Baiser fatal.
Kévin ne met pas longtemps à mettre les autres dans le bain. Les invités comme Cassandre qui n'avait jamais vu la maison auparavant restent impressionnés face à ce que lui montre le fils des maîtres des lieux.
Mon pote est un vantard, certes, mais au fond c'est ce qu'il aime le plus. Voir les mines figées et admiratives de ces personnes font monter en lui une grande fierté, même si tout ça ne lui appartient pas réellement.
Posé avec Maël et Romain sur l'un de ses grands canapés en cuir blanc, on ne peut s'empêcher de les regarder en sirotant notre premier verre d'alcool. Ces derniers sont déjà éparpillés sur la petite table basse en verre. On peut y retrouver de tout et pour tous les goûts : bières, vodka, rhum, cognac, whisky, et j'en passe. J'ai presque le tournis en louchant sur ses bouteilles différentes les unes des autres, ça va faire tellement longtemps que je n'ai pas bu.
Puis de toute manière j'en attendais pas moins, Kévin sait très bien que plus il y a d'alcool, plus on risque de mieux s'éclater. C'est sa morale.
Je vois Maël se pencher pour attraper une canette, et je l'admire en trouvant que la musique qui est en train de passer à travers les grosses enceintes de la TV lui va particulièrement bien. All The Time. De ses longs doigts, il ouvre la capsule avec une élégance qui tranche avec l'absurdité qu'il s'apprête à boire. Il avait raison, en disant que j'allais... Que j'allais le mater, quoi. En même temps...
C'est Maël. Il porte un pantalon noir assez classe, voir même trop. Une chemise blanche sur laquelle les premiers boutons sont déboutonnés, sur ses épaules se trouve un blazer légèrement ample assorti à son bas. Des chaussures cirées, sobres, mais qui vont avec le reste. Ses bijoux sur les oreilles, une chaînette argentée qui entoure son cou structuré pend le long de ses clavicules et contraste avec sa peau pâle.
— C'est magnifique ! Franchement... Elle est géniale ta maison, Kévin.
— Et vous avez pas tout vu... Mais pour l'instant, buvons !
Kévin prend place à mes côtés, entre Maël et moi. Je manque de soupirer mais décide de ne rien dire, prenant sur moi en grattant mon front. Camille — qui est la plus jolie de cette soirée après Maël — me sourit et je comprends rapidement que je dois me décaler encore. Putain ! Mais c'est pas comme s'il y avait pas de place, non...
— Buvons à cette année... Attendez, réfléchit Kévin. Ouais. Buvons à cette année qui, pour ma part, a été un bel échec !
Quelques verres sont déjà pré-remplis et Romain avait au préalable mit des étiquettes de couleur sur chacun pour qu'on se rappelle qui est le verre à qui. J'avoue que c'est une plutôt bonne idée.
— Moi, commence à s'exprimer Cassandre en rabattant une de ses mèches colorées derrière son oreille. Je bois en espérant que cette année nous permette de repartir sur des bonnes bases. Je bois en...
— Oh ça va, on n'est pas le 31 non plus !
— Ouais... Mais Romain t'sais quoi, j'te laisse te préparer pour le jour J alors !
Le désigné hausse les sourcils et Yanis qui se tient à ses côtés sourit avant de boire une gorgée d'alcool.
— Normalement c'est celui qui invite qui fait, non ?
Ton excuse sortie de nulle part, là. En vrai je dis ça mais qu'ils ne comptent pas sur moi pour en faire.
— Au pire on fait comme si, s'exclame Mathis d'un rire taquin en laissant son dos buter contre le dossier du canapé. Moi je vote pour que ce soit Kévin ! De toute façon, c'est lui l'hôte...
— Tu parles ouais, le mec est déjà bourré au bout de trois verres... clame Cassandre. Il ne tiendrait pas avant minuit même.
— C'est mon premier verre, oh ! Eh déjà, arrêtez de parler pour rien. Tiens Maël, on va goûter ça.
— C'est quoi ?
— Ah, bah... Je l'ai piqué dans la cave à vin privatisé de mon daron, tu vois. Ce con croyait que je connaissais pas le code !
Les discussions s'enchaînent face à cette bouteille qui vaut plus que ma vie, je parie. Un truc de la sorte doit coûter hyper cher, je sais pas, c'est pas comme si je n'étais un professionnel après tout. En connaissant le père de mon pote, c'est pas comme s'il ne jouait pas dans la cour des grands. En y pensant, au début je croyais qu'il était dans les drogues mais quand Kévin m'a expliqué qu'il tenait une grande entreprise basée sur l'humanitaire, j'ai vite comprit que ce mec là n'était pas un rigolo. C'est un type très intelligent pour avoir fait de nombreuses actions concluantes. Mais en revenant à notre niveau — bas — j'espère que cet idiot va pas se faire engueuler quand son daron va remarquer qui lui manquera cette collection...
— Non mais attends ! Gardes la pour tout à l'heure, t'es un ouf de vouloir l'ouvrir maintenant, souffle Mathis.
— Il a raison... Mais tu vas pas te faire défoncer, mon coeur ? s'incruste la petite amie de mon pote.
— T'inquiète... C'est pas comme si c'était la seule qu'il avait d'toute manière !
— Tu vas bien Bastien... ? Tu es un peu pâle, s'inquiète soudainement sa meilleure amie, changeant au tout pour tout le sujet.
Ça doit le trauma tout cet alcool. Par contre... Elle était obligée de parler aussi fort, je crois que le pauvre ne supporte pas vraiment les regards qui se sont rivés sur lui. Sérieux. Je l'avais même pas remarqué ceci dit... Enfin, je l'avais vu rentrer tout à l'heure mais il était complètement caché derrière Cassandre. Je me demande pourquoi il est venu au final, mais je mise sur le fait que ce soit sa folle de pote qui a insisté. Mine de rien, je commence à la connaître et la gothique peut se montrer très, mais très fatigante.
Au fil des minutes, les quelques peu personnes présentes décident de partir sur des discussions totalement opposées les unes des autres. Des groupes se font autour de cette petite table et les places s'échangent, les rires gâchent la bande son qui ambiance la grande pièce à vivre. De mon côté, je finis par me lever et Maël capte rapidement mon regard. C'est ce que je voulais. Je lui fais un léger signe de tête, sortant un paquet de clopes de ma poche. Lorsque j'arrive devant la grande baie-vitrée, je vois son reflet apparaître derrière et il décide de l'ouvrir pour moi. Dehors, le froid me ronge immédiatement mais ça me fait du bien de respirer un peu. Ça commençait à devenir étouffant à l'intérieur.
Je manque de jurer quand je me sens, d'un coup OKLM, me faire propulser sur le côté, mon dos rencontrant la sensation de la façade froide de la maison. En passant, sensation très désagréable.
— Putain ! Mais vas-y doucement, non ?
Son rire jovial s'élève entre nous et bizarrement, mon léger agacement s'évapore. Non mais sérieux... Y'a d'autres façons pour aborder quelqu'un que de le coincer entre un mur, mais va lui dire ça.
— Quoi ? je continue alors.
— Hmm.
Il m'énerve, hein. Sans qu'un mot ne sorte de sa bouche, Maël finit par reculer d'un pas pour me regarder, ses doigts retenant son menton. Enfin, il regarde surtout mon style... J'espère quand même qu'il remarque l'effort sinon, qu'il aille se faire foutre.
— Parles ou tais-toi.
— Non mais... C'est bien, j'aime ta tenue, lance-t-il après quelques secondes de silence.
Je manque de soupirer mais en réalité, sa remarque me fait plaisir. Je vais pas mentir, c'est bon. Je m'allume finalement cette clope sous son regard puis après avoir tiré une taffe, je comble l'espace entre nos deux corps d'un pas. J'en ai besoin. La fumée inhalée s'échappe de mes lèvres et ces dernières finissent par rencontrer celles qui se trouvent en face moi. Calmement et doucement. Pour en profiter au maximum, en tirant un minimum de sensations face aux peu secondes qui nous relient. J'embrasse un sourire, un sourire qui me gonfle un petit peu.
— C'est tout ? chuchote-t-il d'une voix déçue.
— Comment ça, c'est tout ?
Je me concentre de nouveau sur ma Marlboro, ne trouvant même plus l'envie de la terminer. À vrai dire, c'est autre chose que j'aimerais terminer maintenant. Mais bon. On peut pas tout faire dans la vie.
— On rentre, je me gèle.
Ce fut bref mais même dans le bref, ce fut agréable. Je le sens me suivre derrière moi avant de refermer la barrière qui sépare la chaleur de la froideur. En retournant à l'intérieur, je ne m'attendais pas à trouver les autres par terre, formant un espèce de rond désordonné. Avec Maël, on s'approche et on s'incruste finalement, nos fesses rencontrant un plaid mit de façon à adoucir le sol de marbre.
— Alors... Yanis ! Action ou vérité ?
Encore ce jeu. Faut croire que c'est limite un incontournable en soirée. Je lance un regard au désigné. J'avais pas remarqué directement mais... Ça fait bizarre de voir le Yanis que je connais habillé de cette façon. Ses efforts ne sont pas invaincus car les yeux de Romain vont finir par tomber à force de le regarder. Mais lui... Faudrait vraiment être myope pour pas le remarquer à ce point. Enfin bref, de toute façon c'est pas mes affaires et je sais pas si le fait qu'il me dise quoi que ce soit me ferait quelque chose. Honnêtement, c'est comme si je m'y attendais.
— Vérité...
— Mais chochotte va, jette Kévin en enroulant son bras autour de Camille.
— Ça va laisse-le, réplique Romain un peu froidement.
— Ouais mais il prend que les vérités, c'est nul !
— Laisse mon pote tranquille toi, ajoute alors Mathis en fronçant ses sourcils avant de rire en voyant la tête du châtain.
— Je prends des vérités car je n'ai pas confiance quand c'est Kévin qui désigne les actions... se justifie le concerné, faisant rire le fils des Julien.
— Ca va, à croire j'suis un tyran wesh ! Oh, on s'amuse. Bon... Du coup...
— Le temps qu'il réfléchisse... Ça va prendre une éternité, ne peut s'empêcher de souffler la gothique.
— Je t'emmerde ! râle l'autre. Bref. Yanis. Sérieux. Si là on était touuus tes prétendants...
— Je le sens mal cette vérité.
— Laisse moi finir ! Alors. Si là, on était tous tes prétendants. Tu choisirais qui pour finir une soirée ?
Kévin pointe tout le monde du doigt avant de ramener une gorgée d'alcool pour raviver son palais. Un silence s'installe, enfin, si on ne compte plus le titre de Hamza qui est train de passer là. Tout le monde regarde Yanis et ce dernier fait mine de réfléchir, ses yeux faisant le tour. Quand il remarque que je lui souris, je finis par tourner ma tête sur le côté en faisant mine de fixer autre chose. Non mais, parce que je veux éclater de rire. Je vois écrit « Romain » en gros sur son front, c'est juste pour ça.
— Tu poses un joker ?
— Non.
— Ben dis, mon frère ! le précipite Kévin.
— Il va choisir Romain, souffle Cassandre au final ayant remarqué que les deux ne font que de se fixer.
— C'est trop mignon ! s'extasie avec parcimonie la blonde.
— Ah ouais jure, Romain ?!
Je finis par accompagner le rire des autres. Du coin de l'oeil, je vois que Maël perd ses iris grises sur ma personne et... Ça me fait légèrement sursauter. On dirait un psychopathe, enfin, ça ne devrait plus me surprendre mais je m'y attendais pas, je pensais qu'il regardait les autres comme tout le monde... Visiblement, non. Ma main vient pousser son épaule, lui disant silencieusement d'arrêter.
— Je pensais que tu allais me choisir moi, Yanis... se plaint faussement Kévin.
— Mais regardes toi et regardes moi, lance finalement Romain en posant fièrement.
— Tu veux déclencher une guerre. Je note, je note.
— Oh, les mecs... rajoute Camille en jouant avec les cheveux de son copain.
— Arrête blondie, moi je veux qu'ils se frappent un coup tu sais. Je sens des secrets inavoués entre ces deux-là...
Alors elle, elle ne peut pas s'empêcher de les mettre encore plus dans la sauce. J'ai l'impression qu'elle sait tout sur tout le monde ici et en l'occurrence, Bastien également. Ils sont inséparables, ça m'étonnerait même pas qu'il en sachent plus sur nous que nous sur lui. En y réfléchissant, ce serait tellement gênant... On ne l'entend même pas parler, faut que Romain le désigne pour le prochain tour.
— Léo, lâche mon meilleur ami.
Enfoiré, avec ton sourire. Je mords l'intérieur de ma joue en le foudroyant du regard.
— Action ou vérité ?
— Action, je dis cash.
Je sais que c'est ce que tout le monde veut de toute façon. Je compte sur lui pour ne rien me donner par rapport à Maël, sinon je l'enfonce encore plus.
— Prends le téléphone de Kévin et fais ce que tu veux dessus jusqu'au deux prochains tours.
— Quoi ?! T'es sérieux là ? s'exclame-t-il avant même que je réplique.
— Oh... La chance, siffle Cassandre, envieuse.
J'essaye de réfléchir sur le pourquoi du comment il me donne cette action. J'avoue que... Ça me tente bien même si je n'aime pas me mêler des affaires des autres. Je croise le regard de Camille qui me sourit faiblement avant de détourner le regard. Romain est vraiment une tchoin quand il s'y met.
— Bah envoie, je lance au concerné en lui faisant signe de me passer son bien préféré.
— Pff... ! Fais pas n'importe quoi, hein !
— Léo, choisis entre temps.
J'attrape l'iPhone dernière génération de Kévin qui ne possède ni coque, ni vitre de protection. Il aime jouer avec le feu, ce malade. J'y fais attention et je le déverrouille mais son code d'accès me bloque.
— Je veux son code d'abord.
— Attends, j'te le fais.
Je le lui rends et il s'exécute. La gothique ne peut s'empêcher de faire une remarque.
— Je pensais que t'allais nous le dire comme un con.
— Ce serait pas étonnant qu'il le fasse.
J'entends Mathis ricaner et quelques autres. Kévin finit par me rendre son Apple en ignorant ces remarques et je laisse un sourire en coin se former, faisant genre. Ouais car en vérité, je ne pense pas trouver des choses intéressantes dessus. Sûrement des conversations mielleuses avec Camille qui risquent de me donner la gerbe, ma foi.
— Maël, je dis en relevant mon regard sur lui.
Arrête de me sourire comme ça, débilos. tu croyais que t'allais y passer ?
— Action ou action ?
— Action, me répond-il sans réfléchir.
Je regarde le fond d'écran qu'affiche le portable de mon ami qui n'est rien d'autre que son chien. Je vois que les pastilles de notifications sont nombreuses, surtout celles d'Instagram et de Snapchat. Je fais durer le suspense en ouvrant sa messagerie, scrollant sur ses contacts. Kévin me regarde du coin de l'oeil et ça m'amuse, bizarrement.
— Mais il me stresse ce con !
— Calme toi, chuchote Cam. Tu n'as rien à cacher de toute façon ?
— Il n'a pas confiance en son pote, siffle Romain.
— Non mais... Quoi, t'aimerais que je regarde dans ton portable ? Hé Romain, t'inquiète que... T'inquiète. Œil pour œil, dent pour dent comme on dit.
Le garçon posé à côté de Yanis ne peut s'empêcher de sourire sournoisement. Je me demande vraiment si c'est fait exprès pour le faire chier.
— Je crois que Maël attend son action avec impatience... chuchote Camille chopant une chips.
— Ouais... je soupire avant de dire la première chose qui me passe par la tête. Va éteindre la lumière.
— Et c'est tout ? s'étouffe Mathis, croisant ses jambes pour se mettre en tailleur.
— Éteins la lumière et fais ce que tu veux sur nous, je rajoute.
Un petit « Ohh » enthousiaste se forme dans le groupe. Je lui dis ça parce qu'on me l'a faite plusieurs fois et c'est la seule qui m'est venue, pour le coup. Maël ne peut cacher le sourire qui déforme adorablement ses lèvres et il finit par se lever d'un bond.
— C'est trop flippant, ouais ! se plaint Kévin, froussard. J'espère il va pas me tripoter.
— Chochotte, roucoule Yanis ce qui lui attire un joli doigt de la part de son interlocuteur.
— Moi, ça m'excite...
Je lève mes yeux sur la Cassandre là, qu'elle se calme par contre. Faut qu'elle garde ses remarques pour sa meuf.
— Toi, tout t'excite de toute façon...
— T'es l'exception Kévin, ne te fais pas d'espoir.
— Bon vos gueules, retentit Maël prêt à appuyer sur l'interrupteur. J'éteins.
— Viens me toucher, Maël... chuchote une dernière fois Cassandre.
Je meurs d'envie de l'assommer avec un coussin qui traîne mais je me retiens. J'entends certains rires tandis qu'on est plongé dans le noir. Je glisse le téléphone de Kévin dans ma poche, histoire de cacher la luminosité qui pourrait me faire cramer. Enfin... Je dis ça comme ça hein. Au cas où.
— Vous l'entendez ? chuchote Mathis, gâchant le silence.
— Ça se trouve il s'est juste cassé, rajoute Romain avant de faire rire les autres.
— Ma foi... J'en connais certains qui seront dégoûtés.
Ouais, ouais. Ta gueule sale folle. Hé mais elle me cherche grave, ce soir. Elle me veut quoi en fait ? Mais j'avoue que Maël, s'il est encore là, il est vachement discret. Il a du enlever ses chaussures. C'est pas possible autrement.
Et souvent, j'ai raison. Sans vouloir me vanter. Mais quand je sens un souffle chaud s'échouer contre la peau de ma nuque, je manque de sursauter. Je sais qu'à présent toutes les oreilles sont à l'affût, que tout le monde prête attention à tout. Même que quelqu'un a éteint la musique. Je déglutis légèrement et le laisse faire, contrôlant ma respiration qui pourrait partir en couille à tout moment s'il risque de déraper.
Tout se fait très rapidement mais dans ma tête, j'ai l'impression que... C'est agréable. Je ferme mes yeux même si ça ne sert à rien. Dans le noir, je ressens les sensations fois dix. Dans le noir et avec toutes ces présences silencieuses autour de nous, je ressens les sensations fois mille. Ouais. Les doigts de Maël arrivent à se faufiler sous mon haut, traçant la ligne que creuse ma colonne vertébrale. Il remonte gentiment, puis redescend en croquant ma peau. Ma canine vient mordre ma lèvre, d'une manière incontrôlée pour ne faire passer aucun signe d'appréciation, voir même d'excitation. Tu parlais ouais, Cassandre... Puis... Je comprends exactement l'endroit qu'il attaque.
Des picotements se répandent, Maël m'ayant couvert de marques sur cette zone précise il n'y a pas longtemps, dans une nuit. Même moi je n'en avais pas conscience avant de me regarder de dos dans le miroir... Il m'avait dévoré et comme s'il espérait qu'il en resterait, il gratte ce qu'il y a encore à manger.
— Hum, hum... Maël ? C'est long là... s'élève alors une voix courageuse.
Je le ressens se tendre derrière moi et plus rapide que son ombre, plus rapide que le vent, il s'évapore en brisant la bulle qui nous a emprisonné tous les deux. De là, la lumière se rallume après quelques secondes puis je fais comme si de rien n'était, espérant que mon visage ne me grille pas comme un débutant. Normalement, non. Normalement.
— Je ressens... commence Cassandre, rouvrant un œil.
Je ne sais pas si elle me regarde car j'ai entre mes doigts le téléphone de Kévin, prêt à fouiller dedans. Bah quoi ? Je dois bien commencer mon action, au bout d'un moment.
— Toi aussi, hein ? coupe Romain.
— Ouais. Je ressens de la tension dans l'air.
Le châtain reprend sa place à mes côtés, son genou tapant sans faire exprès le mien. Je veux lui lancer un regard mais flemme. J'en ai encore des frissons. Je suis excité.
— Je vois qu'il n'y a pas que Maël qui en profité, hein... lance Mathis en croquant dans un apéritif au fromage.
En disant ça, il vise Kévin et Camille qui se bouffent du regard depuis tout à l'heure. Sérieux... La tension sexuelle qui émane entre ces deux-là me fait peur. Je me dis que c'est le bon moment de regarder dans son téléphone, vu qu'il n'en a plus rien à foutre. Les autres continuent de jouer un tour et Maël choisit Cassandre — qui l'a supplié — bizarrement. Je n'écoute plus vraiment la vérité qu'il lui demande, décidant de regarder les messages de Kévin.
Mes yeux se concentrent sur les premiers. Il y a Camille, notre groupe à trois, Romain, moi puis des... emojis. Pourquoi des emojis ? C'est bizarre, qui met ça. J'appuie dessus, tant pis. C'est ce qui m'intrigue le plus. Je suis curieux. Je lis vite fait, essayant de garder une mine impassible.
Kévin, hier à 02:21
Et en quoi jmen foudroye
Kévin, hier à 02:21
fou*
🦇💀🩸hier à 02:21
Tu connais Jok'air ?
🦇💀🩸hier 02:21
Y'a des paroles dans un de ses sons qui me font penser à toi PTDRR 💁🏻♀️
Kévin, hier à 02:21
Pcq ça parle de cul ?
Kévin, hier à 02:21
Tchoin que t'es 😂
🦇💀🩸hier à 02:21
Pas que
🦇💀🩸hier à 02:23
https://open.spotify.com/track/4plgBLw54eoTmAqyB0grGh?si=KsDAgNrwRK2TXEIQkRWaFA&context=spotify%3Aplaylist%3A37i9dQZF1EVHGWrwldPRtj
Kévin, 02:25
Mdr
Kévin, 02:25
Deja le debut
🦇💀🩸 hier à 02:26
Jsp pk je t'envoie ça. Oublie du coup
Kévin, hier à 02:26
Mais 😅
Kévin, hier à 02:26
C'est plutot toi qui dois oublier je te dis sincerement la... 😉
🦇💀🩸 hier à 02:27
Tu crois que c'est facile pour moi ?
Je comprends pas. C'est quoi ça ?
Je n'ai pas le temps de voir plus que Kévin crie que mon action est terminée. Je manque de sursauter. Y a pas à faire flipper comme ça... Je pense à fermer l'application avant de lui rendre son téléphone comme si de rien n'était. J'ai rien vu. Mon ami me sourit puis le range dans sa poche. Je veux savoir c'est qui. J'ai même pas pu voir la musique. Est ce qu'il trompe Camille ? Non... C'est plutôt cette meuf qui semblait être à fond sur lui. Je sais que c'est nul de penser à ça vis-à-vis de mon ami mais je peux pas m'en empêcher.
Bref.
Finalement, le jeu s'éternisant bien trop longtemps, on commence donc à se rassembler pour manger des pizzas que Kévin a prit soin de commander quelques minutes avant. Il a prit de tout et pour tous les goûts. Les discussions fusent entre nous mais je n'y prends pas part, je préfère me concentrer sur ma bouffe en fait. Ils sont malades eux. C'est sacré les pizzas de chez Domino's.
Après ça, on décide d'ouvrir la sainte bouteille. Kévin fait péter le champagne tout forçant sur le capuchon. Le goulot de la bouteille fait ressortir la mousse blanche et rapidement, les verres déjà utilisés se font remplir à la chaîne.
— Hm... Il a du goût, ton daron !
C'est vrai, même si le champagne ce n'est pas ce que je préfère. Je le regarde et son sourire me contamine. Pas la peine d'indiquer de qui je parle. Il est beau, mais... Encore plus que tout à l'heure et avec ce verre en main. Je me retiens de l'embrasser mais qu'est ce que j'en ai envie... Kévin nous coupe dans notre moment et il se cale sur nos deux épaules, faisant nos têtes se coller ensemble. Il est trop collant et ça aussi, ce n'est pas non plus la peine de le préciser...
— Je vous aime, les mecs.
— Nous aussi, je souffle sur le coup.
D'habitude, je n'aurai jamais dit ça mais bon, c'est Kévin quoi... Il semble heureux, voir même trop.
— Tu vas pleurer ?
— Non... dit-il en se redressant. Comment ça pleurer ? Jamais de la vie !
— Parce que ta tête, sérieux ! Si tu te verrais, rigole Romain.
Kévin fait genre de balayer l'air puis retourne voir sa petite amie, Romain le suivant également. Je me retrouve de nouveau tout seul avec lui et comme par automatisme, nos visages se retournent en même temps en face de l'autre.
— Si tu savais ce que j'ai envie de faire, dit-il dans le léger brouhaha qui nous entoure.
— Dis toujours.
Il penche légèrement sa tête sur le côté. On dirait un petit chien qui fait mine de réfléchir. Je vois encore mieux son visage aujourd'hui avec ses cheveux plaqués vers l'arrière. J'aime ce style que ça lui donne, il est classe. Il est classe sans en faire trop, c'est ça aussi que j'aime chez lui. Mais je ne vais pas tout énumérer car à la fin, la liste serait trop longue.
— Toujours.
Je mets un moment à comprendre parce que mon temps de réaction est pourri. Son sens de l'humour est toujours à travailler à ce que je vois.
— T'es nul. Pour une fois que t'es sérieux.
— Mais quoi... ? C'est toi, t'es jamais sérieux.
— Je le suis toujours. Souvent.
— Pas convaincu...
Instinctivement, je le suis tandis qu'il s'échappe peu à peu des autres. Il m'emmène dans un des nombreux couloirs de la villa, un peu caché de tous. J'aime bien. Ces derniers ne sont pas vraiment éclairés mais de petits spots de lumière suffisent largement pour nous voir. Puis c'est pas comme si c'était vraiment nécessaire pour se rouler une pelle, non ? J'aime tout aussi bien quand c'est à l'aveugle.
Son index vient relever mon menton et je me laisse faire, mes iris bleus se perdant dans le gris des siens. Je ne fais plus attention à la musique et aux voix derrière nous puisqu'à ce moment là, il n'y a plus que Maël qui existe sur cette Terre. Sans perdre plus de temps, ses deux lèvres se déposent sur les miennes. Deuxième baiser de la soirée. Il me l'offre bien. Et je le suis si bien. Je suis les mouvements qu'il m'impose, complètement sous l'emprise de ce qu'il me procure. Je ressens toujours cet effet en moi. À force... On s'habitue. J'aime cette façon dont il aborde les choses, ses gestes, tout me rend dingue dans sa manière de faire, d'agir. Entre ses mains, je sais que je pourrais me laisser emporter à chaque fois, à chaque fois qu'il vient m'enlever le droit de parler. Sa bouche est légèrement amère, dû au champagne hors de prix que nous venons de boire. J'aime ce goût, c'est du luxe, ça me donne encore plus envie. J'aime bien. Non. J'aime beaucoup.
J'aimais beaucoup.
— Euh... J'vous dérange... ?
J'avais oublié à quel point le retour à la réalité peut être brutal. Cette adrénaline qui te prend les tripes quand tu te retrouves fautif dans quelque chose que tu viens d'entreprendre. Ce poids lourd qui s'affaisse sur tes épaules quand t'es comme... prit la main dans le sac. Merde. La panique me compresse le ventre, l'estomac. C'est comme si tout s'alourdissait, les effets multipliés fois dix à cause de l'alcool et de l'émotion. Mes épaules sursautent et celles de Maël aussi. Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit que je me prends une remarque, remarque jetée comme un ballon en pleine figure.
— Mais tu parles de potes, ouais !
Kévin crache cette phrase comme s'il parlait à un animal. J'vais pas mentir, ça me fait mal. La façon dont il me parle, je déteste. Ça me donne envie de le frapper à défaut de ne pas me frapper moi. Il est vraiment énervé. Mais on l'a cherché. On n'a pas été prudent. Je le sais. Pourquoi après tout ce temps ou on a su faire gaffe, pourquoi après tout ça, on se fait prendre aussi facilement ?
Le pire dans l'histoire c'est que je m'étais imaginé un tas de scénarios dans la tête par rapport à nous. Mais je n'aurais jamais pensé que la réalité se passera ainsi.
— Ça fait combien de temps que vous... Que vous me cachiez ça, hein ! Putain, j'arrive pas y croire !
— Il se passe quoi, ici ?
Manquait plus que ça. J'ai l'impression que tout vire au cauchemar. Silencieux, je ferme ma gueule. Maël ne dit rien, ses doigts se glissant sur son front, désespéré. Moi, je suis assez désemparé pour le coup, je ne sais vraiment pas quoi dire au risque de m'enfoncer encore plus dans cette situation de merde.
— Kévin... Expliques-moi, redemande plus silencieusement Camille qui s'est incrusté.
— Ils sont... Ils sortent ensemble ! Putain ! Ils viennent de s'embrasser comme des...
— C'est vrai ça ? rajoute sa petite-amie, comme pour en rajouter en couche.
Enfin, je ne pense pas que ça lui fasse ni chaud ni froid à elle, vu la tête qu'elle tire. On voit bien deux expressions opposées l'une de l'autre. La blonde réajuste une mèche de ses cheveux tandis que son regard jongle entre Kévin qui fait à présent les cents pas et nous.
— Sous mon toit, ils... ! Putain de merde, les mecs ! Oh ! Ils vous arrivent quoi ?
— Hé ! Calme-toi Kévin ! Viens, laisse-les.
Je ne sais pas s'il a envie de t'écouter, là. Je me retiens. C'est tout ce que je sais faire de toute manière. Honnêtement, j'aimerais dire quelque chose mais j'ai l'impression que quelque chose me bloque, au fond de ma gorge. J'arrive pas à parler, je crois que je panique. C'est pas je crois, mais j'essaye de ne pas m'en persuader davantage. Alors que c'est fait, c'est trop tard.
— Non ! Avant, je veux des explications !
— Écoutes, tu devrais-... tente le châtain avant de se faire bousculer.
Kévin est mon ami mais je n'aime pas la façon dont il se comporte avec Maël. Ça me fout la rage, ça commence à monter tout aussi vite que lui maintenant.
— Je suis chez moi, je fais ce que je veux déjà alors n'essaye pas de me casser les couilles ! Tu parles d'une bonne soirée, rigole-t-il avant de nous regarder de haut en bas. On s'en va, j'ai plus envie de voir ça.
— Putain, mais Kévin !
Une fois de dos, je ne peux m'empêcher de crier à travers la musique. Je n'avais pas la force l'appeler par son prénom mais, je prends sur moi.
— T'es sérieux ? Après ces années d'amitié tu m'parles comme ça ?
— Léo, attends. J'ai pas compris, se retourne-t-il pour revenir en face de moi. Après toutes ces années d'amitié, tu veux te faire passer pour la victime là ?
— Quoi ? De quoi, quelle victime ? J'me fais pas passer pour une victime. Je te dis juste.
— Arrêtez les mecs... tente la seule faible voix féminine présente.
— Si ! Je me suis fait des fausses idées sur toi, en fait ! Pourquoi tu m'as menti comme ça ?! Pourquoi t'as rien dit ?! Dire que je t'ai laissé tout ce temps l'opportunité de... Ah, laisse tomber. T'sais quoi, j'ai même pas envie de me disputer avec toi. Ni avec toi, soupire-t-il en désignant le châtain. Vous avez juste... gâché ma fête.
J'étais flippé de ta réaction. Voilà pourquoi j'ai rien dit. Mais vu comment tu réagis maintenant, ça ne me donne même pas envie d'en placer une histoire de me défendre un minimum. Je me sens comme un idiot, impuissant dans un ring coincé avec une bête sauvage. La seule façon de le quitter c'est de me laisser attirer par Maël, ce dernier ayant attrapé la manche de ma chemise pour me faire reculer.
— Je... Désolé les gars, s'excuse Camille en regardant Kévin s'éloigner. Je vais essayer de lui parler mais... Je m'excuse de son comportement, sincèrement... Faut pas que vous vous en vouliez. Il n'avait pas à vous parler comme ça.
Elle nous sourit légèrement mais le mal est déjà fait.
— Tu ne mérites pas Kévin, se permet Maël qui est plus calme que moi.
Camille semble fixer un point invisible au sol. Je vois bien qu'elle est à bout aussi. Pourtant, je sais qu'elle l'aime. Elle aime cet idiot malgré son comportement de fils de... Je ne sais pas comment elle fait à l'instant même. Si j'étais à sa place, je l'aurai simplement claqué pour qu'il se réveille dans le monde réel. On est potes en fait, je peux pas croire qu'il nous parle comme ça. On ne s'est jamais disputé, jamais. Et là quand je vois que ça se passe comme ça, je regrette presque d'être venu.
— Je vais voir quoi faire...
— Ouais. Bon. Moi j'me casse alors.
Je prends un regard désolé quand je le vois glisser une clope éteinte entre ses lèvres. Ça me fait chier. J'ai même pas les mots pour dire ce que je ressens. Je suis en colère, je bouillis. Mais je suis aussi déçu.
Maël se dirige vers la porte d'entrée et automatiquement, je me mets à le suivre. À cet instant, je ne sais pas s'il a envie d'être seul ou pas mais il ne peut pas me lâcher lui aussi après ce qu'il vient de se passer.
Alors que je le vois sortir, je me fais couper la route par un Romain en panique. J'ai l'impression que la fête est en train de ne plus battre son plein, j'ai comme un sentiment que l'ambiance a changée, même dans le salon.
— Quoi, Romain ?
Mon ami dépose une main sur mon épaule, un air triste collé au visage. Il n'a pas l'air bien puis à mon avis, Kévin a du s'empresser de lui dire ou pire encore, de raconter ça aux autres. Je le connais quand même, et sous la rage je sais qu'il peut faire n'importe quoi. Il n'hésiterait pas à me mettre dans la merde. En tout cas... Je n'espère pas à ce point.
— Kévin m'a raconté... Mec, j'suis vraiment désolé... C'est vraiment un, j'ai pas les mots.
— T'as pas à être désolé, je hausse les épaules. C'est comme ça.
Mon — seul vrai — meilleur ami promène son regard sur mon faciès dont ma mine est indescriptible. Honnêtement, je n'ai plus envie de rien. Ça a refait ma soirée, et en mal. Je ne veux plus rester une minute de plus dans la maison d'un con, putain, ça me fait mal à l'intérieur de dire ça. Je revois la tête de Kévin et je mords mes lèvres, impuissant.
— Moi j'suis là, tu le sais. Ok ? Si tu veux, on peut s'en aller...
Ses mots me rassure et sur le coup là, j'sens que j'vais devenir émotif devant lui. Ça me fait chier mais je prends sur moi, je ravale mes larmes. Je vais pas pleurer pour ça. Je vais m'en remettre, et Maël aussi. Bien que lui, il est plus dégoûté qu'autre chose.
— Merci Romain. Je sais que je peux compter sur toi.
— Tu peux compter sur tout le monde, tu sais... Kévin est le seul à réagir comme une grosse merde.
C'est vrai, il a raison. Je sais très bien que les autres s'en fichent et puis peut-être l'on remarqué, comme Romain. Je sais que ce dernier m'a répété plusieurs fois que je n'étais pas discret et que ça se voyait mais quoi faire ? Que je ne mette plus à regarder celui qui me rend fou par peur qu'on pense des choses ? Bah je les emmerde, alors. J'ai pas que ça à faire. J'en ai marre de faire semblant, pour le coup. Ça me gave, j'arrive à saturation. J'suis pas assez fort pour ça.
— Il l'a dit aux autres ?
Le châtain en face de moi hoche un peu de la tête. Je laisse un long soupir traverser la barrière de mes lèvres, fermant quelques secondes les yeux pour me contenir.
— Mais personne n'en parle, là. Je vais aller voir de toute manière et essayer de calmer le jeu avec Kévin.
— Mec, de toute façon j'ai même plus envie d'entendre son prénom. Fais c'que tu veux.
Je le contourne pour attraper ma veste avant de sortir dehors. Je me demande si Maël s'est barré ou s'il est juste dans le jardin. J'espère... De toute façon, je vois pas comment il rentrerait à part attendre un taxi. Bonne chance d'en trouver un maintenant en plus.
— Tu t'en vas ?
— J'vais essayer de le retrouver, ouais.
On s'abandonne après ça. Je n'ai plus rien à dire de toute manière, j'ai besoin de respirer. Une fois ma veste sur moi, je sors après avoir vérifié si mon téléphone est bel et bien dans ma poche. À l'extérieur, l'allée est illuminée ce qui me permet d'atteindre ma voiture garée devant les grandes portes d'un garage sans difficulté. Je suis rassuré de trouver Maël adossé contre le capot de ma A5, une cigarette à moitié consumée aux doigts. Je toussote légèrement pour qu'il me remarque et je ne sais pas trop comment réagir. Je me mets en face de lui et sa main froide congèle ma joue. Ça picote mais ça va. Est-ce qu'il veut parler ? J'ai pas l'impression. Alors, on peut rester ainsi s'il veut. Au final, j'attends que ce soit lui qui fasse un pas.
— Tu veux venir à la maison ?
Comment refuser s'il me le dit de cette façon. Sous mon silence, il rajoute.
— Ma mère a des trucs avec ses amies. Elle pense que je suis ici, elle ne reviendra pas avant demain.
Je hoche doucement de la tête et il finit par jeter son mégot dans des buissons. Il aurait pu le laisser tomber par terre, honnêtement je ne lui en voudrais pas du tout. Sa fumée embrase mes lèvres et je décide de m'abstenir quand je louche sur les siennes, pour le moment.
— Tu vas pouvoir reprendre le volant... ? demande-t-il en grimaçant.
Je hausse des épaules. J'ai pas bu énormément, au final. Enfin, je ne me sens pas bourré mais j'ai bien peur d'avoir dépassé le seuil imposé par la loi. En plus, je mettrais ma main à couper que les flics font des contrôles en ce moment-même.
Mais... J'ai envie de partir, j'ai pas envie de rester ici. Je peux pas retourner à l'intérieur. Je suis bien ici avec lui, même si j'ai froid partout.
— Pas grave, sinon. On rentre à pied.
Il est bien drôle. Je lâche un petit rire, en m'imaginant déjà le temps que ça mettrait afin d'arriver chez lui.
— Puis je laisse ma voiture ici ? je fronce un sourcil, par pour cette idée.
— Ouais, j'avoue...
— Je reviendrai pas là demain, que ce soit clair.
On se regarde encore quelques instants avant que je me recule en premier, allumant mon Audi, ses phares clignotants par la suite. Je m'engouffre sur le siège conducteur tandis que Maël sur le passager. J'allume le chauffage puis, je fais une marche arrière en passant le portail qui s'ouvre en mon passage. Je devine alors que c'est Romain qui l'a activé, voyant sa tête à l'une des fenêtres. Merci de loin, mon pote.
Une fois sur la route, l'habitacle se retrouve très calme. Aucune musique, aucune radio, rien. Juste le bruit des pneus et le moteur qui grogne à chaque accélération. Il n'y a pas beaucoup de trafic vu l'heure tardive. Ça me plait. Ça me permet de rouler comme je veux, en faisant attention quand même puisque je ne suis pas tout seul et surtout, l'alcool. Pas envie de faire n'importe quoi bien que là, c'est une grosse connerie.
Maintenant, je connais le trajet par cœur pour arriver chez lui. À force d'avoir passé de nombreuses nuits ici... C'est comme si c'était une deuxième maison, un refuge ou un abri qui me permet de dormir tranquillement quand je n'ai pas envie de rentrer chez moi. J'aime l'ambiance qui se trouve dans sa maison. C'est chaleureux, silencieux et l'odeur y est particulièrement agréable. J'aime être chez Maël. C'est différent de chez moi ou il y a souvent du bruit, des bruits ambiants néfastes — ouais, je parle bien de Gab — qui me dérange.
Comme l'avait annoncé Maël, il n'y a pas sa mère, Adèle. Il allume les lumières à notre passage puis les referment lorsqu'on quitte les pièces. Parce que de toute manière, on sait que c'est dans sa chambre qu'on va se poser. Une fois dedans, c'est comme si tout ce qu'on portait sur nos épaules se volatilise complètement. C'est comme si entre les quatre murs de la chambre de Maël, je pouvais être moi-même. Je crois que c'est l'endroit que je préfère. Elle n'a rien de particulier mais, c'est la sienne. Donc ça change tout. Il a enlevé son blazer, bien qu'il lui allait parfaitement. Mes doigts ne peuvent s'empêcher de jouer avec le col ouvert de la chemise blanche qu'il porte, faisant rouler les boutons contre la pulpe de ma peau.
— Je vais te faire oublier.
Ses mots ne sont que des murmures.
J'aime cette intimité entre nous, ses gestes qui nous relient de façon inconditionnelle. Il est détestable quand il me cherche. Il est énervant quand il fait exprès, quand il veut me marquer. Je fais pencher mon cou d'une façon légère, essayant de ne pas m'étouffer avec mon propre soupir. Et je le laisse. Il pense toujours à bien faire, à bien humidifier ses lèvres avant de tout faire flamber. Il est l'huile, je suis le feu. Je suis le feu et Maël, l'alcool. Le seul que je ne consomme sans aucune modération. Ça se sait. Puis c'est une sensation agréable qu'il m'offre et pourtant qui fragilise dans un sens mon épiderme. J'en voudrais dans le long, dans le creux, sur les côtés, partout. Il ma tatoue la peau à sa manière, comme il sait faire. Mon cou se fait mordre comme étant qu'une simple proie vu par ses yeux de vampire. En parlant de ses derniers, ils finissent par se perdre dans les miens. De si près, on se voit flou. Flou comme ces pensées qui s'entrechoquent entre elles à l'intérieur de mon cerveau. Un bordel, le truc.
Je pense à plusieurs choses à la fois, je me perds entre tristesse et passion. Pourquoi il s'arrête ? Des frissons reviennent au galop le long de mon dos, ses ongles pour cause. Maël est un danger, un danger qui me bouleverse mais qui m'exalte en même temps. Un danger qui s'interpose dans tous les chemins que j'emprunte, comme s'il ne pouvait s'en empêcher, comme si ça lui plaisait. Aucun ne veut le contraire de toute manière. Je chuchote des mots qu'il comprend parfaitement, bien qu'ils n'aient pas forcément de sens. Je veux qu'il prenne soin de ça. De mon état, je me sens mal.
Nos bouches, quand elles s'unissent, se comprennent tout de suite. Comme si, une fois reliées, devenaient une évidence. Et c'est vrai. La sienne ne devrait connaitre que la mienne. À deux, plus qu'une. C'est comme ça, ça doit être écrit quelque part. Je ne sais pas par qui, mais je ne vois plus les choses autrement. Depuis que je suis avec lui, depuis ce qu'on fabrique une fois seuls, à deux, depuis notre dernière fois, depuis des mois, toutes ces fois qui devront se répéter pour une durée indéterminée, sans expiration.
Il est à moi et elles sont à moi. Quand je le fais basculer sur son propre matelas, il m'attrape avec lui. Il ne veut pas glisser tout seul. S'il glisse, moi aussi. En parlant de glisse, ce sont mes mains qui prennent le dessus et elles se frayent un chemin en dessous de ce tissu fin qu'il porte, l'enlevant de son pantalon. Ce tissu qui émane une douce odeur, l'odeur de son parfum qui me prend la tête d'une façon particulière. Comment un simple parfum peut accroître mon désir pour sa personne. Il sait bien choisir. Bien que je le niais, Maël a toujours eu du goût. Le goût pour choisir les bonnes choses, les jolies choses. J'en fais parti, peut-être. Le goût pour plaire, il sait quoi faire et comment faire. C'est comme si c'était naturel venant de lui, il a toujours dégagé ce truc en plus par rapport aux autres. Ce truc qui le fait sortir du lot, qui l'illumine dans un groupe de personne.
Maël a tout pour lui. Puis, Maël est fait pour me plaire.
Il a été conçu exprès comme je le souhaitais, bien que je ne m'en suis pas toujours rendu compte. Je ne comprenais pas pourquoi j'enchaînais les échecs. Quand je repense à avant, je veux rire. Du moins pour le moment, je souris contre ses lèvres. Je me sens mieux. Je ne perds pas plus de temps et je les mords, il me rend tout en retour. Tout et même plus. Je manque de laisser passer un soupir, soupir qui s'échapperait avec un des siens.
Je suis dans un état d'ivresse, parallèlement à celui dû aux boissons de tout à l'heure. La nuit sera courte, la nuit est toujours courte quand deux corps et deux âmes se font face à un sentiment commun partagé. Je l'aime. Lui, et ce putain de sentiment.
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