Une rentrée chelou.

Changement d'ambiance, faut s'accrocher là.

L'enfer a commencé depuis déjà quelques minutes. Afin de voir les foutues fiches des classes pour cette année, je me retrouve à pousser tous ces secondes stressés et pressés qui ne savent même pas où regarder. Des paumés et ça putain, ça me casse les couilles dès 8:00 du matin. J'ai du mal à lire mon prénom à cause de cette foire qui entoure les panneaux d'affichage.

Ces cons auraient pu imprimer un peu plus de feuilles, mais non bien évidemment, ça demande bien plus d'effort. Mes yeux se plissent légèrement, essayant de lire une bonne fois pour toute la liste des terminales. Heureusement que je n'ai pas à chercher longtemps, la première lettre de l'alphabet pour Armanetti Léo. C'est un succès lorsque je vois les noms qui m'accompagnent dans cette liste qui ne m'inspire que très peu. Terminale 6, j'espère qu'on sera la pire et la plus détestée classe de l'année.

— Hé Kév, on est ensemble avec Romain ! Ça c'est bon putain, je m'exclame finalement. Par contre y'a pas les autres, fait' chier.
— Ah putain, ouais ! Au moins on est pas solo, viens par là mon pote !

Kévin s'empresse d'enrouler son bras autour de mes épaules, me bousculant sauvagement. J'suis trop refait là.

Quand je parle de Romain, c'est que j'te parle de mon deuxième pote, lui c'est vraiment le sang. Je l'adore, on a toujours été dans les mêmes classes et c'est limite un exploit qu'on fasse notre terminale ensemble. Ah, ça me rend trop content !

Tout sourire d'être avec mes deux meilleurs, je finis par me dégager de cette masse humaine, repoussant un seconde avec son sac dix fois trop lourd. Il nous reste 15 minutes avant la première sonnerie alors j'propose qu'on aille fumer une clope. Les gars acceptent.

Devant le portail du bahut, j'remarque ma blonde d'hier soir. Ça me fait sourire brièvement car nos regards se croisent, elle me regardait déjà. Eye-contact. J'sors l'excuse du « je vais demander un briquet » et me dirige vers le groupe de Clarisse. Ses amies, en me voyant arriver, déguerpissent rapidement en riant comme des tchoins. Elles sont bizarres celles là, on dirait qu'elle a parlé de moi à ses filles pour qu'elles réagissent autant en me voyant. Enfin bon.

J'vais pas m'attarder sur des connasses, je me concentre sur ma mission, mon missile.

— Salut. J'm'attendais pas à te voir ici.

Je mens bien évidemment. Bien sûr que je savais qu'elle allait être là. Derrière ses airs de femme fatale à la soirée, une simple ado fêtarde s'y cachait derrière. Elle passe ses ongles colorés dans ses cheveux blonds et ondulés, faisant bouger ses grosses créoles argentées accrochés à ses lobes.

Une. Bombe.

— Salut Léo. Moi non plus. Tu fumes avec moi ?

Clarisse me tend une clope. Ah bah, cool. Moi qui ne demandait qu'un briquet, j'suis plutôt content d'avoir une clope gratos pour le coup. Je ne peux m'empêcher de lui faire un clin d'œil discret pour la remercier avant de l'allumer avec le briquet rose — assez girly, assez Barbie en passant — qu'elle me prête.

Je tire alors une taffe tout en plissant les yeux tandis qu'elle reprend la parole, d'une voix légère :

— Tu sais, c'était cool la dernière fois... Et j'me demandais si tu voulais sortir avec moi genre ?

Je marque une pause le temps que l'information arrive jusqu'à mon cerveau. J'écarquille doucement les yeux en penchant légèrement la tête sur le côté, m'étouffant presque avec la fumée de la clope. Lorsque je la regarde, je vois qu'elle n'attend plus que ma réponse. Sa bouche rouge se pince dans un coin.

Je m'attendais pas à ça. Pas aussi rapidement, mais...

— T'es pas en train de tomber amoureuse d'moi là ?
— Nan, t'es fou ! Mais genre ça pourrait être cool et on pourrait apprendre à se connaître, se reprend-t-elle, me regardant longuement de haut en bas.

Cette meuf va me rendre fou. J'hausse les épaules et accepte. Après tout, j'ai rien à perdre. Je la regarde en biais, elle se mord la lèvre avant de sauter sur les miennes qu'elle embrasse presque sauvagement. Ok, bon ! Je lui rends son baiser, ne m'y attendant vraiment pas, encore une fois. Notre moment dure un petit instant mais pas assez car un fort bruit de moto nous interrompt dans notre magnifique action.

Putain, c'est qui ce boloss encore ?

D'abord intrigué, je tourne la tête vers le gars qui finit par arrêter le moteur de son engin et je reluque rapidement sa bécane, ne l'ayant jamais remarqué jusqu'à aujourd'hui. Hé ben, ça arrive pas en scooter à ce que je vois.

Ça doit être encore un de ces fils à papa. Enfin, j'peux parler avec ma caisse. Elle n'est pas tombée du ciel, gros big up à mon père, sans lui j'aurai une vieille Clio, comme tout le monde.

— Wow... Tu crois que c'est un nouveau ?
— J'sais pas, on s'en fout non ?

Tu parles pour rien dire, cousine. J'en ai un peu rien à foutre et t'es plus intéressante qu'un bruit de moto.

Je me retourne vers elle et embrasse sa bouche colorée de gloss rouge pétard. Ma main se glisse le long de sa mâchoire pour la faire s'intéresser de nouveau à moi. Je la sens sourire dans notre baiser, sûrement contente de me trouver aussi entreprenant. Bon maintenant... Ma bouche est toute collante, c'est un peu désagréable mais voilà.

— Suis-moi.

Ma copine m'attrape la main sans que je ne puisse dire quoi que ce soit, ce n'est pas comme si j'avais le choix désormais. Je me force un peu pour lui rendre son sourire et je finis par me diriger vers mes deux potes qui sifflent légèrement quand ils me voient arriver Clarisse.

— Bah alors, t'as enfin trouvé ta Juliette. Salut, moi c'est Romain.
— Wesh, dragues pas ma meuf par contre.
— Mais... ! T'es ouf toi, j'me présente juste ! se dédouane mon sang.
— Hé mais... Attends, toi t'étais pas à ma fête toi ? s'exclame Kévin tout en venant lui faire la bise, Clarisse c'est ça, nan ? Ta pote, la... La brune, là ! T'sais. Avec les tresses. Elle m'a parlé de toi.

Sentant toute l'attention autour d'elle, Clarisse rejette ses cheveux en arrière comme si elle se pensait mannequin. L'égocentrisme à l'état pur, j'ai dit. Elle a un problème avec ses cheveux, j'ai jamais vu quelqu'un se les toucher aussi souvent mais je fais taire cette pensée. Je glisse mon bras sur ses épaules, la rapprochant ainsi de moi. La plupart des mecs autour de nous la regarde et ça me dégoûte. Calmez vous, non.

Aujourd'hui, elle porte un top moulant satiné, une mini-jupe en jean ainsi qu'une paire de superstars blanche et argenté. Un petit sac à dos clouté de couleur beige est dans son dos, un petit porte clé pompom jaune bougeant à chacun de ses moindres gestes.

Ce truc est ridicule, mais bon.

— Stacy, ouais ! Je l'ai vu, elle m'a abandonnée pour toi... Mais bon ! J'ai bien vite remarqué Léo, au final c'est pas plus mal... raconte-t-elle en me jetant un regard prononcé.

Kévin lui lance un regard amusé tout en tirant sur sa clope. J'suis sûr que ce con ne se rappelle même plus du nom de la brune qu'il caressait hier soir du coup, il fait genre. Il ne sait pas s'y prendre avec les nanas mais j'lui dis rien car j'ai pas envie de le blesser et puis quoi que je dise, je pense que ça rentrerait d'une oreille et que ça sortirait par l'autre.

— Oh mon dieu, ça va bientôt sonner les gars. Je vais y aller. On mange à midi mon amour ? me propose-t-elle en m'embrassant doucement.
— ... Ouais, Bien sûr. À toute.

Ah ouais. Rien que ça.

Je ne dis rien sur le surnom, intérieurement, ça me fait rire. Clarisse s'apprête à s'en aller après avoir checker sa montre Guess rose. Avant qu'elle ne parte, j'arrive à la rattraper dans son envol puis je l'embrasse à nouveau. Sauf que cette fois-ci, j'préfère y mettre la langue, là, ici, devant tout le monde. J'préfère quand c'est clair. Maintenant, ça l'est. C'est bon. Je la sens se coller à moi durant notre échange qui lui plaît énormément, elle finit par me mordre les lèvres pour s'évader en me murmurant un dernier au revoir. On ignore les regards persistant autour de nous ainsi que les petits gloussements.

Ricanez si vous voulez mais elle, c'est ma meuf.

Clarisse s'échappe enfin de mon emprise, nos doigts qu'on s'étaient liés se détachant doucement.

— Fait chier, Léo... Moi aussi, j'veux que tu m'apprennes à faire ça ! s'extasie Kévin, une main sur son front.
— Perso, j'ai juste vu un teaser de film de cul, lance Romain en écrasant sa clope par terre. On y va les gars ?

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