Maël et moi.

Lundi matin j'arrive à la bourre en cours, casquette trempée, veste trempée. La professeure de français prend un régal à me massacrer devant toute la classe. Quelle connasse... Il y'a eu un putain d'accident sur la route à cause de la pluie mais ça, elle ne va pas le croire. La vieille me fait un signe de main, signe de dégager à ma place. Je soupire en enlevant ma casquette et la propulse brutalement contre la table. C'est bon, j'suis énervé. Je jette un regard agressif à ceux qui se sont retourné sur mon passage.

Matez autre chose même.

— Alors, remerciez votre camarade, je ne sais plus ce que j'étais en train de dire... Ah oui ! Demain, pour la sortie, vous devez impérativement apporter des feuilles car vous allez devoir prendre des notes sur ce que Monsieur Dupuit va vous raconter, sur place. C'est un historien, vraiment très réputé... Je vous prie d'être-

J'écoute déjà plus. Je laisse mon dos tomber contre le dossier de la chaise qui grince instantanément. Je ne sors aucune affaire car visiblement, on parle plus de la sortie de demain que de ses poèmes à la con. Soudainement, on toque à la porte et elle s'ouvre sans plus attendre sur un garçon que je commence à bien trop voir. Maël.

— Bonjour... Désolé du retard, il y'avait un accident sur la route, commence Maël complètement trempé.

Toujours en retard, celui là. Tout le monde se tait face à son entrée. Le châtain dégouline de partout et ses cheveux sont bouclés, sa combinaison de motard est gonflé d'eau. Il a quand même osé venir avec sa Ducati... Il est con ou bien ? Je mets ma main devant ma bouche pour me retenir de rire.

— Oh, mais seigneur ! Vous êtes tout mouillé, n'avez vous pas des vêtements de rechange ?! Ah non, ne posez pas un pied dans ma classe comme ça !

Les gens rigolent suite à la remarque de l'enseignante. C'est vrai que Maël ressemble à un chien qui a passé la nuit dehors. Il pourrait presque faire la peine comme ça. Kévin lui fait un pouce en l'air, et il sourit, un peu désespéré de lui même.

— Euh ouais, du coup j'me disais si j'pouvais aller leur donner ma combi' à la vie scolaire, histoire qu'elle sèche, mes vêtements sont secs en dessous Madame..., explique-t-il alors que la prof passe les doigts sous son menton.
— Oui, oui... Très bien, allez-y mais faîtes vite !

Maël n'attend pas plus une seconde pour s'en aller, refermant la porte avec un merci discret. Bordel... Alors lui. C'est tout un sketch. Il pouvait pas venir en bus comme tout le monde ? L'enseignante s'assoit finalement sur son bureau, passant sa main sur son front, au bout du rouleau. Même pas qu'elle me fait de la peine cette grognasse.

— Du coup Madame, nous prenons un bloc-note et ensuite...? reprend une fille de la classe, écrivant tout dans son agenda.
— ... Oui ! Alors je disais qu'il faut prendre des feuilles ainsi que vos crayons et n'oubliez votre pique-nique, pour ceux qui ne mangent pas à la cantine !

La dernière partie du cours passe lentement j'dois avouer, Maël est revenu entre temps. Il s'est installé à côté d'une fille de notre classe, une brunette au style rock qui ne parle à personne mit à part à ce Bastien qu'on nous avait présenté, au tout début de l'année. Je les entends chuchoter du fond mais j'crois que la prof s'en bat les reins, elle fait du favoritisme de toute façon. Attends moi elle m'humilie devant la classe en rappelant mon manque de travail et lui, qui arrive bien plus en retard que moi, on lui dit rien ? Pff. J'vais venir comme un animal mouillé la prochaine fois, on verra comment ça se passe. Comment je déteste les profs comme ça, bordel...

À la sonnerie, Romain et Kévin s'empressent de me rejoindre et on s'fait un tchek de gang. On commence à reparler de la teuf de vendredi et j'explique à quel point le grand était bourré. Il voulait pas me croire au début mais quand j'lui ai dit comment ça s'est terminé, il avait juste trop la honte.

J'aurai du filmer.

— Mais non... J'te crois pas ! T'sais que j'me souviens même pas de ce moment là. C'est chaud, gros.
— Bah ouais mec. Si j'te dis. Tu m'as cassé les couilles, et aussi celles de Maël, je continue en argumentant.
— Par contre toi, j'm'en souviens que t'es parti comme un con ! s'exclame Kév en lançant un regard à Romain et en le pointant du doigt.

Ce dernier est encore sur son portable, pour ne pas changer. Avec sa meuf, je suppose...

— Vanessa s'inquiétait, elle avait peur que je sois trop bourré... explique-t-il alors que l'autre à mes côtés se marre.
— Haha, c'est ta mère ou ta meuf sérieux ?
— Va te faire voir, mec...

On continue à se raconter des anecdotes tout en se dirigeant vers la classe d'histoire. Je réponds aux conneries des gars et ça me détend, c'est cool de pouvoir rigoler de tout et de n'importe quoi avec eux. C'est pas mes potes pour rien. En attendant dans le couloir que le prof se ramène, j'entends quelqu'un m'appeler de mon nom et je tourne instinctivement ma tête vers l'arrière.

— Léo ! Putain... T'aurai pu m'attendre. J't'avais dit que t'avais oublié ton gilet la dernière fois donc... Tiens.

Maël fouille quelques instants dans sa sacoche en cuir et en ressort mon fameux gilet Adidas noir. Je l'attrape rapidement, histoire de ne pas s'attarder sur le sujet mais je vois déjà Kévin tirer une tête bizarre.

— Vendredi, ouais. J'l'ai perdu vendredi soir, à la soirée. Merci de me l'avoir ramené, fis-je en signe du châtain qui fait comme si de rien n'était.

Et grand Dieu, merci. J'peux pas leur dire que j'me suis incrusté chez lui, dormi chez lui et qu'il m'a amené en moto. Alors que la sonnerie s'élève dans tout l'établissement, Maël nous fait un signe de main et déguerpit au fond de la file. Je ne peux m'empêcher de le regarder jusqu'à ce que je le vois plus, caché derrière les gens.

— Sympa, non ? Kévin casse le blanc qui s'est installé et je hoche la tête.

Je n'ai rien d'autre à dire et on rentre finalement en classe. Mon gilet a changé d'odeur.

Assis au fond de la classe, j'essaye de capter le regard de Maël depuis tout à l'heure. Il est à côté d'un plouc de première et se balance sur sa chaise depuis le début du cours. Stylo au bec et téléphone en main caché sous le bureau, je le vois jouer à un jeu à la con. Totalement avachi sur ma table, je décide de sortir mon iPhone de ma trousse en lançant un regard vite fait au prof.

— Vous allez me répondre aux questions 1,2 et 3 de la page 57. Je vous laisse 10 minutes et on corrige ensemble.

leobggg09 : slt

Au même moment où j'appuie sur la touche envoyer, je jette un regard au téléphone de Maël et fronce les sourcils quand, lui, zappe la notif. Il est sérieux là ? D'accord, il est comme ça lui. Je tape plus fort sur mon écran.

leobggg09 : tas pas interet de dire quoi que ce soir de la derniere foi

J'écris assez vite et mal car l'enseignant qui se promène entre les tables, les bras croisés, me stresse énormément. Certains sont déjà en train de répondre aux questions mais personnellement, j'en ai plutôt rien à foutre. Mon attention est focalisée sur l'autre. Je jette un coup d'œil à son expression faciale qui est neutre et je remarque qu'il ouvre finalement l'application de son pouce, quittant son jeu en cours. Tandis qu'il me répond, je range rapidement mon portable dans la poche de ma veste, le regard du prof sur ma feuille vide. J'étais à deux doigts de me faire choper mais ça va. C'est très rare quand ça arrive. Ce dernier me lance un sourire en se penchant sur ma table. Super... Il bloque son index au dessus de la première question, prêt à m'aider.

— Alors, chuchote-t-il tout en remontant ses lunettes, qu'est ce qu'on peut dire sur les événements de 1991 ? Donc déjà si tu regardes bien la carte, ici... Voilà, la légende dit que...

Alors que je fronce les lèvres n'ayant rien écouté du cours, je sens finalement mon iPhone vibrer dans ma main. Fait chier... Je relève les yeux sur Maël. Le châtain me fait un clin d'œil discret réservé qu'à moi et me lance son foutu sourire en coin, dont lui seul à le secret. Il m'énerve. Ma main me démange et j'veux lire c'qu'il m'a répondu.

— ... Léo ? Peux-tu te concentrer lors de mes explications, s'il te plaît ?

Putain.

Je fronce légèrement les sourcils tout en baissant mes yeux sur ma feuille, la voix du professeur s'est légèrement élevée. Maël se retourne tout fier et retire le stylo de ses lèvres pour le glisser entre ses doigts, comme s'il n'y était pour rien. Mon dieu que j'ai envie de le frapper...

— Je suis bien gentil, je veux bien t'aider mais il faut tu y mettes du tien, également. Puis-je te rappeler que nous sommes déjà à un mois de cours et que tu n'évolues toujours pas ?

J'essaye d'ignorer les certains regards qui se sont tournés vers moi et garde les yeux maintenant sur mon stylo. Sérieusement, j'ai strictement pas envie qu'on commence à me faire la morale là. C'est ce con qui me déconcentre aussi. J'aimerai bien, moi ! Faut seulement enlever les éléments perturbateurs de ma vue. Et tandis que je joue avec mon bic, l'enseignant soupire en se redressant, visiblement pas content.

— Bon allez, je reviens dans 5 minutes. On voit ça ensemble après.

Puis c'est comme ça qu'il s'avance vers la table de devant, de sa démarche tranquille. J'attends un peu, me pinçant les lèvres et sort mon portable de ma poche, le posant ainsi sur ma cuisse.

maelgaut : envoie moi 1 message plutôt j'ai bientôt plus de forfait :) +33. .. .. .. ......

Je rêve ou il me donne son numéro ? Bon. Je l'enregistre rapidement et verrouille ensuite mon portable. Une fois rangé, j'essaye à nouveau de le faire se retourner vers moi mais il est bien trop concentré sur le manuel et sur les questions. Je comprends vraiment pas où j'en suis avec ce gars, après qu'il m'ait hébergé parce que j'étais bourré, aidé avec les maths, j'peux le considérer comme un pote ou pas ? Enfin non, n'exagérons pas les choses... Une connaissance alors ? Il me perturbe... J'sais pas du tout ce qu'il en pense de son côté et ça me saoule.

À la pause de la matinée, on se rejoint tous devant le lycée pour fumer. Il a arrêté de pleuvoir mais on peut sentir l'humidité d'en l'air et je déteste ça. J'amène ma clope à la bouche tandis qu'on écoute tous une histoire que nous raconte Kévin. Enfin, écouter... C'est un grand mot, j'suis plutôt distrait par autre chose personnellement : un groupe de sale pétasse hurlant à nos côtés. Je jette un regard sur les nanas et même pas j'suis choqué quand je remarque que c'est Clarisse et tout son bordel. Il n'y a qu'elles pour se la péter autant, de toute façon... Je tire sur ma cigarette et capte le regard de la blonde. Cette dernière est collée à un mec qui fait deux fois ma corpulence, musclé à souhait. Il ne doit sûrement pas être de notre lycée. On dirait une gosse à côté de lui. Il est bronzé, blond aux yeux bleus. En gros le cliché du surfeur australien. M'énerve.

— Ouais du coup, j'vous raconte pas le bordel... J'ai toujours su que ma mère c'était une sale pétasse de toute façon... Mais les gars moi j'ai rien demandé, la vérité !
— Ah mais... Du coup ça fait de toi un fils de pute nan ?

Les rires bruyants et idiots des mecs me font finalement tourner la tête vers eux, lâchant le contact visuel avec la princesse. J'en ai plus rien à foutre d'elle et je ne ressens aucune peine pour sa gueule. Tant mieux si elle a un nouveau mec, j'suis hyper content pour son couple. J'écrase mon mégot contre le sol et relève mes yeux sur Romain qui me fixe bizarrement depuis tout à l'heure. Lui, il a un truc à m'dire et ça se sent. Je lui lance un signe de tête pour qu'il parle.

— Y'a quoi ?
— T'as pas des choses à me dire ? se lance-t-il, laissant son dos rencontrer le mur derrière lui.

Cette question, quelle que soit la situation, n'inaugure rien de bon. Jamais. Je lâche un rire et vu qu'il reste toujours aussi sérieux, je tousse en me calmant directement. Bordel, je me demande ce qu'il lui prend d'un coup.

— J'ai vu vos regards.

Nos regards, quels regards ? Qu'est ce qu'il me raconte celui-là... Je hausse un sourcil et tournant la tête vers le paysage devant moi, c'est à dire l'arrêt des bus et les passants.

— De quoi tu m'parles...? je soupire au bout d'un moment.

Il laisse lui aussi un grand bol d'air s'échapper de ses poumons et se redresse du mur, jetant un coup d'œil aux gars qui rigolent encore à des blagues. Il me pousse alors légèrement plus loin histoire d'être plus au calme et me chuchote assez fortement quand même :

— Putain ! De toi et Maël !

Je m'étouffe presque quand il me sort ça comme ça et dégage son emprise de mon bras. Et pourquoi faudrait en faire tout un plat, on ne s'apprécie pas lui et moi et j'vois pas du tout pourquoi il me dit ça !

— Mec, j'sais pas de quoi tu m'parles. Arrête.
— Quoi ? Toi, arrêtes. Tu vas pas nier que vous vous regardez tout le temps. Me mens pas à moi, Léo. Me mens pas.

Ouais bon pourquoi il s'énerve presque pour ça ? Il ne lâche pas mon regard et ses sourcils sont froncés. Je ne vois pas où il veut en venir.

— Je sais ce que je vois et je sais aussi que tu nous dit rien. Enfin, tu m'dis rien. Et c'est pas comme si à chaque fois que tu me parles d'un truc, je vais tout balance. Tu me connais.

Romain finit par croiser ses bras et regarde sur le côté, d'un air boudeur. J'ai presque envie de l'embêter mais je me calme, c'est pas du tout le bon moment. Il vient d'm'avouer qu'on se fixe trop avec Maël et là, j'ai presque envie de dire qu'il a raison et en même temps non. Car c'est lui qui me mate tout le monde, pas moi ! C'est lui qui a un problème et qui veut à tout prix rentrer dans notre groupe de pote. Tout est de sa faute.

Puis quand on parle du loup, le voici en train d'avancer vers le groupe de Clarisse, seul, se roulant une clope. Il salue les filles en leur faisant la bise, une poignée de main avec le mec de la blonde. Ils ont l'air de se présenter tous les deux et de ce que je peux voir, Maël est déjà en train de lui taper la discut' en mode t'es mon pote depuis longtemps. C'est dingue comme il sociabilise vite avec certaines personnes.

— Genre, là par exemple. Tu le regardes.

Je lève les yeux au ciel puis me retourne vers mon pote. Il en fait un tout un drame, bordel. En même temps on voit que lui, faut pas se mentir. Un soupir quitte la barrière de mes lèvres, à nouveau. Mes mains atterrissent dans les poches de mon jogging.

— T'abuses. Toi aussi tu l'as regardé, je lance au final avec un sourire.
— Tu sais que tu peux tout m'dire.

La sonnerie qui s'enclenche soudainement fait taire notre conversation. Sauvé par le gong. Je lui pose une main sur son épaule après avoir attrapé mon sac de par terre.

— C'est bon, frère. Y a rien. Aller, viens.

Romain hoche quand même la tête, pas convaincu, et on finit par se diriger en classe. Avant de passer le portail grand ouvert, je tourne à nouveau mon regard vers le groupe. Mais cette fois-ci, au lieu de capter le regard de Maël, c'est celui de Clarisse que je remarque, triste.

Je gare ma voiture rapidement, ne prenant pas la tête de regarder dans les rétro. Je soupire quand je vois un chat passer à toute allure quand je fais marche avant. Putain d'animal. Devant chez moi, aucune voiture est là signe qu'il n'y a que ma sœur à l'intérieur. Je passe la porte et je la referme, sans le vouloir, brusquement.

— Olala, cette robe est superbe sur toi bé' ! Faut vraiment que tu la portes, samedi !

Je fronce les sourcils et jette un coup d'œil vers le salon, Gabriella est déjà en pyjama en train de faire un FaceTime avec sa pote je suppose, les cheveux mouillés. Quand elle me remarque car je lance plutôt brusquement mes chaussures par terre, elle me fait signe de monter à l'étage, les sourcils froncés. Mais juste pour la faire chier, je viens m'appuyer contre le dossier du canapé, derrière elle. Je fais un signe peace en direction de la caméra tandis qu'elle veut essayer de griffer mon visage cette folle.

— Salut, je lance simplement.
Oh, c'est ton frère ? Bonsoir... s'exclame aussitôt une petite rousse aux allures innocentes.
— Pff, ouais... Il est laid pas vrai ?

Je pince mes lèvres et lui fout une tape sur sa tête. Elle est juste aveugle par ma beauté cette gamine. La meuf à l'appareil semble rougir suite à cette question, passant ses doigts sur sa joue. Bon dieu, les gamines...

Euh... Non, non, il est plutôt pas mal en vérité, haha...
— Oh mon dieu ! Agathe, non ! Tu peux pas trouver ce... truc... Beau ! s'exclame alors Gabriella qui se lève d'un coup pour que je ne sois plus vu par son amie.

Je peux pas m'empêcher de sourire face à la réaction de ladite Agathe et celle de ma sœur. Elle n'assume pas d'avoir un frère beau gosse, dommage pour elle. Je me dirige vers la cuisine et ouvre le frigo, attrapant le lait et le buvant à même la bouteille.

— Nan mais t'es folle, il est célibataire mon frère... Enfin attends j'sais pas... Léo t'es en couple ?!
— Ouais ! je réponds en criant, m'essuyant ensuite la bouche avec le dos de ma main.

Maintenant j'intéresse des collégiennes, ça craint. En ayant marre d'entendre la voix forte de ma sœur hurler au téléphone, je monte dans ma chambre. J'y passe ma soirée et ne descend que pour aller manger. Gabriella a commandé des pizzas.

Le lendemain, c'est avec flemme que je viens au lycée. Je sens que cette sortie va particulièrement me casser les couilles. Pourquoi on appelle ça comme ça alors qu'on va juste écouter un mec nous raconter l'histoire du monde. Je coince ma clope entre mes lèvres tandis que les gens commencent déjà à s'installer dans le bus.

— Bon dépêchez vous, les fumeurs ! Je dois vous comptez vous aussi ! Ceux là, ils s'intoxiquent sans le savoir... s'énerve presque la professeure de français, les bras sur les hanches.

Kévin lui fait un doigt d'honneur discrètement et lui tourne le dos, me faisant face, tirant sur son joint.

— M'casse les couilles celle là. Dès l'matin.

Je rigole légèrement suite à sa remarque, je ne peux qu'approuver.

— Bonjour m'dame ! J'suis pas en retard cette fois-ci vous voyez.
— Monsieur Gautier, je vois ça... C'est le fait qu'on parte en sortie qui vous fait venir à l'heure n'est-ce pas ?

Derrière mon pote, Maël se retrouve en pleine discussion avec l'enseignante et j'arrive pas à écouter plus car Romain s'incruste avec nous, sa mère l'ayant déposé de vitesse devant le lycée. Ce dernier court vers nous et ses joues sont devenues rouges, à cause du froid je suppose. Une grosse écharpe entoure son cou, et il a une casquette NY visée sur la tête.

— Putain, j'ai même pas le temps de fumer une clope je suppose... se plaint il en lançant un regard aux personnes qui sont déjà installées au chaud dans le car.

Kévin lui fout une tape sur l'épaule et on écrase finalement nos mégots. Le conducteur allume sans plus attendre le moteur, haussant ses sourcils comme pressé. M'énerve les réactions comme ça, t'as pas l'choix faut attendre tes passagers. Les deux passent avant moi et je suis le dernier à monter. Les places du fond sont déjà prises et ça m'fait soupirer. Je réajuste ma casquette Lacoste sur ma tête. Cependant, Kévin réussit à nous dégoter trois places et c'est lui qui se dévoue pour s'asseoir à côté d'une nana qui a l'air de vouloir qu'on la laisse tranquille. Bien évidemment... Il se retourne vers nous et exerce un clin d'œil exagéré. Puis il se lance :

— Salut... J'peux m'asseoir ici ?

La meuf enlève un de ses écouteurs et hoche timidement la tête. Faut pas en dire plus pour que Kévin se mette à son aise. Je rigole doucement et me laisse tomber à côté de Romain, côté couloir. Mon sac glisse à mes pieds et je baisse l'accoudoir, m'affaissant sur le siège puant très peu confortable.

— Ok, ok... Bien ! la professeure de français tape dans ses mains, attirant l'attention sur elle tandis que celui d'histoire géo pose son sac bandoulière sur un siège. Tout le monde est installé ? Alors je veux que vous vous attachiez tous la ceinture, nous n'allons pas passer dans les rangs pour vérifier on compte sur vous, vous êtes grands maintenant ! Ne faîtes pas trop de bruit et chuchotez entre vous, il ne faut pas déranger notre cher conducteur... Voilà... Tu souhaites rajouter un truc François...?

L'enseignant de la matière la plus emmerdante au monde balaye des yeux les élèves tout en remontant ses lunettes transparentes grises sur son nez.

— Alors, euh, oui... Donc comme vous le savez peut-être, le centre historique se trouve à une demi-heure de notre lycée, il est en plein centre-ville. Je vous prie de prendre votre mal en patience car il y a les embouteillages du matin et de rester calme durant ce voyage. Et, c'est tout bon je crois... On vous donnera la suite des explications une fois sur place.

Les discussions reprennent bien vite après ça. Je regrette déjà d'être venu. J'crois qu'ils ne mettaient même pas absent. Je décide de jeter un coup d'œil en me retournant, regardant quelle classe nous accompagne. Bien évidemment, celle de Clarisse s'y trouve. Fallait s'y attendre. Cette dernière est assise sur la banquette arrière, au milieu, les jambes croisées et entourées de ses copines qui rigolent déjà de bon matin. Un peu plus devant est assit un groupe de geek le nez sur des consoles ainsi qu'un groupe de sportifs et vers le milieu, j'aperçois Maël et ses deux potes de la dernière fois. Matt et Bastien. Une autre l'accompagne, c'est celle qui parle jamais dans notre classe au style bizarre. Ils discutent tranquillement et je décide de me retourner. Je baille déjà et une petite sieste s'offre à moi.

C'est seulement quand le bus s'arrête que je me réveille soudainement, me penchant vers l'avant suite au coup de frein assez brusque de la part du chauffeur.

— Bordel... je souffle, endormi.
— On descend en silence ! En silence !!

Putain j'aurai pas dû m'endormir, au final. J'me sens complètement défoncé. Romain me secoue légèrement et je grogne. Je sors rapidement du bus, enfin, si quelqu'un veut bien me laisser passer. Finalement une personne aimable s'arrête et passe ses deux mains sur le haut de chaque dossier des sièges pour ne pas se faire pousser. Je lève la tête et je vois Maël qui me sourit légèrement.

— Merci.
— Yo mec, lance Romain qui sort après moi lui faisant un tchek au passage.

Pied à terre, je ne peux m'empêcher de m'étirer faisant soulever mon gilet, dévoilant ainsi mon bas ventre et le haut de mon caleçon Tommy Hilfiger. Fait chier mes muscles sont endormis, j'me suis vraiment assoupi dans une position de merde. Mal au dos.

— Tout le monde, on se regroupe ! On se regroupe tous ! Bien... Nous allons vous expliquer comment va se dérouler votre journée...

J'peux pas m'empêcher de rire, sac sur les épaules, je marche avec les bras croisés derrière la tête. On dirait des p'tits touristes paumés dans le centre-ville. Tandis que la prof nous explique deux trois trucs, je regarde autour de moi. D'autres écoutent, d'autres chuchotent et rient entre eux. Romain me lance un coup de coude et me sourit. Je lui souris en retour et il me fait un signe vers Kévin. Ce dernier est à côté de la fille du bus. Non mais, il force tellement. Truc de fou. Cette dernière fait semblant d'écouter la professeure, se balançant légèrement, sûrement gênée d'être près de lui.

— Alors nous vous donnons une heure, une heure et demie car le centre historique n'ouvre qu'à 9:30... Mince, alors... Nous n'avons pas bien regardé François... ! Ok, ok, du calme ! Vous avez quartier libre ! Mais quelques minutes avant l'ouverture je vous veux tous ici présents, à cet endroit même ! À tout à l'heure !

































vous en pensez quoi ?
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