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✰
.chapitre sept.
.brutal.
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Les larmes commencèrent à s'échapper des yeux de Belial, il y voyait floue à cause d'elles mais pourtant, il n'avait aucun mal à discerner le regard plein de haine que lui adressait le Soldat de l'Hiver.
Rassemblant le plus de forces qu'il pu, Belial leva et posa sa main fine sur le bras en métal qui le retenait.
- Buck..., souffla-t-il, tu m'fais mal... j'suis pas un ennemi, l-lâche moi...
Et contre toute attente, le soldat s'exécuta, Belial tomba lourdement au sol en toussant et pleurant. Il venait d'avoir la peur de sa vie et ce foutu soldat lui avait fait si mal qu'il en conserverait sans doute les traces pendant de bonnes semaines.
L'étudiant resta à quatre pattes, la tête baissée. Il n'osait pas se relever et le regarda brûlant du soldat sur lui le mettait vraiment mal.
Alors il s'assit contre le mur, les yeux toujours fixés sur les bottes pleine de sang en face de lui.
La meilleure technique de survie face à quelqu'un de trop fort était soit de fuire, soit de se soumettre. C'était comme ça que Belial se tirait des situations compliquées, il en bavait souvent mais il arrivait à s'en tirer malgré tout.
- Je suis pas une menace, sanglota-t-il à l'attention du soldat, je vais rien te faire Buck... t'es mon ami...
- Ami ?
Belial hocha la tête.
- Oui, il leva des yeux mal assurés et baignés de larmes vers lui. Je peux me lever ?
Le Soldat de l'Hiver le regarda sans un mot avant de se reculer d'un pas, le fixant toujours. Belial se releva alors, prenant appui contre le mur. Il essuya ses larmes avec le bas de son t-shirt, laissant découvrir un morceau de son ventre et renifla avant de tendre la main vers le soldat.
- T'as besoin d'une douche, souffla Belial.
- Non.
- Buck, laisse moi t'aider.
La voix de Belial avait reprit son assurance habituelle, son ton était sans appel, ça n'était pas une suggestion mais un ordre. Belial allait aider Buck à revenir et si le Soldat de l'Hiver n'était pas content, c'était pareil.
- Non.
- Tu ne sais dire que ça ? Arrête de te comporter de façon immature et ramène tes fesses dans la salle de bain, on a rendez-vous dans une heure.
Le soldat fronça les sourcils et quelques secondes passèrent avant que son visage ne s'adoucisse.
- Bel...?
Belial laissa échapper un sourire qui monta jusqu'aux oreilles.
- Buck, purée, tu m'as fichu la trouille ! lança-t-il en essuyant ses joues encore rouges et humides.
- Je suis désolé, souffla Bucky d'une voix blanche. Je... Je n'ai pas fais exprès...
- J'sais bien Buck, t'en fais pas, Belial le regarda en souriant, je t'aurais bien fait un calin mais tu ressemble à un zombie donc c'est hors de question. Va à la douche parce qu'on doit partir dans trente minutes.
Bucky acquiesça et parti s'enfermer dans la salle de bain au pas de courses, fuyant presque l'étudiant.
Dès que l'eau se mit à couler, Belial attrapa une feuille et un stylo et griffonna qu'il allait faire trois courses rapidement et qu'il serait de retour d'ici quinze minutes. Il enfila ensuite un sweat-shirt par dessus son t-shirt de pyjama, un treillis et ses converses avant de quitter l'appartement, au pas de course.
Il déboula dans la rue et pressa le pas, courant presque jusqu'à la friperie la plus proche et heureusement pour lui, elle n'était qu'à quelques mètres. Une poignée de secondes plus tard, il poussait la porte, saluait la vendeuse avec un sourire et s'enfonçait parmis les rayons.
Il lui fallut moins de dix minutes pour trouver ce qu'il cherchait, il passa à la caisse et une fois ses articles payés, rentra directement chez lui. Bucky devait être sortit de la douche.
Lorsque Belial ouvrit la porte de l'appartement, il se retrouva nez à nez avec un Bucky sortant à peine de la douche, une serviette s'arrêtant au dessus de ses genoux entourait sa taille comme unique vêtement.
L'étudiant écarquilla les yeux, virant au cramoisi en un battement de cil. Il resta bloqué sur le corps nu et ruisselant du soldat quelques secondes avant de se mettre à crier, se cachant la tête derrière sa poche de vêtements.
- Bucky, bon sang mais qu'est-ce que tu fous à poil !? hurla-t-il, mort d'embarras.
Bucky haussa les épaules.
- J'trouve pas mes vêtements.
- C'est normal ! Ils sont dans la machine à laver !
- Hein ? Mais pourquoi ?
- Parce qu'ils avaient besoin d'être lavés !
- Et je mets quoi moi maintenant ?
Belial lui balança la poche et se retourna, les mains sur les yeux.
- Je suis allé t'acheter des fringues ! Va t'habiller purée !
Un peu surpris, Bucky regarda la poche qu'il venait de rattraper au vol et acquiesça d'un hochement de tête avant de disparaître dans la salle de bain.
Belial lâcha un profond soupire et se laissa tomber sur le matelas.
Purée mais pourquoi cet abruti se baladait à poil ? En plus Belial avait louché sur son torse pendant au moins dix secondes, il était cramé c'est sûr. Mais vu le corps de Bucky, il était surpris d'avoir réussi à détourner les yeux aussi vite, il n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi bien bâtit que le soldat.
Belial sentit ses joues rougir quand il y pensa et secoua la tête, il se leva et attrapa des vêtements propres en attendant que Bucky ne sorte de la salle de bain.
Il s'approcha de la porte et toqua.
- T'as bientôt fini Buck ? On doit partir dans dix minutes et j'suis pas encore douché.
- J'arrive, lança-t-il de l'autre côté de la porte.
Et il ne mentit pas puisque quelques secondes plus tard, Bucky sortait de la salle de bain, vêtu de vêtements civils qui lui allaient comme un gant. Belial laissa échapper un sifflement admiratif.
- J'savais que j'avais des bons goûts, se félicita-t-il, ces fringues te vont très bien.
- Tu trouves ? C'est bizarre d'être habillé comme ça.
- Je t'assure que c'est parfait, il y a une paire de gants posés sur le bar, pour ta mains en métal si jamais tu veux la cacher. Et les chaussures son à côté du lit.
- Merci Belial.
- Appelle-moi Bel, comme tout à l'heure, j'aime bien.
Bucky lui adressa un regard surpris auquel l'étudiant répondit par un grand sourire avant de s'enfermer dans la salle de bain.
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Quelques minutes plus tard, Belial et Bucky s'arrêtèrent devant l'entrée du métro.
- Le métro c'est peut-être pas la meilleure des idées, lança Belial en fronçant les sourcils.
- Pourquoi ?
- C'est un endroit petit, fermé et rempli de monde, j'suis pas sûr que tu sois très à l'aise là-dedans, il marqua une pause avant de reprendre : Mais si on le prend pas, on risque d'être en retard, et Donna déteste les retards.
- Prenons le alors.
Belial regarda Bucky en faisant la moue.
- Si tu t'en sens pas capable, c'est pas grave Buck, je peux la prévenir qu'on sera un peu en retard.
- Non c'est bon. Je vais y arriver.
- D'accord, alors on va faire un truc.
- Quoi ?
Belial sortit un petit objet de sa poche et le tendit au soldat. Il le prit, un peu étonné.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Ça s'appelle un stimtoy, je m'en sers quand je suis stressé, ça occupe le cerveau.
Bucky avisa les boutons, molette et autres stimulant en plastique.
- Ça a l'air fragile.
- C'est pas fragile Buck, c'est toi qui a trop de force. Et comme ça, tu te concentreras plus sur ça pour éviter de le casser quand tu l'utilisera.
Le soldat hocha la tête.
- Merci Bel.
- Si ça te permet de pas me butter, c'est avec plaisir, on y va ?
- Oui.
Belial lui adressa un sourire et le duo de fortune s'enfonçât dans la station de métro, se joignant à la foule. Ils n'avaient pas fait dix mètres que l'étudiant sentait déjà la tension de Bucky monter en flèche. Il marchait lentement, les yeux rivés sur le stimtoy pour éviter de se concentrer sur autre chose et Belial failli bien le perdre au milieu de la masse humaine.
- Purée, souffla l'étudiant en se retournant une nouvelle fois, cherchant Bucky des yeux.
Il le trouva quelques mètres derrière lui, en train de paniquer sur son stimtoy. Belial se fraya un chemin en jouant des coudes et se jeta presque contre le soldat.
- Buck ! s'écria-t-il, inquiet, ça va aller ?
Bucky avait fermé les yeux et serrais les dents aussi fort qu'il le pouvait, Belial savait bien qu'il essayait de contenir les pulsions destructrices du Soldat de l'Hiver.
- On sort d'ici, viens !
Belial n'attendit pas de réponse, il passa ses bras autour de celui en métal de son ami et le tira vers la sortie en priant pour qu'il tienne.
Quand il arrivèrent dans une ruelle moins fréquentée quelques secondes plus tard, Bucky prit une profonde inspiration, relâchant progressivement toutes la pression qui s'était accumulée. À son inavouable regret, Belial l'avait lâché dès qu'ils étaient sorti, il avait à présent les yeux fixés sur son portable, pianotant dessus à une vitesse que Bucky avait du mal à imaginer possible.
- J'envoie un message à Donna, informa Belial sans lever les yeux de son écran, mais si on se dépêche, on devrait pas avoir trop de retard.
Il releva la tête et le regarda avec un air soucieux.
- Ça va mieux Buck ?
Le soldat hocha la tête.
- Désolé, souffla-t-il.
- T'excuses pas, c'était une mauvaise idée le métro, désolé d'avoir insisté, c'est ma faute.
Bucky allait rétorquer que non, ce n'était pas de sa faute mais Belial le devança.
- Oh tais-toi, on s'en fous de qui c'est la faute, on va pas débattre là-dessus pendant une heure, on a autre chose à faire. Il lui prit la main et le tira vers la rue. Allez active-toi.
Le soldat se laissa faire, heureux que Belial ait prit sa main humaine plutôt que sa main en métal, même avec les gants, il n'avait pas hésité et avait choisi la bonne. Bucky se demandait si c'était un coup de chance ou s'il savait vraiment laquelle était sa main artificielle. Mais il ne posa pas la question, Belial semblait un peu trop occupé à regarder à droite à gauche comme un suricate et à parler tout seul.
Finalement, ils s'arrêtèrent devant l'entrée étroite d'une minuscule ruelle.
- On y est, prévint Belial en regardant Bucky, bon, tu me laisses parler d'accord ? Tu dis rien et tu touches à rien.
- D'accord.
- Et après je voudrais bien savoir ce qu'il s'est passé ce matin, enfin, si ça te dérange pas d'en parler.
Bucky considéra la remarque quelques secondes.
- On verra, répondit-il.
- Pas de problème, aller, on se bouge, j'ai pas envie de me faire passer un savon par Donna.
Belial lui lâcha la main et s'avança d'un pas assuré dans la ruelle, Bucky sur les talons. Ça se voyait qu'il connaissait bien les lieux et le soldat vint à penser qu'il ignorait presque tout de Belial alors que lui, il connaissait mieux sa vie que lui.
Il lui avait dit qu'il était "étudiant en philo" mais Bucky ne savait pas ce que ça voulait dire. Il savait aussi qu'il était transgenre.
Et c'est tout. Il ne connaissait rien d'autre. Même pas son nom de famille.
Alors qu'il passait une porte que Belial avait ouvert, il se promit de lui en parler plus tard. Étrangement, il était curieux de mieux connaître le jeune homme.
-
Ils étaient tous les deux assis en face de Donna, sur des chaises inconfortables, devant eux trônaient les restes d'un repas copieux.
Belial et la jeune femme étaient engagés dans une discussion animée sur un peu tout et n'importe quoi, elle lui avait fait faire les papiers il y a presque une heure et les avait ensuite invité à déjeuner. Belial, après avoir eut l'accord de Bucky, avait de suite accepté, ravi de déjeuner chez son amie.
Parce que oui, Donna et Belial étaient visiblement très proches, si bien que Bucky n'avait quasiment rien dit du repas, se contentant de répondre par des onomatopées quand Donna lui parlait et de regarder Belial parler avec autant d'exaltation. Il était fasciné de voir à quel point l'étudiant pouvait être enjoué et pouvait rire fort, surtout quand il avait bu un peu trop comme maintenant.
Au cours du repas, Donna et Belial avaient descendu plusieurs bouteilles de bières et n'y étaient pas allé de main morte sur les digestifs. Lui n'avait bu que de l'eau, il ne pouvait plus être saoul après ce qu'Hydra lui avait fait subir et de toute façon, il n'aimait pas le goût de l'alcool.
Belial, visiblement submergé par la narration épique de sa dernière soirée, laissa échapper un geste trop brusque et renversa l'intégralité de son verre sur Bucky.
Le soldat eut un mouvement de recul et Belial poussa un cris d'horreur. Il était ivre et ses réactions étaient vraiment trop disproportionnées, si bien qu'il se jeta presque sur Bucky en s'excusant.
- Buck, bon sang ! Je suis vraiment désolé ! J'suis super con purée, pardon !
- Ça va Belial, calme-toi.
Il se tourna vers Donna en lui lançant un regard implorant, ignorant totalement Bucky.
- Tu veux bien nous prêter ta salle de bain et des vêtements propres s'il te plaît ?
- Ouais pas de soucis, répondit-elle avec un sourire moqueur, au fond du couloir à droite, il y a des vêtements à sa taille dans la chambre d'ami, je te laisse t'en occuper ?
Belial hocha la tête vigoureusement, attrapa Bucky par le bras et le traîna hors de la salle à manger.
- J'suis vraiment désolé Buck, j'ai pas fais exprès.
- C'est bon Belial, tu t'es déjà excusé et je t'ai déjà dis que ce n'était pas grave.
- Oui mais c'était des nouveaux vêtements....
Cette fois il avait baissé la tête et sa voix était étranglée, comme s'il retenait un sanglot. Ils s'arrêtèrent devant la porte de la salle de bain et releva la tête du jeune homme avec sa main gantée pour qu'ils puissent se regarder dans les yeux.
- Écoute Bel, je sais que t'es pas dans ton état normal mais je t'assure que c'est pas grave, d'accord ?
Belial se mordit la lèvre inférieure, incertain et Bucky ressenti quelque chose de positif, il ne savait pas quoi, mais il appréciait cette sensation.
Voyant l'air défait de son ami, il se sentit obligé de rajouter :
- En plus, j'les aimaient pas tant que ça, donc t'en fais pas.
Mais il se rendit compte bien vite que ces mots qui se voulaient rassurant avaient étonnamment eut l'effet inverse. Et vu le visage énervé et vexé de l'étudiant, il ne l'avait pas très bien prit.
- Oh vas t'faire foutre Bucky ! s'écria-t-il en se reculant, t'es vraiment un gros connard ! T'avais qu'à aller te les acheter tout seul si t'étais pas content ! Non mais je rêve !
Et il claqua la porte de la chambre d'ami, fulminant comme jamais.
Bucky se tenait droit devant la salle de bain, les yeux passablement écarquillés par l'excès de colère de Belial. Pourtant il avait voulu être rassurant, alors pourquoi s'était-il énervé comme ça ?
Il l'entendît fouiller furieusement dans les placards et le soldat vit la tête rose de son ami sortir de la chambre moins de cinq minutes après y être rentré, il avait des vêtements dans les bras.
- Qu'est-ce que tu fiches là ?! lança Belial en voyant que Bucky était toujours planté devant la porte de la salle de bain. Va te changer bon sang, t'attends que j'vienne le faire moi ou quoi ?! Magnes-toi !
Bucky fronça les sourcils mais ne répondit rien, il n'avait aucune envie de s'énerver et encore moins contre Belial, alors il entra dans la salle de bain et retira son sweat-shirt à capuche, son t-shirt et son jean, tous les trois trempés de whisky.
Belial toqua et entra avant même que le soldat ne lui dise que c'était bon, il regarda Bucky de haut en bas d'un air se voulant le plus dédaigneux possible et lui fourra les vêtements dans les bras avant de ressortir en claquant la porte.
Belial avait voulu montrer qu'il était sûr de lui et en colère mais avec les effets de l'alcool, il n'avait pas pu dissimuler correctement combien il avait été déstabilisé par la nudité partielle de son ami. Le rouge de l'embarras s'était mêlé à celui de l'alcool sur ses joues et vu le sourire en coin de Bucky, ce dernier l'avait très bien remarqué.
Belial se maudit d'être aussi transparent et rejoignit Donna qui l'attendait patiemment dans la salle à manger.
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