Toi et moi, on est plus que des amis.

You and I are more than friends.
— ... C'est super, Maël. Ah, putain. Ta race.
— ... Merde. J'suis le seul à trouver ce briquet vraiment mignon ?

Le regard rivé sur l'écran de la télévision et une manette PS4 en main, je me retrouve en pleine concentration. Je suis avachi au sol, posé au pied du canapé. Le châtain, lui, est complètement allongé sur ce dernier et j'avoue que je zappe complètement ce qu'il me dit. On est lundi soir et il s'est ramené chez moi, lui ayant gentiment proposé vu qu'il m'a dit qu'il allait se faire chier chez lui. Puis faut dire qu'il n'avait pas vraiment envie de me quitter, tout à l'heure... Et voilà, j'suis mort.

— Allez tous vous niquer, je lâche, m'empressant de relancer une partie, me redressant légèrement pour me concentrer un peu plus.
— Cheh.

Je soupire en voyant le chargement à l'écran, décidant de lâcher deux secondes ce dernier des yeux. Je laisse ma tête tomber contre le canapé derrière moi, me tournant légèrement pour regarder Maël. Il est en train de jouer avec son briquet, le faisant voler entre ses doigts. Il a l'air ennuyé et il ressemble à un gosse, j'sais pas pourquoi. C'est vrai que j'lui donne zéro attention depuis tout à l'heure et j'crois que jouer aux jeux vidéos n'est pas vraiment son truc. Je lève légèrement ma main pour venir toucher son bras, voulant qu'il me regarde au moins une seconde. Il est nul, là. Ou c'est p't'être moi, je l'avoue.

— Tu fais quoi ? je lance, Maël ayant attrapé son portable entre ses doigts, l'écran de ce dernier se retrouvant au dessus de son visage, l'illuminant de sa faible lumière.

Il fait assez sombre dans le salon et j'ai également tiré les rideaux, dehors faisant nuit noire. Mes parents sont en train de dormir dans la chambre, tout à l'heure j'ai dû leur présenter Maël... Ma sœur Gabriella le connaissait déjà, bien évidemment, vu qu'il était déjà passé à la maison auparavant. C'est passé tranquille, de toute façon je savais qu'il allait se tenir et plaire à mon père et surtout à ma mère. J'sais pas pourquoi mais elle a un problème avec mes potes, j'veux dire... Elle les aime surtout parce qu'ils ont une bonne tête, quoi. Il a mangé avec nous et comme d'habitude, il a su s'entendre avec tout le monde. C'est un truc que je kiffe chez lui, c'est dingue de voir comment il peut socialiser facilement avec les inconnus. Je suis tout son contraire.

— Je discute... Je parle, me répond-il après un moment, ne quittant pas des yeux son téléphone.
— Ah ouais... Et tu parles à qui ?

Le début de ma partie commence enfin et c'est ce qui me fait retourner la tête. Je m'empresse d'empoigner de nouveau ma manette, fronçant légèrement les sourcils en voyant le niveau des autres joueurs avec qui j'suis en train de jouer.

— Tu connais pas... lâche-t-il dans un soupir.
— Comment ça, j'connais pas...? Mais putain, il me casse les couilles lui.
— Oh. Il vient de poster une photo de lui. Je like. Magnifique. Il vient de m'envoyer un message, je me demande ce que c'est.

Je sais qu'il fait ça pour me déconcentrer et ça marche, je finis par être tué dans les premiers. Je ne prends pas le temps de redémarrer une session que je me redresse d'un coup, tendant mon bras pour qu'il me montre ce qu'il regarde. Je suis curieux, et il le sait.

— Fais moi voir.

Il sourit enfin, tenant fermement son iPhone contre son torse. Ce mec est vraiment un idiot et j'lui en veux même pas. Je me laisse à nouveau tomber par terre, prêt à jouer. Mais j'crois qu'il n'est pas de cet avis.

— Tu m'énerves, je lance, arrête de mytho comme ça.

Je le sens se redresser sur le canapé derrière moi, ses doigts venant taquiner la peau de ma nuque. Les frissons sont toujours présents, bien sûr, à chaque fois c'est comme ça. Je me demande comment je peux le résister parfois.

— C'est quoi qui t'énerve ? Parle-moi...

Je soupire légèrement, un sourire s'affichant sur mes lèvres, il sait très bien de quoi je parle. Mais avec Maël c'est toujours comme ça, il veut que je lui dise tous les moindres petits trucs qui me passent par la tête. Sauf que j'peux pas. Si j'ferais ça comme ça, je serais mort de gêne depuis bien trop longtemps. Mes doigts bougent rapidement contre les touches de la manette, enchaînant mes coups ainsi que mes tirs. J'arrive à sentir ceux de Maël se balader sur mon crâne rasé, c'est agréable. Il attend toujours sa réponse.

— Oh, tu le sais très bien. Pas la peine de faire semblant.

J'suis pas vraiment énervé, pas du tout. Mais d'un autre côté s'il parlait vraiment avec un autre, j'sais pas pourquoi mais ça me saoulerait. Il est avec moi là, pourquoi il discuterait avec quelqu'un d'autre ? J'entends son léger rire et je me demande bien pourquoi il réagit comme ça.

— Pourquoi tu ris en vrai ? je demande.
— J'sais pas... J'sais pas pourquoi j'suis en train de penser à tes parents qui nous écoutent genre, depuis l'étage. Imagine.
— Ils sont en train de dormir, arrête de vouloir me stresser.
— Et ta sœur ? Elle n'a pas arrêté de me regarder quand on était à table, taleur... continue-t-il, ses doigts s'échouant le long de mon cou.
— ... J'sais. C'est une folle. Ça t'a dérangé ?
— Non. Mais j'aurai voulu que ce soit toi qui me matte.

Je secoue négativement ma tête suite à sa phrase, me mordant la lèvre sans même pouvoir me contrôler. Maintenant qu'il a parlé de mes parents et de ma sœur, j'peux pas m'empêcher de stresser. Mais bon, c'est pas comme si on disait des choses choquantes. N'empêche que j'aurai préféré qu'on soit tout seul dans cette maison, j'étais vraiment pas à l'aise à l'idée qu'il parle avec mes parents... C'est gênant surtout quand on sait quelle relation on en train de vivre nous deux. Ah, ça me perturbe de penser à ça maintenant.

— Il est quelle heure là...? 23H, déjà. Léo, j'vais bientôt devoir rentrer moi...
— ... Attends encore un peu, je lance après avoir tué un des joueurs à l'écran.

Avec le son peu élevé du jeu, j'arrive à entendre son soupir s'élever dans la pièce.

— Je m'en vais. Maintenant. Alors, accompagne-moi.

Putain, j'ai vraiment pas envie qu'il parte en vrai. Je soupire à mon tour, quittant la partie. Je me lève enfin de par terre, râlant en sentant les muscles de mes jambes complètement endormis. J'éteins ma console et m'avance vers Maël qui s'est avancé vers le couloir de l'entrée, sa veste entourant maintenant le haut de son corps et son sac se retrouvant sur l'une de ses épaules. Il fait tourner la clé de sa moto autour son index avant de s'arrêter pour enfiler ses converses rouges.

— N'oublies pas ton casque, je précise, le lui tenant dans les mains tandis qu'il termine de mettre ses chaussures.

Il me remercie doucement après s'être préparé pour partir, me le prenant doucement des bras. Je m'avance vers la porte et l'ouvre, laissant passer Maël devant moi. J'ai envie de pleurer quand j'sens le froid envelopper mon corps, n'étant vêtu que d'un short de sport et d'un t-shirt, je pourrai presque finir en glaçon.

— Allez, bye. Rentres bien et si t'as le temps genre... Tu m'envoies un message.

Tout en m'écoutant parler, le châtain ne peut s'empêcher de me sourire. Je me demande à quoi il pense à cet instant précis. La seule source de lumière provient des lampadaires plantés devant mon portail ainsi qu'une petite lampe murale qui se trouve au dessus de la porte. Je tremble sous son regard, vraiment, je me pèle les couilles et il ne dit toujours rien...

— Putain... Fais le ton truc et pars. J'ai froid.

La seule partie de mon corps qu'il arrive à réchauffer est ma joue. Ses longs doigts passent lentement dessus et cette dernière commence à me picoter sévère. J'ose lever mes yeux sur lui, Maël est plus proche qu'il y a une minute.

— Dors bien. Et restes pas trop sur la console, tu vas avoir des cernes demain.
— ... Ouais.

Comme si j'en avais quelque chose à faire... Je ne sais pas trop quoi répondre à sa phrase et pourtant, je continue à attendre une quelconque réaction de sa part. J'ai vraiment pas envie qu'il s'en aille mais il va devoir. En plus, sa mère doit sûrement l'attendre, j'sais pas...

Je bloque ma respiration lorsque ses lèvres qu'il a prit le temps d'humidifier frôlent l'os de ma mâchoire. Même s'il n'est pas complètement collé à moi, j'arrive à ressentir quelque peu sa chaleur et ça m'fait du bien. Sa bouche marque doucement ma peau de ses baisers, un instant qui me parait aussi lent que rapide. Une impression que mon cœur bat dans tous les sens. Je me demande si c'est pareil pour lui.

— Bye.
— ... Bye.

Puis c'est comme ça qu'il s'éloigne de moi et qu'il passe le petit portail pour aller rejoindre sa moto, qui est garée près de mon Audi. Je ne lâche plus du regard jusqu'à qu'il parte, enfin, du moins jusqu'à qu'il démarre son moteur parce que je ne tiens plus une minute de plus dans ce froid. Quelle soirée.

Le lendemain, nous nous retrouvons en cours de physique-chimie et j'ai l'impression de crever. C'est dans ce genre de moment que j'me dis qu'il fallait que j'reste encore un peu dans mon lit à faire semblant d'être malade.

— Grâce au magnifique outil qu'est internet, j'ai pu faire un tirage au sort simple et efficace afin de créer des groupes de trois. Vous allez devoir me rendre un devoir à la fin de la deuxième heure, les noms de vos groupes sont bien évidemment au tableau... Vous pouvez commencer à vous déplacer... Calmement ! Ah, Bastien, si tu veux bien distribuer les polycopiés...

Je viens me frotter les yeux, ayant déjà peur de savoir avec qui j'vais être. J'espère seulement avoir Romain ou Kev dans mon groupe. Peut-être Maël aussi, on pourrait avoir une bonne note avec lui.

— Putain... J'suis avec Cassandre, gros. Ah c'est mort, je veux changer... Monsieur !!

Je rigole en voyant Kévin s'exclamer à mes côtés, jetant un coup d'œil à Cassandre qui tire une de ces gueules... Les deux personnes qui s'entendent le plus dans cette classe, c'est génial. À côté de la gothique se trouve Maël. Je le regarde rapidement, il est en train de jeter ses affaires dans son sac et de se diriger vers Romain. Ce dernier l'accueille avec un grand sourire, une fille dont je ne connais pas le prénom étant déjà installé avec lui. Bon, en tout cas, j'suis avec personne que je connais.

— Mr Kévin Julien, ce n'est pas la peine d'essayer de me soudoyer avec vos beaux yeux. Je ne ferai aucun changement sur les groupes.
— Mais... wesh. C'est pas cool, Monsieur. Vraiment pas.
— Tout le monde est installé ? finit par demander l'enseignement de physique, haussant légèrement le ton pour se faire entendre.

Je plisse les yeux pour lire rapidement les noms marqués au tableau, finissant par remarquer le mien. C'est alors que je vois Bastien tirer un tabouret devant ma table, s'approchant ainsi de moi. Ah bah si c'est lui, c'est sûr que j'vais me taper une bonne note. Il me tend une feuille timidement et une fille de notre classe s'incruste également à côté de nous, j'crois qu'elle s'appelle Léa mais j'suis pas trop sûr. Cette dernière sort ses affaires dans un bruit et à mon avis, elle est assez dégoûtée de se trouver ici. Bah j'aimerai bien la rassurer mais elle ne me donne pas du tout envie de lui parler.

— Veuillez bien suivre les instructions et les étapes du protocole, n'oubliez pas d'aller chercher une blouse lorsque vous commencerait les manipulations. Je ramasserai une feuille au hasard de votre table. Vous pouvez commencer...
— Super... souffle l'unique nana de notre groupe, ses doigts glissant sur sa tempe, ses yeux lisant sa feuille.

C'est Bastien qui commence à prendre la parole, indiquant qu'il était prêt à faire l'expérience si on ne se sentait pas de le faire. Personnellement, je ne me sens pas de faire quoi que ce soit mais bon. Léa commence à dessiner des schémas sur une feuille vierge et en me voyant galère, elle se penche légèrement vers moi pour m'expliquer ce qu'elle est en train de faire. Ses bracelets en or tapent contre la table et un stylo rose à paillettes est encerclé par ses doigts ornés de petites bagues. Je lève mes yeux vers elle, elle est plutôt jolie en vrai. Ses cheveux bruns finissent en boucles, son visage est fin puis elle est bien maquillée. Voyant que je la fixe plus elle que ses schémas, elle me regarde quelques secondes avant de sourire, baissant légèrement les yeux.

— Ok... T'as compris ce que je t'ai expliqué ? Ou tu préfères encore me regarder.

Bastien devant moi toussote et j'sais pas si c'est pour me faire revenir sur Terre parce que le mec est en train de revenir rouge là. Il finit par attraper sa bouteille d'eau puis moi je hoche la tête en direction de Léa. J'sais même pas quoi lui répondre, j'ai pas voulu la fixer à ce point.

— Ouais, c'est bon. T'façon j'vais recopier c'que t'as fait, je lance et elle est d'accord.

Elle décale alors légèrement son brouillon et je prends le temps de recopier les dessins qu'elle a fait. C'est pas aussi propre qu'elle mais j'trouve que ça rend bien. Suite à ça, Bastien part chercher des blouses pour nous tous et commence à exercer avec précision l'expérience. Je crois que ce mec kiffe la chimie. Léa et moi notons tous les résultats que nous retrouvons ainsi que toutes les réactions chimiques.

— Putain... Mais t'es vraiment conne Cassandre ! Mon gilet à 120 boules !
— Qu'est ce qu'il se passe là-bas ? le professeur lève les yeux de l'ordinateur, se levant pour s'approcher du groupe perturbateur.
— Fait chier. Pour ça qu'il fallait nous changer de groupe Monsieur, vous voyez ! On peut pas travailler avec certaines personnes.

Tous les élèves portent une attention particulière à ce qui est en train de se passer, d'autres sourient légèrement, d'autres sont totalement blasés et reprennent leur boulot.

— Mais qu'est ce que... Cassandre, premièrement, où est votre blouse ? Et vous autres ? Je vous ai demandé d'enfiler une blouse, ce n'est pas pour rien... Kévin, donnez moi votre gilet.

Le dénommé râle ouvertement devant Cassandre, cette dernière levant les yeux au ciel. Pauvre gars qui se trouve avec eux, je le plains presque. Il n'ose rien dire et tu m'étonnes. Entre Kévin et Cassandre, vaut mieux pas. La gothique du groupe entreprend d'attacher ses cheveux noirs, laissant détaché deux mèches vertes qui retombent le long de son visage. Mon ami, lui, se dégage de son gilet et le tend au professeur qui s'empresse d'aller dans une petite salle derrière la notre. Je tente un regard vers Kévin et ce dernier finit par lever les yeux vers moi, me faisant signe qu'il est saoulé. Je peux comprendre mais ils avaient qu'à mettre une blouse aussi, sérieusement.

— Il est con... je me moque doucement, attirant l'attention de Léa sur moi.

J'ai l'impression que cette fille ne sait que sourire. Je la regarde rapidement avant de me redresser sur mon tabouret, attrapant ma règle pour finir mes schémas. Les bruits se dissipent peut à peu dans la classe, laissant place à quelques chuchotements par-ci par-là.

— Hm... Je peux te demander quelque chose, Léo ?

J'me demande bien ce qu'elle me veut, pour une fois que j'suis concentré dans un truc. Avant de lui répondre, j'écoute ce que Bastien me demande de noter sur le rendu.

— ... Ouais. C'est quoi ?

La brunette met un petit temps pour répondre et se retourne pour regarder derrière elle. Je suis son regard et je tombe sur le groupe de Romain et de Maël. J'vois pas trop où elle veut en venir.

— Et bien... J'ai vu que t'étais assez proche de Maël alors j'voulais que tu m'éclaires sur certaines choses... Genre, j'me demandais s'il avait quelqu'un... Tu vois ce que je veux dire ?
— Léa, tu peux noter exactement ce qu'il y a sur la feuille de Léo ? coupe Bastien en relevant le nez de sa copie, remontant ses lunettes rondes sur son nez.
— Ah euh... Oui. Pardon.

Je n'arrive pas à savoir comment je me sens à cet instant précis mais ça m'a coupé l'envie de lui parler à celle-là. Pourquoi elle ne veut pas elle même aller le voir ? Ça me fatigue les gens comme ça. J'essaye de ne faire rien passer sur mon visage.

— Pourquoi tu ne vas pas directement lui demander ? je finis par lancer tandis qu'elle écrit sa phrase.

Je veux m'insulter car je ne sais pas comment réagir, quoi dire pour ne rien laisser paraître. Je ne peux m'empêcher à lui, qu'est ce qu'il aurait dit à ma place ? Je lève mes yeux vers Maël. Le garçon est concentré sur son expérience, un léger rire passant la barrière de ses lèvres lorsqu'il jette un coup d'œil à son voisin Romain, il doit sûrement lui raconter une connerie.

— Oh, j'sais pas. Faut dire qu'il donne aucune attention aux filles de la classe alors qu'on ne cesse de lui faire des appels de phares. En y pensant, c'est vrai que c'est bizarre...

Je quitte brusquement Maël du regard, venant me concentrer sur Léa. Elle tourne ses pouces et je louche sur ces derniers. Pourquoi bizarre ? Il en a juste rien à foutre de vous.

— Bah alors il a sûrement une meuf, ouais. Qu'est ce que vous vous imaginez...

Pauvre Bastien, j'crois que depuis tout à l'heure il est en train de finir ce fichu devoir tout seul. Mais moi c'est de la faute de cette fille que j'ai lâché le truc. Lorsqu'elle a saisit l'annonce, elle me regarde longuement et une légère moue se dessine sur son visage.

— Oui. C'est sûr. Je demande qui c'est...
— Putain. Vous êtes vraiment toutes en kiffe sur lui ou je rêve ?
— Hum, tousse à nouveau Bastien pour nous faire taire, vous pourriez noter ce que je viens d'écrire...? C'est la conclusion, c'est important.

Je vois Léa rougir subitement et bafouiller que non. Elle doit me mentir pour faire genre qu'elle n'est pas le seule à l'aimer, c'est sûr. Elle est plutôt jolie mais je la trouve un peu idiote. Je commence à recopier la conclusion de Bastien, la sonnerie retentissant à deux mots de la fin. Je me dépêche de finir tout ça proprement. Le garçon aux lunettes commence à nettoyer le matériel et lorsque le prof arrive pour ramasser les copies, c'est celle de Bastien qui se fait choisir. Je sors de la salle de classe assez content.

Dans le couloir, je prends le temps d'attendre mes deux potes. C'est l'heure de la pause et comme d'habitude, c'est devant le lycée qu'on se dirige.

— C'était bien drôle ce truc de physique, commence Romain, les mains dans les poches.
— Sans blague... commence à se plaindre Kévin, parce que t'es tombé sur un bon groupe surtout.

Romain passe affectueusement son bras sur les épaules de mon ami, voulant lui remonter quelque peu le moral.

— Et toi, Léo ? Ça va, t'étais avec Bastien... Il est intelligent.
— Tranquille, ouais. Par contre la meuf qui était avec nous... Sans commentaire, je sors tout en allumant la clope, inspirant rapidement la fumée toxique de cette dernière.
— Pourquoi ? Elle s'appelle comment déjà... Léa ?
— Hmmm.

J'essaye de plus trop y penser même si Romain doit se poser des questions en ce moment même. De toute façon, c'est pas vraiment important. Je tremble légèrement sous ma veste Adidas, ma capuche étant remontée sur mon crâne. Cette saison me fait particulièrement chier.

Les yeux rivés sur mes chaussures, je finis par les lever et sans même savoir qu'il était là, je tombe nez à nez avec Maël. Ce dernier me sourit et je sens Romain me regarder du coin de l'œil. L'entrée de Camille dans le groupe a un peu cassé le truc, la blonde voulant s'entretenir seule avec Kévin. Mon ami, en la voyant, ne peut s'empêcher de jeter sa clope qu'il venait tout juste d'allumer, la présence de sa copine étant devenue bien trop importante que son addiction. Camille nous sourit timidement et fait la bise à Maël qui se baisse pour atteindre la joue de la fille.

— On se retrouve en cours les gars. J'arrive.

Ce n'est que quelques secondes après le départ de Kévin que Romain annonce le sien également. Mon ami aux cheveux miel doit voir quelqu'un et il ne m'en a pas dit plus que ça. Je me demande bien pourquoi ils partent tous comme ça. Maintenant je me retrouve qu'avec Maël, pas que ça me pose un réel problème mais bon.

— Pourquoi tu tires cette tête ? me lance-t-il, un joint coincé entre ses lèvres.

Je passe mes mains sur mon visage, venant frotter mes yeux après avoir jeté le reste de mon mégot. J'ai pas envie de lui en parler. Mais bon, c'est plus fort que moi ce genre de truc.

— Il y a une meuf qui te kiffe dans notre classe, j'crois. Et je lui ai dit que t'étais en couple. Du coup j'fais que d'y penser. Mais c'est con, hein ?

Je tente un regard vers lui, je sais déjà qu'il est en train de sourire. Un groupe d'élèves assez bruyants passent devant nous et il laisse ses yeux se balader sur eux, sa cigarette toujours entre ses deux doigts.

— Alors... Je suis en couple ?

Je me retiens de lever les yeux au ciel suite à sa question. C'est pas comme ça que j'avais envie de le dire mais je n'avais pas une autre solution.

— T'sais quoi, oublies. On s'en fiche de toute façon.

J'entends les froissements de ses vêtements contre le grillage sur lequel il est appuyé depuis tout à l'heure. Il s'est retourné vers moi et je n'ose plus dire quoi que ce soit. C'était con de lui en parler, et surtout très inutile.

— Si tu es jaloux, c'est très mignon.

Je fais genre de ne rien avoir entendu, j'ai envie de le frapper. J'suis pas jaloux, c'est même pas ça. En vérité c'est débile mais je n'arrête pas d'y penser.

— Tu veux plus me parler ?
— ... Tais toi. Ça sonne.

Sauvé par la sonnerie, c'est avec un certain empressement que je m'empare de la lanière de mon sac, prêt à rejoindre ma prochaine salle de cours. Je maudis Kévin, je maudis Romain pour m'avoir abandonné. Avec eux dans les parages, je n'aurai rien dit. Ça, c'est clair.

— Eh, attends-moi !

Je suis pas jaloux. Mais j'aime pas vraiment l'idée que quelqu'un d'autre voit Maël de cette façon. Ça m'énerve tellement que je ne sais pas comment lui en parler. On verra. J'espère que cette journée se terminera normalement.

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