T1 : Sept
Ma vision était floue, je n'entendais que des brides de conversations autour de moi. J'étais allongée sur une espèce de matelas. Une odeur d'antiseptiques et de propre flottait dans l'air. J'ouvrais mes paupières. Le plafond défilait au-dessus de mes yeux, les lampes m'éblouissaient. Deux personnes poussaient mon lit dans des couloirs remplit de gens. Je levais une main, couverte de sang, touchais un masque sur mon visage. Je tournais la tête et aperçu un autre lit à côté du miens dans lequel se trouvait un petit garçon aux cheveux bruns courts portant lui aussi un masque. Lui aussi était couvert de sang et avait des coupures partout sur les bras. Je le reconnu, tentais d'appeler mon frère mais ma voix se brisa. Un médecin en blouse blanche se plaça entre nous et je ne vis plus son visage. Nos brancards s'étaient arrêtés. Ce n'est quand promenant mon regard sur le corps de garçon que je ne m'aperçus de l'angle abominable et répugnant que formait son tibia. J'en eus des hauts le cœur. Je voulais crier mais je n'en avais pas la force. Mon brancard s'éloigna. Je voulais me débattre, retourner avec mon frère, mais on me maintenait fermement allongée. On m'enfonça une aiguille dans le bras puis tout devint flou petit à petit, puis le noir complet.
~~~
Je me réveillais en sursaut, en sueur pour la énième fois depuis des semaines, j'avais le droit à un « rêve » un jour sur trois. J'avais mal à la gorge et avais la tête en feu. Je tentais de trouver l'interrupteur de ma lampe de chevet. J'allumais et me cachais les yeux de la lumière qui me faisais mal au crâne. Je me frottais le visage et tentais de calmer mon rythme cardiaque. J'entendis des voix dans le couloir puis des pas. Deux portes se fermèrent et quelqu'un vint frapper à la mienne. Je remontais la couette jusqu'à mon ventre.
-Entres ! dis-je d'une petite voix.
La porte s'ouvrit. Ryan pénétra dans la chambre un saladier à la main. Il referma la porte derrière lui et posa le saladier à côté de mon lit.
-Ça va ? me demanda-t-il inquiet.
-Pas trop... répondis-je la gorge sèche.
Il me tendit une bouteille d'eau. J'en bus la moitié d'un trait. Il prit ensuite un gant de toilette qu'il trempa dans l'eau du saladier. Il l'essora et s'assit à côté de moi sur mon lit. Je n'avais pas assez de force pour le repousser quand il me frotta doucement le visage avec le gant de toilette. Je soufflais pour me calmais peu à peu. Quand il reposa le gant dans le saladier, il me fixa quelques instants.
-Tu veux en parler ? me demanda-t-il.
Je le regardais quelques instants puis me remémorais ma vision.
-Non, c'est bon...
On restait en silence quelques minutes à nous fixer. Puis il se leva.
-Je vais te laisser dormir, appelle-moi si tu as besoin d'aide ok ?
Il était déjà à la porte quand je lui dis.
-Ryan, tu peux rester un peu avec moi, le temps que je m'endorme, s'il te plait...
Il sourit et revint s'asseoir à côté de moi. Je me rallongeais de l'autre côté du lit pour lui laisser de la place et il remonta la couette jusqu'à mon cou. Il posa sa main sur mon épaule pour tenter de me rassurer et de me montrer qu'il était bien là.
-Merci... soufflais-je.
-Y'a pas que quoi, me répondit-il.
Je fermais les yeux et je sombrais à nouveau.
~~~
Les rayons du soleil entre les rideaux venaient me caresser le visage. J'ouvrais les yeux tout doucement. Je pris un peu de temps pour me remémorer les événements de la veille. Je me levais et allais rapidement m'habiller avant de sortir de ma chambre et d'aller dans le salon. On était samedi, Olivia dormait encore mais la porte de la chambre de Sam était ouverte. Celle de Ryan, elle, était fermée mais on voyait clairement la lumière filtrer en dessous. Il n'y avait personne dans le salon, les garçons devaient être sorti. Je me laissais tomber dans le canapé. Je me rappelais ma marque à l'épaule. Je tirais sur la manche de mon pull pour essayer de la voir. À la place de la peau à moitié brûlée, une marque brune claire en forme de flamme était apparue. Je l'observais quelques instants puis remettais mon pull normalement. Je regardais l'heure à la pendule au-dessus de la télé : dix heures trente-quatre. Je me rappelais d'hier, quand j'étais rentrée en onze secondes. Je me demandais si je n'avais pas rêvé... Je me levais, enfilais mes baskets et sortais de l'appartement. Une fois dehors, j'observais la pelouse centrale ou une dizaine de jeunes s'étaient posés pour discuter. Je les ignorais, lançais le chrono de ma montre et partais en trombe vers le lac. Mes cheveux me fouettant le visage et tapant le sol de mes pieds, je me sentais aller de plus en plus vite, bientôt le paysage autour de moi défila à toute vitesse. Je ne voyais rien d'autre que ce qu'il y avait devant moi. Je ne voyais que des formes floues et colorées sur les côtés. Je slalomais entre les arbres et longeais le bord du lac. Quand j'arrivais à ma cachette, j'arrêtais directement le chrono et regardais mon temps. Neuf secondes, encore mieux que la dernière fois. Je n'en revenais pas ! En plus d'être vingt fois, voir trente fois plus rapide qu'avant, de voir des visions la nuit sur ce qui doit être mon passé, j'ai une marque en forme de flamme sur l'épaule. Et ce n'est pas tout, le premier jour, le fait que je me sois levée dans les premières, et la réaction plus puissante que celle des autres de mon aptitude à la cérémonie de début d'année. Vraiment étrange tout ça... Pourquoi suis-je si différente des autres ? pensais-je. Suis-je la seule ou Ryan, Olivia et Sam sont comme moi ? Milles questions se bousculaient dans ma tête. Je décidais donc de rentrer à l'appartement pour déjeuner avec Olivia. Je rentrais aussi vite que je n'étais venue, prenant soin cette fois-ci de m'arrêter à l'arrière du bâtiment pour ne pas être vue sur le campus à me matérialiser comme par magie d'une seconde à l'autre devant d'autres élèves. En arrivant, Olivia n'était toujours pas levée et les garçons toujours pas revenus. Je préparais un petit déjeuné sur un plateau que je déposais sur la table du salon. Je choisissais un film et fermais les rideaux. Ensuite, j'allais frapper à la porte de la chambre d'Olivia. Pas de réponse. J'entrais sans bruits et m'allongeais à côté d'elle sur son lit. Je lui secouais le bras. Elle ouvrit les yeux.
-Aller debout ! Un super film et un bon petit déjeuné nous attend ! lui dis-je avec enthousiasme.
Elle sourit, se frotta les yeux et bascula ses jambes en dehors du lit. Je retournais dans le salon où elle me rejoignit. On s'installa dans le canapé, enroulées dans des couvertures l'une à côté de l'autre. On dégusta notre petit déjeuné concentrés sur notre film.
~~~
Quand ce dernier fut terminé, je m'étirais et allais ouvrir les rideaux de la grande baie vitrée. Je regardais l'heure : midi et quart.
-Les garçons ne sont toujours pas rentrés, qu'est-ce qu'ils font ?! m'exclamais-je un peu agacée.
-Appelle-les ! me proposa Olivia.
Je sortais mon téléphone de la poche arrière de mon jeans et appelais Ryan.
-Allo ? Victoire ?
-Vous êtes où les gars ? On n'a pas de nouvelles de vous depuis hier ! Qu'est-ce que vous faites ?
-On était à la piscine, on arrive !
-Ok ! Dépêchez-vous, on vous attend pour manger !
Je raccrochais et posais mon téléphone sur la table de la cuisine. Je sortais une casserole que je remplis d'eau. J'ouvrais un tiroir et prenais un paquet de pâtes. Olivia vint m'aider à préparer une sauce et le repas fut prêt quand Samuel arriva.
-Tu es tout seul ? demandais-je. Où est Ryan ?
-Pas avec moi, il est parti avec Axel il doit y avoir deux heures. Moi j'étais cher Clarence.
-C'est pas vrai...
Je regardais ma casserole de pâtes, on en avait fait pour un régiment. J'ouvrais la porte d'entrée et allais frapper cher Taylor. Cette dernière m'ouvrit, un grand sourire aux lèvres.
-Salut ! On voulait savoir si vous aviez déjà préparé quelques choses à manger car nous on en a fait pour un régiment ! Vous voulez venir ? proposais-je.
-Ouais ! On allait faire des pâtes, mais ça serait super !
-Ok génial !
Je passais la tête par la porte de leur appartement. Taylor était déjà au bout du couloir. J'entrais. Leur logement était identique au notre, au meuble prêt. Nicolas était dans le canapé et je vis Clarence arriver dans le couloir.
-Salut Victoire ! Que nous vaut l'honneur de ta présence ? me demanda-t-il avec un grand sourire.
-Vous êtes invités à manger cher nous, vous voulez venir ?
-Bah ouais !
-Super ! Au fait, vous savez où sont partis Ryan et Axel ce matin ?
-Non, ils ne nous ont rien dit.
-Pas grave.
Nicolas se leva et se posta à la porte, des clés dans la main.
-On y va ?
On sortit de l'appartement et on retourna avec les autres. On mangea tous ensemble, toujours sans Axel ni Ryan. Ils ne rentrèrent que quand on commençait à débarrasser.
-Salut tout le monde ! lança Axel. Oh, vous avez déjà mangé. Ce n'est pas grave, on n'a pas faim.
Les garçons dirent bonjour à tout le monde mais je partais m'isoler dans ma chambre. Ryan me jeta un regard interrogateur que j'ignorais. Je refermais la porte derrière moi. Je décidais donc de faire mon lit et de ranger le saladier qui était vide. Ensuite j'allais dans mon dressing et lançais une machine de linge de couleur car mon bac ainsi que celui d'Olivia était plein. Je rangeais un peu mes affaires qui trainaient et quand je revenais dans ma chambre, je vis Ryan assis au bord de mon lit.
-Salut... tenta-t-il d'une voix hésitante.
-Salut ! répondis-je sur un ton sec.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
Je ne répondais rien, et voyant qu'il ne dirait rien de plus tant qu'il n'aurait pas eu sa réponse, je me tournais vers lui. Je lui jetais un regard noir et continuais de ranger ma chambre.
-À la piscine hein ? dis-je toujours sur le même ton.
Il soupira et leva les yeux au ciel.
-On avait juste un peu de retard ! C'est tout !
-Ne me mens pas ! Je sais très bien que vous n'étiez pas à la piscine. Pourquoi tu m'as dit ça d'ailleurs ?
-Je ne voulais pas que tu t'inquiètes, on n'avait pas fini ce qu'on avait à faire et ça allait prendre encore un peu de temps alors je t'ai dit ça pour que tu ne te demande pas ce qu'on fait...
-Vous êtes rentrés UNE heure après m'avoir appelé, qu'est-ce que vous avez fait ?!
-Rien, on est juste allé se promener dans la forêt.
-Toute la matinée ?
-Depuis quand j'ai des comptes à te rendre ? Tu n'as pas à me fliquer comme tu le fais !
-Pour une fois les rôles sont inversés !
Je reçu sa remarque comme un coup de poing dans le ventre, il n'avait pas tort. Il soupira et se passa une main dans les cheveux.
-Excuse-moi, c'est complètement idiot la raison de ma colère, tu fais ce que tu veux, lui dis-je. Je n'avais pas eu l'occasion de te remercier pour hier soir...
-Désolé je n'aurais pas dû te mentir... Et pour hier soir, de rien, c'était normal, c'est fait pour ça les amis...
Je souris et il ouvrit ses bras. Je le serrais contre moi. L'idée qu'on se dispute m'était désagréable, et je n'aimais pas ça. Quelqu'un frappa à la porte et Axel entra dans la chambre.
-Oh, je dérange... s'excusa-t-il en sortant.
-Non pas du tout t'inquiète, on vient de... mettre les choses à plat on va dire ! le rassurais-je.
-Ok ! Sinon on va tous à la bibliothèque, ça vous dit de venir ?
-Ouais ! J'ai des recherches à faire en plus !
-On vous attend !
On sortit de la chambre et on rejoignit les autres déjà dans l'ascenseur. On traversa la grande pelouse puis le bâtiment principal pour enfin descendre au sous-sol. On arrivait dans la bibliothèque où je partais de mon côté. Il fallait que j'en apprenne plus sur ces phénomènes qui m'étaient arrivés. J'allais chercher quand les étagères de science naturelle des psis, espérant trouver quelques indications sur mon ça étrange, sans succès. Aucuns livres sur les pouvoirs d'hommes et de femmes comme moi. Je trouvais trois livres comme : « Les Psis surpuissant », « 20 histoires incroyables sur des Psis » et « Catastrophes causés par des Psis ». Il était certain que je ne trouverais peut-être pas ce que je cherchais mais c'était mieux que rien. Je m'installais à une table de travail isolée, allumais la lampe de chevet et commençais à feuilleter les livres. Au bout d'une heure et demi, je n'avais pas appris grand-chose à part qu'il existait une lignée originelle, la première lignée de Psis qui étaient apparue aux États-Unis il y a plusieurs siècles. Elle était surnommée « La Lignée Royale », mais ce terme était très peu utilisé. J'apprenais également qu'il y a un siècle, les Psys du Feu et ceux de l'Eau étaient en guerre. Les Psys de la Terre étaient devenus les alliés du feu, et les Psys de l'Air, les alliés de l'eau. Cette guerre avait durée treize ans avant que les quatre chefs de chaque clan ne décident de faire la paix. Ils avaient signé un traité absolu. Mais on avait appris qu'il ne pouvait être détruit que par quatre personnes de la Lignée Originelle de quatre aptitudes différentes. En gros je n'avais pas appris grande chose sur ce que je recherchais. J'avais juste améliorée ma culture en lisant tout ça. J'empilais mes livres en soupirant et me levais. J'allais les reposer à leur place et me remis à chercher. Je sentais mon téléphone vibrer dans la poche. Je le sortais, c'était un message d'Olivia, elle me demandait où j'étais. Je lui répondais que je rentrais et qu'elle me retrouverait à l'appartement. Je rangeais mon portable, jetais un dernier regard aux étagères et prenais la direction de la sortie. Je remontais au rez-de-chaussée et sortais du bâtiment principal. Je regardais autour de moi, personne. Alors je partais en courant vers le bois. Je n'allais pas vers le lac cette fois. Une fois au milieu des arbres, je traçais une petite ligne dans la terre pour me servir de repère. Je voulais me tester, voir à quel point je courais vite. Je fis cent pas d'environ un mètre chacun et je retraçais une ligne dans la terre. Je regardais droit devant moi lançais mon chrono et partais en trombe. Je m'arrêtais pile de l'autre côté de la première ligne et stoppais mon chrono : trente-quatre centièmes. J'avais fait cent mètres en moins d'une seconde ! Je n'en revenais pas. Je me dirigeais vers un étang non loin de là. Je me stoppais au bord de l'eau. Est-ce-que je pourrais réussir à courir sur l'eau ? me demandais-je. Cette idée me fit rire. Que pouvait-il m'arriver à par tomber dans l'eau et rentrer trempée ? Je retournais une trentaine de mètres plus loin et me plaçais face au lac. Je retirais mon pull, ma montre, mes chaussures et mon téléphone. Pas grave pour mon jeans, il sèchera ! me dis-je. Je comptais jusqu'à trois et courue comme une malade vers l'eau. Les feuilles qui couvraient le sol m'évitaient d'avoir mal au pied. Je ne ralentissais pas quand je me rapprochais de l'eau. Puis je quittais le sol au moment où mon pied rencontra le vide, je tombais, plongeant dans l'eau de l'étang. Chaque parcelle de ma peau fut instantanément brûlée par le froid. Mes muscles s'engourdirent, je battais des bras et des pieds pour remonter à la surface, ce qui révélait être un effort presque surhumain et très douloureux. Une fois ma tête en dehors de l'eau, je me hissais sur le sol froid de la berge, tremblant comme une feuille. Je me roulais en boulle et regardais l'eau. Sans comprendre pourquoi, j'explosais de rire. Quand je fus calmée et que le froid me prit en pleine poitrine, j'allais chercher mon pull et rentrais à toute vitesse à l'appartement. Le soleil était déjà couché, et je n'y voyais presque plus rien. Quand j'ouvrais la porte, tout le monde était déjà là. Taylor, Axel, Ryan, Samuel, Olivia, Nicolas et Clarence se tournèrent tous vers moi. Samuel, Nicolas et Clarence étaient dans le canapé, Taylor sur le tapis à même le sol prêt de la table basse, Olivia était debout et se rongeait les ongles, Axel était assis sur l'accoudoir du canapé et Ryan à quelques centimètres de moi.
-Enfin ! Tu es là ! s'exclama Olivia. On se faisait un sang d'ancre ! Ou étais-tu passé ? Tu m'avais dit que tu serais à l'appartement quand on serait rentré mais quand on est arrivé ici, tu n'étais pas là... Ryan allait partir à ta recherche...
Elle se tue et me regarda bizarrement, comme si j'étais folle. En effet, je devais l'être après ce que je venais de faire. Je ne m'étais même pas rendu compte que Ryan et Axel étaient partis. Ils revinrent les bras chargés de serviettes.
-Mon dieu ! Mais qu'as-tu fais ? s'exclama Olivia. Tu es trempée !
Je la regardais en souriant maladroitement, ne sachant que trop lui répondre. Je fus surprise quand Ryan me prit par les épaules et me poussa à l'intérieur. Lui et Axel m'enveloppèrent dans les serviettes, je n'arrivais presque plus à bouger.
-Tu es gelée ! s'écria Taylor en me touchant la joue de la paume de sa main.
-Les filles, allez lui préparer un bain, leur ordonna Ryan. Il faut qu'elle se réchauffe et vite.
Taylor fila vers la salle de bain et Olivia entra dans sa chambre. Elle ressortit une minute plus tard avec une pile de vêtements. Je ne disais rien. J'étais étonnée par toute cette agitation. Mais à ma grande surprise, Samuel qui était d'habitude d'un calme olympien semblait très inquiet. Il toucha à son tour ma joue et retira aussi tôt sa main.
-Mais qu'est-ce que tu as fais ? me demanda-t-il. Tu es aussi froide que la neige !
-Tu es trempée ! Tu as sauté dans le lac ou quoi ? s'exclama Axel.
Je me tournai vers lui, optant pour l'honnêteté.
-Heu... oui ?
Le sourire sur mes lèvres, bien qu'il représentait plus de la gêne, montrait sans doutes que je ne me rendais pas vraiment compte de la gravité de la situation.
-Quoi ? Mais t'es folle ou quoi ?! s'écria Ryan.
-Le bain est près ! cria Taylor depuis la salle de bain.
Je retirais unes à unes les serviettes. Sans me laisser le temps de réagir Axel me souleva du sol, me plaçant sur son épaule et se dirigea vers la salle de bain. Ryan ramassa les serviettes et nous suivit. On me posa sur le tapis à côté de la baignoire et sortit, refermant la porte derrière lui. Olivia prit soin de la fermer à clé puis Taylor et elle se précipitèrent sur moi. Elles m'aidèrent à retirer mon pull et mon jeans. Je me retrouvais en soutif.
-Ok ! Va dans le bain maintenant ! m'ordonna Olivia.
Je ne discutais pas et m'exécutais. L'eau bouillante, qui était pourtant tiède, me brûla chaque centimètre carré de peau. Je serais les dents et soufflais lentement pour supporter la douleur. Une fois entièrement dans l'eau, Taylor prit le pommeau de douche et ouvrit le robinet. Elle me versa l'eau brûlante sur la tête. Au début de me protégeais le visage des mains pour ne pas être brûler, puis peu à peu je m'habituais à la température de l'eau. Quand je ressortais du bain, j'avais très froid. Les filles m'enroulèrent dans les serviettes pour me sécher le plus rapidement possible puis je m'habillais. Elles me séchèrent même les cheveux puis posèrent une couverture sur mes épaules. J'avais chaud mais je n'osais pas leur dire. On sortit de la salle de bain et Olivia me poussa vers ma chambre.
-Non ! C'est bon je vais bien ! tentais-je de les rassurer.
Mais elle ne m'écoutait pas. Je m'allongeais tout de même à contre cœur dans mon lit et elle remonta la couette jusqu'à mon nez.
-Je t'interdis de bouger ! me dit-elle.
Je n'avais même pas le temps de protester qu'elle claqua la porte derrière elle en sortant. J'entendis des cris et des exclamations depuis le salon. Ryan et Olivia paressaient vraiment furieux. J'essayais de me mettre à leur place, c'est vrai que j'aurais réagi pareil, alors je ne dis rien. Je me dégageais quand même des draps et retirais l'énorme pull en moumoute blanche qui me donnait super chaud. J'avais quand même encore un pull sur moi. Je remontais la couette jusqu'à mon ventre et soufflais. Je regardais dehors, nous étions en hiver et il faisait déjà nuit à cette heure-ci. Quelqu'un frappa à ma porte. Axel entra et referma derrière lui. Il s'assit à côté de moi. Il avait un air grave et sérieux sur le visage.
-Pourquoi tu as sauté dans le lac ? me demanda-t-il d'une voix qui se voulait dure, mais où transparaissait l'inquiétude et la curiosité plus que de la colère.
Je soupirais et le regardais droit dans les yeux.
-Je n'ai pas fait exprès de sauter, je voulais essayer un truc mais ça à foiré...
-En effet, et c'était quoi ce truc ?
Je détournais le regard et lui répondis en fixant le noir par la fenêtre.
-Je ne peux pas et veux pas en parler.
-Vic...
-Je te jure Axel, je ne peux pas en parler, ou du moins pas pour le moment, tant que je ne sais pas les causes.
-Les causes ?
-Rien... C'est compliqué... Je n'ai pas envie d'en parler et pour le moment ça ne concerne que moi.
Il soupira. Je me tournais alors vers lui.
-Ryan est dans tous ses états tu sais ? Il tient à toi Vic, on tient tous à toi. Tu aurais pu mourir de froid avec ta connerie. Je ne sais pas si tu t'en rends compte...
-Je sais, j'ai vraiment foirée... Mais je tiens à rappeler que je maîtrise le Feu ! Mon corps se réchauffe plus facilement et plus rapidement que le vôtre !
-Je sais, mais ne refais plus jamais ça. On ne pourra pas être derrière toi à chaque fois que tu feras une connerie du genre !
-Je sais... Merci...
-Tu devrais réfléchir, il faut que tu nous dises la vérité, au moins à Ryan... Il s'inquiète vraiment et je pense que s'il t'arrivait quelque chose, c'est lui qui en serait le plus malade, tu es comme une sœur pour lui, il tient beaucoup à toi.
Je le regardais longuement. Plongeant mon regard dans le sien.
-Ok, je vais y réfléchir... Mais pas pour le moment. Ça te va ?
-Tant que tu en parles un jour ça me va !
Il se leva et je l'imitais. En me voyant il voulut protester mais je l'interrompais d'un geste de la main.
-C'est bon. Je vais très bien ! le rassurais-je, allumant une flamme dans ma paume droite comme si c'était un geste des plus naturels.
Il me sourit et alla ouvrir la porte. Quand je sortais dans le couloir, Olivia se précipita vers moi.
-Retourne te coucher ! m'ordonna-t-elle toujours furieuse.
-Non, ça va ! Et je ne suis pas du tout fatiguée ! Ni malade !
-Fais ce que je te dis !
Elle tenta de me pousser mais je passais rapidement derrière elle.
-Non !
Elle me jeta un regard noir que j'ignorais et me tournais vers les autres.
-Je n'ai pas fait exprès de sauter dans le lac, ce n'est pas ce que je voulais faire. J'ai tenté un truc et ça a foiré c'est tout !
-Tenté un truc ? Et ça a foiré ? Tu te fiches de nous là ? s'exclama Ryan, qui avait l'air encore plus en colère qu'Olivia.
-Ce qu'elle veut dire, c'est qu'elle ne veut pas en parler, me défendit Axel en se plaçant à côté de moi.
-Je vous l'assure, repris-je. Et d'ailleurs pourquoi j'irais sauter dans un lac en plein hiver alors qu'il fait à peine cinq degrés ?!
Taylor me fit un petit sourire, elle était donc de mon côté. Samuel et Clarence hochèrent la tête d'un signe de compréhension. Et Nicolas leva un pouce vers le ciel, un petit sourire sur le visage pour me dire qu'il avait lui aussi comprit. Mais Ryan, lui, me regardait toujours avec fureur.
-Bon ce n'est pas tout, mais il est bientôt vingt heures ! dit alors Taylor pour détendre l'atmosphère. Vous n'avez qu'à venir manger cher nous !
-Ouais super bonne idée ! poursuivi Samuel.
Il m'adressa un clin d'œil et je lui souris. On changea d'appartement sans dire un mot. J'aidais Taylor et Nicolas à faire à manger. Clarence et Samuel choisirent de la musique et petit à petit, Olivia parvint à se détendre. Ryan et Axel parlaient, assis sur le canapé. Je les observais du coin de l'œil. On mangea notre délicieux repas puis on bavarda un peu avant de retourner chacun cher soit. Je n'avais pas adressé la parole à Ryan de toute la soirée, lui non plus d'ailleurs. On rejoignit chacun notre chambre sans un mot. J'enfilais mon débardeur et mon short de pyjama et me préparais à aller me coucher. Je m'assis sur mon lit et prenais mon portable. Pour je ne sais quelle raison, j'envoyais un message à Ryan.
-Je peux venir deux secondes ?
J'attendis puis il me répondit.
-Oui.
-Je ne te dérange pas ?
-Non.
Je ne me faisais pas prier, je posais mon portable sur mon lit et sortais de ma chambre. J'allais frapper à sa porte timidement. Il m'ouvrit et s'écarta pour me laisser entrer. Il referma la porte derrière moi. On resta un instant sans rien dire. Je fixais le sol tout en sachant qu'il me fixait. Je pris alors mon courage à deux mains et le regardais dans les yeux.
-Ryan, je sais que cette aprèm j'ai foiré, commençais-je. J'ai fait une grosse connerie même. Je sais que j'ai risqué ma vie et j'imagine très bien comment je l'aurais pris si ça avait été toi, mais...
-Mais quoi ? Vic tu as risqué ta vie ! Tu imagines si tu étais... Si tu n'étais pas rentrée aussi vite, si on n'avait pas réagi comme on l'a fait ? Tu imagines ?
Il marqua une pause et se passa une main dans les cheveux, un tic nerveux qu'il faisait souvent. Il me prit par les épaules et plongea ses yeux dans les miens.
-Tu aurais pu en mourir d'hypothermie Vic. Même dans l'enceinte de Lake-Moon il peut t'arriver n'importe quoi. Je ne veux pas être sur ton dos, de même pour Olivia, mais ton caractère fait que tu n'as peur de rien ! Tu es têtue et tu ne vois pas le risque comme on le voit, sans doutes est-ce dû à ton foutu côté tête brûlée, mais c'est fatigant à la longue !
-Je sais...
-Pourquoi tu as fait ça ?
-Je ne peux pas te le dire... pas pour le moment...
-Qu'est-ce que tu caches depuis quelques temps ? Tu es bizarre, différente. Qu'est ce qu'il ne va pas ?
-Tout va très bien, j'ai juste besoin de comprendre certaines choses...
-Vic...
-Je ne peux pas en parler Ryan, je veux garder ça pour moi pour le moment, comprends-le s'il te plaît...
Il soupira et se laissa tomber sur son lit, levant les yeux dans ma direction.
-Dis-moi au moins que ce n'est pas grave... Ni dangereux ou stupide.
-Non, ce n'est pas dangereux.
-Mais c'est grave, voire pire, c'est stupide ?
Je haussais les épaules. Il soupira et se prit la tête entre les mains. Je m'assis à côté de lui. Je fixais le mur droit devant moi pour ne pas avoir à croiser son regard.
-J'ai changée, c'est vrai, mais pas comme tu pourrais le penser. Je ne sais pas si c'est grave et il faut déjà que je sache ce qu'il m'arrive, les causes... Une fois que je le saurai, je te le dirai. Pas avant. Ce n'est pas que je ne vous fais pas confiance, que je ne te fais pas confiance... Je te fais confiance, mais je veux garder ça pour moi pour le moment. Tu comprends ?
Je me tournais vers lui. Il me regardait de ses yeux bleus. Ces derniers étaient étrangement plus intenses que d'habitude, ils brillaient presque.
-Je comprends Victoire, mais j'ai peur pour toi. Je ne sais pas ce qui est en train de t'arriver et je ne pourrais rien faire si c'est « grave ». C'est devinettes ne me suffisent pas, mais si tu ne veux rien me dire c'est ton choix...
-Tu n'as pas à t'inquiéter, ce n'est rien, je me sens juste très différente... Fais moi confiance, je sais ce que je fais.
-Ok...
Je me levais et me dirigeais vers la porte.
-Je vais aller me coucher, la journée a été riche en rebondissements ! lui dis-je dans un souffle. Bonne nuit.
J'ouvrais la porte et allais sortir quand il me retint par le bras. Je me retournais et il me serra dans ses bras.
-Tu m'as fait flipper aujourd'hui... souffla-t-il. Ne refais plus jamais ça.
-Promis...
Je m'écartais doucement, lui adressais un derniersourire et retournais dans ma chambre. Je me couchais épuisé.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top