Sous sa drogue.

Ce n'est qu'après quelques minutes que je me retrouve devant la porte de chez lui, les doigts de ma main caressant doucement ma nuque. Je sais pas si j'dois sonner à la porte ou alors simplement toquer mais cette dernière semble s'ouvrir d'elle-même devant moi, après quelques secondes. Rapidement, Maël apparaît dans mon champ de vision. Il est là, en sweat et jogging, il est beau. Ses cheveux sont décoiffés, ses joues légèrement rosées et ses piercings à l'oreille sont mit en évidence.

— Hey... Rentres, me lance-t-il après quelques secondes de blanc, se décalant légèrement sur le côté pour me laisser passer.
— Merci.

Je m'avance alors devant lui puis j'arrive à sentir d'ici l'odeur qu'il dégage, son odeur. Contrairement à la dernière fois, rien ne traîne et tout est propre. La maison semble même aérée. On dirait que certains trucs viennent d'être rangés. Quelques petites lumières sont allumées le long de son couloir et à l'entrée, pareil dans les escaliers. J'enlève mes baskets tout en regardant autour de moi, comme si je visitais les lieux pour la première fois. Je sens ses doigts frôler mes épaules tandis qu'il enlève mon gilet de sport, posé derrière moi.

— J'attends toujours d'entendre ce que tu m'as dit, tout à l'heure.

Je lève légèrement un sourcil, le regardant passer à mes côtés pour venir s'avancer vers le salon. Il m'a maté du coin de l'œil en me sortant cette phrase et maintenant que j'y repense, j'ai juste envie d'aller supprimer ce maudit message et faire comme s'il avait eu une hallucination. J'l'ai dit sur le coup, comme ça. J'pense que c'est aussi après avoir bu ce verre cul-sec qui m'a donné le courage de taper ces mots. Non parce que faut se le dire, j'essaye un maximum de faire fuir ce mec de mes pensées mais à quoi bon, Maël gagne et gagnera toujours. Tandis qu'il se laisse tomber sur l'unique canapé de la pièce, je décide de m'avancer à mon tour vers ce dernier. Je prends place à ses côtés et l'imite, posant moi aussi un pied sur sa table basse.

— Tu veux quelque chose à boire ? me propose-t-il tandis qu'il louche sur la télécommande, cherchant sans doute le bouton sur lequel il souhaite appuyer.

Je lui réponds négativement et puis c'est tout. Maël démarre Netflix sur sa télé, l'écran de l'accueil de son compte s'affiche maintenant en grand. Il défile les séries avec la télécommande et moi j'suis là, à regarder les décorations du mur d'en face. Tout est calme entre nous et je me dit que j'me suis p't'être incrusté au mauvais moment. Il doit être sûrement fatigué et je le suis également, même si j'ai rien foutu de ma journée. Je fais rouler mes pouces entre eux durant ce silence. Mais au final, je le sens se redresser légèrement sur son canapé, le haut de son corps venant à présent pivoter vers moi. Mes yeux remontent vers son visage et cherchent les siens pour l'interroger du regard. Je le vois me sourire doucement, comme un gosse qui vient de commettre une bêtise.

— Quoi...? Pourquoi tu me regardes comme ça ? je finis par dire, son silence me stressant un peu, je l'avoue.
— Tu veux voir un truc ?

Je fronce légèrement les sourcils lorsque je vois l'expression de son visage, mais ouais, je le compare vraiment à un enfant qui est tout heureux, tout content d'avoir fait un truc dont il n'avait pas le droit. Curieux, je me redresse également contre le dossier du canapé — je m'étais complètement affaissé — et pose mon pied qui était auparavant contre la table basse, sur le sol.

— J'crois que j'ai fait une connerie... Enfin, ouais... J'sais pas trop, m'avoue-t-il au final et j'ai comme l'impression qu'il veut tourner autour du pot.
— Qu'est ce que t'as fait encore..., je m'impatiente presque tandis qu'il me lance de nouveau un sourire.
— D'accord... Mais t'as le droit de fermer les yeux, si tu veux. Et j'te dis quand t'ouvres.

Je hausse un peu plus les sourcils suite à ce qu'il vient de me dire mais j'comprends vite là où il veut en venir ; Maël est carrément en train de soulever son sweat kaki, sous mon regard interloqué. Ce qu'il me propose de faire, je ne le fais pas, bien évidemment. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de fixer sa peau légèrement pâle, en fait, j'peux pas m'empêcher de fixer cette petite parcelle de son corps qu'il m'expose, là, maintenant. J'ai presque envie de passer mes doigts — qui me démangent à l'heure actuelle — là où les siens passent, c'est à dire dans le creux de ses légers abdominaux, ses muscles si finement dessinés. Puis au final, le sujet tombe et sa voix coupe court mes pensées. Son index trace un petit tatouage, qui visiblement vient tout juste d'être fait car sa peau est encore rosée à cet endroit là. C'est une lune, rien de plus banal, un dessin simple mais ça rend vraiment bien. Elle est coloriée en noir avec un léger relief. Il y a même quelques petites étoiles autour d'elle et j'ai envie de lui dire que c'est mignon.

— Alors, t'en penses quoi ? m'interroge-t-il tandis qu'il baisse peu à peu son haut pour le remettre en place.
— Ouais, t'as pété ton câble quoi. Tu l'as fait quand ?
— Aujourd'hui, sur un coup de tête. J'me promenais en ville puis j'ai vu le salon de tatouage, j'me suis dit... Mais vas-y, Maël. Fais ta connerie. Puis j'ai quasiment rien payé, un p'tit truc comme ça t'façon...

Il rigole légèrement suite à sa propre phrase et je sourit. Le garçon finit par appuyer sur un bouton de la télécommande, faisant démarrer une série dont je ne connais pas le nom. Ensuite, il vient se pencher légèrement pour chopper le paquet de clope posé contre la table basse. C'est alors que je tourne à nouveau ma tête vers lui, mes doigts jouant de nouveau entre eux.

— Mh... T'avais pas dit beuh ?

Faut que j'avoue que quand Maël me regarde comme il est en train de le faire actuellement, c'est à dire lorsqu'il a sa cigarette coincée entre ses lèvres, j'ressens trop de trucs à la fois. C'est inexplicable. J'ai l'impression que parfois, il fait exprès de taper sa meilleure pose et qu'il me prouve encore une fois, sans le vouloir, qu'il est juste beau.

— Dis moi ce que tu m'as dit en sms tout à l'heure, et peut-être qu'on montera en haut et que... j't'offrirai ce que tu veux, dit-il sous un autre ton, sa voix étant un peu plus faible que d'habitude.
— ... Pourquoi tu dis cette phrase comme ça ?

J'sais pas trop ce qu'il se passe mais il me donne mal au ventre et je n'sais pas comment interpréter sa phrase. J'espère que ce n'est que les deux verres que j'ai bu qui accentuent les effets que ce con me procure, parce qu'honnêtement, j'sens que j'vais pas faire long feu. Et ça m'énerve.

— Dis le, répète-t-il, son corps maintenant tourné vers moi et la fumée de sa cigarette se promenant sous mes narines.
— Pourquoi tu y tiens autant ?
— Et toi, pourquoi tu poses autant de question ?

Je fronce légèrement les sourcils tandis que mes doigts viennent voler sa cigarette d'entre les siens. Je l'amène à ma bouche tout en regardant Maël qui n'a pas rompu notre contact visuel. Foutu Maël. Des fois, j'aimerai juste te frapper. Encore plus que quand j't'ai vu arriver sur ta moto, à ton premier jour au lycée. J'sais pas si j'arriverai à lui coller un défaut sur son front. Mais je reprends, lui rendant un peu précitamment sa clope.

— Tu viens de m'en poser une, t'en poses trop toi aussi, je réponds.
— ... Et tu ne sais même pas combien de questions j'aimerai encore te poser.

Cette fois-ci, c'est lui qui coince le bâton nocif entre mes lèvres. Ses doigts frôlent ma bouche doucement, et ça me fait bizarre. En fait, toute cette atmosphère est bizarre et j'ai l'impression qui pourrait se passer une multitude de choses en seulement quelques secondes.

— Quoi, comme questions ? je lance au final, tournant légèrement mon visage pour ne pas laisser la fumée partir sur son visage.

Maël met quelques secondes à répondre et dans un coin de ma tête, j'me dis qu'avoir allumé Netflix était juste inutile. L'épisode tourne depuis quelques minutes mais ce n'est que lui que je regarde.

— Dis moi ce que tu m'as dit.

Cette fois-ci je lève les yeux au ciel mais je finis bien vite par les reposer sur lui. Ce soir, je n'arrive pas à savoir à quoi il pense. Est-ce lui aussi il se sent comme moi ? J'me pose parfois et je repense à tous les moments que j'ai passé avec le garçon en face de moi. Puis j'me dit, merde.

— ... J'crois que j'avais envie de te voir.

J'ai envie de m'enfoncer sous terre. C'est ce qu'il se passe lorsqu'on arrête de réfléchir. Pour une fois dans ma vie, j'crois que j'me suis laissé allé puis au final, j'pense que j'avais envie qu'il le sache. Maël me sourit, et il passe les mèches de ses cheveux derrière son oreille. Il est content de cette réponse, et je le sais. La sienne ne tarde pas tellement.

— Moi aussi...
— ... D'accord.

Ça en devient presque ridicule, mais j'ai encore plus envie de m'enfoncer sous terre. Il ne lui a pas fallu plus de deux mots pour réussir à provoquer ce qu'il a provoqué en moi. Maël... J'sais pas ce que tu m'as foutu. Et j'ai jamais dit un truc aussi sincèrement, il n'y a plus rien à quoi je pense si ce n'est lui. Comment je suis censé exprimer tous ces fichus sentiments qui m'arrivent à la gueule, ces trucs dont j'en ai jamais fait la rencontre. Le pire c'est que je ne peux rien fuir. Rien.

— J'sais pas ce que tu m'as foutu, je lâche doucement, sans savoir dans quoi je commence à m'embarquer.

Et je sais que Maël va me demander pourquoi. Ou alors, il va réfléchir tout en promenant son regard sur mon visage, comme il le fait à chaque fois, quand il cherche quoi me répondre. Le châtain se redresse légèrement et vient caler le profil de son visage contre le dossier du canapé, complètement tourné vers moi. Il tient encore le cendrier entre ses doigts, terminant sa clope avant de l'écraser contre le verre.

— Cette conversation devient bizarre, dis-je alors tout d'un coup, mes yeux roulant vers le plafond, lui portant désormais une attention particulière.

Je sens Maël se redresser à nouveau pour poser ce qu'il tient dans sa main contre la table basse, le cendrier rejoignant son paquet de Marlbolo à moitié vide. Il se remet ensuite dans son ancienne position sauf que cette fois-ci, il ose poser ses doigts le long de mon bras. Je suis en t-shirt, mes poils s'hérissent un peu lorsqu'il me touche. J'admire de nouveau ses doigts longs et fins, et son os du poignet qui ressort esthétiquement. Maël porte une chaînette en argent, identique à celle autour de son cou. Elle refroidit ma peau à son contact sur mon léger bronzage.

— Tu sais, au fond, on est tous les deux dans la même situation.

Je ne bouge nullement mes bras, les laissant croisés contre mon torse. J'ai l'impression que ses ongles veulent traverser ma peau mais, ce ne sont que des caresses, c'est léger, doux comme Maël. Je me surprends à les apprécier.

— Depuis un moment, j'sais pas ce que je fais avec toi, Léo. Sans que tu le veuilles, tu me troubles et tu me troubleras toujours, soupire-t-il dans le vide.

J'comprends pas trop ce qu'il me dit mais je le laisse parler, mon regard une fois sur sa main puis une fois sur l'écran diffusant toujours l'épisode d'un faible son. En fait, il n'y a que sa voix que j'entends depuis tout à l'heure. Il vole toute mon concentration et il se l'approprie, putain, j'pense qu'à lui en fait. C'est dingue.

Maël finit par se lever pour éteindre la télévision, sur ses boutons latéraux. Sûrement il veut capter mon attention entière. L'écran devient rapidement noir et un silence complet s'installe dans la pièce. Mais il reprend, une fois assis à côté de moi.

— Puis, j'sais pas trop pourquoi c'est toi. J'essaye d'y réfléchir et à chaque fois j'me dit que...

Le châtain marque une pause et soupire, une énième fois. C'est à ce moment que je tourne mon visage vers lui, ne comprenant décidément pas pourquoi il s'arrête là, comme ça. Maël finit par se lever de ce canapé, et j'sais pas combien de fois il l'a fait durant cette soirée.

— On monte, lance-t-il à mon égard sans même s'arrêter dans sa marche, sa phrase se montrant presque comme une obligation, un ordre.

Je décroise mes bras et je le suis alors, montant les escaliers après lui. On arrive rapidement dans sa chambre et j'ai l'impression d'être emprisonné entre quatre murs désormais, rien qu'avec lui. Maël me fait signe de me poser sur son lit et c'est que ce je fais. Il allume les led de la pièce, nous plongeant dans une ambiance toute bleue. C'est plutôt cool.

— Tiens, changes les couleurs si tu veux.

Il me tend une petite télécommande rectangulaire et j'appuie un peu au hasard sur les boutons de couleurs, m'amusant à les changer à ma guise. Ça ne dure que quelques secondes avant que Maël se décide enfin de partager sa weed, m'offrant un joint qu'il tient toujours entre ses doigts. Je laisse tout tomber et glisse le roulé entre mes lèvres tandis qu'il vient me l'allumer à l'aide de son briquet. J'inspire doucement et ferme automatiquement les yeux lorsque j'inhale la fumée toxique.

Maël se pose à mes côtés, nos cuisses se frôlent. Involontairement peut-être. J'sais pas trop s'il a fait exprès de provoquer ce contact — ou devrais-je dire ces contacts depuis le début —  mais je le laisse faire avant de laisser mon dos rencontrer son matelas. Il me recopie dans mes gestes, comme un reflet dans un miroir. Puis il arrive à choper son téléphone portable qu'il connecte avec son enceinte. C'est alors qu'une musique que je ne connais pas s'élève à faible son dans la chambre de Maël, nous abandonnant dans une ambiance chill. J'ai envie de lui demander de finir ce qu'il avait envie de me dire, en bas. Mais j'ai peur que ça brise ce moment tranquille.

Le garçon toussote légèrement entre deux fumées puis se tourne vers mon côté, son coude venant s'enfoncer dans le matelas et la paume de sa main se retrouvant entre les mèches de des cheveux. Comme ça, j'ai l'impression qu'il me surplombe. Car il est au dessus de moi puis ses yeux me fixent, ses yeux aciers se perdent dans les miens.

— Maël... je commence doucement.
— Mhh ?

Je marque une pause avant de continuer et je me lance.

— Et tu te dis que quoi ?

Il sourit doucement à ma question avant de tirer une latte, encore. J'ai l'impression de sentir la drogue faire son effet encore plus vite dans mon organisme. Qu'est ce que j'aime fumer avec lui. Tout est beaucoup mieux, bizarrement.

— J'me dis que... tu devrais baptiser mes lèvres. Juste un peu.

À ses mots, je déglutis légèrement et mes doigts manquent de lâcher le joint que je tiens. J'sais pas si je dois le prendre sérieusement ou si j'dois juste rigoler. Je tremble un peu, j'crois que j'ai des frissons et c'est un truc que j'arrive pas à contrôler. Sur le coup j'sais pas trop quoi lui répondre alors je ne dis rien mais ses yeux se plissent légèrement, Maël semble scruter mon visage dans les moindres détails. Puis cette fois-ci son rire ne me donne pas du tout envie de l'imiter ou bien même de sourire. De quoi on parle là, en fait ? Pourquoi maintenant ? Je suis un peu sonné sur le coup et la weed n'arrange pas grand chose.

— Ouais non. J'crois que... j'suis déjà défoncé, lance-t-il après avoir rigolé légèrement.

Je laisse planer un silence avant de répondre d'une voix légèrement cassée.

— Hum... Ouais. Pareil.

Je me redresse légèrement pour jeter ce qu'il en reste dans un cendrier et mes coudes restent appuyés contre le matelas. Mes yeux passent au scanner la chambre de Maël même si ce n'est pas la première fois que je m'y retrouve dedans. Mais ce soir il y a cette ambiance particulière, je sens qu'à tout moment il pourrait se passer quelque chose. Le châtain exécute les mêmes gestes que moi avant de se lever de son lit, sa voix chantonnant doucement la musique qui est en train de passer. Je sais pas ce qu'il chante mais le son paraît meilleur lorsque je l'entends.

Complètement emporté par le son, Maël vient même bouger sa tête de l'avant vers l'arrière, de manière légère. Ses lèvres bougent doucement et les paroles de la musique s'y échappent lorsqu'il les connaît. Rapidement, un autre joint se bloque entre elles, encore un qu'il a chopé quelque part sur son bureau. Je n'ai pas trop regardé, un peu trop perturbé par sa personne.

Maël se rapproche de moi, à nouveau, puis marque un temps d'arrêt lorsqu'il allume son pétard, la flamme que provoque son briquet illuminant son visage d'un couleur jaune-orangée. Puis il revient se poser à côté de moi et c'est le même manège, sa cuisse se colle contre la mienne. Le tissu de son jogging est assez large mais j'arrive à sentir sa jambe de là.

— Dis...

Je lève mes yeux vers lui, mon regard étant resté fixé sur nos deux cuisses collées. À croire que ça me perturbe alors qu'il l'a fait une multitude de fois. Mais quand il sent que je le fixe, Maël continue.

— Tu veux bien dormir ici ?

Le joint qu'il avait ramené à ses lèvres se retrouvent entre les miennes puis sachant très bien que j'peux pas reprendre le volant après tout ça... On oubliera le fait que j'ai conduit jusqu'à chez Maël alors que j'étais alcoolisé, mais c'était une exception. Je hoche de la tête et c'est là qu'il me sourit.

— Bouges pas, j'vais te donner des trucs.

Puis c'est lorsque je me retrouve dans sa salle de bain, à enfiler un short de sport et son vieux t-shirt Adidas délavé que j'me dis que cette fois-ci, je ne pourrai pas faire marche arrière. Quand je retourne dans sa chambre, je le remarque déjà en tenue légère et ample pour dormir, à moitié allongé dans ses draps. Mes pas me guident automatiquement vers son lit et mon genou s'enfonce dans son matelas, lorsque j'y arrive. Ça grince un peu et c'est comme ça que je me mets assis dedans, le dos appuyé contre quelques coussins qui sont balancés sur le dossier de son lit. Les doigts de Maël jouent sur l'écran de son portable et sans savoir ce que je fais, j'attrape doucement son poignet pour voir ce qu'il fabrique. Puis je le relâche lorsqu'il jette son téléphone dans ses draps et qu'il se redresse vers moi. Ses doigts se glissent contre la peau de ton mon cou, me faisant juste frissonner. À ce moment là, je comprends pas trop ce qu'il fabrique, ses led sont encore allumées et je n'arrive qu'à distinguer un profil de son visage qui est illuminé, laissant le reste dans une pénombre totale.

— Recopies mes mouvements si tu veux que je continue, pinces mon bras si tu veux que je m'arrête...

Dans mon cerveau, tout s'alerte, tout cogite. Sa phrase parvient à mes oreilles dans un murmure et instinctivement, mes yeux se ferment lorsque je sens son visage se rapprocher du mien. Maël ne fait rien, et pourtant, son nez arrive à frôler lentement le mien et j'arrive à sentir les petites mèches de ses cheveux caresser mon front. Je crois que si j'ouvre les yeux, je me reculerai. Instinctivement. Alors je le laisse faire, parce que j'crois que je kiffe les nouvelles sensations qu'il arrive à me procurer. Ses gestes sont tendres, des gestes que je n'avais jamais prit le temps d'apprécier avant qu'il ne les fassent. Et puisque c'est Maël, j'aime. J'aime bien. Ses doigts qui longent le creux de mon cou remontent doucement contre ma nuque et il l'agrippe avant de la masser légèrement, tout en douceur.

Alors non, je ne mets pas à recopier ses mouvements. Je ne l'écoute pas et mes doigts se dirigent vers son bras, prêt à le pincer.

Mais j'sais pas trop comment il a fait pour me faire changer d'avis. C'est p't'être parce que Maël s'est lancé, p't'être parce que... Il est plus courageux que moi. C'est lui, c'est Maël. C'est lui qui est en train de m'embrasser, ses lèvres s'étant rapprochées dangereusement des miennes. Tous ces p'tits trucs de ce soir... Je l'avait vu venir, un peu. Mais merde.

C'est si bon, lorsqu'il fait ça. Un truc aussi banal. Un truc que j'ai exercé, encore et encore, sur des filles que je connaissais pas, parfois. C'est comme si rien de tout ça n'était vrai, genre, comme si tout ce que j'avais fait jusqu'ici était superficiel. Maintenant, c'est vrai. On le ressent tous les deux. Mon souffle se mêle au sien, je n'ai jamais senti Maël aussi proche de moi. À ce moment même, je dirai même qu'il me complète. Nos lèvres sont liées, puis elles se reculent mutuellement afin de permettre à chacun de nous de reprendre notre respiration. Puis à nouveau, il ose. J'le laisse m'emporter. J'entends qu'il murmure mon prénom mais tout est flou dans ma tête encore, j'ai l'impression de saisir les informations un peu plus lentement que d'habitude. Nos bouches se cherchent, s'embrassent ; nos lèvres se lient puis se dénouent et se relient à répétition. Elles se montent, elles se mordent et se font mordre. Puis elles s'humidifient. En si peu de secondes, j'apprends un tas de choses, comme le fait qu'il aime lorsque mes dents tirent doucement sa lèvre inférieure. J'apprends aussi qu'il aime avoir une certaine emprise sur moi, qu'il aime venir approcher encore plus mon visage du sien. Je recopie ses mouvements, et ma main se pose finalement le long de son cou, mes doigts venant l'entourer comme si j'voulais le posséder. Je n'appuie pas fort mais lorsque Maël plante un peu plus ses ongles dans ma peau, il m'incite indirectement à le faire. Et il aime.

Il doit être minuit passée. On est un jeudi soir d'octobre, la maudite fête d'Halloween approche à grand pas. Romain et Kévin sont sûrement en train de se bourrer la gueule et faire un tas de conneries. Et moi, j'suis là. Cette nuit va être floue, et j'vais sûrement me réveiller confus, perdu. Je ne sais pas trop de quoi est fait demain. Mais tout ce qui compte maintenant, c'est ce premier garçon. C'est lui, tout le monde le connaît maintenant. Putain, Maël. Il faudrait que tu me donnes ton secret afin que je sache pourquoi j'ai cette envie d'en vouloir encore plus de toi.

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