Léa, la conne.
Le jour suivant, dans la matinée, notre classe se retrouve dans le gymnase. Les délégués ont déplacés les deux heures de sport ici car notre professeur de maths est absent, du coup on finit plus tôt. Il nous reste trois séances de foot avant les prochaines vacances et ce n'est pas sans que quelques personnes râlent que nous nous dirigeons vers les vestiaires. Je prends place sur un des bancs tagués de la pièce, une odeur bizarre s'en dégage d'ailleurs. Je hais ce genre de lieu alors j'y reste le moins de temps possible.
— Je vous attends dehors les gars.
C'est avec une main dans la poche que je me dirige vers la porte qu'un des gars a laissé entrouverte. On dirait que c'est compliqué de fermer une poignée, mais bref. Lorsque je la pousse, je ne m'attends pas à tomber nez à nez avec quelqu'un que je connais que trop bien. Il se tient devant moi, il m'a l'air essoufflé, on dirait qu'il vient de courir un marathon. Maël renifle doucement, il porte un bonnet et une grosse écharpe qui lui permet de survivre dans le froid glacial qu'il fait ce matin.
— Salut... me lance-t-il entre deux soupirs.
Je lui fait un signe de tête et je me décale pour le laisser rentrer. En le voyant débarquer, je peux entendre Kévin lui dire de s'approcher d'eux et de poser ses affaires près des miennes. Puis comme bloqué, je le regarde faire tandis qu'il commence à se déshabiller de ses accessoires entre deux rires.
— Bon tu... Tu bouges steuplé ?
Mon visage se retourne brusquement vers la voix assez grave qui vient de me parler, un gars de ma classe qui traine tout le temps avec son meilleur pote. Je crois qu'il s'appelle Valentin mais j'en suis pas si sûr. D'un mouvement rapide, je le laisse aussi devant moi, me décidant tout de même à les suivre. Bordel... Ça me fatigue déjà, faudrait peut-être que j'arrête de me comporter ainsi quand je me retrouve au lycée, devant tout le monde. Maël n'a vraiment pas trop de mal à passer outre notre relation quand nous nous retrouvons ici, je ne sais pas comment il fait. L'avoir vu comme ça, dès le matin en face de moi, a fait traversé une idée dans mon esprit que je vais taire dès à présent.
Les deux gars en face de moi poussent les grandes portes qui nous permettent d'accéder au terrain intérieur. Une fois dedans, mes yeux remarquent quelques filles qui sont déjà en jogging et qui font quelques échauffements. Dans le groupe, j'aperçois Cassandre qui rigole avec une autre fille de la classe, étirant doucement ses jambes. Je ne me rapproche pas de la gothique même si elle me regarde car j'arrive à sentir ses deux yeux sur moi. Je me contente seulement de sortir mon téléphone de ma poche, ne participant nullement à la mise en place des plots et de l'atelier échauffement.
Heureusement que Romain et Kévin débarquent rapidement. Maël n'est pas avec eux, je crois qu'il est encore en train de se changer. Le plus grand aux cheveux châtain clair vient pousser doucement mon épaule comme pour me faire sortir de ma rêverie.
— Pourquoi t'aides pas un peu toi ?
— La flemme... Façon ils ont bientôt fini là, je sors.
Le gymnase commence à se remplir peu à peu des gens de notre classe. Les filles débarquent deux par deux tandis que les derniers garçons finissent par venir en groupe, parlant fort entre eux. Un coup de sifflet coupe court à toutes les conversations et notre attention se porte sur notre professeur de sport, ce dernier ayant une expression sévère collée au visage. Je le déteste ce mec. Il tient un petit carnet entre ses doigts et son téléphone portable est par dessus, prêt à faire l'appel. Tous nos prénoms se font appeler, moi le premier. J'arrive à sentir son regard dans mon dos lorsque je lève légèrement la main, tournant ma tête par la suite pour le regarder. Le châtain me lance un léger sourire que je lui rends plutôt rapidement, me concentrant ensuite sur mes Nike blanches qui sont plutôt dégueulasses, faut se le dire. Il faudrait que je les lave.
— Bien. Vu que tout le monde est là, vous allez commencer par vous s'échauffer et j'vais pas vous réexpliquer comme à chaque fois comment faire, d'accord ? Alors je vais désigner une fille et un garçon qui va diriger l'échauffement... Ok ? Allez, allez vous mettre en place !! Qu'est ce que vous fichez encore devant moi ?
Quelques soupirs se font entendre tandis qu'on se dirige vers l'autre bout du gymnase, nous alignant tous devant une grande ligne blanche. Le professeur ne manque pas de tirer au hasard quelqu'un dans sa liste. C'est Léa pour les filles et Kévin pour les gars. Mon ami, contrairement aux autres, est content que ce soit lui et pas un autre.
L'échauffement ne dure qu'une dizaine de minutes avant qu'on passe aux ateliers. Nous devons nous retrouver en équipe donc des capitaines sont sélectionnés, encore une fois, au hasard. Cette fois-ci, c'est Bastien qui tombe — grosse blague — et un capitaine fille, Léa. Décidément, le prof a un problème avec cette meuf. Après je pense que c'est parce qu'elle papote trop, mais bon.
— Faîtes des équipes équitables ! Ne prenez que pas les plus endurants ou que les filles... précise le coach qui fait les cent pas autour de nous.
Rapidement, les groupes se forment et je me retrouve dans l'équipe de la meuf. Super... Lorsque je me place derrière elle, elle me sourit grandement.
— Activez-vous ! Bastien, choisis quelqu'un.
— Euh... Oui. Cassandre.
La gothique est plutôt contente d'être prise en première. Elle se place derrière le capitaine et la distribution des joueurs se fait de plus en plus vite. Léa choisit sans plus attendre la plupart des mecs de classe, je ne suis pas obligé de préciser qu'elle prend les plus sportifs. Maël ainsi que Kévin se retrouve avec moi, Romain a été choisi par Bastien qui, le pauvre, déteste grandement le rôle qui lui a été donné.
Une fois les équipes formées, nous nous dirigeons vers les différents ateliers mit en place. Je soupire, ça me saoule déjà. D'habitude je kiffe le sport mais là, quand je vois la capitaine qui ne fait que de sourire aux gars... Ça me désespère. Kévin se lance, faisant bondir un ballon avec ses pieds.
— Bon... On commence ou quoi ?
— Ouais, vas-y... On s'fait chier, répond rapidement un autre mec tout en se tournant vers lui, Augustin.
— Euh, attendez deux minutes ! Je suis celle qui dirige cette équipe alors... C'est moi qui va décider avec qui vous allez vous entraîner.
— Putain...
Je me retiens de lever les yeux au ciel, décidant tout de même de les poser sur la fille en face de moi. Elle se tient droite, les bras croisés contre sa poitrine. Léa nous regarde tous un par un, son regard venant scruter les membres son équipe. D'un doigt, elle désigne qui va avec qui et je retiens de laisser passer un râlement lorsqu'elle décide de se mettre avec Maël pour les passes. Moi, je me retrouve avec Augustin. Intérieurement, je ne voulais pas que ça se passe ainsi mais bon. Je lance un dernier regard au châtain, un frisson me traverse la nuque quand je vois qu'il est en train de me fixer. Un maigre sourire désolé se dessine sur ses lèvres — alors qu'il n'y est pour rien — avant qu'il ne se daigne à capter Léa. La fille se tient debout devant lui est obligé de pencher la tête vers le haut pour croiser son regard.
Ça m'énerve. Je me penche pour choper un ballon dans les filets avant de le laisser tomber rageusement contre le sol peint du gymnase. Kévin, en me voyant faire, me fait un signe de tête pour me demander ce qu'il ne va pas. Je sais que j'agis comme un gamin mais quand je me souviens que Léa est la nana qui m'avait avoué être intéressée par Maël... J'avoue que j'aurai préféré que Bastien le choisisse avant elle, quitte à ne pas être dans la même équipe que lui.
J'entends Augustin m'appeler, ce dernier s'étant déplacé un peu plus loin dans le gymnase. Je m'approche en trottinant jusqu'à lui et j'en profite pour taper dans le ballon afin qu'il le réceptionne. Il fait parti des plus sportifs de la classe et je crois qu'il fait du foot comme activité extra-scolaire. Enfin, ça se voit car il joue vraiment bien.
Le temps passe plutôt rapidement, m'étant concentré un peu plus sur mon jeu. Augustin n'hésite pas à me corriger dans mes mauvais mouvements, il est plutôt sympa. Lorsque le sifflet du professeur retentit, nous nous arrêtons tous, légèrement ou voir énormément essoufflés pour certains. L'instituteur nous fait signe de nous rapprocher et on se laisse tomber par terre, les yeux rivés sur le petit tableau blanc accroché sur l'un des murs du gymnase. Là est dessiné un schéma qui nous explique une technique de football et j'avoue que j'ai pas trop envie d'y prêter attention.
À mes côtés, se trouve mes deux amis. Ces derniers sont concentrés sur les explications du plus vieux, les sourcils légèrement froncés. Lorsque je sens quelque chose taper le bas de mon dos, c'est à ce moment là que je décroche complètement. Je l'ai vu se mettre dernière moi tout à l'heure mais je n'ai rien dit. La pointe de sa chaussure continue à m'embêter, froissant légèrement le tissu de mon gilet Adidas. Quelle casse couille.
— Vous avez comprit ? Alors, sur les terrains ! On se bouge et plus vite que ça !
Le professeur tape dans ses mains pour que tout le monde se réveille, je suis dans les derniers à me lever. J'ai vraiment pas envie. C'est une horreur aujourd'hui. Je veux juste rentrer chez moi et rester toute la journée dans mon lit.
— Monsieur... Juste... On peut aller boire ? demande une fille qui a certainement peur de se prendre un refus vu la tête qu'elle tire.
— ... Allez-y si vous voulez. Mais dans deux minutes, je vous veux tous vous voir en train de courir !
N'ayant pas vraiment soif, je suis dans les rares personnes à me diriger vers le terrain. Je m'avance tranquillement les yeux rivés sur le sol jusqu'à ce que je sente de nouveau quelque chose me toucher. Son odeur bien à lui parvient jusqu'à mes narines, j'arrive à le reconnaître maintenant.
— Re.
Il chuchote doucement près de mon oreille et ça me rend très bizarre. Mes sourcils se froncent légèrement lorsqu'il trottine jusqu'à me faire face, un sourire magnifique orne ses lèvres.
— Dis moi pourquoi tu tires cette tête...
Merde, j'aurai pas pensé que ça se voit autant. En vérité, c'est tout un mélange de choses qui me rend comme ça. J'étais tellement mieux ce week-end... Avec l'idiot en face de moi. Genre, vraiment. Juste que cette routine des cours me donne envie de déprimer, encore plus quand je me lève le matin et que dehors c'est l'Alaska.
— Je tire aucune tête, je soupire.
— Ah, je t'assure que si. Tu ne me voulais pas dans ton équipe ?
Maël affiche une moue et ça me donne envie de le baffer. Des fois il dit vraiment n'importe quoi, c'est hallucinant. Nous marchons tout autour du terrain en attendant que les autres arrivent.
— Tu sais bien que je m'en fiche de ça...
— Alors c'est quoi ton problème ? C'est l'autre là... Augustin qui t'a fait chier ? continue-t-il, son regard sérieux rivé sur moi.
— Non. Il est plutôt cool en vérité.
— Plus que moi ?
Je m'arrête et Maël fait encore deux pas avant de se retourner vers moi, ne comprenant pas ma réaction. Les mains dans les poches, je reprends.
— Tu connais la réponse.
— Je la connais pas. Avec toi, on sait jamais ce qui est vrai ou pas car tu ne dis jamais ce que tu penses, se justifie-t-il.
Le garçon a raison sur ce point, j'avoue que parfois j'ai envie de lui dire des trucs qui sont complètement l'opposé de ce qui sort de ma bouche. Mais c'est pas ma faute, si je lui dit ce que je pense vraiment il finira par prendre la grosse tête. Je préfère faire des compliments rarement comme ça je suis sûr qu'il s'en lassera pas. Jamais.
Je lui jette un regard et c'est là que nos yeux se croisent encore une fois. J'ai envie que ce moment dure plus que quelques secondes, secondes qui prennent fin à un énième coup de sifflet. Quel connard ce prof.
— Hé, les mecs ! Vous parliez de quoi...?
Une voix légère nous fait nous retourner, et je sais parfaitement à qui elle appartient. Quand je me mets à la fixer, elle préfère admirer le grand à ma droite. Maël lui fait un signe de tête, je remarque que son sourire qu'il avait lorsqu'on se parlait s'est complètement effacé.
— Léa... dit-il d'un ton neutre. On parlait des gens qu'on n'aimait pas dans la classe.
Il ne peut pas s'en empêcher, sérieux. Je lui offre un coup de coude bien placé dans ses côtes. Il fait semblant de ne rien sentir tout en regardant la fille en face de nous. Cette dernière ouvre un peu plus les yeux tout en hochant doucement de la tête, je pense qu'elle ne s'imaginait pas qu'on puisse parler de ce genre de sujet.
— Ah oui ? Et vous n'aimez pas qui dans la classe ? Oh ne vous inquiétez pas, je ne dirai rien...
Elle glousse légèrement et sépare Maël de moi, se mettant entre nous deux. Le plus grand regarde le plafond, pesant le pour et le contre. Qu'il se débrouille, c'est lui qui nous a envoyé dans cette situation après tout. En plus, Léa m'a l'air d'être genre une petite fouineuse alors c'est sûr qu'elle le répétera. Cette dernière se fait bien insistante d'ailleurs, venant même attraper le bras du châtain pour le secouer vu qu'il ne parle toujours pas. À cette vision, ma mâchoire se crispe et je suis à deux doigts de la balancer dans les filets. Suite à son geste, Maël lui attrape sa main et la rejette doucement. Sa voix reprend, calmement.
— Je crois que ce sont pas vraiment tes affaires donc tu n'as pas à le savoir. Léo, j'ai raison ?
— Euh... Ouais, je souffle tout en le maudissant intérieurement de m'ajouter à la conversation.
— Mais... Oh, ça va hein ! Pas la peine de me répondre comme ça. Je rêve.
Léa s'énerve légèrement, ses joues étant devenues rouges. Je crois qu'elle n'est pas en train d'apprécier le regard que porte le châtain sur elle, mais bon. Je ne dis plus rien, me contentant de les fixer un par un. Je n'ai même pas remarqué que notre équipe est déjà en position, attendant les ordres de la brune.
— Léa, tu peux v'nir ? Le prof t'appelle, on va commencer les matchs là, crie une de ses amies qui est dans l'équipe.
— Oui... J'arrive.
Les poings serrés, elle nous abandonne en faisant demi-tour. Bon, ça c'est fait. Maël attend qu'elle soit parti afin de lâcher un soupir, ses yeux se posant sur mon visage. Je n'attends pas qu'il dise quelque chose, prenant la parole en premier.
— T'es con ou con ?
— Mais elle fait chier cette meuf. J'ai pas pu m'en empêcher.
Je ne dis rien mais intérieurement, je suis content qu'il l'avoue. Ça me rassure d'un côté, je crois qu'il ne l'aime pas plus que moi. En même temps... Elle est sacrément collante comme fille, genre, depuis tout à l'heure c'est qu'avec lui qu'elle veut être. Je peux supporter des choses mais pas tout, mon cerveau refuse ce qu'il s'est passé. Après ça, je me sépare de Maël et me place correctement sur le terrain. Suite aux instructions du professeur, il siffle dans son sifflet et le ballon vole désormais entre chaque joueurs.
⁂
À la sortie de ces deux heures de sport, l'équipe victorieuse — la mienne — semble encore savourer pendant que nous nous dirigeons vers le bahut. Le pauvre Bastien se fait huer par quelques gars de la classe sauf que Cassandre est là pour prendre sa défense, son bras entourant les frêles épaule de son ami.
— Va te faire foutre, Santiani.
Le grand brun se fait pousser par un de ses amis, ce dernier l'éloignant un peu du garçon à lunettes. Leur rires ne se stoppent pas pour autant et ils s'avancent un peu plus vite pour les dépasser. Du coin de l'œil, je jette un regard sur la gothique et son ami. J'pensais pas que Bastien était aussi inapprécié par les gars de la classe. Enfin, personnellement je m'en fiche un peu mais en prenant le temps d'analyser, il ne traine qu'avec cette fille là et un petit peu avec nous. Jamais avec les autres.
Romain s'allume une clope à ma gauche puis, il lance.
— Quel connard... J'comprends pas comment on peut se comporter comme ça, c'est qu'un match.
Les yeux rivés sur son portable — textotant à Camille d'après tous les cœurs roses que je vois — Kévin poursuit d'un grand sourire.
— Ouais... Tu dis ça parce que tu t'es retrouvé dans l'équipe des perdants.
— Bah rien à voir en fait... C'est juste que ça craint de faire le mec juste pour ça. Non ?
Mon ami tourne son visage vers moi, attendant sûrement que je dise quelque chose. Je me contente de regarder droit devant moi. C'est vrai que je suis de son avis, façon que je gagne ou que je perde ne me fait ni chaud ni froid.
— Ouais, je souffle.
— Eh, Bastien ! Viens, viens nous voir deux minutes.
Kévin qui range finalement son iPhone dans sa poche fait un signe vers le garçon, Cassandre le foudroyant du regard. Je pense que la gothique est assez saoulée de voir autant de gens sur son ami. Bref. Je ne prends pas la peine de suivre le châtain qui s'est dirigé au final vers les deux. Va savoir ce qu'il va lui dire, connaissant Kévin... Enfin, bon. Ça ne m'intéresse vraiment pas.
L'arrivée de Maël interrompt la conversation banale que je suis en train d'avoir avec Romain. Lorsqu'on arrive devant le lycée, des gens se trouve en face du bâtiment, des clopes entre les lèvres. C'est la pause du matin et il doit nous rester une dizaine de minutes avant notre prochain cours. Finalement, Cassandre, Bastien ainsi que Kévin nous rejoignent. La petite copine de mon ami, Camille, ne tarde pas. La blonde vient se plaindre de sa dernière interro d'anglais qu'elle pense avoir foiré.
— Mais non, tu l'as pas raté... J'en suis sûr mon cœur, affirme son petit ami d'une voix mielleuse.
— Hm... Pas si sûre...
— Vous me donnez vraiment pas envie d'être en couple sérieusement, s'indigne Cassandre qui fait sourire Camille, légèrement gênée.
Je laisse échapper la fumée de ma cigarette, ne participant pas vraiment à cette conversation de groupe. Kévin, pour se défendre, rétorque quelque chose que je n'écoute pas. Appuyé contre le muret qui entoure notre lycée, je lance un regard à ma gauche. Maël. Il est tout silencieux aujourd'hui, d'habitude il aime bien rajouter des trucs pour calmer les choses. Ses doigts qui doivent être glacés glissent contre le tactile de son téléphone. Je crois qu'il joue à un jeu. Son écharpe entoure la peau de son cou et celle de sa nuque, son bonnet noir légèrement enfoncé sur sa tête. Ses cheveux dépassent légèrement sur son front et le col roulé qui porte sort de sa veste, enveloppant ainsi son menton. Je n'arrive pas à détacher mon regard de lui, ça me rend vraiment dingue.
Après un râlement, il lève enfin les yeux devant lui. À la seconde qui suit, ils sont sur moi. Pendant cet instant, aucun de nous calcule tous les lycéens bruyants autour de nos deux personnes. Maël m'a enfermé dans une mini-bulle avec lui. Sa tête vient s'appuyer contre le mur derrière lui. Je suis dans la même position sauf que mon genou est légèrement replié et la semelle de ma chaussure est posée contre les briques dans mon dos. Sa main, celle qui tenait son portable, vient tomber le long de son corps. C'est lorsque je sens que ses doigts viennent frôler le tissu de ma veste que je comprends qu'il veut de l'attention. Par rapport à ce week-end, je ne lui ai rien donné aujourd'hui. Je me demande intérieurement si quelque chose lui manque, je sais pas vraiment pas à quoi il pense lorsqu'il me fixe comme ça. Quelqu'un du groupe pourrait être en train de nous scruter et de se demander ce qu'il se passe entre nous mais... Putain, j'ai même pas envie de regarder autre part quand il est avec moi.
Ses doigts se posent sur le dos de ma main et trace les veines de cette dernière. Ils les laisse se promener un peu partout puis après un moment, je sens qu'il veut les attraper et qu'on entrelace cette partie de notre corps ensemble. Mais non. Pas ici.
On met du temps à capter que c'est l'heure de s'en aller en cours. La voix de Romain me fait sursauter, Maël par la même occasion. Il se baisse rapidement afin de choper la lanière de mon sac tandis que mon ami le regarde bizarrement.
Romain sait très bien ce qu'il se trame entre nous et même s'il a envie de faire un commentaire, il ne dit rien et change de sujet.
— Bon... Vous venez ? demande-t-il, ses yeux se dirigeant vers moi puis vers Maël.
— Ouais. Euh... On a quoi, au fait ?
— Anglais je crois, je marmonne doucement tout en m'avançant vers les couloirs, passant mes doigts sur mon front afin d'effacer la scène qu'il vient de se passer de mon esprit.
— Ouais, c'est ça. En plus, je crois qu'on va passer à l'oral sur les sorcières de Salem.
— C'est quoi ça, encore ? je questionne mon ami, Romain.
— Oh, ça va. J'avais relu le texte que la prof nous a donné, affirme Maël tout en poussant la grande porte qui relie l'intérieur du bahut et les escaliers.
— Pareil. Mais sinon c'est ce qu'on a fait la dernière semaine Léo, c'est pas si compliqué. De toute façon, j'pense pas que tout le monde réussira à passer.
Et bien, je l'espère. J'avoue que l'anglais ce n'est pas la matière qui me fait kiffer le plus et souvent, je n'écoute même pas. Nous arrivons en classe à la deuxième sonnerie, les gens sont déjà installés. Il reste deux places au fond et c'est bien évidemment moi qui les prend. Maël ne réfléchit pas plus et s'incruste sur la chaise d'à côté, Romain se dirigeant vers Kévin. La professeur d'anglais, concentrée sur son ordinateur, met du temps à remarquer que tout le monde est présent. Le cours se passe dans un léger stress de ma part, n'ayant pas du tout envie d'être interrogé. Heureusement, seulement cinq personnes passent, deux volontaires s'étant présentés quand même. Bastien ainsi qu'une fille de notre classe, Angélique, reçoivent un 20 directement. Les autres ont une note pas si pire. L'heure passe lentement et je ne parle même pas de cette journée qui est d'une lenteur... Plus que 3 heures en comptant celle de la cantine et nous pourrons rentrer chez nous.
⁂
Je crois qu'on est la seule classe à sortir si tôt un lundi après-midi. Rapidement, les groupes se divisent. D'autres préfèrent aller sortir en ville et prendre les bus du soir pour rentrer chez eux, d'autres s'éclipsent chez eux maintenant sans même réfléchir. Je fais parti de ce groupe là, de toute façon, ça ne sert à rien d'aller mourir de froid dehors. À la maison, je pourrais profiter du fait qu'il n'y a personne pour faire ce que je veux.
— Bon bah... À demain alors. Romain, tu rentres chez toi aussi ? s'exprime Kévin qui hésite de partir avec d'autres mecs de la classe.
— Ouais, j'vais rentrer. On se voit demain les gars. Salut Léo, Maël !
— Bye mec.
Mon ami, écouteurs dans les oreilles, nous fait un signe de main après avoir trouvé une place dans son bus. De là, on dit au revoir à Kévin qui s'éloigne avec Augustin et deux autres gars. Oui, je dis « on » car Maël semble attendre que je dise quelque chose ou du moins, je pense qu'il veut s'incruster avec moi. Je remarque qu'il vient même plus avec sa moto à cause du temps. Les routes sont humides, glacés, il y a du verglas et le temps n'est vraiment pas abordable pour ça.
— Eh...
— ... C'est bon. N'en dis pas plus.
J'allume mon Audi, les clé de cette dernière se retrouvant entre mes doigts. Sans plus attendre, je m'engouffre dans l'habitacle et vient directement mettre le contact. Le moteur démarre doucement, dans un léger bruit. On se les gèle. La portière côté passager claque et le garçon glisse son sac entre ses doigts après avoir prit place sur le siège, venant frotter énergiquement ses mains entre elles. Le silence est brisée par le son de la radio ainsi que par la voix des animateurs que je connais que trop bien. Avant de sortir de ce parking, nos regards s'accrochent. Il enlève son bonnet et ses cheveux deviennent électriques, ça me fait marrer. C'est à ce moment là que nous nous laissons guider par notre envie, nos bouches venant s'embrasser comme si elles ne s'étaient pas rencontrées depuis quinze ans. Putain. Mais qu'est ce que ça m'a manqué cette connerie. Sa voix me dit la même chose.
et voilà, dernier chapitre avant noël ! nous nous retrouverons sûrement avant le 1er janvier mais en attendant, profitez du réveillon ❤️🎁🥂🎄 prenez soin de vous durant ces fêtes!
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