Ti conosco molto bene.
Le jour suivant, on se retrouve en pleine séance de révision instaurée par nos deux délégués. Bon... Ouais, je me suis inscrit sur un coup de tête et surtout parce que Maël a décidé de venir à ce truc. La pièce du CDI est plutôt calme, bien qu'on soit assez nombreux. Les participants sont autour d'une grande table et devant moi se trouvent Romain et Yanis. Par rapport à moi, ils semblent concentrés bien qu'ils se chuchotent des trucs que je ne veux pas savoir.
Bref.
L'autre, il me donne même pas d'attention. Je crois que son kiff ce sont plus les maths que moi. En vrai, je rigole. On est là pour ça justement, mais bon. Bastien avait prit la parole plus tôt en nous proposant son aide. Il est gentil mais mec, laisse tomber. Tu vas m'expliquer et je vais rien comprendre. Je préfère quand c'est Maël qui m'aide honnêtement, je comprends quand il me montre comment faire.
La Léa, par contre... Mon Dieu. Elle fait tout pour me rendre dingue par contre à regarder en notre direction. Je dis en « notre » mais c'est plutôt le gars à ma droite qu'elle matte. Elle me gave, avec son chewing-gum rose bonbon. Si mes yeux étaient des armes, elle serait déjà morte. Maël gribouille sur une feuille de papier, son index retenant son menton. Il semble en pleine réflexion et ne prête aucune attention à la brune.
Moi, je vois que ça. Je la mitraille.
— Si vous avez besoin d'aide... N'hésitez pas.
— Ça ira Bastien, merci.
Yanis rejette l'aide de l'intello de la classe, un petit sourire au visage. Je m'amuse à faire tourner mon quatre couleurs entre mes doigts, reluquant les deux devant. J'crois c'était plutôt intense car le bronzé finit par lever les yeux sur moi, ses sourcils se fronçant légèrement comme s'il se demandait si j'avais un problème. Aucun, tranquille. Qu'est ce que je déteste regarder les gens de cette manière mais cette fois, je le fais pas exprès.
Wow, j'me fais juste chier.
— Tu galères, Léo ? me demande alors Yanis.
Suite à son intervention, son mec — je peux dire ça ainsi maintenant... même si c'est grave chelou — me reluque. Romain accompagne son geste d'un sourire, me faisant un signe de tête puis, vers Maël.
— J'crois qu'il a oublié que j'existais, je ricane avant de faire tomber mon stylo bruyamment sur la table.
J'ai fait exprès. Mon quatre couleurs atterrit près de la feuille de Maël dans un bruit sourd. Ce dernier sort finalement de sa concentration, croisant premièrement les paires d'yeux des deux devant. Je remarque que mon intervention a gêné certains que j'connais même pas, en vérité, je m'en fous un peu. Ça va, pas la peine de me fixer comme ça. Roh.
— T'as fais le premier exercice ?
Sa voix me désintéresse immédiatement de tout. Je lance un regard en biais en sa direction, ses mèches cachant à moitié ses yeux clairs. Puis, Maël fixe ma feuille avant de la prendre avec lui. Il semble corriger ce que j'ai fait, à vrai dire, rien de ouf. Je sais pas si c'est bien ou pas mais c'est pas comme si je voulais en connaître la réponse.
— Ouais, c'est bien ça. T'as juste mélangé les deux calculs, ici.
Le châtain me redonne mon brouillon en souriant. Je deviens fort, dis donc. Parce que j'avais un bon professeur, pour ça.
— Maël ! Ça va, tu t'en sors ?
— Ah, Léa. Ouais, ça va.
Fait chier. Pourquoi elle vient elle ? Elle pouvait pas rester au fond, là. Elle était bien, là-bas. Je crois qu'elle fait le tour de la table pour voir si ça va, mais c'est bon quoi. Bastien, lui, est en train d'expliquer quelque chose à deux filles de notre classe, un peu perdues.
— Et toi, Léo... C'est bien, je vois que vous n'avez pas besoin que je vous explique.
— Pas b'soin non, je lâche rapidement.
— Hmm.
C'est quoi son problème à me lancer des « Hmm » ? Léa reste derrière l'épaule de Maël, louchant sur son carnet. Qu'elle ne se gêne pas plus que ça. Je fronce légèrement les sourcils et bien sûr, elle le remarque. Les bras croisés, elle me demande ce que j'ai.
— Oui ?
— Ben, rien.
Bref ça y est, je vais genre de rien sinon elle va se poser des questions. Je me tourne normalement sur ma chaise, ignorant sa présence dans nos dos. Compliqué. Je cogne sans faire exprès le bras de Maël ce qui le fait réagir, son visage se tournant vers le mien. On se sourit inconsciemment jusqu'à ce qu'une voix brise ce contact visuel. Heureusement qu'elle ne s'adresse pas qu'à nous, sinon j'aurai pété un câble avec cette forceuse.
— Alors l'atelier se finit dans une demi-heure, avant de retourner en cours il faudra remettre les chaises en place et que la table soit propre, les gars.
Remarque sans grand intérêt, c'est logique qu'on allait tout remettre en place. Conne. Léa s'amuse à marcher dans nos dos comme si c'était la dirlo puis une fois derrière Romain et Yanis, ses yeux se lèvent en ma direction, eye-contact direct. Oh, sérieux, trop gênant non. Je frotte la peau de mon bras, cachée à travers mon gilet Nike.
— Léo, tu veux qu'on sorte avant ou pas ?
Mon sauveur. Bien sûr, ouais. Enfin. Comme si j'allais refuser sa proposition. Je hoche directement de la tête en rassemblant mes affaires ce qui se résume à une simple feuille arrachée de la page d'un cahier et de mon quatre couleur. Maël, lui, range plus discrètement son porte-feuille mais cela attire quand même les yeux de Léa sur nous ainsi que ceux de quelques personnes encore installées, scrutant alors l'horloge.
— Vous vous en allez ? nous demande-t-elle.
— Ouais, on est pas obligé de rester jusqu'à la fin t'façon ? répond Maël à ma place, de façon plus polie.
— Bah... Non, non du coup ! Aller-y, juste les chaises...
Relou, elle. On a comprit ! On glisse correctement nos chaises sous la table avant de s'en aller, les pas de mon gars après les miens. Avant qu'on ne sorte, Romain nous indique qu'il nous rejoint dans dix minutes aussi. Cool. Une fois dans le couloir, je respire enfin et cherche directement mon paquet de clope. Maël, lui, se roule une cigarette et ça m'fait pitié. Je lui en passe donc une et il me remercie, son épaule poussant gentiment la mienne.
— C'est bien qu'on fasse ça, je préfère réviser maintenant plutôt qu'en rentrant chez moi le soir.
— Tu parles ouais, je souffle en ne voyant aucune différence.
Le châtain ne dit rien suite à ma remarque, attrapant son téléphone entre ses doigts pour regarder je ne sais quoi. Marlboro aux lèvres, je ne me gêne pas pour voir moi aussi. Mmm.
— C'est qui, qui t'écrit ?
— Ah, mon frère. Il passe me chercher ce soir.
Quoi ? Et pourquoi, même. Il sort de nulle part, comme à chaque fois. J'ai un frisson de gêne qui court sur ma nuque lorsque je repense au visage de ce mec. Il ressemble vachement à son petit frère mais ses traits sont beaucoup plus durs et froids. J'sais pas. Christian, si je lis bien sur son téléphone. Ouais, je me souviens bien. Je l'ai vu qu'une fois et ça m'avait suffit, en y pensant.
— Il veut qu'on aille voir mon père, à ce qu'il paraît il a parlé à ma mère.
— Ah ouais ?
— Bah, c'est ce qu'il me dit. Ça me semble bizarre mais bon, on verra bien.
— Du coup, je reprends en poussant les portes vitrées du lycée. Tu pars avec lui ce soir ?
Non, ne me regarde pas comme ça. Je m'en fiche, tant que c'est sa famille et pas quelqu'un d'autre.
— J'aurai préféré rentrer avec toi, et tu le sais.
Je me retiens de lui demander si c'est vrai mais inutile, car je connais la réponse. Dehors, on allume finalement nos clopes, les vestes remontés jusqu'au cou. J'ai froid mais tranquille. Au loin, quelques personnes effectuent les mêmes gestes que nous mais je n'y prête pas attention. Enfin, jusqu'à que je reconnaisse une voix familière.
— Sérieusement... lâche Maël en laissant échapper la fumée de sa gorge.
Je fais comme si j'en avais rien à foutre, regardant les cendres de ma Marlboro s'écraser sur le sol. Qu'il fasse ce qu'il veut, je veux pas y penser. En tout cas, j'aimerais moins y penser mais ça ne va pas mieux qu'hier. Je vais pas mentir mais voir Kévin avec Augustin me fout la rage. Ils rigolent d'un truc que j'ignore, mon ami s'étouffant exagérément avec la buée de sa cigarette.
— Hé !
Putain, il m'a fait peur le con. Romain et Yanis. Les revoilà. Les deux débarquent à nos côtés, le plus grand étant tout sourire. Lui aussi, qu'est ce qu'il a.
— Quelqu'un a du feu, s'il vous plait ?
— Vas-y, tiens.
Maël prête son briquet à mon meilleur pote, ce dernier lui soufflant un simple merci. Une discussion reprend sur ce qu'on vient de faire au CDI et honnêtement, je ne sais pas quoi dire. Mes yeux sont toujours rivés sur le groupe de Kévin, plantés juste devant nous. Ah, ça me fait chier bon sang.
— Ouais, ça va, ça j'ai compris en vrai.
— Mouais. J'ai encore du mal, perso... C'est pas très clair.
— Parce que votre prof est à la ramasse sur le sujet.
Je n'écoute rien, me contentant seulement de fumer machinalement ce que j'ai à fumer. Je me perds dans mes pensées et j'ai du mal à réagir lorsque la sonnerie s'enclenche finalement. Quoi, déjà ?
— Léo ?
Maël. Sa main posée sur mon épaule me bouscule légèrement, comme pour me rappeler au monde réel.
— Hmm. Ouais.
— On reprend avec maths, à ton plus grand bonheur.
Par contre, c'est vrai ça ? Non parce que si c'est fait pour me tuer, c'est pas drôle. Je viens de me bouffer une heure de calculs pour y retourner tout simplement. Cette remarque me fait soupirer, ce qui accentue la pression que le garçon exerce sur moi.
— Au moins je serai à côté.
Comme si ça changeait grand-chose... Il ne me donne aucune attention quand il est plongé dans ses trucs, c'est comme si je n'existais plus. Tellement triste. En soit je ne lui en veux car c'est normal, il faut bien qu'il travaille contrairement à moi. Putain, rien que quand la professeur nous parle des vœux qu'on aura à faire sur Parcoursup, ça me donne envie de gerber le steak-frites de ce midi.
— Nous prendrons le temps d'en discuter individuellement, fin janvier vous serez inscrit sur la plateforme et vous aurez jusque fin mars pour réfléchir à vos choix. C'est bien compris ? Bon, de toute manière... Nous en reparlerons calmement, d'accord ?
Le bout de ma feuille blanche se voit presque arrachée, tellement ça me rend anxieux. Déjà, je sais même pas si je vais avoir mon BAC et l'autre elle me parle de l'année prochaine. Bon. On verra bien au moment venu, c'est ce que je me dis toujours. Faudrait peut-être qu'un jour j'arrête de toujours vouloir repousser les choses. Je lance un regard à Maël, il aborde un air rêveur au visage. À mon avis, il sait où il veut aller lui. Comme une moitié des gens de la classe.
— Bien, ouvrez votre manuel sur la dérivée seconde d'une fonction ! On va faire un topo, lance ensuite l'institutrice, me faisant soupirer avec lassitude.
J'essaye de comprendre un traître mot qu'elle explique, des exemples se formant au bout de son feutre effaçable sur le tableau blanc. Quand vient le moment de s'exercer, je démarre doucement ce que j'ai à faire. En fait, j'ai compris une moitié mais je me retrouve rapidement bloqué. Ça me gave vraiment. Putain, ça va me servir à quoi de faire tout ça dans ma vie. À rien.
— Tu t'en sors ?
À ton avis ? Je fais une grosse rature sur ce que je viens d'écrire, Maël s'intéressant subitement à ce que je viens de gribouiller. Il râle un peu avant de m'arracher la feuille des mains. Fais en ce que tu veux, façon... Balec.
— T'avais bien commencé pourtant. Attends.
Avec son critérium, le châtain reprend mon exercice avec une écriture claire et lisible. Les chiffres font tous la même taille et sont particulièrement bien dessinés, genre, comment il fait. Moi, on n'y comprend mais rien. Qu'il me donne des cours d'écriture aussi, au point où on en est. Sinon, j'ai qu'à retourner en CP.
— Essayes de reprendre comme ça.
J'attrape ma calculatrice et recommence tout depuis le début en suivant son raisonnement. Bon... Je crois qu'au bout de quelques minutes, je finis par m'en sortir et il en faut du temps à mon cerveau pour se concentrer. Complicado. Au final, lors de la correction, je vois que c'est juste. J'essaye de ne pas paraître trop fier, faisant genre de rien. Je suis pas si con, finalement. C'est que ça tourne, là-haut.
— Avant que ça sonne, je souhaite vous faire part de quelque chose ! Alors... Premièrement, je serai absente le 16 et 17 janvier donc vous n'aurez pas...
Des cris d'exclamations s'élèvent subitement, gâchant le calme qui s'était instauré depuis le début de l'heure dans la pièce. La professeure s'énerve vite par contre, tapant des mains pour rappeler les autres à l'ordre. Dans le tas, j'ai vu Kévin être le plus heureux de tous. Vu que je suis tout au fond, je le vois de dos parmi les places du milieu. Je le fixe de travers mais il ne le voit pas, bien sûr. Enfin... Jusqu'à ce qu'il le sente et qu'il se retourne finalement vers ma direction. Super. Une sensation désagréable me prend malgré que j'arrive à percevoir un maigre et léger sourire sur son visage se lever puis, descendre presque automatiquement, coupant ainsi notre échange visuel.
— Donc, je reprends ! Vous n'aurez pas cours avec moi mais, je dis bien mais... ! Votre professeure de français a décidé de vous prendre sur ces créneaux et cette modification est déjà faite sur Pronote, pour ceux qui l'ont vu...
— Oui, moi Madame ! J'ai vu, oui.
Toujours présente pour répondre, cette Angélique. Cette dernière assise à côté de Bastien s'attire des moqueries de la part des autres. Deux gars de notre classe, Jules et Mehdi, rigolent ouvertement de la fille en recopiant sa façon d'être de façon exagérée. Ça me désespère un peu, mais voilà quoi.
— Bon, je souhaite le calme s'il vous plaît. Je n'ai pas terminé.
Ça va bientôt sonner donc, vite. En soit, j'ai pas envie d'aller en anglais là mais c'est mieux qu'ici.
— J'ai également des feuilles à vous faire compléter, concernant vos orientations. Alors ! Je les veux d'ici lundi, dernier délai. Tenez Bastien, pouvez vous me les distribuer ?
Le meilleur ami de Cassandre s'affaire à cette tâche gradée de la plus haute importance, nous remettant à chacun un polycopié. Mon Dieu... Mes yeux s'écarquillent en lisant de travers les questions et les choix demandés.
— Je vous laisse ranger, aller.
Un boucan infernal s'enclenche donc, les chaises faisant grincer le sol, les gens reprenant des discussions qui partent dans tous les sens et sous cette ambiance, j'essaye de ranger soigneusement ce papier dans mon porte-feuille pour ne pas le perdre.
Les cours suivant se déroulent normalement, voyant peu à peu la fin de la journée arriver. Lorsqu'on passe les grilles du lycée, Romain fume une dernière cigarette avec nous avant de s'éloigner vers son bus. Moi, je reste avec Maël en attendant son frère qui devrait passer le chercher.
— Ah, ça me gave déjà, marmonne-t-il, un peu déboussolé.
— J'imagine...
J'imagine qu'il n'a aucune envie de revoir son père, ouais. Je fais rouler un caillou sous mes Air Max noires, butant sans le vouloir la botte militaire de Maël. Je remarque qui a remit ses rangers préférées, c'est vrai qu'elles lui vont bien, avec son cargo sombre. Le voilà aujourd'hui qu'il a reprit son style du début de l'année, va savoir pourquoi. Pas que je n'aimais pas ses pantalons classes mais de toute manière, c'est pas comme si TOUT ne lui allait pas. Relou. Moi, j'ai toujours les mêmes survêtements. Je me dis que je devrais peut-être m'en racheter, mais ça coûte cher car je veux de la marque.
Finalement, l'ombre d'une voiture se gare devant nous. On relève instinctivement la tête et au volant d'une 208 bleue ancienne génération, je croise le regard de Christian. Un son de SCH, un rappeur marseillais, sort violemment des enceintes de sa bagnole. Bon. Quelques personnes se sont retournés à son arrivé et il baisse alors le volume, Maël se relevant afin d'ouvrir la portière pétée, déformée sûrement à cause d'un accident. J'ai pas confiance quand je vois ça.
— Bon, tu montes ou quoi ? Dépêches, mon frère.
Il fume un joint, une de ses mains passant sur les côtés rasés de son crâne. Je me suis mit debout en suivant Maël du regard, ne sachant quoi dire de plus. Façon... C'est pas comme si j'allais le saluer le mec, il ne me donne pas envie. Une fois assit à la place avant, le plus jeune se retourne vers moi et me fait un signe léger de la main. Je le lui rends.
— Hé, il veut qu'on le dépose sur le chemin ton pote ou pas.
J'ai ma voiture, et sans façon je me fais trimballer dans cette caisse bonne pour la casse. Alors Maël m'interroge quand même du regard, la vitre de sa fenêtre étant baissée au maximum. Suite à mon hochement négatif de la tête, Christian s'avance doucement en première avant de sortir de trottoir sur lequel il s'est foutu.
Ok, ben bye.
Pendant sa manip', Maël me lâche un dernier au revoir rapide, un sourire désolé sur ses lèvres. Mouais. Pas grave, je les aurais plus tard de toute manière. J'attends de voir la 208 tourner au coin de la rue avant de me diriger vers le parking gratuit du lycée.
Je fais tourner les clés autour de mon index, me dirigeant alors vers mon Audi qui n'a pas bougé depuis ce matin. Je ne peux m'empêcher de repenser à la scène qui vient de se dérouler sous mes yeux. Je ne devais rien dire car après tout, bah, c'est son frère quoi. Mais même, quand je vois la gueule du type, vaudrait mieux que je ne fasse aucun commentaire. Je ne sais pas si c'est pour se donner un style gang ou quoi, mais il est grave louche. Enfin bref.
— Ah, Léo !
Une voix féminine, plutôt familière m'appelle. Je quitte la contemplation du goudron tâché, venant plonger mon regard sur la meuf devant moi. Enfin plutôt... Les deux meufs. Cassandre se tient là, appuyée contre une Clio blanche qui ne lui appartenant sûrement pas. Devant elle, très proche, se trouve une blonde aux mèches colorées en un rouge vif à l'allure similaire de celle de ma classe. Elles se ressemblent, bien que ses vêtements sont plus larges, moins collés et moins extravagants que les bouts de tissus de Cassandre.
Ah, mais.
Je l'avais déjà vu, un jour au lycée. Elles se sont embrassées devant tout le monde et ça avait choqué Kévin qui nous a bien cassé les couilles avec ça. Ouais, comment oublier.
— Salut... je lance seulement, les contournant en ouvrant ma voiture.
— Tu rentres ?
— Bah, ouais.
— Maël n'est pas venu avec toi ?
Non. Malheureusement.
— Il est parti avec son frère, je rétorque comme si ça ne me faisait rien.
— Ah, trop nul... Ah, je t'avais présenté Daf' ? Il me semble pas.
Je lève mes yeux vers la copine de Cassandre, cette dernière souriant en affichant son piercing situé sous sa lèvre supérieure.
— Du coup Daf', Daphnée, ma petite-amie. Mais tu l'avais déjà vu, je crois. Puis lui du coup, c'est Léo. Il est sympa, continue-t-elle en s'adressant à la colorée. Malgré les apparences...
Je rêve, c'est elle qui parle ? Je la regarde froidement avant de prendre place à l'intérieur de ma voiture. J'arrive quand même à entendre sa voix sourde à travers l'habitacle de l'Audi mais je n'y prête pas attention. Je démarre alors, connectant mon Spotify. Enfin, ma musique... Je lance la playlist que j'ai souvent l'habitude de mettre, ouvrant ma fenêtre, laissant circuler la fumée de ma clope que j'ai allumé.
— Bon bye, Cassandre. Salut.
La gothique me fait un signe de main, un sourire aux lèvres. Sa copine en fait de même, bien qu'on ne se connaît pas. En sortant du parking, je vois une femme plus âgée s'avancer vers le couple, dans mon rétroviseur intérieur. Cette dernière s'engouffre dans la Clio sur laquelle les deux étaient posées, Cassandre et la Daphnée prenant place également, à l'arrière. C'est sûrement la daronne de l'une.
Bref. Je me désintéresse vite fait, me concentrant alors sur la route que j'emprunte, sur le périph'. Je fume tranquillement, un son de Hamza que je saigne en ce moment me vidant à moitié l'esprit. Je pense à Maël. Il me manque, bien qu'on se soit vu toute la journée. Mais il me manque d'une autre façon, j'veux dire, j'aurai tellement voulu qu'on passe du temps là maintenant. Dans ma voiture ou peu importe. Le coude posé contre le rebord de ma vitre baissée, je fais tomber les cendres sur la route séparée en deux voies. Les bouchons du soir me permettent de réfléchir, et de penser.
Une fois devant chez moi, je me gare comme j'ai toujours l'habitude de faire. Je vois ma mère fumer à la fenêtre de la cuisine qui donne vue sur l'extérieur. En me voyant arriver, elle me sourit de ses lèvres peintes en rouge. Ses cheveux noirs sont attachés en un chignon et comme d'habitude, elle est toujours bien habillée. C'est ma mère, quoi. Toujours très féminine, avec ses robes et ses boucles d'oreilles, ses bijoux, son maquillage. Comparée à mon père qui... Ben, vu qu'il travaille sur les chantiers six jours sur sept, c'est pas comme si je le voyais souvent bien vêtu, toujours propre.
— Ciao... je salue, poussant la porte d'entrée.
Directement, je tombe sur Gabriella dans la salon qui est en Facetime avec une de ses amies. Quand elle entend la porte s'ouvrir, son visage ressemblant à deux gouttes d'eau comme celui de ma mère vient me sourire agréablement.
— Mais oui, Marie ! Après je sais pas si t'as lu les nouveaux chapitres... Je vais pas te spoil t'inquiète, mais... ! Non, je te dis pas, promis. Attends.
Elle doit encore parler de ses trucs de gay, là. Depuis que Maël m'avait expliqué la dernière fois... J'avoue que j'suis allé jeté un coup d'oeil sur Google et ça m'a perturbé. Comment on peut « lire » ce genre de truc. C'est du porno limite, faut pas abuser. Mais bref. Ma daronne ferme la fenêtre de la cuisine, me rejoignant en venant déposer sa bouche sur mon front. Wesh, ça va... Maintenant elle va me mettre son Dior sur le visage.
— Je n'ai plus le droit de dire bonjour à mon fils ? ajoute-t-elle, avec un joli accent italien.
Je ne dis rien, levant simplement les yeux au plafond. Je m'échappe vers les placards de la cuisine, attrapant un paquet de biscuits entre mes doigts, le déchirant pour venir croquer dedans. J'ai trop faim, sans déconner. Je lève le torchon que recouvrait un bol, découvrant dedans une pâte à pizza. Ah... Je l'aime ma mère. Je ne m'inquiète plus pour ce soir.
— Papa n'est pas rentré ?
Je m'avance vers le salon, ayant jeté le plastique dans la poubelle. Les deux femmes de la maison sont assises sur le canapé et Gabriella a finalement arrêté son appel bruyant avec son amie.
— Non, il a eu un chantier plus loin aujourd'hui.
C'est vrai en plus, il m'en avait vaguement parlé hier ou avant-hier, je sais plus. Sous cette note, je décidé de monter dans ma chambre et Gabriella suit mes pas, ma mère ayant démarré une série italienne à l'eau de rose qui est plus gênant qu'autre chose.
— Hé, Léo !
J'ai l'impression de vivre cette situation quasi tous les soirs, maintenant. Pourquoi elle m'adresse à chaque fois la parole lorsqu'on est en train de monter les escaliers ? Oh, c'est fait exprès ma parole.
— T'as quoi ? je poursuis, empoignant mieux la manche de mon sac.
— Rien, rien !
Elle me sourit de toutes ses dents, me montrant son appareil dentaire qui me fait grincer. On dirait la gamine dans Némo, là. Putain, j'sais plus son nom.
— Ben ta gueule alors.
— Non, mais ! Je voulais savoir si avec Maël, tu sais...
Mais bordel. Elle va me lâcher un jour avec lui ou quoi ? Pourquoi elle est toujours obligée d'en parler ? Elle est matrixée par lui, c'est pas possible. J'ai limite impression que c'est elle, l'amoureuse.
— Putain. Mais lâche moi avec lui frère, je souffle, Gabriella rétorquant immédiatement après.
— Je voulais juste savoir s'il va bien !
— Qu'est ce que ça peut te foutre ? Hein. Sérieusement.
— Ben... Je sais pas, on ne l'a plus vu depuis Noël. Et tu n'es même pas allé le voir !
Lourde dingue celle-là. Qu'est ce qu'elle en sait. Je ne lui dois pas des rapports à ce que je sache.
— Je l'ai vu à la rentrée, là. Tu sais, il a une famille aussi. Il a été occupé ces vacances.
— Tu lui as offert un cadeau, au fait ?
— De quoi ?
Ah, ouais. Mon corps se laisse tomber contre le bois de ma porte, encore fermée. Ma petite sœur croise ses bras sur sa poitrine, et je louche sur sa tenue. On dirait un clown.
— Je le savais. T'es un idiot, vraiment ! Il t'a offert un cadeau et toi, tu n'as même pas pensé à ça ! s'égosille-t-elle, comme si c'était une évidence.
— C'est passé Noël, façon.
Je hausse les épaules suite à ça. Qu'est ce qu'elle me fait chier avec ça, genre vraiment. Déjà, je fais ce que je veux et d'où elle sait que je ne lui ai rien offert ? Bizarre elle.
— T'es pas du tout romantique avec lui.
J'ai envie de rire. Même lui, ne l'est pas. C'est pas parce qu'il m'a offert un cadeau qui l'est, hein. Alors là...
— Mais, ça peut te foutre quoi ? Hé, arrête de vouloir t'incruster dans notre relation.
Le mot que j'ai employé à la fin manque de la faire crier. J'écarquille les yeux quand elle m'empoigne mon bras, complètement euphorique. Mais elle est malade ou quoi ?
— Va te faire soigner, pauvre folle. Pourquoi tu fais ça ?
— Je suis juste contente pour toi, mon frère !
Mouais. Du sourire, elle repasse en mode sérieux ce qui me fait légèrement flipper. Bref, j'crois que je vais aller dans ma chambre, c'est mieux.
— Mais, tu devrais quand même lui offrir quelque chose ! Ce n'est pas grave si les fêtes sont passées ! Tu sais... Les cadeaux, c'est tout le long de l'année.
Je gonfle mes joues, me retenant de soupirer un bon coup, gigotant mon bras pour qu'elle me lâche finalement. Pire qu'une sangsue, le merdier. Sans plus rien dire, je m'échappe dans ma chambre puis referme la porte sous une insulte qu'elle me lâche, en un bon italien. Bref.
Et puis quoi encore, pourquoi je devrais l'écouter ? Voilà, elle me fait chier. Je tire doucement la manche de mon gilet qui recouvrait à moitié la chaînette qui orne depuis quelques jours mon poignet. Je n'explique pas mon état lorsque je l'ai mit pour la première fois. J'ai été ému, je vais pas mentir. Que ce soit de la part de Maël, l'importance de ce bijou change tout pour moi. Est-ce que ce serait pareil avec lui, si je lui offrais quelque chose ? Putain de conne de sœur. Elle me met le doute maintenant.
J'y penserai mais pas maintenant. Je me laisse tomber sur mon lit, tirant la fermeture éclair de mon survêtement. Je laisse tomber mon gilet contre les rebords de mon lit, me retrouvant avec mon fin haut Nike à manche longues moulant le haut de mon corps. J'attrape mon iPhone de ma poche, regardant si j'ai une notification. Quand je vois que oui, je suis content.
Maël, 18:49
tu es rentré ?
Léo, 18:59
ouais, là ya 5 min
Léo, 18:59
t'es chez ton père là ?
Sa réponse n'arrive pas, mon message étant seulement délivré. Pendant ce temps, je décide d'aller me doucher puisque j'en ai marre, ça va me faire du bien. Je viens gratter ma nuque en jetant un dernier regard vers l'écran noir de mon téléphone, une idée me traversant l'esprit. Non, en fait. Laisse tomber.
Après ma douche, je me retrouve dans des habits tout aussi confortables. Un vieux pull que je portais au collège ainsi qu'un jogging grisâtre Puma, complètement délavé. Je me jette dans mon lit, regardant s'il m'a répondu. Oui.
Maël, 19:06
on est restau, oui...
mae🌙 vous a envoyé un Snap.
Léo, 19:16
ahhh
Léo, 19:16
mdrr ca sert a rien je mange pizza ce soir 😏
Maël, 19:17
garde moi, je vais rien manger ici mdrr 😭
Maël, 19:17
une feuille de salade pour 60€ wa la dinguerie
Léo, 19:18
manges qm ta salade
Léo, 19:18
😒
Maël, 19:19
je vais me forcer
Maël, 19:19
je te raconte pas l'ambiance à table... j'ai envie de partir si tu savais
Oui, je le sais. Je joins mes deux pouces ensemble, réfléchissant à une réponse.
Léo, 19:21
c'est pour ce soir
Maël, 19:21
de toute façon, si ma mère ne m'avait pas obligé je serai pas là
Maël, 19:22
je serais avec toi, oui 😒
Mes lèvres viennent se frotter doucement, les siennes m'appelant inconsciemment à des kilomètres de distance.
Léo, 19:23
tu sais que c que jveux aussi...
Et je le pense sincèrement. Ça me rend dingue, tout ça.
Maël, 19:24
tu me fais sourire
Ben, toi aussi du coup. Idiot lui. Ah la la.
Léo, 19:25
je veux que tu sois dans ma chambre
Léo, 19:25
quitte ton resto et rejoins moi nn 😐
Maël, 19:25
si seulement je pouvais...
Léo, 19:26
de ouf vdm
Maël, 19:28
bon je te laisse 😒
Léo, 19:28
nn wsh
Maël, 19:28
je suis obligé
Maël, 19:28
on parle après stv ❤️
Léo, 19:29
ok a toute 😒
De toute façon, j'ai pas le choix. Je sais que c'est à contre cœur qu'il me laisse aussi. Je soupire en attrapant mon Mac, le posant devant moi. Je tape mes doigts contre la plateforme, en dessous des touches du clavier avant d'écrire quelques universités proches de chez moi. Sur la liste, je vois celle que Maël veut intégrer. Je n'irai jamais dans celle-là, c'est un truc de scientifique ça. En vrai je regarde rapidement, façon je sais que je ne serai pas capable d'y aller.
Franchement, moi et les cours ça fait deux alors pourquoi je me forcerais de m'inscrire alors que je sais que je ne vais rien foutre ? À la place faudrait plutôt que je me lance dans un boulot, quitte à travailler avec mon daron. Je sais pas, ça me gave. Je déteste réfléchir à mon avenir mais là, c'est le début de l'année et les choses sérieuses commencent. C'est plus de la rigolade.
Bon. La soirée se termine normalement. Nous avons attendu mon père pour manger, ce dernier ne parlant pas trop puisqu'il était crevé. Je peux comprendre. Ma mère lui a servi un bon vin pour se déstresser, Gabriella a demandé également un petit verre. On lui a servi, et moi aussi.
Ma petite-sœur a été celle qui a mit le peu d'ambiance à table, nous racontant qu'elle s'est mise en couple avec Florent, un petit blondo de sa classe. Elle me l'a montré en photo, mouais. Ben, il va bien se tenir ce Florentino. Je n'apprécie pas Gabriella et pourtant je ne me sens pas à l'aise quand elle parle de mecs, je n'ai pas envie qu'elle tombe sur un con surtout en m'imaginant la mentalité des collégiens actuellement. Ça part en couille, je vous le dis. C'était pas ça, à mon époque.
Je m'endors après avoir appelé Maël, comme d'habitude. Il m'explique vaguement ce qu'il s'est passé, son frère ayant pété un câble avec son daron, annulant ainsi le cours de leur repas. Quand il m'a raconté ça, j'ai directement senti au ton de sa voix qu'il n'était pas bien. Il était mal. Du coup, Maël est retourné chez sa mère ensuite, ce Christian étant retourné chez sa meuf qu'il squatte. Du coup... Avec son père, je ne sais pas si ça va mieux ou pas. Il m'a expliqué qu'il s'est excusé envers lui mais il n'en a pas tenu compte. Bref, plutôt compliqué leur histoire de famille.
Le lendemain matin, je me fais bousculer lorsque j'accoure à mon premier cours de la journée. Visiblement, je ne suis pas le seul à être en retard. Super, casse les couilles.
— Vas-y, là !
Quand j'vois celui qui m'a foncé dessus, j'aurai préféré être solo dans les couloirs, honnêtement. Déjà que ma journée commence mal, il a fallu que je tombe sur Kévin, comme par hasard. Ça fait maintenant trois jours qu'on ne s'est pas adressé la parole, depuis le début de la rentrée je parle. Je ne compte pas la fois où il m'a dit un mot, en physique-chimie, ça ne compte pas.
— Ah désolé, mec. J't'avais pas vu.
Je ne dis rien, le laissant passer devant. Kévin ramasse sa casquette NY qui était tombée par terre, la remettant sur sa tête avant de se retourner vers moi. Sauf que j'ai déjà reprit ma marche. Bah quoi.
— Eum... Léo !
Je ne réponds rien, je n'ai rien à dire en fait. Je continue jusqu'à arriver devant la salle de français, entendant la voix de notre professeur à travers la porte. Je m'apprête à toquer, quand je me fais choper, mon corps tournant vers Kévin qui a forcé. Putain ! Quand je croise son regard, je m'attendais pas pas ça. Je pensais qu'il voulait me frapper, mais non. Il a juste les yeux vides, assez tristes. Il cherche ses mots mais ne les trouvent pas. Bon, j'ai pas que ça à foutre par contre.
— On a classe.
— Non mais.. Attends, deux minutes.
Pourquoi je l'écoute même. Je ne devrais pas, je devrais partir. Pourtant, c'est comme au fond de moi je voulais qu'il me retienne. Alors, je lui fais un signe de tête pour qu'il parle. Qu'il parle ou qu'il se taise, qu'il fasse un choix en fait.
— Je... Laisse. On peut se voir à la pause, ou pas ?
Je hausse des épaules. Son expression ne me donne pas envie de refuser, il a l'air déboussolé.
— Vous ! Vous n'avez pas cours ?!
Et voilà, ta race. C'était sûr. Kévin se raidit rapidement, balbutiant une excuse de merde qui fait rire sournoisement le surveillant. Ce dernier s'avance vers nous, un regard sévère.
— Wesh, m'sieur on allait rentrer c'est bon... rajoute le châtain.
— Et ben ! Pourquoi vous restez plantés là ? Vous voulez prendre racine ?
Le boug se croit drôle avec ses répliques, mais que dire. Bref, je me retourne pour toquer en attendant la voix criarde de notre institutrice m'ordonnant de rentrer. Là, tous les regards se tournent vers Kévin et moi, c'est assez désagréable. L'autre derrière nous ne peut s'empêcher de nous enfoncer.
— Ah, Madame Froissard ! Ils étaient en train de discuter dans les couloirs !
— Mmm. Et déjà qu'ils sont en retard ! Bon. Aller vous asseoir. Merci, Jean-Paul.
Le dénommé lance une politesse vers la vieille peau qui nous sert de professeur, cette dernière reprenant son cours après que le porte se soit fermée. Comme d'habitude, je me dirige vers le fond. Maël m'attend avec un léger sourire sur ses lèvres. J'espère qu'il va mieux. Sur le chemin, je fais un signe à Romain et je croise également les yeux de Cassandre, la gothique me renvoyant un clin d'oeil.
— Bien ! Donc je disais, avant que Mr. Julien et Mr. Armanetti nous dérangent...
Je prends place bruyamment sur ma chaise, faisant grincer cette dernière. Je jette mon sac dessus, en faisant donc sortir mes maigres affaires. Mon voisin de table m'adresse pour la première fois de la journée la parole, et ça me fait du bien d'entendre sa voix.
— Ça va... ?
— Ouais, je souffle. Toi ?
Maël hoche de la tête avant de laisser son pouce se glisser sur le dessous de mon œil, sur ma cerne. Je ferme ma paupière, puis il reprend.
— Sorry. T'avais un cil.
Ouais, ouais. Bref, je me suis levé mais complètement à la bourre ce matin. Pourtant j'ai mit mon réveil mais je sais pas, je crois que je me suis endormi. Alors Gabriella m'a fait l'honneur de me venir toquer à ma porte, me rappelant ainsi l'heure. J'ai prit les premiers habits qui me sont passé sous la main, en vrai. Mais ça va, je suis convenable. Je trouve. J'essaye de suivre le cours malgré mon envie de dormir. Fait chier, comment ça m'emmerde le français le matin. C'est tellement nul.
À la récré, on se crame une clope à notre place habituelle. On se lance des regards avec Kévin, au loin et ça... Ben, le groupe l'a remarqué puisque je leur ai avoué ce qu'il s'est passé plus tôt.
— Ben s'il veut te parler, il n'a qu'à venir ici ! Pourquoi seulement toi ? soupire Cassandre, désespérée.
— Les gars, c'est pas Camille là-bas ?
— Laquelle ? Oh, oui. Putain, mais elle lui parle encore ?
Ah, c'est vrai. Ça fait chelou de la voir après tout ce temps. La petite copine de Kévin le rejoint, cette dernière l'embrassant rapidement avant de regarder autour d'elle comme si elle cherchait quelqu'un.
— Vous savez que j'ai eu une discut' avec elle en plus, nous affirme la gothique en amenant son roulé aux lèvres.
— Ah bon ? continue Romain, fronçant ses sourcils.
— Ouais. Les gars vous savez, j'adore Camille, hein. Mais là, elle fait aucun effort. Je sais pas pourquoi elle reste avec lui après ce qu'il s'est passé, avec vous.
— Elle l'aime, je dis naïvement.
Ce qui fait souffler Cassandre encore plus, hochant négativement de la tête. Elle ne semble pas d'accord.
— J'vois pas pourquoi elle quitterait Kévin après ce qu'il s'est passé avec nous, ça n'a rien à voir avec leur couple, rajoute Maël à la conversation. Peut-être qu'ils se sont parlés.
— Pff. Si tu veux mon avis, mec... J'pense pas. En plus, pourquoi elle vient que maintenant ? Genre, elle était où à la rentrée ? se demande la seule fille du groupe. Bizarre.
— Aucune idée. Elle n'a rien envoyé.
— Bon, vos gueules. Elle arrive.
Romain fait un signe de tête vers Camille, cette dernière s'avançant timidement vers nous. Elle place l'une de ses mèches blanches derrière son oreille, ses cheveux s'étant vachement éclaircis dans un blond plus froid. Ça lui va bien, je vais pas mentir. Elle est jolie.
— Salut...
— Mmm. Salut, meuf.
Cassandre est assez distante ce qui n'aide pas vraiment à ce que Camille soit plus à l'aise.
— Vous avez passé de bonnes vacances ?
— Moi super, reprend directement la gothique nous laissant pas en placer une.
— Ah... Bon ben, cool alors.
La petite-amie de Kévin nous regarde un par un, triturant la manche de son sac à main. Heureusement, Maël nous sort un peu de ce moment de gêne.
— Il est joli ton birkin, c'est un Guess ?
— Ouais... ! Un cadeau de Noël, du coup.
— Il est bien, ça te va bien.
— Merci Maël... C'est gentil.
Bon, ce n'est pas pour autant que ça va mieux. Je ne m'attendais pas à ce que Camille m'adresse d'elle-même la parole, son visage angélique me faisant face.
— Juste, je sais pas si tu sais Léo mais... Kévin m'a dit qu'il voulait te parler.
— Et c'est pour ça que t'es venu nous voir ?
Cassandre... Elle abuse, c'est Cassandre quoi. Son ton froid fait froncer les sourcils de la blondie, cette dernière affichant une mine blasée. Je crois qu'elle n'apprécie pas le ton qu'à employé la gothique, ce qui est compréhensible.
— Hé, ça va.
— Ça n'a rien à voir, Cassandre... Je comptais quand même venir vous voir.
— Ouais, ricane la dénommé, ne rajoutant rien de plus.
J'écrase ma clope au sol, jetant ensuite mon mégot derrière un buisson. Bon, j'sais pas s'il me reste du temps pour aller discuter avec Kévin mais pas grave.
— T'es sûr...
Je souris à Maël, ce dernier affichant une mine sérieuse. Je le rassure, hochant doucement de la tête. Ça va, j'vais pas partir au front non plus. On verra bien ce qu'il a me dire, déjà. Je regarde Romain, ce dernier me faisant un signe de tête pour y aller.
— Et s'il te dit un truc de travers, j'arrive et je lui casse la gueule !
— Cassandre... C'est bon, arrête.
Je m'éloigne du groupe, m'approchant donc de celui de Kévin. Ce dernier me voit arriver de loin et indique à Augustin qu'il revient. Le grand roux me regarde rapidement, avant de reprendre sa conversation avec un autre. Il s'en fiche. Rapidement, je suis mon ami qui s'arrête un peu plus loin, le bout de sa cigarette atterrissant entre ses deux lèvres. C'est assez bizarre de me retrouve solo avec lui, je sais pas.
Je prends un instant pour le détailler. Sa peau est plus bronzée que d'habitude, ça se voit qu'il a bien bronzé à Saint-Barthélémy. Ses cheveux sont cachés sous sa casquette et ses yeux verts divaguent de droite à gauche, puis inversement. Il est habillé d'un simple jean et d'une veste Nike, de couleur rouge criarde. Des Tn blanches aux pieds, ils vient les rayer en shootant sur le sol déformé de marques et de traces de chewing-gum.
— Tu voulais me parler, du coup.
Je commence car sinon, on est encore là pour trois ans. Là, son visage me fait enfin face. Je le fixe sans détourner le regard. Je ne pense à rien, je ne pense rien de lui à ce moment même.
— Ouais, je... C'est ça, ouais. Je voulais te parler...
Je le connais quand même, mais là il tourne déjà trop autour du pot. Son attitude m'énerve, il me dérange pour m'amener ici alors qu'il ne sait toujours comment monter ses phrases. Je soupire, un peu impatient.
— Kévin, si tu as truc à me dire dis-le moi maintenant et me fais pas attendre comme ça. Ça sert à rien.
— Je, ouais, je sais ! Mais je sais pas comment te dire...
— Me dire quoi ?
— Ben... Ah, putain.
Il jure et marmonne dans sa barbe. Quoi, qu'il dise ce qu'il a dire et c'est bon. Pourquoi c'est si compliqué avec lui ?
— Je... Je me sens juste con, ok ! Et...
Je le laisse continuer, oui. Mais encore. Je hausse les sourcils en sa direction, l'incitant à poursuivre. Parce que t'as pas fini là, mon pote.
— Voilà, je... Je voulais juste te dire que j'aurai pas du te parler comme ça, tu sais... À la fête.
— Pourquoi maintenant ?
— De quoi... ? reprend-t-il, réajustant sa casquette.
— Pourquoi tu me dis ça maintenant ?
Il lui a fallu des jours pour juste me dire... Ça. J'abuse dans un sens mais j'ai tous les droits de réagir comme ça. Après ce qu'il m'a dit, bien sur que sa réaction m'a fait mal, intérieurement. Je me vois pas acquiescer bêtement ce qu'il est en train de m'avouer aussi facilement.
— Ben... J'sais pas moi...
— Ok, tu sais pas. Pas grave, t'inquiète. Du coup.. Quand tu sauras, tu me le diras.
Je lâche un bref sourire en sa direction, en ayant assez entendu. Je m'apprête à me retourner pour rejoindre les autres mais là encore, sa main m'attrape pour me retenir. Je manque de jurer.
— Mec, attends ! Fait chier, j'suis désolé ok ? Sur ma vie, je sais que j'ai été un connard à me comporter comme ça et j'aurai pas du te dégager comme ça, ok... ! Je... C'est juste que ça m'a perturbé, sur le coup... !
Sous mon silence, il continue. Kévin a légèrement haussé la voix ce qui nous vaut quelques regards curieux en notre direction. Sa tête s'abaisse légèrement, et reprend plus faiblement.
— Léo... J'suis vraiment désolé, crois moi. Hé, franchement... J'ai pensé qu'à ça après ce qu'il s'est passé... Je, j'sais pas si Romain t'as expliqué aussi mais...
— Ouais. Il m'a dit, ouais.
— Ouais, j'm'en doutais mais... Les mecs, aussi... Pourquoi vous m'avez rien dit ? Tu vois, c'est ça qui m'a fait chier. Ça, ça m'a... Ouais, ça m'a bien fait chier.
Mais même là, il ne s'en rend pas compte ou c'est quoi le soucis ? Faut tout lui expliquer, en fait. Sur le coup, je n'ai pas envie de répondre quoi ce soit mais sous la tension, je finis par lâcher mes mots avec froideur.
— Pourquoi tu crois qu'on t'a rien dit, Kévin ? Je te parle franchement.
— Bah... réfléchit-il comme si ma question n'était pas une évidence pour lui.
— Parce qu'on savait pas comme t'allais réagir. Toutes tes remarques... J'sais pas si tu t'en rends forcément compte mais ça tu vois, t'entendre les dires devant nous...
— Mec... souffle-t-il, levant les yeux vers le ciel bleuté.
— Ça, toutes tes réactions puis même avec Cassandre... Forcément qu'on veut pas t'en parler, Kévin.
Un silence de plomb s'installe entre nos deux personnes. Mon ami s'intéresse subitement au sol, comme si c'était la chose la plus magnifique à regarder.
— Tu comprends, ou pas ?
Il ne dit rien et j'ai envie de le secouer pour qu'il me fixe, moi, son ami. Parce que merde, on est toujours potes non ? C'est juste qu'on est dans une mauvaise passe, c'est pas grave. On va s'en remettre, on s'explique et ça va s'arranger. C'est ce que j'espère, au fond de moi. Je veux le retrouver, je mentirais si je disais que je ne voulais plus rien à voir avec Kévin. Puis ce dernier me lâche finalement, se reculant un peu de moi. On s'était vachement rapproché sur le coup, sa main quittant mon épaule.
— Je... Ouais.
Sa mine m'attriste, sincèrement. Je me sens un peu plus léger mais je ne sais pas. Je ne sais plus quoi lui dire, c'est comme si notre conversation devait se terminer ainsi. Sauf qu'il reprend après avoir respirer fortement par le nez.
— Ouais, ok.
Je gratte rapidement l'arrière de mon crâne, la sonnerie coupant court à tout. Cette fois-ci, c'est vraiment fini. Kévin me laisse m'échapper et c'est ainsi que je retourne vers les autres. Je sais pas quoi en penser, je m'en vais machinalement.
Maël me tend mon sac que j'avais laissé au sol et ils s'empressent presque tous de faire un cercle autour de moi. Sauf que là, j'ai besoin de respirer alors j'attrape la manche de mon Eastpak et part directement vers l'enceinte du bâtiment.
— Hey, Léo...
Je crois que c'est le seul que j'autorise à marcher avec moi. Sans que je m'y attende, Maël m'entraîne sans que je puisse dire quoi que ce soit, poussant d'un coup la porte des toilettes réservées aux mecs. Dedans, un gars termine de se laver les mains avant de sortir. Je fronce les sourcils en me demandant intérieurement pourquoi il me cache dans l'une de ces cabines blanchâtres et sales.
Lorsqu'il rabat le morceau de bois en le refermant de l'intérieur, il nous emprisonne ensemble dans ce lieu qui pourrait me rendre claustrophobe. Je ne sais pas si des gens se trouvent encore dans cette pièce mais j'en ai rien à foutre, là c'est comme si ses lèvres étaient les seules qui comptaient. Elles viennent me chercher, le corps de Maël s'appuyant exagérément contre le mien. Ses mains attrapent mon visage en coupe puis nos soupirs se mélangent agréablement. Je sens la chaleur monter entre nous très rapidement. Il est malade... Qu'est ce qu'il fabrique.
— C'était un de mes fantasmes de t'embrasser dans des chiottes crasseuses.
— Mais, wesh... Tu délires complètement.
Nos sourires se perdent après quelques secondes, la mine de Maël redevenant plus sérieuse. Directement, je sais de quoi il veut me parler. Ou plutôt, de qui.
— Il t'a rien dit de... Hein ?
— Non, t'en fais pas.
Le pouce du châtain part en expédition sur les quelques parties de mon faciès mais de manière très vague.
— Alors... Il a dit quoi ?
Mes épaules se haussent faiblement, mes yeux se bloquant sur le cou de Maël.
— Je crois qu'il s'est excusé, en deuspi. J'sais pas. Ça a sonné puis, voilà.
— Mmm.
La deuxième s'enclenche une nouvelle fois et là normalement, on devait déjà être en classe.
— Bon, aller. On y va.
Rapidement, c'est ça qui nous fait sortir de notre cachette. Maël fait attention qu'il n'y a personne à l'extérieur et heureusement, non. Puis au pire, balec. Même si c'est très chelou de voir deux mecs sortir des mêmes chiottes, c'est plutôt... Ouais, non en fait. Oubliez ce que j'ai dit.
Heureusement que le prof d'histoire a laissé la porte ouverte et du coup, on rentre comme si de rien n'était. Bien sûr, certains élèves nous remarquent et en particulier Kévin. Il fait la moue, sa main retenant sa joue. Les heures de cet après-midi n'ont pas été productives du tout. Enfin, pour ma part. Honnêtement, je n'avais qu'une seule envie : rentrer chez moi.
On se salue tous, à 17:30. Maël me suit jusqu'à l'Audi et je sais déjà comment ça va se finir. De sa voix, il me demande s'il peut passer chez moi.
— Tu vas faire une heureuse... Putain.
— Ta sœur ? me demande-t-il alors que c'est logique.
Je fais gronder le moteur de ma voiture et serre des dents lorsque je vois que je n'ai bientôt plus d'essence. Et merde. J'indique au châtain qu'on va faire un détour et il n'en voit aucun inconvénient. Comme à son habitude, il vient piquer mes lunettes de soleil que je n'enfile jamais, en fait. Il les posent sur son nez et lorsqu'on arrive à la station, je descends pour aller à la pompe 3. Tandis que je m'affaire à la tâche, Maël sort sa tête par la vitre en me souriant, ne pouvant s'empêcher de me faire une remarque qui me déstabilise, bien que ça me fait plaisir.
— T'es beau...
— Ah ouais, je lance seulement, mes yeux se levant vers le montant que m'indique le prix de l'essence.
— Mmm. J'ai de la chance.
N'importe quoi. C'est moi, j'ai de la chance plutôt. Après avoir payé une somme qui me fait mal au cœur, je reprends ma place au volant avant de démarrer. On arrive chez moi après une vingtaine de minutes, vu les embouteillages de malade. En me voyant arriver avec le garçon, Gabriella s'empresse de venir le prendre dans ses bras, sa taille étant ridiculeusement petite par rapport à Maël. Elle lui arrive même pas au torse. J'assiste à un théâtre, là.
— Maël ! Comment tu vas ?
Ce dernier lui répond normalement et commence à discuter avec la folle qui me sert de sœur. Ma mère débarque alors, faisant claquer ses pantoufles sur les escaliers qu'elle descend. Lorsqu'elle nous voit, elle nous sourit directement puis vient faire la bise à Maël.
— Come fai a essere sempre bello ?
Je me retiens de rire, Gabriella souriant abusivement face à ce que notre mère vient de dire au plus grand. Ce dernier ne comprend rien, fronçant légèrement les sourcils avant de m'envoyer un regard signifiant help.
— Elle t'a demandé comment tu fais pour être aussi beau, je lâche tout en m'approchant de lui pour le piquer à ma daronne.
— Ah... Bah, merci m'dame. Mais j'ai pas de secret pour ça... Désolé.
Il est gêné et je le trouve mignon, sur le coup. Je le laisse m'échapper de nouveau, Gabriella l'entraînant dans le petit salon en lui proposant quelque chose à boire. Voleuse. Moi, je reste là à le fixer comme un idiot et ma mère le remarque très bien. Doucement, elle vient attraper mon bras pour venir le caresser. Son regard bleu, celui dont j'ai hérité, me fixe avec la tendresse d'une mère.
Soudainement, c'est comme si je pouvais tout lui dire. Comme si plus rien ne comptait, comme si rien ne pouvait s'interposer dans ma bonne humeur actuelle. C'est bizarre, d'une certaine façon.
— Leo... Stai bene ?
Ouais, je vais bien maman. Ça va. Je souris inconsciemment tandis que mes yeux se perdent sur Gabriella et sur Maël, rigolant à son attitude sotte et enfantine. Ma voix reprend, en un italien que je communique rarement.
— No... Sto bene, mamma.
Son regard suit le mien puis c'est comme si à ce moment-là, tout se fait comprendre sans dire aucun mot, sans parler, sans rien. Dans ce silence, je profite un peu de la présence de ma génitrice.
— Maël... commence-t-elle simplement.
Ouais, Maël. Je me concentre de nouveau sur son visage, maquillé avec délicatesse. Elle est vraiment belle, et si jeune. J'attends qu'elle continue sur ce ton, ne me préoccupant plus des deux autres personnes devant moi.
— Ora, tu la ami.
Je manque de rougir, clairement. Je n'espère pas. C'est relou, sinon. Son italien sonne comme une mélodie à mes oreilles, surtout après ce qu'elle vient de dire. J'ai très bien compris ce qu'elle m'a avoué, même très bien compris. Et sur le coup, je ne sais pas quoi lui répondre. C'est comme si tout se figeait autour de moi, autour de nous, mit à la part la scène se déroulant devant moi. Maël discutant d'une façon naturelle avec ma sœur qui est en train de lui montrer quelque chose que j'ignore sur son iPhone pailletée de strass.
— Je... C'est pas ça, je mens seulement.
Je mens alors que tout sonne comme une évidence et on sait tous très bien que les regards ne mentent jamais. Jamais, jamais. Rien ne ment, et surtout pas nos actions, nos gestes qu'on qualifient de naturels. Puis je suis son fils, malgré tout, elle sait. Le sourire rouge de ma mère décore son doux visage encore plus qu'il ne l'était déjà. Sa pression sur mon bras s'exerce un peu plus fortement, mais toujours avec cette affection qu'elle gère à la perfection.
— No. Ti conosco molto bene...
C'est ce que je disais. Ouais. Bien sûr qu'elle me connaît. Comment nier, le contraire. Sans un mot de plus, c'est comme si cette façon de dire les choses étaient d'une certaine façon plus avantageuse pour moi. Adriana finit par nous proposer de manger quelque chose, nous groupant tous autour d'une table, brisant cette bulle entre elle et moi.
Cette journée se finit avec ce brin de légèreté qui plane dans notre maison, celle des Armanetti. Maël s'est invité, bien que ce soit ma mère ainsi que ma sœur qui ont forcé la chose. De base, il ne voulait que passer. Mais non. C'est ainsi qu'on se retrouve, la nuit tombée, dans mon lit, mes doigts se glissant entre les mèches ondulés de ses cheveux. On est bien, juste tous les deux. Nos bouches se perdent par moment, n'arrivant plus à retrouver leur chemin et leur place habituelle. Elles ont le droit, non ? Nos mains suivent également des chemins sinueux, bien que non dangereux et plutôt sages. Nos paroles, de simples chuchotements qui résonnent calmement entre les quatre murs de ma chambre devenue notre repaire commun, celui que je ne désire partager qu'avec une seule âme, une seule présence dotée d'un prénom sonnant divinement bien lorsque je le prononce ; Maël.
Petit à petit, nous pourrons enfin être nous même. Seulement, encore un peu de patience... J'te le promets.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top