27 Une étrange révélation

- Tu es gelée, il faut que je trouve un moyen de te réchauffer.
- Je sais pas à quoi tu penses au juste, mais oublie, j'ai vraiment trop mal.
- je reviens vite.
- Non ! Ou tu vas ? Me laisse pas.
- Ne t'inquiète pas je serais pas loin.
Il s'éloigna, et elle poussa un soupir.
Elle mourrait d'angoisse.

- Qu'est ce qui lui arrivait ? Pourquoi souffrait elle autant ? Comment avaient ils pu se retrouver dans une telle galère ? Ils allaient mourir ici, sur cet îlot de rêve, qui était devenu un enfer.
Et Léo, ou était il parti ? Reviendrait il ? Et s'il se faisait tuer ?

Le temps passait et Léo ne revenait pas.
Une nouvelle crampe lui tordit les entrailles, et elle se roula en boule.
Elle ressentit une sensation étrange, dans son bas ventre.
Lorsque la douleur s'estompa, elle retira son short, et arracha sa culotte.
Lorsqu'elle la porta à ses yeux, elle aperçut une tâche sombre, dont l'odeur, lui parut familière...du sang.

Elle paniqua.
Elle était blessée, elle allait mourir, et Léo qui ne revenait pas.

"Je suis là !" Entendit elle dans sa tête, et elle se sentit soulagée.

Il arriva enfin, les bras chargés de brindilles et de petit bois sec.
Il déposa le tout au sol, près d'elle.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- Je saigne.
- Rowie, c'est tes règles.
- Non ! Je les ai eu la semaine dernière. Léo, qu'est ce que j'ai ?
- Je sais pas. Allonge toi, je vais regarder.

Il s'acroupit près d'elle, et posa sa main sur son intimité. Il la retira aussitôt, en proie à une véritable panique. Il recula.
- Rowie ? Tu ne m'aurais pas caché quelque chose ?
Elle fronça les sourcils.
- Quoi ? Non. Pourquoi, qu'est ce qu'il y a ?
- je crois que tu es en train d'accoucher.

- Tu crois que c'est le moment de plaisanter gronda t'elle.
- Je ne plaisante pas, Rowena. J'ai senti....des cheveux.
- Des cheveux ? Tu te fous de moi ?
- tu crois que j'ai envie de plaisanter ? J'ai senti une tête. Tu vas avoir un bébé ! Et j'aurais aimé en être averti avant.
- je le saurais si j'étais enceinte Léo ! Enfin tu as vu mon ventre, il est plat, et j'ai eu mes règles.
- hum. Bon, de toute façon c'est pas le moment d'en discuter.

Il s'approcha du tas de bois, réunit quelques pierre, et saisit un morceau de bois, qu'il creusa, à l'aide d'un couteau suisse.
C'était un cadeau de sa mère, lors de son sixième anniversaire.
- Qu'est ce que tu fais ? Demanda la voix chevrotante de Rowena.
- Du feu. Répondit il evasivement, concentré sur sa tâche.
- Du feu ? Sans baguette ?comment tu fais ?
- Ma mère m'a appris.
- Meredith t'a appris à faire du feu sans baguette ?
- Oui.

Meredith Lestrange, avait enseigné à ses enfants, comment survivre sans baguette magique.
Elle leur avait appris à survivre en milieu hostile.
Comment faire du feu, pêcher, chasser, construire des armes et des pièges, et se battre.
A l'époque, il avait trouvé ça inutile, mais à présent, il se disait qu'il avait beaucoup de chance d'être le fils de Meredith Lestrange.

Il frotta le creux de la branche, avec un autre morceaux de bois.
Il était un peu rouillé, ne s'étant jamais entraîné depuis l'âge de dix ans, mais il fut soulagé, de voir quelques étincelles surgir tout à coup. Il mit un peu de paille, et retint son souffle.
Enfin, les brindilles prirent feu, et il les déposa dans le cercle de pierre. Il en jeta d'autre, jusqu'à ce que des flammes jaillissent. Il déposa alors des branchages, et bientôt, un bon feu de joie ronfla.
Il saisit alors une noix de coco, qu'il avait ramené.
Il la brisa en deux, la vida  et rempli d'eau.
Il la déposa sur le feu.
Il retira son tee shirt mouillé, et le fit sécher au dessus du feu, accroché à deux branches.
- Tu as réussi ! C'est dingue ! Il faudra que tu m'apprennes a faire ça.
Il sourit.
- Quand on sera rentré.

Il l'aida à retirer son tee shirt, et déposa sur elle son propre vêtement sec et chaud.
Elle ressentit aussitôt un bien être satisfaisant, jusqu'à ce qu'une nouvelle crampe, plus forte que les autres, la saisisse.
Léo se lava les mains dans l'eau bouillante, grimaçant sous la douleur, et posa ses mains devant l'intimité de son épouse.

Elle était en sueur, crispée par la souffrance.
Léo recueillit la petite tête du bébé.
- La tête est sortie, Rowie. Respire.

Rowena ne comprenait pas ce qui lui arrivait. De quoi parlait il ? Un bébé ? N'importe quoi ! Il devait halluciner. Elle n'était pas enceinte, et sûrement pas en train d'accoucher.

Une nouvelle contraction interrompit le cours de ses pensées confuses.
Les épaules furent enfin  dégagées, et Léo saisit l'enfant. Il coupa le cordon ombilical, qui le reliait a sa mère, à l'aide de son couteau suisse, qu'il avait laissé dans l'eau bouillante.
Le bébé se mit à pleurer.

Le  cerveau de Leo était passé sur pilote automatique. Il agissait mécaniquement, se rappelant de choses qu'il avait vaguement entendu.

Il posa le bébé sanguinolant gluant, et vagissant  sur le ventre de Rowena, qui poussa un cri, et se débattit.
- Enlève moi ça, Léo, dégage avec cette chose.
- Mais, Rowie, c'est ton bébé.

- NON ! Je n'ai pas de bébé. Je ne sais pas ce qui se passe, mais ça, c'est pas à moi. !
Léo enveloppa l'enfant dans  un tee shirt, pour le réchauffer.
Il tenta de calmer sa femme, mais Rowena était hystérique et ne voulait rien entendre.
- D'accord. Calme toi. Je l'ai enlevé.
Léo le tenait serré contre lui.

Il le déposa delicatement près du feu, et recouvrit Rowena avec son tee shirt enfin sec.
Il s'assit près d'elle, et posa sa tête sur ses genoux.
Elle se roula en boule, ferma ses yeux humides de larmes, et terrassée par la fatigue, elle ne tarda pas à s'endormir.

Léo n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être.
Il était épuisé, mais ne parvenait pas à dormir.
Mille questions se bousculaient dans sa tête.
"Comment Rowena pouvait elle ignorer ce qui se passait dans son corps ? Comment pouvait elle ne pas savoir qu'elle était enceinte ?
Quand était ce arrivé ? Quand avait il oublié de les protéger ?
Et maintenant, qu'allaient ils faire de cet enfant ? Ils venaient tout juste de se marier. Il n'était pas prêt à être père. C'était trop tôt,il était trop jeune.
Et Rowie ? Elle venait tout juste d'entrer chez les Auror, comment ferait elle avec un bébé ?
Tout ça était si compliqué.

Ses pensées le rendait fou. Il avait besoin de s'occuper, pour ne plus penser.
Il allimenta le feu, puis se décida.
Il quitta la grotte.
L'aube se levait à peine.
Tout était calme, et la pluie avait cessé.
Il prit le chemin de la maison, attentif au moindre craquement de branche, au moindre bruit suspect.
Il arriva en vue de la maison. Il s'en approcha discrètement, redoutant la présence des trafiquants, mais il n'y avait personne.
Ils etaient sûrement répartis.
Soulagé, il prit une douche bien chaude et se changea, rassembla quelques affaires pour Rowena et le bébé. Des vêtements de rechange, des serviettes de bain, les fourra dans un sac,  en  utilisant la baguette de Rowena.
Puis il transplana.

Rowena se réveilla et constata l'absence de Léo.
En proie à la panique, elle l'appela. Le bébé se mit à pleurer, et elle se boucha les oreilles. Elle ne voulait pas l'entendre. Il était trop réel, elle ne voulait pas le voir.
- Tais toi, tais toi ! Ne cessa t'elle de gronder.
Pourquoi ne cessait il pas de pleurer ! Léo !!!
- J'arrive lui répondit la voix de Léo dans sa tête. 

Mais cela ne l'apaisa pas.
Il apparut enfin.
- Calme toi, je suis là.
Il s'agenouilla près d'elle,et elle le frappa, furieuse.
- Ou etais tu ? Tu m'as laissé toute seule avec cette chose !
- Je suis allé à la maison. J'ai récupéré ta baguette, on va pouvoir rentrer.
- Merlin soit loué.
Il l'aida à enfiler des vêtements propres, puis  enveloppa le bébé dans une serviette chaude et moelleuse.

- Qu'est ce que tu fais ? Lui demanda Rowena, suspicieuse.
- je m'occupe du bébé.
- Pourquoi ? Tu ne vas pas l'emmener avec nous quand même.
Il soupira.
- Rowie, on ne va pas le laisser la, il va mourir sinon. Regarde, ce n'est qu'un bébé.

Elle consentit a regarder le petit visage fin et frippé de l'enfant.
La bouche ronde et pleine, le petit nez discret, le duvet brun, sur son crâne, et les petites mains minuscules.

Léo avait raison, ce n'était pas un monstre, sorti de nulle part. C'était un bébé. Son bébé. Mais non, c'était impossible, elle était en plein cauchemar, elle allait forcément se réveiller.
Elle ne pouvait pas avoir accouché, elle n'était même pas enceinte.
- Je veux rentrer dit elle en détournant le regard.
Léo acquiesça.
Il installa le bébé dans le sac à dos.
Et fabriqua un portoloin a l'aide d'une pierre.

C'était compliqué, la baguette ne lui obéissait pas comme il l'aurait voulu, sans doute parce qu'elle ne lui appartenait pas. C'était celle de Rowena.

- C'est bon dit il au bout d'un long moment. On y va, on rentre.
Rowena se leva peniblement, et posa sa main sur la pierre. Léo saisit délicatement le sac à dos, et saisit la pierre.
Elle s'illumina et ils disparurent.

Il se retrouvèrent devant sainte Mangouste, et Léo fut surpris d'avoir réussi à atterrir précisément au bon endroit.
Il souleva Rowena, qui ne tenait plus sur ses jambes, et la conduisit à l'intérieur.
Un infirmier se précipita a sa rencontre. Léo  lui expliqua brièvement la situation, et l'homme  fit apparaître un brancard
Il déposa Rowena dessus et l'emmena.
Une autre infirmière,prit le bébé, et Léo, épuisé, se laissa choir sur un banc.

Il envoya un patronus a sa mère, lui demandant de le rejoindre au plus vite, ce qu'elle fit.
Il lui raconta leur mésaventure.
- C'est ce qu'on appelle un déni de grossesse, lui expliqua Meredith. C'est rare, mais ça arrive, parfois, lorsque la mère n'est pas prête à avoir un enfant. Son esprit renie le bébé qui grandit en elle et celui ci se développe discrètement, sans laisser paraître aucune trace de son existence, jusqu'à la délivrance.

- Alors c'est vrai, elle ignorait qu'elle était enceinte.
- Oui. Et je ne suis pas une experte, mais ce sera très difficile pour elle, de réaliser que cet enfant est le sien.
Tu vois, quand une femme tombe enceinte, elle a neuf mois, pour créer un lien avec son enfant. Pour l'imaginer, l' aimer. En le sentant grandir en soi, on développe l'instinct maternel. Tout le monde croit que c'est inné,  mais c'est faut. Il faut du temps, et c'est encore plus difficile,  quand on a pas prévu d'avoir un enfant.
Et en cas de déni, c'est brutal. On te met dans les bras un bébé, que tu n'as pas prévu d'avoir, dont tu ne veux pas, que tu ne connais pas, et on s'attend à ce que tu l'aimes.
Tu imagines la violence ?  il faut du temps pour créer un lien avec un enfant non désiré.
Rowena n'a pas pu choisir de le garder ou non, son corps lui a imposé un bébé, qu'elle n'a pas eu le temps d'accepter, et de créer un lien.
Il lui faudra du temps, de l'aide, et ton soutien.

Il soupira.
- Et si je suis pas un bon père ? Maman je ne voulais pas être père. Pas maintenant, je suis trop jeune, on  est trop jeune pour être parent. On a des projets, on n'est pas prêt.
- Je sais mon chéri, mais il est là..et a moins que tu ne veuille l'abandonner, il va bien falloir l'élever. Quand à être un bon père,je n'ai aucun doute la dessus..
Il n'y a qu'à voir, comment tu t'en es occupé. Tu l'as mis au monde, tu as veillé sur lui, sur son bien-être. Tu as la fibre paternelle vissée au corps.
- Hum, Merlin t'entende.
Elle sourit.
- Tu vas très bien t'en sortir.
Fais toi confiance. Fais confiance en ton instinct.

Léo n'était pas certain que sa mère était impartiale, mais il avait envie de la croire, lorsqu'elle disait que tout finirait par s'arranger.
Il n'était pas sûr, de ce qu'il ressentait pour cet enfant.
Il avait beau se répéter que c'était son fils, ces mots résonnaient étrangement à son oreille. Il n'en réalisait pas encore le sens.

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