J'suis un voyou de la tess qui a besoin d'amour.
La semaine de cours est passée lentement, pour ne pas changer. Rien de particulier ne s'est passé. Mercredi, j'ai finalement rencontré la copine de Romain et j'dois dire qu'elle est plutôt cool. Elle s'appelle Vanessa et elle est à la fac. On a discuté dans un café tranquillement, Kévin est reparti quelques minutes après car il avait un truc à faire. Du coup, ce con m'a fait tenir la chandelle et je suis parti moi aussi.
Et non, je n'étais pas venu avec Clarisse. Malgré ses publications tristes sur Instagram et Facebook, elle ne m'a pas envoyé de message et j'aime pas faire le premier pas surtout quand il s'agit d'elle. C'est mort, quoi. J'crois qu'il se passera plus rien avec, c'est terminé pour de bon. D'un côté, j'ai réfléchi et je me dis que c'est ce que je veux : retourner à la case célibataire et me calmer un peu. Par moment, j'ai juste envie d'être seul et c'est pas plus mal. Ça part trop en couilles pour moi.
C'est dimanche soir et tout le monde est présent dans la maison. Mon père et ma mère doivent sûrement regarder un film italien en amoureux et ma sœur en train d'écouter sa musique et faire je ne sais quoi sur son PC portable. J'veux pas savoir. C'est toujours comme ça dans ma famille, on ne passe pas nos soirées ensemble et c'est très rare que ça arrive. Chacun de son côté. On se croise juste à table, on parle de tout et de rien puis après, on vaque à nos occupations. Tranquillement.
Nos conversations avec Kévin sont toujours aussi banales et rapides, il n'aime pas trop parler par message et j'comprends, c'est tellement plus pratique les appels ou les vocaux. Allongé sur mon lit, je laisse tomber mon téléphone sur mon torse. Je me fais particulièrement chier et je ne sais jamais quoi faire de mes fins de week-end, à part penser au lendemain, à ce foutu lundi qui ne mérite même pas d'exister.
Ça me gave. Je vis de ouf la déprime du dimanche soir.
Je n'ai plus reparlé avec Maël depuis le début de la semaine, depuis la fois où je l'ai ramené forcé. Sa moto n'était plus présente sur le parking. Il a du la faire dépanner. Je ne sais pas comment il s'est démerdé.
Je soupire bruyamment puis prends mon courage à deux mains pour lever mon cul du lit. Je sors de ma chambre, passe dans la cuisine pour attraper le paquet de clope ainsi qu'un briquet noir qui traîne sur le plan de travail puis, descends sur la terrasse. L'air frais de fin de septembre me fait frissonner, je suis torse nu.
J'm'allume une cigarette tout en prenant place contre une des vieilles chaises en plastique, elles sont à moitié pétées. Le paysage qui s'offre devant moi est un simple buisson de haie qui n'a pas été coupé depuis un long moment, le ciel grisâtre en fond. On dirait qu'il va pleuvoir. J'avoue que ce n'est pas la meilleure vue que j'ai là mais j'm'en plains pas. C'est plus relaxant que d'être proche d'une route bondées de voitures. On vit dans un petit lotissement tranquille, entouré de vieux retraités ou grincheux. C'est pas plus mal, on n'est pas trop emmerdé dans l'coin.
Je suis apaisé.
Je pense au devoir de maths à rendre pour demain. J'hésite encore à le faire ou pas. J'suis une merde en maths et puis même si j'veux essayer de comprendre, j'y arrive pas. J'suis certain que ce con de Romain l'a fait mais j'me sens pas trop de lui demander ce qu'il a écrit, je le fais bien trop souvent. Même s'il me l'avouera pas, je sais que ça le fait terriblement chier à chaque fois. C'est le premier à nous rappeler que l'on doit se débrouiller solo.
Et il a bien raison. Je sais toujours pas comment j'vais me débrouiller pour le bac en fin d'année.
Mon téléphone vibre sur la table basse devant moi et mes yeux tombent dessus. Super. Je laisse la fumée s'échapper de mes poumons tout en me baissant pour l'attraper. Le nom qui s'affiche me fait déglutir légèrement.
Je soupire tout en écrasant ma clope contre le cendrier. Elle est sérieuse là ? Dis moi que tu m'aimes ? Elle me saoule définitivement. Son attitude me désespère et je crois que je regrette déjà de lui avoir parlé à cette foutue soirée de merde. D'un côté, ça me fait chier d'avoir été aussi brute par message avec Clarisse mais de l'autre, j'suis plutôt content d'avoir mit les points sur les i. J'espère qu'elle aura compris qu'il est temps de changer son statut sur Facebook et de passer à la case "célibataire", parce que bon. Je sais que ça craint de le dire par message mais en vrai, je sens que je vais encore craquer devant elle.
Plus rien d'intéressant ne se passe dans la soirée. Je me couche bizarrement tôt, après avoir prit une douche rapide.
Lundi matin, 8:00 pétante, je pose pied sur le goudron du parking. Aujourd'hui je me la joue beau gosse avec le nouvel ensemble de sport que je me suis acheté, samedi. Du Nike, bien évidemment. Sur ça, j'reste fidèle. Je remarque Kévin et Romain collés au mur en brique, près du portail. J'peux voir de là qu'ils me matent en souriant. Je souris en retour, j'avoue, j'me suis levé du bon pied ce matin. C'est fou comment notre look joue sur notre moral.
— Hé salut beau gosse, me lance Kévin la clope au bec. Sympa ton survet.
— Merci mec. Salut, Romain.
Mon pote aux cheveux couleur miel me retourne un tchek tout en faisant un signe de tête pour me saluer silencieusement.
— C'est un cadeau ou juste comme ça ? continue le brun.
— J'ai brisé mon p'tit cochon en porcelaine, j'ai pas résisté, je lance en m'appuyant à mon tour contre le mur.
Kévin me jette un regard amusé tandis que moi, je regarde vaguement les gens qui descendent des bus et ceux qui se font ramener en bagnole.
— On commence avec quoi déjà, les mecs ? dit Romain qui relève enfin les yeux de son portable.
Celui-là, il doit parler avec sa meuf. Toujours les yeux sur le tel. Kévin lui répond et personne ne dit plus rien. On fume tranquillement en attendant que la sonnerie du malheur s'éveille. J'ai strictement envie de rien. Vraiment. Une clope coincée aux lèvres, je finis par remarquer les potes de Clarisse qui marchent vers l'intérieur de la cour. Bien évidemment elle est là, marchant la tête haute, sa queue de cheval se balançant de la droite vers la gauche à chacun de ses mouvements. Je la matte sans me gêner mais je veux me frapper mentalement. Pourquoi j'suis comme ça ? Aussi faible face à sa beauté ? Aussi con ? Je peux pas m'empêcher de penser qu'elle est juste... Trop belle et qu'elle me plaît, ouais, encore plus quand je ne la possède pas. C'est fou. Dommage que son caractère me repousse. Elle avait tout pour me faire kiffer, quand je ne la connaissais pas.
Yanis finit par s'incruster avec nous et il a dû me faire un signe de main devant mon visage pour que je me retourne finalement vers lui. Je dois vraiment sortir une de ces têtes pour qu'il se moque de ma gueule comme ça. Il me fait une poigne de main tandis que je lui lance un sourire en coin, un peu penaud.
— T'étais vraiment pas discret...
Je sais, je m'imagine bien. C'était plus fort que moi, j'ai envie de répondre. Mais je ne dis rien. Je me contente juste de sourire. Une fois la sonnerie déclenchée, on se dirige tous tels des zombies vers nos salles de classe. Moi et les deux en maths, Yanis et les autres en physique chimie. Les profs n'ont toujours pas compris que c'est un enfer de nous faire commencer par ce genre de matière, même si je sais que ce n'est pas eux qui choisissent. Dans le couloir, je la croise encore. Encore, en même pas cinq minutes. On dirait que c'est fait exprès, bordel. Mon regard accroche le sien mais elle détourne rapidement ses yeux bleus des miens pour regarder une de ses amies qui doit raconter une blague parce qu'elles rigolent toutes comme des connes.
Ridicule.
Assis sur ma chaise, la tête entre les bras, le prof passe entre les rangs pour ramasser les foutues copies qu'on doit lui rendre. Sur le coup, je n'entends pas la porte s'ouvrir brusquement. Je souris un peu — wesh, pourquoi ? — lorsque je sens un courant d'air à mes côtés, ce foutu parfum que je commence tout juste à reconnaître.
Je n'ai pas envie de commenter quoi que ce soit ou préciser des fichues précisions.
Il tire sur sa chaise, s'assoit et allonge ses longues jambes habillées d'un cargo beige un peu large, aux pieds ses bottes militaires montantes fétiches. Je quitte finalement mes bras pour poser mon visage dans la paume de ma main. Je me tourne légèrement pour le regarder, ce qu'il ne fait pas. Il porte encore son gilet trop grand pour lui mais cette fois-ci, il a remonté la capuche sur ses cheveux blonds décolorés. De profil, je n'arrive qu'à voir ses mèches tomber devant ses yeux et je m'arrête tout de suite là. En voyant qu'il m'ignore, je laisse tomber mon front contre la table, refermant mes yeux. Bref. Je n'ai sorti aucune affaire à part un stylo qui traînait dans la poche avant de mon sac.
— J'l'ai fait réparée. Problème de moteur.
Mon voisin se décide finalement de me chuchoter ces quelques mots, ses yeux étant rivés sur le tableau et sa main tenant un stylo quatre couleur qui note tout ce qu'il y a marqué.
— Ah ouais. Je me voyais déjà te ramener, je jette sans trop savoir pourquoi en tournant légèrement mon visage pour lui jeter un regard, ma tête restant toujours collée à la table.
Maël ne me regarde pas mais il sourit tout en scrutant sa feuille, là où apparaissent les formules qui sont dictées au fur et à mesure par l'enseignant. Finalement, il relève son visage pour planter ses yeux dans les miens.
— Attends que ce soit mon tour.
Je ne comprends pas directement ce qu'il veut me dire, légèrement perdu dans le gris de ses yeux. Puis on ne dit plus rien jusqu'à la fin du cours. Bizarre. Moi, essayant de comprendre les trucs que nous écrit le prof, les sourcils froncés et mon crayon à papier que je ronge. Lui, répondant aux exercices parfaitement. J'avais jeté quelques coups d'œil vers sa feuille à petit carreaux pour voir mais j'ai bien vite abandonné. C'est du chinois, frère.
— Je vous rappelle que le bac, c'est en fin d'année alors pour certains, il serait le temps de se réveiller !! s'écrit le professeur aux élèves qui sortent vite de la salle, les bras croisés contre son torse.
Merci de remuer le couteau dans la plaie, et on sait. On n'est pas encore devenu totalement teubés.
Je soupire en passant la barrière de la porte et je réajuste au mieux la lanière de mon sac sur mon épaule. Kévin me rejoint et pose sa main dans mon dos ce qui me surprend un peu. Je l'avais pas vu, celui là.
— T'as rendu alors, le DM ?
— Il n'a même pas prit le temps d'aller jusqu'au fond, le con.
Le brun râle légèrement en me traitant de chanceux, lui il s'est tapé un avertissement travail. C'est vraiment un connard ce prof quand même. Et un débile pour oublier des élèves.
— Romain, tu l'avais fait ton DM toi ?
L'appelé, toujours le nez dans son téléphone hoche la tête avant de retourner écrire ses messages. Il m'énerve quand il fait ça.
— Hé, Maël ! Viens voir.
À l'entente de ce prénom, je m'arrête et me retourne sur Kévin qui s'est arrêté pour attendre le faux blond. Il saoule. Ce dernier ne tarde pas de marcher à ses côtés et je ne prends même pas la peine d'écouter leur conversation. Je préfère faire comme si de rien n'était et continue le chemin avec Romain. J'ose jeter un coup d'œil sur son écran rempli de cœurs qu'il verrouille d'un coup. Il pose ses yeux sur moi et paraît légèrement énervé.
— Mec, tu changes là.
— De quoi ? , me répond-t-il limite au tac-au-tac.
Je pose mes yeux sur son téléphone, il le regarde aussi et il finit par comprendre.
— Ah ! Ouais. C'est juste que je l'aime beaucoup.
— Bah tu me diras pas le contraire...
Ma phrase se termine d'un léger rire et Romain bouscule mon épaule pour me faire taire.
— Tu me comprendras p't'être une fois que tu tomberas amoureux.
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