Son type, mon type.

Lundi matin, début de la semaine, début d'un enfer. Enfin, est-ce nécessaire de préciser qu'on a exam toute la journée pour dramatiser le tout ? Nos professeurs se sont donné un mot pour tous nous faire crever, c'est pas possible autrement. Alors c'est toute la classe qui s'assoit péniblement sur nos chaises attribuées, à moitié endormis. Ce qui n'est pas le cas de notre enseignante d'anglais qui s'empresse de nous distribuer un polycopié, commençant son speech en cette merveilleuse langue qu'elle nous enseigne avec si grande fierté. Heureuse dès le matin, comme ça. Putain. Honnêtement, j'en ai rien à foutre de ce qu'elle peut dire alors j'fais semblant de m'intéresser à elle, mes yeux regardant vaguement son visage pâle et maquillé. Est-ce que j'ai révisé ? Non mais comme d'habitude, on espère compter sur mon talent. C'est un grand mot et j'sais bien, d'ailleurs en lisant les consignes j'ai bien peur de me rendre compte qu'il est totalement inexistant.

— Donc comme prévu, un petit contrôle de trente minutes sur tout ce qu'on a pu faire ces dernières séances. Rien de bien compliqué alors ça va aller, ne vous mettez pas la pression ! Relax.

Relax, relax, ça m'énerve déjà sa merde. Un léger soupir passe la barrière de mes lèvres tandis que je chope mon stylo quatre couleurs de ma trousse. Je commence à compléter tranquillement ma feuille, me rendant compte qu'au final, j'arrive à me souvenir de pas mal de choses même si j'écoute pas tant que ça. Je me choque parfois. Lorsque mes yeux relisent les réponses que j'essaie d'écrire avec un minimum effort d'écriture, je me mets à tourner mon poignet afin de relaxer les muscles de ce dernier, mon regard se promenant désormais sur les personnes autour de moi.

Aujourd'hui, c'est Romain qui se trouve à mes côtés. D'ailleurs, mon ami est complètement à fond sur son truc, il a carrément sorti des surligneurs pour repasser des mots du texte. En face de moi, des mecs que j'connais pas alors j'm'en fiche un peu. Je ne peux m'empêcher de glisser un regard vers le milieu de la classe. Le menton appuyé contre la paume de ma main. Je laisse mes yeux se promener sur son dos, ses jambes qui se replient sous sa table. Ses cheveux qu'il coiffe toujours de la même manière. Sa veste qui est accrochée sur la dossier de sa chaise. Cassandre a côté de lui, je l'aperçois en train de lui lancer des coups de coudes, espérant sûrement des réponses de la part de Maël. Ce dernier, bien évidement, lui donne un coup de bras encore plus fort ce qui fait râler la jeune gothique. Je ne peux m'empêcher de sourire face à cette scène. Puis les trente minutes passent.

Une fille de notre classe commence à ramasser les copies, Léa. Je m'en rappelle d'elle car elle était avec moi et Bastien en physique chimie il n'y a pas longtemps. Lorsqu'elle arrive à ma table, elle me lance un léger sourire et se retourne pour faire le tour de la salle, son léger parfum chatouillant mes narines, ses cheveux volant dans son dos. Super.

— Bon... Ça va, je m'attendais à pire, s'exclame doucement mon voisin de table qui n'est personne d'autre que Romain.

Mon visage se tourne vers lui, mon meilleur ami passe les doigts dans ses cheveux tout en s'étirant sur sa chaise.

— Ouais, je souffle.
— Il s'est passé un truc ?

Suite à sa question, mes sourcils se froncent. Ma bouche s'entrouvre pour répondre mais l'enseignante décide de me couper dans mon élan. Le cours commence alors, faisant taire les quelques chuchotements qui s'étaient élevés. Romain se redresse sur sa chaise et il ouvre son cahier à la bonne page. Mes yeux se baladent sur sa feuille de cours et je m'approche un peu plus de lui, mon bras frôlant le sien.

— Non... Mais j'ai pas envie de parler de ça ici, je réponds d'une voix basse après quelques instants.

Je suis les mouvements du stylo de mon voisin des yeux avant de capter son regard.

— Ok... reprend-t-il. Juste... j'me demandais s'il c'était passé quelque chose, t'as vu.

Je secoue négativement la tête en soupirant un « non », je ne vois pas pourquoi il me pose ce genre de questions maintenant. Je me rappelle très bien de notre conversation avec Romain, je me souviens exactement de ce que j'ai pu lui avouer le weekend dernier. Mais je ne pensais pas que mon ami serait aussi attentionné et intéressé sur la relation que je vis avec Maël.

En parlant de l'intéressé, je me surprends encore de glisser un regard vers lui. Comme d'habitude, il est en train d'écouter le cours et de prendre des notes, son stylo s'arrêtant parfois quelques secondes afin qu'il assimile toutes les choses que dit la professeur. C'est vrai que ce matin nous avons pas parlé, ni la journée d'hier. Avec quelques messages seulement, on s'était demandé si ça allait. Il devait être occupé avec son père et c'est normal, j'peux comprendre. Je me perds encore un peu dans mes pensées jusqu'à que ce soit Maël qui tourne son visage pour me regarder. Ses yeux gris traversent les miens, ses lèvres sourient légèrement parce qu'il sait qu'il m'a cramé. Il me fatigue.

C'est la sonnerie qui coupe à tout. Les voix s'élèvent un peu plus fortement dans la classe ce qui fait exaspérer la professeur qui n'a pas le temps de finir sa phrase.

So- Okay... Pas de devoirs pour la séance prochaine, vous êtes libres.

Veste et sac sur mes épaules, je suis dans les premiers à sortir de la salle de classe. Des filles piaffent devant la porte grande ouverte et essayent tant bien que mal de s'engouffrer dans le couloir principal qui grouille de personnes. J'entends la voix de Kévin à ma droite, ce dernier a le visage rivé vers son iPhone.

— Putain...
— T'as quoi ? je lance alors tandis qu'on s'avance enfin, nous dirigeant vers notre prochain cours.

Rapidement, je sens la présence de mon deuxième ami sur le côté, lui aussi complètement concentré sur son téléphone. Je me demande à qui il parle, sûrement à sa meuf Vanessa.

— Camille veut me parler après les cours les mecs, avoue-t-il tout en venant se gratter l'arrière des cheveux.
— Et alors ?

Romain porte enfin son attention sur Kévin tandis que j'attends une réponse à ma question. Mon ami doit se stresser comme d'habitude pour rien, fin je sais pas mais il est bizarre avec sa Camille de toute façon. Ça commence à me dépasser leur histoire.

— Elle veut te voir pourquoi ? continue Romain, s'appuyant contre un des murs du couloir, près de la porte du prochain cours.
— J'en sais rien... Mais c'est trop bizarre qu'elle m'envoie ce genre de messages, non ?
— ... Ah ouais, aucune idée gros. Vous vous êtes encore embrouillés ou quoi ?

J'écoute la conversation d'une oreille étant bien vite déconcentré par sa venue. Je parle bien évidemment de Maël qui s'incruste près de moi, ses écouteurs dans les oreilles. Je fronce légèrement les sourcils — non pas d'énervement — en le sentant s'appuyer contre moi, son épaule venant frôler volontairement la mienne. J'arrive à entendre légèrement la musique qui retentit à travers ses écouteurs et quand il me surprend à nouveau, ses doigts viennent partager la source du son dans l'une de mes oreilles.

Je ne reconnais pas du tout sa musique, c'est bien connu que nous avons des goûts musicaux différents de toute façon. Malgré les voix bruyantes des élèves de ma classe, j'arrive à l'entendre chantonner les paroles. Je me cale un peu plus contre le mur fade du bâtiment, mes lèvres se frottant doucement entre elles. Je me retiens de dire quoi que ce soit et mes yeux décident de se balader sur les personnes autour de moi. Kévin et Romain sont en pleine discussion avec Cassandre ainsi que Bastien qui a enfin trouvé le courage de parler. La voix de la chanteuse m'emporte dans un autre mood que je ne connaissais pas jusqu'à là, ce n'est vraiment pas mon style mais ça sonne beaucoup trop bien dans l'oreille. Mes yeux virent sur le côté et s'intéressent à l'écran de son téléphone, son pouce défilant des playlists de la fameuse application Spotify.

— Ah... Ça, j'crois que tu vas kiffer.

Je relève légèrement mon visage vers le sien, l'insultant intérieurement à cause de sa taille plus grande que la mienne. J'aurai aimé que ce soit l'inverse, j'sais pas pourquoi. À la fin des dernières notes, un tout autre type de musique démarre et je ne peux m'empêcher de sourire doucement.

— Vas-y éteins moi ça, je soupire après quelques notes, prêt à enlever la source de la musique de mon oreille.

Maël pouffe doucement avant de reprendre son écouteur, sa tête commençant à légèrement bouger, « ambiancé » par cette « musique ». Je ne peux m'empêcher de regarder cet idiot bizarrement ce qui ne manque pas de le faire réagir.

— Mais quoi ?
— T'écoutes vraiment... Jul ? je pose plus sérieusement.

J'avoue, je juge parce que c'est beaucoup trop drôle. Enfin, chacun écoute ce qu'il veut et je présume qu'il se fout juste de ma gueule. Il aime bien faire ça, environ dix fois de la journée sinon ça gâche la sienne. Ses cheveux bougent légèrement suite à ses mouvements de tête et mes doigts me démangent, j'ai juste envie de lui tirer ses mèches blondes qui rebiquent.

— J'écoute ce que je veux, d'abord.

Encore une fois, un soupir quitte mes lèvres et sans qu'il ne puisse rien faire, j'attrape son portable entre mes doigts. Suite à ça, il ne réagit même pas et me laisse faire, amusé. Je squatte son compte Spotify et défile les chansons qu'il écoute, bien évidemment, aucun signe de Jul ou j'sais pas quoi. Je pense que je commence à le connaître cet idiot. Quelque peu rassuré, je tape quelques lettres contre son clavier et cherche une musique que je veux lui mettre mais avant ça, on est bien vite interrompu par une voix qui semble s'adresser à toute notre classe. En levant les yeux, je ne m'attends pas à voir que nous sommes encore les seuls cons à attendre devant une salle qui est probablement inoccupée.

— Le prof de physique n'est pas là, les gars !

Une fille nous annonce la nouvelle plutôt bonne, c'est la deuxième déléguée avec Bastien. Mes camarades sont contents et quand je croise le regard de mes amis, je ne doute pas une seconde de leur joie. Kévin vient taper son poing contre mon épaule, brisant quelque peu notre proximité avec Maël qui s'est un peu décalé, lui rendant alors rapidement son téléphone. Les gens se dissipent peu à peu, certains se dirigeant vers les salles libres et d'autres optant pour le froid de l'extérieur.

— Bon bah moi j'vais dehors, vous v'nez ? s'adresse la gothique qui casse tout de suite le bonheur de Kévin.
— Je vais en permanence moi, Cassandre. Je vais réviser l'histoire pour cet aprem, répond Bastien qui déprime tout le monde.

La seule fille du groupe hoche doucement la tête, fronçant légèrement ses lèvres. Je pense qu'elle compte sur nous vu le regard qu'elle nous porte.

— Ouais, moi aussi j'vais réviser en fait.

Les visages se retournent vers Maël qui arrange la lanière de son sac sur son épaule. Mais lui, ne regarde que moi. Indirectement, je sais qu'il me demande de le suivre et je suis à deux doigts de céder. Façon, dehors on va se peler les couilles alors ça sert à rien.

— Ok bah... Vas-y, j'viens avec toi s'tu veux.
— Euh, d'accord... Et toi, Romain ? Léo ?

Kévin s'approche de Cassandre, j'avoue que ça semble bizarre mais on dirait qu'ils ne se détestent plus à cet instant même.

— Léo, tu viens ? J'dois te montrer un truc.

Je me retiens de ne pas sourire, je sais ce qu'il est en train de faire. Comment céder, telle est la question. Mon choix était déjà fait alors, je me penche légèrement pour choper mon Eastpak appuyé contre le mur du couloir.

— On se rejoint après les mecs, je lance en lançant un signe de tête à mes amis, Romain et Kévin.

Le garçon aux cheveux dorés me sourit légèrement, un sourire que je comprends que trop bien. Celui à côté de la gothique me lance un signe de main et puis, c'est comme ça qu'on se sépare en deux groupes. Bastien et Maël attendent que je sois arrivé à leurs côtés pour commencer à s'avancer vers la permanence.

— On a deux heures là, c'est ça...? je tente calmement, attirant l'attention du garçon aux lunettes sur moi.
— Oui, deux heures. Je compte commencer le devoir que Mr. Uchaud nous a donné pour la semaine prochaine, continue-t-il, tenant les deux lanières de son sac contre ses épaules. Et vous ?
— Ah... Quel devoir, merde ?
— Je vais t'aider si tu veux, s'incruste Maël qui n'a toujours pas décroché les yeux de son portable, s'adressant tout de même à moi.

Je regarde en face de moi tout en hochant doucement de la tête, qu'est ce que je foutrais sans lui. J'suis entouré de deux grosses têtes, qu'est ce que je croyais. J'ai envie de remercier le châtain mais je me contente de le faire intérieurement. Si j'me tape une bonne note à ce devoir, peut-être que je lui dirai merci à ma façon.

Une fois arrivé dans la salle, je me dirige automatiquement vers les tables du fond. Je vois Bastien hésiter du coin de l'œil et au final, il s'installe à une table devant nous. Je souris doucement et Maël le remarque. Son soupir s'échoue dans le creux de mon oreille, discrètement, et ça m'fout un tas de frissons.

— Je peux te sortir une phrase clichée ?

Mes doigts viennent le pousser légèrement, sentant le bout de mes oreilles devenir roses. Je ne le laisse pas finir et m'empresse de me laisser tomber sur la chaise. Quelques filles nous regardent après m'être installé brutalement. Je leur lance un regard froid et elles me regardent bizarre maintenant mais j'en ai rien à foutre. Je déteste quand on me fixe comme ça. Par chance, la salle n'est pas remplie, une chance en hiver. Enfin, ce n'est pas la préoccupation principale de Maël qui attend toujours sa réponse, ses yeux scrutant mon visage. J'en ai marre quand il me passe en scanner comme ça. Mes doigts attrapent la chaînette que j'ai toujours autour de mon cou et commence à jouer avec, ma voix chuchotant dans le vide.

— Quoi encore...

Les bagues autour des doigts du garçon tapent le bois de la table et je baisse le regard vers ces dernières. Le manuel d'histoire déjà ouvert, il semble chercher une page spécifique. Ses écouteurs sont toujours coincés dans ses oreilles mais je sais qu'il m'a entendu. J'attends quelques secondes, j'crois que j'me suis prit un gros vent en fait. C'est quoi son problème à l'instant ? Ma tête se balance négativement et je me penche au dessus de ma table pour tapoter l'épaule de Bastien, lui demandant une feuille de sa pochette. Ce qu'il s'empresse de me donner, très gentil ce mec.

C'est lorsque je sors enfin un stylo de ma trousse que l'écran de mon iPhone — qui est posé contre ma table — s'allume, affichant une notification. Notification qui n'est rien d'autre qu'un message de l'autre idiot à mes côtés. Sans même lui lancer un regard, j'attrape mon portable et lit sa connerie.

La coque de mon téléphone tape le bois de ma table dans un bruit. Mes doigts rattrapent mon stylo et je commence à zieuter mon manuel d'histoire, ma matière préférée. Quelle blague, ça me fait déjà chier. Je soupire doucement en me penchant vers mon sac afin de chercher dans ma pochette presque vide ce fichu devoir maison. C'est sûr qu'il doit être là, c'est obligé.

— Regarde tes messages, chuchote le châtain à ma droite, ce dernier ayant posé ses coudes sur la table, ses yeux étant rivés droit devant l'écran de son téléphone.
— Bah deux minutes.

J'avoue que ça me saoule de faire défiler toutes ces feuilles et tous mes contrôles de merde. Sauf qu'heureusement, je trouve enfin ce que je recherche. Le papier est un peu plié mais c'est pas grave. Une fois posé sur la table, je range ma pochette et automatiquement, j'attrape de nouveau mon iPhone. J'vais jamais commencer à bosser avec lui, j'crois. Source de déconcentration.

Qu'est-ce-qu'il est chiant, on dirait un gosse. Comment il peut se plaindre alors qu'il a des options sur moi qui ne sont accessibles qu'à lui ? Parce que pas besoin de rentrer dans les détails, merde. Comment t'es chiant, Maël. Si on n'était que tous les deux... Je réfléchis encore à ce que j'aurai pu te faire.

Du coin de l'œil, je le vois lire mon message. Je vois également qu'il est en train de taper quelque chose sur son écran. De mon côté, j'essaye d'avancer — plutôt de commencer — mon travail. J'crois que c'est le fait de me trouver dans une perm' et entouré de gens intelligents qui me force à faire ça. Parce que honnêtement, j'ai juste envie de me caler contre le coin du mur, mettre mes écouteurs et continuer ma série sur Netflix.

Je remarque l'écran de mon portable afficher sa réponse mais je me contente de lui envoyer un léger coup de pied. J'exerce cette action plusieurs fois avant que son visage se retourne vers moi avec une fausse expression grave. Le coin de mes lèvres s'étire doucement, et il a mon sourire. Son regard de blasé me refroidit rapidement et le fil de ses écouteurs vient se glisser sous ses dents. Ce mec me fatigue. Il me fatigue tellement que j'ai déjà envie de m'endormir.

— Oh. T'as dit que tu m'aidais.

La salle est remplie que par les bruits des stylos ainsi que des crayons qui remplissent nos feuilles. J'ai eu l'impression que tout le monde m'a entendu à l'instant même, putain. Sans réfléchir, mes doigts viennent pincer son bras sous sa veste en jean. Je relève le regard vers les gens autour de nous. J'aime être au fond pour certaines raisons mais je n'aurai jamais pensé pour celle-ci en particulier. Mes doigts, comme s'ils ne pouvaient pas s'en empêcher, remontent contre la peau de sa main, la pulpe de mon index caressant presque ses veines qui ressortent esthétiquement sur cette partie de son corps. Mon regard vire sur ce que j'fais puis sur son visage. Ses bagues que j'admire n'y échappent pas. Qu'est ce que je kiffe tous ces détails sur lui. Ce genre de truc qui lui va qu'à lui. Mon toucher finit son escapade et je parie qu'un grand vide s'est installé sur sa main. Maël renifle doucement et se redresse légèrement sur sa chaise. Sans rien dire, il vient fermer son manuel et approcher le mien pour le glisser au milieu, entre nous deux.

— Tu as de la chance. J'te fais la première.

Je ne peux m'empêcher de sourire satisfait, je n'ai quasiment rien fait mais voilà qu'il commence à écrire sur mon brouillon. Muni de son crayon gris, il entoure ensuite sur la feuille du devoir maison les dates importantes que comportent les documents.

— Ouais, la première... La plus simple, quoi.

Un coude posé sur la table, ma main vient se glisser derrière mon crâne et mes yeux suivent les mots qui s'enchaînent au fur et à mesure de ce qu'il écrit.

— Et... Voilà. 1941, ça va là. J't'ai relié les dates aux événements de la période. Après pour la deuxième question, il faut décrire dans un paragraphe court ce qu'il s'est exactement passé à ces moments de l'année par rapport à ces documents, regarde. Tu peux commencer avec le troisième texte, c'est le plus facile à comprendre.

Je suis son doigt qui m'indique ou regarder et je me concentre au mieux. Tout me parait plus clair bizarrement, ou alors c'est moi qui avait la flemme de comprendre.

— Ok merci, je chuchote, approchant un peu plus le manuel afin de commencer ma lecture.

Maël me recopie dans mes actions et j'arrive à me mettre dans une ambiance de travail. Je commence à gribouiller mes idées sur mon brouillon. J'essaie de faire ça proprement pour pouvoir me relire au moment de réécrire au propre. Je relis même plusieurs fois les documents, espérant à chaque fois de ne pas passer sous une information importante. De temps en temps, mon voisin de table lit ce que j'ai pu marquer et j'attends qu'il finisse pour que son visage se retrouve en face du mien, ses doigts venant exercer une légère pichenette sur le front.

— Wesh, pourquoi tu fais ça ? C'est pas bon ou quoi ? je me plains tandis que Maël n'efface pas son sourire.

Il m'énerve.

— Tu vois que tu peux le faire. T'as fait la moitié du devoir en seulement quelques minutes, continue-t-il tandis que je baisse les yeux sur mon papier parsemé de bout de gommes et de traces grises.
— Ouais... Mais ça... J'me demande si c'est parce que j'ai un bon prof ou pas, tu vois.

Suite à ma phrase, ses sourcils semblent se hausser un peu plus, Maël me répondant presque tac au tac.

— Et c'est moi ton professeur ? dit-il dans un chuchotement, me rappelant par la même occasion de baisser le ton de ma voix.

Il connait très bien la réponse mais il ne sait pas qu'il ne l'entendra pas.

— Je parle de Mr. Uchaud. J'ai toujours pensé que c'tait un bon prof, en vrai.

Je lève les yeux au ciel, faisant mine de réfléchir. Le bout de mon crayon tapant contre l'os de ma mâchoire.

— Il explique bien. Il est très... Il s'implique grave dans ses cours, t'as vu. Ça s'voit il aime son métier même s'il doit se lever tous les matins pour voir nos sales gueules. Et puis... Ouais j'sais pas, il est grave cool.

Le sourire de Maël s'agrandit de plus en plus au fur et à mesure, je sais qu'il ne gobe absolument pas ma connerie. Dans sa tête il est en train de m'insulter mais je préfère baisser les yeux sur ma feuille, faisant semblant de relire quelques phrases au pif.

— Ce que t'es... T'es chiant.

Je savais qu'il allait me dire un truc du genre, c'est la première fois qu'il l'assume en plus je pense. Il est déçu car je n'ai pas fait son éloge mais si je commençais à lui en faire une... Je préfère même pas m'imaginer. Je ferai que de le critiquer sur pleins de choses, j'pense. Juste pour le faire chier. J'aime rendre la monnaie de sa pièce.

— Au moins j'ai capté ton type, rajoute-t-il tout en tournant une feuille de son manuel qu'il a ouvert de nouveau.

Je bug à sa phrase avant de regarder droit devant moi, haussant un sourcil. Je crois que c'est lui qui n'a pas capté un truc mais bon, j'vais me retenir de lui dire. À la place, je lui donne un coup de coude assez fort pour qu'il me regarde. Ce qu'il fait.

— J'te jure que si tu le dis à tout le monde... J'te défonce.

Quelques secondes planent dans l'air et j'crois que cette phrase est sortie un peu trop bruyante de ma bouche. Bastien s'est légèrement retourné suite à ça, les sourcils froncés, se demandant ce qu'il nous prend soudainement. Mais le visage de Maël ne tarde pas à changer d'expression, ses lèvres s'étirant dans un grand sourire avant de laisser passer un rire de sa gorge. Il cache sa bouche à l'aide ses doigts et je ne peux m'empêcher de pouffer à mon tour. J'parie 10 balles que ma crédibilité était de 0, comme la future note qui m'attend si j'me bouge pas de finir ce devoir.

— Les... Les gars... Vous allez bien ?

La question du garçon aux lunettes se fait presque interrompre par la sonnerie qui annonce la pause du matin. Maël soupire doucement après son rire et profite du bruit des chaises qui crissent contre le sol et des voix qui s'élèvent pour m'avouer contre mon oreille.

— À moi, c'est toi mon type.

Et je me retiens de retirer sa fichue clope qui se retrouve entre ses lèvres, je me retiens de le pousser brusquement sur le côté. Ce n'est que son rire que j'arrive à entendre avant que la voix de Bastien ne me coupe, mes jambes me dirigeant au plus rapidement vers la sortie de cette salle.

— Tu... Tu as mal quelque part Léo ? Tu as les joues un peu rouges.

Mon briquet jouant entre mes doigts, je me concentre sur ce dernier avant de toussoter légèrement. J'insulte l'idiot qui est en train de marcher derrière moi, cet idiot qui est encore en train de sourire à sa connerie.

— C'est rien, ça va. Tiens, tu fumes Bastien ?

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