Jeux dangereux.

Ça me fait presque bizarre de prendre la route vers chez moi en compagnie de Maël. J'arrive pas à croire que j'ai osé lui proposer de venir, en sachant qu'en ce moment-même je devais déjà être chez Kévin. J'ai mit en silencieux mon téléphone portable pour ne pas être dérangé par les messages, en sachant pertinemment que les deux potes m'ont spam. Je souris un peu en écoutant le brun à mes côtés, me racontant une anecdote. Je me concentre également sur mon créneau et une fois garé, je mets le point mort et monte le frein à main tandis qu'il tourne le regard vers ma maison. Maël détache sa ceinture et on descend en même temps. Les portières claquées, j'éteins l'Audi et je me rapproche de lui, démarrant la
marche.

— En fait, t'habites pas loin de chez moi, lance-t-il au final, me suivant tandis que j'ouvre le portillon.
— C'est vrai.

Maël semble inspecter les lieux, c'est la première fois qu'il vient ici et je crains que mes parents soient là. Au moins, les présentations seront faites mais j'ai vraiment la flemme actuellement. J'invite que très rarement mes potes car y'a jamais rien à faire chez moi et je dois avouer que ce soit le brun qui vient aujourd'hui, me gêne particulièrement. Ce n'est pas trop pareil de toute façon. Je tire la poignée de la porte d'entrée pour voir si elle est ouverte, et elle l'est. Il y a bien quelqu'un à l'intérieur. Je fais signe à Maël de rentrer en premier et il s'empresse d'enlever ses bottes sur le tapis, comme s'il ne voulait pas salir. Je lui lance quelques regards du coin de l'œil tandis que je quitte mon gilet et mes baskets d'un coup de pied. Le châtain continue d'examiner la pièce en s'avançant doucement dans le salon, ses pieds recouverts de chaussettes dépareillées glissant sur le parquet. Ça me fait légèrement sourire.

— Donne-moi ta veste.

Maël tourne légèrement la tête vers moi et laisse tomber sa veste en cuir de ses épaules. Je l'attrape et la pose plus soigneusement que mes propres affaires, sur mon gilet. Puis je le rejoins et sa bouche s'étire en un sourire quand je fais un signe de main vers le canapé devant lui.

— Bon bah là... C'est le salon. Normal quoi. Puis à gauche, on a la cuisine... Cuisine ouverte. Tout au bout là-bas y'a des chiottes puis ensuite en haut, il y a l'étage où sont les chambres et une salle de bain.

Je présente rapidement ce qui se trouve autour de nous et le plus grand se contente d'hocher la tête et de soulever ses sourcils comme pour acquiescer mes dires. Sa maison ne change pas trop de la mienne en tout cas, c'est tout ce qu'il y a de plus banal. Je me dirige vers la cuisine, ses pas derrière moi, et j'ouvre le frigo pour choper deux bières déjà fraîches. Maël s'installe sur la table à manger en verre et croise ses jambes, posant son coude sur la table et je sens ma peau frémir quand son regard se promène sur moi. Je fais du plus rapidement possible pour décapsuler sa bouteille d'une main et lui tend. Il l'attrape et louche un peu dessus avant de boire une gorgée. Je fais de même, tirant une des chaises pour prendre place. Maël ouvre la bouche pour dire quelque chose mais il est bien vite interrompu par une présence féminine qui s'incruste derrière lui.

Gabriella, écouteurs diffusants ses groupes asiatiques dans les oreilles, s'arrête brusquement et ses yeux se plient légèrement, nous scrutant tour à tour Maël puis moi. Elle le laisse bien plus sur lui, évidemment, se demandant qui ça peut être.

Ce dernier a haussé un sourcil en observant ma sœur qui devient soudainement un peu timide sous son regard. Elle enlève un écouteur et son son se baisse lentement quand elle appuie sur un des boutons volume de son portable. Elle met ses doigts devant sa bouche et s'excuse, s'approchant du brun pour lui faire la bise. Ce dernier se laisse faire, quoi qu'un peu surpris de la rapidité de ma soeur. Je lève les yeux au ciel, laissant couler la bière dans ma gorge. Je connais le cinéma.

— Wow, je, euh... Désolé, je pensais être seule à la maison. Enchantée, je suis Gabriella, la sœur du bizarre là-bas, s'exclame-t-elle, ses lèvres se frottant entre elles suite à ça.

Je me retiens de l'insulter et je me contente de poser brusquement ma bouteille en verre contre la table. Verre contre verre, ça fait un bruit insupportable. Gabriella fronce les sourcils tandis que Maël regarde la brunette, ignorant mon geste.

— Salut alors, moi c'est Maël. Un ami.
— Bon, t'as rien d'autre à faire sinon ? je lance en coupant court, faisant un geste de la tête vers ma sœur qui s'est retournée pour chercher quelque chose dans les placards.

Un soupir fait écho dans la pièce mais il est bien vite remplacé par un grand sourire de la part de Gabriella envers Maël. Elle m'énerve quand elle fait sa gamine. Surtout quand elle se comporte ainsi avec les potes que je ramène chez moi, en l'occurrence Kévin et Romain. Y'a quelque temps elle a eu un crush sur Romain, elle faisait que de me demander de l'inviter et voulait son numéro. Cette gosse ne se rend pas compte que ce n'est qu'une collégienne et que des mecs comme Maël ne s'intéresseront jamais à elles. Mais c'est bien d'avoir de l'espoir. Je dis ça parce que je sais particulièrement comme elle est, je la connais par cœur.

— En tout cas, maman et papa reviennent un peu plus tard ce soir car ils ont décidé de se faire un restau, annonce-t-elle tout en ouvrant son paquet de bonbons à la réglisse.
— Ok, cool. Allez bye.
— C'est ça... À toute, Maël.

Gabriella remet son écouteur dans son oreille et elle ne peut s'empêcher de lui lancer un dernier sourire qui se veut sûrement charmeur. Je soupire brusquement une fois partie tout en attrapant la bouteille entre mes doigts. Maël, lui, ne peut s'empêcher de rigoler légèrement.

— Du coup, c'est elle ta sœur... souffle-t-il un peu, ses yeux me scrutant à présent.
— Ouais. Une vraie chieuse, elle me les brisent. je réponds, les yeux sur le mur en face de moi.
— Elle a l'air spéciale mais pas méchante. Enfin, c'est mon avis premier.

Mon regard se baisse maintenant sur lui, il cogne ses ongles contre le verre de la bouteille avant de bloquer une mèche de ses cheveux derrière son oreille, faisant apparaître les piercings qui étaient cachés. Un calme règne dans la pièce et j'avoue que je ne sais pas trop quoi dire. Le châtain a cette manie d'inspecter les détails du lieu où il se trouve quand il ne trouve aucun sujet de conversation. Alors, je décide de me lever pour casser le blanc et lui fait un signe de tête pour qu'il en fasse de même.

— Viens, on monte.

Je sens sa présence dans mon dos quand on monte les escaliers, bière à la main. Rapidement, on s'engouffre dans ma chambre et je le laisse renfermer la porte derrière lui. Je me dirige vers mon lit et me laisse tomber contre le matelas, la bouteille que je tenais se retrouvant contre la commode à côté de mon lit. Je croise les bras sur mon ventre tandis qu'il jette un coup d'œil un peu partout. Sa voix s'élève alors quand il passe les doigts sur mon Macbook qui repose sur mon bureau.

— Une vraie chambre de mec, dit-il en laissant passer un rire.

Ce serait mentir de dire que je ne suis pas gêné que Maël se retrouve dans ma chambre, comme ça, au calme. Comme je dis, il est rare que quelqu'un s'y ballade. Même mes parents ne viennent pas. Il me stresse à regarder les moindres détails et je n'ai qu'une envie : qu'il s'assoit ou qu'il s'allonge à mes côtés, ça me stresserait moins. Je tente un regard vers lui et mes yeux se baissent sur son corps et sa tenue. Il porte un t-shirt noir aux manches assez longues qu'il a mit dans son jean noir, encerclé d'une ceinture noire avec la fermeture argentée. Ses colliers pendent contre son cou et certains sont par dessus et en dessous de son haut. J'ai remarqué qu'il porte une attention particulière aux bijoux, il aime vraiment ça. Sa tenue est simple mais je ne peux m'empêcher de penser que ça lui va bien. Ça m'énerve. Ses doigts viennent choper je ne sais quoi et ses yeux s'écarquillent légèrement.

— Putain, t'as encore une DS ! Ça date tellement ce truc.

Je me redresse légèrement, remontant mon coussin derrière moi pour caler mon dos au mieux contre la tête de mon lit. Maël ouvre la vieille console noire et regarde si un jeu s'y trouve. Il sourit grandement en lisant le nom de la cartouche qui est dedans puis s'approche de mon matelas.

— J'peux y jouer ? me demande-il, son regard s'accrochant sur moi.
— Ouais. Par contre j'sais pas si elle est chargée...

Je me penche pour venir ouvrir le tiroir de ma table de nuit et vérifie si quelque chose ou bien un chargeur est présent mais rien. Je sais même plus où j'ai pu planquer ce truc. Ça doit faire bien plus de deux ans que je n'ai pas rallumé cette console, faut dire que c'est plus trop mon délire. Maël s'assoit sur mon lit et croise une de ses jambes, en dessous de ses fesses.

— Elle s'allume pas ? je lance, cherchant maintenant vers mon bureau, ouvrant toutes les petits boîtes que je peux trouver.
— Non... Mais t'inquiète, c'est pas grave.

C'est au final dans une boîte de chaussures où se trouvent plusieurs chargeurs et câbles de tout type que j'espère le trouver. Je me relève et m'approche de Maël qui me regarde  d'un air amusé. Je laisse tomber ma trouvaille contre le matelas de mon lit et le châtain pousse tous les fils, espérant trouver le bon. C'est seulement quand je remarque le fameux chargeur de couleur grisâtre que je le tire et essaye de le dénouer des autres. Je galère un peu.

— Attends, donnes.

Ses doigts frôlent les miens, sûrement sans faire exprès et je me décale un peu pour le laisser faire. Contrairement à moi, il dénoue d'un geste calme le fil entouré du chargeur de la DS. Il se retourne ensuite pour le brancher à la prise de l'autre côté de mon lit. Une petite lumière s'allume et indique que la console est bien en train de charger. Maël semble content et s'empresse de l'allumer, faisant glisser le stylet rongé de l'endroit où il est rangé, sur la gauche de l'appareil. Le tenant dans sa main, il grimace légèrement avant de rigoler, son regard captant le mien.

— Tu l'as bouffé le truc ou quoi ? le châtain me montre le fameux stylet coincé entre ses fins doigts.

Je hausse les épaules, je m'en rappelle plus de toute façon. J'ai cette habitude de ronger mes stylos, même parfois mes ongles. Ça me fait chier mais je ne peux pas m'arrêter et pour avouer, je ne me rends pas compte quand je le fais. Puis sans poser plus de questions, Maël remonte le deuxième coussin de mon lit et le calle à côté du mien, contre le métal de mon lit. Il allonge finalement ses jambes et ses yeux sont rivés sur l'écran de la console.

— Allons explorer ta ville Animal Crossing.
— ... Merde, sérieux ? J'ai cru que c'était Pokémon dedans.

Maël rigole légèrement et je ne peux qu'approuver son rire. Ses longues jambes finissent par se plier et il laisse le dos de la console contre ses cuisses. Je décide de me rapprocher un peu plus de lui, jetant un coup d'œil à son écran. Un temps de chargement s'affiche mais bien vite, celui de présentation et du logo s'allume et le châtain semble savoir comment ça marche. Mon épaule s'appuie contre la sienne mais ça ne semble pas le gêner, et moi non plus. L'idée qu'il se trouve dans mon lit me rend un peu bizarre, ce n'est pas comme si c'était Romain ou bien même Kévin. Là, je ressens comme une légère fièvre me monter à la tête et tout mon corps semble lourd, comme s'il ne voulait pas bouger. J'arrive à écouter sa respiration reposée et ses bagues cognent d'un petit bruit l'appareil quand il l'entoure de ses doigts. Ses pouces appuient sur les boutons et il éclate de rire quand le petit personnage à mon nom sort de sa maison. Vu que je n'y suis pas allé depuis longtemps, il est décoiffé et il ne ressemble plus à rien.

— C'est mignon, il te ressemble un peu. Bon, à part les cheveux ! sa voix se casse légèrement en un autre rire.
— Va te faire.

Si je me souviens bien, il est vrai que j'avais envie que mon avatar me ressemble un maximum. Du coup je l'avais habillé avec mon style, gilet, casquette et lunette de soleil. Il a toujours la classe.

— Ta ville est dégueulasse. Oh, t'as Cachou ! Je l'aimais trop, avoue-t-il tandis que l'écran de la console devient noir, signe d'un chargement.
— J'sais même plus c'est qui, je réponds tout en faisant tourner mon portable entre mes doigts.
— Mais t'sais c'est l'écureuil gris là, avec sa maison agrume. Par contre elle me cassait les couilles quand elle voulait un truc de mon inventaire, j'étais obligé d'accepter juste pour avoir sa photo ensuite.

Je souris un peu en levant les yeux sur lui, il a l'air bien trop absorbé par ce jeu. Personnellement il me saoule, c'est plus trop mon kiff puis faut pas se mentir, mes goûts ont changés. Mais ça me fait marrer de le voir nostalgique face à l'écran. Maël ne peut s'empêcher de me raconter quelques anecdotes sur son jeu à lui, il me raconte comme quoi c'était toute son enfance. Et je veux bien le croire. Je l'écoute me raconter ses histoires, je ne peux pas m'en lasser. Même si le jeu est un peu chiant, il rend le truc drôle et je peux pas m'empêcher de rire par moment, amenant mon téléphone sans le vouloir contre ma bouche.

— Enfin, voilà le délire... Ça me fait trop chier d'avoir perdu la cartouche du game.
— Je t'l'aurai bien donné, mon jeu. Mais t'as plus de console.

Entre temps, je me suis un peu plus affaissé contre mon coussin, je suis à moitié contre ce dernier ainsi que sur l'épaule de Maël. Ma joue la touche presque et je ne prends plus le temps de lever le regard sur lui pour épier ses réactions. Mes yeux suivent vaguement l'écran de la console même si j'examine plutôt sa main qui tient tantôt le stylet tantôt la console.

— Je viendrai jouer ici, au pire. Ça me fait grave une bonne excuse, non ?

Je ne réponds pas mais il sait que j'accepte intérieurement. Il est là, dans mon lit, à jouer sur ma vieille console et ma jambe est collé à la sienne, ma joue presque contre son épaule alors si je venais à refuser, ça sonnerait trop bizarre. Je suis vraiment bien avec lui. J'ai pas envie de bouger mais je décide après un moment à me redresser légèrement.

Je me remets à peu près à la même hauteur que lui, ma tête est un peu penchée sur le côté, un peu plus sur lui. Il renifle légèrement du nez, un tic chez de nombreuses personnes. Mes yeux auparavant sur l'appareil qu'il tient se retrouvent à examiner les colliers qui s'échouent contre son t-shirt. Du bout de mes doigts, je viens choper un anneau qui emprisonne une fine chaînette argentée. Elle sont de la même couleur. Je la fais tourner entre mes doigts et Maël me laisse faire, comme si de rien n'était. Puis, je la laisse tomber contre son haut noir et vient attraper un autre bijou, ce dernier étant entremêlé avec l'autre collier gris. Une petite croix qui a l'air fragile se laisse tomber et je ne peux m'empêcher de trouver ça beau. Tout ça lui va bien.

— T'aimes ?

La voix du châtain tonne légèrement et je soulève d'un geste assez rapide ma tête qui s'était laissé aller sur son épaule. Étrangement, ça me fait penser à la dernière fois, dans le cinéma. Je mords l'intérieur de ma joue en chopant mon portable qui se trouvait entre nous deux et l'amène contre mon torse. Le dos redressé, mon regard est maintenant rivé contre le bureau en face de moi. J'entends le clic de la console qui se ferme et Maël se penche vers le sol pour venir la poser délicatement avant de la débrancher de la prise. Puis, il revient près de moi et je sens son regard se baisser sur mon torse.

— Ton portable faisait que de s'allumer, tout à l'heure.

Je ferme un moment les yeux et les têtes énervées de Romain et de Kévin s'imaginent dans mon esprit. Ils doivent insulter mes morts. J'ose déverrouiller mon iPhone, sous le regard curieux de Maël. De toute façon, qu'est ce que je peux lui cacher ? Mes pouces viennent taper mon code et j'ai le droit à une remarque.

— 1930...

Le coin de mes lèvres s'étirent légèrement mais lorsque je passe le doigt sur l'application messagerie, j'affiche une mine préoccupée. J'ai également des appels manqués.

de kévin : Jvous attends les gars
de romain : C bon je prends le bus et j'arrive il a du retard ce con
de kévin : le bus ou léo ? 😂😂😂
de romain : Jsais pas il rep pas il nous zappe ou quoi ?
de kévin : Léo tu fais koi gros

J'ose pas lire plus, soupirant brusquement. Je laisse mon téléphone tomber à mes côtés et Maël, après mon soupir, ne peut s'empêcher de se redresser légèrement.

— Y'a un problème ? son regard est curieux et le châtain a les sourcils légèrement froncés.
— Non... C'est rien, c'est inutile.
— Vu ta tête, je dirai que tu me mytho un peu.

Je passe mes mains sur mon visage pour qu'il ne me regarde plus mais le garçon n'est pas de cet avis car il enlève les doigts de mon visage. Je garde tout de même les yeux fermés. Maël claque légèrement sa langue contre son palais et me pousse légèrement.

— Allez dis-moi, lance-t-il en finissant par laisser tomber son dos contre un coussin.
— Je rêve ou tu forces...? je dis presque en chuchotant.

J'aime beaucoup ses légers rires à chaque fin de phrase, je m'en lasserai pas je crois. Même si des fois il n'y a rien de drôle, c'est une autre de ses habitudes. Une habitude qui me plait.

— On s'en fout. Mais genre t'aurai vu la face que tu tirais. Tu souriais puis deux secondes après on aurait dit t'as vu un truc qui t'as choqué.
— Ouais...
— T'as que ça à me dire ?

Même si mes paupières sont toujours aussi fermés, je sens que Maël change sa position et j'arrive à comprendre qu'il se place maintenant sur le côté, son coude enfoncé contre le matelas du lit. Il est tourné vers moi. Sa main ornées de bagues doit sûrement se loger dans ses cheveux et son regard arrive à me brûler. Encore plus quand il passe ses doigts sur mon visage. Je n'ose même pas ouvrir les yeux pour le fixer, ce serait bien trop gênant. Qu'est ce qu'il fait ? J'essaye de ne pas frotter mes lèvres entre elles lorsque il passe son index et son majeur contre la ligne de ma mâchoire. J'avale lentement ma salive et mes paupières tressautent légèrement avant de s'ouvrir sur le mur en face de moi. Ses doigts viennent passer sur mon menton et le fait qu'il laisse glisser sa main de l'autre côté de mon visage, me fait tourner la tête vers son côté. Mes yeux se ferment à nouveau à son contact mais je me force tout de même à les garder ouverts.

— Alors... Tu veux toujours pas me dire ? sa voix est légère et il ne chuchote par pour autant.

Maël relève de lui-même mon visage, son index se retrouvant en dessous de mon menton. Mes yeux à la même hauteur que les siens désormais, le châtain prend le temps de fixer tous les détails de mon visage. J'ai mal au ventre quand il me passe au scanner de cette façon, je me sens tout petit face à ses yeux gris. Je ne sais pas trop ce qui est en train de se passer mais je laisse aller les choses. J'ai envie de les laisser aller. Je ne sais pas quelle heure il est, s'il fait nuit dehors ou bien si mes parents sont rentrés. Mes pensées sont toutes rivées sur lui, rien que lui. Sa tête se penche contre le haut de mon lit et ses caresses sur mon visage ne se stoppe en aucun cas. La prise que j'ai sur mon portable se détend légèrement mais elle se retend par moment, comme quand son pouce atterrit sur ma joue. Son toucher est doux, délicat, comme si j'étais quelque chose de fragile ou de précieux. J'ai l'impression d'être à la place d'une fille dont on caresse tendrement les pommettes mais pourtant, j'ai pas envie de m'éloigner et ça me plaît. Je ressens des choses. Mes doigts quittent mon iPhone qui est planqué dans mon dos et viennent se poser timidement dans son cou. Je ne sais pas trop ce que je fais, c'est comme si je ne suis pas maître de mon corps. Mon index se laisse tomber d'un geste lent sur sa longueur, passant contre les deux trois chaînes qu'il porte. C'est comme si je ne pouvais me contrôler, et lui non plus visiblement. Tout se passe lentement mais j'ai aussi l'impression que tout se passe rapidement. Son pouce qui se promenait à l'instant même sur ma joue, se laisse aller contre ma lèvre inférieure que j'ai humidifié intérieurement, sans même m'en rendre compte. Je ne sais pas trop quoi faire quand il touche ici, mon ventre me brûle, une douce brûlure, un frisson qui parcourt ma colonne vertébrale. Sans même contrôler mes gestes, mes lèvres s'entre-ouvrent et au même moment, sa tête qui était enfoncée contre le coussin vient s'avancer vers moi. Puis, elle se baisse lentement et sa respiration vient s'échouer contre la peau de mon cou. Mes doigts qui se trouvaient contre ce dernier sont bloqués dans le vide et ne sachant où les mettre, je les laissent tomber dans ses cheveux, près de sa nuque.

J'arrive à entendre le bruit du matelas qui s'affaisse par endroit à cause de ses mouvements. Il s'approche plus de moi, j'arrive à le sentir. Son pouce tire sur ma
lèvre pour au final remonter sur toute ma bouche. Le nez de Maël frôle mon cou et son front ma mâchoire, sa respiration me fait ressentir des picotements sur l'endroit où elle s'échoue. Je suis sous son emprise et je ne fais rien pour tout arrêter. J'en ai pas envie. Je ne me pense plus à rien, seulement au fait que ce soit lui et pas quelqu'un d'autre. C'est Maël et rien que lui. Son doigt continue à parcourir mes lèvres mais il finit par les quitter, se retrouvant à nouveau sur mon menton qu'il tient légèrement relevé. Et je comprends mieux pourquoi il fait ça, c'est seulement pour pouvoir venir frôler ses lèvres à ma peau chaude. Les miennes se tiennent serrées entre elles, ce n'est plus que la respiration de son nez que j'arrive à ressentir mais également celle de sa bouche. Elle est plus forte que tout à l'heure, tout mon contraire, car moi j'essaye de la bloquer mais, en vain. Son autre main vient tenir ma nuque avec une certaine pression, comme pour que je ne parte pas. Ce n'est plus la même atmosphère qui règne dans ma chambre, j'ai l'impression que le degré a monté. Jamais il n'a osé faire ça, jamais on n'a osé faire ça, jamais j'aurai pensé qu'il le ferait. Au fond de moi, peut-être le fait que je l'invite à passer la soirée chez moi n'est rien qu'une excuse. Pour qu'on avance, un peu. Pour qu'on avance à notre rythme, comme il l'a dit. Le temps nous presse pas et je n'ai pas envie d'être pressé. J'ai envie qu'il me fasse découvrir les choses, comme ça doit être découvert. Que je recommence tout. Là, ses doigts sur moi et son poids contre moi, j'ose espérer que ce qu'il se passe entre nous ne se brisera pas à cause d'une action mal placé, d'un mot mal placé. Maël est un mec. Je suis un mec. Est-ce que je dois m'en vouloir d'aimer ça ? Je ne pense pas. Mes doigts viennent serrer sa nuque et jouent dans ses cheveux, totalement incontrôlés. On a atteint le point de non retour, ensemble. Et ce n'est qu'un cognement contre ma porte, le moment fatidique qui nous indique qu'on doit stopper.

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