Yaoi brother.

Je n'ai jamais mit les pieds dans la chambre de ma sœur. Non mais, vraiment. J'crois que c'est pour la première fois où j'y suis vraiment invité. C'est un exploit, presque. Après ce qu'il vient de se passer en bas, ce serait mentir de dire que je ne flippe pas. J'essaye de paraître neutre mais putain, c'est compliqué avec cette gosse dans les parages. Lorsque Gabriella ferme la porte, c'est là que je comprends vite que je ne sortirai pas d'ici sans lui avoir tout expliqué. Elle m'énerve. Je savais que j'allais me faire cramer un jour ou l'autre mais... Pas aussi vite. Pas de cette façon.

— Alors... Mon cher frère ! Tu sais, tu peux prendre place sur mon lit si tu le veux, dit-elle d'une voix assez joviale, ma foi.

Je m'exécute, tournant sur moi-même avant de m'asseoir. Pendant que la brune tapote à une vitesse folle sur son iPhone, je lève mes yeux sur les murs. Teint d'une couleur rose, bien évidemment, couleur qui n'a pas changé depuis ses 5 ans. Dessus sont affichés plusieurs posters de ces chinois préférés, mais vraiment tous... Il y en a tellement que c'est juste stressant tous ces petits yeux qui nous fixent. Je ne sais pas comment elle fait. Bref, il y a des photos de ses copines accrochées au dessus de sa tête de lit, des guirlandes de led en forme de petites étoiles sont allumées en permanence j'ai l'impression, son bureau est en bordel et des produits de beautés sont mit en vrac dessus. Quelques mangas traînent sur ses commodes, des vêtements, des ceintures, des chaussettes, des bijoux mal rangés... On se plaint que chez moi c'est le bordel mais la chambre d'une meuf c'est encore pire.

— Bon, je souffle. Vas-y, j'ai pas tout ton temps. Et j'te le redis encore une fois, j'suis pas gay. Je sais pas pourquoi tu t'imagines ça mais tu commences vraiment à me casser les co—
— Chut ! Ta gueule. Voilà, j'ai trouvé... sourit-elle tout en se rapprochant de moi.
— Qu'est ce que...

Gab prend place lourdement à côté de moi. Ses doigts me tendent son téléphone qui est ouvert sur une conversation. Je déglutis quand je vois le pseudo.

— Et ben ? je rajoute.
— Ben t'es con ou quoi ? Lis ! C'est la conversation que j'ai eu avec Maël.
— J'ai pas envie de lire.

Je mens un peu. En fait, j'ai peur de savoir ce que con a pu raconter, putain.

— Mais ! D'accord, je vais te lire... Alors, Maël m'a écrit « Hey ! Juste pour te dire que ça ne sert à rien d'essayer de trouver de quoi s'agit ma bio car— »
— Ok, donne moi ça.

C'est encore plus perturbant comme ça. Ma sœur sourit grandement quand je lui arrache son iPhone 7 de couleur rose. Mes yeux parcourent alors leur discussion, non pas sans serrer des dents.

maelgaut : hey juste pour te dire que ça ne sert à rien de trouver de quoi s'agit ma bio mdrrr car c'est tout con enft

gabyyy_it : Tout con ? Je vais trouver, ne t'en fais pas ! Mais en même temps, tu n'as pas qu'à être aussi mystérieux ça me donne envie de chercher ! 😳

maelgaut : je vois pas pq je suis mystérieux mdrrr c'est juste une lettre
maelgaut : t'es marrante

gabyyy_it : Une lettre ça veut beaucoup dire.
gabyyy_it : C'est ta copine genre ? C'est ça. Souvent c'est sur la personne sur laquelle tu crush, aussi 🤍

maelgaut : j'ai pas de copine

gabyyy_it : Aw
gabyyy_it : Dis moi Maëlchouchou, c'est quoi ta relation avec mon frère ?
gabyyy_it : Pardon mais je veux pas tourner autour du pot

maelgaut : on est amis fin normal quoi non

gabyyy_it : Alleeeer t'as bien vu mon profil please !

maelgaut : mdrrrr oui
maelgaut : 💀

gabyyy_it : Tu sais que
gabyyy_it : Toi et Léo vous êtes bizarres quand même
gabyyy_it : À chaque fois vous êtes toujours ensemble et mon frère n'a jamais ne serait-ce invité ses amis une fois à la maison
gabyyy_it : Et toi t'es là et t'as même vu nos parents ! Je dis ça parce que c'est la première fois que ça se passe, c'est fou !
gabyyy_it : Depuis que t'es son ami il est vraiment chelou quoi 😝

maelgaut : t'es vraiment une fouineuse laisse ton frère tranquille 💀

gabyyy_it : Hihi Façon je suis sûre que vous êtes pas qu'amis 🤓
gabyyy_it : Désolé mais on peut pas cacher des choses comme ça
gabyyy_it : Quand je vous vois il y a de la tension entre vous deux
gabyyy_it : Et je ne sais pas comment expliquer vos regards ☺️

maelgaut : mdrrrr tu veux que je te dise quoi en fait là

gabyyy_it : La vérité 😩
gabyyy_it : De toute façon je saurais si tu dis n'importe quoi.

maelgaut : si tu penses la connaître pourquoi tu viens me dire tout ça alors, je comprends pas 🤔

gabyyy_it : Si tu ne dis pas c'est que ça veut forcément cacher quelque chose...
gabyyy_it : J'ai bien remarqué que mon frère est jaloux de moi quand je t'approche trop, rien que ça, c'est bizarre ! Nan ?
gabyyy_it : Je suis vraiment une idiote, c'était une évidence, vous étiez devant moi et ce n'est que maintenant que j'arrive à assimiler les choses !! Omg mdrrrrr
gabyyy_it : Jsuis trop choquée...
gabyyy_it : Je sais que tu vois mes messages, j'attends que mon frère rentre pour qu'il me dise tout ! 🤍
gabyyy_it : En face à face il ne pourra pas m'échapper hihi
gabyyy_it : Bisous mon petit Maëlchouchou ! Tu m'as été d'une grande aide ! Jtmmm 🤍🥰 J'spr que tu reviendras à la maison bientot

Il y a beaucoup trop d'information dans ce que je viens de lire. Lorsque j'arrive à la fin de la conversation, je panique un peu. En fait, je comprends pas. Je ne comprends pas ma sœur qui est arrivée à cette conclusion, enfin, ce simple « L » sur le profil de Maël nous a piégé ou quoi ? J'ai une petite pensée pour le châtain qui doit sûrement être chez lui à l'heure actuelle. Cette discussion date d'il y a même pas une heure, signe qu'il a dû recevoir ce message dans le bus ou quelque chose du genre. Putain...

— T'es vraiment qu'une conne, je lâche tout en rendant brusquement l'iPhone à ma sœur.

Sous cette insulte, cette dernière s'offusque avant de reprendre, les sourcils froncés. Elle mastique nerveusement son chewing-gum qui lui donne une haleine de bonbon.

— Alors, c'est vrai ? Genre, j'ai bien fait de l'agresser ?

Je passe une main sur mon front, profitant pour fermer les yeux quelques instants. Je ne sais même pas quoi lui dire. J'entends Gabriella soupirer un peu, ses pas tournant en rond dans sa chambre. Les bras croisées sur sa poitrine, elle semble chercher ses mots. Quand je la fixe, je remarque qu'elle n'a pas l'air énervée ou dégoûtée de ce qu'elle a réussi à décerner. Actuellement, elle semble plutôt soucieuse et réfléchir c'est tout son contraire d'habitude. Ma sœur sort souvent les choses cash et irréfléchies, c'est bien connu de toute façon.

— T'avais pas à savoir ce genre de truc. C'est pas tes affaires et la prochaine fois, tu vas pas voir Maël pour lui demander des conneries du genre. T'as compris ?

Sans que je puisse rajouter quoi que ce soit, la brunette finit par se poser à côté de moi, prenant place sur le rebord de son lit. Ses yeux se promènent sur le sol, au niveau de nos pieds. Cette gamine, je la comprendrais jamais. Vraiment, je peux pas m'entendre une seconde avec elle, c'est juste impossible. Je fais du mieux pour garder mon calme face à cette situation, je jure que je fais de mon mieux. Mais là, savoir que ma sœur a potentiellement découvert que j'avais une relation bizarre avec Maël me fait flipper. J'avais pas envie que ça se sache de cette manière, et j'aurai du me douter qu'elle n'allait pas lâcher l'affaire avec cette biographie Instagram de merde. C'est ridicule, c'est une gosse, elle est à fond sur le mec que je kiffe et maintenant quoi ? Ça me saoule.

— Je voulais juste savoir si j'avais raison... Et j'avais raison, ouais ! s'écrit-elle sans trop savoir pourquoi, ses yeux clairs se plantant dans les miens. Tu es en couple avec Maël, en fait ! Et j'ai été une idiota de pas comprendre qu'en fait vous étiez... gay. Oh my god...
— Je te jure que si tu redis une seule fois le mot « gay » je te-
— Tu vas faire quoi ? Rien du tout Léo. Pourquoi tu renies autant ce que tu es ?! J'y crois pas !

Sa dernière question a été presque un cri, cri qui m'a assez refroidi pour le coup. Les poings serrés, je cherche une réponse. Mais en vain, je n'en trouve même pas. Je ne sais pas pourquoi. Je ne suis pas gay, c'est tout. Pourquoi ça voudrait forcément dire que je suis gay si je suis avec Maël ?

— Tu sais, moi je m'en fiche que tu sois comme ça ! Au contraire, je préfère ça plutôt que de te voir avec une fille... sourit Gabriella, passant son index sur ses lèvres.
— T'as dit quoi là ?!
— Oh, pas la peine de crier ! Juste, retiens que je m'en fiche que tu as une préférence pour les garçons. Vraiment, ce n'est pas grave, ça me convient très bien !

C'est à mon tour de froncer les sourcils. Mais pourquoi elle me dit ça ? Je ne devrais même pas chercher à comprendre, en fait.

— Mais t'es... Ça veut dire quoi ça ? D'où ça te convient ? T'sais quoi, j'veux même pas savoir. T'es tellement bizarre t'façon... je soupire doucement, prêt à me relever pour m'en aller.
— Non ! Attends...
— Ah ouais, et... Si t'en parles aux parents ou si tu fais une allusion sur ça devant eux, je te tue. Littéralement, je te tue. Je rigole vraiment pas Gabriella.

Ma remarque ne semble pas lui faire peur, au contraire, ma sœur tire mon bras afin de me mettre debout face à elle. Je la dépasse, mon regard la jugeant de mon 1m75.

— Tu me crois conne ou quoi ?! Je n'en parlerais pas ! J'ai pas envie qu'ils te frappent !
— Parce que tu penses qu'ils me frapperaient ?
— Ben... réfléchit-elle. Oui ! Je pense que papà ne sera pas content, en tout cas. Et mamma... Je ne sais pas vraiment. Mais je te promets que je n'en parlerai pas ! Je te déteste comme frère mais pas au point de raconter que tu aimes les hommes... Promis !

Une pensée me vient pour mes géniteurs. Dans ma famille, ce sujet n'a jamais été évoqué. Jamais. Je n'ai jamais été confronté à ça avec mes deux parents, je ne saurai même pas que pourrait être leur réaction s'ils savaient que je fais des bails non hétérosexuels avec un mec, avec Maël. Je soupire et ma sœur reprend, d'un ton plus calme.

— Alors tu la fermes. Et tu oublies cette histoire avec Maël, tu t'en mêles pas.

C'est lorsque je veux me retourner et quitter cette chambre pour de bon que l'adolescente m'interrompt encore une fois. Et... D'une manière plutôt brutale, certes, car je viens de me prendre une claque qui résonne encore entre les quatre murs de la pièce. Instinctivement, mes doigts se posent sur ma joue qui prend sûrement une couleur rosée, mon regard se plantant dans celui de Gabriella. Elle n'a pas l'air contente, un coup elle l'est, un coup elle part en couille. Putain ! Je lui ai fait quoi pour qu'elle me frappe ?

— Tu viens de faire quoi ? Pourquoi tu viens de faire ça ? T'es folle ou quoi ?
— ... T'es... Tu es juste qu'un connard ! Je viens d'être gentille pour une fois avec toi et tu continues de te comporter comme un enfoiré ! Arrête de me dire que je dois me la fermer, arrête ! Tu as encore de la chance que je ne sois pas qu'une sale homophobe de merde !
— Putain... Cries pas, tu me saoules... je lâche tout en frottant l'endroit de ma claque.
— T'es vraiment qu'un connard ! J'espère vraiment que tu vas changer un jour ou l'autre et que tu assumeras que tu es juste amoureux de Maël à réagir comme ça...!

Je comprends pas pourquoi elle me déballe tout ça d'un coup. Après cette discussion, j'ai juste envie qu'on me laisse tranquille. J'ai quelqu'un de ma famille qui vient de découvrir que j'étais avec un mec et j'ai pas envie qu'on continue à parler de ça, j'en ai marre, j'en ai ma claque. Gabriella ne semble pas satisfaite, elle veut que je lui assume tout. Qu'elle me laisse respirer, ouais. Et plutôt crever que de lui dire ce qu'on fait.

— D'accord, je réponds seulement, scrutant le visage de l'ado.
— Seulement d'accord ?
— Ouais. Laisse moi maintenant. J'en ai marre de parler de ça. Genre, bravo. Bravo, tu as tout découvert, tu as raison, tout était exposé devant toi, Maël et moi on est comme ça et désormais tu peux arrêter de faire ta folle parce que la prochaine fois que tu me baffes encore, toi, tu vas bouffer le mur. C'est cool que tu ne sois pas une « homophobe de merde » comme tu dis puis t'façon, même si tu l'étais, ça ne change rien de rien. J'veux pas que tu te comportes comme ça avec moi juste parce que ça y est, t'as découvert que j'étais... que j'étais... que je suis comme je suis ! Ok ?
— T'es... Je voulais juste te faire assumer, c'est tout ! Et oui, je suis qu'une sale fouineuse comme a dit ton mec mais je pensais que tu avais besoin d'une personne aussi ouverte d'esprit que moi pour ne pas te sentir seul, que tu te refermes sur toi à ne pas en discuter ! C'est tout, je sais que je suis qu'une peste de 15 ans à tes yeux mais je sais aussi être sérieuse quand il le faut ! Alors, arrête de faire le connard avec moi ! Je connais plein de gens comme toi qui se sentent extrêmement mal et qui n'ont personne à qui parler !! Genre, euh... Bref !

Ma sœur renifle rapidement du nez, un air boudeur collé au visage. Elle se mord la lèvre avant de sortir une injure, ses mains venant me pousser hors de sa chambre.

— T'as vraiment réussi à me saouler, toi aussi. Et si t'as envie de discuter, tu toqueras à cette porte ! Si t'as de la chance et si j'ai envie, je t'ouvrirai peut-être. Maintenant, pars de chez moi. Cretino !

En moins de deux secondes, je me retrouve dans le couloir. J'entends Gabriella m'insulter une dernière fois puis moi, comme un idiot, je reste bloqué dans le couloir. Je sais pas trop pourquoi d'ailleurs, les mots de la brunette ne quittant pas mon esprit. Je ne pensais pas qu'elle irait jusqu'à me dire tout ça, en fait, j'ai jamais eu le réel besoin d'en parler. Pour dire quoi ? Bonjour, je sors avec Maël Gautier. Non. Je me vois pas d'assumer ça tranquillement. Les seuls qui savent maintenant sont Romain et Gabriella. Qui sera le/la/les prochain(e)(s) sur la liste ? J'en ai strictement aucune idée. J'ai l'impression que plus on avance et plus c'est compliqué de cacher ce qu'on vit mais... Ce que je sais, c'est que je me verrais pas du tout dire à tout le monde et comme si de rien n'était ce que je vis avec lui. J'ai limite moins peur qu'on le découvre comme vient de le faire ma sœur plutôt que de l'avouer de ma propre voix. Je veux pas, j'ai la trouille. J'suis pas courageux, vraiment pas. Mais quand je vois tous ces gens autour de moi, ces cons qui semblent être encore bloquée à l'an 200, ça m'fait flipper. Je veux pas vivre ce que d'autres vivent tous les jours, les moqueries, les insultes parce que je sais très bien qu'il y en aura. Des insultes venant même de nos proches, de nos amis et celles là... Elles feront très mal. Je pense que Maël veut comme moi. Il me comprend, il sait que je ne veux pas en parler autour de moi, il sait que je vais le dégager s'il tente quelque chose devant tout le monde. Il sait que je peux m'énerver pour ça mais ce sera plus fort que moi. J'y peux rien. D'ailleurs, ça me saoule d'autant penser à ce mec. On est même pas le lendemain que j'ai déjà envie de le voir, de l'avoir.

Une fois dans ma chambre, je m'empresse d'ouvrir ma fenêtre. Mon regard tombe sur le jardin de nos voisins en face de nous, les gosses mangent un goûter sur une table blanche à moitié cassée. Une clope entre les lèvres, je l'enflamme. Je bloque mon téléphone contre mon oreille, cette dernière percevant le son incessant bip bip jusqu'à que ce soit remplacé par sa voix. Il a mit du temps à répondre, j'ai failli m'endormir.

Maël à l'appareil. Que puis-je faire pour vous ?
— Trop drôle. Rien. J'avais juste envie de te parler.

Un silence plane légèrement et je pense que cet idiot est en train de sourire. Ou de replacer une mèche de ses cheveux, un truc du genre.

— Tu fais quoi ? je le relance.
Je fais les exercices d'histoire. Et toi, tu fais quoi ?
— Je fume. C'est quoi les trucs d'histoire là...?
Sur le chapitre d'aujourd'hui. Il fallait finir les questions pour qu'on puisse corriger demain... répond-il tranquillement.

Ça m'ennuie. Je suppose que je l'ai dérangé dans sa concentration. Mais je n'ai pas envie de le laisser pour autant. Je sais pas, je voulais avoir un peu de Maël après ce qu'il vient de se passer.

— Super. Façon, j'ai rien compris à cette merde.
C'est facile. On révisera si tu veux.
— Hm... Non. Elles ne seront pas très concluantes en fait. Les révisions.

Enfin. Si je vais chez lui, quoi. Je peux plus voir les choses différemment depuis ce qu'il s'est passé la dernière fois. Oui, je suis peut-être déjà en manque de ça mais je m'en fiche complètement. Avec lui, je risquerai de lui faire comprendre. Puis je l'imagine trop bien, assis en tailleur sur son lit, avec la tête qu'il a quand il bloque ou quand il réfléchit sur les cours... Rah, vraiment.

Pourquoi elles ne seront pas concluantes ? La dernière fois en maths, elles étaient concluantes je trouve.
— Elles ne seront pas concluantes la prochaine fois, je te dis.
Et pourquoi elles ne seront pas concluantes ? Tu ne réponds toujours pas à ma question.

Je tire une latte sur ma cigarette, louchant dessus.

— Parce que j'aurai pas envie de réviser, c'est tout. L'histoire ça m'emmerde, je préfère toi.
... Depuis quand t'es aussi direct comme ça ?
— Depuis que ma conne de sœur vient de découvrir qu'on est ensemble, toi et moi. Tu comptais m'en parler ou pas ?

J'entends Maël soupirer mais je n'ai pas posé la question méchamment. Je sais que ce n'est pas à cause de lui et de sa lettre. C'est juste Gabriella qui n'est qu'une fouineuse.

Bah... J'sais pas, je sais pas trop quoi dire. Je voulais attendre que tu vois avant de t'en parler.

Je marque une pause. Ouais. Il reprend.

Mais du coup ? Elle a deviné, hein. J'ai pas pu cacher moi aussi, je savais pas quoi dire...! Ah,
si gênant.
— Non. Non, ça va. En fait, je m'en fiche un peu qu'elle le sache. C'est juste que j'ai pas envie que ça lui échappe et qu'elle en parle. Déjà, je l'ai menacé pour qu'elle ne dise rien aux darons mais bon, je ne pense pas qu'elle parlera. Sur ce coup, j'sais pas. Je lui fais confiance. Même si c'est une conne.
Elle a mal réagit...? s'inquiète un peu mon interlocuteur. Enfin, dans les messages elle n'avait pas l'air...
— Non. Oh, t'sais pas c'qu'elle m'a sorti ? Un truc genre... Je te préfère te voir avec un mec plutôt qu'avec une meuf... Mais wesh. C'est une folle.

J'arrive à entendre le léger rire de Maël à travers mon portable, mes doigts venant écraser mon mégot après avoir tiré une dernière fois.

Tu sais... Ça ne m'étonne même pas pourquoi ta sœur te dit ça, lâche-t-il.
— Pourquoi ?
Bah... T'as jamais regardé son Instagram ?
— Non, j'crois qu'elle m'a bloqué. Ou son compte est en privé. Mais c'est quoi le rapport ?
Ben... soupire le châtain. Elle aime bien les gays. Ta sœur. Genre j'sais pas si tu vois ce que c'est les mangas où t'as des mecs qui baisent dedans et-
— Hein ?! Attends, c'est ce tu penses que ma sœur lit ou quoi ? je demande, essayant de baisser quand même d'un ton après mon exclamation.
Elle poste des photos de ça, Léo. Donc oui c'est sûr qu'elle lit ce genre. Alors voilà pourquoi elle te dit que ça ne la dérange pas...

Je pensais ma sœur tarer mais pas à ce point là. Mes parents savent ce qu'elle s'achète avec son argent de poche ou...? Maintenant, ça m'intrigue. J'ai vu plein de mangas dans sa chambre, tout à l'heure. Ils étaient colorés, roses, bleus, jaunes, verts, je ne sais pas si c'était ça ou pas. Mon Dieu. Je vais vomir mon repas du midi, moi.

— C'est tellement... Ça me dégoûte... Elle n'a que 15 ans cette gosse et elle vu plus de choses que moi, j'ai l'impression.
Ah bah... Peut-être. Tu sais pas. Mais ça va fais pas ton choqué genre, se moque-t-il gentiment.
— Je ne devrais pas l'être en sachant c'que ma sœur lit ? Je savais même pas que ça existait...
Tu me fais rire... Ça a un nom mais je ne sais plus comment ça s'appelle.
— Ouais. Bref. On s'en fout. C'est chelou.

J'ai plus trop envie de partir sur ce sujet. De toute façon, j'ai toujours trouvé Gabriella bizarre alors bon. Ça ne m'étonne même plus qu'elle puisse aimer ce genre de bouquin.

— Tu vas faire quoi ce soir ? je continue, sans trop savoir quoi dire.
— Hum... Tu veux que je fasse quoi d'autre à part réviser, bouffer et aller dormir ? rigole le châtain.
— Mais moi j'ai pas envie. J'sais pas.
— T'as pas envie de quoi ? T'as l'air saoulé, c'est un truc de fou.

J'suis juste crevé. J'ai juste envie d'être avec lui en fait, juste sentir sa présence ça serait beaucoup mieux que juste l'entendre à travers cet appel.

— Rien. Je vais raccrocher. On se voit demain de toute façon.
Eh, attends. Raccroches pas.
— Quoi ?
Toi, quoi ? C'est quoi cette façon de me dire au revoir. Déjà qu'aujourd'hui, ce n'était pas terrible après les cours...

Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un soupir. Comment j'suis censé faire ça correctement s'il n'est pas avec moi ? Ce mec est vraiment pas possible. Je soupire.

— Dommage, t'es pas là. Aller bye.
Léo ! crie-t-il et je retiens un sourire con.
— Quoi encore...
Rien. J'avais juste oublié de te dire que tu es chiant. Et aussi, évite de trop y penser à... Genre, avec ta sœur. C'est pas très grave, ok ?
— Ouais, ok. Ça va. T'inquiète.

On se laisse après des « bye » et c'est moi qui raccroche en premier. Quelle soirée. Bizarrement, j'ai hâte de retourner en cours demain et oui, c'est la première fois de ma vie que je sors cette phrase. C'est à noter, aujourd'hui est un putain de jour férié. Bref.


Le lendemain, midi. Tout le monde est excité car c'est frites et burger. Ouais, il en faut peu pour rendre nos ventres heureux. Après avoir rempli nos plateaux, on se dirige vers notre table fétiche avec les gars, celle qu'on squatte toujours. Même si j'aurai kiffé manger qu'avec Romain et Kévin — bon ok, Maël aussi — d'autres ce sont ramenés. Ça ne sert à rien de les présenter car c'est toujours les mêmes. La gothique accompagnée de son meilleur ami s'installent et la fille ignore royalement le regard noir de Kévin sur elle. Cassandre ose même se poser à côté, en face de Bastien. Perso, je suis en face de Romain et Maël à ma droite, Kévin devant lui. Camille n'est pas venue aujourd'hui, à ce qui parait elle se sent pas bien. Du coup, il y en a un qui est bien dégoûté de ne pas voir sa nana...

— Super... Bon appétit juste à ceux que j'aime à cette table, râle l'ennemi de la gothique, posant un coude sur la table.

J'adore l'atmosphère. Je regarde rapidement tout le monde mais j'accroche finalement à Maël. Il me fixe rapidement avant de sourire, amenant une frite dorée entre ses lèvres. Je l'observe et hausse rapidement sourcils en sa direction.

— Sérieux là ? se plaint l'unique voix féminine. Non mais vous êtes vraiment sérieux ? On va vraiment continuer comme ça ? Eh bah...

Moi qui voulait manger en paix, c'est visiblement raté. Je croque dans mon hamburger surgelé et même si c'est pas un Mcdo, le goût y est. En tout cas, c'est mieux que les poêlés de légumes qu'on se tape tout le temps. Les trucs sans saveurs là, puis la viande trop juteuse ou trop dure... Ça me débecte.

— On mange là, rajoute Kévin en déchirant son emballage de ketchup.
— Dans cette ambiance ? Bref. Vous avez réussi vous l'interro surprise de Mr. Uchaud ? lance Cassandre pour changer de sujet.
— Moi, ça va... répond mon voisin, Maël.
— Euh bah moi... rajoute Romain avant de soupirer. J'sais pas trop. La dernière question, elle m'a bloqué. T'sais, celle sur 6 points. Je sens que je vais me taper un gros hors-sujet.

Je ne réponds pas, trop concentré sur ma bouffe. Bastien s'empresse d'expliquer à mon ami ce qu'il fallait exactement marquer et j'avoue que ça m'ennuie. Ce mec est sympa mais wesh, trop intello pour moi. J'comprends même pas comment il arrive à trainer avec nous. J'serai lui, j'aurai d'autres « potes ».

— C'était facile, reprend Maël. C'était du par-cœur, fallait exactement marquer comme dans le cours.
— Mec, j'ai jamais relu ne serait-ce qu'une fois les cours de ce prof. À chaque fois, je prends des cours sur internet.

Romain a bien raison. Même moi. Je comprends rien, je préfère quand c'est expliqué dans le manuel. Et putain... Mais qu'est ce qu'il fout avec son genou lui ?

— Perso j'ai rendu copie blanche, avoue Kévin d'un coup, faisant réagir la fille à côté de lui.
— Tu aurais dû écrire quelque chose...

Ah, si j'étais Cassandre j'aurai fermé ma gueule je crois.

— Ouais... Vas-y, tu peux m'passer l'eau ?

J'ai très bien senti que mon ami voulait rajouter quelque chose mais il s'est retenu. Cassandre s'active et le sert ce qui fait rouler des yeux le châtain. Bordel par contre, Maël je vais le tarter. Depuis tout à l'heure il est en train de pousser mon genou avec le sien, il croit que je ne le remarque même pas ce con ? Cet idiot discute d'un truc avec Romain, en vérité, j'sais même pas de quoi ils parlent. Je m'en fiche. On fini de manger dans une ambiance particulière.

Une fois à l'extérieur, l'air glacial me fait tellement frissonner que je m'empresse de fermer ma veste. Bordel. Moi je dis, vivement cet été parce que là, je n'en peux plus. Devant le lycée, on s'allume une clope. Sauf Bastien, bien sûr. Lui décide de s'éloigner un peu, s'appuyant contre le muret, commençant à bouquiner un livre de 1000 pages. Merde. Plus de clopes. J'en gratte une à Kévin et il me donne une petite frappe sur l'épaule. Je lui en revaudrai une même si je sais que je vais oublier. Un silence s'installe dans notre groupe, enfin, il y a juste Maël et Cassandre qui parlent. D'ailleurs, cette dernière fait relever le regard à tout le monde lorsqu'elle crie soudainement :

— Ah ! Il y a ma copine...!

La gothique abandonne mon mec, s'empressant de courir vers une nana qui m'est totalement inconnue. En tout cas, elle a un style particulier, exactement comme Cassandre. Elle est plus petite de taille, ses vêtements sont déchirés et noirs. Ses cheveux sont coupés court avec une frange colorée en rouge vif, le reste de ses mèches étant blondes. De hautes chaussures compensées la retiennent debout, j'me demande comment elle peut marcher avec ce genre de truc.

— Euh... What ? lance Kévin avec un accent anglais affreux. Vous savez c'est qui ?
— C'est... Je sais pas, répond Romain. En tout cas, elle n'est pas de notre lycée.
— C'est Daf, Daphnée. La meuf de Cassandre. Euh, elle m'en avait parlé sur Insta.

Maël la connait ? Bon, après tout j'en ai rien à foutre. Nos regards se perdent sur les deux filles au loin jusqu'à que Kévin fasse signe qu'il a une fausse remontée de vomissements. Wesh ? Ah, elles viennent de s'embrasser. Genre, devant tout le monde. Quelques curieux qui passent bloquent leurs yeux sur le couple mais n'en font pas tout un plat comme... Bah, mon pote. Bref, c'est génial.

— Kévin... Arrête mec, le pousse Romain d'une épaule ce qui fait éclater de rire mon ami.
— Alors là... J'suis mort... C'est trop pour moi... Wesh, elle est lesbi ou quoi ?
— Kévin ?

Maël a parlé. Maël reprend.

— Ta gueule. Vraiment.

Ça c'est dit. On pouvait pas mieux faire. Bastien a relevé les yeux de son livre d'intello. En fait, un long silence qui me dérange un peu s'est installé entre nous. Romain secoue négativement de la tête tout en tirant sur sa cigarette et Kévin a arrêté de rire. Je pense que l'intervention du châtain ne lui a pas plu... Mais en même temps aussi... J'avoue qu'il était chiant.

— Attends, attends... J'peux savoir pourquoi tu t'énerves, mec ?

Romain veut retenir mon ami mais ce dernier repousse son bras. Maël ne bouge même pas d'un pouce, s'en fichant royalement de l'énervé.

— Je m'énerve pas. Juste, c'est chiant en fait. Ta réaction n'était pas cool.
— Ça te pose un problème ?
— Ça pose un problème à tout le monde, répond normalement le plus grand. Tu te rends compte que t'es le seul qui réagit comme ça ?
— Et ben...! Parce que wesh, j'veux pas voir deux meufs dégueulasses se rouler une pelle devant moi ! Oh, c'est quoi ça ? Ah... Mais j'ai compris... rigole Kévin. En fait, vous ça vous dérange pas parce que vous kiffez ça, non ? C'est bon, je me disais aussi.

Je tente un regard de désespérance vers Romain, ce dernier textote quelque chose sur son portable, assez nerveusement. Du coup, je reporte mes yeux sur... Lui. S'il y avait pas Kévin, ni personne, j'l'aurai embrassé là, j'l'aurai embrassé comme un dingue. Comme Cassandre avec sa Daphnée. Comme elles. En mieux. J'me sens bizarre.

— Alors non, soupire Maël. C'est pas du tout ça Kévin. Et là, ce que tu viens d'imaginer, c'est juste dégueulasse. Personnellement, je m'en fiche de voir les filles s'embrasser devant moi. Et puis si toi ça te dérange, d'accord, mais évites de le montrer.

Pourquoi il a toujours les mots ? Là, je capte pas tout de suite que Kévin a tourné le regard vers moi. Il me fait un signe de tête, en mode qu'est ce que je pense de tout ça. Aucune réaction.

— D'accord, d'accord ! Alors, en fait... Il y a vraiment personne avec moi...! Genre, merci Léo. Merci, Romain. Vous êtes des vrais potes. Mais toi, Bastien... T'es d'accord avec moi, hein...?

Le voilà qu'il s'attaque au plus timide... Le châtain enroule son bras autour de ses épaules, le rapprochant brusquement de lui. Ça ne plait pas vraiment au rouquin qui essaye de se débattre, ses lunettes sur le bout de son nez. Les joues roses, il ordonne trop gentiment à Kévin de le laisser. Je m'impose.

— Mec, lâches-le... Ça va.
— Ouais, ouais ! C'est bon, je le lâche ! Vraiment, vous vous êtes tous alliés contre moi aujourd'hui, tss...

Kévin se replace près de moi et me sourit. Je soupire rapidement. Camille, pourquoi t'es pas là aujourd'hui ? Vraiment. On est obligé de surveiller ton mec à ta place. Et c'est pas vraiment qu'il saoule mais... Ouais. Mon Dieu, pourquoi ça m'énerve autant. De voir mon ami ainsi me... me donne même pas envie de lancer un autre regard vers Maël, vraiment. Pourtant je sens qu'il me fixe, lui.

— Je savais qu'il y avait un truc pas net avec cette nana... Voilà pourquoi je l'aimais pas ! Maintenant, tout s'explique...
— ... C'est bon, Kévin. On a comprit.
— Romain. T'es sérieux là, toi aussi ? s'indigne le coincé mentalement.
— Ouais, soupire le garçon aux cheveux dorés. Comme dit Maël... Je pense comme Maël, moi aussi. Alors mon pote, comportes toi mieux sinon moi je me casse.

Le bordel. Pardon ? Ça va plus vite que ce je l'imaginais. Il y a beaucoup, beaucoup mais beaucoup trop de tensions au sein de notre groupe. Je déteste ça. Récapitulons. Kévin a vu Cassandre et Daphnée s'embrasser. Ça l'a dégoûté. Maël lui a dit de se calmer. Pourtant Kévin continue. Et là, Romain en a sa claque. Je crois. J'ai jamais vu mon ami aussi tendu à l'instant même. Genre... Il est prêt à se barrer à cause des remarques lourdes de notre meilleur ami. Alors, là. Moi qui pensait que c'était celui qui gardait le plus de sang froid... Heureusement que Maël rapplique et qu'il se met entre les deux parce que là, c'est trop. Putain. Faîtes que ça sonne. Faîtes que ça sonne...

— Non mais... J'comprends pas là. Deux minutes. C'est quoi le putain de problème avec moi aujourd'hui, les gars ? D'habitude vous êtes pas aussi tendus. C'est quoi, c'est la scène qui vous rend comme ça ou quoi ? sourit Kévin, sourire que je n'apprécie pas vraiment sur le coup.

J'ai pas envie que ça tourne mal. Je sais qu'ils ne vont pas de battre puis genre... Imaginer mes deux amis se battre... Je veux pas que cette situation arrive jusque là.

— Bon aller, c'est bon. Ça suffit, ça part trop loin.

Maël se pose entre Romain et Kévin, les jugeant tous les deux du regard.

— Vas-y, Romain ! Dis t'as quoi sur le cœur ! Je sais que t'as envie de me dire quelque chose mais que tu te retiens !
— Putain, la ferme Kévin !
— Maël... T'sais quoi mec, vas-y bouge de devant. On va pas se frapper. Romain c'est mon frère, d'accord ? Je veux juste comprendre ce qu'il a.
— Non mais, t'es sûr là ? rigole ironiquement le châtain. Regarde tes poings, regarde toi. T'es prêt à lui sauter dessus.
— Je vais pas le frapper, j'te dis ! Putain, tu casses les couilles à t'imposer comme ça !

C'est trop. Ça commence vraiment à partir en couille. Des élèves nous regardent, les sourcils froncés, se demandant sûrement si une baston va d'ici peu éclater. Et pour que ça ne se fasse pas, j'attrape l'épaule de Kévin en « douceur » histoire de pas le brusquer. Heureusement qu'il se laisse faire, finissant par se laisser entraîner avec moi. Il marmonne des mots incompréhensibles et je m'en fiche de ne pas réussir à les comprendre. Là, je veux juste essayer de le calmer le plus possible et l'éloigner de cette bulle de tension.

Une fois un peu plus loin, je me retrouve seul avec mon pote. Son regard est rivé au sol et il ne cesse de lâcher des jurons. Je regrette vraiment que sa meuf ne soit pas là, je regrette. Même s'ils ne se connaissent pas depuis longtemps la blonde et lui, elle a un véritable pouvoir sur le châtain.

— Explique moi ce que j'ai fait, Léo ! J'comprends rien !

Les yeux de Kévin se plantent dans les miens. Ses sourcils sont froncés, je n'arrive pas à savoir s'il est triste ou en colère. On dirait que les deux. Je me pince l'arrête du nez en fermant les yeux de maigres secondes. Je ne sais pas comment calmer une personne dans cet état, même si c'est mon ami.

— Gros, calme toi. Déjà.

Kévin se mord la lèvre en levant les yeux au ciel, ses doigts cherchant nerveusement une clope de sa poche.

— Ok, ok... Juste j'ai fait une remarque et tout le monde me tombe dessus... Vas-y, la prochaine fois je fermerai vraiment ma gueule, t'sais quoi... Ça me fait chier !
— Mh, je lâche tandis que mon ami continue.
— Putain... J'comprends pas pourquoi Romain s'est vénère comme ça. J'ai... C'était pas pour être saoulant que j'ai dit ça ! Vraiment, tu me crois toi hein ? Tu me crois ? Tu le sais, toi !

Il pose ses mains sur mes bras, les secouant un peu. Je ne peux m'empêcher de laisser passer un soupir, le regard au loin. De là, je peux voir Maël et Romain discuter, Bastien étant avec eux. Cassandre les rejoint au moment même ou je la fixe, abandonnant sa meuf qui s'en va dans la direction opposée.

— Léo... J'veux pas me disputer avec vous...
— Je sais mon pote, je sais. Nous non plus on veut pas.
— Tout ça à cause de cette... Cassandre ! Depuis qu'elle nous a rejoint, c'est la merde ! Et maintenant, avec sa meuf... Non, je ne peux pas accepter ça. C'est hors de moi par contre.
— Pourquoi ? j'ose demander tandis que mon ami s'allume une cigarette. Expliques-moi.

Je fais de même, histoire de décompresser un peu.

— Ben parce que... Léo, pourquoi ? Genre, tu veux qu'on la laisse trainer avec nous ? Tout le lycée a vu la scène, wesh ! Ils vont penser qu'on traine avec une...
— Kévin... je le coupe avant qu'il dise une connerie.
— Quoi ? Toi aussi, tu penses comme eux ? Tu veux qu'on laisse traîner une gouine avec nous ? Non !
— Kévin ! je l'interrompt plus fort. Arrêtes deux minutes. Mec, je trouve que t'énerve depuis tout à l'heure. Tu peux penser ce que tu veux mais je veux pas qu'on s'embrouille pour de la merde. Moi aussi, je ne suis pas... Enfin... Argh. Je m'en branle de cette histoire avec Cassandre. Voilà. C'est dit. Je m'en fiche, elle fait ce qu'elle veut de toute façon ça ne m'intéresse pas. Et abuses pas, y a genre... Trois quatre personnes qui ont vu ça.

Je ne regrette pas mes mots, il fallait que ça sorte. Je sais très bien que ça ne plaît pas à Kévin, il voulait avoir quelqu'un de son côté mais... J'peux pas faire semblant et dire que ça me répugne à ce point là. Enfin, ça ne me fait vraiment rien quoi. J'ai vraiment dit la vérité.

— La grosse blague... Aller, bref. C'est bon, je suis calmé.
— Tu vas où comme ça ?
— Je retourne voir les autres. Pourquoi ? me demande-t-il comme si c'était d'une logique. En plus, ça va bientôt sonner.
— Ouais mais... Ça va ? T'es chelou, là.
— Ça va ! C'est bon, j'ai compris. J'vais juste me tenir loin de cette meuf, plus la calculer et si vous vous en fichez bah... Faîtes ce que vous voulez. Pour moi, elle est morte. J'peux pas, essayes de comprendre. Ça dépasse mes limites, mon pote.

Je ne dis plus rien et suit Kévin, rejoignant ainsi notre groupe dans un silence roi. Heureusement que ça ne dure pas longtemps puisque la sonnerie indiquant le début des cours de l'après-midi se met à sonner. Dans un calme olympien, je me dirige en compagnie de Maël et de Romain à notre classe. Kévin, lui, se met en retrait, derrière Cassandre et Bastien. Je déteste la situation actuelle et je prie intérieurement que cela change.

Le soir-même, vendredi soir. Je ne sais pas comment on s'est tous retrouvés à une soirée organisée par un des mecs populaire du lycée, je ne me rappelle plus de son prénom. Mais bon, ça intéresse qui ? Personne. Tout le monde est heureux de célébrer la fin de la semaine. De boire un coup, de fumer, de danser, de s'éclater, de se shooter aussi un peu puis pourquoi pas de baiser. Littéralement, c'est le mot. Je suis entouré de notre groupe habituel, assis sur un canapé d'angle. Devant nous, une table. Quelques bouteilles et canettes vides sont renversées, toutes sortes de snacks à moitié finis, des téléphones portables qui vont très certainement se perdent et il y a également une chicha. J'avoue l'avoir utilisé mais c'est plutôt Léa, un peu bourrée, qui s'est incrusté avec nous et qui a fumé avec Kévin et sa copine. Comment dire que je m'en fiche un peu qu'elle soit là sur le coup, de toute façon, si je devais compter les personnes que je n'aimais pas ici... On en aurait pour longtemps. Romain et Kévin sont posés à ma droite, Maël et Cassandre à ma gauche. Je suis au milieu, mon dos complètement avachi sur le dossier du sofa. Les autres sont redressés et se racontent des anecdotes que je ne prends pas la peine de comprendre. Devant moi, Mathis et Yanis. Ils nous ont rejoint et semblent heureux de s'être ramené à la soirée. En même temps, il n'y a pas à se plaindre... La maison est spacieuse, tout le monde peut être là où il veut, la musique est bonne, l'ambiance est pas trop mal, comment mieux faire ? Je ne sais pas.

Camille ne tarde pas à surgir non plus. En la voyant arriver, Kévin ne peut s'empêcher de l'accueillir comme il se doit. Il en fait toujours des tonnes mais... Au moins, il a l'air mieux que tout à l'heure. Je n'oublie toujours pas cette scène qu'il nous a fait, c'était très chiant. Et vu l'expression de la gothique, elle ne semble pas avoir oublié non plus. Car ouais, on lui a raconté du coup. Alors là, son dégoût pour mon ami s'est intensifié et elle a dit que c'était qu'un gros, je cite : « connard de merde homophobe » et que donc, elle ne comprenait pas pourquoi elle se permettait de traîner encore avec lui. Mais, vu que c'est Cassandre et qu'elle a quand même toujours une idée derrière la tête, elle s'est promit de le changer et que d'ici quelques semaines, Kévin sera un mec différent. Alors ouais, on a éclaté de rire. Parce que déjà, bonne chance... Et puis parce que c'est impossible de faire changer quelqu'un. Enfin, il y a des exceptions bien entendu mais changer mon ami... Je le connais très bien pour savoir que ça n'arrivera pas. Il est comme ça depuis toujours, la meuf qu'il kiffe le moins pourrait le faire évoluer ? J'sais pas trop... Affaire à suivre.

— Alors ! Je vais dire quelque chose à l'oreille de Clara et elle devra le répéter à Camille puis à Kévin, ainsi de suite... Jusqu'à arriver à Cassandre ! Venez, on fait ça !
— On joue au téléphone arabe... ? Ok, vas-y. Hé, j'vous préviens. Ceux qui joue sérieux sont des cons, alerte Kévin avant de poser sa bière à moitié finie sur la table basse.
— Bah non, rigole Léa qui ne semble avoir plus aucun problème avec mon ami. On ne joue pas sérieux, c'est ça qui est drôle ! Allez bae, approche...

Je n'ai pas envie de jouer alors je veux me relever. Sauf qu'une main m'en empêche, je ne vais pas préciser laquelle. Je lève mes yeux vers Maël et me retient de fixer le plafond. Super. Je me penche pour attraper un paquet de clopes et m'en allume une, balançant le briquet contre la table basse. Le souffle de Romain se faufile contre mon oreille tandis que je tire sur ma Marlboro.

— J'ai un crush sur Maël...

Ah ouais, ça a commencé. Je m'étouffe un peu avec la fumée et lance un regard à Léa qui fait genre de discuter avec sa pote, balançant doucement sa tête au rythme de la musique... Une musique que kiffe Maël, à chaque fois il l'écoute. C'est Streets, le nom. D'une meuf, j'sais plus. Mais c'est connu et bizarrement, j'aurai préféré qu'ils passent autre chose. J'essaye de paraître le plus blasé possible et tourne mon visage vers lui. Il me fixe déjà. Je lui attrape la mâchoire pour le faire pencher vers moi, mon nez caressant le dessus de son oreille. Je chuchote, alors.

— J'ai un crush sur... Sur Romain.

Maël sourit doucement et lance un regard discret à mon ami qui ne se doute nullement de ce que je viens de lui dire. Désolé, mec. Mais j'avais aucun autre nom en tête... Ah, Yanis et Mathis se sont rajouté à côté de Cassandre. Ce qui veut dire que Mathis sera celui qui devra dire la réponse finale... J'ai hâte de voir la tête de Léa, elle n'est pas gênée pour faire une déclaration devant tout le monde celle là. Folle va. Puis la phrase circule de bouche en oreille jusqu'à arriver au dernier. C'est là que je tourne le visage un peu plus vers la brune, la fumée de ma clope s'échappant de mon nez. Je ne manque pas les regards qu'elle lance vers le brun à côté de moi, mon mec ne semble rien remarquer et tant mieux d'ailleurs. Ma main se pose brusquement sur sa cuisse sans trop savoir c'que je fou et tout de suite, il a toute mon attention. Maël me reluque, baissant ses yeux gris sur ma main puis vers moi... Son maigre sourire m'indique que cela ne semble pas le déranger plus que ça. Hum. C'est bien. J'espère qu'elle regarde l'autre. Oui, je suis un gamin mais qu'est ce qu'elle me fait chier. 

— Tu me passes une bière, steuplé ? je lance rapidement.
— Tout ce que tu voudras... me répond-il alors, d'une manière ou il me prend l'envie de lui faire un tas de chose.

J'enlève doucement mes doigts et choppe la cannette qu'il a prit la peine de décapsuler pour moi. Je chuchote un léger « merci » et boit une gorgée, mes yeux se plantant dans ceux de Léa. Elle murmure un truc inaudible dans l'oreille de son amie qui elle, me regarde. J'ai envie de leur faire un doigt d'honneur. 

— J'ai un crush sur Romain ! crie Mathis en rigolant suite à sa phrase, n'imaginant sûrement pas dire ça un jour.
— Hein ?
— Ooooooooh ! s'enflamme rapidement Kévin, faisant bouger sa Camille sur ses cuisses. Jure Léa ? Tu crush sur mon ami ? Ah ouais désolé, mais ça va pas l'faire. Il aime pas les connes. Aller, au suivant !
— Mais... La ferme, gros con ! Ce n'est pas ça la phrase du début... Désolé Romain, hein... Je te jure, tu es un des garçons les plus mignons du lycée mais je ne crush pas sur toi ! tente de s'excuser la brune, faisant rire mon ami qui ne semble pas plus intéressée qu'elle.

Ah, j'suis mort. Désolé, mec. Mais personne n'a prit la peine de changer ma phrase ? Ils sont trop sérieux... J'affiche un léger sourire sur mes lèvres, sentant la main de Maël se glisser dans le bas de mon dos. Haha. Il fait chier... Mais j'aime bien.

— T'inquiète... Moi non plus je crush pas sur toi, avoue Romain en perdant son regard vers ma droite, là où se trouvent les autres.
— Hmm... Romain, c'est moi que tu regardes ? se lève Cassandre en balançant ses cheveux en arrière, se rapprochant de mon ami qui pouffe. Aller, fais moi une place à côté de toi... 
— Ouais, ouais... Vas-y. Léo, décales toi.

Je m'exécute, la gothique décidant de se poser entre mon ami et Kévin qui semble pas très enchanté. Le jeu du téléphone arabe continue. Cette fois-ci, c'est Mathis qui doit lancer une phrase. Celle-ci arrive bien rapidement dans mon oreille, Maël approchant son visage de moi, sa main cachée de tous continuant ses tracés dans mon dos. 

— Léo est amoureux de quelqu'un qui participe au jeu...

Ça ne peut pas être la phrase du début. Je suis sûr qu'il vient de la modifier. Je secoue négativement la tête et chuchote vers Romain.

— Mec... Quelqu'un qui participe au jeu te kiffe de ouf.

Le pauvre, je fais tout retomber sur lui mais... Je peux pas. Cette phrase fait sourire mon ami et il pousse doucement mon épaule avant de s'approcher de Cassandre qui elle, va sûrement changer la phrase vu le regard qu'elle nous lance. Une voix m'interpelle.

— Tu penses que c'est de qui ?

Je soupire doucement en levant les yeux vers lui. Sa cigarette électronique entre ses doigts, il sourit légèrement avant de la glisser entre ses lèvres. La fumée qu'il recrache sent le caramel, c'est bon. 

— Tu penses que c'est une vérité ?
— Oui, dit-il. C'est un mensonge ?
— Je sais pas. Peut-être... Ou pas. Non. Oui. Mais plus oui...

Il rigole doucement, je sens encore sa main sur le bas de mon t-shirt. Je sais qu'il le fait exprès en faisant genre de rien, ce mec est vraiment quelque chose. Je n'entends même plus ce que disent les autres, complètement absorbée par sa présence. Je sens juste que le groupe se dissipe un peu, signe qu'ils arrêtent de jouer. Je n'ai même pas fait attention à la dernière phrase.

— Léo, Maël ? Vous voulez que je vous rapporte un truc ?

Cassandre nous parle. Le châtain répond pour nous deux en disant que non. C'est vrai, on a déjà des bières alors pourquoi prendre autre chose ? Je n'en peux plus, en plus...

— D'accord ! Amusez-vous bien...
— Mais... Tu vas où ? demande le mec à côté de moi, la gothique essayant de cacher son grand sourire.
— Bah, voir ma copine... Elle a réussi à s'incruster à la soirée. Bon aller, salut les mecs !
— Euh, ouais à... Plus.

Sa copine, hein. Je me demande comment elle fait pour autant s'assumer comme ça. Je ne l'ai jamais vu avec une meuf auparavant et genre du jour au lendemain on apprend ça et on dirait pas que ça la gêne ou quoi que ce soit. On est trop différent. C'est fou.

— Tu veux pas qu'on aille autre part... Je m'ennuie...

Maël... Sa voix plaintive me fait sourire, malgré moi. Je n'arrive pas à lui résister et encore plus maintenant. Les lumières multicolores qui nous éclairent changent encore et encore, passant du rouge au bleu, du bleu au jaune, du jaune ou orange, du orange au rouge et même sous toutes ces couleurs, il reste le plus beau. Je hoche doucement de la tête et il se relève, content. Je m'apprête donc à le suivre, contournant cette table basse qui gêne plus nos pieds qu'autre chose. Toujours assis sur le canapé, Kévin — encore entouré de Romain et de Camille — me demande où on va. Je ne prends pas la peine de répondre car Maël s'en charge pour moi. Il dit qu'on va prendre des verres et fort heureusement, ça ne les donne pas envie de nous suivre.

Slalomant entre des personnes que je connais même pas, j'essaye de ne pas le perdre. La maison est gigantesque, beaucoup trop de gens s'y trouvent. Je veux un endroit plus tranquille, mon ventre se serre lorsque je suis Maël dans les escaliers... Sérieusement... Il a failli se casser la gueule à les monter à reculons, son regard préférant se perdre dans le mien. Bien évidemment, il s'est rattrapé avec élégance à l'aide de la rambarde.

— T'es con... je souffle, longeant finalement le couloir.

Je m'amuse à vouloir le rattraper mais il s'enfuit à chaque fois que je veux le toucher, se mettant à trottiner doucement. Nous croisons un couple se bouffant littéralement, appuyés contre un pauvre mur qui n'a rien demandé. Maël les fixe rapidement avant de m'entraîner dans une chambre. Euh, j'crois ? J'ai à peine une seconde pour voir si on nous regardait avant d'être entraîné dedans. Mais visiblement, les deux sont un peu — beaucoup — préoccupés par leurs langues plutôt que par deux gars lambda sortis de nulle part. Du coup, c'est dans cette pièce inoccupée qu'il commence à m'embrasser. Un soupir passe la barrière de mes lèvres sans le vouloir, c'est juste que... Je m'y attendais pas, là, comme ça. Il sent le parfum de sa cigarette, j'aime bien, ça cache un peu l'odeur du joint qu'on s'est fumé en arrivant à la soirée. Il sent aussi l'alcool, la bière... J'avoue, je me sens un peu défoncé mais pas trop au point de ne plus réfléchir correctement. Je pense que c'est le cas pour lui aussi. Sérieusement. Pourquoi ça m'a autant manqué ? Genre... Je veux mourir. Sous ses caresses, ses baisers divins qu'il m'offrent et que je lui retourne, essayant de lui faire ressentir un maximum de choses, les choses que j'ressens quand il fait la même avec moi. Cette chambre, comme toute la maison, est spacieuse mais très intime, puis sur le coup je m'en fiche pas mal de là où se retrouve. J'espère juste que personne ne rentrera ici... Mais Maël sait qu'il faut fermer les portes dans ce genre de situation.

Je l'appuie contre un mur. Je parlais des murs maltraités tout à l'heure mais... C'est trop kiffant de faire ça, de toute façon. Ses yeux me cherchent, me défient, je rue ma bouche afin de la plaquer contre la sienne. Rapidement, nos langues s'entremêlent entre elles et mes doigts descendent le long de son corps. Tous nos gestes sont un peu précipités, je ne contrôle presque plus rien mais je sais pourquoi. Je pince les formes de ce dernier, sa taille, ses hanches et mes oreilles perçoivent ses faibles gémissement, sonnant comme une mélodie. Je sens ses bagues froides contre ma nuque qu'il caresse, qu'il empoigne puis qu'il attrape, qu'il griffe, m'incitant à continuer. Ma tête se penche sur le côté, nos bouches voulant à chaque fois se chercher encore plus loin, nos deux muscles roses voulant danser encore plus longtemps et ça recommence à me rendre dingue.

Il chuchote mon prénom et je recule doucement mon visage du sien. On est essoufflés... Mais j'en veux encore, moi. Je pousse doucement son nez avec le mien.

— Quoi...?
— On est bourrés ?

Je fronce mes sourcils et ne peut m'empêcher de pouffer. Vraiment ? Bah, un peu. Juste ce qu'il faut, j'pense. J'embrasse ses lèvres avant de glisser mes doigts sous son haut un peu large — merci au piercing... — faisant donc frissonner sa peau à leur passage.

— Moi, ça va... Pourquoi ?
— Comme ça...
— Tu veux pas ? je demande, d'une petite voix.

Car moi, je veux. Je le veux et je veux qu'il me veut. Maël hoche doucement de la tête, agrippant un peu plus ma nuque. J'essaye d'ignorer les frémissements contre cette dernière qui me prend tout d'un coup, j'essaye du mieux que je peux. Mais quand il est là, quand il me regarde comme ça...

— Alors arrête de parler...

Je rêve. Il me fait stresser pour rien par moment. Je le fais taire avant qu'il ne dise autre chose. Mais il ne semble pas être d'accord avec ça... Je commence à vraiment avoir chaud à cause de ces conneries. Le châtain reprend entre un baiser que je lui offre ce qui me fait un peu râler.

— Tu veux vraiment que je m'arrête de parler ?

Maël hausse un sourcil et je le regarde rapidement avant de fondre mon visage dans son cou. Suite à ce que je suis en train de lui procurer, il soupire. Ouais, j'aimerais qu'il se taise. Mais il est chiant alors il ne le fera pas à moins qu'il le veuille lui. Bordel... Ses doigts traversent mon torse à travers les vêtements que je porte encore, ces derniers prenant le temps d'explorer les parties de mon corps habillé avant de descendre plus bas, sur mon ventre, puis sur les ficelles de mon jogging... Son index joue autour et je m'enflamme directement vu qu'il s'est décidé de passer à l'étape supérieure et de s'amuser un peu plus loin, ce soir. Mes mains descendent sur ses hanches que j'agrippe, assez fort, l'incitant à continuer. Ça lui plaît, je le ressens. Je sais que cette fois-ci, il va vraiment réussir à me rendre fou... Comme la dernière fois. Putain, la dernière fois. Je fais que d'y repenser tellement j'avais envie que ça se reproduise. Ouais, c'est grave et mes pensées deviennent obscènes en ce moment envers lui mais... Il n'avait pas qu'à réussir à m'attirer aussi facilement. Je sais pas pourquoi c'est comme ça. Maël... Je sens qu'il me pousse doucement et en deux trois pas, je me retrouve assis sur un lit. Plutôt confortable, si je peux me permettre...

Je le regarde, ses yeux à lui me brûlent. Il est si beau. J'ai envie de lui faire tellement de choses. Doucement, il se déshabille devant moi. Là, je le mate ouvertement. J'essaye de ne pas venir me mordre les lèvres, façon, c'est lui que j'ai envie de mordre à l'instant même. Torse nu devant moi, il continue. Ses colliers argentés descendent le long de son cou. Il déboutonne son jean, tire sa braguette puis l'enlève. Je l'attrape. Lui, pas son jean. Les paumes de mes mains se placent sur ses côtes et mes lèvres atterrissent sur son ventre. Ma langue fiévreuse trace ses muscles finement dessinés, les lignes de ses abdominaux que je viens taquiner, mordre, suçoter, marquer. Ses gémissements me prouvent qu'il apprécie ce que je suis en train de lui faire mais... Comment ne pas apprécier justement ? Ah sérieux, j'ai trop chaud. Je ressens trop de trucs. Dans un soupir, je lui lance un peu autoritairement.

— Vas-y. Déshabilles-moi.

Je vois doucement son sourire et ses doigts qui se mettent directement à exécution. Je sais que le voir faire, ça m'fait tourner la tête. Ah ouais, j'crois qu'on est un peu —  beaucoup — bourrés pour le coup... En temps normal, j'aurai pas été aussi... J'sais pas. J'ai envie, là. De lui, juste de lui. De suite. Et c'est tout. Depuis que j'ai mit un pied à cette soirée, depuis que je l'ai vu débarquer, j'avais envie de ça. C'est ouf. Il me rend ouf. Il s'occupe de moi. Ouais, j'aime bien ça. Il ôte mon t-shirt et il louche sur le haut de mon corps, ne se cachant même pas. Mais... Quand il se laisse tomber sur ses genoux, genre, là, devant mes cuisses et qu'il les écarte pour s'y incruster, j'sens me tendre. À un endroit bien précis, pas la peine de faire genre. Comme si j'sais parfaitement ce qu'il s'apprête à me faire, mes doigts se glissent entre les mèches de ses cheveux. Je sens déjà que je vais en voir de toutes les couleurs. Mais j'aime bien... J'aime bien la façon dont se déroulent les choses, je ne m'attendais pas vraiment à ça par contre. Maël a l'air motivé ce soir. Très motivé...

Il finit par tirer sur les ficelles de mon jogging, le desserrant complètement. Là, il attrape le tissu et le baisse le long de mes jambes, je me retrouve en caleçon devant lui. Tout se déroule vite. Je sais très bien ce qu'il va me faire vu le regard qu'il me lance, il fait tordre mon ventre dans tous les sens, il ne devrait pas avoir le droit de me reluquer ainsi. La façon qu'il a de faire, tout ça, j'aime... Ses lèvres se perdent sur mon ventre, ça fout un tas de frissons tandis que ses doigts s'amusent avec les bords du dernier tissu qui me couvre. J'essaye de me concentrer seulement sur lui, la musique provenant du rez-de-chaussé s'entendant un peu d'en haut. Mes yeux se ferment par moment avant de s'ouvrir pour tomber sur lui, ses cheveux se faisant doucement tirer par mes soins. Je soupire son prénom, j'ai l'impression que la chaleur de la pièce a augmenté d'un cran. C'est... Je maltraite ma lèvre lorsque je me retrouve à nu sous son regard qui me passer au scanner. J'ai envie de me mourir lorsque Maël s'empare de ce qui fait de moi un mec, qu'il commence à s'en occuper comme il faut, la faisant glisser contre la paume de sa main et de ses longs doigts qui, d'avance, me rendent déjà toute chose. Mon Dieu... C'est trop pour moi.

Il le fait trop bien. Mais je ne doutais pas du contraire.

Le fait qu'il a le visage aussi près me fait encore plus d'effet. Je vais pas le nier, il doit le sentir. Quelques soupirs s'échappent de ma bouche et ma tête se penche un peu vers l'arrière. Merde... Ça ne dure quelques instants avant de venir planter mon regard brûlant dans le sien. Je hausse rapidement un sourcil en sentant sa bouche traîner un peu trop près de ce qu'il est en train d'agiter.

— T'es sûr de ce que tu fous au moins...?

J'essaye de cacher au mieux l'excitation qui déforme ma voix mais en vain. Maël sourit un peu avant de relever son visage pour le place en face du mien. Sa main continue les vas-et viens sur mon membre, sachant parfaitement quel rythme entreprendre. Ses chuchotements s'échouent contre ma bouche, sa bouche que j'ai définitivement envie d'embrasser, de posséder, d'avoir, sa bouche qui ne cesse de me chercher.

— ... T'en as envie ?

Quelle question. Oui. Il vient de me chauffer comme un malade, j'suis censé lui répondre le contraire ? Je souffle entre deux gémissements, ses coups de poignet m'offrant quelques mouvements bien placés. Putain... Qu'est ce que t'es en train de me rendre dingue, toi.

— Ouais... Ouais. Mais attends...
— Hmm ?

Maël descend dans un chemin de baisers le long de mon torse jusqu'à arriver vers la zone. Ça me... Ah, vraiment. Je suis excité comme jamais. Et ça ne sert à rien de le cacher, car ça se voit beaucoup trop bien.

— Qu'est ce qu'il y a...?

Je sais pas. Je baisse mon regard vers lui et c'est à ce moment là que ma bouche se décide de s'ouvrir mais non pas pour répondre... Merde. Fait chier. Non. C'est à partir de ce moment précis que tout commence. Sa langue m'arrache un gémissement incontrôlé. Cette dernière est sur moi, autour de ma virilité, contre elle. Puis maintenant, il me capture entre ses deux lèvres que je viens d'embrasser il y a même pas trois minutes, ses putain de lèvres qui me me chopent, m'emprisonnent, me font fondre comme un malade. Ça faisait trop longtemps que j'avais pas eu le droit à ça... Et bah. Ça valait le coup d'attendre, j'crois. Sa putain de bouche humidifiée par ses soins qui s'amuse avec moi, c'est celle-ci qui m'arrache des jurons pas très polis, celle qui me fait bouger doucement le bassin sans même pouvoir le calmer, tout ça, tout ça à cause de lui, à cause de ce mec, c'est Maël. Et à moitié dans l'obscurité, y a que lui que je vois. Beaucoup, beaucoup mieux que dans les films. J'ai juré que c'est beaucoup mieux que dans les films. Il le fait si bien. Il sait comment faire. Comment sait-il faire ce genre de truc, d'ailleurs...? On dirait que tout est calculé parfaitement pour me rendre dingue. Il sait sur que terrain il joue. Et c'est réussi. Un frisson traverse ma colonne vertébrale quand il ouvre les yeux pour me regarder. Me regarde pas ainsi... Je sens qu'il me tape dans sa joue et rien que cette vue pourrait me finir, là, de suite.

Je ne compte plus le nombre de fois où son prénom s'est perdu dans mes soupirs. Je ne compte plus le nombre de fois qu'il chuchoté le mien, le souffle court après chaque petit pause pour reprendre sa respiration, respiration saccadée. Son visage légèrement rose, ses yeux qui brillent un peu, sa bouche gonflée et attirante, ses cheveux décoiffés et cette légère odeur de parfum qu'il porte ce soir ont suffit pour me donner envie de lui. Juste ça. Ses lèvres curieuses que je ne cesserai de remercier plus tard... Je te jure, tu vas me trouver. Je n'ai pas les mots pour décrire par tout ce que je suis en train de passer. C'est sûrement la meilleure fellation qu'on m'offre. De toute ma vie. Certes, je n'en ai pas reçu des millions mais sur toutes les autres... Qu'on m'emmène aux Enfers. Je le jure en voyant le châtain m'avaler presque entièrement, venant tirer les mèches de ses cheveux un peu plus fortement que d'habitude. Et je sais pourquoi je suis en train de faire ça...

— Arrête... Relève-toi... Relève-toi.

Même si mon côté perverti ne l'aurait pas dérangé de venir l'étouffer, je me retiens quand même. Pas comme ça, pas avec lui... Heureusement qu'il m'écoute. Son front se colle contre le mien et maintenant, nos chuchotements se mélangent doucement... Je me sens arriver, sous ces coups divins, entre ses doigts que je vais salir, mes lèvres maltraitées totalement appuyées contre les siennes. Là... Explosion totale. Je contrôle plus. Je viens, faible, fatigué, exténue, j'atteins la jouissance sous ses yeux, et ma bouche contre ce qui lui a permit à cette bêtise de se produire. Trop bon. Inexplicable. Parfait. J'en veux encore. Il continue un peu. Moi, je râle de plaisir. J'en peux plus. Maël sourit en voyant l'état dans lequel je me trouve actuellement. Complètement ou presque à sa merci, perdu dans un petit tourbillon de bien-être... Je l'entends me chuchoter quelques mots avant de le taire, l'embrassant doucement. Notre étreinte dure un petit moment avant qu'on se sépare, mutuellement, l'unique lit de la pièce nous permettant de nous allonger l'un contre l'autre. Ses cheveux chatouillent la peau de mon cou et ses caresses ne s'arrêtent pas pour autant sur mon torse. Je pourrai m'assoupir mais je me retiens. Mon envie de lui ne s'est pas pour autant échappé et c'est à mon tour de lui faire des trucs. Son boxer vire rapidement et, je viens lui montrer ce que je sais faire moi aussi. Pas pareillement que lui car je n'ose pas sur le coup mais... Ma main, elle, se faufile contre ses cuisses et je la laisse se guider naturellement provoquant une ruée de soupir de la part du garçon. On continue, longtemps, je sais pas combien de temps. Ce soir, y a que nous deux. Juste nous, paumés dans une fête peu alcoolisée, paumés dans une chambre inconnue, paumés dans nos désirs tous un peu plus dingues que les autres. Je me sens bien. Même trop bien. Je sens que ma vie sexuelle va se développer à une allure que je ne contrôle même pas, celle de Maël se partageant avec la mienne. Mon Maël. À moi...  Ce truc rien qu'à nous, qu'à moi, qu'à toi. J'échangerai ça pour rien dans ce putain de monde. Pour rien.

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