Il est mon piège.
— Merde, Maël... Doucement.
J'ai pas su lui résister. Je vais vraiment finir par croire que j'suis qu'un faible mais littéralement, j'peux pas, j'peux plus. Car après avoir fermé la porte de chez les Gautier, j'me suis retrouvé compressé contre celle ci. Déjà, par un corps. J'ai vraiment besoin de préciser par lequel ? Non. Je n'ai même pas eu le temps de laisser tomber mon sac de cours au sol, je sens mes cahiers me taper dans mon dos même à travers ma veste. C'est une sensation assez désagréable mais que j'apprends à supporter, surtout quand la bouche de Maël veut faire taire toutes mes plaintes.
Fait chier. Comment décrire ce mec ? Puis surtout, comment d'écrire toutes ces sensations qui s'emparent de moi genre, là maintenant, tout de suite. Il a fallu qu'on s'embrasse quelques minutes plus tôt, dans l'Audi. Il a juste fallu de ça pour qu'il me fasse savoir qu'il en voulait un peu plus. Maël... C'est vraiment quelque chose. Je ne me lasserai jamais de ses gestes, de ses paroles qui sortent parfois de nul part, ses mots qui me font faire des sauts au cœur. En parlant de celui là, ce con... Je me demande si un jour il va s'arrêter de s'affoler ainsi, aux moindres attentions et lorsqu'il me touche. Ces p'tites choses là... Ses lèvres me rendent fou.
Ses putain de lèvres ouais, j'pourrais crever en paix j'crois. Pourquoi ? Parce que comment expliquer que c'est juste... Une des meilleures sensations dans ce monde. La meilleure. Maël embrasse bien. Très bien. Beaucoup trop bien. Il sait comment gérer. Il dirige, il le dirige beaucoup parfaitement bien. Ma bouche, elle, suit les mouvements de la sienne. Accro, j'veux lui dire que je suis accro. Pire que la clope, pire que la beuh, pire que... Franchement, j'ai dû mal à réfléchir là. Il me fait juste... passer par beaucoup trop de stades pour que je puisse penser normalement.
— Attends, attends... je souffle entre deux baisers mouillés.
Je veux le regarder, je veux voir son visage. Il m'a entendu alors son faciès se recule un peu du mien. Nos soupirs se mélangent, nos lèvres restant entrouvertes. Je profite de ce moment pour le pousser légèrement, laissant glisser mon Eastpak le long de mon bras. Ce dernier atterrit dans un bruit lourd contre le carrelage de l'entrée. Maël sourit, d'un sourire juste inexplicable. Ça me saoule. Ça m'énerve. Il est trop. Je fonds mes lèvres gercées contre ce sourire. Il ne s'y attend pas ou du moins, il ne pensait pas que j'allais être plus rapide que lui. Quand j'l'entends murmurer mon prénom, c'est vraiment la chose qui me fait trembler. Mais pas à me faire tomber, ça me fout un tas de frissons. D'un coup. Faudrait qu'il arrête avec ça s'il ne veut pas que je dérape.
Parce que ça pourrait aller très vite. Genre, il sait pas.
C'est pas des blagues. Il a déclenché tout ça. Ce qu'il y a entre nous en ce moment même. Le châtain ne m'a jamais autant embrassé aussi fiévreusement, aussi passionnément, aussi... J'ai pas les mots. C'est trop bon. Il geint lorsque je me retourne, prit d'un élan. Maintenant, c'est lui contre la porte d'entrée. Nos yeux s'ouvrent, en tout cas, les siens. Les miens le regardent déjà. Mes doigts passent sur l'os de la mâchoire et je la lui redresse, la lui caresse. Lui, il a trouvé quelque chose pour m'attirer. Le col de mon sweat-shirt, il tire ses ficelles et sans forcer, je me laisse faire aller vers Maël.
— Tu es tombé dans mon piège...
Je fronce légèrement les sourcils puit vient le faire taire. Si c'est lui mon piège, j'veux bien le croire. De toute façon, je savais qu'une fois le pied posé dans cette maison, ça allait finir ainsi. Je l'ai senti, je l'ai directement comprit. Je glisse le bout de ma langue contre ses lèvres, cette dernière préférant après quelques secondes se faufiler entre. Son muscle rose vient toucher le mien, mes mains se perdent contre lui. Sa veste me gêne. Trop. Alors mes doigts passent sous ces bouts de tissu qu'il porte. J'enlève. J'enlève tout, ou presque. Là, il garde son pull noir. Je veux le toucher en dessous genre, sa peau. Le bout de mes doigts s'y aventurent, commençant à tracer ses côtes. Il se tend, creusant son ventre. Je ne contrôle pas vraiment ce que je frôle. Dans un coin de ma tête, je me note de ne pas monter trop haut. Son piercing. Je vais y faire attention.
— Pourquoi tu me fais ça... je chuchote pour moi-même.
— Quoi...?
— Ah, tu vraiment les choses compliquées toi...
Je ne sais pas vraiment ce que je dis. Je suis là, à moitié appuyé sur ses lèvres, nos fronts se collent et mes doigts sont toujours en train de se promener sur sa peau, ne sachant où terminer leur balade. Sérieusement... Je ferme les yeux jusqu'à que sa voix s'élève doucement. Son ton se veut rassurant, je crois. Il sent que je me perds. Ça me fait chier car je sais plus quoi faire maintenant. Je veux pas être nul.
— Non... Attends, viens. Viens qu'on s'assoit.
Ses doigts se croisent avec les miens, je le suis. Les yeux rivés sur le sol, ces derniers finissent par remonter sur le dos de Maël. Je le reluque sans trop réfléchir, puis c'est là que je me retrouve assis sur son canapé. Ce canapé, je le connais bien ouais. J'y ai passé des heures dessus, depuis qu'on se connaît. Je me rappelle de nos débuts, avec ses cours de maths. On n'a pas continué depuis, façon c'était impossible avec un professeur comme lui. Parfois, c'est compliqué de se concentrer quand la tentation se tient à quelques maigres centimètres de toi.
Le châtain s'assoit à côté de moi. Mon visage se tourne vers lui. Je le regarde et c'est reparti. Je fonds encore sur lui. Je vais faire que ça, toute l'après-midi. Je le sens... Je suis dingue de tout ça.
— Léo...?
— Non... Tais toi maintenant, je lâche tandis que je m'appuie un peu plus contre son corps, le faisant alors quasiment tomber sous moi.
Les doigts de Maël viennent entourer mon poignet gauche, mes mains s'étant glissées contre le long de son cou. Je le laisse chuchoter ce qu'il a à me dire, en profitant pour descendre dans un chemin de baisers sur son menton, sur sa mâchoire, aspirant quand j'le sens sa peau entre mes dents. Il sent bon, son parfum, c'est bon.
— Je me tais... Hm. Je vais essayer mais, si tu continues...
— Ouais, si j'continue ?
Je lui jette un regard, il a fermé les yeux et il mord l'index de sa main libre. Merde, quoi. Si je continue ? Je ne sais même pas comment continuer de toute façon. Mais naturellement, si mes mains descendraient par là...
— Tu veux que j'continue comme ça...?
Mon corps se relève un peu pour venir surplomber celui de Maël. En vrai, de vrai. J'sais pas comment on a pu arriver dans ces positions en à peine une minute. Il est presque allongé sur ce canapé et je sais que c'est à cause de moi en le poussant pour venir cueillir ses lèvres. Il s'est laissé faire et maintenant... Il est à ma merci, presque. Il est magnifique, ça rend fou. Ses cheveux, son visage là... Tout est beau. J'capte même plus mes mains qui se dirigent tranquillement sous ce haut que j'ai envie de lui tirer. Heureusement qu'il comprend ce que je désire. C'est ça que j'aime.
Je dégage son pull. Je crois qu'il a envie de faire pareil avec le mien. Maël mord ses lèvres, désireux, faut que j'aille les marquer encore. Elles me manquent déjà. Mais là... J'veux un peu caresser ce qui se trouve sous mes yeux.
— C'est pas du jeu...
— Tu trouves que je joue ?
— Ce que tu portes. J'veux te voir. Entièrement.
J'essaye d'ignorer tous ces picotements qui prennent place sur ma peau et j'viens l'écouter. Mes doigts attrapent le bout de mon sweat puis j'viens le tirer, le faisant passer par dessus ma tête. Ma chaînette s'accroche sur mon visage, sur le dessus de mon nez mais je viens l'enlever. Je sens son regard brûler ma peau, il me regarde. Il me matte. Comme si c'était la première fois alors que pas vraiment. J'ai envie de lâcher un truc lorsque ses mains se posent sur moi. Il glisse ses doigts, longent mes muscles qu'il prend plaisir de caresser, d'explorer, de palper, de sentir, de ressentir. Je me mords les lèvres tout en le laissant faire. Envie des siennes. Je reviens contre lui, et un frisson qui traverse ma colonne vertébrale m'arrache lorsque nos peaux se touchent. Ses abdominaux frôlent les miens, je me retiens toujours de me coller complètement pour ne pas le blesser avec son piercing... Maël, t'as eu vraiment un mauvais timing de t'le faire maintenant.
Ses mains, ses mains... Ses doigts avec ses bagues qu'il portent tout le temps là, elles refroidissent ma peau qui elle, juste brûle. Brûle comme tout à l'intérieur de moi. Vraiment. Je reluque son corps. Son corps... Il est dingue. Fin, athlétique, élancé, pas trop musclé juste... Le juste milieu, parfait. Lorsque je le touche, son tatouage, ses hanches, sa taille puis ses côtes... Tout se bouscule en moi. Je sais pas vraiment comme décrire cette sensation. Je ne sais plus où donner de la tête, en fait, y a juste lui, juste Maël qui compte à ce moment précis. Son teint est blanc, sa peau est plus pâle que la mienne. Je suis un peu plus mate, il est clair et lumineux, peau dénudée des grains beauté qui au contraire, hantent la mienne. Ses doigts viennent frôler le bas de mon ventre. Je retiens un énième soupir lorsque j'les sens passer sous le tissu de mon jogging. Il sait que ça m'fait de l'effet, de toute façon, il doit bien le voir à ma tête. J'ose même pas m'imaginer. Je dois être rouge. Rose. Dire que il y a deux secondes, j'sentais que j'avais cette petite emprise sur lui mais... Que dalle. Maël ose beaucoup plus que moi, touche plus moi, il ne réfléchit pas trois millions d'années comme moi. Il tire déjà les ficelles de mon bas, son dos s'étant légèrement redressé sur des coussins posés contre l'accotoir.
Je baisse mon regard dans le sien, on s'accroche visuellement, il me rend vraiment dingue. J'm'en fiche de le répéter. Il me rend dingue, il me rend dingue, il me rend dingue. Alors qu'il a concrètement rien fait. Non, il me tease et ça lui plaît, ça me suffit. Je glisse mes doigts dans ses cheveux, les tirant légèrement sans trop savoir pourquoi. J'ai envie, parce qu'il est trop beau. Et j'aime empoigner sa tignasse, ses cheveux qui partent dans tous les sens, ébouriffés, c'est trop attirant pour moi.
— Attends... J'vais t'aider, je souffle tandis qu'il commence à glisser ce foutu jogging sur mes hanches.
J'me relève rapidement puis ouais, il me regarde faire. Je me retrouve — logiquement — en caleçon devant lui, genre, pour la première fois. J'serai moins gêné s'il m'accompagnait. Alors, je reviens au dessus de lui. J'ai chaud. Alors que j'suis presque à poil, dans le salon de la maison de Maël. Mais tout va bien. Je vais bien. À moitié. J'me tirerai pas une balle s'il y a quelqu'un, sa mère en l'occurrence, qui rentre comme ça et qu'elle voit son fils et son « petit-ami » comme elle dit dans une position assez bizarre. Assez entreprenante. J'ai envie qu'on aille dans sa chambre, tout d'un coup. J'lui attrape sa main, lui laissant l'autre caresser ma peau. On se regarde jusqu'à que nos yeux se ferment lorsqu'on recommence à s'embrasser. Sa bouche est humide, à force de se la mordre aussi... Il ne se rend même pas compte de ce que ça fait dans mon ventre en plus, quand il fait ça. Vraiment, ce gars...
— On peut pas monter... ? je chuchote, le laissant répondre aux multiples baisers que j'lui offre.
— Dans ma chambre ?
— Non. Dans celle de ta mère.
Je fais dans l'humour maintenant mais c'est parce que je panique. J'ai la boule au ventre un peu. J'ai pas envie de faire n'importe quoi. Je sens le sourire de Maël se fondre un peu plus contre mes lèvres, ses doigts se retrouvant enroulés contre ma nuque. Il plante ses ongles dedans, et moi j'le relance.
— Dans la tienne, idiot.
Heureusement qu'il se met à m'écouter parfois. Alors, on n'attend pas plus longtemps pour monter à l'étage. Je n'oublie pas de ramasser nos vêtements, il est fou lui... J'peux pas laisser tout ça traîner sur le sol, en sachant que je n'ai pas demandé si sa daronne allait rentrer bientôt, dans quelques heures ou jamais. Je sais pas, ça me stresse un peu. Une fois dans sa chambre, je claque la porte de cette dernière. J'aurai préféré la fermer à clé — au cas où — mais il ne m'en a pas laissé le temps. Ses avant-bras s'accrochent le long de mon cou puis il se met à reculer jusqu'à buter son lit. J'le suis, j'le laisse m'attirer. Je l'embrasse comme si je ne l'avais pas fait depuis cent ans, nos langues se frôlent, se caressent, se perdent, on n'a presque du mal à respirer sérieusement. Mais j'm'en fou, c'est beaucoup trop bon. J'aime ses french kiss, j'aime tout, comment ne pas aimer. Comment ? Aucune idée.
Maël se laisse tomber sur son matelas, sur ses draps proprement arrangés. Plus pour bientôt je pense. Mes mains sur son corps, je me positionne à califourchon sur lui. On est beaucoup mieux ici. J'crois que ce matin il a oublié d'ouvrir ses stores, ils sont à moitiés fermés ce qui laisse la lumière du jour se faufiler un peu. En soit, c'est pas plus mal. Je préfère. Malgré l'obscurité de la pièce, on arrive à se regarder. Je pourrais perdre mes yeux sur lui des heures et puis me dire à la fin « Mais bordel, pourquoi je le regarde autant ? ». Il n'y a pas vraiment de raison, mit à part que la raison c'est lui tout simplement. Mes pensées divaguent quand mes doigts jouent avec la ceinture qu'entoure son jean. Est-ce qu'il est autant perdu, excité, timide, heureux, confus et bizarre que moi ? Je ne sais pas. J'ai envie de lui demander si ça va, si c'est OK, si j'peux continuer, si j'vais pas trop rapidement ou si au contraire, j'suis trop lent. Mais Maël ne semble pas se plaindre de toutes ces mains qui se perdent, de ces baisers à la fois timides puis à la fois envieux, il ne dit rien lorsque je déboutonne finalement son pantalon. Ses yeux se perdent sur mes doigts qui s'apprêtent doucement à lui tirer ce qu'il porte. Et... Voilà. Ça rejoint les autres sur le plancher. Tranquillement.
Ouais. Je réalise, ouais. Ça commence. Je réalise que j'suis en caleçon avec un mec qui m'fait passer par tous mes moyens, dans sa chambre, dans le noir presque, un après-midi après qu'il fait se soit un piercing sexy — limite sur un coup de tête —, j'suis collé à lui parce que j'ai qu'une seule envie c'est de le ressentir au plus près de moi, rien ne va, vraiment rien ne va. Si quelque chose dérape, une main un peu trop baladeuse, une morsure dans le cou ou dans l'épaule, cela risque d'augmenter d'un cran la chaleur de cette pièce et il risque très sincèrement de le sentir.
En parlant de « le » sentir, pas besoin de préciser de quoi je parle. Non parce qu'on sait, je le sais, il le sait très bien. Parce contre ce que lui ignore, c'est la petite partie de ma nuit d'hier soir, celle qui a duré quelques minutes, ces quelques minutes où j'me suis littéralement touché en pensant à lui. J'peux plus penser hétérosexuellement. Ce mot n'existe pas, je sais. Je peux plus. Surtout dans cette situation. Surtout depuis ces situations.
— Ça va... ? s'élève doucement la voix de Maël, ses doigts atterrissant avec douceur contre ma joue.
Je suis avec lui alors oui, ça va. Je me sens bien, chelou mais bien. Mes iris bleus se plantent dans le gris des siens, il a des beaux yeux, je ne sais même pas comment décrire la couleur qu'il a. C'est spécial, c'est à la fois froid et doux, doux comme Maël. Maël, Maël, Maël. Même quand je prononce son prénom, c'est doux. Quand je dis Léo, ça passe moins. C'est nul. Quand je dis Maël c'est... Beau. Ses cheveux sont éparpillés contre un coussin, sur le dessus de son crâne. Inconsciemment, mes doigts s'échouent sur son oreille percée, glissant contre les multiples bijoux qu'il porte et qu'il change souvent j'ai l'impression. Je touche ses créoles argentées, noires, je ne distingue pas vraiment leur couleurs.
— Et toi ? je lâche rapidement.
Le garçon qui se trouve en dessous de moi hoche de la tête puis vient attirer mon visage vers le sien. Oui, encore... Encore et pour toujours s'il te plaît. On s'embrasse une énième fois. Le châtain commence doucement, comme il sait si bien le faire. Je suis les mouvements de ses baisers, je les lui rends, de plus en plus passionnément, de plus en plus fort, de plus en plus amoureusement. Je n'arriverai jamais à m'arrêter, je pense. J'ai trop besoin de... ça. De tout ça. De lui, rien que de lui. Puis sans m'y attendre, Maël profite que je me relâche un peu pour me faire basculer sur le côté, je le sens me monter dessus. Automatiquement, mes mains se posent sur ses hanches, je les empoignent, je touche ses cuisses dénudées, ses fines cuisses et légèrement musclées. Elles sont parfaites. Ses chaînes qui sont restées autour de son cou tombent contre la peau de mon torse. C'est froid mais ça va. À cause de lui j'ai tellement mal au ventre, genre, tellement.
Je retiens un soupir lorsque je sens les lèvres de Maël descendre le long mon corps. C'est parti... Ascenseur de sensations. Il commence par mon cou qu'il explore, gentiment, sa langue ne manquant pas d'y tracer quelques contours et chemins invisibles. Mon Dieu. Ça me rend fou. J'ose même pas imaginer quand il arrivera plus bas. C'est si lent... Merde, pourquoi je m'imagine des trucs aussi sales maintenant ? Pourquoi mon esprit pense directement comme ça ? Genre, on s'embrasse c'est tout. En caleçon, tranquille. On n'ira pas plus loin. Je pense. Je sais pas. Ah, sérieux. Maël trace déjà ces baisers sur mes pectoraux, n'ayant pas manqué de frôler mes clavicules qui ressortent un peu. Une main se glisse dans ses cheveux, je les lui tire comme tout à l'heure. Il me regarde, on se fixe. J'en peux plus. En fait, je le veux. C'est terrible.
— Maël...
Son prénom est sorti tout seul. Son index se pose contre ma bouche, son bras se tendant contre le haut de mon corps car son visage est déjà... Sur mon ventre. Il veut que je me taise, mais comment... Je ne peux m'empêcher de me cambrer un peu, il me mord. Il mord la peau qui recouvre mes fins abdominaux, il passe sa langue fiévreuse entre les lignes de ma musculature. Il est descendu beaucoup trop vite, beaucoup... Mais merde quoi. De simples baisers réussissent à me foutre dans un état pareil. Tout ça parce que ça fait trop longtemps que je n'ai pas fait des trucs avec quelqu'un.
— Hum... Léo ?
J'avais même pas capté que mes yeux s'étaient complètement fermés. Alors, je les ouvre pour tomber sur le châtain, qui est dans une position trop... De toute façon, il voit bien que je suis déjà au bout du bout. Littéralement. Il a cru quoi... Que ça n'allait pas se réveiller avec son visage à quelques centimètres de mon précieux ? Non mais vraiment. Fait chier. J'hésite entre le fait de dire qu'il est simplement innocent ou qu'au contraire, il fait exprès juste pour stimuler. Pour faire tordre mon ventre dans tous les sens, pour faire battre trop fort l'organe en moi qui m'permet de vivre. Mais j'crois que j'vais pencher pour la deuxième option... Je n'oublie pas que ce mec est un véritable démon sous son visage de gentil, de petit ange.
— Merde... Tu pensais que ça allait se finir comment ? je lâche en le voyant regarder ce qui fait de moi un homme, son regard remontant sur moi par la suite.
— Et bien... Je ne pensais pas que j'allais t'faire autant d'effet.
— Ah ouais. Bah si, tu m'en fais, tu le vois là...
Sérieusement... J'ai un peu envie de m'enterrer, j'sais pas pourquoi j'me sens autant gêné. Je ne devrais même pas, wesh. Mais c'est juste la première fois que je me montre dans cet état devant un mec. C'est un peu intimidant, un peu...
— Ça veut dire que je te plais ?
— Putain, arrête tes questions débiles...
S'il ne me plaisait pas, serais-je dans cet état ? Franchement, je ne pense pas. Je crois que j'l'aurai déjà envoyé valser à l'autre bout de la pièce s'il ne me plaisait pas. Mais c'est Maël. Et il sait très bien la réponse mais comme d'habitude, il m'embête. Foutu Maël. Foutu lui, t'avais qu'à pas à être aussi... Bref. J'trouve même plus les mots pour qualifier le mec qui est presque en train de retirer le dernier bout de tissu que je porte. Et qui d'ailleurs, je précise, me dérangeait plus que tout.
— Je te plais, hein... murmure-t-il tout en agrippant ses doigts sur les rebords de mon caleçon, venant le descendre lentement sur mes hanches, contre ma peau.
OUI. Tu me plais, figlio de puttana ! Je déraille complètement si j'me mets à l'insulter en italien, là. Instinctivement, je me redresse. J'étais à moitié allongé mais là, je me retrouve presque assis. J'en peux plus, qu'il se taise une bonne fois pour toute. J'lui attrape le menton, l'incitant à se redresser également. Il me cherche trop à rester là-bas. En bas. Près de tu sais quoi. Ses jambes s'entremêlent avec les miennes, les paumes de ses mains s'appuient contre le matelas, à chaque côté de mon corps. Son nez frôle le mien et j'attrape sa bouche avec la mienne. Je lui mords sa lèvre inférieure, il soupire car il kiffe.
— À ton avis, je chuchote.
— Je te plais à mort.
— Voilà...
Il me plaît à mort, à moi. Sans que je puisse l'empêcher, je le laisse me mettre à nu. Il se redresse doucement le temps de glisser mon Tommy Hilfiger loin de moi. J'essaye de garder le contrôle, vraiment, j'suis à deux doigts de venir lui dégager le sien. J'veux le voir. Je veux tout. Franchement, je veux beaucoup trop de choses le concernant. Maël dirige ses yeux vers le bas, curieux, ouais... Curieux. Âme pervertie. Mais j'avoue, je le suis aussi. Je me mords les lèvres et le laisse me reluquer avant de lui attraper le visage, le forçant à me fixer moi. Mes yeux, dans les yeux. Toujours assis sur ce lit, lui, toujours presque collé à moi. Je me retiens de lever le regard au plafond lorsqu'il vient m'attraper entre ses doigts. Ah d'accord, il est comme ça... Je sens qu'il veut dire quelque chose mais j'lui coupe en avance la parole. Je sais que cet idiot peut faire plusieurs choses à la fois mais, pas ça... Sa bouche s'entrouvre avant même que je le force à le faire. Ma langue rejoint directement la sienne, franchement, c'est une tuerie. C'est une tuerie quand on s'embrasse comme ça. Tout devient flou, ça devrait être illégal de se sentir comme ça. Pourquoi j'découvre cette connerie aussi tardivement ? Pourquoi il est le seul à arriver à me rendre aussi atteint... Maël. J'sais pas comment on a fait pour en arriver là, j'sais pas d'où tu sors mec, mais je me le jure intérieurement de jamais te laisser t'échapper de moi. T'es à moi. T-o-t-a-l-e-m-e-n-t. À moi. Ça m'fout des frissons de l'avouer. Je suis fou, je crois. Mon dieu, je suis fou oui.
Je peux pas le laisser tout faire. Alors, je décide de l'accompagner moi aussi. Sans qu'il ne s'y attende, mes doigts glissent contre la matière de son caleçon, il en gémit presque tellement il est tendu lui aussi. Je retiens de lancer une injure, parce que c'est beaucoup trop excitant. Bordel, quoi. Pourquoi t'es comme ça aussi ? Un jour, il va réussir à me tuer...
— Tu me fais trop languir, je lâche dans un soupir. Enlève-le pour moi.
Je parle sèchement, presque autoritaire. Mais c'est parce que c'est trop pour moi là. Maël est en train de me masturber, j'suis censé être comment ? Et qu'il arrête de sourire, par la même occasion. Comment il peut être comme ça dans ce genre de situation ? On dirait qu'il est totalement à l'aise, ça me stresse. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder.
— Allez... je m'impatiente et Maël pouffe légèrement.
— Je l'enlève, je l'enlève...
Il le fait exprès, encore. Il me lâche deux secondes le temps de se déshabiller à son tour, complètement. Quand je le reluque, je me sens encore plus rouge et brûlant. Mon coeur frappe fort dans ma cage thoracique, c'est abusé. Allô, les secours. J'ai envie de lui dire de se calmer mais j'peux pas quand je me retrouve face à lui. Je lie à nouveau nos deux bouches. Il me reprend en main et moi... J'le copie. Lorsque je le touche enfin, je ne sais même pas comment décrire cette sensation. Je n'ai jamais fait ça à un mec. Jamais. Mais je sais comment ça marche, je sais ce qu'on aime nous, les gars. Maël aime, adore, il fronce les sourcils quand j'commence mes mouvements sur lui. Il gémit, je me retiens. Lui, il ne se gêne pas du tout. Au contraire, il est plutôt expressif contrairement à moi. Et ça putain, ça me plaît.
Regardes-toi Maël, regardes-toi... Expliques moi comment j'suis censé me retenir de te dévorer, de te croquer, de te marquer, de te griffer, de mordre ta peau là, elle demande que ça. Ta peau blanche qui a déjà accueillie mes traces la dernière fois. Dans ce même lit, tard la nuit... Mon visage se glisse dans le creux de son cou. Le châtain relève le menton vers le plafond, de sa bouche se mélangeant soupirs et gémissements. Et mon prénom, en prime... Il dit mon prénom, et ça sonne comme une mélodie. T'as vraiment une belle voix Maël, quand t'es comme ça. Tu as une belle voix tout le temps mais quand t'es dans cette phase... Il n'y a pas de putain de mot dans le dictionnaire francophone pour expliquer ça.
— Tu... Merde, tu me rends vraiment fou, je soupire en embrassant la peau de son cou vide de mes marques.
Vide mais pour plus très longtemps... Ma langue se fraye déjà un chemin à travers sa peau, mes dents attrapent déjà une parcelle puis prêt à la maltraiter, provoquant alors cette douce torture dans sa splendeur que j'ai présenté le suçon. Ses doigts sur ma virilité s'accélèrent, les miens aussi. J'essaye de suivre sa cadence, cette cadence qu'il m'impose, qu'on s'impose. Tantôt lentement, tantôt rapidement... Son but est de me faire perdre la tête, littéralement. Sauf que j'la perds déjà. J'la perds depuis le début.
Maël. Demain, portes un col-roulé. De toute façon, ça te va beaucoup trop bien.
— Toi, pas assez...
Je retiens un sourire. Qu'il ne me cherche pas trop non plus. Parce que là... Putain, comment j'suis censé rester en vie avec ce mec ? Tu es trop exigeant, j'suis sûr que j'suis en train de te faire la masturbation de ta vie, petit con... Enfin. J'espère merde.
— La ferme, j'ordonne contre sa bouche odieuse, attirante mais juste odieuse car elle dit que des conneries.
Je manque de gémir lorsque sa main remonte dans un chemin de griffures le long de mon dos, cette dernière finissant son tracé sur ma nuque. Merde. Trop bon. Qu'il recommence. Sauf qu'il ne le fait pas, ses doigts préférant se glisser contre mon crâne rasé, traçant alors les contours de ma tête, m'attirant encore plus près de lui. Je veux le rendre encore plus fou... Mais je ne sais pas. Enfin. C'est pas que je sais pas mais j'ai peur de savoir faire, de me lancer, de... Oh, et puis qu'il se contente de m'embrasser. Avec la langue. Un vrai putain de baiser je veux.
Honnêtement, j'sais pas combien de temps ça fait que nous sommes dans cet état. Honnêtement, j'sais pas si on se retient parce que la fierté, tu connais et aussi parce que je veux qu'il vienne avant moi. Ou alors... Je veux qu'on vienne en même temps. Ouais, j'pense que j'veux faire comme ça. Mais son pouce qui me taquine trop là, j'vais pas réussir à tenir deux minutes de plus. Ses coups de poignets, ses vas-et-viens quasiment divins, j'sais pas mais wesh... Il s'y prend trop bien. Bordel, c'est bon. J'peux plus. Je chuchote contre l'os sa mâchoire que j'étais en train d'embrasser, complètement sous l'extase qu'il me procure.
— Je peux plus... Fait chier...
Je relève mon visage et le pose en face du sien. Je veux le regarder. Voir sa beauté. Venir comme ça. Putain, que t'es beau. J'pensais pas que les gars ça pouvait être aussi beau. Tes sourcils qui se froncent, tes paupières à moitié fermées, ton nez rose là, tes yeux dans l'flou, ta bouche mouillée qui n'a fait que d'être mordue, embrassée... et un peu maltraitée. Tes joues rouges qui contrastent avec ton teint blanc, franchement... C'est Maël.
Puis là, c'est bon. J'suis pris à moitié d'un spasme, j'suis arrivé à la jouissance. À cause de Maël. Grâce à Maël. Avec Maël. Lui aussi. On se laisse aller entre nos doigts, je plaque mes lèvres contre les siennes, étouffant ainsi nos gémissements. Je tremble, de partout, contre lui, avec lui. Mon corps s'affaiblit un peu, ayant l'impression de perdre un peu de mes forces. L'agitation sur nos membres se calment, doucement, peu à peu, au fur et à mesure. Nos doigts sont juste dégueulasses, collants mais sur le moment... J'm'en fiche pas mal. J'ai joui avec Maël, on s'est fait plaisir. Et mon Dieu... Non, pas mon Dieu... J'vais aller en Enfer, j'le sais d'avance. Avec lui. J'le savais déjà. Mais les Enfers avec Maël, franchement... J'lui tiendrai même la main et ça passera crème. Ouais. Mon Maël, quoi. Tu es fou. On est fou.
— Hum... J'aurai pas pensé qu'aujourd'hui allait être le jour où j'allais te bra-
Non, tais toi. Dis plus rien. Je lui offre ma bouche pour qu'il se la ferme et fort heureusement, il l'accepte et commence à bouger ses lèvres contre les miennes. Un baiser chaste, normal, sans langue, simple, un baiser pour finir ce qu'on vient de faire en beauté. Lorsque nos visages se reculent mutuellement, nos corps aussi. On est toujours nus comme des vers. Mais l'excitation est complètement descendue après ça et... Mes joues se colorent un peu lorsque je regarde Maël. Lorsque je le regarde en bas, j'veux dire. Oh merde, j'sens que je vais jamais m'y habituer...
— Je rêve ou t'es gêné après ce qu'on vient de faire là ? rigole le châtain qui se laisse tomber sur son lit, s'enroulant dedans.
Je soupire. Oui. Un peu. Lorsque je tente un regard en sa direction, il est en train de fixer sa main pleine de... Bah, de mes mini-moi. Putain, pourquoi il regarde ça ainsi, ce con ? Je chope son pull qui jonchait au sol et le lui lance tout en me relevant, enfilant premièrement mon boxer.
— C'était trop bien... soupire-t-il doucement et je l'entends.
Je sais pas pourquoi mais sa remarque me fait légèrement sourire. Je pense pareil, je crois. Enfin, non. C'est même sûr. C'était bien, mieux que tout seul pour le coup. Après avoir remit mon Tommy Hilfiger, je viens le rejoindre sur son matelas. Au fond de moi, je n'y crois pas encore. Il me faut un peu de temps pour m'en remettre, retrouver mes esprits. Maël semble lui aussi un peu fatigué, mais il a reprend son souffle tout doucement, nous plongeant dans un silence intime. Prit d'un élan incontrôlable, je lui attrape la main. Celle qui n'est pas sale, évidemment. Doucement, je lie nos doigts ensemble et le châtain semble un peu surpris par ce geste, faut dire que je lui ai jamais prit ne serait-ce qu'une fois la main comme ça. Je suis la personne la moins romantique du monde, la personne la plus naze pour faire marcher une relation — en plus — avec un mec qui mérite genre mieux que moi, Léo Armanetti. Quand je le regarde j'me dis que je veux, que je dois faire des efforts pour lui. Parce que c'est Maël, parce que même s'il me fait chier et que c'est un merdeux par moment, même si c'est un gars qui me complique la tâche quasiment tous les jours et que sa bouche sort les 3/4 du temps des bêtises, malgré toutes ces choses qui font de lui ce qu'il est, je peux nier cette évidence. Ce serait mentir si j'disais que je ne me prends pas la tête à réfléchir, réfléchir à tout ce qu'on vit, tout ce que je ressens, tous ces trucs quand je suis avec lui. Mais quoi, c'est juste tellement plus simple en fait. Maël est mon contraire, pour beaucoup de chose. Je me demande vraiment comment on peut s'entendre lui et moi, parfois. J'crois qu'il faut que j'arrête de vouloir chercher une réponse, des réponses. C'est juste comme ça, c'est tombé sur lui et je dois l'assumer. Maël est mon mec, maintenant.
On reste quelques longues minutes comme ça, allongés, ma main tenant la sienne, ces dernières posées contre mon torse. Parfois je regarde le plafond, parfois les murs de sa chambre, les photos qu'il a sur ses meubles, son bureau, le petit bordel qu'est sa pièce rien qu'à lui, nos vêtements qui traînent encore sur le sol et puis... Je le regarde aussi lui. Je n'ai pas envie de briser ce moment mais je sais que tôt ou tard, il faudra qu'on se lève. Qu'on se rhabille, tranquille, puis que je parte. Parce que demain on va devoir retourner au lycée, et faire comme aujourd'hui. Tout pour ne pas faire remarquer aux autres ce qui nous unit un peu plus chaque secondes, minutes, heures, semaines, bientôt mois. Peut-être années, soyons fou. Je me lance trop vite et je le sais, puis ça m'fait trop flipper le futur. Beaucoup trop. Je sais pas ce que je vais foutre de ma vie, j'en sais rien. Je fais parti des paumés. Au moins, y a une chose que je veux. Que l'idiot qui se trouve à mes côtés fasse parti de ce flou, de ce petit brouillard effrayant qu'est mon avenir.
On sursaute légèrement lorsque la porte d'entrée s'ouvre et se ferme dans un bruit. Maël se redresse, comme réveillé d'un rêve bien trop court. Non... Ça me fait chier. Je crois que sa daronne est rentrée. Il fallait vraiment qu'elle débarque à ce moment, sérieusement. Je me plains alors que c'est sa maison. Mais quand même...
— Elle avait pas dit qu'elle rentrait plus tard...!
Pour une fois que ce n'est pas moi qui est le plus paniqué. Enfin, je le suis aussi vu à la vitesse dont je renfile mes fringues. Maël le fait en moins de dix secondes, ne prenant plus la peine de remettre sa ceinture. Il décide de la balancer contre sa commode, la boucle frappe le mur. On nettoie également nos mains, franchement, j'avais complètement zapper... Le garçon — j'ai failli dire « mon mec »... — saute sur son lit et ouvre sa fenêtre, tirant sur ses stores pour faire pénétrer la lumière du jour dans sa piaule. Ouais, aérer me semble une bonne idée. Je me rapproche du miroir qui est posé près d'un rangement où traînent beaucoup trop de trucs, venant tapoter mes joues qui, fort heureusement, ont reprit une couleur normale. Franchement... J'ai pas envie de voir sa mère, Adèle. Elle est gentille, mais j'ai la flemme quoi. En plus on l'entend parler d'en haut, elle semble être au téléphone. Je ne sais même pas si elle se doute que son fils soit rentré à la maison et encore moins que son « petit-ami » est avec lui. Putain. Je me souviens avoir lâché mon Eastpak à l'entrée maintenant. C'est sûr qu'elle sait que je suis ici, en fait.
— On descend, tu viens ? me lance Maël, me faisant sortir de mes pensées.
Je hoche de la tête, une boule au ventre. J'en ai marre de me sentir stressé quand je dois dire bonjour à sa génitrice. Je le suis alors à travers le petit couloir avant de descendre les escaliers, me tenant derrière lui. Une fois en bas, Adèle se trouve dans la cuisine et elle a quitté son portable, buvant un verre d'eau, eau venant de la petite fontaine du frigo. Quand elle nous voit, elle ouvre un peu plus les yeux et nous fait un signe de d'avancer.
— Hm, vous êtes là ! Je n'avais même pas remarqué que vous étiez rentré des cours ! s'empresse-t-elle de raconter.
— M'man, c'est mercredi aujourd'hui. On a fini à midi.
— Je sais bien mais... Ah, j'ai la tête ailleurs. Alors, comment s'est passé votre journée ?
Comme à chaque fois que je me retrouve chez les Gautier, je prends place sur cette fameuse chaise de la table à manger, celle à côté du balais et de la poubelle. J'sais même pas pourquoi.
— Ouais, ça va ! Léo est venu étudier pour nos cours de langue, j'ai dit que j'allais l'aider pour notre prochain oral.
J'ai envie de mourir parce que j'ai directement comprit à quoi il faisait allusion. Sa mère, elle, comprend bien évidemment la logique de ce « cours de langue », Maël a rajouté que c'était de l'espagnol ainsi que l'anglais. Je comprends pas comment il fait pour rester sérieux en disant ça, surtout après ce qu'on vient de faire... Quoi que j'ai l'impression de voir que son sourire discret qu'il essaye de cacher.
— Ah oui ? Oh vraiment, ça me rappelle des mauvais souvenirs à moi tout ça... !
— Moi j'aime bien, répond Maël tout en se penchant sur la fenêtre de la cuisine, s'allumant une clope à l'aide d'une allumette.
— Toi tu aimes tout de toute façon.
Derrière son apparence de mec qui à l'air de s'en ficher de tout se cache vraiment une grande intelligence. De toute façon je l'ai directement senti et dès ce premier jour où il s'est assis sans que je lui donne l'autorisation à ma table, en cours de maths. En début d'année, ouais. Je m'en souviens, j'avais envie que personne ne me fasse chier. Bien que je puisse paraître parfois pour un mec saoulé de tout, de la vie, il a quand même tiré la chaise voisine et a posé son cul dessus. Depuis ça, j'ai même pas capté que plus le temps passait et plus il rentrait dans mon quotidien. Dans ma routine de lycéen banal.
On discute pendant une bonne humeur des choses banales de la vie, je crois que la mère de Maël est tout aussi attachante que lui. Elle m'explique, elle se livre à moi comme si j'étais une personne en qui elle pouvait faire confiance, je ne peux pas faire semblant avec cette dame. Entre temps, on fume des clopes. Deux ou trois. Quatre. Les doigts du châtain se perdent contre les miens par moment, discrètement et un peu timidement. Il fait surtout ça quand Adèle se retourne vers la gazinière, cette dernière ayant commencé à faire fondre du beurre et une tablette de chocolat. Ouais, la femme de la maison a eu une soudaine envie de faire un gâteau. Au contraire, ça ne me dérange pas. J'aime bien. Je ne vois pas le temps passer et, sans même m'en rendre compte, j'apprends un tas de chose sur eux, sur lui. Maël possède un frère, un grand. Je me rappelle de ce mec, j'ai débarqué une soirée chez les Gautier et il m'avait ouvert la porte, à moitié défoncé. J'apprends qu'il est considéré comme le raté de la famille, enfin, il est surtout vu comme ça par le père de Maël. D'ailleurs, ce dernier... Adèle et lui sont séparés depuis pas très longtemps, moins de deux ans. Et depuis, tout s'est un peu bousculé. Cette rupture a brisé certains liens dans cette famille. Maël déteste son daron, il le déteste pour tout le mal qu'il a pu faire à sa mère. Tout tourne sur une histoire de tromperie, de fric, de russe cherchant la liberté de la France, de ce genre de connerie. Maël est resté avec sa daronne même si son père Sylvain a tout essayé pour avoir sa garde complète. Pourtant, c'est lui qui a l'argent, la richesse. Il a tout sauf l'amour et ça, je l'ai remarqué quand je suis allé à l'appartement luxueux de son géniteur. Ici, tout est très différent. La vie des deux est tout aussi normale que la mienne, en fait. Un revenu tout à fait banal, une maison assez bien pour deux personnes, voir même trois. Elle se débrouille et fait du mieux qu'elle peut pour faire vivre son fils. Même parfois, le grand. Car d'après ce que m'a expliqué Maël, il a masse de galères. Je sais pas pourquoi mais ça ne m'étonne même pas. Je l'avouerai jamais devant eux mais ce bonhomme me fout les jetons. Il ressemble plus au père du châtain qu'à Adèle. Un regard froid, méchant et à la fois triste, on dirait qu'il veut casser la gueule à tout le monde. Je sais pas.
Finalement, j'ai prévenu ma mère que je rentrais pour le dîner. J'ai souhaité une bonne soirée à Mme. Gautier et là, je me retrouve quelques mètres plus loin, garé le long d'un trottoir, adossé contre la portière de mon Audi. Je passe un doigt sur cette dernière, faudrait que j'aille m'occuper d'elle et la laver, parce que là... Avec les pluies et le mauvais temps qu'elle s'est prise, la pauvre.
— Rentres bien... lance doucement la voix à mes côtés, celle de Maël qui est en train de mourir de froid sous le fin gilet qu'il a enfilé.
Je souris doucement, me retournant vers lui. J'ai dû mal à le quitter, je l'avoue. J'ai envie qu'on reste encore un peu ensemble mais... Je pense que ça suffit largement pour tout ce qu'on a fait aujourd'hui. À cette pensée qui me fait frissonner, je viens tout de même l'embrasser. Dans la rue, comme ça, autour de ces maisons qui se ressemblent toutes. Ses lèvres, divines et glacées, m'embrassent en retour.
— On s'voit demain.
Je sens bien que lui non plus n'a pas envie de lâcher. Mais on doit bien le faire alors, je décide d'ouvrir la portière de ma voiture et de m'engouffrer dedans, ne le quittant pas du regard.
— Oui. On se voit demain, alors.
— Fais pas cette tête sinon j'vais pas réussir à démarrer, je soupire, les clés en main.
— C'est pas plus mal...
Je le fais quand même, allumant le moteur froid de mon Audi. Je profite alors le temps qu'il se réchauffe pour lui répondre.
— Tu sais que t'es vraiment embêtant comme gars ? Genre, quand tu t'y mets.
Bien sûr qu'il le sait, je suis même con à lui poser cette question. Mais bon. Il m'énerve à rester planté là alors qu'il se gèle littéralement les couilles... Pour moi.
— Tu l'es encore plus que moi, ajoute-t-il comme si c'était lui qui a raison.
Est-ce que je suis plus chiant que lui ? Franchement, j'ai envie de lui accorder raison pour cette fois. Je me connais un peu mais je n'ai pas ce point de vue extérieur de moi-même. Lui, il l'a. Alors ouais, peut-être que j'suis un mec chiant mais pas au point d'empêcher mon gars d'partir et de me congeler pour lui. Eum.. J'crois, ouais.
Finalement il me relâche, se décalant un peu plus sur le trottoir pour me laisser faire ma manipulation : sortir de mon créneau, étant bien évidemment bloqué entre deux voitures. Je lui fait un dernier signe de la main avant de prendre la route. Il me sourit, je lui souris aussi. On a peut-être l'air con mais bordel, sur le moment j'en ai vraiment rien à foutre. Je m'en fiche de paraître ainsi quand j'suis avec lui. De toute façon, c'est impossible de me contrôler. Il me fait sentir... Il me fait ressortir un côté qui était précieusement caché en moi.
En arrivant chez moi, ma mère Adriana me demande trois milliards de fois où j'étais. Ma sœur, sorti de nulle part avec son portable en main, sort sans aucune gêne :
— Il était avec Maël, mamma. Il a posté une story sur Instagram.
Je laisse tomber mon sac au sol, enlevant avec flemme mes chaussures. Je me demande ce qu'il a posté, j'ai même pas eu le temps d'aller voir pour le coup. Quand je passe derrière Gabriella qui est assise sur le canapé du salon, je vois que ce n'est qu'une photo du paysage de la ville, on voit qu'il est dans une Audi ou du moins, dans une voiture. Mais comment cette malade a reconnu ? J'vous jure, parfois j'me demande si elle n'est pas dans les piratages ou un truc du genre. Ma mère attrape le téléphone de ma petite-sœur pour voir de plus près.
— Ce Maël... est un bon garçon, guisto ? (*pas vrai?)
— Mais... Certo che sì ! (*bien sûr que oui) C'est Maël, maman. Tu l'as déjà rencontré ! Et puis, il n'y a pas longtemps, il est même passé à la maison... Et il était avec Léo, encore !
Je vois même pas pourquoi on parle de lui... Je ne peux m'empêcher de penser au châtain, par leur faute. Je sens mes joues rougir tout en servant un verre de lait, baissant le regard sur le récipient que je remplis presque lentement.
— Hmm... À la maison ? continue ma génitrice, ne se doutant nullement que ce Maël est même venu un peu plus d'une fois ici. Léo, tu devrais quand même me dire quand tu invites tes amis, qu'ils ne voient pas ce bordel au moins... Dannazione, (*merde) que vont-ils penser de notre maison...
— Ouais bah, j'ai vu pire moi. T'inquiète.
Je mens. En vrai ma mère est maniaque aussi, elle croit que c'est tout le temps le bazar mais elle le voit toute seule son bordel. Franchement, y a des gens qui vivent dans des conditions tellement plus pires et sales. Nous, ça va.
— D'ailleurs, oh my god ! Il vient de changer sa bio, à l'instant ! s'exclame ma sœur tandis que j'étais à deux doigts de monter à l'étage.
— Bio ? Cos'è questo ? (*qu'est ce que c'est) demande Adriana, amenant son café aux lèvres.
— C'est ce que tu mets pour te décrire, mamma. Moi par exemple j'ai mit : kpop, Taehyung et euh... Manga, mais c'est pas vraiment des mangas que je... Bref ! Mais Maël n'a jamais rien mit, mais là il vient de mettre « L » avec un point. Juste maintenant, je viens d'actualiser son profil...!
Ma daronne comprend à moitié ce que ma gamine de sœur raconte, c'est pas plus mal d'ailleurs. Sans me rapprocher d'elles, je décide de sortir mon iPhone de ma poche. J'ouvre cette application que je déteste et voit bien qu'il... a mit l'initiale de mon prénom ! Puis j'suis tellement loin d'être idiot que je comprends directement que c'est de moi qu'il veut parler... Mais pourquoi il a écrit ça ? Sans même réfléchir, j'affiche notre discussion. Elle date de quelques semaines, les messages qui s'affichent sont sans intérêt, ça me rire nos débuts. Un peu.
— Mais pourquoi il a mit un « L »... Peut-être qu'il aime Death Note ? D'ailleurs, il ne m'a toujours pas follow ! Je comprends pas ! râle toute seule Gab, les sourcils froncés et un air boudeur au visage.
Je finis par me laisser tomber sur l'unique fauteuil du salon. Flemme de monter en vrai. Mes doigts tapotent le tactile de mon écran, mes pieds venant se poser sur la petite table basse devant moi. La télé affiche une émission de jeu et Adriana s'amuse à souffler les réponses avec les spectateurs du plateau, sortant des mots en français avec son accent italien qui déforme un peu ses phrases.
leobggg09 : 🤨pk t'as mit ça.....
leobggg09 : ...
Je sais pas pourquoi je rajoute trois petits points en plus, pour montrer mon incompréhension sûrement. Ma sœur ne cesse de s'exprimer sur le bio mystérieuse de Maël, vraiment elle me casse les burnes là. J'ai l'impression que Gabriella est en totale kiffe sur lui et ça ne me plaît pas des masses. Ça m'énerve. Puis ses photos aussi, faudrait qu'il les enlève. Elles sont beaucoup trop attirantes et j'suis sûr que c'est pour ça que ma sœur bave. Du haut de ses 15 ans, j'ai l'impression que je n'ai vu aucune pointe d'innocence dans cette humaine totalement pervertie, sérieusement, elle fait que de parler de mecs avec ses copines à longueur de journée, elle rêve d'avoir un « Daddy », par contre ça j'ai pas osé lui demander c'était quoi. Je vais faire des cauchemars sinon.
— Il m'a follow, maelgaut, m'a follow ! Yes, yes ! s'écrie alors Gab tout en se levant du canapé, sautillant comme une conne devant ma mère qui la pousse d'un coup de pied.
— Ridicola ! Gabriella !
— Mamma, Maël m'a follow ! Mio Dio ! Il a écouté mes prières... ! Ti amo...
Je passe mes doigts sur mon front, essayant de pas la dégager loin de cette maison. Elle me rend fou à faire sa gamine comme ça, et pourquoi il l'a follow lui aussi ?! Heureusement qu'il me répond, j'ai quand même attendu trois minutes. Cinq minutes, même.
maelgaut : pourquoi j'ai mit quoi ?
maelgaut : ta sœur m'harcele de msg, wsh !
leobggg09 : TU AS MIT UN PTN DE L
leobggg09 : ...dans ta bio là 🙄
leobggg09 : ouais jsais elle est devenu folle après avoir vu 🥱
leobggg09 : t'es conscient de ce que t'as fait ?
maelgaut : ahhhh
maelgaut : tu veux que j'enlève ? 🤭
maelgaut : mdrrr elle me fait rire moi, j'avais pas vu qu'elle m'avait suivi 🤭
Son deuxième message est surtout celui que je retiens.
leobggg09 : ft comme tu veux
Au fond de moi, je la connais très bien la réponse. C'est pas que j'ai envie qu'il l'enlève mais j'ai peur que ça éveille des soupçons, que ça intéresse, qu'on fasse le lien. Même si, je suis d'accord, je suis pas le seul à avoir un « L » comme première lettre de prénom. Mais je sais pas... Ça pourrait être tout et n'importe quoi de toute façon. J'vois pas pourquoi je lui dirai de supprimer au pire... Je m'en fiche. C'est comme sa story. Mais non. Mais on va directement faire le lien, en fait. Putain...
maelgaut : ça va pas toi ? :(
Je fronce un peu les sourcils, son message a un peu tardé. Je pensais qu'il n'allait plus me répondre.
leobggg09 : si, oe cv
leobggg09 : pourquoi ?
maelgaut : jte jure que si ça te gêne j'enlève ❤️
maelgaut : c'était juste pour avoir une marque de toi...sur mon profil
maelgaut : et en parlant de marques...
maelgaut : you're affamed.
maelgaut a envoyé une photo.
Putain ! Pourquoi il m'envoie ça, sans prévenir ! J'ai failli renverser mon téléphone, le jeter, j'imagine même pas deux secondes s'il avait atterrit dans les mains de ma sœur. Je rapproche un peu plus l'écran de mon visage, le tenant qu'à quelques petits centimètres de mes yeux. J'essaye de contrôler mon cœur mais j'sais pas, j'y arrive pas. Mes deux pouces viennent zoomer sur l'image de Maël, de son corps, de son torse. Il vient de sortir de la douche, sa tête est cachée par son iPhone mais j'arrive à voir que ses cheveux sont mouillés. Sur son cou et un peu plus bas, sur le dessus de ses clavicules sont présentes des marques, certaines un peu plus marquées que d'autres. Et puis merde... J'étais tellement dans une autre phase que j'avais même capté que je lui ai fait tout ça.
leobggg09 : supprime cette photo de ta galerie après
maelgaut : peur que je l'envoie à quelqu'un ?
leobggg09 : nn
Je soupire, il vient de voir mon message. Avant qu'il réponde, je tape rapidement :
leobggg09 : ...oui
leobggg09 : g pas peur, juste j'veux que personne ne tombe dessus
maelgaut : why ? 🤭
Il me fatigue avec ses « pourquoi » ! Toujours, pourquoi, pourquoi, pourquoi. Parce que, mec.
leobggg09 : je t'ai dit d'arrêter avec les questions débiles
leobggg09 : tu sais tres bien pourquoi 😑
maelgaut : je sais jamais pourquoi !
leobggg09 : fais pas le mec innocent ça te va pas
leobggg09 : surtout depuis tu sais quoi
leobggg09 : bref je vais me laver aussi
leobggg09 : adios
Avant de quitter Instagram, j'attends qu'il me réponde, j'attends sur notre conversation. Je ne peux m'empêcher de lire les messages qu'on vient à peine de s'envoyer, sans trop avoir de raison.
maelgaut : hihi
maelgaut : je peux venir avec toi ?
leobggg09 : non bye
leobggg09 : hihi 😑
maelgaut : but
maelgaut : k
maelgaut : kisses on your mouth
leobggg09 : oui
Et je quitte l'application sur ce dernier mot. Je soupire un peu puis regarde devant moi. Ma sœur et ma mère n'ont pas bougées, d'ailleurs Gabriella semble s'être calmée. Elle a désormais une paire d'écouteurs dans les oreilles et textote sur portable, un sourire aux lèvres qui fait apparaître son appareil dentaire. Je monte dans ma chambre, Adriana ma daronne m'indique qu'elle au final la flemme de faire manger et qu'elle commandera à notre pizzaria italienne préférée. Franchement, comment ne pas finir mieux la soirée. Je me le demande...
⁂
Le lendemain, sport. Comment dire qu'on a gardé les mêmes équipes de la dernière fois et qu'on se retrouve encore à être sous les « ordres » de cette pétasse de Léa. Non mais sérieux, qui lui dit que personne ne l'aime ? Parce qu'honnêtement, je n'en peux plus. C'est fou, j'avais l'impression que c'était une meuf normale quand on était en groupe pour la chimie mais quand elle est entourée de gens, c'est le genre de nana à tout faire pour se remarquer. Chiant. J'ai une pensée pour Clarisse en ce moment même, elles doivent être amies c'est obligé...
— D'accord, les garçons ?!
A vrai dire, j'ai même pas écouté ce qu'elle nous raconte. En plus elle s'adresse aux mecs alors qu'il y a quelques filles, ses copines en l'occurrence, vraiment... Elle me donne envie de lui foutre une claque.
— Bon Léa, c'pas que tu nous casses les couilles mais un peu. J'me mets avec Léo pour les passes, tu vas pas me faire chier à me mettre avec l'autre... J'sais plus son nom...!
— C'est Clara...
— Ouais ! Bah voilà, Clara ! s'offusque Kévin qui balance au sol le ballon de foot, les sourcils un peu froncés. J'sais pas, tu nous fais tous chier.
— J'avoue, soupire un mec de notre classe, Augustin.
Je rejoins Kévin, me plaçant près de mon ami. Ce dernier me fixe rapidement, me lançant un regard d'exaspération. Alors Léa s'énerve un peu, détestant sûrement le ton sur lequel mon ami lui a répondu. Ah, ça me fatigue. Qu'on commence à bouger. D'ailleurs, j'ai totalement perdu Maël de vue. Il est où ? Je tourne sur moi-même, fixant les moindres recoins de gymnase. Puis, c'est là que je le vois avachi sur des matelas, genre les trucs où fait acrosport, vraiment le pire truc au monde ce « sport ». Je me rappelle, Romain s'était pété le poignet parce qu'un mec qui faisait le double de ses kilos lui a monté dessus, pensant sûrement qu'il pesait le poids d'une plume. Sérieusement. Bref. Le châtain est hypnotisé par son iPhone et ne semble pas du tout motivé à faire quoi que ce soit.
— Va te faire foutre ! Au pire, faîtes ce que vous voulez, vous savez ! J'en ai marre, moi ! Personne m'écoute, ça me saoule ! geint Léa en voyant tous les mecs lui tourner le dos, discutant entre eux.
Je laisse passer un soupir tout en suivant Kévin qui nous amène un peu plus loin, commençant alors l'échauffement avec les ballons. J'essaye de suivre ses mouvements, zieutant par moment Maël qui n'a toujours pas bougé. Mais qu'est ce qu'il fout ?
— Putain, j'te jure j'vais demander au prof de changer le capitaine parce que là... J'peux pas laisser cette meuf l'être pour tout le cycle ! lance mon ami assez fort pour que la « capitaine » en question se retourne vers nous.
— Ouais... Tu lui diras que tu veux l'être, toi.
— Non mais ouais ! En plus elle connaît rien au foot, elle sert à rien.
Je suis bien d'accord. Elle fait n'importe quoi, je me demande vraiment pourquoi le prof lui a donné ce rôle à elle. En y réfléchissant, l'autre équipe à Bastien pour leader... J'suis sûr qu'il doit mieux se débrouiller que cette Léa.
— Oh, Maël ! T'es dispensé ? Tu veux bien te mettre avec moi, Clara s'est mit avec Béatrice et je me retrouve toute seule...
Super... D'une oreille, je ne peux m'empêcher d'écouter la conversation au loin. Et vu que j'sais pas faire deux choses à la fois, je rate toutes les passes que Kévin m'envoie. Ce qui bien sûr, le fait râler.
— Mec ! T'es claqué aujourd'hui, rajoute-t-il après avoir couru un peu plus loin pour ramener le ballon.
— Ouais, désolé...
— Mec, t'es sûr que ça va ? J'peux me mettre avec Augustin si tu te sens pas bien. Monsieur, Léo il se se- !
— Kévin, ça va je te dis. Putain...
Heureusement qu'il se tait rapidement, il y a quand même quelques regards qui se sont posés sur nous vu qu'il a commencé à hurler, ce malade. Je t'aime bien bro mais évites... Sérieusement. Le sifflet retentit dans le gymnase et tout le monde s'arrête presque sur le champ.
— Bien ! Tous, on se rassemble... ! Nous allons commencer les matchs !
Ces deux heures de sport sont passées plutôt rapidement et je ne m'en plains pas. Ce n'est qu'une fois dans les vestiaires que je commence à rager. Parce que j'ai oublié de prendre un t-shirt de rechange, et j'ai plus rien dans mon casier au lycée. Ça me fait déjà chier, comment bien commencer la journée quoi : en puant. Je passe le col de mon haut sous mon nez, reniflant rapidement mon corps. Bon. J'espère que le déodorant suffira quand même.
— Merde, Kévin !! Tu m'passes ton AXE, steuplé mec ? intervient un mec de notre classe, implorant presque mon ami qui lui balance son spray.
— Seulement si t'arrives à le rattraper ! Réflexe.
— Yes, merci.
Je suis dans les premiers à me rhabiller complètement, du coup. Je me pose finalement sur le banc qui entoure les murs des vestiaires, patientant que mes potes finissent de se changer. Ils sont longs, j'veux sortir moi.
— Oh... Putain. Maël, c'est quoi c'que t'as là ?
— De quoi ? réponds une voix que je connais que trop bien.
— Ton cou, mec ! Tu t'es fait mangé, c'est pas des blagues...
Automatiquement, mes yeux se lèvent vers le fond du vestiaire. C'est là que ouais, j'vois deux gars qui entourent Maël, ce dernier s'étant retrouvé en t-shirt allez large, qui dévoilent quasiment ses clavicules tellement il est décolleté. Il portait pas ce haut, tout à l'heure ! En fait, j'crois que c'est qu'il portait en dessous de son gilet, mais putain... ! Oh non, mais enterrez-moi. Dîtes-moi, Mio Dio, pourquoi il se fout comme ça alors qu'il sait parfaitement ce qu'il y a sur sa peau ? Ce que je lui ai fait ? Il n'a aucune logique ? Ou p't'être qu'il cherche l'attention ?
— Haha ! J'en peux plus, c'est qui qui t'a fait ça ?
— Wesh, lâchez-moi... soupire ce dernier, échappant quand même un sourire.
— Aaaah, t'es pas drôle ! Franchement, j'pensais pas que t'étais comme ça, mec... J'suis choqué ! T'as vu Dylan ? Même ta meuf elle t'fait pas ça à toi.
Qu'ils aillent se faire foutre. Je baisse les yeux sur portable, essayant d'ignorer tous ces rires et la voix du châtain. Je vais faire comme si je m'en fichais, je dois rien faire paraître. Je sens le regard de Romain sur moi, il a directement capté lui. Bien sûr ! Puis comme pour me faire chier, il s'apprête à dire quelque chose tandis que je me lève pour sortir d'ici.
— Mais... Léo ! Hé, attends-moi ! Léo !
Faut que je sorte, que je respire, que je prenne l'air. En me voyant partir, le professeur me lance un « au revoir ! » auquel je ne réponds même pas. Toi, tu m'as vraiment cassé les couilles aujourd'hui. Mon Eastpak sur le dos, j'ignore tout le monde jusqu'à arriver à l'extérieur du bâtiment. De là, j'décide de m'allumer une clope. Quelques gens de notre classe sont déjà en train de partir vers la cour du lycée, tous par petit groupe.
— Ah, Léo. Tu viens avec nous ?
Je lève les yeux après enflammé le bout de ma Marlbolo. C'est Cassandre accompagné de bien évidemment... Bastien. Vraiment, ils sont inséparables ma parole. Toujours collés, ils doivent peut-être sortir ensemble. Euh, quoi que... Je pense pas du tout qu'ils iraient en couple tous les deux. Je sais pas pourquoi.
— Euh, j'attends Romain et Kévin.
— Ok, comme tu veux ! Hum, d'ailleurs... Tu sais, pour la dernière fois... continue-t-elle d'une voix désolé.
— Quoi ?
— Bah, avec Kévin ! Franchement, j'me sens trop conne depuis hier ! J'aurai pas dû lui dire ça, c'était une connerie, je sais pas pourquoi...
La gothique aux cheveux bleus semble sincère, elle frôle ses deux index ensemble, cherchant un peu ses mots.
— D'accord. Mais ça, tu devrais peut-être le dire à lui. Pas à moi, je lâche avant de tirer une latte.
— Mais... Je sais ! Sauf qu'il m'évite quoi, j'aimerai bien m'excuser mais lui aussi, il casse les couilles quoi...
Je veux pas la faire sentir encore plus mal mais je savais très bien comment mon ami allait réagir. Je le connais depuis longtemps et souvent, il met du temps à pardonner et à parler avec des gens qui le saoulent. Surtout que voilà, Cassandre... Il ne la porte dans son coeur. Donc ouais, j'sais pas.
— Il finira par t'excuser, t'inquiète.
— Tu penses ? Franchement, j'espère ! J'aurai jamais pensé dire espérer ça de Kévin mais ouais, faut croire.
— Hm. Ouais. Vraiment, t'en fais pas.
Puis notre discussion finit comme ça, les deux meilleurs amis décidant de me laisser attendre les autres solo. Je les regarde partir au loin avant d'être interrompu par Kévin qui saute littéralement sur mes épaules. Il m'a fait mal ce con. Romain s'allume une cigarette, content d'être enfin « libéré délivré » comme il dit.
— J'en pouvais plus j'vous jure, commence mon ami aux cheveux quasi dorés tandis qu'on commence à se diriger vers notre bahut.
— Nous non plus. Oh ouais, Léo ! J'ai parlé avec le prof, il a dit qu'il verra pour changer les capitaines. A ce qu'il paraît, même dans ton équipe Romain... C'pas ouf quoi.
— Bah... J'ai rien contre Bastien, vraiment. Mais il s'fait trop marcher sur les pieds par les autres gars.
— En même temps... Regardez-le ! Pour l'évaluation, il nous faut des bons capitaines qui n'ont pas peur, quoi... ! Et qui connaissent un minimum le jeu.
— Parce que Léa elle avait peur, genre ? je rigole, laissant la fumée de ma cigarette s'échapper par les narines.
— Non mais elle, laisse tomber. Les meufs de notre classe, honnêtement... T'façon, même au début de l'année je vous l'avais dit ! Des caves ! Ce sont des caves. Et cette Léa...
— Ouais, quoi, Léa ?! On est derrière vous, on entend tout ce que vous dîtes !
Oh non... Pour le coup, je déteste Kévin d'avoir parlé aussi fort. Tout sauf elle. Je veux plus me la voir avec ses manières, sa grande gueule... Mon ami, bien évidemment, s'arrête pour l'attendre. Les filles, elles, passent devant à côté de nous sans même s'arrêter. Léa ne peut s'empêcher de sortir une phrase.
— Quel connard ce mec... !
— Répètes pour voir ? s'indigne mon ami qui rattrape les trois nanas, s'intéressant surtout à celle du milieu.
— J'ai dit que t'étais qu'un connard ! T'es tout le temps là à traiter les meufs, franchement, on t'a fait quoi ? C'est pas de notre faute si t'es qu'un frustré mentalement ! Tu nous insultes mais toi, tu t'es pas vu franchement ! Allez, remballe va. Avec ta meuf aussi, là. Couple de cassos.
— Eh ! Tu peux parler mal d'moi mais pas Camille, t'as entendu ?! Eh ! Léa ! Garce de merde.
Léa lui adresse un doigt d'honneur, ne se retournant même pas vers Kévin qui est retenu par Romain, l'empêchant alors de se ruer vers la fille. Merci d'être là frère parce que... J'comprends vraiment plus rien. J'ai absolument rien compris. C'est quoi, l'embrouille là ? Tout le monde est sous tension en ce moment, j'sais pas moi je dis : vivement les vacances de Noël. J'en ai marre.
— C'est pas possible ! C'est quoi leur problème à ces meufs ? Cassandre puis maintenant, cette conne de Léa !
— Ça va Kévin, on s'en fout. Tiens, ton sac.
— Salut les gars. Oula...
Pas la peine de préciser de qui il s'agit. Maël, un roulé coincé entre les lèvres. Il me regarde rapidement et l'histoire dans les vestiaires me revient en tête. Merde. Maintenant, il a son écharpe autour de son cou et un bonnet sur ses cheveux. Romain le salue, tout sourire.
— Ah, Maël ! On s'est pas croisé, si ?
— Bah, vite fait ouais. Mais, il va bien Kév, ou... ?
— Oui ! reprend ce dernier d'un ton qui nous immobilise tous. Ouais, ça va très bien ! Allez, on y va.
— D'accord...
Maël regarde bizarrement mon ami, se demandant sûrement qu'est ce qui lui prend encore. C'est pas grave, il ne le connaît pas assez pour comprendre. Bon du coup, on rejoint le lycée tous les quatre. On fume tranquille puis le châtain nous lance sur des sujets, histoire de parler de quelque chose. La pause de la matinée passe à une vitesse folle. Les cours, n'en parlons pas. J'avais totalement oublié qu'on avait examen de français mais bizarrement... J'étais plutôt inspiré. J'ai écrit une page double puis une page normale. Je suis vraiment trop fort. J'espère juste ne pas avoir moins de 10.
— Non ! T'as vraiment écrit tout ça... ? J'ai écris qu'une page recto-verso, moi... se plaint tristement Kévin à l'interclasse.
— Bah ouais, mec. En vrai ça va, par contre les fautes... J'me suis pas relu.
À la sortie des cours, je me dirige directement vers ma voiture après avoir salué les mecs. Romain a dit qu'il avait quelqu'un à voir aux bus et Kévin se fait chercher par son père, deux jours de suite... C'est presque un exploit. D'ailleurs depuis hier, j'ai l'impression qu'il va mieux. Enfin, aujourd'hui il était normal et il parlait au moins pas comme la dernière ou il était tout froid et triste. J'espère que ça va mieux avec sa famille.
J'allume mon Audi et m'y engouffre dedans. Avant que je ne démarre, je vois que j'ai un message de Maël. Il me dit qu'il est dégoûté qu'on se soit pas dit au revoir « normalement », qu'il avait un bus à rattraper. Je lui en veux pas même pas si... Il aurait pu me demander de le ramener. Bref. Je lui réponds que ce n'est pas grave et je reçois un coeur rouge. Idiot. J'arrive au bout de 30 minutes chez moi. Pas la peine de préciser que je suis resté bloqué dans les embouteilles, comme d'habitude quoi. Mais... Si j'avais su. Si j'avais su ce qui allait m'attendre en ouvrant la porte de chez moi. Si j'avais su... J'aurai très certainement tardé, traîner en ville mais fais autre chose que de rentrer à la maison. Pourquoi ? La raison est simple. Ma sœur se tient devant moi. Jusque là, normal. Droite et sérieuse, une règle rose qu'elle tape doucement contre ses doigts. Jusque là, pas vraiment normal. Elle me tourne autour, ses yeux se plissant légèrement, son regard m'effraie en fait. Je veux lui dire qu'elle a un problème mais je décide de me taire. Je n'ai même pas ce foutu temps d'enlever mes chaussures que sa voix s'élève, un sourire s'en suivant.
Un sourire qui indique la merde, ouais.
— Mon grand-frère adoré... Tu sais... Je crois que j'ai enfin compris la biographie de Maël. Ce « L » qui m'intriguait, soupire-t-elle. Comment j'ai pu ne pas comprendre... Sono una stupida... La réponse était juste devant mes yeux...! Alors, je te demande de m'expliquer ça ! s'affole-t-elle en me montrant l'écran de son portable, affichant dessus une discussion. Explique-moi ! Parlami, ti prego ! Sei gay ?! (*Parles moi, par pitié ! Tu es gay ?!)
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