Chapitre 12

Musique: Great Spirit d'Armin Van Buuren

***

- Lève-toi!

Ma couverture m'est arrachée et mes yeux s'ouvrent à la volée.

- C'est trop demandé de réveiller les gens de manière normale? Je grogne en le fusillant du regard.

Le sien quand à lui, me regarde de haut en bas s'en même se cacher. Je peste silencieusement sous son sourire hautain.

- T'es pas quelqu'un de normal déjà. Grouille toi maintenant, je vais perdre patiente.

-Gngngn.

Je grommelle sous son regard meurtri et sors du lit dans lequel je suis. Il me lance les fringues à la figure que j'attrape avant d'entrer dans la salle de bain.

J'ai à peine le temps de mettre le t-shirt noir qu'il tambourine sur la porte.

- Putain mais tu vas te calmer!

La porte s'ouvre dans un fracas, merde. J'aurais mieux fait de me taire. Simplement habillée d'un t-shirt et de sous vêtements, l'homme qui veut me voir morte approche à grands pas. Son regard toujours aussi sombre s'ancre dans le mien, il est rempli de rage. Je déglutis. Pour le coup, je perds toute mon assurance. Ce type sait être effrayant.

Il est à moins d'un mètre de moi mais aucun de nous ne bouge, on se regarde en chiens de faïence mais je vois du coin de l'oeil ses poings. Ils sont tellement serrés que ses phalanges deviennent blanches. Loïs finit par se rapprocher un peu plus près, de sorte à pouvoir me toucher de son souffle chaud, bouillant, prêt à exploser. Ses yeux me font peur, ses pupilles entièrement noires me déstabilisent, on y voit rien, aucune émotion autre que de la haine pure et dure. Pourquoi? 

- Continue comme ça et j'en aurai plus rien à foutre de ses ordres. 

Je ne dis rien, absorbée par son regard. 

- A la porte dans cinq minutes ou je te traine par les cheveux.

Deux secondes après il disparait. Mon corps ne bouge toujours pas, le pull, aussi noir que ses yeux, entre mes doigts. Qu'est-ce qu'il s'est passé au juste? Pourquoi semblait-il à deux doigts d'exploser? Pourquoi n'a t-il fait aucun geste violent cette fois? A chaque fois que je l'ai provoquée, j'ai fini avec des traces. Or, ici, il ne m'a rien fait. "Continue comme ça et j'en aurais plus rien à foutre de ses ordres." Son commentaire me revient en tête, serais-ce un ordre qu'il aurait reçu? Me protéger des autres mais aussi de lui? Cette pensée devrait me mettre en confiance, me faire sourire de joie, cela devrait être jouissif mais c'en est tout autre. Cet homme est capable du pire, j'en suis maintenant persuadée.

En deux minutes chrono, je suis habillée de la tête aux pieds. Armée de vêtements noirs et de bottines de la même couleur, j'attrape la poignée de la porte et l'ouvre. Je regarde de chaque côté du couloir sans savoir par où aller. Où se trouve l'entrée? J'ai été trimballée ici sans voir quoi que ce soit mis à part un couloir et une chambre!

Je resserre ma queue de cheval et me décide à aller à gauche, il me semble que c'est par là que je suis arrivée l'autre jour. Je finis par arriver dans un vaste salon où se trouve, pour mon plus grand plaisir, Anastasia.

- Bonjour, pourriez-vous me dire où se trouve l'entrée? 

Elle me sourit de la manière la plus bienveillante que j'ai eu le droit d'avoir ce week-end et me pointe du doigt une porte sur ma gauche. Je la remercie et me dirige à grandes enjambées vers cette dernière. La porte me conduit dans un couloir aux tons froids donnant sur une énorme porte métallique. Serais-ce une porte anti-balles?

- Il te restait trente secondes.

Mes yeux croisent ceux de Loïs, placé contre le mur. Il me dévisage un instant avant d'ouvrir la grande porte. Je le suis sans un mot et m'installe dans la voiture garée quelques mètres plus loin dehors. Il s'agit d'une Range Rover noire.

- Logique, je pouffe silencieusement.

Comme s'ils allaient prendre une petite Clio ou pire, une Audi rouge, ça aurait été moins viril.

Loïs fout je ne sais quoi à l'extérieur de l'habitacle mais après quelques minutes il vient s'asseoir à mes côtés. Il démarre en trombe, direction je ne sais où. Aucun de nous ne parle, mes jambes complètement tournées vers ma portière. J'évite un maximum son contact ainsi que son regard.  Il roule vite, trop vite mais je n'y fais guère attention. Mourir d'un accident de voiture c'est toujours mieux que d'une balle dans la tête.

- Qu'est-ce que je devrais faire? Je demande après de nombreuses minutes.

Je ne suis au courant de rien, je sais que je dois aller chercher quelque chose mais ça s'arrête là. Il grogne en serrant plus fort le volant de ses mains.

- Tu restes derrière moi tout le long. Quand je te dis d'y aller, tu le suis et va réceptionner le colis. 

Simple, net et concis. OK.

Je soupire intérieurement et espère que cela se passera vite. Je veux rentrer chez moi, dans ma chambre universitaire avec des douches partagées. Je veux me barrer loin d'eux, de lui.

Loïs se gare quelques instants plus tard sur une étendue de terre sèche, cette dernière volant partout à cause de la voiture. Devant nous se trouve un bâtiment à l'abandon basique, il s'agit très certainement d'une ancienne entreprise. Loïs sort, moi sur ses talons. Il dégaine son arme, la charge et la replace derrière son dos tandis que je le suis tel un petit toutou. Lui aussi habillé tout en noir de la tête aux pieds, il marche d'une manière agressive et rapide. Son corps est droit comme un i mais musclé comme une pierre. Je pourrais me cacher derrière son dos avec tellement de facilité. Avant que nous n'entrions, Loïs me place une arme derrière mon dos, sous mon pull. Je frissonne au contact du canon droit. On finit par entrer dans le bâtiment, Loïs toujours devant moi. Il n'y a rien à portée de vue, tout est vide et sans vie, il n'y a que de la poussière mélangée à du sable. Qu'est-ce que c'est ce bordel?

- A46.

Je fronce les sourcils au son de sa voix. Qu'est-ce que ça veut dire au juste? Il regarde droit devant lui sans même bouger le moindre doigt. je sursaute lorsqu'un brouhaha sourd retentit, une porte apparaît face à nous et Loïs y fonce tête baissée.

- C'est quoi ce bordel? Je souffle.

Comment est-ce qu'une porte peut apparaître de cette façon? Comment ne l'ai-je pas vue?

- Avance. 

Son ton est dur, sec et froid. Je grogne et le rattrape à toute vitesse. Mon incompréhension grandit au fil du temps, la porte nous conduit à des escaliers qui descendent. Il fait de plus en plus sombre au fil du temps que l'on descend. Loïs finit par ouvrir une nouvelle porte et mon corps s'immobilise derrière lui. Ils sont là, tous armés jusqu'aux dents. D'un mouvement brusque, Loïs attrape son flingue et le pointe devant lui. Ils sont une dizaine devant nous et nous, nous ne sommes que deux. Il pensait à quoi au juste?

- Baissez vos armes! Lance une voix.

Un homme mur apparait, habillé d'un costume trois pièces bleu nuit il nous sourit. Loïs range son pistolet à l'endroit qui lui est réservé et vient saluer l'homme.

- Loïs.

- Santos. 

Mes yeux ne font que des allers-retours entre ce fameux Santos et Loïs. 

- On vient chercher le colis.

L'homme face à nous acquiesce d'un grand sourire avant de se tourner vers moi.

- Tu ne me présentes même pas Loïs. Je suis Santos et vous, qui êtes-vous mademoiselle?

Son regard vert me scrute de haut en bas, son sourire ne quittant pas ses lèvres tandis que ses mains se délient de son dos pour venir attraper ma main.

- La réceptionniste. 

Pardon? Je le fusille du regard avant d'à nouveau poser mes yeux sur l'homme face à moi.

- Lérya, je souffle.

Il me serre la main d'une force à m'en broyer les os avant de se tourner vers le type à mes côtés. Une réceptionniste, j'en reviens pas putain!

- Tu restes là. Regardez qu'il ne bouge pas.

Des armes se mettent à pointer Loïs sous mon regard effaré. Merde, merde, merde! Pourquoi?

- Suivez-moi Lérya. 

Instinctivement, je cherche Loïs du regard afin de discerner ce que je dois faire ainsi que du courage et du réconfort mais la seule chose que je perçois dans son regard n'est que du vide. Il ne me quitte pas des yeux plusieurs secondes avant que je ne sois tirée par l'homme au costume bleu. Ce dernier, Santos, me fait monter un escaliers, traverser deux couloirs avant de s'arrêter devant une porte blindée. 

-Entre.

Fini les vouvoiements? Je ne dis cependant rien et entre, Santos derrière moi. 

- J'aimerais vous poser plusieurs questions, il commence en se plaçant derrière son bureau.

- Je suis là pour récupérer un colis, je rétorque.

Un sourire vient naitre sur ses lèvres tandis qu'il ouvre un tiroir à sa gauche. Santos en sort une boite de la taille de chaussures et la pousse vers moi.

- Maintenant tu vas répondre à mes questions.

Je fronce instinctivement les sourcils en attrapant la boite entre mes doigts.

- Quelles genre de questions?

- Que dirais-tu de rejoindre mon gang? 

Je suis sous le choc. Les yeux grands ouverts, je ris nerveusement.

- Vous vous foutez de ma gueule? Je pouffe.

Son sourire s'en va pour ne laisser place qu'à une expression neutre.

- Je vois que tu n'es pas à l'aise avec Loïs, te fait-il du mal? Je peux t'apporter tout ce dont tu rêves. Tu serais traitée comme une poupée ici.

Je secoue la tête sans même y réfléchir. Je connais ce genre de types. En aucun cas il me traiterait comme une belle poupée. Au contraire, je serais utilisée comme poupée gonflable pour lui et ses porcs de membres.

- On m'attend.

Je tourne les talons dans la seconde qui suit.

- Bouge et tu sautes.

Je m'arrête net au pas de la porte, la boite entre les mains. Doucement, très lentement, je me retourne vers l'homme qui tient une arme pointée sur moi. J'essaye de ne rien faire paraitre mais au fond, je bouille. 

- Pourquoi? Je demande, le regard fixé au sien.

Il sourit et se lance dans une explication que j'écoute à peine. Sans le quitter du regard, je libère ma main droite, tenant le paquet d'une main et attrape à la volée l'arme placée dans mon pantalon. 

- Baissez votre arme, je souffle.

Son sourire s'agrandit tandis que je recule petit à petit, mon arme toujours pointée sur lui.

- Tu ne feras rien Lérya.

- Approchez et je tire, je souffle.

Mon corps est rempli d'adrénaline en cet instant. Je pourrais faire une dinguerie à tout instant. Cela me fait flipper de tuer un chef de gang mais l'instinct de survie est tellement plus fort.

Je continue de reculer petit à petit sans le lâcher des yeux. Son arme toujours braquée sur moi, il commence à contourner son bureau.

- Stop! Je crie. 

Je suis sur les rotules, ça va mal finir je le sens. Qu'est-ce que je vais faire? Qu'est-ce que je dois faire?

Il avance autant que je recule.

- Lérya tu..

Je tire. Mon doigt par tout seul appuyer sur la gâchette. Un rire vient fendre la pièce alors que je regarde l'arme dans ma main. Elle n'est pas chargée. 

Mes yeux passent de l'arme à Santos et l'adrénaline prend le dessus. Je jette l'arme et me mets à courir. Je dévale les mètres dans les couloirs ainsi que les marches. 

- LOÏS! 

Je hurle dans ma course et capte son regard, il comprend et sort son arme à toute vitesse. Je passe entre les types, les pousse du mieux que je le peux et prends mes jambes à mon cou. Je n'attends même pas Loïs, je passe la porte et remonte les marches à toute vitesse, je me calme seulement lorsque je m'approche de la voiture. 

- MONTE! 

Quand je me retourne, je vois Loïs courir derrière moi, la porte bientôt ouverte par les ennemis. Ni une ni deux je grimpe dans la voiture, suivie de près par Loïs. Il démarre en trombe sous les balles des types dehors. 

Je respire lourdement, encore remplie d'adrénaline.

- BORDEL!

Loïs frappe son volant sans cesser d'accélérer. Je ne dis rien me contenant de regarder devant moi, le colis bien positionné sur mes cuisses.

Mon coeur bat à un rythme violent, probablement à la même allure que la voiture en ce moment. Qu'est-ce qu'il vient de se passer putain?

La route du retour passe comme un éclair, j'ai l'impression que le temps à été divisé par deux et quand je vois la maison de Mike Carson je ne peux m'empêcher de lâcher un soupir de sérénité. Ils ne viendront pas nous chercher ici. Soudain, je repense à quelque chose. Mon arme, elle n'était pas chargée, il n'y avait aucune balle dedans. J'aurais pu crever! 

- Pourquoi tu m'as donné une arme pas chargée? Je lâche en sortant de la voiture. 

Loïs, déjà sur le pas de la porte, se retourne et me dévisage complètement.

- Je suis pas fou pour te donner une arme chargée.

Il entre sans rien dire de plus. La colère me monte, fini l'adrénaline place à la rage. J'entre dans la maison en quête d'une soif de vengeance, d'une haine viscérale.

- C'est toi le putain de fou! Il était à deux doigts de me tirer dessus!

Je hurle à son cul mais il ne scille pas, il continue d'avancer. Je le suis jusqu'au bout en lui hurlant diverses atrocités.

- T'es qu'un enfoiré! J'allais crever par ta faute! 

Soudain, il se tourne si violemment que j'en hoquette de surprise. Il attrape de sa main libre mon menton et me fixe méchamment. 

- Pour mon plus grand malheur t'es toujours en vie alors ferme ta gueule.

Il me pousse me projetant contre le mur tandis qu'il avance d'un pas pressé, le colis bloqué sur son bras gauche. Je le fusille du regard et le rattrape d'un pas rapide. Il est hors de question que j'en reste là.

- Loïs, Lérya, comment s'est passée votre mission? Sort soudainement Mike Carson.

Placé à l'entrée de son bureau, ce dernier nous regarde à tour de rôle, tout sourire. Loïs lui donne le colis tandis que je m'approche, haineuse.

- MAL! Votre sois disant meilleur membre m'a donné un flingue pas chargé! Ce Santos était à deux doigts de me tirer une balle dans le crâne!

Je souffle en me posant contre le mur, soudainement vidée de tout énergie.

- Ce n'est rien, c'est l'adrénaline qui descend, souffle le boss en me regardant m'asseoir à même le sol.

- Pourquoi elle n'était pas chargée? Je souffle cette fois calmement.

Loïs me fixe comme une bête de foire mais je n'en ai plus rien à foutre en ce moment, je me sens vraiment vidée.

- Tu as très bien réagi Lérya. Je suis assez fier de t'avoir dans mes troupes. Tu as montré que je pouvais te faire confiance.

Mes yeux dévient de ceux de Loïs à ceux de Mike Carson. Comment ça?

- Qu'entendez-vous par cela? 

Il ne dit rien, se contenant de regarder Loïs et le fameux colis. Je fronce les sourcils et me lève d'un bond. Sans qu'ils n'aient le temps de m'en empêcher, j'attrape le colis des mains de Loïs et l'ouvre à toute vitesse. 

- Des ours en peluches? 

Je les balance un à un, cherchant quelque chose d'autre en dessous. N'importe quoi, un sachet de drogue, seulement une boite de munitions, n'importe quoi!

- Des ours en peluche? Je me répète, cette fois en fixant les deux hommes face à moi.

Mon cerveau assimile tout. 

- Ils n'ont utilisé leurs armes que quand on était dans la voiture. Ils ne nous ont pas poursuivis. Ils.. PUTAIN! Vous m'avez tendu un piège!

De la fumée pourrait traverser mon crâne tellement je fulmine. L'ours en peluche dans ma main droite est balancé sur le mur face à moi dans une rage inexplicable.

- Il était question de savoir comment tu allais réagir. Tu n'aurais pas pu faire mieux. Notre accord n'aurait aucun sens si je ne pouvais pas te faire confiance lors des missions.

Je fulmine, les ours en peluche sont massacrés par mes bottes. Mais quand je vois le sourire de ce fils de satan, je pète un câble.

- C'est ça, souris! Espèce de crétin, vous êtes tous pareils putain. Allez tous en enfer! Allez tous bruler! 

Son sourire disparait pour laisser place à ses yeux sombres comme les ténèbres. Il s'avance dangereusement de moi mais je ne recule pas. Au contraire, j'avance.

- Tu vas faire quoi à me regarder comme ça? Tu crois que j'ai..

Je suis arrêtée dans ma phrase par sa main qui attrape ma gorge. Il l'a serre si fort que j'en ai du mal à respirer.

- Loïs.

La voix de Mike Carson me semble lointaine tellement les yeux noirs de Loïs me transportent. Ils m'emmènent dans les ténèbres, dans l'enfer qu'il vit.

La main du boss se pose sur son épaule et la seconde d'après je suis relâchée. Je respire à grandes bouffées tandis qu'il ne quitte pas mon regard d'une seconde.

- Fais attention à toi Lérya. 

- C'est.. une menace? Je souffle.

Il ricane avant de tourner les talons. Mike Carson soupire et me dit des choses que je n'écoute pas, trop occupée à regarder ce fils de satan partir.


*******************

Alors là.. je plains les ours en peluches, les pauvres quoi! Ils ont du vivre un traumatisme.

Surtout vu la relation disons.. compliquée entre ces deux là. Qu'est-ce que ça va donner?

Sinon, BONJOUR.

Comment  vous allez?



A la semaine prochaine!

K

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