Texte 3 : Science-fiction

Les mains pianotaient délicatement sur les innombrables touches du clavier. L'une des deux tenait fermement comme une sorte de joystick qu'elle maniait habilement selon les sinuosités de la ville. À travers les fenêtres, on pouvait apercevoir des bâtiments défiler, tous devancés d'une cour, sans laquelle personne ne pourrait se poser et entrer. Des lampadaires trônaient à chaque maison, et d'immenses panneaux recyclaient la lumière des étoiles afin de fournir plus d'énergie.

Confortablement assis sur la banquette, Vincent observait depuis quelques minutes ces mains habiles, le paysage pour lui familier défilant au coin de son œil. Autour de lui, des inconnus attendaient comme lui dans le silence.

Au bout de quelques instants, une voix féminine retentit.

-Quelqu'un veut descendre dans la ville ou j'en sors ? demanda-t-elle.

Un homme d'environ trente-cinq ans parut hésiter un instant, avant de répondre :

-Je descends à la cathédrale s'il-vous-plaît...

-Oui, parfait ! fit la conductrice en virant soudainement à droite.

Vincent connaissait par cœur ces rues. Deux virages plus loin, la splendide cathédrale trônait sur la place pavée à l'ancienne où voltigeaient quelques oiseaux qu'un éleveur venait nourrir tous les jours. En la voyant s'élever derrière les quelques bâtiments qui la séparait d'eux, le client qui voulait y descendre – probablement un touriste – écarquilla les yeux dans un immense sourire.

-C'est beau, hein ! lança la conductrice.

-Oui oui, merci beaucoup, madame, fit-il en payant son dû, des étoiles plein les yeux devant la cathédrale de la petite ville de Yoria.

-Mais de rien ! répondit-elle d'un ton bienveillant.

Le touriste sortit, puis la conductrice – qui avait posé son véhicule sur le bord de la place réservé à cet effet avant que son client ne descende – se leva pour la première fois, et les autres passagers purent voir son visage.

Elle avait de courts cheveux noirs en bataille et des yeux d'un bleu clair profond. De petite taille, elle semblait à la fois souriante et d'un incroyable professionnalisme.

-Quelqu'un d'autre veut descendre en ville ? demanda-t-elle alors.

-Euh... moi, mademoiselle... hésita un autre homme. Je voudrais aller au garage...

-Ah, c'est parfait ! Allons-y !

Se rasseyant sur son siège, elle reprit en main le joystick et appuya de nouveau sur de nombreux boutons, suite à quoi le vaisseau se décolla lentement de la plateforme de la cathédrale et se remit à avancer entre les différents bâtiments.

Chaque ville était entourée d'une bulle plus ou moins grosse en fonction de la taille de la ville, où était enfermé un ensemble de gaz indispensables à la vie humaine, dont le si célèbre dioxygène. Au centre de cette bulle « flottaient » les bâtiments et leur cour (où se garaient les vaisseaux, et qui étaient le seul extérieur où il était possible de marcher, puisque rien ne reliait ces différents bâtiments). Ils étaient maintenus à leur place grâce à un ensemble de forces telle qu'une gravité artificielle et une sorte de force de « flottaison » dans l'air générée par chaque bâtiment. Certains bâtiments étaient reliés entre eux par des ponts, mais beaucoup devaient utiliser les vaisseaux pour aller d'un endroit à un autre. Les bâtiments étaient disposés les uns à côté, en dessous ou au dessus les uns des autres, formant au final cette sphère qu'était la bulle. Environ cinq mètres séparaient les bâtiments de bordure et la bulle, afin que nul ne la touche. À l'entrée des villes séjournaient un petit sas évitant la perte de gaz dans l'immensité de l'espace, et dans les plus grandes s'y trouvaient des douanes ou des contrôles de sécurité.

La ville de Yoria était une des plus petites dans sa catégorie, respectant le modèle de toutes ses sœurs, avec en son centre un immense trou où se lovait la cathédrale. Plus vraiment considérée comme un édifice religieux, la cathédrale était surtout un monument historique, où venaient autrefois se recueillir les premiers colons de Yoria, qui avaient fui la Terre devenue trop dangereuse.

Arrivée au garage, le vaisseau se posa aussi aisément qu'à l'arrêt précédent, le client paya son voyage puis sortit.

La conductrice se leva à nouveau.

-Où voulez-vous aller maintenant ? demanda-t-elle calmement.

-J'aimerais aller à Nova, répondit un client.

-Nova ok... fit la jeune femme en griffonnant dans un carnet.

-Moi je voudrais aller à Konne...

-D'accord, Konne...

-J'aimerais, s'il-vous-plaît, aller à Saropolis.

La conductrice releva la tête, les yeux écarquillés, en regardant Vincent qui venait de parler.

-Saropolis ?!

-Euh... oui...

-Attendez, Saropolis, la capitale de l'espace francophone ?! Mais c'est génial je n'y suis jamais allée... Bon, par contre c'est loin, vous devrez attendre un moment qu'on pose d'abord les autres ; et si ça se trouve j'aurai de nouveaux clients... Bon, c'est pas si loin mais... suffisamment pour que je n'y sois jamais allée...

-Si jamais vous pouvez me poser dans une ville et je trouverai un autre vaisseau qui me conduira à Saropol...

-Non non, je ne vais quand même pas rater une occasion pareille ! Allez, en route les amis !

La jeune femme se rassit et ralluma son vaisseau, pleine d'entrain.

L'appareil se remit comme en lévitation, puis repartit selon la ruelle, virages après virages, jusqu'à arriver à la porte de Yoria. Le vaisseau s'approcha presque jusqu'à la toucher, puis l'immense porte translucide s'ouvrit. Le vaisseau s'engouffra lentement dans le sas, puis la porte se referma.

La conductrice se leva et se tourna à nouveau vers ses passagers.

-Bon, commença-t-elle. Nous allons sortir de la ville et donc entrer dans l'espace, donc n'essayez pas de sortir sans casque ou vous serez... hmm... asphyxiés. Il n'y a pas de danger à circuler dans l'espace mais je préfère tout de même vous prévenir, le vaisseau est comme « étanche », mais il peut s'ouvrir de l'intérieur alors ne vous avisez pas de le faire.

Tandis qu'elle parlait, le sas se vidait de son oxygène, puis la seconde porte s'ouvrit.

La conductrice se rassit et le vaisseau sortit du sas, laissant derrière elle la petite Yoria.

-Donc on a Saropolis, Nova, et Konne, récapitula-t-elle. La plus proche est Konne, on y passera en premier.

Elle reprit les commandes et avança de plus belle à travers le vide interstellaire. Vincent se retourna et vit la bulle de Yoria, si petite vue d'ici, s'éloigner. Elle ressemblait à une bille au milieu du néant, une petite bulle si fragile et si... petite...

Les minutes passaient, les passagers attendaient dans le silence et la conductrice était toujours absorbée par son travail ; quand une bulle se fit voir à l'horizon.

-C'est Konne ? demanda Vincent.

-Non non, pas du tout, répondit la pilote, là c'est Laïos. Konne c'est la prochaine. Vous n'êtes jamais sorti de votre ville ?

-Une fois je suis allé à Miggu pour passer un concours... sinon je suis toujours resté dans ma ville d'origine, c'est à dire Yoria.

-Donc vous n'êtes sorti de la petite Yoria qu'une fois pour aller à Miggu et là vous allez à Saropolis, la capitale ?!

-Yoria n'est pas si petite, il y a cinq cent habitants...

-Il y en a huit mille à Konne.

-Huit mille ?!

-Oui c'est ça. Mais dites-moi, si je ne suis pas trop indiscrète... pourquoi allez-vous à Saropolis si vous n'avez jamais mis les pieds dans une plus grande ville que Miggu ?!

-À Miggu... j'ai passé un concours, et on m'a demandé pour les résultats de me rendre à Saropolis...

-D'accord ! Donc la seule fois où vous êtes sorti de Yoria, cela a entraîné de vous faire aller à Saropolis ? Pas mal ! Vous avez de la chance ! Remarque, moi aussi vu que du coup je vais à Saropolis aussi ! Tiens regarde, là c'est Konne.

Le jeune homme suivit le doigt de la conductrice et vit grossir une immense bulle, au moins dix fois supérieure à celle de Yoria. Émerveillé, il vit des vaisseaux circuler sans cesse entre les bâtiments, et des dizaines d'autres à l'arrêt dans une file d'attente devant la porte, de chaque côté.

-À Konne, continua la pilote, le commerce est important, c'est pour ça qu'il y a tous ces vaisseaux qui attendent. Ce sont des vaisseaux marchands – ou cargos selon la taille et la contenance – qui viennent vendre ou acheter des marchandises. Il sont plus grands que les vaisseaux « taxis » comme le mien.

-C'est magnifique... toute cette activité dans une seule ville ?!

-Oui oui. Mais bon, ça n'est pas si magnifique, parce que du coup on va devoir attendre.

Joignant le geste à la parole, elle rangea son vaisseau dans la file, qui avançait lentement.

-Bon, continua-t-elle. Pour ne pas perdre de temps, où voulez-vous que je vous dépose, en ville ?

-Chez une amie... répondit l'intéressé. Elle habite au 451 rue de Paris.

-D'accord, acquiesça la pilote en griffonnant sur son carnet. Eh bah je vous y amène... euh... dès que possible.

-Paris... laissa échapper Vincent, pensif.

-Quoi Paris ? demanda la conductrice.

-C'était la capitale de la France...

-La... France ?!

-Oui, vous savez, ce pays – qui donne d'ailleurs son nom à notre langue française – où vivaient la plupart de nos ancêtres, vous savez, sur la Terre...

-Ah, la Terre, on dit que c'est une vieille planète bonne à rien...

-Mais ça n'est pas une vieille planète bonne à rien, c'est notre passé, c'est notre histoire !

-Mouais, notre histoire... fit la pilote, sceptique.

Le vaisseau devant le leur avança brutalement, pénétrant dans le sas de la ville.

-Tiens, ça va être notre tour, commenta la conductrice.

Elle avança son vaisseau jusqu'à la première porte, attendit un moment que le vaisseau de devant fût admis dans la ville, puis entra à son tour dans le sas par la porte qui venait de s'ouvrir.

Le sas se réoxygéna, et la jeune femme ouvrit la porte du vaisseau pour présenter ses papiers à un douanier. Il y en avait à l'entrée de chaque grande ville, mais pas à Yoria. Vincent en avait pourtant vu un lors de son voyage à Miggu, mais dans cette immense ville marchande, il fut surpris de se trouver face à tout un régiment.

Après quelques instants, la conductrice revint à son vaisseau puis pénétra dans la ville.

Vincent fut comme ébloui par la grandeur de la cité. On était loin des cinq cent habitants de Yoria ; on ne voyait même pas l'autre bout de la bulle tant elle était grande.

-Wahou, rit gentiment la conductrice, si Konne t'étonne à ce point, je me demande quelle tête tu feras à Saropolis !

-C'est vrai que si j'avais seulement vu cette ville sans savoir que c'était Konne... J'aurais facilement cru à Saropolis tant elle est grande !

-Oh non oh non Saropolis c'est bien pire ! J'y suis jamais allée, mais je sais que c'est la plus grande ville de tout l'univers !

-De tout l'univers ?!

-Je t'assure. Bon, alors, la rue de Paris...

La jeune femme trouva rapidement la ruelle en question et y déposa son client, qui la paya chaleureusement.

-Allez, maintenant, direction Nova !

Faisant demi-tour vers les portes tout aussi encombrées qu'à l'allée, la pilote continua :

-Nova est beaucoup moins commerciale, il devrait y avoir moins de « queue » à l'entrée. La ville est – premièrement – plus petite que Konne, et ensuite elle est plus touristique, c'est une ville très belle, qui base surtout son économie sur ça.

Vincent acquiesça en silence, avant de se rendre compte que la conductrice – qui naturellement lui tournait le dos – ne pouvait pas voir son hochement de tête, et de s'empresser d'ajouter :

-D'accord, d'accord...

Après un quart d'heure de route, et le défilement de plusieurs villes – le vaisseau allait tout de même assez vite – la bulle de Nova apparut.

Elle était en effet plus petite que Konne, et elle dégageait une atmosphère plus chaleureuse que la grande marchande. On y voyait plus de couleurs, plus d'animation, plus de décorations qu'à Konne qui était surtout conçue comme une ville pratique.

Après y avoir déposé l'autre client, la conductrice, désormais seule avec Vincent, ressortit de la ville et orienta son cap vers Saropolis.

-On peut dire, commença Vincent, que je ne connaissais vraiment pas grand-chose du monde... alors même que je ne fais que l'étudier.

-Ah vous étudiez le monde ? C'est à dire ?

-J'étudie surtout l'histoire en réalité... Vous savez... comment se sont développées les premières villes intelluriques.

-In... telluriques ?

-Oui, enfin... les villes dans l'espace quoi ; qui ne sont pas sur des planètes telluriques. Mais ce qui m'intéresse le plus, c'est l'histoire de la Terre... des tout débuts de la vie à la déshumanisation de la planète, je trouve tout ça tellement intéressant... enfin... c'est notre passé et... c'était pour nous comme une ressource... qu'on a... gâché...

-Oh, ne dites pas ça, l'humanité a su se reconstruire, et très bien ! Je connais vaguement l'histoire des villes-bulles, contrairement à la Terre dont je sais très peu, et les colons ont su créer de quoi survivre, et aujourd'hui notre système va très bien... Tenez, vous voulez venir plus près de moi, ça sera plus simple pour parler...

-D'accord...

Le jeune homme s'approcha, et s'assit sur un siège que la conductrice lui indiquait, à côté d'elle.

-Au fait, commença-t-elle, pendant que j'y pense, c'est quoi votre nom ?

-Ah, euh... mon nom ? C'est... euh... Vincent...

-D'accord ! Enchantée Vincent, moi c'est Ida.

-Ida...

-Oui ?

-Euh... non rien, je répétais juste le nom... pour... être sûr de m'en souvenir.

-D'accord d'accord. On se tutoie ? Ça sera plus simple pour parler.

-Euh oui pourquoi pas...

-Donc tu vas à Saropolis pour les résultats d'un concours ?

-Hmm... en réalité, c'est pas vraiment les résultats. Disons que j'ai passé un concours – sur l'histoire de la Terre, justement – à Miggu, enfin, la première partie d'un concours, et on m'a annoncé que j'ai été sélectionné pour la seconde partie... à Saropolis. Donc je m'y rends pour passer cette seconde partie.

-Et si tu gagnes ce concours... tu gagneras quoi ?

-Un diplôme et... pas mal d'argent, qui me permettrait de réaliser mes rêves...

-Qui sont ?

-Visiter plein de sites intéressants, historiques surtout et... un jour aller sur Terre.

-Sur Terre ?! Mais même moi je sais pourquoi les Hommes en sont partis !

-Je sais, je sais, c'est pour ça que ça n'est qu'un rêve...

-Eh bah j'espère qu'un jour tu le réaliseras. Tu as de la chance... d'avoir des rêves à poursuivre.

-Tu ne vas pas me dire que tu n'as jamais eu de rêve...

-Si si, j'ai toujours rêvé d'être pilote... mais maintenant que je le suis... je n'ai plus vraiment de rêve... piloter est mon quotidien et... à part visiter d'autres villes – comme Saropolis où tu m'emmènes aujourd'hui – je n'ai pas vraiment d'objectif à poursuivre... en vérité... j'espère qu'un jour je serai assez compétente pour qu'on me donne des missions à accomplir...

-Des missions ?

-Oui. On peut nous en donner à tout moment, selon notre localisation, la taille de notre vaisseau, et surtout notre profil. Quand j'ai eu mon diplôme et que j'ai acheté mon premier vaisseau – qui est celui-là d'ailleurs, je n'en ai jamais eu d'autres – j'ai espéré tous les jours qu'on me contacterait pour une mission, en conduisant avec allégresse les clients pour gagner ma vie... mais maintenant... ça fait cinq ans que je suis pilote et... on ne m'a jamais contactée...

-Bah si ça dépend aussi de ta localisation, on espère qu'en te rendant à Saropolis...

-Mais mon vaisseau est bien trop petit...

-Tu n'as jamais changé à en acheter un autre ?

-Un vaisseau est bien trop cher... j'ai dépensé tout ce que j'avais pour obtenir celui-là et... aujourd'hui je subsiste grâce aux gens que j'emmène ici ou là... mais bon, espérer ne fait jamais rien de mal. Je pars du principe que sourire rend la vie meilleure, car si ça n'enlève pas notre mauvaise humeur, ça peut l'enlever aux autres, qui alors seront heureux grâce à nous, et alors on se sentira tout de même avoir un rôle...

Joignant le geste à la parole, la jeune femme afficha un large sourire, que le jeune homme lui rendit sans se faire prier.

Soudain, une voix émana du tableau de bord du vaisseau :

-De Tour Centrale 2 à LH13, on nous signale un accident dans les alentours de Stinn, merci de faire demi-tour ou de contourner la zone afin de laisser les secours effectuer correctement leur tâche.

-Mais... de LH13 à Tour Centrale 2, répondit, hésitante, Ida, par où je passe, je ne vois même pas encore Stinn...

-De Tour Centrale 2 à LH13, les véhicules concernés sont très nombreux, mieux vaut contourner la ville avant d'en être trop proche...

Ida se pencha vers son écran radar – un peu comme un GPS, qui donne la position des vaisseaux ainsi que leur nom, pour pouvoir les contacter, et des villes – et vit quelques vaisseaux tout au bord de l'écran, avant que celui-ci ne se brouille, laissant la jeune femme dans son désarroi.

-De LH13 à Tour Centrale 2, mon écran radar est brouillé, je ne vois toujours pas la ville et ne sais pas dans quelle direction partir...

-De Tour Centrale 2 à LH13, partez vite avant que la communication ne soit interrrr...

Ida vira à droite, tout en criant :

-De LH13 à Tour Centrale 2, vous me recevez ?

Seul un grésillement lui répondit.

-VOUS ME RECEVEZ ?!

La jeune femme éclata en sanglots sur son tableau de bord.

-Allez, je suis sûr que ça va aller... tenta de la consoler Vincent.

-Comment ça pourrait aller, je suis perdue au milieu de l'espace sans communication ! La seule chose que je sais est que je suis dans les alentours de Stinn où je ne dois surtout pas pénét...

La jeune femme s'arrêta, pensive.

-Et si... reprit-elle, et si on allait à Stinn !

-Mais... on nous a dit de ne surtout pas y aller ! On nous a dit qu'il y avait de gros accidents...

-Et si... c'était un mensonge ?

-Mais on a vu les vaisseaux sur l'écran non...

-Pour qu'on n'aille pas à Stinn ! Allez, de toute façon, j'ai aucune envie de me perdre dans l'immensité de l'espace interstellaire. Si on arrive trop en retard à Saropolis, je pourrai vous rembourser enfin... disons plutôt ne pas vous faire payer. Allez, cap sur Stinn !

Revirant à gauche, Ida dirigea son appareil vers un troupeau de vaisseaux que l'on voyait bientôt à l'horizon.

-Bon, il va nous falloir les contourner, fit-elle, allez, par le haut !

Sur ce, l'appareil changea de direction pour piquer vers ce qui était « le haut ». Il redescendit ensuite de l'autre côté de l'accident, se dirigeant vers l'immense bulle de Stinn.

-Stinn aussi est une grande ville, il y a beaucoup de commerce aussi, là-bas.

Se rapprochant rapidement de la porte, Ida se gara dans le sas qui s'oxygéna, et où un douanier lui dit sèchement :

-On n'entre pas.

-Pourquoi ? demanda la jeune femme.

-On nous a ordonné de ne laisser entrer personne.

-Écoutez, mon radar est en panne, et je peux pas continuer ma route sans radar...

-Je ne dois laisser entrer personne. Et si votre radar est brouillé, c'est uniquement parce que nous brouillons les radars de tous ceux qui s'approchent trop près de la ville.

-En provoquant des accidents multiples ! Bah bravo ! Oui, bah maintenant que mon radar est brouillé, je ne peux pas repartir, tout ce que je veux c'est de le réparer pour aller à Saropolis, faites venir un technicien, n'importe quoi !

-Je ne peux pas. Je n'ai pas ordre de pénétrer dans la ville, ni de laisser quiconque entrer dans la ville. Saropolis, c'est par là.

Il désigna une direction, où Ida ne voyait que l'espace.

-Merci, ça m'aide beaucoup ! répondit-elle sur un ton d'ironie.

-Vous allez par là et vous arriverez à Saropolis. Ou vous restez ici et vous mourrez.

Il sortit une arme et la pointa sur la jeune femme.

-Je ne repartirai pas.

-Très bien.

Il s'apprêtait à tirer, quand la jeune femme frappa de son bras l'arme et l'envoya valser dans le sas.

-Oups, fit-elle dans un sourire malveillant.

Elle frappa plusieurs fois le « douanier » de ses bras et ses jambes, avant que celui-ci ne soit totalement à terre.

Elle ouvrit ensuite les portes de Stinn, puis y entra avec son vaisseau.

-Tu sais te battre, demanda Vincent.

-Oui, oui... je te l'ai dit, mon but était de faire des missions et non du transport de passagers, donc j'ai appris à me battre dans mon école.

-Je vois... du coup... on fait quoi à Stinn ? On répare le radar et on s'en v...

-Non, on découvre ce qui se trame ici. Il n'y a personne, et on refuse catégoriquement de nous faire entrer ? Je ne m'appelle pas Ida si je pars sans rien faire.

Le vaisseau arpentait lentement les rues étroites de Stinn. Cherchant un détail intéressant, Ida scrutait chaque parcelle de ville, jusqu'à être interrompue par Vincent.

-C'est quoi... ça...

Il regardait avec frayeur une immense « chose » au centre de la bulle.

-Je... ne sais pas, répondit Ida, pas très rassurée non plus, on y va ?

-Euh... d'accord...

Le vaisseau se dirigea rapidement vers l'énorme cylindre, puis les deux amis descendirent de l'appareil. Ida plaça sa main sur la portière du véhicule, un cercle bleu en fit le tour, indiquant qu'elle était scellée.

-Allons-y, fit la conductrice. Je ne sais pas ce qu'on va trouver ici, vu que je ne sais pas ce que c'est...

La jeune femme allait faire un pas en avant, quand un bruit de marche se fit entendre.

-Il y a quelqu'un, chuchota-t-elle, je m'en doutais. Et ça ne sont pas de bonnes intentions, j'en suis sûre ! Bon, on va d'abord essayer de rétablir la communication... En réalité... je sais un peu bricoler, je pourrais aller enlever ces brouilleurs de... radars et communication, à moins que tu ne bricoles mieux que moi...

-Oh non je ne sais pas faire, je te laisse cette tâche...

-Très bien. Je vais réparer tout ça, je te laisse découvrir ce qui se trame là-dedans.

-Qu... Quoi ?! Et si je tombe sur notre agresseur ?!

-Parle moins fort ! Eh bien tu siffles un coup là-dedans et tu gagnes du temps pour que j'arrive.

Elle lui tendit un sifflet qu'il s'empressa d'enfiler à son coup.

-Allez, va à l'intérieur du cylindre, je monte en haut pour réparer tout ça. On se retrouve tout à l'heure ici, d'accord ?

-D'accord, à tout à l'heure...

Ida se dirigea jusqu'au cylindre et grimpa comme elle put sur la paroi qui n'était – heureusement – pas totalement lisse.

Vincent, quant à lui, courut à l'autre bout de l'énorme chose, afin de trouver une porte, ce qui fut le cas. Il entra en silence dans l'immense forme, mais la porte claqua en se refermant.

-Que faites-vous ici ? demanda une voix masculine.

-Et... et vous, que faites-vous ici ?

-Moi ? J'installe une bombe. En direction de Saropolis. Mais de toute façon tu ne pourras le dire à personne, vu que tu vas bientôt... mourir !

Il sortit une arme et la pointa vers Vincent, horrifié. Celui-ci saisit le sifflet et le fit résonner le plus fort qu'il le put.

L'inconnu émit un sourire machiavélique et s'apprêta à appuyer sur la détente, quand une fenêtre de toit se brisa sous le poids d'Ida, qui profita de l'élan dû à la chute pour frapper son adversaire.

-Vite, fit-elle.

Les deux amis rejoignirent rapidement le vaisseau qu'Ida déverrouilla.

-De LH13 à Tour Centrale 2, j'annonce une bombe en direction de Saropolis à Stinn ! Le terroriste veut nous tuer, les radars n'y sont plus brouillés !

Un grésillement se fit entendre. S'ils ne répondaient pas, ils étaient perdus.

-De Tour Centrale 2 à LH13, nous envoyons des unités de la ville la plus proche, ils seront là dans cinq minutes.

Ida et Vincent échangèrent un regard. Ils venaient de sauver Saropolis.  


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Libre Office me disait pile 4000 mots (sinon je me serais permis d'en faire plus), alors que wattpad m'en donne 3920. Et dire que j'ai supprimé des mots où j'ai pu pour gagner un peu de place... mais bon, c'est bien assez long comme ça XD

Je ferai peut être une adaptation roman, ou en tout cas nouvelle, de cette histoire, parce que - comme vous l'avez probablement remarqué - la fin est un peu compressée, par manque de place (hey sinon ils seraient allés à Saropolis et tout le bazar ! Mais bon, j'ai l'immense honneur de vous annoncer que Vincent a obtenu son diplôme dans la capitale, et que l'exploit des deux amis à Stinn a été reconnu comme une "mission" et qu'Ida a enfin pu accéder à ses rêves. Bref, tout se passe bien ! J'aime pas quand ça finit mal XD) 



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