Chapitre 3

Milo

La petite salle de réunion à la moquette grisée de traces de pas sentait le café et la sueur. Le café était le bienvenu pour soutenir de longues heures de réflexions et de débat et la sueur, ma fois, n'était pas de mon fait. En grande majorité, du moins. Mon coéquipier, Pierrick, avait tendance à transpirer beaucoup depuis qu'il avait pris quelques kilos et si ce n'était pas un souci dehors ou dans nos bureaux aérés, après plusieurs heures de brainstorming en vase clos à nous tirer les cheveux, cela devenait légèrement plus problématique.

Pierrick laissa tomber sa tête sur ses mains avec un désespoir exagéré, certes, mais bien réel.

- Je réclame une pause... Je suis crevé, affamé et j'ai besoin de voir la lumière du jour... Je sais bien que tu es monsieur increvable mais même toi, tu dois en avoir ras la caisse.

Je soupirai mais j'étais assez d'accord avec lui cette fois. Mon attention devenait trouble après des heures à lire des dossiers et trier des données. J'étais moi-même au bord de la saturation et j'avais besoin d'un break. Pierrick jeta un regard féroce aux tableaux blancs recouverts de photos et de notes au stabilo et annonça avec dépit.

- Cette affaire pue du cul. Je le sens jusque dans mes tripes.

Je ne pouvais le contredire. Les enquêteurs de la DRPJ, ou Criminelle, pour les intimes, étaient rarement chargés de dossiers faciles et agréables. Ce n'était tout simplement pas notre spécialité, à contrario des meurtriers sordides et violeurs en série. Mais nous n'avions récupéré ce dossier que depuis vingt-quatre heures et tout en moi hurlait que les prochains jours, voire les prochaines semaines si nous avions la poisse, allaient être sacrément compliquées.

Pierrick baillait comme un hippopotame en sortant de la pièce sans fenêtre et je le suivis comme un zombie. La cafétéria du Palais de justice des Batignolles, auquel nos locaux étaient accolés, avait beau être dégueulasse, le besoin d'un repas chaud venait de creuser un gouffre douloureux dans mon estomac. Nous traversâmes les couloirs remplis de flics aussi actifs que des abeilles sans nous arrêter, saluant rapidement les collègues qui ne nous avaient pas vu arriver puisque nous étions là aux aurores, mais sans prendre le temps de nous arrêter. Leurs regards étaient curieux et inquiets et je compris que le secret de notre intrigante affaire avait été éventé. Il n'y avait pas plus curieux et colporteurs de ragots qu'une bande de policiers aussi cela n'avait rien de très surprenant. Je nourrissait quand même l'espoir d'atteindre les ascenseurs sans nous faire arrêter mais le gémissement vaincu de mon coéquipier devant moi m'avertit que cet espoir avait été vain. Je me redressai instinctivement en apercevant l'homme qui nous avait intercepté : le commissaire divisionnaire Terrier et rien moins que notre patron.

- Pas si vite, messieurs !

Pierrick freina des quatre fers et je le contournai pour faire face à notre dieu et maître. Le commissaire avait l'air fatigué et je me souvins qu'aux dernières nouvelles, son bébé de six mois était loin de faire ses nuits. Je grimaçai intérieurement. En plus d'être plus gay qu'une licorne pétant des paillettes, voilà un rappel d'une bonne raison supplémentaire d'éviter tout piège de couple aux relents de paternité. J'aimais encore assez dormir. Sans compter que les gamins étaient de vrais nids à bazar et à cris stridents. Je le savais, ma sœur en avait trois et je ne les supportais pas plus de quelques heures de temps en temps.

- Nous allons juste déjeuner, patron, tenta Pierrick avec espoir. Nous avons passé la matinée à prendre connaissance du dossier.

Le commissaire lui répondit d'un sourire de requin. Ni très grand ni très musclé et doté de traits juvéniles malgré sa quarantaine bien sonnée, il concentrait un quintal d'autorité sèche et impitoyable dans ses prunelles grises et ses dents un peu plus pointues que la normale. Je l'avais vu terroriser des maires d'arrondissement et tenir tête à des préfets et je me savais incapable de lui résister.

- C'est donc parfait ! Maintenant que les trois meurtres ont été lié, la juge Castaldi a été chargée du dossier et elle nous attend pour le briefing. Vous n'aurez qu'a descendre manger directement après.

Pierrick ouvrit la bouche pour protester mais le divisionnaire leva un sourcil et il abdiqua. Nous nous entassâmes dans l'ascenseur derrière notre supérieur. Pendant que les étages défilaient, je me préparai mentalement à l'audition, reprenant l'affaire point par point. Je détestais être pris au dépourvu et je voulais être prêt, autant que possible. L'identité de la juge d'instruction à laquelle nous allions devoir rendre compte était plutôt une bonne nouvelle. J'avais déjà eu l'occasion de travailler avec elle, depuis mon arrivée à la Crim cinq années auparavant, et je l'appréciais. Elle réussissait en général à trouver l'équilibre délicat entre le respect légitime des procédures et la liberté nécessaire aux besoins de l'investigation et je lui faisais confiance pour cette affaire minée.

Le Palais de justice de Paris était quasi neuf et excessivement imposant, énorme monument d'architecte vitré. Je n'avais quasi pas connu l'époque où nous étions logés au quai des Orfèvres mais personnellement, et à rebours de mes collègues passéistes, j'en appréciais la modernité limpide, les halls lumineux, les escalators et ascenseurs fonctionnels et la signalisation claire. Après le contrôle d'identité, le commissaire pressa le pas et nous le suivîmes à la trace, comme les bons petits toutous disciplinés que nous étions. Il était l'heure du déjeuner et de nombreux agents de justice se dirigeaient en papotant vers le réfectoire du personnel, au sous-sol. Pierrick me jeta un regard désolé en faisant la moue. Il désigna son ventre pas franchement lisse d'un air souffrant et je lui répondis d'un regard plat. Depuis que sa femme Aminata avait décidé de le mettre au régime, pour lutter contre sa dépendance à la junk-food, résultat de quinze ans dans la police, ainsi qu'une une nette tendance à s'épaissir, mon collègue se vengeait hors de sa vue. Il avait développé une vraie obsession de ce qu'il mangeait et j'étais à deux doigts de l'envoyer consulter. Je lui intimai silencieusement de se tenir bien et il me répondait d'une grimace à laquelle j'allais répliquer lorsque le commissaire nous réprimanda d'un "messieurs" cinglant, sans même se retourner. Cet enfoiré avait vraiment des yeux derrière le crâne. Ça, ou bien nous étions aussi transparents que ses gosses, ce qui était une hypothèse valable. Nous lui emboitâmes sagement le pas jusqu'au bureau de la juge et après avoir été annoncés par son greffier, nous entrâmes dans la pièce, étonnamment chaleureuse pour le travail qu'on y effectuait.

Le commissaire hocha la tête avec respect en direction de la grande blonde à la maigreur distinguée et aux grosses lunettes noires qui nous accueillait.

- Madame la Juge.

- Messieurs. Asseyez-vous, je vous en prie. Est-ce que Jean-Michel peut vous proposer un café ?

Je refusai poliment mais Pierrick accepta avec avidité et je soupirai intérieurement. Ce crétin allait encore se plaindre qu'il avait des aigreurs d'estomac et en tant que son coéquipier, il semblait croire de mon devoir sacré de l'écouter se lamenter. Une fois les civilités achevées et mon collègue doté d'un tasse fumante, dont l'odeur alléchante trahissait un expresso bien meilleur que le café filtre du côté flics de la rue, la juge Castaldi ouvrit le dossier déjà imposant qui trônait sur son bureau et lança les hostilités.

- Je vous écoute. J'ai repris cette affaire depuis trois heures à peine, faites-moi le topo.

Je consultai mon partenaire du regard et d'un commun accord, je pris la parole en premier pour présenter l'enquête à laquelle nous venions aussi d'être affectés. J'étais le meilleur lorsqu'il s'agissait de synthétiser et trier des informations et Pierrick le savait.

- Trois meurtres et trois suicides en deux semaines.

- Mais encore?

Le commissaire avait emporté sa propre copie de ce que les différents commissariats de quartiers nous avaient transmis et il me tendit le monceau de documents. J'ouvris le lutin de carton, le feuilletai rapidement et j'en extirpai les photos que je connaissais par cœur après une matinée passée à les scruter dans tous les sens.

- Victime numéro une, Lucille Verron. Décédée de multiples coups de couteau de cuisine dans le thorax et le cou il y a maintenant seize jours, le 12 octobre à 18h30. Vingt-deux ans, étudiante en pharmacie. Vivait encore chez ses parents mais était en route pour l'appartement de son petit-ami dans le quinzième, à côté de la station Balard.

Je sortis une deuxième photo qui montrait un vieil homme au visage dur mais aux yeux fatigués et perdus et aux cheveux prématurément blanchis.

- Et voilà son assassin, Louis Malher. Soixante-deux ans mais en paraissait dix de plus. Ancien chef d'entreprise, père de quatre enfants adultes, divorcé. Diagnostiqué d'un Alzheimer précoce il y a cinq ans, son état s'était dégradé depuis quelques mois au point qu'un placement en institution était envisagé par son fils aîné, d'après la déposition de ce dernier. Il vivait chez lui dans un bel appartement avec une aide à domicile, à quelques dizaines de mètres de là où le crime a été commis. Son aide soignante, Maria Serban, a déclaré qu'il avait fugué pendant qu'elle prenait une douche, après leur séance de yoga. Elle a immédiatement donné l'alerte mais n'a pas remarqué tout de suite qu'un couteau à viande avait disparu aussi.

La juge se pencha vers moi et me dévisagea de ses yeux sagaces, derrière ses verres épais.

- Qu'ont conclu les premiers enquêteurs ?

C'est Pierrick qui répondit avec une circonspection qui ne lui ressemblait guère.

- Pour eux, il s'agissait du coup de folie d'un homme dément contre une victime au hasard, suivi d'un suicide lorsqu'il a réalisé ce qu'il avait fait... L'homme n'avait jamais été agressif mais c'est un symptôme courant dans les cas d'Alzheimer.

Il haussa les épaules.

- Les collègues en bleu ont pensé qu'il avait fait une crise de paranoïa et prit peur. Allez savoir ce qui se passait sous son crâne...

Je précisai :

- Rien ne laissait non plus présager une fugue dans ses antécédents et aucune trace de négligence n'a été relevée vis à vis de l'aide soignante, mais nous avons prévu de la revoir, comme l'ensemble des familles des meurtriers.

Je reposai la photo sur le bureau et en péchai une nouvelle dans le dossier.

- On passe au second crime, huit jours plus tard. Monica Reichmann, vingt ans depuis quelques jours à peine, américaine. Ses parents, très aisés, lui ont offert un tour d'Europe d'un mois avec sa cousine pendant son année sabbatique et elles étaient arrivée la veille à Paris, en provenance de Rome. Elles devaient rester dix jours puis partir à Londres.

Je tapotai la photo en songeant au destin triste de la jolie touriste.

- Elles faisaient les boutiques rue de Rivoli lorsqu'elles ont été attaquées. Le meurtrier, Rémi Maurene, était armé d'un tournevis récupéré dans la caisse à outils de son colocataire. Le jeune homme était étudiant en ingénierie et avait vingt-quatre ans. Comme dans l'affaire précédente, la victime est morte dans un vrai déferlement de rage, puisqu'il lui a asséné près de quinze coups avant de retourner le tournevis contre lui-même et se le planter dans la gorge.

Une photo de la scène de crime suivait et je la posai sur le bois sombre. La juge l'examina avec attention et malgré son expérience, je la vis déglutir devant la violence qui transparaissait de la scène.

- Une vraie boucherie, commenta-t-elle sèchement. Vos collègues avaient-ils une théorie pour expliquer cette agression ci ?

Pierrick prit le relais à nouveau et secoua la tête.

- Pas vraiment. Des hypothèses floues, tout au plus. Rémi était un jeune homme sans histoire, populaire et agréable d'après ses camarades interrogés, brillant même, selon ses profs. Les premiers enquêteurs n'ont pu dégotter aucun lien avec la victime ou son entourage et personne n'a pu expliquer ce qu'il fichait dans le premier arrondissement à cette heure-ci alors qu'il étudiait et vivait dans le cinquième.

- Ce n'est pas bien loin, commenta le commissaire Terrier. Quelques minutes de métro.

- Oui mais d'après ses amis, il n'était pas du style à faire du shopping et à quatorze heures un mardi, il aurait dû être en cours. Il était réputé sérieux dans ses études.

Je soupirai.

- Les collègues n'avaient rien à se mettre sous la dent et s'orientaient vers un coup de folie, une fois de plus.

- La folie a bon dos, remarqua aigrement la juge. Il avait des antécédents ?

- Rien de probant. Il avait été suivi pour une légère dépression adolescent mais rien depuis et d'après tout le monde, il était parfaitement épanoui. Casier vierge, bien entendu.

- Et la piste de la drogue? S'il était fêtard, cela pourrait nous donner un indice.

- C'est ce que nous allons étudier en priorité, acquiesçai-je. Il sortait un peu mais nous ignorons encore ses lieux de prédilection. Son colocataire était à l'étranger au moment du meurtre, il devrait revenir cette semaine et nous avons prévu de l'interroger.

La juge approuva de la tête et lâcha :

- La nationalité de la victime en fait une affaire sensible en tant que telle. Je suis certaine que l'ambassade va garder un œil sur l'enquête.

J'en étais bien conscient et me contentai d'un bruit de gorge neutre avant de passer à la mort tragique la plus récente.

- Dernier meurtre il y a à peine quatre jours. Amanda Forez, la plus âgée des trois, vingt-six ans.

- Elle faisait plus jeune, nota la juge en soulevant la photo où une jeune femme rayonnante en maillot de bain doré brandissait un verre à cocktail vers l'objectif.

J'opinai.

- Oui, elle avait de bons gènes. Et en tant qu'esthéticienne, je suppose qu'elle bénéficiait des meilleurs tuyaux pour prendre soin d'elle-même. Ce jour-là, elle a pris sa pause déjeuner en décalé pour arranger une collègue et elle partait acheter un sandwich dans le quartier du salon, à côté de Bastille, lorsqu'elle a croisé Ruth Texier.

Je sortis ma dernière photo et la tendit à la juge qui la posa à côté de celle d'Amanda, ses yeux basculant de l'une à l'autre. Il n'aurait pas pu y avoir un plus grand contraste entre la victime lumineuse en vacances et la photo de sa meurtrière au style strict, qui jaugeait le monde et le photographe d'un oeil froid. Et pourtant, elles avaient perdu la vie le même jour, et au bout de la même lame.

- Ruth Ancel, cinquante-deux, directrice d'école. Très appréciée par ses collègues, très sérieuse. Elle est partie vers 11h, sans prévenir personne, de l'école élémentaire qu'elle dirigeait dans le 19ème à côté du métro Laumière. Sans qu'on ne sache pourquoi, elle est montée dans la ligne cinq et est ressortie à Bréguet-Sabin. Elle a erré quelques minutes dans la rue, d'après les caméras de surveillance de la banque situées juste à côté, puis a croisé Amanda, a sorti son arme et s'est jetée sur elle.

- Quelle était l'arme cette fois-ci ?

- Un grand ciseau de métal dont elle se servait pour découper les posters. Ou que sais-je qui est affiché dans une école... Une fois Amanda agonisante, elle se l'est plantée à trois reprises dans la poitrine et deux fois dans la gorge avant de se vider de son sang sur le trottoir.

- Elle voulait être sûre de ne pas se louper, commenta Pierrick.

- Et elle ne s'est pas loupée. Comme Louis Malher et Rémi Maurene, elle était morte avant l'arrivée des secours. Tout comme sa victime, d'ailleurs.

Le juge recula dans son fauteuil et tapota le bureau du bout de ses ongles parfaitement manucurés dans un rythme agacé.

- Trois meurtres, trois suicides, aucun lien avéré entre les victimes et leurs agresseurs, aucun lien entre les meurtriers eux-mêmes. Qu'est-ce qui vous fait dire que ces affaires sont liées ?

Le commissaire divisionnaire leva un sourcil entendu.

- En dehors de l'évidence ?

Comme elle restait silencieuse, il développa avec conviction.

- Les trois jeunes femmes se ressemblaient beaucoup. Même taille, à quelques centimètres près, même carrure, même cheveux blonds, même yeux bleus. Même leurs visages sont similaires, poupins avec des joues rondes et un petit nez. Tout comme leur style vestimentaire branché. Je ne peux pas croire qu'il s'agisse d'un hasard.

Je renchéris dans son sens.

- Le déroulé des faits montre de grandes convergences, aussi.

Je ramassai les photos des trois meurtriers morts et les levai vers la juge dubitative.

- A chaque fois, ces gens-là sont partis de là où ils devaient se trouver, sans rien dire, sans prévenir personne. Personne n'a remarqué quoi que soit avant cela, ils paraissaient normaux aux yeux de tous.

Je plissai le front.

- Enfin, aussi normal que possible pour un malade souffrant de démence, dans le cas de Louis Malher. Mais il était calme et posé. Ils ont attrapé la première arme qu'ils avaient sous la main, ce qui montre une absence probable de préméditation, et ont marché jusqu'à croiser une femme correspondante au profil. Et là, ils se sont acharnés. Ce type de blessure, dis-je en désignant les photos de scènes de crimes, racontent la rage, la colère. On s'attendrait à une vengeance, un crime passionnel. Et pourtant, ils visaient des étrangères. Des femmes qu'ils n'avaient, à priori, même jamais croisé.

- Et quand ils ont eu fini, ils se sont donnés la mort de la même manière, conclut Pierrick.

- Je ne sais pas du tout de quoi il retourne mais oui, je suis certain qu'il existe un lien. Nous devons seulement le trouver.

- Et la piste terroriste ?

- Nous y avons songé mais rien ne va dans ce sens. Les experts de la scientifique sont en train d'éplucher tous les ordis, téléphones ou appareil que la PJ a pu ramasser et pour le moment, ils n'ont trouvé aucune trace d'une éventuelle connexion islamique ou autre. Et aucune revendication n'a été formulée.

- Aucun d'eux n'avait le profil ou n'a montré le moindre signe de radicalisation religieuse, ajouta Pierrick. Louis était un bon catholique, un homme aisé avec des accointances politiques de droite. Ruth était de confession juive mais d'après ce qu'en savaient ses collègues, elle ne pratiquait pas et personne n'a la moindre idée sur ses opinions politiques. Rémi a participé à quelques manifs pour le climat mais rien de plus et a notre connaissance, n'a jamais montré aucun attrait pour le religieux, sous quelque forme que ce soit.

- Et quel serait le rapport avec la mort de jeunes femmes blondes? Des terroristes n'auraient pas choisi leurs victimes en fonction de leur couleur de cheveux.

La juge fronça les sourcils.

- Vous n'en savez rien. De Maryline Monroe à Paris Hilton, en passant par Madonna, une femme blonde peut vite être consacrée en symbole fort d'un occident décadent, si l'on part sur cette thématique là. Mais je vous accorde que c'est peu crédible d'après le portrait des agresseurs.

Elle réfléchit encore quelques secondes puis tira le lourd dossier vers elle avant de le refermer dans un bruit sourd qui marquait la fin de notre réunion.

- Très bien, en ce cas au travail, messieurs. Je ne veux pas qu'une quatrième photo vienne s'ajouter ici. Mais tenez-moi informée de tous vos progrès. Cette histoire est de nature à créer la panique, sans compter les éventuels risques d'ingérence étrangère, et je ne peux pas vous couvrir si vous ne me gardez pas dans la boucle à chaque seconde.

Nous étions tous sur la même longueur d'onde et après avoir pris connaissance des faits, j'étais impatient de commencer pour de bon notre enquête. Nous sortimes à la queue leu leu du bureau en saluant le greffier au passage et le commissaire nous arrêta devant la porte, dans le couloir moquetté de bleu feutré.

- Je vais vous laisser ici, j'ai d'autres personnes à voir. Quel est votre programme ?

Pierrick articula "manger" dans son dos mais heureusement, l'attention de notre supérieur était braqué sur moi et je réussis à l'ignorer, le visage impassible.

- Je voudrais revoir les témoins et les familles. Cela fait quelques jours qu'ils ont été interrogés, peut-être que maintenant que le choc est atténué, des souvenirs leur seront revenus. Le colocataire de Rémi est une priorité. S'il trempait dans des histoires de drogue, il sera sûrement au courant.

Le commissaire hocha la tête gravement.

- J'ai des contacts dans le milieu, de mon passage chez les stups, je vais leur demander s'ils ont entendu quelque chose pour moi à ce sujet. Des rumeurs, on ne sait jamais... S'il s'agit d'un nouveau produit qui circule, ils le sauront...

J'allais lui répondre lorsque la porte derrière nous s'ouvrit d'un coup et le greffier de la juge Castaldi jaillit comme un bouchon de champagne, l'air abasourdi et affolé.

- Commissaire! Lieutenants! Madame la juge vient d'être appelée! Il y a eu un nouveau meurtre!

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