T1 : Un
Une odeur épouvantable de transpiration parvint à mes narines. J'entendis les pas d'une personne qui tournait en rond. Je bougeais ma main droite, puis la gauche, touchais un tissu doux et lisse. Ma tête était sur un coussin moelleux. Je n'avais aucune envie d'ouvrir les yeux et de quitter les bras de Morphée, mais la curiosité l'emporta. Je ne distinguais pas grand-chose, aveuglée par la lumière des spots suspendus au plafond, mais il me semblait avoir discerné des lits, alignés contre le mur les uns à côtés des autres. Je couvrais mes yeux de mes mains, les écartant petit à petit pour m'habituer à la luminosité ambiante. Je levais alors ma main droite devant mon visage, touchais mon nez, ma bouche, mes joues. Je me redressais d'un bon. Où étais-je ? Mon regard se balada sur toute la pièce. Une centaine de lits étaient alignés contre les murs d'une pièce géante. Je regardais mes mains, touchais mes cheveux, sans doute pour m'assurer que j'étais entière. Mon regard se posa sur un garçon, à quelques lits de moi, il était déjà levé. Je fis passer mes jambes en dehors du lit et posais mes pieds sur le sol en béton froid. Une vague de frissons déferla dans tout mon corps. Je tentais de me relever mais m'écroulais aussitôt, retombant lourdement sur le matelas. Le garçon se hâta de venir à ma rencontre pour m'aider.
-Attention, au départ c'est assez difficile, tes jambes sont comme endormies, il faut y aller petit à petit, me dit-il en contournant les lits.
Il s'approcha de moi, un peu hésitant et tenta de me rassurer d'un sourire. Il avait des cheveux bruns, presque noirs, et des yeux d'un bleu tranchant. Il me tendit une main hésitante que je saisis sans me poser de questions. D'une poigne ferme, il m'aida à me relever en me soutenant pour ne pas que je vacille. Quelques instants plus tard, je marchais à nouveau normalement. Je me tournais alors vers le garçon.
-Tu sais où on est ? demandais-je en jetant des regards aux lits autour de nous, où dormaient encore des dizaines de jeunes.
Ma voix tremblait, je grimaçais avant de me racler la gorge.
-Non, je n'en ai aucune idée...
Je regardais tout autour de moi, cherchant quelque chose que je reconnaîtrais et qui me rassurait.
-Tu t'appelles comment ? le questionnais-je à nouveau, avide de réponses.
Il ne répondit pas tout de suite mais finit par se tourner vers moi.
-Je... je ne sais pas, je ne m'en souviens pas... et toi ?
En y réfléchissant, je semblais moi-même incapable de répondre à ma question.
-Je... je n'en sais rien... dis-je au bout d'un long silence.
Je ne savais ni quoi faire, ni quoi dire. J'étais pétrifiée, que se passait-il ? Où étions-nous ? Et pourquoi étions-nous endormis avec tous ces autres jeunes ? Je croisais le regard du garçon et finissais par sortir de mes pensées.
-Personne ne s'est réveillé à part nous deux ? l'interrogeais-je en me frottant les bras, non pas parce que j'avais froid, mais parce que un sentiment de vide me consumait de l'intérieur, ce qui me démangeait.
-Non, tu es la deuxième.
-Depuis combien de temps tu es levé ?
-Pas longtemps avant toi, cinq minutes je crois...
Je jetais un coup d'œil sur les lits autour de nous. Une centaine de jeunes dormaient encore. Je me penchais sur le lit à droite du mien. Une jeune fille, d'une quinzaine d'années dormait encore à points fermés. Je me tournais alors vers le mur et me vis, dans le petit miroir rond. J'avais de longs cheveux bruns foncés, ils m'arrivaient presque aux coudes. J'avais des yeux couleur noisette, un petit nez parsemé de taches de rousseur, la peau plutôt claire, des lèvres roses et pulpeuses et des joues rebondies... Je ne me rappelais pas avoir déjà vu ce visage, visage qui apparemment était mien. Ou du moins je n'en avais pas le souvenir. Sur la petite table de chevet étaient disposés des petits gâteaux et une bouteille d'eau. Je n'avais ni faim ni soif. Je revenais dans l'instant présent en apercevant le garçon derrière moi. Je me redressais, me sortant de ma contemplation, et percevait la différence de taille qui nous séparait. Il faisait bien dix centimètres de plus que moi. Il ramassa une paire de chaussures se trouvant au bout de mon lit et me les tendis. Je les enfilais, ayant froid aux pieds sur le béton gelé.
-Faisons un tour pour voir si on peut trouver une sortie, déclarais-je n'arrivant plus à rester à ne rien faire.
Il me répondit par un hochement de tête approbateur et tourna les talons en direction de la rangée de lits de l'autre côté de la pièce. On les longea tous jusqu'au mur du fond. Une grande porte en chêne était fermée. Je me tournais vers le garçon et lui fit un signe de tête pour qu'il m'aide à pousser la porte. Elle ne bougea ni quand on la tira, ni quand on la poussa. On était enfermé dans cette immense pièce sans fenêtre avec une centaine d'autres jeunes endormis. Quel genre de personne pouvait penser que c'était une bonne idée ? Super rassurant comme scénario, pestais-je intérieurement, quelque peu agacé par la situation grotesque et incompréhensible dans laquelle nous nous trouvions. Quand je me tournais à nouveau vers l'étendue de lits, une jeune fille de l'autre côté de la salle venait de s'asseoir. On se pressa pour la rejoindre. La fille nous regarda avec de grands yeux bleus. Elle avait des cheveux blonds assez longs et quelques taches de rousseur sur son petit nez. Elle était très belle mais je ne prenais pas le temps de m'attarder sur ce détail.
-Vous... essaya-t-elle d'articuler.
Je lui pris la main avec un faible sourire et l'aidais à se lever. Je la soutenu quand elle faillit tomber puis l'aidais à marcher.
-Merci, me dit-elle quand elle n'eut plus besoin de ma poigne pour tenir debout.
-Comment te sens-tu ? la questionnais-je, inquiète.
-Ça va, je crois...
On entendit un lit grincer derrière nous. Le garçon qui était avec nous il y avait à peine quelques instants était au chevet d'un autre. Ce dernier avait les cheveux châtains clairs et des yeux verts. Quand son regard croisa le mien, il eut un sourire en coin. Le mec typique qui se la crâne ! me dis-je. Comment il peut penser à sourire dans un moment pareil ?! Le premier garçon l'aida à se lever. On fit le tour de la salle, des lits, espérant trouver une sortie ou voir si d'autres gens étaient réveillés. Mais trente minutes plus tard, personne n'était sorti de son sommeil léthargique. Ne pouvant faire quoi que ce soit d'autre, on se résigna à attendre, nous asseyant sur les marches devant la grande porte en bois. Ainsi nous avions vue sur l'ensemble de la salle et des lits. Le mutisme des deux autres jeunes se brisa, ils semblèrent enfin comprendre l'absurdité de la situation dans laquelle nous nous trouvions.
-C'est quoi ce bordel ?! s'exclama le deuxième garçon. C'est quoi cet endroit ?
-Je n'en sais rien... on est enfermé ici et la seule chose qu'on peut faire c'est attendre, répondis-je sur le même ton agacé.
-Vous n'avez trouvé aucune issue ? insista la blonde.
-Si, cette porte qui est fermée à double tour.
Je soupirais, tentant de rester calme et de ne pas me laisser gagner par la panique. Le châtain ne semblait pas avoir dit son dernier mot. Il se releva et parcouru la pièce de long en large. Ne trouvant pas grand-chose d plus que nous quelques minutes plus tôt, il se résigna a reprendre place sur les marches à nos côtés. Je jetais un coup d'œil à la fille blonde à côté de moi, quelques larmes roulaient le long de ses joues. Je soupirais à nouveau, fermais les yeux et m'appuyais contre la porte, espérant que cette situation ne durerait pas.
~~~
Le cinquième jeune ne se réveilla qu'une heure plus tard environ. On avait fixé l'horloge pendant de longues minutes, le temps nous semblait tellement long qu'on avait fini par manger les gâteaux et bu toute l'eau qui avaient été disposés sur chacune de nos tables de chevet. Les jeunes de la salle se réveillèrent les uns après les autres. En une quarantaine de minutes tout le monde était levé. Un brouhaha monstrueux de pleures, de cris et de protestations résonnait dans la pièce. Certains jeunes faisaient des crises de panique, tout le monde essayait de se serrer les coudes et de rester calme, mais pour la plus grande majorité, c'était peine perdue ! On avait tous peur, personne ne comprenait ce qu'il se passait, ce vide intérieur provoquait chez certains des réactions plus ou moins disproportionnées. Un garçon avait même cassé un miroir de son poing sous la colère et le stress. Après ce qui nous avait semblé une éternité, on entendit enfin la porte s'ouvrir. Je faisais volte-face et apercevais une grande femme très mince. Elle portait un tailleur bleu-marine et un chemisier blanc. Ses cheveux blonds étaient remontés en chignon. Elle semblait jeune, mais l'air sérieux et strict qu'elle arborait suffisait à ramener l'ordre dans la salle. Quand elle eut capté l'attention de l'entièreté de l'assemblé, elle nous sourit.
-Bonjour à tous ! Ne cédez pas à la panique ! Je sais que vous avez l'impression d'être perdu, mais toutes les réponses aux questions que vous vous posez se trouvent à l'endroit où je vais vous emmener. Veuillez me suivre s'il vous plait, si vous restez avec moi il ne vous arrivera rien, nous assura-t-elle sans doute pour tenter de nous rassurer.
Personne ne bougea.
-Pourquoi on devrait vous faire confiance ? demanda un garçon.
Elle le regarda surprise mais aucunement décontenancée. Elle sembla inspirer profondément avant de lui répondre.
-Si tu veux rester ici il n'y a aucun problème, mais tu ne seras pas avancé à grand-chose.
Elle avait répondu sur un ton léger, mais je discernais l'agacement sur son visage. Super accueil. Cette femme ne m'inspirait pas confiance, mais je la suivie tout de même avec le reste du groupe, on voulait des réponses. Pour ma part je me fichais pas mal de ce qui pouvait bien m'arriver, je n'en pouvais plus d'être enfermée dans cette pièce, j'étais dans les dix premiers en tête.
On longea un couloir faiblement éclairé fait de béton du sol au plafond. Nous étions tous vêtus de la même manière, teeshirt, pantalon et chaussure blancs. On déboucha dans un grand hall au plafond très haut. Les murs étaient peints avec des couleurs chaudes et le sol était en moquette rouge foncé.
Le plafond de pierre avait de magnifiques moulures. Des canapés luxueux et des tables en chêne vernis étaient disposés dans la large pièce. Il y avait un comptoir en marbre à notre droite. De l'autre côté se trouvait une très grande porte en chêne. Les rideaux des fenêtres avaient étés tirés, mais la lumière du jour filtrait par dessous et sur les côtés. On poursuivit notre ascension dans un autre couloir, celui-ci plus large que le premier. On tourna à droite pour descendre des escaliers avant d'accéder à une autre porte. On arriva alors dans un hangar plafond bas. La femme attendit que tout le monde soit rentré pour fermer la porte et venir se placer devant nous.
-Attendez ici, je viendrai vous chercher dans quelques minutes.
À ces mots elle sortit par une petite porte de l'autre côté de la grande salle. On se retrouva à nouveau seuls face à un portail métallique géant. Certains élèves se précipitaient déjà vers la porte par laquelle la jeune femme était sortie pour tenter de l'ouvrir, sans succès. On avait tous peur, certains commençaient à paniquer, d'autres pleuraient ou commençaient à essayer de sortir, frappant sur les portes, mais je gardais le silence. Les trois jeunes qui s'étaient réveillés en avance avec moi me rejoignirent. On avança vers le fond de la pièce, pour se mettre à l'écart des autres. On attendit pendant plusieurs longues minutes sans rien dire. Des cris s'élevèrent peu à peu. Ils ne provenaient pas de notre groupe, mais de par-delà du portail métallique. Des tambours retentirent, des percussions, dans des bruits sourds et puissants. Tout le monde se tue et on écouta. Les cris se firent de plus en plus fort quand le portail s'éleva, nous offrant un spectacle tout à fait surprenant. Je ne vis pas très bien, mais il me semblait que la femme que nous avions vu quelques minutes auparavant se trouvait devant l'ouverture. On commença à avancer. On restait bouches-bée face au spectacle qui se présentait devant nos yeux. On se trouvait sur une piste de gros sable, de chaque côté de nous se trouvaient des tribunes ou des centaines de jeunes criaient, répartis en quatre groupe de différentes couleurs : gris, vert, rouge et bleu. Les tambours au premier rang retentirent de plus belle. Face à nous se trouvaient une tribune haute, qui surplombait la salle et depuis laquelle une cinquantaine d'adultes nous observaient. L'un d'eux retint mon attention. Il se trouvait en avance sur les autres et se tenait derrière un pupitre avec un micro. Quand il leva la main le silence se fit peu à peu.
-Bonjour à tous et à toutes ! commença-t-il avec un sourire resplendissant. Bienvenue à vous les enfants. Je suis le directeur de ces lieux ! Je sais que vous avez peur, mais vous êtes en sécurité ici. Vous vous demandez sans doute qui vous êtes et pourquoi vous ne vous souvenez de rien... Je vais vous expliquer. Vous êtes des enfants que nous avons recueilli dans tous les orphelinats et pensionnats pour jeunes des États-Unis. Vous êtes rejetez de tous car vous êtes différents ! On vous a effacé la mémoire pour ne pas que vos mauvais souvenirs ne vous hantent, pour que votre nouvelle vie puisse commencer ici ! Vous êtes à Lake-Moon. C'est une école pour les gens comme vous. Vous avez été choisi car vous possédez tous un don extraordinaire mais dangereux si on ne sait pas le maitriser. Des gens chassent les personnes comme vous, c'est donc pour votre sécurité et celle des citoyens que vous êtes ici.
Il marqua une courte pose puis reprit.
-Il existe quatre types de pouvoirs : l'air, la terre, le feu et l'eau. Vous possédez tous l'un de ces dons et la cérémonie du choix que nous célébrons chaque année comme aujourd'hui, va vous permettre de déterminer quel est le vôtre. Je comprends votre réserve et votre incompréhension, mais vous n'avez rien à perdre, alors faites-nous confiance. Tout ce que vous avez à faire c'est de vous avancer vers la piste se trouvant devant vous entourée des quatre piliers. Votre don fera le reste.
On baissa tous la tête vers un petit cercle de sable clair sur le sol. Quatre personnes s'approchèrent des quatre piliers autour de celui-ci. Le premier y fit apparaître un petit nuage, le second une flaque d'eau qui flottait dans l'air, le troisième un nuage de poussière et de terre et le quatrième une flamme. Mon regard resta figé sur la flamme jusqu'à ce que les quatre personnes aient disparues et que les cris et les roulements de tambours ne retentissent de nouveau. Personne n'osa bouger. C'était une histoire à dormir debout ! Ça ne peut pas être possible, pensais-je. Qu'est ce que c'est ce bordel ? Une fille au cheveux noirs et la peau bronzé se lança en première et avança jusqu'au milieu du cercle. Elle regarda les piliers chacun leurs tours puis resta bloqué sur celui de l'air. Je la vis plisser les yeux et un vent frai se répandit dans toute la pièce.
Ses cheveux flottaient dans l'air, une petite tornade se matérialisa et se mit à tourner autour d'elle. Il y eu une explosion de joie dans une des tribunes à notre droite, elle se dirigea vers cette dernière et prit place avec les autres jeunes habillés en gris. Un garçon s'avança à son tour, lui était un « fils de l'eau » si nous pouvions le qualifier ainsi. Puis la fille d'après, une fille de la terre et le garçon qui suivi, un garçon du feu. Les jeunes passèrent les uns après les autres, nous n'étions plus qu'une trentaine quand le garçon aux cheveux châtains clairs qui s'était réveillé en quatrième se dirigea à son tour vers le cercle.
Il se plaça au milieu et sans même tourner la tête, leva un bras en direction du pilier de l'air. Un vent violent se mit alors à tourner autour de lui, de plus en plus vite. Mes cheveux flottaient dans les airs, soufflés par une bourrasque venue de nul part ! Le vent se déchaina sur toute la pièce. Les flammes des tribunes frémissaient. C'est alors qu'on le vit décoller du sol. Il s'éleva dans les airs de plus en plus haut, tourna sur lui-même puis atterri un genou sur le sol. Et que je ne me la pète pas trop à me la jouer version super héros ! soupirais-je intérieurement. Il n'y eu que du silence puis des exposions de joie. Il monta dans la tribune de l'air. La fille qui s'était réveillée juste après moi s'avança à son tour. Elle se plaça au milieu du cercle. Elle tourna une fois sur elle-même, s'approcha du pilier de la flamme, l'observa longuement puis se retourna vers celui de l'eau. Elle leva un bras, puis l'autre. Une vague géante s'éleva au-dessus d'elle, elle projeta de l'eau dans tous les piliers des tribunes et éteignit toutes les flammes. Celles-ci ce rallumèrent en un claquement de doigt sortant de nulle part. L'eau forma une goute géante puis retourna dans son pilier, vers l'endroit où la fille tendait les bras. À nouveau des explosions de joie. Elle rejoignit la tribune de l'eau et s'assit entre des jeunes habillés en bleu. Le garçon qui s'était réveillé en premier se rapprocha de moi. Cinq autres jeunes passèrent quand il se tourna enfin vers moi et me dit à voix basse.
-J'y vais et après tu y vas ? me dit-il.
Je hochais la tête et il s'avança vers le cercle. Je vis ses épaules monter puis descendre comme s'il inspirait à fond. Je sentais alors le sol trembler. Personne ne comprit ce qu'il se passait. Le garçon leva un bras et une racine émergea du sol, puis deux, trois. Un petit arbre apparu. Il grandit de plus en plus vite. Le garçon s'éleva dans les airs en faisant monter le sol sous lui. L'arbre ne cessa de grandir. Petit à petit, les premières branches cachèrent complètement l'estrade du directeur puis l'arbre rétrécis et disparu sous la terre. Le garçon était à nouveau à notre niveau. Il se tourna vers moi, un sourire satisfait au lèvre puis se dirigea vers les tribunes de la terre, s'assit entre des personnes en vert. Je restais clouée sur place pendant quelques secondes puis son regard croisa le mien. Je m'avançais alors doucement vers le cercle. Plus j'avançais, plus la peur me tenaillait. Une fois au milieu des piliers je m'arrêtais, face à l'estrade. Je tournais une fois sur moi-même. Je m'approchais alors du pilier de la terre. Je fixais le nuage de poussière avec intensité. Après une longue hésitation, je tournais les talons et m'approchais du pilier de l'eau, je passais à côté sans même y prêter un regard, je m'arrêtais quelques secondes devant le pilier de l'air puis fis volte-face. Je me dirigeais vers le celui du feu. Je m'arrêtais à quelques centimètres de la flamme, elle me brûlait les yeux et évoquait en moi une chaleur très agréable. Je fixais longuement la flamme puis reculais de quelques pas. J'étais à nouveau au centre du cercle. Je sentis une vague de chaleur monter en moi. Je levais tout doucement les bras, les flammes des tribunes grandirent de trois mètre. Je dessinais alors un cercle de feu tout autour de moi et levais les bras d'un geste brusque. Les flammes ornaient mon champ de vision. Ma peau me piquait un peu, me prouvant que mon corps réagissait à l'élément. Je ne vis rien d'autre que des flammes, mais je sentais que je savais ce que je faisais comme si je l'avais déjà fait avant. Les flammes disparurent alors autour de moi. Je fis apparaître une boule de feu dans une de mes mains, puis l'autre, je claquais mes mains l'une contre l'autre. Des étincèles jaillirent de mes flammes et formèrent comme des petites explosions de feu d'artifice. Je frappais une dernière fois dans mes mains, les dernières explosions retentirent puis ce fut le noir total. Je claquais dans mes mains et les flammes des tribunes se rallumèrent. Je me tournais vers le directeur, l'expression de son visage avait totalement changé. Son sourire avait disparu, l'ébahissement et l'admiration étaient les seules émotions visibles. Il me regardait de la tête au pied. Je baissais les yeux vers ma tenue, elle n'était plus blanche mais entièrement rouge. Je me tournais alors vers le garçon brun aux yeux bleus. Un grand sourire éclairait son visage. Sa réaction parut me rassurer, je lui rendis donc son sourire puis me tournais vers la Tribune du feu, la tête haute. Les explosions de cris et d'applaudissements retentirent dans toute la pièce. J'allais m'asseoir entre deux fille d'environ deux ans de plus que moi. Le reste des jeunes passèrent et la cérémonie se termina.
-Cette cérémonie touche à sa fin, chacun a trouvé son don alors bienvenu aux nouvelles recrues. Il est onze heures trente, je vous laisse le reste de la journée pour vous faire des amis car en fin de soirée toutes les nouvelles recrues devront avoir un appartement où dormir et vivre. Je vous laisserai vous inscrire à l'accueil que vous avez traversé tout à l'heure. Si vous ne vous êtes pas inscrit d'ici ce soir, vous serez casés dans des appartements avec des personnes au hasard ! Les anciens élèves, je compte sur vous pour aider les nouveaux à s'y retrouver ! Bonne journée à tous !
Tout le monde l'applaudit puis on gagna tour la sortie. J'étais perdu au milieu de la foule quand quelqu'un prit ma main. Je me retournais et me retrouvais face à face avec le brun aux yeux bleus.
-Viens, on te cherchait avec les autres, on va se mettre un peu à l'écart, me dit-il.
Il me tira par le poignet à travers la foule et on rejoignit nos deux autres camarades. On s'assit sous un arbre en cercle. Les groupes qui se dessinaient autour de nous parlaient gaiement, nous lançant des regards curieux et quelques indiscrets.
-C'est moi ou tout le monde nous regarde ? demandais-je gêné par toute cette attention.
-Ouais, c'est presque flippant... admit le brun.
-Bah après ta démonstration, c'est sûr que tu peux avoir des admirateurs ! s'exclama la blonde, me couvant d'un regard admirateur.
-Je ne suis pas la seule ! m'exclamais-je. Vous aussi vous avez tous fait une représentation magnifique ! À côté de tous les autres jeunes c'était bluffant !
-Ouais c'est vrai.
La réponse du châtain aux yeux verts me fit lever les yeux au ciel mentalement, son sourire m'agaçait, mais je n'allais tout de même pas me disputer avec les seules personnes que je connaissais dès le premier jour. Je me retins donc de tout commentaire ou geste désagréable.
-Bon ce n'est pas tout, mais comme ils se sont amusé à nous priver de nos souvenir sans nous demander notre avis, on a plus de prénoms. Autant s'en trouver un nouveau ! proposais-je en me redressant.
-Très bonne idée ! répondit le brun aux yeux bleus qui parut réfléchir quelques instants. Pour moi ce sera Ryan !
-Et moi Olivia ! poursuivit la blonde.
-Bon moi je m'appellerai Samuel alors. Et toi ? Tu veux qu'on t'appelle comment ?
Le trio m'observait avec attention, attendant avec impatience ma réponse. Je réfléchis quelques secondes. J'avais appris beaucoup de chose en une heure, c'était beaucoup de changement et j'avais un peu de mal à croire à toute cette histoire mais je n'avais pas d'autres choix que de m'y faire. Pourtant le prénom qui me vint à l'esprit sonna comme une évidence.
-Victoire, appelez-moi Victoire.
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