T1 : Six

Une semaine s'était écoulée depuis le premier rêve. J'avais pris du temps avant de comprendre que ce n'était pas réel, mais la réalité me rattrapait.

J'étais dans une très grande salle au plafond très haut. Le sol était en parquet. Sur les murs il y avait des barres de danse et un miroir géant au fond de la salle. J'étais en collant, short noir, débardeur noir et portais des chaussons de danse. J'avais les cheveux remontés en un chignon fait à la va vite d'où plusieurs mèches rebelles s'échappaient. J'allumais une station de musique sur laquelle se trouvait mon téléphone. Je lançais une chanson très rythmée dont je ne connaissais pas le nom. Je me plaçais au centre de la grande salle, comptais jusqu'à huit et m'élançais. Je faisais des pirouettes dans tous les sens. Je me regardais tourner dans la glace. J'effectuais chaque pas, répétés des centaines de fois, d'une chorégraphie inventée par le professeur de danse. Je ne m'arrêtais que quand la musique se termina. J'étais à bout de souffle. J'entendais des applaudissements. Je relevais la tête et la vit, dans le miroir le reflet de ma sœur. Je me retournais et courais vers elle. Elle portait encore son uniforme de travail, un pantalon noir, une chemise blanche et une veste noire. Ses cheveux bruns magnifiques étaient attachés en queue de cheval. Je sautais dans ses bras et la serrais si fort que je due l'étouffer. Quand elle s'écarta, elle prit mon visage entre ses mains.

-Tu m'as manquée, souffla-t-elle.

-Toi aussi tu m'as manqué, lui répondis-je avec un sourire jusqu'aux oreilles.

-Bon, tu veux qu'on aille où ?

Je réfléchis un instant, puis souris.

-Oh toi tu as une idée derrière la tête !

-On pourrait aller à la foire !

-Oh ! Super idée ! Aller remballe tes affaires, on repasse à la maison pour se faire belle et on file chercher Charlotte et Aileen. On va passer une soirée entre fille pour une fois !

Je ramassais ma station de musique, mon téléphone, mon sweet et mes chaussures et je la rejoignais en courant à la porte. On retourna à la maison où on se changea rapidement. Nous étions en plein été, je mettais donc en short et débardeur à fleur et ma sœur un combi-short noir. On attrapa nos téléphones et nos lunettes de soleil et on repartit sur la route. J'envoyais un message à nos amies pour les prévenir de se préparer car nous arrivions et on se gara devant leur maison. Elles montèrent rapidement et on se rendit à la foire. En arrivant, ma sœur gara la voiture dans le parking et on descendit. La foire se trouvait au milieu du grand parc de la ville. Les arbres tout autour étaient illuminés par les attractions gigantesques donnant un côté fantastique au lieu. Une cinquantaine d'attractions se dressaient devant nous. Je me tournais vers les filles, un sourire aux lèvres.

-Bon on a un budget de quatre-vingt-quatorze dollars ! On commence par quoi ? demanda ma sœur.

~~~

Je n'entendis pas la réponse, je fus tirée de mon sommeil. Je me réveillais en sursaut. J'étais toujours dans mon lit, en sueur. Je restais assise sans bouger pendant plusieurs minutes. Quand je fus calmée, je sortais de mon lit, ouvrais les volets et entrais dans le dressing. Je sortais un jeans noir et une chemise verte. Je pris aussi une paire de bottines et des sous-vêtements puis je sortais de ma chambre et allais prendre une douche. Une fois que je fus prête, j'allais dans le salon et préparais un petit déjeuné sur la table de la salle à manger. Ryan arriva dix minutes plus tard. Il regarda la table puis m'observa de la tête aux pied.

-Tu as l'air en pleine forme aujourd'hui ! me dit-il, visiblement aussi content que moi d'être de bonne humeur.

-Ouais, j'ai bien dormis on va dire, répondis-je avec un sourire.

Ce n'était pas entièrement vrai, le rêve que j'avais fait n'était pas désagréable, mais pas agréable non plus... J'avais juste mieux encaissé le coup que la première fois. Lui aussi semblait de bonne humeur. Il fredonnait une chanson tout en m'aidant à préparer les petit-déjeuner.

-Quelle est la raison de ta bonne humeur ? ricanais-je.

-Rien, juste de savoir que tu es de bonne humeur et que pour une fois je n'aurais pas à te courir après.

-Bah pourquoi vous me courez après aussi ? Je me débrouille très bien toute seule !

-Ouais mais essayes de comprendre, quand tu disparais tout d'un coup comme ça et qu'on ne sait pas où tu es.

-Oh ! Vous n'êtes pas mes parents !

Je levais les yeux au ciel, il soupira, c'était peine perdue de toutes façon ! Il se leva pour aller chercher une bouteille de jus d'orange dans le frigo. Il me la lança par surprise et je faillis me la prendre en pleine tête.

-Tu veux me tuer ou quoi ? m'exclamais-je en rigolant.

-Au moins tu as de bons réflexes !

Des mains se posèrent sur mes épaules. Je sursautais, saisissais le poignet sur mon épaule droite et de le tirais très fort. Samuel tomba par terre. Ryan explosa de rire.

-Oh ! Merde ! Désolé ! m'écriais-je.

Le rire de mon ami décupla, bientôt rejoint par celui de Samuel. Quand Olivia arriva, on était toujours en train de se rouler par terre comme des idiots. Je me calmais en première, et lui dis bonjour.

-Vous pouvez me dire ce qui vous fait rire autant ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

Je lui expliquais la situation stupide qui nous avait mis dans un état d'hilarité totalement disproportionné. Samuel se trouvait encore au sol et peinait à retrouver son calme et se relever, se moquant de moi et de mes réflexes de psychopathes. On dû le prendre sous les bras pour le faire asseoir sur une chaise, totalement paralysé par l'hilarité. Olivia se plaça derrière Ryan et prit son cou entre ses deux mains. Elle appuya sur sa nuque et son expression changea du tout au tout. Il retrouva son calme comme par enchantement. Je la regardais reproduire la même chose avec Samuel. Ce dernier subit le même changement radical.

-Comment tu fais ça ? m'exclamais-je ébahis par la méthode qu'elle avait utilisée pour les calmer.

-C'est ma prof de l'eau qui a fait ça à un des élèves qui avait eu un fou rire en classe. Elle m'a montré comment faire.

-Mais comment c'est possible ?

-J'ai appuyé sur un nerf je crois, il a reçu comme un signal qui est remonté à son cerveau comme pour dire qu'il y a un problème alors qu'il n'y en a pas. C'est pour ça qu'ils se sont directement calmés.

Je restais stupéfaite devant elle. Les garçons avaient exactement la même réaction que moi.

-Ça vous calme tout de suite hein ?! se moqua-t-elle.

Elle se prépara un toast qu'elle tartina de beurre et le fourra dans sa bouche. Elle tourna ensuite les talons pour retourner vers la chambre. Je regardais l'heure.

-Oh putain ! Bougez-vous les gars on est super en retard ! m'écriais-je. Il est sept heures cinquante deux !

On se leva tous les trois et on se précipita vers notre dressing. Je pris un blouson à la volée, heureusement il était assez épais car il avait l'air de faire froid dehors. Je pris mon sac de cours et on se rua sur la porte d'entrée. Olivia était déjà partie. Je fermais la porte à la va vite et on descendit les neuf étages de notre immeuble à toute vitesse puis on déboula dans le hall comme des tarés. On poussa la porte d'entrée et on sortit dans l'air frai du mois de novembre. On traversa la pelouse en courant. On aperçut Olivia une cinquantaine de mètres devant. Je jetais un regard vers Ryan. Il se tourna vers moi et on eut sans doute la même idée car on accéléra, laissant Samuel derrière nous.

On courut à la même vitesse puis il commença à fatiguer un peu. On dépassa Olivia et on fonça vers le bâtiment des classes. On longea les salles de classes en criant et rigolant. Les élèves et les professeurs à l'intérieur nous regardant passer avec surprise. J'arrivais devant la porte principale à l'entrée du bâtiment. J'attendais les autres. Ils me rejoignirent essoufflés. On entra dans le long couloir et on s'arrêta plus loin, devant notre salle de classe. On prit le temps de calmer notre rythme cardiaque et de remettre nos vêtements en ordre puis on frappa. Notre professeur principal, avec qui nous avions cours ce matin-là, nous cria d'entrer. J'ouvrais timidement la porte.

-Excusez-nous pour le retard madame... dis-je d'une petite voix en contenant un fou rire.

On alla s'installer au fond de la pièce où on ne dit plus un mot jusqu'à la fin du cours.

~~~

Le soir en sortant de notre cours d'histoire, je remarquais une étrange douleur dans mon épaule droite, que je n'avais pas ressenti le matin même, comme si quelque chose me brûlait. Je n'y prêtais pas attention et rentrais à l'appartement avec les autres. Je me changeais rapidement et allais au lac. Je montais dans mon arbre, comme à mon habitude et regardais le soleil se coucher sur le reste du lac de l'autre côté du mur. Au final je m'étais habitué à cette petite routine et je me sentais mieux depuis quelques temps. Pourtant j'avais cette impression de vide dans ma poitrine. J'entendis des branches craquer en dessous de moi. Je baissais la tête. Rien, étrange. Arrête ! Tu deviens parano ! me dis-je. C'est juste un animal, rien d'autre ! Mais je sentais une présence. Je redescendais de l'arbre et regardais autour de moi. Rien. Je démarrais le chrono et repartis alors vers l'appartement en courant. Je prenais de la vitesse et courais de plus en plus vite. Mes cheveux me fouettaient le visage et l'air glacial me brûlait les poumons et le moindre centimètre carré de peau découverte. Pourtant je continuais, frappant le sol avec mes pieds, slalomant entre les arbres. Quand j'arrivais en bas de mon immeuble j'arrêtais le chrono, onze secondes.Je regardais ma montre attentivement. Non, je ne me trompais pas. Ce n'étais pas possible, d'habitude en courant à toute vitesse et en prenant le même chemin je prenais six minutes ! Impossible ! Je laissais de côté tout ça et remontais jusqu'à l'appartement, me disant que ma montre avait sûrement déraillé. Une fois en haut, je me dirigeais vers la salle de bain et pris une douche. Je laissais l'eau couler sur mon visage et frottais mes mains sales pour les nettoyer. La douleur de mon épaule se raviva, cette fois-ci encore plus intense que la première fois. Ce qui m'arracha un cri de douleur. J'entendais frapper à la porte de la salle de bain. Je sortais de la douche et enroulais une serviette autour de moi.

-Victoire ça va ? me demanda Samuel derrière la porte.

Je plaquais ma main sur mon épaule pour essayer de calmer la douleur.

-Oui... oui, répondis-je dans un souffle.

-Tu es sûre ? Ça n'a pas l'air d'aller.

-Si si, ne t'inquiète pas.

-Ok... Appelles-moi si tu as besoin d'aide...

Je me rappelais alors que Olivia était partie faire un tour à la bibliothèque avec Taylor et Ryan était à la piscine avec Clarence, Nicolas et Axel. Il n'y avait donc que Samuel à l'appartement. J'entendis ses pas s'éloigner dans le couloir. Je me tournais vers le grand miroir au-dessus des lavabos. Je retirais tout doucement la main de mon épaule. J'aperçus une marque très rouge. Je me rapprochais du miroir pour mieux voir. La peau était comme brûlée et on apercevait bien une forme, comme une... une flamme. Je l'étudiais attentivement mais n'osais pas la toucher de peur de ne m'arracher un autre cri de douleur et que Samuel ne se voit obligé d'enfoncer la porte de la salle de bain pour savoir ce qu'il se passe. Je me séchais rapidement gardais la serviette enroulée autour de moi et sortais. J'allais dans ma chambre et enfilais un pull et un jogging, me faisant un chignon rapide. J'entendais la porte d'entrée s'ouvrir et sortais donc pour rejoindre les autres dans le salon. Axel et Ryan venaient de rentrer et discutaient avec Samuel. Quand ils me virent, ils restèrent tous les trois pétrifiés sur place.

-La vache ! T'a l'air crevée ! me dit Axel.

Ce n'est que quand il me le dit que je me rendis compte que c'était vrai. J'étais morte de fatigue et n'avais qu'une envie, aller me coucher. Ma douleur à l'épaule s'intensifia quelques instants. Je ne pus m'empêcher de saisir mon épaule de ma main droite et de grimacer. Les garçons durent s'apercevoir que quelque chose n'allait pas.

-Qu'est-ce que tu t'es fait à l'épaule ? me demanda Ryan. Tu as mal ?

-C'est rien, je suis juste tombée quand je suis allée courir tout à l'heure, ça fait juste un peu mal.

-Montre, m'ordonna Axel sur un ton dur.

-Écoute le, poursuivit Samuel.

-Non, je vous assure que je n'ai rien !

Je tournais les talons et repartais dans ma chambre.

-Ne m'attendez pas pour manger, je vais me coucher, je n'ai pas faim, les informais-je avant de fermer la porte.

Je retirais ensuite mon pull et mon jogging et me glissais en débardeur et short sous les draps. Je ne pris pas le temps de mettre mon pyjama, j'étais trop fatiguée, comme si la marque de mon épaule m'avait épuisé, privée de toute mon énergie. Je fermais les yeux, et remontais la couette jusqu'à mon menton. Je soupirais et m'endormais en quelques minutes.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top