Une réconciliation forme une séparation.
La pression qu'exerce Maël sur mon épaule est toujours aussi active, encore plus depuis qu'on est sorti du gymnase. Dehors, le froid attaque nos joues mais pour le moment, j'ai pas envie de m'en plaindre bien que ça m'agace. Kévin voulait nous parler, et voilà qu'on l'attend comme deux cons, perdus dans un amas de lycéens optant des chemins différents afin de rentrer au plus vite chez eux. Romain et les autres, eux, sont partis depuis un bon moment. D'ailleurs, mon pote m'a demandé une revue détaillée de notre convo une fois chez moi, mais... Ouais, j'pense que je l'appellerai au pire. Cassandre, elle, m'a promit de casser la gueule à son ennemi juré s'il osait s'en prendre à un seul de nos cheveux. J'avoue ça m'a fait rire, bien que son air diabolique et sincère m'a foutu les jetons. Tarée en vrai.
— Je regrette presque de lui donner autant de temps... soupire alors le châtain à mes côtés, impatient, son regard cherchant toutes les trente secondes l'heure sur l'écran de son téléphone.
Je tourne légèrement mon visage vers lui, sans pour autant qu'il me fixe. Un léger sourire pensif se dessine faiblement sur mon visage attaqué par l'air frais du soir. Rien que le fait qu'il soit présent et avec moi, me remonte considérablement le moral. Si j'étais solo, j'aurai pas tenu. Clairement, j'aurai qu'une seule envie : c'est de me barrer. Même pour Kévin. Je ne sais pas à quoi m'attendre bien que j'ai envie que tout ça se finisse. Ça m'épuise mentalement d'y penser sans cesse.
Puis ce qu'il m'a dit tout à l'heure, en sport... Des excuses sorties à la suite, à répétition. Et franchement, ça se voyait qu'il était méga sincère. J'peux pas dire le contraire, rien qu'à son expression pensive, ses yeux qui brillaient d'un éclat sans nom. Il était ému et c'est là, c'est là que je l'ai de nouveau reconnu. Mon pote, quoi. Kévin. Malgré les apparences, ce mec est le plus sensible que j'ai jamais connu. Il y a que lui que j'ai vu autant de fois dans ce genre d'état. Bien sûr, la situation était différente d'aujourd'hui. Mais il m'a vraiment touché, et au fond... C'est trop dur de lui en vouloir encore et encore.
— Ah bah... Il arrive, enfin.
À l'entente de ces mots, mon regard balaye l'horizon, en direction du gymnase. C'est là que je vois Kévin sortir, traversant la grille, vêtu de sa grosse doudoune. Après lui, le prof referme le portail en le faisant résonner dans un gros bruit, tractant un immense sac de sport sur son épaule baraquée.
Lorsque mon ami relève la tête, c'est là qu'il nous aperçoit directement. Bien qu'il essaye de le cacher, je remarque qu'il est quand même content qu'on soit toujours là. Maël est... un peu plus saoulé que moi, et ça se voit. Lui, il n'est pas prêt à s'entendre à tout et n'importe quoi venant de Kévin, bien que je sais qu'il sait se montrer compréhensif.
— Ouais... Désolé, les gars. Le prof voulait me parler...
Aucun de nous deux n'a le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'il nous tend déjà son paquet de clope, presque vide. J'sais pas pourquoi mais j'attends la réaction de Maël avant toute chose. Mais de toute façon, ce dernier ne se sert même pas et moi non plus d'ailleurs, vu que je manque de réaction. Et en plus, ça me fait pitié de piquer dans ses quatre dernières.
— Ouais, bon... se reprend alors Kévin, rangeant ses clopes là où elles étaient auparavant.
Un soupir s'échappe également de ses lèvres, son regard dérivant sur le côté comme pour chercher alors des mots, comme pour se préparer et finalement, commencer à s'exprimer. C'est alors que sa voix reprend le court de la conversation, qu'il avait laissé quelques secondes plus tôt.
— Les gars... Je... En vrai, j'sais même pas comment commencer. Désolé si j'suis brouillon, comme ça...
Son dos vient rencontrer le muret qui lui fait office d'appui, juste derrière lui. Le châtain se ronge un ongle, l'air pensif avant de trouver le courage pour se lancer dans un monologue, avec ses brefs mots, à sa façon.
— Vous savez... Fin, déjà... J'crois que ce qui m'a saoulé le plus dans cette histoire c'est d'avoir été le dernier au courant. Genre, j'sais pas, ouais. Ça m'a vraiment saoulé. J'ai l'impression d'avoir été, sans le savoir, comment dire... Exclu, vous voyez. Hm... J'avoue que, sur le coup... Quand j'vous ai vu, à la fête, bah... Ouais, ça m'a fait mal parce que ça m'a choqué ! Fin, tu vois, vraiment... ! Et je suis désolé, encore, je m'en excuse vraiment, d'avoir réagit comme ça... Avec le recul, j'sais bien que j'ai gâché ma propre fête, wesh... Après que vous êtes parti... Y'a eu Romain, aussi. Et putain, Romain... Ca a été vraiment le pompon, lâche-t-il dans soupir, passant quelques doigts entre les mèches de ses cheveux. Je... J'ai eu l'impression que tout le monde était au courant, tout le monde dans ma propre fête, dans mon propre groupe de pote et dans ma propre maison, quoi. Et personne n'a osé me faire savoir quoi que ce soit. Silence radio. Au calme, ça fait des semaines que vous étiez... Voilà. Mais... Mais ça encore, j'peux pas vous en vouloir, continue-t-il en faisant un signe de main vers l'arrière. Parce que j'me suis rendu compte que mon comportement... Bah, j'comprends que vous m'aviez rien dit, quoi. Et... finit-t-il en déposant la paume de sa main sur sa poitrine, c'est p't'être parce que vous vouliez pas qu'un truc pareil nous arrive.
À sa dernière parole, c'est là qu'il ose et trouve le courage de lever son regard sur nous. Maël, reste silencieux bien que je le sens un peu moins tendu, beaucoup moins qu'il y a quelques minutes. Et moi... J'ai l'impression que tout est déjà pardonné, réglé, emballé, pesé. Genre... J'ai juste envie qu'on oublie cette histoire, j'vois pas comment m'en sortir dans cette relation avec mon pote. J'sais bien et j'ai conscience que rien n'est encore acquis, et qu'il y a encore une certaine réticence qui a joué sur ses mots, dans ce qu'il vient de nous dire. Mais... Wesh, j'ai juste envie qu'on s'arrange une bonne fois pour toute.
Je m'éclaircis rapidement la gorge avant de prendre la parole, détendant d'une manière rapide mes épaules.
— Mec... Franchement, j'vais être franc avec toi, et tu sais qu'on a jamais voulu te cacher quoi que ce soit. Parce que dans l'fond, et tu t'en rends pas forcément compte et tout parce que t'es pas dans cette situation mais... J'vois pas comment j'étais censé t'en parler, tu vois alors que... Alors que même moi, j'étais pas prêt d'assumer cette... Bah cette relation avec Maël. Ça s'est fait un peu tout seul et clairement les gens qui savent ont, pour la plupart, découvert ça tout seul. Je... Puis non ouais, on va pas se mytho entre nous... je continue en lançant un regard à mon mec, ce dernier écoutant attentivement ce qu'on raconte. C'était dur de trouver un bon moment pour t'en parler parce que j'étais sûr mais à mille pourcent que t'allais réagir d'une façon qui allait me blesser, et notre relation allait prendre un choc, t'as bien vu là maintenant... 'Fin...
— Hmm, renchérit alors Maël en s'apercevant de mon silence. Tu sais, moi... J'suis arrivé dans votre groupe comme ça, j'peux comprendre que tu m'en veuilles parce que contrairement à Léo, j'ai pas vécu vos trucs avec Romain et tout, j'ai pas tous vos délires, on se connaît pas depuis longtemps, donc... Ce que j'essaye de dire, c'est que j'avais pas à me mêler de trop près. J'voulais vraiment que ce soit Léo qui trouve le bon moment pour t'en parler. Et ouais, finalement... On se rend compte qu'il n'y a pas forcément de bon moment, justement... sourit rapidement Maël, ses yeux croisant ses chaussures au sol avant de les relever vers son interlocuteur. Le plus important maintenant, c'est qu'on tire cette situation au plus clair. Perso', j'veux bien oublier parce que j'ai la flemme de finir sur ses bases et dans cette ambiance jusqu'à la fin de l'année. Vous voyez le reste mais comme j'ai dit plus tôt Léo, je prendrais son parti quoi qu'il décide, parce que...
J'étais concentré sur son échange mais voilà que son silence m'a mit une légère pression au thorax. Parce que quoi... ? Je croise rapidement le regard de Kévin qui semble attendre une suite, les doigts jouant avec la lanière de son sac Eastpak, un air d'incompréhension collé au visage. Les yeux gris de Maël se perdent dans le bleu des miens et n'ayant alors plus aucune notion du temps, plus aucun repère, j'espère intérieurement qu'on n'a pas l'air de gros cons devant mon pote, quand même. C'est alors qu'un petit raclement de gorge, provenant du plus grand, me réveille.
— Parce que... C'est à lui que je tiens le plus. C'est comme ça. Et ça, Kévin... J'suis désolé mec, mais ça changera pas.
Le silence que forme notre petit trio me semble particulièrement agréable après avoir entendu ces dernières phrases. C'est comme si je me sentais un peu plus léger, comme si le froid n'arrivait plus à me faire un quelconque effet, comme si je n'arrivais plus à sentir le regard de Kévin sur nos deux personnes, se demandant intérieurement qu'est ce qu'il pouvait bien foutre encore ici. À ce moment là, j'ai envie de choses que mes pensées doivent taire. À ce stade, je ne peux plus nier que le moindre petit mot, le moindre petit geste, toutes ces trucs qui me sont destinés et qu'il me rapporte à sa façon suffisent pour me rendre de jour en jour un peu plus amoureux. C'est le terme. Il en faut peu pour Maël. Peu pour me rendre facilement influençable, facilement à son écoute, facilement à lui, d'une facilité que personne d'autre ne serait capable de manier aussi bien que lui.
— ... Ah, bon j'crois que j'ai compris... Vraiment les gars, encore désolé... Désolé pour cette ambiance de merde, j'espère qu'on va pouvoir se retrouver un peu, et que demain on pourra tous se laisser une chance de se comporter comme avant...
Mes sourcils se froncent légèrement après avoir entendu quelques reniflements provenant de la personne en face de moi, Kévin venant se moucher grossièrement avec un mouchoir qu'il avait laissé traîné dans la poche de sa doudoune.
— Vous me manquez tous. Vraiment... J'me suis senti comme une merde ces derniers jours... Depuis la rentrée, j'suis qu'avec des gens zarbi wesh, en plus ils comprennent pas mes blagues et tout...
— Parce que nous, on les comprend ? rebondit Maël d'un ton plus léger, faisant sourire faiblement Kévin.
Ce dernier renifle un bon coup avant de venir lui foutre un gentil coup de poing dans son biceps.
— Au moins, vous faites bien semblant de rire.
Un silence nous regagne encore mais cette fois-ci, il est encore plus agréable que les premiers. Sans l'avoir vraiment remarqué, la pression qui prenait place sur mes épaules s'était volatilisée depuis un bon moment déjà. Sans parler, ce même calme forme tout doucement un cercle de paix autour de nous et sans rien s'avouer de plus, Kévin entoure rapidement son bras autour de mes épaules. Ma main tapote la sienne, et je resserre son étreinte. Maël subit le même sort, bien qu'un peu moins longtemps que moi. Je vais pas mentir, ça m'a fait du bien. Tout est dit et posé, je ne sais pas quoi exprimer de plus. Je suis enfin heureux, et mieux dans mes baskets. Puis ça se ressent à ma façon d'agir, de m'exprimer. On se quitte avec Kévin sous des dernières paroles, bienveillantes. On se dit à demain, et notre ami part dans une précipitation qui me fait sourire, ce dernier ayant fait poireauter sa mère — devenue furax — devant le lycée.
Une fois que tous les deux, j'essaye de cacher ce même sourire qui n'est toujours pas décidé à quitter mon visage. Maël ne peut pas s'empêcher de le remarquer et... ça me fait faussement chier, je sais qu'il ne manque aucune occasion pour m'embêter. On gagne le parking et ma voiture assez rapidement, quand même, je souhaite retrouver un peu de chaleur. Chaleur que le châtain recherche particulièrement, une fois bien installé sur le siège passager.
— Qu'est ce que... T'es malade... !
La façon dont il m'a chopé m'a surpris, je l'avoue. Ce n'est pas une façon d'attraper les gens, wesh. Bien que j'espère que ça n'arrivera jamais, il a le droit d'exercer ce pouvoir rien que sur moi.
— Ah ouais. Désolé... Mais j'avais envie de voir ce que ça faisait de croquer un sourire.
Il me sort ça si naturellement alors comment contenir mes émotions. J'espère que j'ai encore les joues rosées, à cause du FROID. L'inverse, ça me ferait chier.
— ... Tu veux rentrer vivant, ce soir ? je le défie donc, même si ça l'amuse plus qu'autre chose.
— Vivant ou pas, tant que je rentre avec toi, souffle-t-il du tac au tac.
— Ouais bah... Calme, alors.
Je sais qu'il se retient de rire suite à mon manque de repartie, mais je suis trop déstabilisé. Il finit donc par lâcher le col de ma veste de sport et je me précipite pour bien prendre place sur mon siège, faisant tourner la clé dans le contact de ma voiture avant de boucler ma ceinture.
— Putain, ça s'appelle finir la journée en beauté, reprend-t-il tandis que j'entreprends ma marche arrière pour sortir du parking.
Ça, c'est vrai. Je ne peux m'empêcher de penser à mon ami durant le trajet. Maël reste silencieux, bien que lui aussi, est soulagé que ça se finisse. Je lui demande si ça le dérange que j'appelle Romain pour lui expliquer ça, l'appel se connectant au bluetooth de ma voiture. Bien sûr, il a décroché très rapidement, il a même pas commencé à parler que je le sens déjà trop curieux. Ça me fait sourire.
— Allo ? Ouais, t'es en haut parleur là, je préviens avant qu'il dise une perle.
On ne sait jamais avec Romain, il est un peu fou quand il est enjoué. Enfin, je suppose qu'il est plutôt dans une phase de stress à ce moment précis, vu qu'il ne sait pas comment la discussion s'est terminée.
— T'es avec Maël ?
— Frère, avec le Pape. Qui d'autre ?
— T'es désagréable... souffle le mec à mes côtés.
— Say it louder !
— Hein ?
— T'inquiète, j'suis toujours là pour lui rappeler ses défauts, renchérit alors Maël et ça me fait soupirer.
— T'es vraiment un tyran, Maël. T'as de la chance, il est pas vraiment rancunier...
— Qu'est ce que t'en sais ? je réplique rapidement. C'est parce que j'ai pas encore eu l'occasion...
— Ah ouais ? Même avec avec Kévin, alors ?
— Bah, écoute... Ouais.
— Ah... J't'entends pas.
— J'ai dit, bah ouais !
Maël ricane mais moi ça me fait pas rire, c'est chiant de pas capter et je déteste me répéter comme ça. Bref.
— C'est bon, vous avez pu clarifier les choses ? En vrai j'espérais, vu le message qu'il m'a envoyé...
— Il t'a envoyé quoi ?
— Il m'a dit qu'on va devoir se parler aussi, en tête à tête. S'il a été mignon avec vous, j'dois pas m'en inquiéter, hein ?
Je lance un coup d'oeil à Maël, ce qui nous fait sourire tous les deux, laissant alors un long silence planer pendant ces quelques secondes d'appel.
— Hein, les gars ? Wesh, il a pas de réseau ou quoi...
— Mais ouais ! T'inquiète...
— Putain ! Vous me laissez parler solo. Bref... Non mais en vrai, tant mieux, s'il s'est excusé et tout. Maintenant faut qu'il fasse pareil avec moi et avec Cassandre, bien que j'sens qu'il y a un truc chelou entre eux.
— Ah, toi aussi ? s'exprime alors Maël, sur la même longueur d'ondes.
— Bah, ouais ! Faut être aveugle pour pas voir qu'ils se regardent non stop, et déjà ils se sont même parlé à la fin des cours, pendant qu'on devait ranger le gymnase.
— Même moi, j'ai fait une espèce d'allusion en lui avouant qu'elle me disait pas tout, elle a veski le sujet... soupire le châtain, baissant le pare-soleil de son côté.
Parler de ça me rappelle également la petite discussion que j'avais pu voir dans le téléphone de Kévin, lors de cette fête pendant l'action ou vérité... J'avais eu « l'opportunité » d'avoir son téléphone et en voyant cette conversation douteuse, je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir une pensée pour Cassandre. (ref chapitre Baiser fatal)
La convo se finit quelques minutes après, Romain étant tout aussi rassuré que nous, il a dit qu'il pourra se coucher en paix et qu'on verra tout ça demain. Comme il l'a noté, j'espère que ce sera pas gênant... Enfin, bon. Je vais éviter de penser à tout ça maintenant, ça va encore me préoccuper alors que ça ne devrait plus.
C'est à contre-coeur que je dépose Maël chez lui. Il dort enfin chez sa mère ce soir, et je crois que tous les autres soirs à venir désormais. Il m'avait raconté encore pour son père, et je comprends toujours pas pourquoi son paternel force toujours. Mais bon, je peux rien y faire et je n'ai pas mon mot à dire. Franchement, c'est pas mes affaires et ça serait chelou si je m'en mêlais, je n'ai pas grand-chose à dire là-dessus. C'est toujours relou les affaires de famille comme ça.
Une fois chez moi, je me fais attraper par Gabriella. Wow, elle m'avait pas manqué celle-là. La voilà accompagnée de sa meilleure amie, Marie je crois bien ? Cette dernière ne peut s'empêcher de me bouffer du regard, ça me fait peur. J'espère elle n'a rien dit à mon sujet à cette inconnue, bien que j'ai peur que les secrets ne tiennent pas longtemps avec elle.
— Coucou, mon frère chéri ! Marie est passé à la maison, et mama a dit que tu devais la ramener chez elle, ses parents ne peuvent pas la récupérer !
— Euh... C'est une blague ?
Elle pouvait pas me prévenir avant ? Ma mère nous rejoint et s'exprime en italien en me demandant d'être compréhensif, s'excusant par ailleurs de pas m'avoir prévenue plus tôt. Bref... Ca me fait chier un peu de rentrer pour ressortir, mais je n'ai pas le choix visiblement.
— Bah bougez alors, j'aimerais bien aller réviser.
Gabrielle retient un gloussement à l'entente du mot « réviser » puis, elle amène son amie récupérer ses affaires en haut, me laissant alors tout seul avec Adriana, ma génitrice.
— Stai bene ? (tout va bien?)
Je hoche rapidement de la tête en laissant mon sac tomber au sol, mon épaule s'appuyant contre le mur, profitant du silence du rez de chaussé de la maison.
— Tu as ramené Maël chez lui ? continue-t-elle alors, se dirigeant de nous vers la cuisine.
— Euh... Ouais. Enfin, comme tu sais ça ?
— Tu rentres un peu plus tard, je me doutais que c'était cela.
Ouais, enfin, depuis que ma mère a capté pour lui et moi, je ne peux m'empêcher de me sentir un peu timide. En fait, ça me gêne qu'elle m'imagine avec lui, je sais pas pourquoi... Au moins, elle le prend bien. Au moins elle, bien que mon père... Je ne sais toujours pas comment il pourrait réagir, et je pense que ça me fait le plus peur.
— Tu l'inviteras, ce week-end à la maison.
— Mais, tu l'as vu il n'y a pas si longtemps...
— Il est gentil ce garçon, j'ai envie de le voir un peu plus souvent... è carino ed è bello, chuchote-t-elle pour elle-même en tapotant la cuillère contre une poêle remplie de sauce.
Je me retiens de lever les yeux au ciel, reprenant mon téléphone en main. Rapidement, j'ouvre mes messages et m'empresse d'envoyer un texto à Maël
léo, 18h36
ma mère h24 elle te fera des louanges... 🙄
Sa réponse est rapide mais j'ai le temps de la lire qu'en express car les deux filles viennent tout juste de descendre l'escalier menant aux chambres, prêtes à partir.
maël, 18h36
je remercie la mienne d'avoir donné naissance à un bg, j'aurai pas eu autant la côté auprès de ta daronne 😏
— C'est bon, vous êtes prêtes ou quoi ?
— À toute à l'heure, mama ! s'exclame alors Gabriella, son amie évoquant un au revoir également.
— Andateci piano ! (allez-y doucement)
Une fois dans la voiture, ma sœur ne peut s'empêcher de refaire une remarque, après leur avoir indiqué de boucler leur ceinture.
— Ouais, va doucement Léo... Marie a le mal des transports.
— Ah, super... Ca ira, jusqu'à chez toi ? je lui demande quand même.
Parce que j'ai pas envie qu'elle vomisse dans ma voiture, celle-la. Elle va ramasser sinon, je ne sais pas comment, mais elle se débrouille. Enfin bon... Finalement, le trajet se déroule rapidement et je croise même mon père rentrant dans le sens inverse. Ce dernier me fait un signe de main du haut de son Partner.
Sur le retour, Gabriella ne peut s'empêcher de me poser une ribambelle de question sur Maël et ça me met limite en dépression. Je fais rouler mes épaules pour me détendre un peu, le son de la radio passant son style de musique farfelu ne semble pas la désintéresser.
— ... et puis en vrai, je suis tellement contente que maman sait pour toi maintenant, ça me fait trop plaisir ! Tu ne seras plus obligé de te cacher maintenant, avec Maël. Quand il viendra à la maison...
Elle semble vraiment joyeuse mais elle oublie un détail. Le daron, non ?
— Ouais, et papa il en sait rien. Donc évite d'être trop heureuse pour moi, steuplé.
— Non mais papa après... reprend-elle en mode blasée. Papa, j'suis sûre il s'en fout aussi. La dernière fois on a regardé une série où il y avait un couple trop chou de gay, il n'a rien dit...
— Ça veut rien dire. À la télé il s'en fiche p't'être mais si c'est moi que ça concerne... je réponds d'un rire froid.
Ma sœur soupire grandement en croisant ses bras sur sa poitrine, prenant le temps d'admirer le paysage à travers la fenêtre. Elle est tout de suite un peu plus pensive mais bon, j'ai raison en soit. Non ?
— De toute façon, il sera seul contre tous ! Si je te soutiens et que maman aussi, il ne dira rien du tout ! Girl power.
Dingue.
Je la regarde bizarrement du coin de l'oeil, si on veut. De toute manière, à ce stade... Je ne peux reculer devant rien. C'est ma relation avec Maël, c'est ma vie. Je changerai pour rien de monde ce que je suis en train de vivre, même pas pour ma famille. C'est triste en y pensant, mais ça ne concerne finalement que ma propre existence.
Une fois arrivé chez moi, on passe directement à table. Je mange rapidement car je veux monter dans ma chambre, honnêtement cette journée m'a claqué. Je n'ai pas hâte d'être demain mais j'ai envie que cette soirée se finisse. Je m'endors dans les environs de minuit, après avoir envoyé quelques messages à Maël tout en regardant ma série. Il me répondait toutes les dix minutes mais c'était parce qu'il bossait à côté, donc je ne lui en voulait pas. Au moins, on a pu se dire bonne nuit avant que l'un de nous deux s'endorme en premier.
Le lendemain, je me réveille difficilement car je n'ai clairement pas mes heures de sommeil. Mais oklm, on va assumer comme d'hab n'est ce pas ? En me préparant, je prends le temps de me regarder dans le reflet de ma glace. Faudrait que je reprenne un peu le sport mais qu'est ce que j'ai la flemme. Non mais vraiment. C'est trop dur. En plus, je trouve qu'on en fait assez trop en cours alors quand je pense à Maël qui se lève parfois tôt pour courir ou pour aller à la salle du coin, je veux me tuer. Mais bon, au moins ça paye chez lui. Mon ventre plat n'a rien à voir et mes abdos à peine dessinés ne sont pas comparables aux siens qui sont déjà, un peu plus taillés que les miens.
Mais bon. C'est la vie.
Une fois arrivé au lycée, je ne pourrais pas décrire le soulagement qui me vient à l'esprit lorsque je vois tout le monde réuni comme avant. Je suis dans les derniers à arriver alors, les voir au loin de cette façon, je sais déjà que je vais passer une bonne journée. Ouais, dès le matin c'est rare de sortir une telle phrase comme ça.
— Et voilà, celui qui se fait désirer arrive enfin !
Je reconnais directement la voix de Cassandre. Je souris rapidement tout en glissant une clope entre mes lèvres. Directement, mes yeux se posent sur Maël qui ne peut s'empêcher de me fixer en retour. J'aimerais bien faire quelque chose mais on va éviter. À côté de lui, Romain, tout sourire. Yanis est calé sur le petit muret derrière, se préparant un roulé tranquillement. Kévin, lui, est proche de la gothique qui ne fait que de lui sourire, Bastien se tenant derrière elle, des écouteurs rivés sur ses oreilles, complètement dans son monde.
— Camille n'est pas là ? je lance après les avoir salués.
Soudainement, c'est comme si l'ambiance agréable qui flottait autour de nous disparaissait peu à peu. On dirait que je viens de sortir une perle, et que j'aurai plutôt du fermer ma gueule. J'allume ma cigarette un peu avec hésitation, c'est assez bizarre de respirer maintenant.
— Aaah, bah... Oui ! T'es pas au courant, du coup, commence Cassandre et tous les regards se tournent vers elle.
— Steuplé... reprend Kévin, levant les yeux au ciel.
Un autre drama, sérieusement ? Non mais parce que si c'est comme ça, flemme encore... Hier tout était réglé, y'a quoi là ?
— Bah, tu l'as bien dit aux autres donc pourquoi pas à Léo ? sourit-elle comme si c'était logique.
Ouais, j'aurai pas dû prendre un peu plus mon temps ce matin. J'arrive presque pile à l'heure, donc j'espère qu'ils auront le temps de m'expliquer ce qu'il se passe bien que j'pense que ça commence à être mort. En plus, personne ne m'aide, ni même Maël qui, inconsciemment, m'a attiré vers lui.
— Du coup... Je vais m'exprimer pour le peuple. Si Camille n'est pas là ce matin et n'était pas là non plus hier, c'est parce qu'elle a rompu avec Kévin... Voilà, c'est dit...!
— Putain, j'pouvais le dire de moi-même, tu sais ? Ça y est...
— C'est bon, tout le monde le sait maintenant au moins ! s'exclame alors Cassandre, cognant sans faire exprès Bastien derrière elle. Merde, désolé chou.
— Tu captes l'ambiance, renchérit Romain en tirant une taffe.
Je lance un regard rapide à Maël ainsi qu'à Romain, ces derniers restant désormais silencieux bien que mon meilleur ami décide d'accompagner son calme par un faible haussement des épaules. Quelque chose me dit que Camille n'a pas pu rompre avec Kévin d'un simple coup de tête.
Mon regard juge rapidement les deux, et une boule se forme au creux de mon ventre. J'espère sincèrement que Cassandre n'a rien à voir avec ça.
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