Chapitre 11
Musique: Not dead yet de LEDGER
***
A mesure où ses yeux se déplacent sur les différentes pages de ce dossier, je déglutis. Qu'est-ce qu'il sait? Qu'à t-il trouvé sur moi? C'est comme s'il lisait à travers moi quand son regard vient s'ancrer dans le mien. Son regard est aussi sombre que son filleul mais ses cheveux grisonnants lui donnent une allure plus.. effrayante. Les cheveux gardent les souvenirs et les siens, doivent contenir de nombreux souvenirs de meurtres, de tortures et j'en passe.
- Bien, me ramène à la raison Mike Carson en s'asseyant derrière son bureau.
Cette pièce est d'un basique moche, un bureau en bois, un siège, des portraits de familles, une armoire, une bibliothèque où se trouvent certainement des livres "Comment tuer une personne pour les nuls".
- Pourquoi t'es-tu enfouies de l'Arizona?
Ses mains croisées sur son bureau en bois, Mike Carson me regarde d'un air indéchiffrable. Je ne dis rien, il est hors de question que je lui parle de toute cette histoire, encore moins de la mienne, sachant de plus qu'il est surement au courant de tout.
- Vous avez oublié de le noter dans votre dossier?
Toujours attachée, je grogne et souffle en le dévisageant. Lui, se marre et finit par se lever. Il s'approche à quelques pas de moi quand son expression devient plus grave, plus.. dangereuse.
- Tu vas le feuilleter toi-même, tu m'expliqueras le vrai du faux de cette manière.
Quelques secondes après, me voilà libérée en train de me masser les poignets. Mike Carson se rassoit. Il s'agirait du moment idéal pour partir en courant ou de sauter par la fenêtre mais je sais qu'il a quelque chose d'important à me dire. Je le ressens. C'est ce pressentiment qui me fait rester là, assise sur cette chaise en bois, face à un grand chef de gang. Il me tend le dossier que je m'empresse d'attraper et d'ouvrir. Sur la première page, on peut y voir ma photo d'identité ainsi que les diverses informations banales: âge, date de naissance, lieu de naissance, coordonnées, parents, besoins médicaux, allergies,..
Cette première page à le droit de me faire remonter mon déjeuner. Cette page annonce déjà beaucoup de choses à mon sujet. Lorsque je tourne la page mes yeux s'embuent, il s'agit d'informations sur mes parents, sur ma famille, de leur naissance à leur mort. Il connait la raison pour laquelle je suis entrée dans le gang des serpents, il sait ce qu'à fait mon père et il sait où, mais surtout, comment est morte ma mère. J'avale difficilement et me reprends, ne voulant rien montrer à ce type qui me fixe sans s'en cacher.
- Comment avez-vous eu tout ça? Je crache.
- J'ai de nombreux contacts. Veux-tu lire la suite où j'abrège de manière orale?
Son ton froid et narcissique me fait m'arrêter le temps de quelques secondes, temps qui semble trop long pour lui.
- Bien. Entrée chez les serpents à cause de ton père, tu as fait tout ce dont ils voulaient afin de libérer ta mère et toi par la même occasion. Malheureusement, les serpents ne laissent personne repartir et ont décidé de tuer ta mère après en avoir eu assez de lui donner leurs restes. Tu l'as appris et à décidé de t'enfuir en changeant d'état. Te voilà donc arrivée ici, dans l'Ohio, pour vivre une nouvelle vie. Là-bas, tu as réussi à dévier des cargaisons d'armes, de drogues et différents trafiques. Tu leurs servais beaucoup.
- Que me voulez-vous? Je le coupe.
Je connais ma vie, chaque détail, chaque chose faite avec eux. Je n'ai pas besoin que quelqu'un me ré explique les choses, jamais je ne pourrai les oublier.
- J'ai un marché à te proposer, il lâche de bout en blanc.
Mon coeur s'alourdit, je me revois quelques années auparavant.
- C'est non.
Je me lève d'un bond, prête à partir et peut-être à nouveau déménager mais Mike Carson m'arrête de sa voix claire et forte.
- Ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne te retrouvent.
Mes yeux viennent le trouver, sa posture n'a pas changée, il semble sur de lui et de son coup. Son regard noir me perce, son expression neutre me fait comprendre qu'il ne plaisante pas mais bien qu'il sait.
- Si j'ai pu trouver toutes ces informations sur toi, eux savent déjà où tu t'es cachée.
- Pourquoi ils sont pas encore là dans ce cas? Je grogne.
Mais au fond de moi, mon coeur bat à la chamade. J'ai peur. Peur que tout dérape.
- Nous sommes le gang en titre dans l'État de l'Ohio, s'ils mettaient, ne serais-ce, qu'un seul pied sur mon territoire, une guerre serait déclarée et ils ne veulent pas d'une guerre. Enfin, pas pour l'instant mais je sais qu'ils en rêvent intérieurement. Ils..
- Ils ont toujours eu le projet de s'agrandir dans le pays, je souffle en regardant le sol.
Mes yeux remontent vers cet homme, ce même homme qui acquiesce sans un mot ou une once de sentiments.
- Quel est votre marché?
Un sourire en coin lui vient tandis que le mien se fane à tout jamais.
- Ta sécurité contre des services.
Un rire nerveux me traverse.
- Comment vous allez vous y prendre? Contre quels services? Il m'en faut plus.
Sur de lui, Mike Carson attrape le dossier à mon nom et le range dans son bureau, là où se trouve d'autres dossiers. Seraient-ce ceux de ses membres ou d'autres gens comme moi? Lorsque son regard noir se pose sur moi, je m'assois. Son aura est grande, effrayante et froide.
- Mes garçons sont les plus redoutés.
- Plus maintenant, je souffle en haussant les sourcils.
Son poing s'abat sur son bureau me faisant sursauter.
- C'est bien pour cela que tu vas accepter ma proposition. Vivre ou mourir Lérya?
Je passe mes mains sur mes yeux, le cerveau en vrac. Mourir ou vivre? La question ne devrait même pas se poser mais là.. Je ne sais plus. Ne serais-ce pas mieux de mourir au final? Tout le monde serait tranquille, je ne mettrais plus personnes en danger. Je n'ai que vingt-et-un ans, je n'ai pas vécu une vie normale, c'est tout ce dont je voulais, tout ce dont voulait ma mère. Maman.. Si elle savait dans quoi je me suis encore fourrée elle m'engueulerait, me mettrait surement une gifle et me ferait une leçon de morale avant de venir me serrer dans ses bras et me dire que tout ira bien. Tout ira bien..
Je lève les yeux de mes mains pour les poser dans cet homme qui n'a pas bougé depuis tout à l'heure. Il attend que je me décide mais au fond de moi, je sais qu'il connait déjà la réponse.
- C'est d'accord.
Sans un sourire ou un mot de bienvenu, super, il avance un papier ainsi qu'un stylo.
- C'est un contrat. Il est noté que tu me rends services contre le fait que je te protège des serpents. Lis le et signe.
Je fais ce qu'il me dit. Comme énoncé, le contrat est clair: des services contre une protection. Son contrat est écrit correctement, signé à la main et tamponné d'une flamme rouge, leur symbole. J'attrape le stylo posé sur le bureau et signe sans réfléchir plus longtemps.
Maman, je finirai par l'avoir ma vie normale, je te l'assure.
- Parfait. Ta première tâche sera dimanche, Loïs t'accompagnera et t'expliquera tout. En attendant, quelqu'un va t'amener à ta chambre.
Mon regard flanche. Pardon?
- Comment ça ma chambre?
Il se lève, appuie sur un bouton sur son bureau et me regard d'un air ennuyé, comme si je l'avais fatigué en si peu de temps.
- Tu vas rester ici ce week-end.
Une personne frappe à la porte et ouvre cette dernière. C'est une femme d'une trentaine d'années je dirais, souriante.
- Anastasia je te présente Lérya. Peux-tu l'emmener à sa chambre s'il te plait?
La fameuse Anastasia acquiesce en souriant avant de poser ses yeux bruns sur moi.
- Suivez-moi.
D'un regard sévère, le chef m'incite à la suivre au pas. Je soupire et la suis.
- Que faites-vous ici? Je ne peux m'empêcher de demander.
Sa chevelure brune attachée en une queue de cheval haute se balance au rythme de ses bras tandis que son corps avance d'un pas rapide vers ma dite chambre.
- Je m'occupe de la cuisine et de l'entretien de cette maison avec d'autres dames. C'est moi qui me chargerai de vous apporter ce dont vous aurez besoin ce week-end ainsi que les prochains jours.
- Je repartirai au campus, je ne peux m'empêcher de corriger.
Toujours aussi souriante, elle acquiesce avant de s'arrêter devant une porte banale.
- Voici, je vous laisse vous installer. Si vous avez besoin de quelque chose, appuyez sur la sonnette de votre table basse.
Elle ne s'en va qu'une fois que j'ouvre la porte. Devant moi se trouve un lit deux places banal, un bureau en bois juste devant ainsi qu'une porte à ma droite. Cette dernière conduit à une salle de bains privée dans les tons blancs. Une pile de vêtements est placé sur le lit. Je soupire en cherchant mon téléphone mais je ne le trouve pas, ils me l'ont probablement pris.. Un énième soupire traverse mes lèvres avant que je ne décide de prendre les vêtements et de partir prendre un bain brulant. Peut-être qu'il me brulera assez pour dissoudre mon corps?
Je ne sais pas combien de temps passe entre mon moment détente dans mon bain et le moment où Anastasia revient. Elle m'apporte mon souper et je la remercie.
- Est-ce que je suis enfermée? Je lâche avant qu'elle ne s'en aille.
Armée de son sourire éclatant elle secoue la tête. C'est une bonne chose, je peux m'en aller de cette pièce mais ai-je seulement envie de sortir? Je pourrais croiser n'importe lequel d'entre eux ou pire, ce maudit Loïs.
Anastasia s'en va par la suite me laissant à nouveau seule dans cette pièce. Au repas: blanc de poulet, pommes de terre, salade mixte et pain blanc. Cela accompagné d'une carafe d'eau. Je ne me fais pas prier et dévore toute l'assiette! Je finis à peine mon repas que la porte de la chambre s'ouvre.
- J'ai rien demandé comme dessert, je peste en le fusillant du regard.
Il ne me regarde même pas et se contente simplement de venir se placer face à moi, me surplombant de toute sa hauteur. L'enfoiré!
- Tu vas écouter bien sagement car je ne me répèterai pas. Dimanche quelqu'un viendra te donner des affaires, sois prête quand j'arriverai. Il s'agit d'un échange banal de cargaisons, contente toi de rester derrière moi et de ne rien dire.
- Je ne sers à rien dans l'histoire quoi, je réplique.
Son regard noir me trucide mais je n'en démords pas. Maintenant, il ne peut rien me faire. Je n'ai pas peur de lui ou des autres, jamais ça n'arrivera.
- Oh que si, il ricane froidement. Tu vas aller chercher le colis dont nous avons vraiment besoin.
Mes sourcils se froncent. Quel colis? Comment vais-je faire cela? Où est-ce que cela se déroulera?
- Comment? Je souffle.
Il lève les épaules en signe "Je m'en foutiste" avant de tourner les talons.
- Espèce de chien, je peste.
La porte se réouvre à mon grand malheur.
- Répète un peu.
Loïs attrape mes cheveux d'une poigne et me fixe de ses yeux sombres. Son visage est dénué de joie, simplement rempli de haine. Je ne dis rien, me contentant de le fixer tout aussi durement. Sa main tire plus fortement sur mes cheveux, intérieurement je grimace mais au grand jamais je lui montrerai que j'ai mal. Il peut se foutre le doigt là où je pense!
- T'es qu'une lâche, une merde! Il aurait du te tuer, il crache ou plutôt, il grogne.
- Ça montre que j'avais raison, tu n'es qu'un chien et c'est une façon gentille de dire que tu es un enculé de première, je crache à mon tour.
Sa main droite lâche mes cheveux pour emprisonner ma mâchoire. Ses doigts s'enfoncent dans ma chair mais mon regard ne le quitte pas d'une seconde.
- Va à la merde!
Ma mâchoire va finir par exploser sous la force de ses doigts mais après un regard des plus sombres il me pousse sur le lit et claque la porte derrière lui. Instinctivement, je me dirige vers la salle de bain et place de l'eau froide sur ma mâchoire. On y voit les traces de doigts de ce tocard mais pour l'instant, pas de couleur jaune ou bleue. Espérons ne pas encore avoir une marque de ce connard.
De nouveau sur mon lit je ne peux m'empêcher de divaguer dans diverses pensées. La première étant ma colocataire, elle doit m'harceler par message, peut-être même croire que je suis morte. Est-ce que quelqu'un l'a prévenue que je ne reviendrais, normalement, que lundi? Ce serait con qu'elle appelle les flics pour une disparition. Quoi que..
S'ensuit une pensée vers lui, Loïs, et son comportement des plus agréables. Évidemment, c'est de l'ironie, ce type n'est rien d'autre qu'une merde sans cœur, sans âme et sans sentiments. Son corps n'est rempli que de vide. Ressent-il ne serait-ce qu'un peu de compassion lorsqu'il tue de sang froid? Intérieurement, je connais déjà la réponse, c'est bien évidemment non. Comme si un monstre comme lui pouvait ressentir la moindre émotion pour une personne qui n'est pas lui.
Je soupire en m'affalant sur le lit, assez confortable faut se le dire. Ce week-end ne va être que joie, amour et paradis.
-Mort de rire, c'est aussi probable que de voir Loïs habillé en princesse.
Je me parle à moi-même et c'est génial! Deux secondes après, je soupire à niveau. Je m'ennuie déjà.
***************
BONJOUR!
Que dire à part ??? Une protection contre des services?
Sérieusement, pensez-vous réellement que tout va être si simple?
Je vous en dis pas plus mais méfiez-vous de l'eau qui dort.
A la semaine prochaine!
K
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top