Chapitre 9

Musique: Black Out Days de Phantogram (Esteve speed up version)

***

- Tu comptes faire quoi? M'avait demandé Anna.

Je lui ai répondu que je comptais simplement profiter de ma soirée, m'amuser et boire un peu pour décompresser de toute cette semaine. Cependant, en arrivant dans la file d'attente de la boîte, mon esprit divague. Sera t'il présent? Est-ce que je dois faire quelque chose?

Anna me parle mais je n'écoute pas, trop focalisée sur ma recherche d'idées pour faire le plus chier Loïs.

-Ouh ouh Lérya?

- Oui? Je lâche, revenant à la réalité.

Son regard vert me scrute de la tête aux pieds mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que je ne compte rien lui dire. Elle se fout le doigt dans l'œil!

- Qu'est-ce que tu manigances?

- Pourquoi je manigancerais quelque chose? Je roule des yeux.

Ma colocataire se marre tandis que je la pousse pour qu'elle avance dans la file. On finit peu de temps après dans la boîte de nuit où les couleurs des spots illuminent certains endroits, certaines personnes puis s'en vont vers les plafonds. Les gens dansent, les uns collés serrés, les autres avec leurs verres. Ma main attachée à celle d'Anna, j'avance en direction du bar, faisant des coudes pour y arriver.

- Deux vodkas pommes s'il te plaît, je crie à travers les basses.

Le serveur, qui est d'ailleurs plutôt mignon, hoche la tête et s'en va préparer ma commande. Réception faite et payée, je me tourne vers Anna, un grand sourire placardé sur le visage.

- À nous! Je hurle.

Ma rouquine préférée rigole et ensemble nous trinquons à l'unisson. S'ensuit une Anna déchaînée qui me tire vers le centre de la piste de danse. On se trémousse telles des danseuses professionnelles, donnant par mégarde quelques coups aux gens.

- Oups! Pardon!

Je pouffe de rire devant le visage d'Anna. La fille qu'elle vient de pousser n'est pas du tout contente et elle lui fait savoir. Ma coloc me fait de gros yeux pendant que je la tire vers moi.

- Tu t'es excusée on s'en tape!

Elle rigole et recommence à danser. Ensemble, on enchaine les vodkas pommes et ça, à mon plus grand plaisir. Après quatre verres je sens l'alcool monter légèrement, pas assez pour être bourrée mais assez pour être très joyeuse.

Mon regard est soudainement attiré vers des barmans occupés à voyager avec un bac remplis de bouteilles et de lumières. Ils passent à travers la foule en criant de dégager, montent les quelques marches qui les séparent d'une énorme table aux divers sièges en cuir. Des garçons sont assis en train de sourire à la vue des bouteilles qui leur parviennent. A la vue de ces personnes, mon cerveau fait instinctivement tilt, ces gens ne sont autres que les Reds flames. Celui que je convoite tant est lui aussi présent. Se frottant les mains l'air affamé, il se marre avec l'un de ses membres. Quand les bouteilles arrivent sur leur table, il est le premier à attraper une bouteille, à la soulever en l'air et à boire à même le goulot. Il recommence son action avant passer la bouteille a un autre type.

- Arrête de le fixer.

Mon regard se plante dans celui d'Anna, cette dernière me regardant de travers. J'acquiesce simplement et me remets à danser.
Le problème c'est que maintenant que je sais qu'il est là, à seulement quelques mètres de moi, je n'arrive pas à le chasser de ma tête. J'ai envie de savoir ce qu'il fait, de connaître chaque chose de sa vie afin de le détruire au maximum.

-Je vais te chercher un nouveau verre et tu vas te focaliser dessus, me souffle ou plutôt me crie Anna dans l'oreille.

Mon sourire se veut désolé contrairement à celui d'Anna qui est moqueur. Elle se fout de ma tête et elle ne s'en cache pas le moins du monde.
Maintenant seule sur la piste, je regarde autour de moi, des personnes qui dansent à en perdre haleine, des filles en train de se frotter à des mecs, des hommes occupés à chercher leur proie de la soirée et j'en passe. Mon regard se pose finalement sur la chose à laquelle je pense sans arrêt. Il est là, debout face au monde, occupé à regarder les personnes qui se trouvent plus bas que lui. Je suis sur qu'il est heureux d'être plus haut que nous tous, il doit se prendre pour le roi. Un roi de merde ouais!

En parlant du roi de merde, ce dernier se décide à descendre vers nous, les moins que rien. Son visage est froid et la colère s'en dégage. Au contraire du mien qui est souriant, je jubile de le voir descendre ces quelques marches. Instantanément, une idée me parvient. J'avance dans sa direction, le fixant du regard sans que lui ne me voit. Il se dirige vers la piste de danse, les gens s'écartent sur son passage. Certaines filles quand à elles sont hésitantes, elle ne savent pas si elles doivent se lancer et l'accoster ou au contraire, s'il est mieux qu'elles partent en courant. Ça me fait bien rire, à quel moment peut-on fantasmer pour ce genre d'individu? Il a du sang sur les mains et je suis presque sûr qu'il n'y a pas que ça.

Je zigzague entre les gens avant de m'arrêter à un endroit spécifique. Placée entre plusieurs personnes je danse encore et encore jusqu'à malencontreusement percuter quelqu'un. Mon verre, entamé, de vodka pomme se renverse sur une merveilleuse chemise noire. Une énorme auréole se fait tandis que je me recule, l'air à la fois désolée et surprise.

-Merde! Pardon! Je m'exclame.

-Bordel tu sais pas faire attention avec tes grands gestes!

Je lève les yeux vers lui, son regard noir rempli de haine me transcende. Je ne saurais l'expliquer mes ses pupilles me tuent sur place, elles arrivent à bloquer tout mon corps. Je perds tous mes moyens. Bordel.

-Dégage avant que je ne le fasse moi-même.

Son ton est à la fois dur et froid, le terme glacial serait peut-être plus judicieux. Dans le coin de mon œil je vois le monde nous regarder, sans oser bouger le moindre petit doigt. Putain Lérya ressaisis-toi!

-S'il te plaît c'est trop demandé? Je peste sans détacher de son regard.

Un sourire sadique se dessine sur son visage alors que ses doigts viennent agripper ma nuque d'une force phénoménale. Je déglutis sans pour autant me démonter face à lui. Jamais.

-Écoute moi bien ma jolie, tu n'es personne pour me dire quoi dire ou quoi faire. Alors tu vas gentiment repartir voir tes confrères avant que je ne t'emmène avec moi.

Son regard toujours ancrer dans le mien, la manière dont il me regarde ainsi que ses doigts qui se resserrent autour de ma nuque me font comprendre très rapidement qu'il ne me dit pas ça pour partager un dîner aux chandelles.

-Un jour tu sombreras, je crache en le repoussant le plus fort possible.

C'est à peine si son corps bouge, je le foudroie des yeux tandis qu'il explose de rire. Le type de rire qui ne vous fait pas frissonner mais angoisser sur les futures représailles. Loïs me regarde de bas en haut avant de me pousser de son épaule, aucune délicatesse dans son geste bien au contraire, mais je ne montrerai pas la douleur qu'il m'a affligé. Jamais. Je ne peux empêcher mes yeux de le suivre, tentant de ne pas grimacer face à la douleur qui submerge mon corps. Je vais avoir des marques, ses putain de marques.

-T'as encore fait ton show, m'attrape Anna. Je sursaute. Aller viens.

Je suis la rouquine jusqu'à l'extérieur du bâtiment où elle commence son exploration.

-Il y a la trace de ses doigts Lérya..

Á l'entende de son ton, je devine que ce n'est pas joli et pourtant ça ne fait que quelques minutes. Qu'en sera t-il demain?

-Raison de plus pour ne pas abandonner mon plan, je souffle.

Son soupire pourrait s'entendre à des kilomètres tout comme la douleur de ses doigts sur les traces, certainement violettes, de Loïs. Savoir que ses doigts ont marqués ma peau m'énerve d'avantage, l'alcool n'arrangeant certainement pas les choses. Je n'ai plus l'envie de danser ou même de chanter. J'ai juste envie de taper de toutes mes forces sur quelque chose, d'extérioriser ma haine. 

Alors quand je vois du coin de l'œil ce banc dehors, sans personnes dessus, je casse tout, je lui donne des coups de pieds à n'en plus finir. J'ai envie d'hurler et de pleurer en même temps. Je suis faible bordel, je suis une merde. À quoi je joue? Qu'est-ce que je fais? Je veux quitter ce monde où l'améliorer au juste? J'ai l'impression de ne plus savoir, d'être totalement perdue. Si je suis là c'est bien pour une raison, je ne peux pas me foirer, je dois réussir.

-Lérya calme-toi, on rentre.

Amoindrie, à cran et fatiguée, je laisse Anna m'entraîner à l'intérieur de la boîte. La musique assourdissante me fait plisser les yeux mais j'avance tout en poussant les gens sur mon passage.

- Mes demoiselles, doucement enfin.

Je fusille du regard l'homme devant nous tandis qu'Anna s'excuse gentiment.

-Vous partez déjà? Mais je viens seulement de vous rencontrer.. Ça ne vous tenterait pas un plan à trois?

Mais c'est pas vrai! Cette génération me désespère de plus en plus. Je vais en tuer un si ça continue.

-Va voir ailleurs si nous y sommes pas clochard, je crache tandis qu'Anna me tire de toutes ses forces.

Je le dévisage une dernière fois lui et sa vieille barbe mal rasée avant de suivre Anna. Enfin, c'était avant qu'il ne me mette une main au cul.

-Je vais te tuer.

Je viens coller mon front au sien, il est tellement moche et petit que je pourrais le confondre avec un chien. Enfin, même un chien est plus beau.

-T'es sexy comme ça, vas-y continue.

Son sourire pervers me donne à la fois l'envie de vomir et de lui arracher ses dents une par une.

-Va te faire interner putain!

Je tourne les talons, comprenant que ça ne sert à rien de s'énerver et de provoquer ce genre de type. Il est pourri jusqu'à la moelle.

-Ne t'y avises même pas.

Mon corps se retourne en moins de deux. Ce que je vois me déconnecte du monde réel. Les yeux probablement ronds comme des soucoupes, je le fixe complètement incrédule. Je me pince mais ce qu'il se passe devant moi est bien réel. Loïs est là, occupé à dire je ne sais quoi à ce type débile. Je suppose qu'il le menace à la vue du regard apeuré et suppliant de ce petit con. Loïs est dos à moi ce qui m'empêche de lire sur ses lèvres ou ne serais-ce que voir son regard. Le regard du type entre en contact avec le mien tandis qu'Anna me hurle de dégager et de la suivre. Mon corps se laisse traîner tandis que mes yeux ne quittent pas la scène une nanoseconde. Je n'ai le temps de voir une arme sortir du dos de Loïs et son regard aussi noir que les ténèbres avant de les perdre de vu.

-Bordel il s'est passé quoi? Panique Anna.

On entre dans le premier taxi qui se pose devant nous sans dire un seul mot de plus.

-Il.. il nous a aidé? Je souffle en revenant à la réalité.

-Je crois bien ouais.

Anna et moi nous regardons sans savoir quoi dire de plus. Pourquoi nous aurait-il aidé à faire déguerpir ce type au juste? Il en a rien à foutre de nous. Je suis même persuadée qu'il aurait pris son pied en me voyant me prendre un coup ou subir des choses auxquelles je ne veux pas penser. Perdue dans mes pensées, le regard rivé sur la fenêtre du taxi, je ne pense même plus à Anna assise à mes côtés, elle aussi silencieuse que moi. Seul le bruit de la voiture se fraye un chemin au sein de ma tête. Je n'arrive toujours pas à y croire, qu'est-ce qu'il vient de se passer? Son regard lorsque je suis partie m'a bouleversé, il était si sombre. Et cette arme dans sa main, ce pistolet qui était à deux doigt de perforer la gorge ce type. Est-ce qu'il l'a tué? Est-ce qu'il comptait le faire? Est-ce que c'était simplement une mise en garde, une menace? Bordel je ne comprends plus rien. C'est moi qui aurait du avoir cette arme sur la gorge pour tout ce que je lui ai déjà fait. Au contraire, il me menace simplement. 

-Purée il t'a pas raté quand même, souffle Anna une fois hors de la voiture.

Enfin, il me menace avec un supplément de force et de marques. Devant le miroir, je ne peux que contester les dires de ma colocataire. On peut y voir cinq traces tournant au jaune-violet, les traces de ses cinq doigts.

-Voilà ce que tu gagnes Lérya..

Je me rafraîchis le visage afin de retrouver un minimum de bon sens.
De retour dans la chambre, Anna est dans son lit en train de s'enfiler une bouteille d'eau.

-Tu devrais faire pareil, elle me lâche entre deux gorgées.

Je ricane en acquiesçant. Je devrais même en boire deux des bouteilles.
C'est d'ailleurs ce que je fais, j'avale des gorgées d'eau, encore et encore sans m'arrêter. Espérons ne pas avoir de maux de crânes demain matin ou pire, des envies de vomir.

-Mis à part ça, c'était une bête de soirée. Je me suis éclatée, merci ma rouquine.

Cette dernière éclate de rire tandis que je me couche confortablement dans mon lit, face à elle.

-De même pour moi, on s'est bien amusé. Dommage que l'alcool n'ait pas fait trop effet.

Je pouffe.

-Espèce d'alcoolique va!

Elle me regarde l'air offusqué.

-Ouais t'as peut-être raison.

J'explose de rire devant sa mine pensive.

-Ahlala Anna, qu'aurais-je fait si on ne s'était pas rencontrées?Je souffle.

-T'aurais été malheureuse toute ta vie.

On pouffe toutes les deux avant de se calmer et de se souhaiter bonne nuit. Il est à présent cinq heures du matin, il est tant d'aller rejoindre Morphée.

Cependant, cette dernière ne veut pas de moi et me fait me retourner encore et encore dans mon lit. Je soupire  et me lève du lit, un petit pipi s'impose.
Dans le couloir il fait nuit noir, le soleil ne se lève que d'ici quelques heures, c'en est presque flippant. J'avance rapidement vers les toilettes où j'y fais mon affaire. Quand j'ouvre à nouveau la porte pour accéder au couloir, mon sang se glace. Au loin se trouve une personne, elle est immobile et son corps semble tourné vers moi, je ne le vois qu'à peine, seulement éclairé par les néons de la lune passant par la porte principale de l'étage. Je ne sais pas combien de temps je reste là, à regarder ce corps dans la pénombre mais quand il bouge et avance à grands pas vers moi, je me bloque et cours deux mètres plus loin jusqu'à ma chambre. Je m'y enferme à double tour et m'enfonce dans mon lit, ne lâchant pas du regard la porte.
La main sur ma bouche, je respire le plus silencieusement possible, par peur qu'il m'entende, qu'il sache dans qu'elle chambre je me trouve. Des bruits de pas passent devant ma porte, me glaçant le corps, le son disparaît petit à petit jusqu'à ce que j'entende une porte claquer. Est-il parti? Suis-je en sécurité? Mais qui était cette personne? Que faisait-elle dans mon couloir à une heure pareille? Comment a t'il réussi à entrer? Il faut un code voir une carte pour accéder aux chambres bordel!

Plus je réfléchis et plus mon sang ne fait qu'un tour. Était-il là pour moi? Merde, je ne vais jamais réussir à m'endormir. Si seulement j'avais pu voir quelque chose de plus comme un regard, une couleur de cheveux ou bien des habits.. Tout était noir, rien à voir mis à part une ombre.

Et s'il s'agissait de lui? 




******************

Holà! Comos estas? 

Il s'avère que ce Loïs ne soit pas très amical, il m'a l'air bien.. impulsif? Incompréhensible? Je pense que l'on pourrait de nombreux termes à son propos :p

Mis à part ça, qui est cette personne dans le couloir? Des idées?

A dimanche prochaine!

K

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