Chapitre 10

Musique: Higher Ennemis (Mashup) - The Score

***

Une semaine et demi s'est écoulée depuis la dernière soirée. Je ne sais toujours pas qui était cette personne dans le couloir, aucune des filles n'a entendu ou vu quoi que ce soit selon Anna. Après ce moment-là, j'ai mis du temps à m'endormir, tellement de temps que le soleil se levait et que les premiers étudiants se préparaient dans les douches. J'ai fini par m'endormir d'épuisement mais au moindre son de porte je me réveillais en sursaut, m'attendant parfois au pire comme lui, son arme braquée sur mon front. Cependant, la seule personne qui s'est trouvée au-dessus de moi était Anna, un air énervé sur le visage.

-On va rater les meilleures portions de frites, m'avait-elle dit.

Sur le coup, j'étais énervée mais maintenant que j'y repense, ça me fait bien rire. Anna semble avoir oublié le dernier épisode en boîte, elle continue sa vie naturellement sans se soucier de rien. Si seulement je pouvais faire pareil mais après l'événement du couloir, je suis complètement sur les rotules, à l'affût de tout.

J'ai donc totalement changé mon plan, je continue les affiches mais cette fois sans attendre plus longtemps, je lâche tout d'un coup afin de faire le plus de bruit possible puis je ne lance plus rien quelques jours avant de recommencer.
En une semaine et demi j'ai eu le temps de faire courir pas mal de rumeurs telles que l'homosexualité de Loïs, leurs armes en plastiques (seulement celles qu'ils ont sont réelles), il a peur du sang, dans le gang ils se piquent afin de gagner en force et en gonflettes. J'ai aussi insinué que Loïs hésitait à reprendre le gang ou à partir vivre son rêve de gay libre en Europe et d'y trouver le grand amour.

Il s'agit de conneries en tout genre mais bizarrement, avec mon incroyable talent de comédienne, les étudiants y croient. Comment je sais qu'ils y croient? Simplement en les voyant agir, ils sont de plus en plus à l'aise avec moi, ils viennent de plus en plus me parler. En soirée, j'ai pu constater les regards aguicheurs de certains mecs envers Loïs, les gens ne s'écartent plus lorsqu'ils arrivent, c'est limite si des types bourrés n'essayent pas de les chauffer pour une bagarre. Heureusement pour moi et mes mensonges, la sécurité les a toujours mis dehors avant qu'ils ne tentent quoi que ce soit. D'ailleurs, je pense que ma couverture n'a pas été découverte, personne n'entre dans mon chemin, personne ne m'a vu déposer les affiches. La blonde qui me regardait bizarrement il y a deux semaines de ça, n'est plus là du moins, je ne l'ai plus jamais revue.

Alors aujourd'hui est une journée qui s'annonce bonne. Non seulement on est jeudi et donc c'est bientôt le week-end mais en plus de ça, je suis invitée à une soirée étudiante samedi soir! Comme quoi, ma nouvelle vie semble seulement démarrer maintenant au final.

- Lérya.

Je regarde Anna d'un air dubitatif.

- Pourquoi tu chuchotes?

Il ne lui faut pas une seconde de plus pour placer sa main sur ma bouche. Qu'est-ce qu'il lui prend?

- Tu vas te taire et ne pas bouger, elle souffle, son regard vert ancré dans le mien.

J'acquiesce sans comprendre mais fais ce qu'elle me dit. Il doit y avoir une raison et elle finira par me l'expliquer.

- Maintenant, on va vite s'en aller.

- Pourquoi? Je chuchote à mon tour.

Son regard dévie de mes yeux à quelque chose derrière moi. Á la vue de son expression je me doute qu'il ne s'agit pas de glaces gratuites. Merde, qu'est-ce qu'il se passe?

- Loïs est là. Et si tu veux mon avis, il n'a pas l'air très content.

Mes yeux s'arrondissent mais je ne bouge pas, il ne faudrait pas qu'il me reconnaisse. Il en serait fini de moi.

- Ok, allons-nous en!

Il ne nous en faut pas plus pour déguerpir au plus vite du banc sur laquelle nous mangions et nous réfugier dans notre chambre.

- Merde, pourquoi il est là tu crois? Je demande en m'appuyant sur la porte.

Ma colocataire lève les mains en l'air, signe d'incompréhension.

- Merde, j'espère que ce n'est pas pour moi.

Je regrette instantanément mes mots lorsque je vois le visage d'Anna se métamorphoser.

- Je rigole évidement!

Mon rire est nerveux mais j'essaye de la rassurer du mieux que je le peux. Ma main vient caresser son bras mais s'arrête instinctivement au son de la porte. Anna et moi nous tournons en même temps vers la porte où quelqu'un est en train de frapper. Mon index sur la bouche et mes yeux ronds font comprendre à Anna de ne faire aucun bruit. Bordel, qui est-ce?

- Ouvrez la porte ou je l'enfonce.

Je reconnais instantanément cette voix. Rocailleuse, méchante, acerbe, il ne s'agit que de Loïs. Merde! Mon cerveau est en ébullition, je ne sais pas quoi faire. Passer par la fenêtre? Attendre qu'il pète la porte? Lui ouvrir?

- Je vais lui ouvir, cache-toi, me chuchote soudainement Anna.

Je lui fais de gros yeux mais elle est déjà occupée d'avancer vers la porte. Mon corps agit sans attendre, je tourne en rond à la recherche de la meilleure planque et me fourre dans un coin où il ne me verra pas une fois la porte ouverte. C'est sur que ça ne va pas fonctionner putain. Il n'est pas bête!

- Oui? Demande ma coloc.

Mon sang pulse dans mes veines, je suis sur qu'il peut entendre mon rythme cardiaque d'où il est.

- Où est-elle?

Bizarrement sa voix est calme. Il fait le gentil pour amadouer Anna! L'enflure.

- Elle est en cours.

Un silence long comme mes mensonges se fait. Je respire à peine, évitant de faire le moindre bruit.

- Bon, ça me casse les couilles de faire mon poli. Lérya, soit tu sors de ta cachette soit je cogne cette charmante demoiselle. La malheureuse, elle tremble.

C'était sur! La haine s'empare de mon corps. Comment peut-il menacer une personne qui n'a rien fait dans l'histoire? Je veux qu'il sombre, pire, qu'il crève.

- D'où tu connais mon prénom? Je crache en me plantant aux côtés d'Anna.

Le sourire qui naît sur ses lèvres me renferme un peu plus dans ma colère. Il est dédaigneux, déjà vainqueur, fier et j'en passe. Il me dégoute, je lui cracherais bien à la tête.

- Si tu savais, il se marre.

Il soupire goulument, craque sa nuque avant de nous pousser Anna et moi. Il m'attrape par le cou tandis que ma colocataire s'époumone à lui demander de me lâcher et de ne rien me faire.

- Qu'est-ce que t'essaies de faire au juste? Tu veux faire peur à qui? Je grogne.

Son sourire machiavélique se fait plus grand alors qu'il me soulève dans les airs. Ses doigts se resserrent autour de ma gorge en même temps que mes mains agrippent les siennes. Je suffoque.

- Premièrement, tu vas fermer ton horrible gueule. Deuxièmement, tu vas arrêter ton petit jeu de merde et troisièmement, tu vas gentiment faire ta petite salope en allant supprimer toutes les jolies choses que tu as écrite sur mon gang et moi.

Je lui plante mes ongles dans la peau de son bras mais il s'en contre-balance, il continue de me malmener avec son sourire et son regard aussi noir que mes chaussures. Une bataille de regards se lance alors que je peine à respirer correctement. Je garde la tête haute et le fusille. Si je dois mourir, il mourra aussi, c'est une promesse. Quelques secondes plus tard, sa prise se défait me laissant tomber à même le sol. Les mains sur ma gorge je reprends des goulées d'air correctes et me relève. Jamais je ne resterai à terre.

- Si j'apprends encore une seule chose, crois-moi que tu finiras avec une balle dans la tête.

Je le fusille des yeux, sentant encore ses mains sur ma gorge. Il se permet de poser ses sales mains sur moi et d'y laisser des traces, encore. Cependant, je connais les types comme lui.

- Vas-y seulement, je pouffe. Enfonce moi ta balle dans le crâne, j'attends.

Son front se colle au mien d'une telle force que je me sens reculer contre mon bureau. Ce n'est qu'après que je constate son pistolet collé à ma tempe.

- Ah ouais, c'est ce que tu veux ma belle? Ça arrivera plus vite que tu ne le pense t'inquiètes pas.

Son canon s'appuie beaucoup plus fort sur ma tempe alors que ses yeux me montrent toutes les horreurs qu'il aimerait me faire. Sous un dernier coup de canon, il tourne les talons me laissant là, remplie de marques avec une Anna qui pleure à s'en étouffer.

Tout naturellement, je touche l'endroit où ses doigts étaient posés quelques instants plus tôt. Je soupire en relevant les yeux vers une Anna complètement affolée. Il faut que je la calme ou les filles de l'étage vont se poser des questions. 

- Calme-toi, tout va bien. Je vais bien, je souffle en la prenant dans mes bras.

Moi qui pensais la calmer c'est l'inverse. Ma rouquine se met à pleurer encore plus fort sur mon épaule, la noyant par la même occasion.

- Il.. il allait te tu..tuer!

Bizarrement, ce mot me fait ni chaud ni froid. Tuer, mourir, au final ça revient au même. 

- Je ne suis pas morte, jamais il ne le fera.

- Bien sur que si Lérya! Ressaisis-toi merde!

La haine qui surgit de sa bouche m'impressionne mais son expression est vite transformée en pitié.

- Lérya, il va te tuer..

Je souris à cette énonciation. Bien sur que non.

- S'il voulait le faire, ce serait déjà fait. Il se passe quelque chose et je le saurai bien assez vite.

Anna ne semble pas comprendre et moi non plus d'ailleurs. Qu'est-ce que l'on me cache? Pourquoi ne m'a t-il pas tuer alors que c'est ce qu'il voulait le plus faire au monde? Son regard noir, aussi sombre que les ténèbres me déstabilise toujours autant. C'est à peine si on peut s'y voir à travers, je n'avais encore jamais vu un tel regard.

- Ne t'en fais pas pour moi Anna, concentre toi sur tes études. Tu vas devoir me supporter encore un paquet de temps, je ricane.

Un sourire triste se dessine sur son visage avant qu'elle ne vienne le cacher dans mes bras. Voir Anna aussi triste et perdue me donne envie de tout casser, surtout sa tête de con. Elle n'a rien avoir dans l'histoire, il aurait pu attendre que je sois seule pour tenter de m'effrayer. C'est vraiment une enflure. S'il pense qu'il va réussir à me faire peur et à me faire arrêter le pourquoi du comment j'en suis là, il se met le doigt dans l'oeil. Je ne vais pas arrêter au contraire, je compte bien le lui montrer..

***

Le lendemain matin, armée de mon écharpe, j'entre dans l'établissement principal avec un énorme sourire scotché aux lèvres. Comme prévu, tout le monde se trouve devant le panneau d'affiche en train de murmurer et de se jeter des regards en coin.

- Toi! Je pointe un type du doigt. Quel mensonge à été dit aujourd'hui? 

Le type déglutit mais se lance. Intérieurement, je hurle de joie.

- Qu'un meurtre va se produire ce week-end, un faux meurtre. Les Red flames espèrent retrouver notre peur, comme avant.

Je lève les yeux au ciel dans un ultime acting.

- Encore des conneries. Je vous apporterai du sang si vous le souhaitez tant, je pouffe.

Je m'en vais ensuite sous les regards à la fois perplexes et surpris des étudiants. Ce n'est pas la meilleure affiche que j'ai faite mais en quelques heures je n'ai trouvé que cela. Dans tous les cas, cette nouvelle information va faire le tour ducampus et ça, à mon plus grand plaisir.

- Lérya Might est demandé au bureau du Directeur.

Je m'arrête devant mon amphi en soupirant. Qu'est-ce que j'ai fait encore? Je suis les directions et me dirige vers le lieu indiqué. Le bureau du Directeur se trouve au premier étage, heureusement pour moi, à l'entrée du bâtiment principal. Un coup sur la porte et on me hurle d'entrer. Ah.

- Bonjour, je soupire en entrant.

Un sac, deux bras.

Un sac se place sur ma tête et deux bras m'immobilisent les membres supérieurs. 

- Vous faites quoi?!

Je crie et me débats mais la personne me lie les mains d'une telle force que j'en ai le souffle coupé. Je ne vois absolument rien, mes sens sont en arrêts, je ne vois rien, n'entends rien, ne sens rien et ne touche rien. J'essaye de reculer mais un corps, ou plutôt un mur, m'arrête net. Pour le coup, je perds un peu de mon courage et de ma confiance.

- Vous êtes qui bordel? Vous me voulez quoi?!

Aucune réponse, seulement le bruit de mes propres respirations. Soudain, mon corps est surélevé et mes mouvements sont complètement bloqués. Bouger le moindre doigt ou le moindre orteil semble impossible. Le souffle court, je tente de reprendre mes esprits et cesse de bouger, j'écoute tout ce qui m'entoure afin de garder en mémoire le plus de détails possibles concernant les personnes et les lieux dans lesquels ils m'emmènent. Je suis balancée dans un coffre sans aucune délicatesse pour mon pauvre corps, mon cri de douleur étouffé à travers le scotch placé sur mes lèvres. Les portières claquent et le bruit du moteur retentit. En position foetale dans ce coffre, complètement aveuglée, attachée et sans savoir parler, je peste intérieurement. Je me suis faite avoir comme une bleue. 

Le temps passe et toujours aucune voix à l'horizon, seul le bruit du moteur me parvient. C'est seulement quand la voiture s'arrête que je comprends que je suis réellement en train de me faire enlever. Dans un endroit que je ne connais pas, par des gens inconnus au bataillon. Je me débats à nouveau, essayant de dégager mes poignets de cette corde afin de les prendre par surprise mais impossible, je suis trop bien ligotée. Le coffre s'ouvre la minute d'après et mon corps s'envole. Le scotch m'est arraché la seconde qui suit.

- Je vais tous vous castrer! Je hurle sans attendre.

Un rire résonne, je me tais. C'était un rire si.. diabolique. Où suis-je putain? Mon pauvre corps est balancé dans un fauteuil avant que le sac noir ne me soit retirer de la tête. Mes yeux papillonnent et s'acclimatent rapidement à la lumière. Devant moi trois gars, trois types que je fusille du regard, que j'insulte mentalement et que je torture dans mes rêves. 

Lui, Loïs et deux de ses membres sont là face à moi, l'air ravi.

- Je vais vous détruire, je grogne tout en me débattant.

- Economise tes forces pour le jeu de la chasse, lâche soudain un des types.

Je déglutis. Le jeu de la chasse? Ce même type explose de rire en me pointant du doigt.

- Amène-le plus près que je te l'arrache, je peste.

Il approche l'air menaçant mais Loïs l'arrête subitement.  

- Bon chien, je pouffe.

Le type me fusille du regard, prêt à m'étriper tandis que je souris. J'adore ça.

- Tiens toi à carreaux, le boss arrive, réplique Loïs, le regard toujours aussi sombre.

- Il me veut quoi votre boss? Qu'est-ce que des abrutis comme vous me veulent putain?!

- Les abrutis comme tu le dit si bien, veulent passer un accord avec toi Lérya.

Mon regard cherche cette voix. Je scrute la pièce jusqu'à apercevoir un homme d'une cinquantaine d'années, le regard aussi sombre que Loïs. Habillé d'un costume noir, il lie ses mains derrière son dos et se place face à moi. Il s'agit de Mike, Mike Carson, le chef des flammes rouges.

- D'où me connaissez-vous? Je souffle en levant la tête.

Mike Carson me sourit d'un air faussement bienveillant. Il va faire des magouilles, je le sens.

- Je voudrais d'abord me présenter veux-tu? Je suis Mike Carson, j'aime énormément ma famille, j'ai une belle famille dont un filleul. J'aime aussi la nature ainsi que la musique mais vois-tu Lérya, il y a des choses que je n'aime pas. Sais-tu lesquelles? 

Sa posture me montre qu'il est confiant, froid et qu'il connait déjà la suite de cette histoire. Tout est programmé, dans les moindres lignes. Je pourrais dire tout et n'importe quoi, je suis faite comme un rat.

- Quand votre plan cul simule je suppose, je grommelle.

Un sourire se dessine sur son visage ridé avant qu'il ne s'assoit sur une chaise, de sorte à être à mon niveau.

- Je n'aime pas quand on invente des rumeurs sur mes membres ainsi que sur mon gang. Je n'aime pas qu'une petite âme en peine me mette des bâtons dans les roues mais surtout, je n'aime pas les personnes qui s'enfuient. Les fugitives ne m'ont jamais attirées vois-tu.

Mon sang se glace, dire que je ne redoute pas la suite serait mentir. Serait-il au courant de toute mon histoire? Les a t-il déjà prévenu? Bordel de merde, comment est-il au courant?

- Comment.. vous?

Mes mots se chamboulent dans ma tête, je ne sais pas quoi dire ni même quoi penser. 

- Lérya Might, vingt-et-un ans, originaire de l'Arizona, plus précisément de Phoenix et anciennement connue comme une serpent.

Son sourire me fait déglutir, ses yeux noirs ne me quittent pas d'une semelle pendant qu'il claque des doigts ordonnant à ses sbires de quitter la pièce. J'abdique et dévie le regard, suivant ces hommes passer la porte. Loïs est le dernier à partir non sans avoir manqué de me fusiller de son regard noir.

Un bruit sourd me fait tourner la tête où je trouve un dossier placé sur le bureau du chef Carson, dossier où j'y lis en gros titre: 

Lérya Might.


**************

BOOM! Bonjour.

Négocier un accord? Qu'est-ce? Comment?

Je sais pas vous mais ça semble puer tout ça. 

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre? Ça va déraper ou..?

A dimanche pro!

K

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