Chapitre 6

Milo

J'eus du mal à quitter des yeux le dos du jeune homme épuisé qui se hâtait vers la sortie et la fin du cauchemar qui avait violemment impacté sa journée. Je ne pouvais lui en vouloir de se précipiter hors de la Crim. Lui avait été projeté malgré lui dans la violence et devait avoir hâte de retrouver le cours normal de sa vie contrairement à nous, qui avions choisi de nous y confronter chaque jour, et devions seulement l'endurer. Pierrick grogna à côté de moi pour attirer mon attention et je me retournai.

- Alors? m'interrogea-t-il.

- Alors nous avons une identification pour la victime... Serena Caron, dix-neuf ans, étudiante en première année de psychologie. Ses parents ont été prévenus et sont en route pour l'hôpital, ils vivent à Orléans. Nous pourrons les interroger là-bas ce soir ou demain.

Pierrick grimaça franchement.

- Tu en espères quelque chose?

- Honnêtement ? Non, pas vraiment. Les faits sont trop proches. Tout concorde alors, à mon avis, on est sur le même schéma. Une attaque au hasard sur une victime inconnue par son assaillante, pour des raisons inconnues.

- Un hasard déclenché par le même facteur, tout de même, précisa Pierrick. Le lien est le physique de la victime, une nouvelle fois.

J'opinai à regret. Les affaires où le lien entre l'agresseur et la victime n'existait pas étaient les plus difficiles à résoudre et celle-ci, avec cette folie à laquelle nous ne parvenions pas à donner un nom, promettait d'être la plus complexe que j'avais jamais connu.

- Il t'a appris quelque chose? demandai-je en désignant le hall par lequel notre jeune témoin avait disparu.

Mon ami fit la moue, ses bajoues en devenir tressautant sous le mouvement.

- Pas vraiment... Dans l'ensemble, je pense qu'il nous a dit la vérité, mais...

- Mais quoi, relevai-je, immédiatement intéressé. Sous son apparence débonnaire, Pierrick était un fin psychologue et s'il sentait une réticence de notre témoin, nous devions absolument l'élucider.

Pierrick me fit signe de le suivre et il se mit en marche jusqu'à la salle de réunion que nous avions privatisé pour y travailler. Je suivis, pendu à ses lèvres, pendant qu'il réfléchissait à haute voix.

- Il y a un truc qui cloche chez lui, je le sens. Pour commencer, j'ai interrogé une dizaine d'autres témoins ce matin et certains étaient juste derrière l'attaque. Personne n'a vu le couteau, personne n'a rien remarqué avant que le jeune Léonard se mette à gueuler. Il y avait un monde fou, du bruit, du mouvement, ça n'a rien d'étonnant.

Il se tourna vers moi en poussant la porte de l'épaule.

- Et là, lui qui était à au moins cinq mètres a réussi à remarquer l'arme à travers la foule, à comprendre ce qui se passait et à donner l'alerte. Ça me paraît un peu gros... Et je ne sais pas, mon instinct me dit qu'il ne nous a pas tout dit.

Je m'assis sur un des fauteuils en y songeant.

- Tu penses qu'il était plus près, en réalité ?

Il y pensa une seconde puis secoua la tête. 

- Non, sinon les autres l'auraient remarqué. Mais s'il regardait précisément notre agresseuse, s'il la suivait des yeux de loin, alors là ça aurait été logique. Dans le cas contraire, le hasard est un peu fort. 

- Peut-être qu'elle lui plaisait ? Elle était plutôt jolie, non? Un peu âgée pour lui, mais bon... 

Pierrick me regarda avec mépris, les sourcils levés et ricana.

- Ton gaydar est à chier, mon pote. Je ne suis pas homo mais même moi j'ai compris qu'il jouait dans ton équipe. Je ne pense clairement pas qu'il la suivait pour se la taper. Si j'en crois les regards langoureux que notre témoin te lançait, c'est plutôt toi qu'il aurait envie de traquer dans les rues de Paris. Non, il y a autre chose. 

Je réfléchis en plissant le front.

- S'il la suivait, ça expliquerait aussi pourquoi il a essayé de l'arrêter. Je veux dire, allez... Le mec est taillé comme un lapin de six semaines. Il n'a aucune formation, aucun entraînement, et pourtant il a tenté de s'interposer alors qu'elle était armée.

Pierrick gratta sa barbe inexistante.

- Il y a des gens courageux.

- Oui mais tu sais aussi bien que moi qu'en l'absence de formation, les civils ont plus tendance à se figer ou fuir qu'à s'impliquer devant un évènement soudain. Et ça n'a rien à voir le courage, c'est plutôt un réflexe instinctif, une sidération du cerveau. Mais c'est différent quand la personne a été entrainée à réagir. Ou bien lorsqu'elle n'est pas surprise, justement. 

- J'ai demandé à la RATP et à tous les magasins du secteur de nous fournir les images de leurs caméras de surveillance. Le quartier en est blindé, c'est déjà ça. On va se faire chier à les visionner mais ça peut valoir le coup. Si notre témoin a eu un comportement suspect, nous devrions pouvoir le repérer. 

Je hochai la tête. Toute cette affaire n'était qu'un vaste bordel de bizarreries et chaque piste, si minime soit-elle, était bonne à prendre. Y compris si seule la justifiait l'instinct de flic de mon coéquipier.


La journée n'avait pas très bien commencé pour moi et ne faisait qu'empirer depuis mais face à l'homme assis devant nous dont la vie entière venait de s'écrouler, je n'avais pas envie de pleurnicher sur ma lassitude et mon envie de décrocher. L'identité de la meurtrière avait été rapidement établie par la légiste, grâce aux papiers trouvés dans le sac à main. Le corps de Delphine Piacet, quarante-deux ans, responsable financière dans une SSII, était actuellement à la morgue de Paris, quai de la Rapée, en train d'attendre une autopsie ultra prioritaire, selon l'ordre du préfet. Et quand à nous, nous avions devant nous son mari incrédule et éploré.

Les agents en bleu que nous avions chargé d'aller le chercher à son travail lui avaient annoncé la terrible nouvelle, ce dont j'avais été lâchement soulagé de ne pas avoir à me charger. Deux heures plus tard, il tenait de justesse sur le fil pour ne pas s'effondrer. En d'autres circonstances, nous lui aurions peut-être laissé quelques heures de plus avant de l'interroger mais nous n'avions pas ce luxe. Nous devions établir très vite si oui, ou non, les actes de sa femme étaient liés aux précédentes affaires, ou s'il ne s'agissait que d'un terrible hasard auquel personne ne croyait. Et s'il s'agissait bien du quatrième meurtre de la série, le temps nous était compté avant que la foudre ne tombe à nouveau dans les rues de Paris. Cette enquête ne ressemblait à rien de ce j'avais connu mais Pierrick et moi étions d'accord sur la méthode. Dans cette étrange série de meurtres, et à rebours des affaires classiques, ce n'était pas dans les vies des victimes qu'il était urgent de creuser, mais bien dans celles de leurs meurtriers.

- M. Piacet? Vous êtes prêt à répondre à nos questions?

Pierrick amorça la conversation en douceur. Il s'était chargé de l'enregistrement de notre veuf et des autres paperasseries à son arrivée et nous pouvions attaquer. L'homme, un cadre en costard cravate qui, à cet instant, avait perdu tout son dynamisme, hocha la tête convulsivement, la main crispée sur un kleenex usagé et le regard égaré.

- Ou...Oui.

- Je vous en remercie. Nous avons conscience que les circonstances sont difficiles pour vous.

- Je... Je ne comprends pas... Les autres policiers ont dit que Delphine avait... tué quelqu'un? Qu'elle s'était suicidée?

Pierrick hocha la tête avec compassion et répondit doucement.

- Je comprends que ce soit difficile à croire et je suis désolé de ce que vous vivez, monsieur Piacet. Ils ont dit vrai, Delphine a attaqué une jeune femme dans la rue. Son nom est Serena Caron, elle était étudiante à Paris Cité, en psycho. Est-ce que vous la connaissiez?

Je scrutai son visage défait mais il ne laissa paraître aucune lueur de reconnaissance à l'entente de ce nom, comme nous l'avions supposé. Il semblait juste abasourdi et sous le choc et malgré sa déception à ce revers attendu, Pierrick enchaîna sans ciller :

- Pouvez-vous nous parler de Delphine? Depuis combien de temps étiez-vous mariés?

- Ça fera dix ans en mai...

Il déglutit et une larme coula sur sa joue sans qu'il ne cherche à la retenir.

- Ça fera... ça allait faire. Putain, je ne sais même pas comment dire ça!

Il avait quasiment crié et nous échangeâmes une grimace discrète avec mon coéquipier. Nous avions besoin d'informations mais il était clair qu'au vu de son état, nous allions devoir aller à l'essentiel, quitte à y revenir dans un second temps.

- Je suis désolé, répéta Pierrick. Pouvez-vous me dire comment allait Delphine ces derniers temps? Avait-elle des problèmes de santé?

- N...non. Je ne pense pas.

Il fronça les sourcils.

- Elle m'en aurait parlé. Tout allait très bien. Elle tombait rarement malade.

- Et au travail? Avait-elle des soucis? De la pression, du stress?

- Comme tout le monde, non?

Il passa une main tremblante sur son visage, l'autre toujours enroulée sur son mouchoir.

- La crise du COVID a pas mal impacté le secteur d'activité où elle travaille et elle a beaucoup de pression. Avait... Merde. Mais son travail n'était pas en jeu, il n'y avait pas de rumeurs de licenciements ou autre et elle appréciait beaucoup l'ambiance et son équipe. Elle... elle est... était... très sociable.

Il leva des yeux noyés vers nous.

- Quelqu'un a prévenu ses collègues? Ils vont être effondrés, elle était très appréciée. Et ses parents? Sa mère... 

Il pressa fortement les paupières.

- Sa mère est malade, elle a une BPCO. Ça va la... la détruire. Et les enfants. Mon dieu, j'ai oublié les enfants! Quelle heure est-il?

Il fit mine de se relever et Pierrick l'arrêta d'un geste qu'il tâcha de rendre le plus calme possible.

- Vous nous avez déjà donné les coordonnées de ses parents ainsi que celles de l'école et de la baby-sitter des enfants, vous vous en rappelez? Quelqu'un va s'en occuper, ok? Vous pourrez vite rentrer chez vous pour les retrouver.

L'homme se rassit maladroitement et hocha la tête comme une marionnette. Il palissait de minutes en minutes et je me demandai s'il allait tenir le coup. Ce ne serait pas la première fois que je serais contraint d'appeler les secours pour la famille d'une victime mais j'avais plus rarement eu à le faire dans le cas d'un meurtrier. Mais Delphine Piacet était morte, elle aussi, et tout comme les trois autres qui l'avaient précédés, je ne comprenais pas comment elle en était arrivée à basculer. Il était difficile pour moi de ne pas compatir avec son époux dévasté et de penser aux enfants qui allaient devoir vivre le reste de leur existence avec la conscience du fait que leur mère avait tué quelqu'un, avant de se donner la mort. Je repris le fil de l'interrogatoire.

- Monsieur Piacet, Delphine était-elle déprimée? Aviez-vous des soucis de famille ou de couple?

Il secoua la tête avec ferveur et déglutit.

- Mais non, pas du tout. Elle allait bien. Nous allions bien tous les deux.

Il réprima un sanglot et serra les paupières avec force.

- Nous avions prévu un voyage tous les deux pour nos dix ans, elle voulait partir en Thaïlande et je préférais le nord de l'Europe. La Thaïlande il fait trop chaud mais j'étais prêt à tenter si cela la faisait rêver. Je... Je suis souvent en déplacements professionnels alors quand je suis là, j'essaye de la rendre heureuse. 

- Vous travaillez pour la FIFA, c'est bien ça?

Il fit un geste flou.

- Un sous-traitant, en fait. Mais je m'occupe effectivement des contrats liés à la diffusion des droits télé du football. Je suis souvent amené à me déplacer sur place lorsqu'il y a de gros évènements, comme la coupe d'Europe et la coupe du monde.

- Ça devait être difficile pour votre femme, avec deux jeunes enfants, avança Pierrick. Quel âge ont-ils?

- Trois et six ans. Et oui, ça pouvait être un peu compliqué mais nous nous étions habitués. Elle était habituée. Et je bouge moins, depuis un an, j'ai demandé à mon employeur de ralentir le rythme pour la soulager.

Il paraissait un peu plus stable. Parler de son travail et de leur organisation familiale l'avait un peu apaisé alors je tentai de revenir en douceur sur des sujets plus difficiles.

- Delphine n'avait pas de traitement médical, donc? Est-ce qu'elle s'est déjà drogué, à votre connaissance?

Il ouvrit de grands yeux marbrés de rouge.

- De la drogue? Mais bien sûr que non! Pour...pourquoi?

- Nous essayons de comprendre... Delphine a agressé une jeune femme à coups de couteaux avant de retourner l'arme contre elle. Nous tâchons de savoir ce qui a pu l'amener à commettre une chose pareille. Une prise de drogue ou de médicaments pourrait peut-être constituer une piste. 

Il secoua à nouveau la tête et je le vis serrer les mâchoires, refusant de d'admettre les paroles de Pierrick.

- C'est n'importe quoi. N'importe quoi! Ma femme ne ferait jamais une chose pareille... N'aurait jamais... Merde...

Il éclata en gros sanglots bouillonnants et nous échangeâmes des regards secoués avec mon collègue. Cette partie du boulot était toujours émotionnellement éprouvante et j'avais beau me blinder, prendre la détresse des familles en pleine gueule n'était pas ce que j'appréciais le plus dans mon métier. Après quelques minutes, il finit par se calmer. Pierrick lui tendit un nouveau mouchoir et il souffla dedans avant de reprendre son souffle heurté, noyé dans son chagrin et son incompréhension.

- Delphine ne se droguait pas et ne prenait aucun traitement. Je l'aurais su. Elle avait un comportement juste... Normal... Elle était heureuse. Nous nous disputions parfois mais c'était rare et elle adorait les enfants. Elle ne les aurait jamais abandonné... comme ça. Et elle n'était pas violente, pas du tout. Elle ne voulait même pas regarder la boxe avec moi, elle disait que c'était trop pour elle.

- Vous êtes sûr pour la drogue? insistai-je. Des gens de milieux très variés peuvent en consommer, dans tous les secteurs professionnels. La cocaïne, par exemple. Si son travail était prenant et stressant...

- Non, non. Je suis sur que non. Je fumais parfois, avant d'avoir les enfants. De la beuh je veux dire, en soirées... Et elle n'a même jamais voulu tester.

Il renifla.

- Elle détestait perdre le contrôle. Elle ne boit presque pas pour les même raisons. Buvait.

Une nouvelle crise de larmes le secoua et d'un coup d'œil navré, Pierrick et moi convînmes d'arrêter là. Nous serions amenés à recommencer, et le calvaire de ce pauvre homme était loin d'être achevé, mais pour le moment, nous n'allions rien en tirer de plus. J'avais quand même quelques dernières demandes, essentielles à la poursuite de l'enquête.

- Monsieur Piacet? Je voudrai vous montrer une photo de la vic... De la jeune femme blessée. Pourriez-vous me dire si vous la connaissez ?

Il hésita puis opina à peine, les yeux larmoyants. Je sortis la photo que les médecins avaient pris pour moi à l'hôpital, avant d'en récupérer une via la famille de Serena, et la lui montrai. Il prit le temps de regarder, détaillant la peau pâle, les cheveux tirés en arrière sous la charlotte et les yeux clos et demanda doucement :

- Quel âge a-t-elle?

- Dix neuf ans...

- Mon dieu... Ses pauvres parents....

Sa voix se brisa et je vis ses jointures blanchir de l'effort qu'il fournissait pour ne pas craquer une nouvelle fois.

- Je ne la connais pas, j'en suis certain. Je ne l'ai jamais vu de ma vie. Et pour ce que j'en sais, Delphine non plus.

- Elle n'avait aucun lien avec l'université de Paris Cité? La jeune fille étudiait sur le campus de Boulogne, Delphine s'y était-elle rendue, pour une raison ou une autre?

Il s'avachit un peu plus sans se détourner du cliché.

- Non, je ne vois pas. Elle a fait ses études à Montpellier. Et elle n'a pas de déplacements dans son travail, ce sont les prestataires qui vont dans les entreprises, jamais elle. Et nous vivons à Pantin, pas dans le 92. Je n'ai jamais vu cette fille et je ne... je ne comprends pas pourquoi Delphine lui en voudrait... C'est juste...

Sa voix se brisa.

- Juste insensé...

L'homme traumatisé que j'avais raccompagné jusqu'à la sortie et que deux agents allaient reconduire à son domicile s'éloignait, les jambes instables. Il nous avait demandé quand est-ce qu'il pourrait récupérer le corps de sa femme pour organiser les funérailles et nous avions été incapables de lui répondre, conduisant à un nouvel accès de désespoir. Nous serions obligés de réinterroger Monsieur Piacet mais pour l'heure, nous avions été aussi loin que possible. Pierrick était passé faire un premier rapport à notre divisionnaire et lorsque je le retrouvai dans notre salle de travail, il était accompagné de deux silhouettes que je connaissais bien.  

- Marine, Nacer, salut!

L'enquêtrice junior me serra la main avec enthousiasme et son partenaire, dont je savais qu'il répugnait aux contacts physiques depuis le Covid, me salua de loin.

- Nous sommes les renforts, annonça gaiement la jeune femme. Terrier nous a affecté à l'enquête sous la responsabilité de Pierrick. Nous allons vous donner un coup de main pour gérer ce bordel !

Mon collègue, le plus gradé de nous quatre, pavoisa sans se cacher.

- J'adore avoir des esclaves, les enfants. Je sais déjà qui va se taper tous les rapports préliminaires et je vous annonce tout de suite que ça ne sera pas moi!

Marine éclata de rire et son collègue leva les yeux au ciel, mais sans oser protester. En notre temps, Pierrick comme moi-même, avions servi de petites mains à des enquêteurs plus chevronnés. c'était là la pratique habituelle du métier, encouragée par le divisionnaire, et une bonne manière d'apprendre pour les bébés lieutenants débarqués du concours ou de la promotion. J'avais déjà travaillé avec Nacer et sa réserve et son calme m'avait bien convenu. Marine était joyeuse et expansive et ne se laissait jamais déstabiliser, y compris par les sales manies de mon coéquipier. Terrier avait bien choisi nos renforts et ils ne seraient pas de trop au vu du boulot qui nous attendait. Nous leur fîmes un topo rapide et après une brève concertation avec Pierrick, je répartis le travail des prochains jours, durant lesquels aucun de nous n'aurait le temps de s'ennuyer, listant notre liste de procédures à suivre sur un des tableaux.

- Nacer, je te laisse creuser sur notre témoin vedette, le jeune Léonard Martin. Je veux tout savoir de lui et en particulier s'il a déjà croisé une de nos victimes, ou l'un de nos meurtriers. Peut-être que Pierrick est à côté de la plaque, ce ne serait pas la première fois (il me fit un doigt d'honneur que j'ignorai) mais nous devons vérifier. Je te charge aussi de ces histoires de caméras de surveillance. Ça va être chiant et j'en suis désolé mais je veux un point précis de ses déplacements et de ceux de Delphine avant l'attaque.

Le jeune inspecteur nota soigneusement mes instructions sur le carnet à l'ancienne qu'il trimballait en permanence et cligna des yeux en guise d'accord. Sa collègue gloussa devant son absence de volubilité et se pencha sur la table de réunion avec enthousiasme.

- Et moi? Qu'est-ce que tu veux que je fasse?

- Creuse la vie du mari. Va à son boulot, parle à ses amis, traîne dans son bar favori. Ruth était célibataire et nous n'avons rien trouvé qui nous dirige vers une affaire sentimentale la concernant mais Delphine était mariée et nous ne pouvons écarter d'office l'hypothèse d'une liaison entre le sieur Piacet et Serena. C'est peu probable, mais nous devons être surs et certains qu'il ne s'agit pas d'un bête crime passionnel, sans lien avec nos trois autres affaires.

Elle hocha vigoureusement la tête et demanda :

- Vous allez revoir les familles des autres agresseurs ?

- Ouais, répondit Pierrick. Nous reprenons l'enquête à zéro. J'ai peu d'espoir que les familles des filles aient du nouveau mais je veux revoir Maria, l'aide-soignante.

- Et le colocataire de Rémi également. Ruth n'avait personne mais peut-être que ses collègues auront de nouvelles idées, on ne sait jamais. Et nous devons aller rencontrer la famille de Serena demain matin. On se fait un point ici demain à 18h, les enfants. Ne soyez pas en retard.

Je posai un regard grave sur nos jeunes collègues et conclus :

- Habituellement, nous nous concentrons que le "qui". Ici, nous savons déjà qui sont les meurtriers mais si nous voulons empêcher une nouvelle attaque, de nouvelles morts, nous devons absolument comprendre le "pourquoi". Alors bougez-vous le cul!

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