Pourquoi tu me touches ?

C'est une main sur mon épaule ainsi qu'une voix à mon oreille qui viennent me réveiller. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas trop où j'suis. Je vois flou un instant jusqu'à que je regarde de tous les côtés, le visage de Maël étant tout près de moi. Putain...

— Hey. Tu t'es endormi sur moi, me dit-il d'un ton calme et posé.

Puis il me sourit un peu, ses mèches tombant légèrement sur ses yeux brillants. Et merde. J'ai pas la force de le lui rendre, j'suis claqué de toute façon et je n'ai qu'une seule envie : m'étaler dans mon lit. On entend des chuchotements autour de nous et ce n'est que Kévin, Romain et les deux autres. Visiblement, ils semblent tous m'attendre et je me décolle légèrement de Maël, un peu gêné quand même.

— Ouais... Désolé mec, je soupire en me levant lentement.
— Allez, en route mon chauffeur privé... me glisse Romain quand j'arrive à ses côtés.

Le garçon dépose ensuite son bras autour de mes épaules, me tenant contre lui tout en descendant les escaliers. Il s'appuie un peu sur moi, complètement crevé lui aussi. Je frotte mes yeux avec le dos de ma main, jetant ensuite un regard aux gars marchant derrière. Yanis et Mathis discutent de je ne sais quoi tandis que Kévin et Maël parlent du dernier film que je n'ai pas vu du coup. Il rigole à chaque exclamation du plus grand, se remémorant sûrement quelques scènes flippantes.

— On est les derniers dans le cinéma, sérieux.
— Ouais... Juste attendez-moi dehors, j'vais aux chiottes deux secondes.

Rapidement, je me dirige vers les premières toilettes pour aller faire mon affaire. Après m'être lavé les mains, je ressors et je remarque le groupe m'attendre, tous une clope au bec. Ils tremblent comme des feuilles, les épaules remontées. Je chope le briquet avec une femme dessiné dessus de Kevin puis m'en allume une, le regard de Maël sur moi.

— Bon... Nous on y va les mecs, lance Yanis qui laisse la fumée nocive s'échapper de ses lèvres.
— Je m'incruste toujours chez toi, au fait ? demande Mathis à ses côtés, levant légèrement le regard sur le plus grand.
— T'inquiète mon frère. Ça roule toujours.

Ils se font un tchek qu'eux même ont personnalisé et se sourient. Les deux partent ensuite bien rapidement, rentrant sûrement avec la voiture du bronzé garée au parking.

— J'dois vous laisser aussi.

Maël laisse sa clope tomber au sol et l'écrase sous sa botte. Il lève ensuite ses yeux vers nous, nous regardant un par un. Kévin lui lance un sourire en coin puis s'approche pour lui faire une accolade.

— C'était cool. Faut refaire ça les mecs ! Et cette fois... Vous deux là, fit-il en désignant le châtain et moi du doigt, vous nous prévenez quand vous sortez ensemble.

Maël rigole un peu suite à la tête de Kévin, nos yeux se croisant — mais que je détourne bien vite — avant de continuer :

— Ah du coup, il vous a donc raconté quand il est venu chez moi ?

J'ai envie de faire demi-tour, de me casser, de ne plus apparaître dans leur champ de vision. Romain s'est retourné vers moi un peu brusquement, s'étouffant presque avec la fumée de sa cigarette. Kévin hausse les sourcils en me regardant mais il reprend faisant taire ce blanc.

— Hum... Non. Mais du coup c'est bien, il nous dira où c'est comme ça on pourra taper l'incruste chez toi !
— Ouais... Par contre prévenez-moi avant les mecs que je sache, lui répond alors le châtain, glissant ses yeux de Kévin à moi.

Je soupire tout en jetant ma clope au sol, j'ai envie de rentrer et je ne supporte plus le regard que porte Romain sur moi. J'en ai marre qu'il se fasse des idées sur je sais pas quoi, j'ai même pas envie de savoir ce qu'il se passe dans sa tête.

— Bon, à plus les gars. Et encore merci pour la soirée.
— T'inquiète, et... On te rembourse lundi pour les tickets, t'en fais pas ! s'écrie le garçon aux cheveux miels à mes côtés, se retournant sur Maël qui disparaît déjà.

Je le regarde s'éloigner au loin de la petite rue, tournant finalement au coin de cette dernière. Cette soirée était vraiment bizarre, encore plus que la dernière fois où je suis venu chez lui. Il y'a un truc qui se passe entre nous et je ne peux y mettre des mots. Il y a quelque chose et ça me terrifie à mort.

Après avoir ramené les deux chez eux, c'est dans un soupir que je me laisse tomber dans mon lit. J'ai même pas la force de me mettre en une tenue propre et confortable mais j'dois faire cet effort. Je me déshabille rapidement et enfile un caleçon propre ainsi qu'un t-shirt blanc un peu ample. Je flotte dedans mais j'm'en fou j'suis cosy, puis, je chope enfin mon tel qui n'affiche presque plus de batterie. La couette remonté jusqu'au nez, je passe mes bras hors du drap pour pouvoir faire glisser mon pouce sur l'écran. Il est 3H du matin passé et maintenant que je suis parfaitement installé pour dormir, j'y arrive pas. Je tourne en rond dans mon lit, me faisant rager intérieurement. J'essaye d'utiliser la technique militaire pour s'endormir en deux minutes mais rien n'y fait, j'arrive pas à me détendre.

J'attrape alors mon iPhone que j'avais glissé sous mon coussin puis, le déverrouille. Sans même trop savoir c'que je fais, je vais sur Instagram et tapote son pseudo dans la barre de recherche. Un petit cercle entoure la photo de profil qu'il a changé, c'est une photo de sa main qui tient une clope. Je baisse un peu la luminosité de l'écran vu que je suis dans le noir complet, faisant baisser ses publications du bout des doigts. Ce sont les mêmes et elles n'ont pas changées. Quand je tape sur l'une d'elle, la description n'est qu'une phrase en anglais que je ne comprends pas, sûrement celle d'une chanson. Je fais remonter au final pour, sans réfléchir, regarder la story qu'il a posté. Ce n'est qu'une photo de la salle de cinéma qui était en train de se remplir, les lumières jaunâtres encore allumées. Je souffle quand je quitte l'application, balançant pour de bon mon portable contre ma commode. Plus loin il sera de moi et mieux ce sera. Et pour la énième fois, je réessaye de fermer les yeux, ne pensant plus à rien.









Lundi matin, c'est avec des cernes énormes que j'arrive au lycée. Ce week-end j'ai pas eu le temps de dormir normalement, tout ça à cause d'une personne bien particulière qui me tourmente l'esprit. Maël... Je veux mais je ne veux pas le croiser aujourd'hui. Une main sur mon épaule me fait instantanément tourner la tête, qui n'est personne d'autre que Romain. Il me sourit et Kévin qui se tenait derrière lui s'approche de moi. On commence à discuter tout en marchant au milieu de la cours, nous dirigeant automatiquement vers les couloirs. Je suis mort intérieurement et extérieurement, je n'ai pas envie d'entendre tous ces lycéens rigoler et papoter à côté de moi.

— C'est quoi cette tête frère ? Qu'est ce que t'as fait sans nous...? me lance le brun, fronçant un peu les sourcils tout en m'inspectant de plus près.
— Bordel Kévin... je soupire en rabattant ma casquette sur la tête pour qu'il arrête de me fixer.
— Bah quoi ? C'est vrai quoi, tu t'es tapé qui hier soir ? pouffe-t-il en final tandis que Romain l'écarte de moi.

Mon pote s'arrête tout de suite de rire quand l'autre lui lance un regard froid et, il roule ses yeux le ciel.

— Si on n'a plus le droit de blaguer... se reprend Kévin en s'avançant, l'emprise de Romain s'étant desserré sur lui

Je soupire et je m'avance un peu plus rapidement qu'eux, les laissant me suivre dans mon dos. Je fixe mes Nike Tn blanches, les trouvant bien plus intéressantes que le monde qui vit tout autour de moi. Lorsque j'arrive vers la porte de la salle de maths, j'ai envie de m'enfuir quand je le vois, adossé au mur derrière lui. Il discute avec Cassandre et Camille, la dernière m'ayant déjà remarquée bien avant les deux autres. Je déglutis quand elle me fait un signe de main pour m'approcher et bien sûr, c'est Kévin qui me bouscule un peu pour s'avancer le premier.

— Hé salut vous, nous lance la gothique aux mèches violettes.
— Salut... Romain s'approche d'elle pour lui faire la bise ainsi qu'à la petite blonde, un tchek à Maël.

Je suis un peu les garçons et leur fait aussi la bise et quand je passe à côté de Camille, je remarque qu'elle sent le tabac. J'pose pas plus de question et je me décale vers Maël, ses yeux s'étant déjà posé sur moi au moment où je lève le regard vers lui.

— Hey, me salue-t-il personnellement, lui faisant une poignée de main qui ne dure qu'une demie seconde.

Sa voix n'est qu'un murmure mais je me contente de lui offrir un léger sourire qui ne doit ressembler à rien. Mon cœur se tord un peu après ça, un soupir léger passant la barrière de mes lèvres quand mon dos tape le mur. Je suis près de lui, enfin, j'ai quand même essayé d'établir une distance pour que nos bras ne se touchent pas. Il ne semble pas trop être de mon avis car il se glisse un peu plus près de moi, tout en discutant d'un truc avec Cassandre. Tout le monde parle entre eux mais je n'y pense plus trop quand son avant-bras frôle le mien, j'arrive à le sentir au dessus de sa veste en cuir et de mon gros sweat recouvert d'un gilet. Je regarde de l'autre côté, faisant genre, posant un regard perdu sur les étudiants de notre lycée. On peut y avoir de tout ; des filles se racontant sûrement leur magnifique week-end passé avec leur sublime petit-ami parfait, des mecs se la pétant d'avoir, très probablement, emballé une femme plus vieille qu'eux, etc.

— Bonjour ! J'espère que vous êtes motivé de commencer par mon cours ce matin, me surprend une voix grave à mes côtés.

Je ne tourne pas ma tête vers le professeur, qui, même sans le regarder, paraît très heureux d'être ici. Non mais sérieux, qui aime venir au lycée pour bosser...? J'peux comprendre si t'es content pour tes potes ou pour ta meuf mais ça s'arrête à là. Les clés tapent je ne sais combien de fois la porte tandis que l'homme à la trentaine les tournent, ouvrant finalement cette dernière. Je suis le premier qui m'engouffre dans la salle, me dirigeant directement vers les places du fond. Mon sac déposé contre la table, je tire la chaise d'une main et vient m'asseoir, laissant tomber ensuite ma joue contre mon Eastpak.

La salle se remplit peu à peu après la sonnerie et bien rapidement, Maël prend place à mes côtés, rigolant à je ne sais quoi encore. Je garde mes yeux fermés mais tourne ma tête de l'autre côté pour qu'il ne me regarde pas. À chacun de ses mouvements, son parfum fonce directement dans mes narines et Dieu que ce n'est pas désagréable. Il sent bon. Voir trop pour que je reste de marbre.

Quand il voit me relever assez brusquement, il me jette un coup d'œil tout en sortant ses affaires. J'évite de le regarder et ouvre mon sac pour poser ma trousse et un trieur. Ouais, j'ai fait un effort et j'ai décidé de bien ranger mes cours et mes notes à partir de... Maintenant. Alors, je sors une feuille vierge et pose un critérium à côté. J'pose ensuite mes coudes contre le bois et croise mes doigts entre-eux, venant poser mon menton dessus. L'enseignant fait l'appel et toute la classe est présente.

— Alors ! s'écrit-il presque trop joyeusement pour que ce soit un bon signe, Clément va venir ramasser vos DM que vous devez me rendre pour aujourd'hui. Si vous ne l'avez pas, demain dernier délais dans mon casier mais avec un point en moins, qu'on soit clair...
— Putain...

Je jure quasi silencieusement suite à la remarque du prof, j'ai totalement oublié de faire ce truc alors qu'on me l'a répété je ne sais combien de fois dans ma semaine. À mes côtés, Maël cherche quelques secondes dans sa pochette pour au final y sortir une feuille impeccable, écriture parfaite. Déjà, rien que j'vois l'état et la propreté de la feuille je mets 20. Je lève ensuite le regard sur lui, il a posé sa joue contre la paume de sa main et tend sa copie vers Clément, l'intello aux lunettes rondes. Ensuite, le gars se tourne légèrement vers moi, attendant sûrement un geste de ma part.

— J'l'ai pas fait, je grommelle pour qu'il dégage bien vite.

Et c'est ce que le blondinet fait, ne posant pas plus de questions. Sa tête m'énerve de fou, je peux pas me l'encadrer.

— Ça va pas ?

Je ne prends pas la peine de tourner mon visage vers lui. Il sait que je l'ai entendu et j'laisse tomber mon dos contre mon dossier, jetant un regard aux fenêtres de la salle de classe.

— Si... Ça va, je chuchote presque ma tête se tournant au final vers sa personne.

Maël me sourit légèrement, sa main tenant toujours sa joue. Mon regard glisse sur toutes les parties de son visage. Je prends un peu le temps de l'examiner tandis que lui me regarde droit dans les yeux, j'ai l'impression qu'il veut savoir la vérité. Mais j'ai pas envie de lui dire quoi que ce soit, j'ai pas envie de lui crier que c'est à cause de lui qu'il remet tout en doute chez moi. Pourquoi a-t-il décidé de mettre pied dans notre lycée ? Je n'aurai certainement pas eu de soucis et j'aurai été heureux, avec Clarisse. Enfin... Non. Peut-être pas avec elle mais avec une autre fille. Une. Fille.

— Et en vrai ?

Je soupire un peu bruyamment, sachant pertinemment que Maël va forcer. Je sais, j'aurai dû faire un effort pour faire semblant mais j'y arrive pas. Surtout pas avec lui et avec tout ce qu'il s'est passé. Il ne s'en rend pas compte ou quoi ? Il ne contrôle ni ses gestes, ni ses mots, il ne peut pas savoir ce que ça signifie s'il n'a jamais eu quelqu'un. Mais moi je sais qu'il veut continuer à jouer avec le feu, le regard qu'il pose à chaque fois, à chaque moment sur moi en dit tout.

— J'te jugerai pas même si tu m'racontes un truc honteux, reprend-il doucement tout en jetant un coup d'œil au professeur.
— C'est pas honteux puisque j'te dis qu'il y'a rien.

Il m'énerve. Son sourire disparaît peu à peu pour faire apparaître une moue boudeuse sur son visage. Il laisse tomber son regard sur la table, fixant sûrement un point invisible. Mais rapidement, ses yeux bougent tout autant que sa main droite se décale, venant du bout du petit doigt glisser le long du mien. Ma main gauche n'ayant pas bougé depuis tout à l'heure, j'hésite à présent à la coincer entre mes jambes pour que ça s'arrête. Ça me rappelle la soirée au cinéma quand il touchait ma peau, la même chose est en train de se produire mais je ne fais rien pour l'arrêter. Rien.

Mes yeux fixent maintenant son auriculaire qui me caresse doucement, se glissant ensuite vers le côté pour caresser le creux entre les os de ma main. Son sourire revient alors et ses yeux rentrent en contact avec les miens, je n'arrive plus à réfléchir à ce qu'il se passe autour de moi. J'ai comme l'impression que Maël nous a enfermé dans une bulle à nous.

— Qu'est ce que tu fais... j'arrive à souffler, ne sachant que dire d'autre.

Le châtain penche légèrement sa tête vers le côté, haussant un sourcil.

— Ce que je fais ?
— Oui, pourquoi tu me touches ?

Je suis tellement tendu, mes muscles sont tendus et je n'arrive plus à garder ma patience. Pour lui, c'est peut-être normal de caresser les doigts de ses potes ? Je trouve que geste en fait bien un peu trop. J'arrive à entendre le soupir de Maël parvenir jusqu'à mes oreilles, je ne le regarde plus à présent. Sa caresse devient de plus en plus lente pour au final disparaître mais je décide de ne pas bouger ma main. Son doigt s'écarte du mien et il chope un crayon, histoire de faire comme si de rien n'était.

— Pourquoi tu fais ça ?

Et à nouveau, le sourire qui ornait ses lèvres disparaît. Il lève ses yeux vers tableau et chope son crayon de l'autre main, prêt à noter tout ce qui s'y trouve.

— Je sais pas. P't'être parce que j'en ai envie... T'en as pas envie, toi ?

Il me dit tout ça dans un murmure et d'un ton presque froid. On dirait que je l'énerve avec ça alors que c'est lui qui a commencé. Je me sens gêné quand je l'entends dire qu'il en a envie, je ne sais pas pourquoi. Il ne devrait pas en avoir envie. Je ne réponds pas et lui non plus, il ne dit plus rien. Je veux m'enterrer.

Un peu plus tard dans le cours, je scrute du coin de l'œil son expression. Elle n'a pas changée mais je suppose que c'est parce qu'il est plus concentré sur ce que le prof dit que par ma présence. Je n'arrive pas à réfléchir correctement de mon côté, mes doigts passent sur mon front rageusement. Quand je veux écrire quelque chose, la mine de mon critérium se casse et je le balance au final dans ma trousse. J'ai envie de partir d'ici. Les bras croisés et affalé sur ma chaise taguée, je jette un regard à nos jambes. Maël les a un peu allongées et moi je les ai croisées au niveau des mollets. Je m'amuse un peu à les balancer de gauche à droite, venant frôler ma basket à sa botte. Alors qu'il était presque visage contre feuille à résoudre son exercice, il se tourne légèrement pour me regarder. Je le fixe aussi, blasé et pourtant je continue à l'embêter avec mon pied. Il soupire un peu avant de se mordre les lèvres, se retenant sûrement de sourire. Je m'ennuie et il n'y a que lui.

À la sonnerie, je m'étire avant de ranger mes affaires. En sortant, le prof me rappelle bien que j'ai un truc à rendre pour demain. Je hoche la tête précipitamment, je le ferai pas son devoir maison il m'a saoulé. Dans le couloirs, je suis Cassandre, Romain ainsi que Kévin pour le cours suivant. Je fronce les sourcils en me demandant où est l'autre et quand je me retourne, c'est avec une fille que je le vois. La fille de la soirée chez Kévin. Mais attendez, qu'est ce qu'elle fout là elle ?

— Pauline Gide, elle s'est fait viré de l'ancien lycée de Maël si elle est ici, visiblement... me lance à l'oreille Cassandre tandis que je reste planté comme un con.

La dénommée Pauline est appuyée contre un casier, un manuel dans les bras. Mon voisin de classe semble lui parler tranquillement même si je doute que la nana l'écoute vraiment. Elle semble plutôt balader son regard sur tout le long de son corps, de son visage. Pauline...

Je ferme les yeux un instant tandis que les souvenirs de la fête me refont surface, eux en train de s'embrasser en face de moi...

— Bon Léo, tu bouges ?
— Ouais... Ouais, j'arrive.

Je ne reste pas ici une seconde de plus et rattrape mes potes. Romain m'attrape par l'épaule et me serre un peu contre lui, j'avoue que c'est assez surprenant comme geste.

— Wow, il t'arrive quoi ? je lance, un peu amusé.
— Hmm, j'sais pas. Un élan d'affection !
— C'est ça, ouais... Élan d'affection mon cul.

Je le bouscule un peu sur le côté et il fait semblant de s'offusquer ce qui me fait sourire. Attendant que la porte s'ouvre sur le professeur d'histoire, Maël se ramène entre temps. Cassandre ne peut s'empêcher de lui faire une remarque.

— Tu dégoûtes presque de traîner avec Pauline...

Le châtain lève ses yeux au ciel tout en s'approchant de la gothique pour lui pincer légèrement la joue. Elle se défend en lui frappant le bras. Je le regarde, la tête posé contre le mur.

— De toute façon, t'aimes personne toi. Et désolé les gars, c'était une ancienne pote à moi de mon autre lycée, s'explique-t-il en se tournant vers nous.

Les mecs hoche la tête sauf moi, mon regard toujours planté sur lui. Sauf qu'il n'essaye pas de me lancer un coup d'œil ce qui m'énerve, plutôt concentré sur ce Kévin raconte. L'enseignant arrive en grande enjambée vers nous et, on rentre enfin dans la salle de classe.

La journée se finit normalement, sans rien de plus. Après avoir salué les gars, Maël et moi on se dirige vers le parking. Un silence plane entre nous et je ne sais pas lequel de nous deux va réussir à le briser. Pas trop sûr qu'il a envie de parler et moi non plus. Ce qui s'est — encore — passé entre nous aujourd'hui me perturbe. Encore plus que l'arrivée de cette fille dans notre lycée et à ce que j'ai pu voir, elle assez détestée. Je ne sais pas ce qu'elle  a pu faire mais au fond je m'en fiche un peu. En tout cas, j'essaye.

— Tu sais... commence-t-il en amenant sa clope aux lèvres, Pauline c'est pas une fille bien.

Je peux pas m'empêcher de laisser passer un rire. Sérieusement ? Il n'a que ça à me dire.

— Non sérieux... Je voulais pas l'embrasser à la soirée, en fait. C'est elle qui l'a fait. Enfin... J'te parle de ça mais j'sais même pas si tu t'en souviens.
— Si. Je m'en souviens, vous vous êtes galochés juste devant moi.

Maël me lance un sourire triste, sûrement désolé que j'ai pu être le spectateur VIP. Il reprend bien vite après avoir toussé.

— Ouais et... J't'avoue que j'ai pas compris qu'est ce qu'elle foutait là, ce matin. Apparemment elle voulait « me voir », raconte-t-il en faisant des guillemets avec ses doigts.

On est déjà arrivé aux voitures quand il continue à me parler. Je l'écoute tranquillement, m'appuyant contre le capot de ma voiture, de toute façon je n'ai que ça à faire. Même si je dois être franc, cette fille ne m'intéresse pas alors j'aurai aimé qu'il s'arrête au bout d'un moment et qu'on change de sujet. Et au final, elle n'intègre pas le lycée, elle voulait juste lui rendre visite. Un peu bizarre quand même de ne pas avoir attendu la fin des cours.

— Bon... Rentre bien.

Maël enfile son casque et monte sur sa moto. Avant de démarrer il me fait un signe de main et puis il part, comme ça. Sans rien de plus et rien de moins. Une fois dans ma bagnole, je ne peux m'empêcher d'augmenter le volume de la musique extrêmement fort. Je dois me vider l'esprit. Et puis c'est comme ça que je m'amuse à rouler en ville, faisant des détours, prenant les chemins les plus longs avant de rentrer chez moi.

Une fois dans ma chambre, c'est toujours Maël et cette fille qui me viennent en tête. Elle a vraiment cru que ça pourrait être sérieux entre eux ? Généralement si tu embrasses quelqu'un en soirée, c'est déjà mort pour que ça dure. On a la preuve exacte avec Clarisse... Les filles sont toujours si compliquées, je crois que je ne les comprendrai jamais. Perdu dans mes pensées, c'est le vibreur de mon portable qui me réveille. Lentement, je l'attrape et le tend au dessus de mon visage. Un message de Maël ou plus particulièrement une photo. Je l'ouvre et remarque que c'est le devoir maison, le brouillon pour être plus précis mais avec quand même les réponses notées.

leobggg09 : pq?

Je verrouille rapidement mon portable et le laisser tomber sur mon torse. J'attends comme un mort sa réponse, relevant un peu trop précipitamment mon iPhone quand ça vibre.

maelgaut : pour me faire pardonner de la vue horrible à la fête

Je souris un peu à ce message, il est vrai que ça date un peu mais j'crois qu'il regrette toujours autant que ça soit arrivé.

maelgaut : et par rapport à ce qu'on parlait y'a quelques jours, t'imagines pas que ce soit elle qui m'intéresse

C'est vrai qu'il m'avait dit qu'il avait en vue quelqu'un. Mais après plusieurs réflexion, j'arrive pas à savoir qui c'est. De toute façon, il traîne pas avec beaucoup de filles, depuis que Clarisse et lui c'est terminé.

leobggg09 : c'est cassandre mais tu veux pas avouer, je lsais
leobggg09 : ou bien camille

Je me roule dans mon lit, attendant sa réponse que je trouve bien longue à venir.

maelgaut : pourquoi que du féminin d'ailleurs ?

leobggg09 : tu veux dire quoi par la

Je fronce un peu les sourcils, gardant la discussion ouverte. Visiblement Maël l'a laissé aussi car aussitôt envoyé, aussitôt il a vu mon message.

maelgaut : ce que ça veut dire

leobggg09 : c un mec ?

Je sens mon ventre se tordre après l'envoi de ce message et je ne peux qu'envoyer mon tel de l'autre côté du lit, comme s'il était brûlant. Je comprends plus ce gars, je ne le comprends vraiment plus. J'attends un peu avant de le reprendre, du bout des doigts. Je soupire fort quand je vois que ce n'est qu'une notification de merde. Pourquoi il ne me répond plus ? J'ose ouvrir la discussion mais je vois qu'il ne l'a toujours pas lu. J'amène sans le savoir mes doigts à la bouche, me rongeant désormais les ongles. Alors Maël est aussi attiré par les gars, si c'est ce qu'il essaye de me dire. Je peux pas m'empêcher de repenser à nos moments bizarres. Et je comprends mieux. Pour lui, tout ce qui est en train de se passer n'a rien de louche. Est-ce qu'il s'pourrait qu'il soit intéressé par moi ? Bordel... Si c'est la vérité, c'est vraiment l'horreur. Je n'arrive pas à me mettre en tête cette idée là, ce n'est pas possible moi et Maël. Maël et moi...

Je suis prêt à lui envoyer un nouveau message mais je me calme quand je vois qu'il a lu le dernier. Et il ne veut toujours pas me répondre. Je soupire en jetant mon coussin sur le visage. Ça veut dire que j'ai peut-être une raison de m'en faire.

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