Dans la maison de Kévin.
— On se calme, on se calme ! Bon... ! Je vous souhaite d'excellentes vacances et de bonnes fêtes, nous nous reverrons l'année prochaine, en forme j'espère !
Je crois que personne n'est en train de cacher sa joie, là. Putain, les vacances que j'attendais sont enfin arrivées. Non parce que bon, on en pouvait plus. Je rabats rapidement ma casquette décorée du logo Nike avant de jeter mon sac sur mon épaule. Une fois dans les couloirs, j'me prends une meuf qui est dans ma classe, cette dernière s'excusant rapidement avant de me sourire. Je sais qu'elle ne l'a pas fait exprès mais qu'est ce que ça m'énerve d'être bousculé dans tous les sens comme ça. On se croirait dans une foire. Une main se pose d'un coup sur mon épaule et l'odeur du parfum de Kévin me parvient jusqu'aux narines. J'me tourne et j'vois Romain qui est à côté avec Cassandre, cette dernière faisant une grosse bulle à l'aide de son cheewing-gum.
— Vous voulez pas qu'on fasse un truc, les gars ? Genre, on va chez moi.
— Moi aussi, puis-je venir ? Tu m'invites ? demande la gothique vers mon ami qui la regarde un peu froidement.
— Euh... J'ai dit « les gars » alors, t'es un gars ?
— Mec, je soupire. C'est juste Cassandre, on s'en fout.
Suite à ma réplique, la fille du groupe me lance un sourire amical. Honnêtement, elle me dérange pas. Enfin, elle m'avait saoulé il y a deux trois jours par rapport à notre relation avec Maël mais j'crois que c'est oublié. D'ailleurs, il est où lui ? Je l'ai pas vu sortir de la salle. Peut-être qu'il y est encore, je n'ai pas vu Bastien non plus...
— Ouais, ok ! C'est bon. Ok, tu peux venir. J'm'en fiche. Romain, tu viens ?
— Non mais, réplique la brune aux mèches bleutées. Te sens pas obligé, Kévin. De toute façon, je dois voir ma copine donc, à choisir entre elle et toi...
— Bah va voir ta meuf, c'est vraiment cool, râle le châtain. Bref, Romain tu m'écoutes ou quoi ?
— Ouais, je viens ! C'est bon... J'écrivais juste un message, calme toi.
— Bon... Ah, Maël !
Justement, quand j'étais en train de penser au loup... Il vient intégrer le petit cercle qu'on vient de former au sein du couloir central. Une clope entre les lèvres, il hausse rapidement les sourcils en notre direction avant de me faire un signe de tête spécialement en ma direction.
— Maël, t'as un truc de prévu ?
— Hm... Non, pas vraiment. J'comptais rentrer chez moi, là. Pourquoi ?
— Ah ouais, bah j'demandais aux gars si vous étiez chauds pour passer la soirée dans ma baraque. Y a pas mes parents donc ça pourrait être cool.
Je le regarde fixement, il a intérêt à venir de toute façon. Il y a moi donc peut-être que ce sera une raison suffisante pour qu'il dise oui. Enfin, j'espère. Parce que ça me ferait chier, honnêtement. Pas que je n'ai pas envie de passer la soirée avec Kévin et Romain mais j'ai envie qu'il soit là, quoi. Même si on n'est pas que tout les deux et que voilà, c'est déjà mieux que rien. Maël joue avec son briquet rose fushia, le faisant tournoyer rapidement dans les airs avant que Romain ne vienne le lui attraper d'un coup, les deux souriant légèrement après ça.
— Bah ok... Ouais, j'peux venir. Vous venez tous, là ?
— Non moi j'viens pas, répond Cassandre tout en levant les yeux de son portable. Tu sais, j'vais voir Daf', j'peux pas.
— Ouais, bref... soupire Kévin en reprenant directement après la fille. Léo, tu nous ramènes du coup hein, mon pote ?
Comme si j'avais le choix... Je suis le seul à avoir le permis dans cette bande donc, oui. On finit par sortir de l'Enfer qu'est ce lycée, dire qu'on n'y mettra plus les pieds pendant deux semaines là. Ça va me faire un grand bien, putain. Les vacances que j'attendais, vraiment. Une fois dehors, Kévin passe un appel à Camille pour lui demander de venir. La fille répond qu'elle arrive dans cinq minutes alors pendant ce temps, on se fume une clope. Cassandre qui est assez pressée de retrouver sa petite-amie part en direction des bus. Avant de s'en aller pour de bon, elle nous souhaite d'excellentes fêtes et elle espère qu'on se verra au Nouvel An et bien avant, si c'est possible. Ouais, on lui a parlé du coup de cette fête qui aura lieu le 31. Vraiment, j'crois que j'tiens plus en place. Faudra que j'en parle à mes darons par contre, franchement j'espère qu'ils vont pas me faire chier à trouver des excuses avec la famille et tout. De toute façon, quoi ? Qu'est ce que j'en ai à foutre de rester à une table jusqu'à minuit et de bouffer toute la soirée jusqu'à qu'on se sert une coupe de champagne pour se souhaiter une bonne année, la bise ouais ouais super tout ça. Non, c'est pas comme ça que je vois les choses pour cette période. Mon regard vire vers le mec à côté de moi, Maël fume tranquillement en faisant défiler les publications sur son iPhone. J'espère qu'on pourra s'voir souvent ces jours-ci. Ça serait nul s'il a des trucs à faire mais bon, s'il en avait il m'en aurait déjà parlé.
— Bon, qu'est ce qu'elle fiche ma nana ? se plaint Kévin, c'est le mauvais temps qui lui fait dire ça.
— Elle arrive, mec. Ouais j'la vois là, rajoute Romain qui jette sa clope au sol.
Enfin. Lorsque la princesse arrive, on est obligé d'attendre que les deux finissent de s'embrasser avant de nous diriger vers le parking. J'allume mon Audi et ça me fait presque rire de voir Maël et Romain se ruer précipitamment vers la porte avant, côté passager.
— Wesh vous battez pas, je leur lance tout en contournant mon amour — ma voiture —.
— C'est mort, j'veux pas me retrouver avec les deux derrière. C'est mort, Romain.
— Mais t'as cru j'avais envie aussi, ou quoi ? Mec, vas-y...
— Euh ça va, on a pas une maladie bizarre. Vous êtes chelous, intervient Kévin qui laisse Camille prendre place en première sur les sièges arrières.
Je finis par m'installer à ma place, laissant les deux régler leur affaire. Finalement, c'est Maël qui gagne car c'est lui que je vois à ma droite. Le garçon me lance un sourire victorieux et je secoue la tête, vraiment des gamins quand même. Mais ils m'font marrer, ces cons.
— Franchement, Léo... Elle est géniale, ta voiture ! s'extasie Camille qui serre ses cuisses sur la place du milieu, entre son mec et Romain qui boude.
— Hey, t'as vu ça...
— Ouais bébé, tu sais c'est ce que j'aurai moi aussi quand j'aurai le permis... Enfin si j'l'ai, ouais...
— Ah ouais. Un conseil, Camille. Ne montes jamais avec ton mec. T'sais qu'il a déjà piqué la voiture à son daron un soir et laisse tomber... soupire Romain, me rappelant par la même occasion ce souvenir stressant. J'peux pas t'expliquer.
Ouais, je m'en souviens. C'était l'année dernière, j'crois. Vraiment, c'était une grosse connerie mais on y est allé jusqu'au bout. J'avais pas encore ma bagnole à l'époque et on devait se rendre quelque part du coup Kévin a fait le fou et a prit la berline BMW de son père, un truc de malade. Bien sûr il a des bases en conduite car il savait démarrer et tout mais bon aussi, en boîte automatique... Si tu sais pas avancer c'est que t'es vraiment teubé mais ouais, bref. Sur la route c'était chaud quand même mais c'était pas au point de nous conduire à la mort, quoi. J'me dis qu'on eu la chance de pas croiser les flics ou quoi, c'était le soir en plus. J'explique rapidement l'histoire tout en m'engageant sur la route en direction de la maison de mon pote.
— Sérieux... Vous êtes des malades... chuchote Camille avant de rigoler doucement en croisant le regard de son chéri.
— Ouais, non mais en vrai, ça va ! Franchement, les gars vous abusez. J'ai quand même bien conduit... Je trouve !
— J'aurai aimé être là, juste pour voir c'que ça fait de voir ma vie défiler... s'incruste Maël qui écoutait juste, abaissant le pare-soleil pour se décoiffer rapidement devant le petit miroir.
— Non, mec. Laisse tomber. Genre, juste pour te donner une idée, imagine Léo qui conduit mais en pire tu vois ? Bah, c'était ça.
— Ta mère, je lâche en direction de Romain, tirant mon rétro intérieur pour mieux le voir.
— Moi j'trouve que tu conduis bien, Léo... rajoute gentiment la blonde.
— C'est parce qu'il se concentre, bébé. J't'assure, c'est un ouf parfois. Tout le temps, en fait !
— T'as peur d'la vitesse ? je lâche en direction de la meuf de mon pote.
Cette dernière fait une petite grimace qui veut tout dire. Les gars rigolent un peu et je ne peux m'empêcher de sourire doucement, ma tête se tournant une demi-seconde vers lui. Il est vraiment beau, ce soir. J'sais pas, il a grave un truc aujourd'hui. J'crois que c'est la manière dont il a coiffé ses cheveux ouais, ça doit être pour ça. Je me concentre sur la route, m'amusant à dépasser les voitures qui me gênent et en essayant de me lancer sur les voies qui roulent plus vite dans ses putain d'embouteillages. Les discussions fusent dans l'habitacle de ma voiture, je sais pas mais ça m'fait trop plaisir qu'il y ait une aussi bonne ambiance. Vraiment, j'crois qu'on s'est bien trouvé tous les cinq. J'veux dire, en comptant Cassandre et son pote qui n'est pas là aujourd'hui. J'apprécie Camille, elle n'est pas chiante et elle est folle amoureuse de Kévin qui wesh, parfois ne mérite pas cette meuf. Genre comment expliquer... C'est vraiment le genre de fille qui tomberait pour n'importe quel mec mais pas pour ceux du style, Kévin. Lui il est un peu fou et vraiment il adore jouer aux cons juste pour se faire remarquer. Puis par moment il réfléchit mais tellement pas, c'est frustrant de le voir aussi fermé mentalement. Et t'as elle qui l'accepte quand même, et je sais parfaitement bien qu'ils doivent avoir des discussions sérieuses entre eux. Je sais que Camille veut tirer le meilleur de lui, elle veut que Kévin se calme et qu'il grandisse parfois. Puis ouais, à côté... Maël, il s'est bien fait une place dans notre groupe. Mais dès le début, comme ça. Dès la rentrée. Mais qu'est ce qu'il me faisait chier. Avec ses airs, là. Ça m'fume parce que maintenant, ses airs, j'les kiffe. C'est fou, hein. Mais tout lui, tout ce que je vois et tout ce qu'il fait bah j'adore. Il y a pas autre chose à dire. J'adore ce mec, j'l'aime bien, beaucoup ouais.
— Putain ! Mais elle voit pas que c'est feu rouge pour les connards de piétons ?
— Aaaaah, bordel !
C'est pour ça que j'dois pas me perdre dans mes pensées lorsque je conduis. Non mais vraiment, c'est trop dangereux. Après avoir freiné brusquement comme tous les autres voitures sur ma file, je redémarre un peu brusquement ce qui a installé un silence entre nous.
— Non mais, désolé... Vous avez bien vu qu'elle a sauté sur la route, cette grosse malade. Avec son gosse, en plus.
— Vas-y, j'vais ouvrir la fenêtre et lui gueuler dessus, à c'te conne !
— Non mais Kévin, ça va pas ou quoi ? Mon Dieu...
Camille arrange rapidement sa frange avant de sourire à son mec qui s'empresse de baisser son visage vers le sien. Bon... Ma voiture c'est vraiment pas un love hotel.
— Léo, j'peux pas. Accélères, se plaint Romain en se rangeant un peu plus vers la fenêtre. Wesh, vous voulez pas attendre qu'on descende ! Non mais sérieux ! Fait chier.
— Oh, ça va... T'sais que t'es si frustré depuis que t'es plus avec ta meuf, toi. Faut que tu t'en trouves une, ça peut plus continuer.
C'est vrai qu'il n'est plus avec Vanessa, lui. Mais j'crois qu'il nous l'a dit y'a pas si longtemps, je savais pas mais bon. Romain n'a pas voulu nous en dire plus, donc je n'ai pas forcé. Enfin, moi j'ai pas forcé. Car Kévin n'a pas comprit, il a dit que c'était trop bizarre. Enfin, c'est pas mes affaires mais voilà. Puis de toute façon, on la connaissait pas si bien que ça, Vanessa. J'sais juste qu'elle a genre deux ans de plus que nous et qu'elle est à la fac puis que ses parents sont thunés. Un peu comme ceux de mon ami, en vrai. Sa baraque, là. Vraiment, moi aussi j'veux avoir de l'argent juste pour ça. Mais ouais, on né pas tous avec des billets dans les poches. C'est la vie.
— T'en fais pas. J'suis pas si frustré que ça, au contraire...
Maël après l'entente de cette phrase se retourne sur son siège. Je ne le regarde pas mais je le vois quand même du coin de l'oeil, préférant me concentrer sur la circulation en face de moi.
— Et c'est qui ? demande-t-il à Romain qui regrette presque sa réplique.
— Ouais, j'avoue ! C'est qui c'te meuf ? J'te jure, t'es trop bizarre ces temps-ci, je me disais bien que ça devait être quelqu'un derrière tout ça... se rajoute Kévin qui dépose son bras sur les épaules de sa Camille.
— Vous êtes drôles. C'est personne, se défend mon ami mais sans succès.
— Ouais, ouais... Quel mytho, celui-là ! Vas-y, j'te vois rougir comme une petite...
— Comme une quoi, mec ? Ferme la avant de sortir une connerie, steuplé.
— Vraiment... Puis depuis quand c'est que « les petites » qui rougissent, Kévin ? lui demande Maël. Tiens Camille, te gêne pas pour balancer des trucs sur ton mec parce que nous, on veut savoir.
— Mais... J'vais pas vous dire des trucs comme ça ! Attendez, j'dois y réfléchir haha...
— Babe, are you serious ? s'exclame mon ami avec un accent anglais de merde. Tu vas pas m'balance à eux, non.
J'avoue que ça serait marrant qu'elle nous dise des choses. Moi j'veux bien savoir comment est le « Kévin » quand ils sont que tous les deux. Je sais pas pourquoi mais j'le sens très différent. J'ai conscience qu'il fait toujours genre le mec avec nous mais en cachette, ça doit être un agneau. Bref... Un peu comme moi avec l'idiot à côté, quoi. Lunettes de soleil qu'il m'a piqué sur le bout de son nez, il rigole à la connerie qu'à dit Romain. Franchement, j'ai pas écouté. Là, on arrive dans le quartier de Kévin. Ici, toutes les maisons sont stylées, modernes et nouvelles. Chaque habitation est entourée d'un grand grillage et d'un portail électrique qui s'allume avec une application sur le téléphone. Mon ami l'enclenche donc et je roule ainsi sur la grande allée avant de me garer à côté d'une Golf GTI noire.
— Ah, super !
— Je reste garé là, c'est bon ? je demande avant d'éteindre le moteur.
— Ouais ouais, c'est cool ! T'façon mes parents ne rentrent pas avant demain, ils vont sûrement à une soirée pourrie.
Une fois tout le monde sorti de la voiture, je la ferme avant de ranger les clés dans la poche de mon sac de cours. On n'entend pas plus longtemps avant de rentrer dans la maison de notre ami. C'est niquel ici. On enlève nos chaussures et Camille reste toujours aussi ébahie par la baraque de Kévin. Elle n'est pas encore habituée, je comprends... Moi aussi j'étais comme ça, au début. Vraiment, on se sent j'sais pas qui quand on est ici. Puis bien évidemment, on se fait accueillir par le chien du fils des propriétaires, le dober de la famille. Ce dernier est adorable en vrai, malgré son apparence un peu imposante. Camille pose ses doigts joliment manicurés et se met à genoux pour venir saluer le clébard, ce dernier faisant bouger le petit anneau accroché à son collier.
— Allez dans l'salon, j'vais chercher des trucs à boire ! Ah ouais, y a le chien il veut comme d'habitude, faire sa star.
— Kévin, si t'as des bières ce serait vraiment bien.
Romain soupire sa phrase avant de se laisser tomber sur le grand canapé de la pièce. Il attrape la télécommande au passage et allume le grand écran TV accroché au mur et puis Maël, Camille et moi nous nous installons à côté de lui.
— Aller, viens ! Mais oui, t'es vraiment beau toi ! Olalala...
Je souris rapidement à la fille qui est gaga face à ce chien avant de balancer ma tête en arrière, la penchant doucement avant de prendre une grande inspiration. Maël fixe ce qui se passe à la télévision, une jambe croisée sur l'autre.
— Ok, alors... Des bières pour nous les mecs et pour mon amour, un Monaco comme tu aimes.
— T'es parfait, merci... chuchote-t-elle la seule fille du groupe avant d'accueillir le cocktail glacée entre ses mains.
— Merci, mec.
Kévin, après avoir servit nos verres se place à côté de sa Camille, enjambant le doberman qui s'est allongé à ses pieds. On boit calmement avant de reprendre nos discussions, on parle vraiment de tout. Les sujets sont différents et on passe des examens aux futures teufs, tout ça. J'essaye de rester calme lorsque Maël fait exprès de coller sa cuisse contre la mienne, il aurait du changer de place avec Romain celui là... Le pire c'est que c'est toujours la même, à chaque fois qu'on est à côté, il a un problème avec ça. Mais vraiment, c'est grave.
— Mais du coup... Vraiment, vous voudrez qu'on fasse un truc pour le Nouvel An ? Franchement, j'en ai parlé à mes parents et ils me laissent la maison. Ils vont l'passer à Cannes, eux.
— Moi mec, j'serai là c'est sûr. Faut juste que j'en parle à mes darons avant quoi, je réponds tandis qu'il hoche doucement de la tête.
— Et vous ? Bébé, tu pourras ?
— J'ai de la famille qui vient... Je sais pas... Mais vraiment, j'aimerai trop le passer avec vous. J'sais pas, j'ai envie de sortir de mon cocon, cette année.
— En vrai Kévin, t'inviteras genre... Le groupe, non ? demande Romain.
— Ouais, fin t'sais j'inviterai aussi euh... Bah déjà, les deux avec qui tu traînes là, Yanis et l'autre... Puis des gars, que j'connais vite fait t'as vu ! Histoire qu'il y ait du monde, comme d'habitude quoi.
— Mathis, non ? Ouais.
— Enfin bon, s'ils viennent déjà... je dis avant de regarder Maël. Et toi... ? Tu nous rejoins ou tu fais quoi ?
Maintenant, les regards sont rivés sur le châtain. Ce dernier hausse les sourcils et se contente de sourire discrètement, nous répondant même pas. Vraiment... Vraiment de chez vraiment, faut qu'il vienne. Il peut pas me laisser tout seul à cette soirée, ça va être mortel. Je le sens, tout le monde le sent. D'ailleurs j'y pense, faudra préparer la baraque comme l'année dernière. Faudrait que je me prenne la journée entière du 31, en vrai. Comme ça j'irai aider Kévin avec tout ça. Putain, j'peux plus contenir ma hâte en vrai. Limite je languis plus ça que Noël mais j'sais très bien que ça, ça va être chiant. Genre... C'est pas pareil que quand tu l'fêtes avec les potes, quoi. C'est plus drôle, t'as les souvenirs et tout après.
— Tu vas rester dans ta cave ou quoi... ? rigole Kévin. Tu vas avoir d'la famille, non ?
— Bah... soupire le garçon à côté de moi. Pas vraiment mais ouais, faut que j'vois avec ma mère. Mais après j'pense pas qu'elle soit contre l'idée.
— Ouais, t'inquiète j'comprends. Mais ouais, franchement vous pouvez y réfléchir encore. Si les gens sont ok, on l'fait c'est sûr.
— Bah ouais, putain. En plus l'année dernière c'était ouf, en vrai. On a fait n'importe quoi... raconte Romain et il a raison.
On était complètement déchirés et défoncés, oui. Littéralement, ce sont les mots. J'crois que le 1er janvier j'avais fait que de dormir, toute la journée pour essayer de me rétablir au mieux. Faudrait que je fasse un peu plus attention cette année, avec celui à côté. J'ai pas envie que ça dérape, juste j'sais pas de quoi je suis capable quand j'suis bourré alors... Les anecdotes fusent et clairement, on voit pas les minutes défiler. Les bières s'enchaînent, les Monaco pour la « princesse » Camille. Elle aime boire que la bière avec du sirop de grenadine, c'pour ça que ce surnom lui va bien. Genre, j'avoue que c'est bon et ça rend le truc plus doux. Kévin finit par commander trois pizzas qu'on se bat pour choisir lesquelles ont préfèrent. Vraiment, on a tous des goûts hyper différent. Déjà, t'as Maël il aime celle au chèvre-miel, mais pourquoi du miel sur une putain de pizza ? T'façon, j'comprendrais jamais le mélange sucré-salé, ce n'est pas à mon goût. Moi j'veux prendre la carnivore mais Camille veut la végétarienne, sérieusement. Bien sûr, elle l'a eu sa pizza avec ses herbes et son fromage. Romain n'avait pas vraiment de préférence, il mange de tout puis lui, quand c'est pizza... Lorsque ses dernières arrivent, Kévin, déjà un peu bourré, ne manque pas d'offrir un pourboire assez généreux au mec. En temps normal, il l'aurait pas fait. Le livreur l'a remercié avant de partir. On s'est marré en le voyant sautiller jusqu'à sa moto à travers la baie-vitré, vraiment... Si j'étais lui, j'aurai réagit pareil en vrai.
— Bon aller, à table le monde ! La vie d'moi, ça sent bon de là.
Le châtain s'empresse de déposer la bouffe sur la petite table basse du salon avant de venir ouvrir les boîtes en carton et de regarder nos commandes comme si on avait pas mangé depuis 60 ans. Je m'assois rapidement en tailleur et les autres aussi, Maël se glissant avec flemmardise au sol, se cognant les fesses un peu trop brusquement ce qui le fait grimacer du coup. Le chien de Kévin, intéressé, vient poser son museau contre mon bras sauf que ça m'fait rire. J'ai envie de lui donner un morceau mais j'sais très bien qu'il n'a pas le droit, vraiment j'ai pas envie que mon pote me défonce... Le dober suit un régime strict, avec des croquettes à je ne sais quel prix alors vaut mieux pas lui donner n'importe quoi. L'ambiance est cool, faut dire que Kévin a tout ce qu'il faut chez lui pour fumer. Je ne sais pas d'où il prend ça, si c'est quelqu'un qui lui donne ou pas mais en tout cas, c'est pas de la merde. On s'est tous passé le joint quelque peu chargé quand même, Camille a tiré une taffe mais j'crois qu'elle n'aime pas trop ça. Son gars d'ailleurs n'était pas d'accord pour qu'elle fume, la dernière fois il lui a même fait une scène mais bon, en vrai elle fait ce qu'elle veut. Une latte ça n'a tué personne. Il abuse parfois, genre vraiment.
On mange, on rigole, on parle, on blague, on fume, on boit et franchement, j'suis tellement bien posé que je ne me vois même pas rentrer chez moi. Tout à l'heure, j'ai envoyé un message à ma daronne pour lui dire que j'allais soit rentrer tard, soit que j'allais passer la nuit chez Kévin. Elle m'a dit que c'est ok mais que je devais revenir demain matin car j'ai mon oncle et ma tante qui débarquent. Ils viennent de Milan jusqu'ici, en France, vraiment j'crois que j'aurai préféré y aller moi là-bas plutôt qu'ils se ramènent ici. De toute façon, je sais d'avance que je vais très peu les voir car ils veulent à tout prix « visiter », ce sont des gens qui voyagent énormément genre ils adorent ça. Ils ont fait je ne sais combien de pays alors que moi, j'ai seulement jonglé entre l'Italie et la France. Triste. Bon, de toute façon c'est pas vraiment mon truc donc ça ne me fait rien de rester ici. J'suis bien, là. Avec les gens que je connais, avec les gens que j'aime.
Mon dos est appuyé contre le canapé, personne n'a prit la peine de se relever pour se remettre dessus à part Romain qui lui, est allongé à même le ventre. Maël est à côté de moi, comme toujours. Sa tête est appuyée contre mon épaule et j'avoue que je l'ai laissé faire, je ne l'ai pas bougé car après tout personne n'en a rien à foutre. Mes yeux que je galère à laisser ouvert essayent de suivre ce qu'il se passe sur l'écran de la télévision, Kévin ayant lancé un nouveau film sur Netflix, un peu flipapnt je dois l'avouer. D'ailleurs ce dernier est à moitié assit sur un des poufs qu'il a avancé vers nous et Camille, elle, est entre les jambes de mon ami, collé l'un contre l'autre. La pièce est plongée dans une obscurité presque totale, seule la luminosité de la TV arrive à éclairer d'une faible lumière nos visages.
J'entends sa respiration, il est vraiment près. Il a un peu le nez bouché et bien qu'il soit peut-être enrhumé, je n'ai jamais réussit à choper sa merde malgré tout ce qu'on fait. À vrai dire, j'ai une envie particulière en ce moment même mais je sais bien que je ne peux pas le faire devant eux. Mes jambes sont allongées contre le sol et il a les genoux repliés, lui. Ses mains sont posées sur ses cuisses et vraiment, j'ai envie d'attraper celle qui est la plus proche de la mienne. J'ai envie de le faire, réellement. Discrètement, j'ose. Mon petit doigt se met à longer son bras, la peau de son bras étant caché par un gros sweat-shirt à capuche qu'il porte. Aujourd'hui, il est venu habillé comme s'il avait eu la flemme de tout. Il est limite en tenue de sport mais ça lui va bien et de toute façon, quoi qu'il porte c'est bon. Finalement, je continue mon tracé jusqu'à arriver vers sa main, main qui est encore décorée de ses bagues habituelles, bien qu'il en a moins pour une fois. Je passe sur sa chaînette froide et touche ses bijoux pour le faire réagir. Les os de ses doigts aussi, celui de son poignet aussi. Puis c'est qu'après tous ces petits gestes volatiles que je lui attrape cette main. Je la serre un peu fort, mais j'la tire doucement pour la cacher entre nos deux corps, assez serrés. J'avais pas mentir et dire que ça ne me fait rien parce qu'au contraire, ce simple geste entre nous arrive à me réchauffer instantanément. J'veux dire que ouais, ça réchauffe tout simplement mon coeur. Cette envie me venait de nulle part, je l'accorde.
Juste, j'crois que j'avais envie de ce simple contact avec Maël. Parce qu'aujourd'hui, il y a presque rien eu. Comme d'habitude, quoi. Qu'est ce que vous voulez qu'on fasse, au lycée ? À part se comporter comme on l'a toujours fait, comme de simples amis mais en réalité, pas si simples que ça. Je sais qu'on n'est plus que ça, c'est évidemment et avec lui, je l'assume. C'est plus compliqué extérieurement, je peux pas encore. Ça arrivera, peut-être et honnêtement, je n'en sais rien. Maël exerce une légère pression sur mes doigts, comme pour me dire qu'il est là aussi. Sa tête bouge un peu contre mon épaule, ses cheveux qui partent dans tous les sens arrivent à chatouiller la peau de mon cou. Et j'aime.
On reste ainsi jusqu'au générique du fin. Je ne me suis pas endormi et ça, c'est un exploit. J'étais bien parti pour, pourtant. Lorsque mes yeux parcourent le salon de Kévin, tout le monde ou presque semble mort. Déjà, le couple est endormi, Camille étant quasiment allongée sur son petit-ami. Romain, lui, peine à garder les yeux ouverts. Maël, je sais pas car je le vois pas. Mais quand je me mets à bouger pour me relever, je le sens éveillé et je me maudis presque.
— Tu vas où ? me demande-t-il doucement.
— ... J'vais fumer. Viens, s'tu veux.
Il décide de me suivre. J'en profite pour attraper un paquet de Winston qui traîne sur la table avant de choper également un briquet. Ensuite on se dirige vers une grande terrasse, là où est disposé une grande table à manger pour les repas sous le bon temps, accompagnée de chaises en fer. Je prends donc place sur une de ces dernières puis, m'enflamme une clope. Maël me recopie dans mes gestes, je ne manque pas de le voir trembler sous son haut. Il croise rapidement ses bras et je le regarder fumer, les cendres de sa cigarette tombant dans un cendrier qu'on se partage.
— Il fait trop froid, putain.
— Ouais, je souffle.
C'est vrai qu'il caille, il est 23h00 passée et on va vers minuit. Je n'ai pas vu le temps passer, vraiment.
— Romain, j'crois qu'il s'est endormi...
— Ouais bah, les deux aussi. Dis, tu restes ici ou tu rentres, là ? je demande tout en laissant la fumée s'échapper de mes poumons.
— Hm... Bah si tu restes, j'reste aussi. Je suppose que t'as la flemme de conduire, actuellement.
— T'as pas faux. Ouais non, moi j'reste. Puis c'est tranquille, tu te poses dans une chambre et tu dors, t'inquiète.
— Ouais... Mais tu penses qu'on va devoir les réveiller... ? Genre Romain il peut dormir sur le canapé mais Cam' et Kévin, à moitié par terre...
Je regarde rapidement par la baie-vitrée que Maël n'a pas oublié de fermer pour ne pas laisser l'air de dehors congeler l'intérieur de la baraque. Mes épaules se haussent rapidement, mes doigts ramenant machinalement la Winston à mes lèvres.
— Kévin il va s'réveiller de toute façon. Genre il finit toujours pas se lever au bout de 3-4 heures si c'est pas avant. A chaque fois, ouais.
— C'est chaud. En vrai, j'aimerais mais tellement pas avoir des problèmes de ce genre. En fait, j'veux pas avoir les problèmes de Kévin tout court, t'as vu.
Ouais, je comprends.
— Je vois ce que tu veux dire... Mais t'sais en vrai, c'est pas sa faute. Même s'il est con parfois, moi au fond, j'peux pas lui en vouloir. Ses darons sont jamais là, genre pour de vrai j'ai du les voir 2 ou 3 fois dans ma vie. Et pour te dire que le mec, j'le connais depuis qu'on est au lycée.
— J'pensais que vous vous connaissiez depuis plus longtemps, moi. Avec Romain, aussi.
— Non... Bah, ceux d'avant je leur parle plus. Ou genre très peu. Mais ouais, avec les deux ça s'est fait directement quoi. On est ensemble depuis la seconde, j'sais plus comment on s'est rapproché mais... Je sais pas, ça s'est fait directement en plus. Kévin il traînait avec tout le monde au début sauf qu'il a eu max de problèmes, il saoulait les gens de la classe. Putain, je m'en rappelle...
— Ouais, j'vois... Bah j'vais pas te mentir mais ton ami là, il est dur à supporter parfois. Mais bon, à part ses remarques qui me casse les couilles des fois, ça va. J'ai connu pire, avant.
Il a raison après voilà, c'est son avis. C'est vrai qu'il m'avait expliqué par rapport à son ancien lycée et tout. Il s'est fait viré en plus, à cause de la beuh. Il a quand même eu de la chance de ne pas se faire poursuivre en plus parce que faut croire que c'est super grave d'avoir cette connerie sur soit alors que plein d'autres en ont, et pourtant. Je sais que je dois pas rendre la chose moins grave qu'elle n'en paraît mais merde, quand même. Mais en fait, s'il ne s'était pas fait choppé, j'l'aurait peut-être jamais rencontré. Du coup, j'sais que c'est mal de dire ça mais tant mieux, non. Enfin bref. Tout ce que j'ai dit actuellement n'a pas vraiment de sens.
— Bon aller, moi j'rentre. Dépêches-toi, m'ordonne-t-il ce qui me fait râler.
Non mais sérieusement... C'est parce que j'ai trop parlé, ça. Je me dépêche de tirer encore quelques lattes avant de venir écraser le mégot dans ce petit cimetière qu'est le cendrier. Une fois à l'intérieur et au chaud, Maël est déjà en train d'éteindre la télévision, nous plongeant dans une pénombre totale suite. Je mets le flash de mon téléphone en essayant de voir plus clair avant qu'on ne quitte la pièce tous les deux, laissant les autres dormir dans le salon.
— Wesh, y a combien de chambres ? Une, deux, trois, quatre, cinq et six... ?
— Ouais, ouais. C'est bien, tu sais compter. T'as cru quoi, toi ? je pouffe doucement, poussant une porte entrouverte afin de m'aventurer dans une des pièces.
— Arrête de te moquer si tu veux pas terminer ta nuit tout seul.
S'il croit vraiment que c'est une menace, il est bien marrant. Je m'en fiche de m'endormir tout seul... S'il veut, il y a plein d'autres lit alors il a vraiment le choix, ce soir.
— T'es vraiment pas drôle, finit-il par soupirer tout en se laissant tomber sur le matelas d'une chambre.
— C'est toi, surtout. Bon, tu peux bouger par contre ?
— T'as de la place, c'est bon.
— Non. Tu prends tout là.
— T'as qu'à venir te faire une place, justement.
Quel chieur. C'est Maël je sais, et c'est comme ça. Il ne peut pas s'empêcher de me saouler, même en pleine nuit quand même. J'ai qu'une seule envie, c'est de me jeter dans un lit et de dormir, vraiment. Dire que demain matin je dois me lever tôt, ça me déprime déjà. Je n'oublie pas de mettre une alarme avant de m'asseoir sur le rebord du lit.
— Tu t'allonges, ou non ?
— Oui, deux minutes. T'es chiant.
— Ok, j'attends.
Je jette par la suite mon téléphone sur la petite commode de nuit et éteint la petite lampe qui est sur cette dernière. Malgré ça, j'arrive quand même à voir son visage car j'ai oublié de tirer les rideaux de la grande fenêtre, cette dernière laissant pénétrer la lumière de la lune.
— Bouges ton bras, sérieusement... Tu me gênes.
— Oui, oui.
Bon, heureusement qu'il m'écoute par moment. Je ne prends pas la peine de me glisser sous la couette car de toute façon, il fait assez chaud dans cette chambre. Le garçon, quant à lui, est recouvert jusqu'à la tête presque. Je sais pas comment il fait pour respirer mais tant qu'il me laisse tranquille, ça me va.
— Tu vas t'endormir ? chuchote Maël, me faisant froncer les sourcils.
— Ouais... Pourquoi ? J'm'endors, là.
— Bonne nuit.
Il m'énerve. Mon corps finit par se retourner vers le sien qui est déjà tourné vers le mien. Je remarque qu'il ferme ses yeux au moment même où je pose les miens sur son visage. Son visage d'ailleurs que je vois à peine car il est emmitouflé là-dedans, lui.
— T'es déçu, tu peux le dire.
— Je suis pas déçu... murmure-t-il silencieusement.
Il me prend pour un con. Je ne peux m'empêcher de venir tirer sur la couette qui couvre ce visage que je ne peux même pas correctement voir, déjà que c'est compliqué avec le manque de lumière... Je remarque ses sourcils se froncer et ses yeux qui finissent par s'ouvrir et par tomber dans les miens. Maël louche sur mon pouce qui trace les traits de son visage. Sa tempe, son front, son sourcil, son nez droit et fin, sa bouche, sa joue, son menton que j'emprisonne entre mes doigts. Je l'emprisonne et commence à le tirer pour le faire avancer et c'est ce qu'il fait, se laissant attirer de plus en plus vers moi. Une fois son visage en face et au dessus du mien, je le vois fixer ma bouche qu'il a juste envie d'embrasser. Et j'avoue que là, comme ça, moi aussi. Il est vraiment beau. Sauf qu'avant qu'il ne se rue pour venir me faire perdre la tête, mon index s'appuie contre ses lèvres. Un peu frustré, le bout de son nez s'appuie contre le mien et il n'y a plus que la largeur de mon doigt qui empêche notre étreinte.
— Laisse moi t'embrasser.
Je l'entends soupirer ces mots et je ne sais toujours pas pourquoi je le bloque. J'voulais dormir mais le fait de m'être trop approché de lui puis le fait de l'avoir là, presque au dessus de moi et son visage aussi près du mien m'empêche d'avoir les idées claires. C'est à peine que j'enlève mon doigt que le contact de sa bouche m'électrise complètement. Ma main se glisse entre les mèches de ses cheveux avant de se perdre sur la peau de sa nuque que j'attrape, que je masse doucement. Je fais rouler la pulpe de mon majeur sur l'os de ses cervicales tandis que ses doigts à lui se réfugient et se perdent dans mon cou. C'est bon, merde. J'avais oublié. J'arrive pas à croire que ça m'a autant manqué. Le corps de Maël se rapproche, la chaleur du mien l'attirant affreusement sûrement, et il se colle contre moi, froissant ses habits contre les tissus de mes vêtements. J'le laisse tirer la fermeture éclair de mon gilet, j'le laisse me l'enlever et j'le laisse venir me toucher à travers ce dernier. J'aime quand ses mains passent sur moi, quand elles se baladent sur moi parce qu'elles me rendent dingue. Je suis dingue et fou de son toucher, il est irremplaçable. Et c'est une évidence, il y a que ça que j'aime. Je sais même pas comment je fais pour lui résister autant de temps, je sais pas comment j'fais pour laisser le temps nous amener jusqu'au bout, jusqu'à la fin et jusqu'au moment où nous n'en pouvons plus, où nous nous lâchons. Mes yeux qui pourtant me priaient de les laisser se fermer et mon corps qui me priait de m'assoupir... Mon cerveau n'était définitivement pas du même avis. Ce dernier préfère Maël. Puis comme il sait si bien le faire, je me surprends de réagir avec étonnement lorsque le muscle rose qui se cache dans cette bouche que j'aime tant arrive à se frayer un chemin à travers mes lèvres. Directement, sa langue part à la recherche de la mienne et qu'elle trouve avec facilité puisque cette dernière se laisse embarquer avec sa cavalière. Nos respirations deviennent de plus en plus fortes, c'est normal. Ça va me faire mourir un jour, ça. Littéralement, vraiment, sérieusement. Le châtain m'offre un french kiss auquel je réponds et après lequel une suite d'innombrables baisers se forment suite à notre préféré. Le haut de mon corps finit par se redresser peu à peu sur le dossier de ce lit quatre places, limite. Maël me suit dans mes mouvements, il se relève également. On réussit à s'éloigner que quelques maigres secondes avant de se manger à nouveau, mes doigts auparavant posés sur sa nuque venant entourer son menton pour maintenir son visage bien devant le mien.
J'essaye de me contrôler au mieux lorsque ses mains à lui deviennent plus entreprenantes que les miennes, les laissant s'échapper sous mon haut blanc. Enfin c'est que j'pensais jusqu'à que je sente qu'il tire déjà sur les ficelles de mon jogging, pour en dénouer les nœuds. Merde, j'arrive pas à croire que ça me fait déjà trop d'effet...
— T'es chiant... Mais vraiment, tu sais...
J'aperçois son sourire qui se dessine sur le coin de sa bouche, sa bouche que j'ai encore envie d'embrasser. Sauf qu'elle se décide de faire mieux, préférant s'aventurer dans le creux de mon cou et d'y laisser une trace, des, beaucoup de traces invisibles et visibles de marques que Maël s'amuse à peindre sur moi. Je manque pas de soupirer face à ce qu'il est en train de me faire, il me fait vraiment perdre la tête, la raison et tout ce qui va avec. Je ressens beaucoup trop de trucs, tellement de trucs que je n'arrive plus à penser correctement. Genre là maintenant, y a plus que son corps et lui qui compte. Je m'en fiche de ce qui nous entoure, de là où nous sommes, des autres qui dorment, de tout, j'm'en fiche. Je tombe beaucoup trop rapidement dans ses pièges et je sais que je ne devrais pas. Mais j'y peux rien, c'est comme si une force m'attirait sans que m'en donner l'autorisation vers lui, putain. Et alors là, lorsque ses doigts frôlent le tissu de mon Tommy Hilfiger, c'est comme si je lui donnais le feu vert à tout. Lorsqu'il monte sur moi et qu'il me surplombe de son corps de folie, je sais déjà que je suis complètement à lui. Là, il peut faire n'importe quoi de moi. Tout ce qu'il veut et j'suis juste d'accord avec ça. Sous ce regard qu'il me lance, je suis sous addiction, déjà que j'suis un peu défoncé... Tout s'accentue dans cette situation. D'un signe de tête, je lui indique de me tirer toute cette merde et qu'il commence à faire ce qu'il sait secrètement bien faire avec sa main, ses doigts parfaits et divins qui arrivent, à chaque fois, à m'offrir un plaisir que tout seul et sans Maël, j'aurai jamais découvert.
— Tu t'impatientes, ça me plaît.
— ... Ah, putain.
Je sais que ce n'est pas la première fois et j'suis idiot d'être gêné autant. C'est juste que bon, voilà. J'ai conscience que c'est juste Maël mais justement, c'est justement parce que c'est Maël que ça m'arrive. Et puis son sourire qui ne disparait pas... Et ses doigts qui commencent à dangereusement aller un peu trop bas me brûle le ventre.
— Attends... Approches, plutôt.
Il s'exécute. J'essaye de ne pas mordre mes lèvres à sang lorsqu'il exerce ses fameuses pressions là où il le faut. D'une main libre, je reviens la glisser dans ses cheveux décoiffés, le rendant dix fois plus attirant comme ça. Et puis ma bouche revient rencontrer la sienne, elle revient l'embrasser et c'est à partir de ce moment que tout s'accélère, ce baiser dérivant vers une voie un peu plus érotique, Maël sait comment faire, ses dents venant tirer doucement mes lèvres pour se les approprier, les chevaucher, les mordre et les marquer, les faire siennes et rien que siennes. Mon bassin suit les gestes qu'il a déjà entreprit depuis quelques secondes, et lorsqu'il vient lécher ses doigts sous mes yeux, je le vois comme une provocation. Une provocation ouais, une incitation, un défi et un appel dont je pourrais presque en connaître l'objectif final. Ça devrait être interdit d'être ainsi, de se rendre compte de ce qu'on renvoie comme image, l'image d'un vrai Désir. Avec un grand, putain de grand D.
Les soupirs qui s'échappent de ma bouche mouillée ne manquent pas de réchauffer les oreilles de mon gars. Mon gars qui est littéralement en train de me toucher, qui semble d'ailleurs s'en amuser au vu des réactions que je lui offre et qu'il prend un certain plaisir, une certaine délectation à regarder le spectacle. Je meurs de chaud sous ces vêtements qui me couvrent encore mais honnêtement, je n'ai même plus la force et donc, je prends pas la peine de me déshabiller. Par contre, quand il s'agit de lui, là c'est comme si les muscles de mes doigts ne se contrôlaient même plus et viennent chopper le tissu de son haut. Maël est obligé de mettre en pause son action pour pouvoir glisser ses bras hors de ce sweat-shirt qui en cachait beaucoup trop, à mon goût. Je suis toujours en admiration devant ce corps bâti avec soin, avec délicatesse, avec précision et avec goût. Ma tenue préférée sur lui c'est quand il ne porte rien.
Je ne peux ne pas le toucher, ses formes, sa taille que j'empoigne, que je serre, y laissant sûrement au passage les traces de mes doigts. Je le sens sur mes cuisses et plus particulièrement là où il s'est décidé à me rendre fou, ce soir. La tension qui est entre nous, je la ressens parfaitement. On la ressent parfaitement. Depuis que j'me suis allongé sur ce lit et au moment même où j'ai posé les yeux sur son visage, son visage qui me paraît si parfait et qui convient quasiment à mes attentes les plus profondes, lui tout entier, j'le veux tout entier. Ses lèvres imbibées et alcoolisées suite aux bières qu'on s'est enfilées, qu'importe leur goût et même lorsque il m'embrasse après s'être étalé de son baume préféré, même après avoir tiré des taffes sur un putain de joint, je m'en lasserai jamais d'elles. Je me répète, je le sais mais j'ai comme besoin de préciser et de le repréciser car c'est important pour moi. Il est important pour moi. On est arrivé à un stade ou on forme un duo, ce duo, ce couple qui ne sépare jamais les deux êtres qui le forment. Je suis arrivé à un stade ou j'ai un besoin constant de lui et ce partout, chez moi, au lycée, dans mon lit, dans un lit, dans la rue, dans une salle de classe et partout dans ce monde, en fait. Il est arrivé à un stade et, c'est trop fort pour ne pas le sentir, il est arrivé à un stade où ce besoin d'attention que j'me dois lui offrir en tant que mec, en tant que complice, en tant qu'acolyte, en tant qu'ami... est indispensable, en fait. Parfois il sait qu'il me fait chier, comme là maintenant... Sans ça, sans tout ça, ce petit mot « ça » qui peut très bien signifier quelque chose comme rien du tout, ce petit mot inexplicable est la définition de c'qu'on vit, de ce qui nous fait vivre, Maël et moi.
Addiction, ma meilleure addiction c'est lui. Ce terme pourtant péjoratif change complètement lorsque je l'assimile à ce mec. Maël est une bonne addiction, la mienne, c'est la mienne, c'est le mien. Jamais je ne le laisserai me filer des mains, je m'en mordrais les doigts. Sans lui, j'suis vraiment rien, une merde. Sans lui, je serai sûrement un Léo encore plus paumé et idiot, celui qui n'a pas vraiment de but dans la vie et qui se contente de vivre l'instant présent sans même se soucier d'un quelconque futur. C'est triste d'un côté, mais c'est moi. Avec Maël à mes côtés... Je sais que ça va être compliqué, difficile à gérer, j'ai peur que ce lien si fort qu'on unit pourrait en briser des autres, ce serait mentir de dire que je n'ai pas peur. Et puis, je crois que lui aussi un peu. On sait pas ce que les gens pensent vraiment, on saura jamais. Si aujourd'hui j'disais à tout le monde que je suis avec Maël, mais vraiment à tout le monde... Le regard sur ma personne changera, c'est un fait, c'est comme ça. C'est obligé. D'autres n'en auront rien à foutre, d'autres seront peut-être heureux de ce courage soudain et d'autres ne verront qu'en moi un simple mot discriminant que j'ai même pas envie de citer. Le pire c'est qu'en vérité, on peut penser ce qu'on veut d'moi. Je m'en bats les couilles, même si j'dis ça pour ne pas dire que j'en ai rien à cirer des avis des gens. Au contraire, l'avis des autres c'est beaucoup trop important. Ça a toujours été comme ça, tu peux pas t'en foutre de ce qu'on pense de toi. Personnellement, c'est comme ça que je pense. Tout ça pour dire que j'veux pas que des connards s'en prennent à mon Maël. Je crois que je pourrais complètement péter un câble si on toucherait ne serait-ce qu'un seul de ses cheveux. Je sais que j'me suis calmé avec le temps et depuis qu'il est là, certes, mais il ne faut pas se fier à ça.
— Regarde-moi...
Si tu me demandes de te regarder pour toujours, pour toujours je le ferai. Quand mes yeux se plantent dans les siens, j'accroche ce contact visuel et mon plaisir semble en prendre un coup, une montée me parvient et ses vas et viens n'arrangent pas vraiment mon cas. Le fait de le voir aussi concentré, d'entendre ses soupirs qui s'échouent parfois et résonnent entre nos lèvres lorsqu'elles s'unissent à nouveau, l'entendre sans dire un mot qu'il aime ce qu'il est en train de me faire aimer, ce qui pourrait bientôt me faire venir, là, dans pas longtemps, entre ses doigts que je vais souiller. L'effet qu'il me fait en ce moment même, aucun mot français ne pourrait m'aider à le décrire. Aucun. C'est juste magique, mieux que ça. Il me mord délicieusement les lèvres et lorsque les siennes finissent par descendre comme tout à l'heure dans mon cou, Maël se remet à marquer ses parties qui me surprendront lorsque je me regarderais demain matin, dans un miroir. Mon petit doigt me dit que je vais bien devoir cacher ça... Si je ne veux pas me prendre une rafale de question comme Monsieur dans les vestiaires du gymnase, l'autre jour. Quel idiot, il le fait exprès c'est pas possible. Il le fait exprès d'être aussi bon, c'est pas possible...
Contre sa bouche qui devrait, pour son bien, être éloignée de la mienne, je lui chuchote deux mots qui lui indiquent qu'il a réussit ce qui voulait, ce qu'il voulait faire, sa sale idée cachée dans un coin de sa tête. Son sourire s'agrandit subitement et mon pouce trace le contour de ses lèvres, les miennes ne faisant que ressortir ma respiration qui est soudainement devenue forte et excessive, déchaînée. La langue de Maël qui s'enroule autour de mon doigt, ce truc qu'il s'amuse à faire et qu'il sait que ça me plaît a été la chose qui a réussit à tout faire venir, à tout enclencher, et lorsque tout est bon, quand y a bien tout ce qui faut, c'est cette fin dont j'ai envie de revivre qui me fait ressentir cette putain de sensation de délivrance, et de faiblesse aussi. Ses doigts décorées en prime des bagues accueillent ces petites perles jusqu'à qu'il finisse par les laisser se longer sur le long de sa main. Epuisé, exténué et encore sous l'influence de ces frissons, de cette décharge que j'viens de me prendre, mon front se laisse tomber sur son épaule. Elle reste ainsi quelques secondes le temps que je me calme avant que ma bouche viennent gentiment se frotter contre sa peau pâle, puis plus méchamment mordre cette blancheur esthétique qu'est son grain de peau.
Maël ne manque pas de gémir suite à cette soudaine attaque, j'aime l'entendre de cette façon... Ce mec, c'est vraiment quelque chose. Je sais pas comment ça se fait de ressentir autant de plaisir, maintenant j'sais c'est quoi. Je me dis qu'il faut vraiment le vivre pour le découvrir et une fois que tu l'as, faut pas que tu le lâches. Pour ne pas regretter. Son visage, je suis en train de le regarder maintenant. Ses joues sont chaudes et roses, je ne sais pas vraiment. Elles sont agréables à embrasser, c'est un bonheur de le faire. Le châtain me demande s'il était bon et il connaît déjà la réponse. Il la connaît, je n'ai pas besoin de le lui dire pour qu'il la sache. Mais vu ce qu'il m'a fait ce soir, je lui murmure quand même le mot qu'il espérait entendre. Comme toujours.
Avant qu'il me rejoigne dans son lit, je l'ai rejoint dans la salle de bain à côté de notre chambre. Enfin, « notre »... Putain, on l'a fait dans la baraque de Kévin. J'arrive pas à y croire. J'espère que j'ai pas été bruyant, j'ai absolument rien calculé. Avec un peu de chance, ça va. Lorsque je rejoins ce lit après avoir piqué des vêtements qui traînait dans l'armoire — ceux à mon ami, je présume — je finis par se laisser tomber sur ce matelas. Je regarde l'heure et grimace en secouant légèrement ma tête. Bordel, je sens que le réveil demain va être une terreur. Je sens déjà le mal de crâne me bombarder. Je m'endors avec un poids à mes côtés, pas la peine de préciser qui c'est.
La sonnerie que j'avais programmé sonne, bien évidemment, à l'heure prévue. Je me réveille quasiment en sursaut pour choper mon téléphone en charge et éteindre cette connerie. Putain, j'espère que ça ne l'a pas réveillé. Quoi que... Je sens que ça bouge, derrière. Son bras était sur mon torse et je crois que mon mouvement a été un trop brusque. Enfin, bon. Maël râle un peu en passant ses doigts sur son visage avant de cacher sa tête sous le coussin.
— Fait chier... je chuchote, mes pieds rencontrant le sol froid.
Non mais là, c'est une torture complète d'abandonner ce qui se trouve sur ce lit. J'essaye de ne pas trop regarder ce corps à moitié dénudé, son dos parfaitement courbé, ses épaules et ses fesses dans ce jogging qui s'est un peu descendu dans la nuit. Je secoue ma tête suite à ces pensées qui me viennent dès le réveil comme ça et attrape mon iPhone pour lire un message de... ma mère. Elle me l'a envoyé à 7h00, il est maintenant 8h00.
Maman, 7h06
Casa, 9h.
Simple, net et précis, j'ai tout compris. Mais bordel, j'ai tout sauf envie prendre le volant actuellement. Lorsque je me lève du confort qu'est le matelas, ma tête tourne un peu mais ça va. Je crois que je vais devoir piquer un cachet à Kévin, c'est pas possible autrement. En baillant et en étirant les muscles de mon dos ainsi que de mes bras, je m'avance doucement vers la grande fenêtre qui donne vue sur un grand jardin dont le pelouse est fraîchement tondue, et là où une piscine est à moitié remplie. Je profite un peu du paysage pour me réveiller et décide de tirer les rideaux pour le confort de Maël. Quand je quitte la pièce, il s'est déjà rendormi.
Une fois en bas, dans le salon, je vois Romain traîner à moitié allongé sur le canapé, la place où il a passé donc. Il est réveillé lui par contre, car la TV est allumée sur une chaine de dessin animé, Gulli. Genre, ça me fait sourire qu'il matte ça mais bon.
— Yo, mon pote... Le canapé était confortable, en vrai ? je lance avec ma voix du matin.
— Ah, t'es debout... Ouais, tellement confortable que j'ai pas pu dormir plus, là... Mais wait, pourquoi t'es réveillé toi en vrai ?
— Je dois rentrer chez moi, y a ma tante qui débarque d'Italie, j'explique tout en ouvrant les placards de la cuisine de Kévin, à la recherche de cachet. Ça me fait chier, t'sais.
— Ah ouais... Bah ouais, j'imagine.
Finalement, je trouve ce qu'il me faut. Je me serre bien évidemment un verre d'eau pour avaler tout ça et ferme un instant les yeux, essayant de ne pas trop penser à ce mal de tête qui va sérieusement commencer à me casser les couilles si ça ne passe pas.
— T'as dormi où, toi ? Avec Maël ?
Romain me pose la question mais il connaît déjà la réponse, quoi. Je me contente d'hocher rapidement de la tête avant de m'asseoir sur ce canapé, à côté de lui. Il se redresse un peu, son visage se tournant vers le mien. Un sourire orne ses lèvres et j'essaye d'ignorer. Je sais que mon ami connait l'histoire, vaguement, mais j'apprécie le fait qu'il soit d'accord avec ça. C'est le plus important pour moi, je pense. Savoir que mes proches ne me jugent pas, ça prouve énormément.
— J'espère que vous avez pas trop sali...
— Oh, ta gueule. Vraiment, Romain. Vraiment.
— Hm, hm. D'accord, j'ai rien dit... sourit-il encore.
— Et ouais, sinon... Kévin, Camille ? J'avais pas capté qu'ils étaient pas là.
Je me perds sur les réseaux sociaux tout en écoutant Romain me parler, les fins de ses phrases se finissant souvent par des bâillements.
— Ah ouais, putain... Kévin s'est réveillé en pleine nuit genre j'sais pas quelle heure il était mais tard... Il s'est réveillé en sursaut en plus, il m'a fait peur, je sais pas. Mais ouais après je suppose qu'il est allé dans sa chambre et il a prit Camille dans ses bras.
— Je vois... Bon... Bah j'crois qu'ils vont pas se réveiller de si tôt, les trois autres. Putain mec, j'suis claqué.
À l'entente de mes derniers mots, mon ami ne peut s'empêcher de me lancer un regard plein de sous-entendus. Et rien que pour ça, j'ai envie de le frapper.
— Mais non, bordel... J'suis claqué parce qu'on est resté tard jusqu'au film, avec Maël. C'est tout.
— Ouais, t'inquiète. Tu sais, je te crois.
— ... Alors pourquoi j'ai cette impression bizarre genre... On dirait que tu m'crois pas vraiment, en fait.
— Mais si ! J'te crois, t'en fais pas. De toute façon, je n'ai pas envie de savoir vos quelconques ébats, ça ne m'intéresse pas...
C'est ça, bien sûr. Ah, je dois vraiment éviter ce sujet si je n'ai pas envie de me griller tout seul. Enfin, même si je viens un peu de le faire et malgré ce que j'ai dit, je sais que Romain croit ce qu'il veut croire et en l'occurrence ici, il sait que je sais qu'il a raison. C'est aussi simple que ça.
Ensuite, nous allons fumer une clope rapidement et je ne reste pas sans me plaindre de mon mal de tête. Romain me dit que j'ai abusé, que j'ai trop bu. Mais bon, ça faisait longtemps aussi j'ai l'impression. Et puis merde, on est en vacances maintenant. Sauf que voilà, c'est vrai que j'ai un peu la flemme de me montrer ainsi devant ma famille alors j'ai posé la question à mon pote pour savoir si ça se voyait. Il m'a dit que non et j'essaye de le croire. De toute façon, c'est trop tard maintenant. Lorsqu'on rentre à nouveau dans la maison, on croise Camille dans la cuisine. Cette dernière nous dit bonjour et se prépare déjà un café. Elle nous en propose mais moi personnellement, je n'ai pas le temps là. Alors, je les laisse et remonte dans la chambre de Maël pour reprendre mes vêtements de la veille sur moi. Avant de m'en aller, je m'approche de ce lit où il dort encore et frôle lentement son visage à l'aide de mes doigts.
Dans ma voiture, je démarre le chauffage à fond. Le trajet se fait rapidement, heureusement il n'y avait pas trop de circulation ce samedi matin. J'arrive chez moi même un peu plus tôt et croise ma mère en train de fumer, la tête dépassant de la fenêtre de la cuisine. Lorsqu'elle me voit arriver, elle sait déjà comment ça va au vu de mon état. J'ai l'air fatigué et je suppose qu'Adriana se doute de la soirée que j'ai pu passer, ma génitrice est loin d'être idiote sur ce genre de chose.
— Tuo papà é andato a prendere tua zia all'aeroporto. (ton père est allé chercher ta tante à l'aéroport)
Elle laisse la fumée de sa cigarette s'échapper des ses lèvres maquillées de rouge et je la regarde rapidement tout en hochant la tête. Super, tout ça. Je m'installe alors sur le canapé du salon, soufflant en m'asseyant un peu plus confortablement. Directement, je sors mon téléphone de ma poche pour voir si j'ai des notifications. Et bien évidemment quand je vois le nom écrit de Maël, j'appuie sur celle-ci en premier. Il a dû se réveiller.
J'attends encore quelques secondes avec la conversation allumée mais en ne voyant pas de réponse, je verrouille mon portable. J'espère qu'il ne m'en veut pas, puis de toute façon je sais que j'ai raison. Il dormait, sinon j'l'aurai remarqué quand même. Puis je suis gentil, je l'ai laissé. De toute façon, il pourra rentrer chez lui sans mon aide vu qu'il y a un arrêt de bus pas loin. Donc, c'est bon.
La journée passe sans rien de particulier. Enfin, rien... L'arrivée de ma tante et mon oncle a mit une certaine ambiance au sein de notre famille. Les deux étaient contents de nous voir et ils nous ont ramenés plein de trucs venant d'Italie. De la nourriture, des cadeaux et ce que ma mère lui avait demandé en plus. Ma sœur est contente car elle a été gâtée de vêtements en tout genre. Là c'est le soir et on est tous à table. Personnellement, je n'ai qu'une seule envie : de me barrer dans ma chambre. Je touille la cuillère dans la soupe concoctée par ma daronne, essayant tant bien que mal de suivre les discussions qui fusent à toute allure à table. Mon père Fiorenzo discute avec mon oncle Léandro tandis que ma mère, elle, s'intéresse un peu plus à sa sœur Chiara. Gabriella essaye de s'incruster dans ces conversations « d'adultes » si j'peux dire ça comme ça. Du coup, à chaque fois qu'elle veut dire une phrase, elle se fait couper par une des personnes et surtout par nos parents, en fait. Du coup, ça me fait ricaner. En face de moi, elle finit par me lancer un regard froid.
— Mais ce repas commence vraiment à m'énerver... Personne ne m'écoute ! râle-t-elle en haussant le ton sur ses derniers mots.
Je secoue négativement de la tête avant d'annoncer d'une voix calme que je sors de table. Tous les yeux me fixent avant que les bouches reprennent de blablater et de déballer dans un italien que je ne prends même plus la peine de comprendre. Je décide donc de monter dans ma chambre et dans le couloir, je sens une présence qui me suit derrière moi. Ce n'est personne d'autre que Gabriella qui, un peu énervée, me dépasse et s'engouffre dans sa pièce. Puis moi dans la mienne, j'y passe la soirée sans même prendre la peine d'en sortir.
Le lendemain matin, je me lève tranquillement. Il est actuellement 11h04 et on peut le dire, j'ai fait la grasse matinée. Lorsque je descends en bas, je ne remarque personne. Puis je me souviens que la veille, ma mère est rentrée dans ma chambre pour me parler et pour me dire qu'ils partiront tôt afin de visiter et faire quelques achats en ville. Adriana m'a demandé si elle voulait que je vienne avec eux mais non, jamais d'la vie et au contraire, j'ai prévu autre chose.
Ouais. J'ai pas envie de passer ma journée à me promener dans le froid de dehors, ça ira quoi. Alors, j'ai proposé à Maël de venir à la maison. Je lui ai parlé par message hier soir, car dans la journée on s'est rien dit. Je sais pas s'il était occupé ou pas mais en tout cas, c'était bien chiant de ne pas avoir de nouvelles de lui. Sérieusement, après ce qu'on a fiché la nuit dernière bah, j'aurai aimé pouvoir rester un peu plus avec ce mec mais peut-être qu'il n'avait pas envie, tout simplement. Il a accepté ma proposition par contre, mais je lui ai aussi demandé s'il préférait qu'on aille autre part. Maël m'a dit qu'il a la flemme de bouger et qu'on regardera Netflix. Je pense que ce programme me correspond, de toute façon j'aurai fait la même chose tout seul alors bon.
Cependant, un petit détail me chiffonne. Car dans la cuisine, comme si c'était fait exprès, je retrouve Gabriella. Cette dernière est en train de manger ses céréales préférées et doit sûrement écouter une vidéo ou une musique vu qu'elle porte ses écouteurs et que son téléphone est tourné à l'horizontale. Ses yeux ne se lèvent pas de l'écran quand je passe à côté d'elle, je suis obligé de lui montrer que je suis là pour qu'elle me remarque.
— Mais quoi ? Je suis en train de regarder un live, là.
— Ouais, c'est bien. Dis, t'as pas des choses à faire aujourd'hui ?
La brunette fronce ses lèvres en réfléchissant, le regard dans le vide. Sauf que bien sûr, elle reprend avec un sourire bizarre.
— Non, j'crois pas. Pourquoi ?
— Pourquoi t'es pas allé avec Chiara et maman ? J'pensais que t'aimais ça, faire les magasins.
— Bah... Aujourd'hui, j'avais pas envie. J'ai une sale tête, j'peux pas sortir.
Je me retiens de dire « comme d'habitude » tout en roulant des yeux, elle le fait exprès ou quoi. Elle abuse ouais, y a rien qui change quand je la regarde. Par contre, je crois que mes questions ont éveillé sa curiosité.
— Tu me laisses la maison, aujourd'hui ? Ou alors, ton chéri-
— Non. J'te laisse rien du tout, mais Maël va venir ici.
— C'est vrai ? Il a dit qu'il allait venir ?! Trop bien ! s'extasie-t-elle comme si c'était la bonne nouvelle de la journée.
— Ouais... Non mais, c'était juste pour te prévenir. Donc, sois pas trop chiante s'il te plaît.
— Si tu me le demandes comme ça... D'accord ! Ah mais... Tu sais quoi, je peux bien voir avec Marie si elle veut bien que j'passe chez elle... On a des trucs de BFF à faire.
Je rêve. Mais si elle part, ça m'arrangerait encore plus. Déjà, je sais que les autres ne rentreront pas avant le soir parce qu'ils ont prévus de se faire un restaurant alors si Gabriella prévoit de voir sa copine, ce serait vraiment bien. Un peu de paix.
— Tu peux le dire, oui... dit-elle en textotant quelque chose sur son téléphone.
— Je ne dirais rien, non.
J'essaye de cacher au mieux ma joie, c'est juste parfait. L'attente est longue. Maël m'a dit qu'il va mettre un peu de temps à venir car il doit chercher quelque chose chez son père. Rêveur, je regarde par la fenêtre, appuyé légèrement contre cette dernière. Le temps est gris, un temps parfait pour rester sous la couette, au chaud, à regarder une série complète ou quelques bons films. Ma sœur fait de nombreux aller-retour derrière moi, étant allongé sur le canapé du salon. Elle regarde ses tenues dans le grand miroir à côté de la porte d'entrée, essayant à chaque fois plusieurs paires de chaussures pour savoir lesquelles correspondent le mieux. J'ai l'impression qu'elle doit voir je ne sais pas qui, habillée ainsi. Mais après tout, ce n'est pas vraiment mes affaires. Gabriella essaye de gratter des avis en se plaçant devant moi et en me demandant si ce jean et ce haut lui va bien. J'en ai rien à faire, j'vais pas mentir. Suite à mon mutisme, elle rajoute en disant que je n'ai pas changé et que je sers toujours à rien. C'est vraiment la seule phrase qui me fait sourire.
Puis au moment où je m'y attendais le moins, c'est là qu'on entend sonner à la porte. Je sursaute, j'sais même pas pourquoi mais ça m'a fait flippé. Ma sœur, étant celle la plus proche de cette dernière, se retourne vers moi et tape dans ses mains avant de venir ouvrir. Ce n'est pas la peine de préciser sur qui on tombe car vraiment, tout le monde le sait et tout le monde s'y attend. Maël est là, un peu grelotant, tenant contre son corps habillé son fameux casque de moto. Je ne l'ai même pas entendu venir, tellement j'étais perdu dans mes pensées. J'essaye de ne pas me perdre dans son regard mais en vain, la seule chose qui me fait revenir sur Terre et une phrase qui sort de la bouche de Gabriella, une phrase qui demande à notre — mon — invité de rentrer, une phrase de bienvenue. Le fait que ma sœur sait ce qu'il se passe entre nous me gêne un peu sur le coup mais j'pense que ouais, j'pense que ça va le faire.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top