Tu m'aimes, tu dégages.

La deuxième heure de sport passe sans aucune autre encombre. Je suis reparti bien vite sur le terrain et mon équipe finit par gagner quelques matchs. Le professeur nous assure déjà la moyenne et ça me rend fier, c'est cool. C'est la seule matière que j'aime, c'est l'une des seules où je peux me défouler réellement.

La matinée se déroule normalement malgré le fait que Maël s'incruste toujours avec nous. Qu'est ce qu'il me fait chier ! Mon Dieu. J'arrive pas à croire que Kévin et Romain l'accepte alors que c'est personne. On fait pitié à traîner avec le nouveau, mais bon. Je suis certain qu'il ferait moins le malin si je balançais aux deux qu'il embrasse des mecs... Mais j'vais rien faire. Pour le moment.

L'après-midi, n'en parlons pas. Examen de français et de maths. Les deux matières les plus chiantes au monde, c'est génial non ? Je sais qui va se taper une note en dessous de 10... Enfin, sauf en maths. Car ouais, je ne me suis pas gêné pour recopier le charabia de mon cher voisin. J'ai rien compris mais avec tout ça, je pense me taper une bonne note. Ce con de prof ne nous sépare même pas alors autant en profiter. Maël s'est laissé faire. Au début, il me cachait la vue de sa feuille mais après un bon coup de pied, il a râlé puis le tour était joué. Il croyait quoi ?

On m'écoute.

— Toi... Si t'as noté pareil que moi, on est dans la merde tous les deux.

Je ricane à sa phrase. Pleure bien.

La sonnerie retentit à mon plus grand espoir. Je mets mon sac dans mon dos, prêt à partir. Ma main se pose sur son épaule, la tapotant franchement.

— Ça, c'est pas mon problème. Allez, à plus.

Je me casse comme ça. Bah ouais, moi j'ai déjà une moyenne de merde donc si le prof me la flingue, ça ne risque pas de faire un énorme choc. Tandis que lui... Je pense qu'il doit avoir un 15 ou un 16, ce petit bâtard. Bon après, c'est pas comme si on avait fait cinquante contrôles mais quand même... Il est intelligent. Oui, ça me fait chier de dire ça.

— Léo ! m'appelle Romain.

Je me retourne, lui faisant face. Le couloir est bondé et je pense que Kévin est parti en courant aux bus. Le mardi, il part en avance ce qui nous ne laisse pas le temps de fumer une dernière clope ensemble.

Salaud, il pourrait dire quand même au revoir.

— Bon je me disais... Demain après-midi vu que ma copine vient en ville, ça vous dit que je vous la présente ? J'ai proposé aussi à Kév, il vient.
— ... Attends, attends. T'as une meuf et tu nous le dis que maintenant ? je lance tout bousculant son épaule amicalement.

Romain passe ses doigts dans sa tignasse dorée, légèrement gêné. Je sais qu'il est assez intime sur ses relations et qu'il nous cache des choses mais c'est tout lui. Je peux pas lui en vouloir.

— Je rigole t'inquiète, cherches pas une excuse... Bien sûr que je viens.

Son rire me fait sourire et il reprend rapidement :

— Yes, cool. Tu pourras venir avec ta Clarisse si tu veux. Bon... J'y vais, salut.

J'suis content pour Romain, c'est un type bien. Par contre le fait qu'il ait mentionné Clarisse me refroidit instantanément. J'avais réussi à l'oublier une journée. D'ailleurs, je ne l'ai pas croisé aujourd'hui, peut-être qu'elle est malade. Samuel, lui, doit carrément m'éviter depuis la dernière fois et c'est tant mieux pour sa gueule.

Il m'a bien écouté au moins, c'est bien.

Je m'allume une clope tout en me dirigeant vers le portail du lycée. Je croise Yanis et trois de ses potes. Je viens les saluer et discute tranquillement avec eux. J'aime beaucoup parler avec Yanis, il force jamais comme Kévin ou bien même, Romain.

— Bon, je dis en jetant ma clope par terre. J'me casse moi. J'dois faire deux trois courses avant de rentrer sinon j'bouffe rien ce soir.
— Ok, mon pote. À demain ?
— À demain.

C'est un dernier tchek que je rends à Yanis et à ses potes avant de me diriger vers le parking. Sur mon chemin, je me fais arrêter brusquement par une main manucurée qui se plante dans mon épaule. Putain, ça me fait mal. De suite, elle me fait tourner et je sens des lèvres humides et gonflées de gloss se coller aux miennes. Bordel de merde...

— Bébé... Je t'aime...

Quoi...

Wow, wow, wow ! J'ouvre brusquement les yeux sous cette révélation innatendue et pousse légèrement Clarisse. Ok j'avoue, je la pousse plutôt brutalement. Ça ne peut qu'être elle de toute façon. Mais bordel, c'était quoi cette scène ? Putain...

Elle a dit la phrase de trop.

— Euh, Clarisse...
— Quoi ? Je suis désolée, okay ?! Je sais pas ce qu'il m'a prit de t'ignorer pour ça... C-c'est juste que je pensais qu'on était maintenant très liés et... Excuses-moi si ça va trop vite pour toi mais moi je te veux vraiment ! À la vie, à la mort ! s'écrit-elle, les larmes aux yeux.

Mais.

Génial. Désormais, quelques curieux nous regardent et ça me saoule. Je la pousse encore une fois de moi, ses mains sur mon torse me gêne. Bon, cette situation est survenue bien trop rapidement à mon goût. Comment c'est possible d'aimer en une semaine ? Elle se fait des illusions, oui... C'est sûrement ça. Sinon, c'est flippant.

Comment la rembarrer sans lui faire mal ? Je sais pas trop. Je remarque d'ailleurs que ses joues sont humides et rougies. Fait chier, faut que je me tape sa petite crise maintenant...

— Arrête de nous regarder toi ! Va voir ailleurs si j'y suis ! je lance à un petit groupe qui s'empresse de regarder le ciel.

Je peux rien faire devant tout ces gens. Je soupire et pose une main sur mon front avant de lancer :

— Écoutes... Laisses-moi réfléchir, d'accord ? Pour l'instant, ça ne va pas trop chez moi et j'suis assez perdu.

Je mens comme un acteur. Clarisse baisse les yeux vers le goudron et hoche silencieusement sa tête. Je ne peux pas m'empêcher de glisser mes doigts sur sa joue et d'essuyer ses larmes. Putain, je fais quoi là... Je peux tout de même pas la laisser dans cet état, elle fait de la peine.

Certes, je fais mon dur mais j'ai un cœur. Caché.

— Je... Prends ton temps, alors. Mais saches que je me suis énormément attachée à toi, m'avoue-t-elle d'une voix cassée.

Je soupire silencieusement et je la laisse m'embrasser la joue. Ça me fait chier de lui mentir pour ma famille mais j'ai pas le choix, je peux pas là, devant tout le monde. Puis je ne suis pas habitué à sortir des monologues.

La blonde finit par se dégager de moi et part du sens opposé, sans un mot de plus. Je la regarde s'éloigner tout en observant ses longs cheveux blonds qui se balancent, ses cheveux lisses et brillants. J'observe la forme de son corps mince et svelte. Ça se voit qu'elle prend soin d'elle et qu'elle fait attention à sa ligne. Sérieusement... Ça me fait chier de la laisser me passer au nez mais c'est trop dangereux pour elle. Dommage qu'elle commence à éprouver des sentiments pour moi.

Continuant mon chemin vers parking, mes pensées sont toujours ruées vers Clarisse. Je ne sais pas quoi en penser puis en réalité, j'ai menti à moitié : parce que je suis vraiment paumé. Je me rassure comme je peux.

Tandis que je sors les clés de l'A5, j'entends un vieux bruit de moteur qui me donne mal au crâne. Ça sent mauvais... Dans tous les sens du terme. Je me retourne et quand j'analyse la scène en face de moi, un sourire apparait sur le coin de mes lèvres. Quelle poisse. J'enfonce finalement les clés dans la poche de mon jogging bleu puis me dirige vers lui.

On va rigoler.

— Putain, ça me fait chier...!

Je ne peux pas m'empêcher de rire du nez, cette situation me fait marrer. Maël qui essaye de faire démarrer sa Ducati. Elle est fatiguée visiblement. Il jure une nouvelle fois mais cette fois-ci, en ma direction. Après un moment et jugeant qu'il ne peut rien arranger suite à cette panne, il jette rageusement son casque et le bruit qu'il fait une fois au sol me fait mal au cœur. Mais quel con.

Il a des problèmes de colère ou c'est quoi les bails ?

— Super ! Que des ennuis avec c'te moto décidément... râle-t-il tout s'avançant vers moi.

Une fois en face, Maël croise ses bras et me toise du regard. Il a enfilé une grosse veste de motard et je dois avouer qu'il la porte bien.

— Jolie veste. Alors, tu n'arrives plus à décoller ? j'envoie d'un ton moqueur.

Il a l'air assez énervé, ma remarque n'a pas du tout détendu l'ambiance. Dommage, je me croyais bon en ça... M'enfin. Maël pose son doigt fermement sur mon torse, me faisant reculer. Euh, on va de suite se calmer hein. C'est à moi de froncer les sourcils et de dégager sa main, reprenant le dessus en haussant ma voix.

— Euh par contre... Calme-toi gros. Ok ?

Ma réponse agressive le fait soupirer et il retourne son visage dépité vers sa moto sans vie.

— Putain... Qu'est ce que j'vais en foutre.

Je peux comprendre que ça le fasse chier cette situation mais qu'il m'agresse pas, ce fou. Je sors à nouveau les clés de ma voiture, m'amusant à les tourner autour de mon doigt. Je le nargue, car je le vois les fixer. Je recule et lui lance, amusé :

— Bon et bien... J'ai une voiture qui m'attend moi. Alors, salut.

Je me retourne complètement et m'avance d'une démarche totalement assurée vers mon Audi. Puis une fois installé confortablement dans ma bagnole, prêt à démarrer, la portière du côté passager s'ouvre d'un coup. Euh, c'est sérieux ?

Mes mouvements s'arrêtent et un parfum embellit maintenant l'intérieur de ma caisse. Son parfum. Je le regarde alors, ma mâchoire se crispant. Son casque rayé sur ses genoux, il me sourit de toutes ses dents tel un gamin de six ans complètement borné. Bon... J'suis à deux doigts de péter un câble.

Il. Fout. Quoi. Là.

Maël penche sa tête vers les sièges arrières et fixe le vide. Puis, il sort d'un ton tout à fait normal :

— Tu peux démarrer, personne ne manque à bord.

Je déteste ce mec. Définitivement et à jamais.

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