chercher nos plats au buffet.

-Ok, alors c'est quoi votre si bonne nouvelle ? nous interrogea Ryan.

Je jetais un regard à Axel puis me lançais.

-J'ai trouvé comment récupérer notre mémoire, déclarais-je à voix basse pour que seuls nos amis puissent entendre.

Samuel recracha l'eau qu'il avait dans la bouche, inondant au passage son assiette et une partie de la table. On prit le temps d'éponger l'eau avant de poursuivre.

-Comment ça ?

-On en a parlé avec Axel, on est allé voir le directeur de Lake-Moon pour qu'il nous dise comment faire pour récupérer nos souvenirs. Il m'a dit qu'il fallait un choc. Quand on a utilisé les défibrillateurs pour relancer mon cœur, en me réveillant, j'ai eu un flash et vu un souvenir, ce qui ne m'étais pas arrivé depuis notre départ de Lake-Moon. J'ai donc testé la théorie d'une amie de m'envoyer 50 000 voltes, ce qui est l'équivalent d'une décharge de taser. Ça a marché et j'ai retrouvé la mémoire.

Ils me regardèrent tous avec des yeux ronds, comme si ce que je venais de leur dire était impossible.

-Je m'appelle en réalité Noa Lawrence, j'ai un frère, Arthus, et une sœur, Lara. Je vis à Atlanta, ou dans une petite ville à côté pour être plus précise. Je vis dans une grande maison avec un grand jardin pour mon chiot, Bee parce qu'elle adore les abeilles, ou plutôt leur courir après. Ma meilleure amie s'appelle Maya et j'ai, enfin avais un petit copain appelé Dean. Mon meilleur ami est aussi mon voisin, il s'appelle Dylan et je l'adore.

Je me tue, tout le monde me fixait. Olivia lâcha sa fourchette qui tomba avec grand bruit par terre. Peu à peu, de grands sourires se formèrent sur leur visage.

-On peut faire ça quand ? s'exclama Clarence.

-Heu... Axel y va demain matin, mais il faut attendre une heure que la machine se recharge, expliquais-je.

-Je passe juste après lui alors !

-Et moi après ! s'écria Olivia.

Ils commencèrent à tous parler en même temps.

-Ok, ok, on se calme. Vous passerez tous mais chacun votre tour. Axel ira en premier, Ryan suivra, puis Nico, Clarence, Sam, Olivia, Taylor. Je vais voir le reste avec mon amie Julia.

-Et pour les cours d'auto-défense ? demanda Ryan.

-Annulez-les, et envoyez-moi ceux qui se sont portés volontaires pour aller sur le terrain, je les entrainerai, ils faut qu'ils soient au top.

-Tu es génial !

On continua de manger. Mes amis me posaient de nombreuses questions sur mon passé dont je me souvenais désormais. Alors que j'allais répondre à une des questions de Taylor, un souvenir refit surface :

Je me réveillais dans une voiture, mon frère à côté de moi était inconscient. Je le secouais un peu pour essayer de le réveiller, en vain. Quand je baissais les yeux vers ses jambes, je remarquais, horrifiée, l'angle étrange que formait son tibia. J'en eus des hauts le cœur. Je relevais la tête pour essayer d'analyser la situation. Mes parents, mon frère et ma sœur étaient inconscients. On avait eu un accident, le moteur brulait.

-Le moteur brûle ! criais-je pour moi-même.

Je sortais précipitant de la voiture et courais me placer à côté du moteur. Le capot avait disparu. Comme par réflexe, je commençais à aspirer les flammes qui consumaient la voiture pour éviter qu'elle n'explose. Je continuais ce que je faisais jusqu'à ce qu'il n'y est plus une seule lueur orange ou jaune. Une fois que ce fut fait, je me précipitais vers la portière de mon père. Il n'avait pas l'air blessé mis à part le sang qui coulait de son nez, mais l'airbag avait bien fait son boulot. J'allais alors jeter un coup d'œil à ma mère. Je remarquais qu'elle avait l'épaule déboité et du sang au niveau du côté gauche en bas de son ventre. Je finissais par ma sœur. Elle, elle n'avait qu'une marque violette dans le coup, sans doute la ceinture qui avait brulé sa peau en la retenant. Je prenais alors mon téléphone qui par chance n'avait rien. Et tapais le numéro des urgences Psis.

-Allô ?

-Urgences Psis bonjour.

-On a besoin de vous, on se trouve sur l'autoroute entre Atlanta et Nashville, on a eu un accident. À vrai dire nous ne sommes pas les seuls, une vingtaine de voitures se sont rentrées dedans, venez vite nous chercher avant les urgences des normaux. Ma mère et mon frère sont dans un sale état.

-Que leur arrive-t-il ? Pouvez-vous me donner quelques détails de leurs blessures ?

-Ma mère saigne beaucoup et à l'épaule déboitée, quant à mon frère, il a le tibia cassé.

-Très bien, on arrive le plus vite possible.

Je raccrochais après qu'ils m'eurent permis de le faire. Je me tournais alors vers le reste de la route. Une dizaine de voitures calcinées brulaient. Des corps gisaient sur le sol, je m'approchais d'une femme qui me tournait le dos, voulant lui porter secours. Je m'accroupis à côté d'elle et posais ma main sur son épaule. Je la tirais doucement vers moi pour voir son visage mais reculais d'un bon. Toute sa peau était brulée. On aurait dit une poupée de cire qui avait fondue. Elle n'avait plus de paupières, ni de sourcils. Ses grands yeux bleus me fixaient, on aurait dit qu'ils allaient sortir de leur orbite. Je reculais à quatre pattes sans quitter la femme des yeux. Je percutais quelque chose, je me retournais et tombais sur un avant-bras. Il avait été arraché du corps de son propriétaire et gisait sur l'asphalte. Il était bleu, d'un bleu terrifiant, le bleu de la mort. Le souvenir s'évanouit peu à peu. Je retrouvais la salle commune de mon étage. Je regardais autour de moi, perdue. Je n'étais plus sur l'autoroute, il n'y avait plus cette femme ni ce bras, plus la voiture avec ma famille. Mes amis me regardaient inquiets, la vision n'avait sans doute durée que quelques secondes, mais dans ma tête elle en avait fait plusieurs minutes. Je jetais un dernier regard à la table, reculais ma chaise et partais précipitamment de la salle. Je n'avais pas la force de courir mais je marchais vite. Je sortais et longeais plusieurs couloirs avant de m'arrêter dans un coin plus sombre que les autres. Là, je me laissais glisser le long du mur et ramenais mes jambes contre moi. Je posais mon front sur mes genoux et fermais les yeux pour essayer de chasser l'image de cette femme de ma mémoire. Je n'entendais pas les pas se rapprocher ni même quelqu'un s'asseoir à côté de moi. Une main se posait sur mon épaule, je sursautais et relevais la tête. Dans le noir, j'arrivais à distinguer Axel. Il m'ouvrit ses bras et j'allais me blottir contre lui. Peu à peu je me calmais, mon rythme cardiaque redevint normal et j'arrêtais de trembler comme une feuille. Axel me caressait les cheveux pour me rassurer. Au bout de quelques minutes de silence, je lui racontais ce que j'avais vu. Il m'écouta sans rien dire, et quand j'eus fini, il garda le silence. Les larmes commencèrent à couler sur mes joues. Il tourna la tête vers moi et prit mon visage entre ses mains.

-Victoire, regarde-moi, murmura-t-il. C'est fini ok ? Je suis là, il ne t'arrivera plus rien, tout va bien. Respire ça va aller.

Il me fixa quelques instants puis reprit.

-Viens, je te raccompagne à ta chambre, tu as besoin de te reposer.

On se leva et on retourna à mes appartements. On entra et il referma la porte derrière lui.

-Merci, soufflais-je.

Il s'approcha de moi, posa une main sur ma taille pour m'attirer contre lui et essuya d'un geste doux les larmes qui coulaient le long de mes joues.

-Je serai toujours là pour toi Victoire, quoi qu'il arrive je serai présent. Je ne te laisserai jamais tomber. Je tiens énormément à toi, et le fait de te voir dans cet état... Ça me rend malade...

Il se tue. Je plongeais mon regard dans le sien.

-Moi aussi je tiens à toi, beaucoup, murmurais-je. Et tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse que tu sois enfin sorti de ce coma. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi...

Nos visages se rapprochèrent l'un de l'autre. On ne dit rien pendant une longue minute, se fixant, les yeux plongés dans ceux de l'autre.

-J'aimerais tellement pouvoir...

Il ne finit pas sa phrase.

-Pourvoir quoi ? l'invitais-je à poursuivre.

Je posais mes mains sur son torse, nos fronts se collèrent. Je sentais mon cœur accélérer et des papillons dans le ventre. Il passa une main sur ma joue. Mon regard dériva sur ses lèvres qui n'étaient plus qu'à quelques centimètres des miennes.

-Faire ça.

Il mit fin à la faible distance qui nous séparait, cédant à la tentation. Il m'embrassa tendrement, ses lèvres caressant les miennes avec douceur. Le baisé était magique, doux, sucré. Quand il s'écarta, il me regarda comme pour me déchiffrer et savoir si j'avais apprécié. Mon regard croisa à peine le sien et je l'attirais à nouveau à moi. Je passais mes mains dans ses cheveux et derrière sa nuque alors qu'il me plaqua contre lui. On recula et je me retrouvais dos au mur. On continua à s'embrasser, s'arrêtant quelques instants pour reprendre notre souffle ou déposer, çà et là, des baisés sur les joues ou dans notre cou. J'étais bien, tellement bien. À ce moment précis, plus rien d'autre ne comptait, plus rien n'existait autour de nous. Il n'y avait que lui, lui et personne d'autre.

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