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.chapitre dix-sept.
.human.
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Lorsque le jet se posa dans la campagne française, à la frontière de l'Allemagne, le soleil chatouillait discrètement l'aube en baillant.
Bucky posa leur véhicule dans une clairière de la Haute Forêt du Munda non loin de leur première destination : La base d'Hydra à 50 kilomètres de la ligne Maginot.
Bucky fut le premier à descendre, Belial dormais encore dans la salle de repos.
La forêt était encore agitée de la nuit écoulée. Des hululements et des couinements se faisaient entendre ici et là. Les oiseaux avaient commencé à chanter. Il s'étira longuement et fit craquer ses os avant de partir faire le tour des environs, pour être sûr.
Lorsqu'il revint de son tour de garde, il vit Belial dont le torse était seulement couvert de quelques bandages sûrement devenus inutiles à présent. Il était assit sur le bord du jet ouvert, les jambes pendantes dans le vide, une cigarette allumée au coin des lèvres. Sans s'en rendre compte, il s'arrêta de marcher en silence, les yeux rivés sur cette vision semblable aux peintures rococo. Les rayons oranges du soleil frappaient Belial de plein fouet -l'aveuglant d'ailleurs, presque totalement-. Ses cheveux roses éblouissaient de mille feux et la fumée du tabac donnait un étrange aspect onirique à ce tableau.
Puis une autre vision coupa brutalement celle-ci. C'était un souvenir, sautant à la mémoire de Bucky comme un diable bondit hors de sa boîte. Il se revoyait, il était dans un musée accompagné d'un jeune homme blond un peu plus petit que lui. Le jeune homme semblait lui raconter l'histoire d'une peinture -ressemblant étrangement à la vision de Belial-, mais lui n'écoutait pas, son souvenir s'était déjà évaporé dans sa tête.
Quand il remit les pieds sur terre, les yeux noirs de Belial s'étaient braqués sur lui et il retint un sursaut.
- Bah tu foutais quoi ? lança-t-il en élevant la voix à cause de la distance.
Bucky se rapprocha en souriant.
- J'étais allé vérifier les environs.
- C'est okay ?
- Oui, il n'y a que des animaux.
- Super ! Alors pourquoi tu me fixais comme ça ?
Le sourire de Bucky s'étira un peu plus.
- J'ai retrouvé un souvenir !
- Vraiment ?! C'est génial Buck ! s'écria Belial à son tour. C'était quoi ?
- J'étais dans un musée avec un homme blond qui était plus petit que moi.
Belial ouvrit grand les yeux.
- T'es gay !? s'exclamât-il presque, la mâchoire tombant d'étonnement.
Bucky fronça les sourcils.
- Où est le rapport, Belial ?
- Ah, euh, oui oui aucun rapport, désolé, marmonna-t-il en fermant la bouche. Mais c'était qui ce mec alors si c'était pas ton rencard au musée ?
- J'en sais rien, je ne me souviens pas de son visage, il sait juste qu'il me parlais du tableau qu'on regardait.
Belial tira une longue taffe sur sa cigarette en hochant la tête et en faisant la grimace.
- Euh, ouais okay, c'est un bon début écoute. Un mec blond plus petit que toi.
Bucky n'était pas convaincu par le ton bizarrement froid de Belial, mais il ne fit aucune remarque. Au lieu de ça, il reporta son attention sur la cigarette anormalement longue qu'il était en train de fumer.
- C'est une cigarette ? demanda Bucky en s'asseyant à côté de son ami, sur la plate-forme du jet.
- Tu t'souviens même pas des clopes ?
- C'est un peu flou mais si j'm'en souvien. Je me souvenais pas qu'elles étaient aussi longues par contre.
- Ah mais c'est pas une cigarette, c'est pour ça, rigola Belial en cendrant dans l'herbe, c'est un joint.
- Un joint ? Tu veux dire de la drogue ? Tu te drogue ?
Bucky s'était levé, il s'était placé en face de Belial, à cette hauteur ils étaient face à face et le jeune homme pouvait clairement voir que Bucky était contrairié.
- Quoi ? riposta Belial en tirant à nouveau dessus, dans un geste de pure provocation.
- Pourquoi tu fais ça maintenant ? Ce n'est vraiment pas le moment ?
- Bah si c'est le moment figure toi.
- On est en mission ! s'écria Bucky. Des gens veulent nous tuer Belial !
- Sans deconner ! Tu crois que j'le sais pas ou quoi ? J'me suis pris une putain de balle j'te rappelle !
- Alors pourquoi tu continues à te droguer alors que tu es en danger ?!
- Mais parce que j'ai mal putain ! enragea Belial en frappant du poing sur le sol en métal, à défaut de pouvoir se lever. Tu peux pas le comprendre ça Bucky ?! Ça fait un mal de chien de se prendre une balle !
Bucky se pinça les lèvres et baissa les yeux.
- Je... Je n'y avais pas pensé, souffla-t-il.
Belial soupira et éteignit son join.
- C'est bon désolé, j'en avais besoin, j'suis pas un super soldat moi.
- Je croyais que t'étais un ange, répondit Buck avec sourire.
- J'ai jamais dit ça, monsieur Barnes.
- Non c'est vrai. Mais ça te vas plutôt bien aussi.
Belial vira immédiatement au rouge écrevisse.
- Q-Quoi ? Euh, oui, d'accord..., paniqua-t-il, merci...?
Bucky fronça les sourcils et fit un pas vers lui, mais Belial eut un mouvement de recul alors il s'arrêta.
- Bel, ça va ? T'es rouge soudainement.
- Quoi ? Non, c'est rien t'inquiète pas, j'ai juste un coup de chaud.
L'ancien soldat ne demanda pas pourquoi Belial avait eut un coup de chaud -parce que c'en était un, Bucky avait reconnu la réaction-, il savait qu'il allait nier à jetter la faute sur le soleil levant dont la chaleur contrastait étonnamment avec le froid de la nuit. Alors il garda ça dans un coin de sa tête, le coin à souvenirs comme il le nommait mentalement.
- Tu devrait aller te reposer un peu, on est pas très loin de l'ancienne base d'Hydra.
Belial eut un sourire et se releva avec une facilité qui l'etonna lui-même.
- Non c'est bon, j'vais bien t'inquiètes pas. On peut partir maintenant, doit y avoir une ville pas loin.
Bucky considera son état avec un air déprimé, il savait qu'il n'arriverait pas à le forcer à dormir.
- On va passer par la forêt.
- Hors de questions.
- C'est plus sûr.
- C'est plus compliqué !
Bucky soupira.
- On ne peut pas.
- Bucky, s'il te plaît ! s'écria l'étudiant en sautant dans l'herbe.
- Ce n'est pas un jeu, Belial ! cria Bucky à la patiente bizarrement fragile.
Belial avait sursauté quand il avait haussé la voix, mais il se reprit rapidement et le fusilla du regard.
- Oh mais va te faire foutre. T'as pas à me parler comme ça.
Bucky croisa les bras sur son torse, pas désolé pour un sous bien qu'il n'avait pas voulu crier volontairement.
Belial remonta dans le jet en fulminant et en ressortit quelques secondes plus tard, un tee-shirts et un sac à dos dans les mains.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- J'vais à la ville.
- Belial enfin, on peut discuter, protesta Bucky, pourquoi tu veux passer par la ville ?
Belial se retourna en marmonnant.
- Parce que ça sera plus simple pour y aller.
- T'es sûr ?
- Ouais, j'me suis renseigné sur les lieux actuels qu'étaient devenus les anciennes bases d'Hydra. Celle-ci est devenue un lieu touristique historique, en ville, ils proposent des visites guidées du lieux.
Bucky eut un sourire impressionné.
- Impressionnant, rit-il, tu t'es aussi bien renseigné que ça ?
Belial laissa échapper un sourire à son tour, annonçant au passage qu'il s'était calmé.
- J'aime pas ne pas être préparé quand je dois faire quelque chose.
- Tu n'es pas très bien organisé pourtant.
- Oh ça va, ferme la et dis moi par où c'est.
- Tu comptais partir au hasard ? ricana Bucky en s'avançant vers le sud, soit à l'opposé de Belial.
- C'est par là ? s'écria-t-il en rejoignant son ami.
- Oui, et promis, ce n'est pas la forêt !
-
Belial suivais Bucky depuis un peu plus d'une heure, il allait râler encore une fois sur la durée de leur trajet quand ils aperçurent enfin une route.
Il accélèra le pas et dépassa Bucky.
- Dépêche-toi Buck ! lança Belial alors qu'il brandissait déjà son pouce en l'air.
- Qu'est-ce que tu fabriques ?
Bucky le rejoignit et fronça les sourcils en voyant son ami s'agiter vers les quelques voitures qui passaient.
- J'fais du stop, tu parles français non ? Va bien y avoir quelqu'un pour nous emmener dans la ville la plus proche et nous renseigner sur la base.
- Et tu penses que quelqu'un va s'arrêter ?
- J'sais pas comment sont les français mais aux États-Unis, les gens s'arrêtent.
En disant cela, Belial faisait de grands signes à une camionnette blanche qui filait dans leur direction. Bucky allait faire une remarque mais le véhicule ralentit en arrivant à leur niveau et la fenêtre s'abaissa, laissant apparaître une femme blonde d'une quarantaine d'années.
- Bonjour messieurs, salua-t-elle dans un français aux accents allemands, où est-ce que vous allez ?
Belial donna un coup de coude à son ami pour qu'il réponde. Bucky s'avançât d'un pas.
- Bonjour, nous allons vers la ville la plus proche.
La femme les considéra quelques instants puis elle les invita à monter d'un signe de la tête. Belial laissa Bucky monter en premier et s'installa à son tour.
- Vous n'êtes pas d'ici, pas vrai ? demanda-t-elle en repartant.
- Non en effet, nous venons des États-Unis.
- Qu'est-ce qui vous emmène dans les Vosges ? Ce n'est pas vraiment le premier endroit à visiter pour des touristes.
- Nous allons visiter l'ancienne base d'Hydra. Mon ami est passionné d'histoire et il a très envie de toutes les visiter.
La femme haussa les sourcils et lança un coup d'oeil à son deuxième passager qui était resté silencieux jusque-là.
- Et votre ami, il ne parle pas français ?
- Malheureusement non. Il à toujours été nul en langue étrangère.
- Vous par contre, vous vous débrouillez vraiment bien, vous êtes en partie français ?
- Absolument pas, j'ai juste dû beaucoup voyager avec mon travail.
- Eh bien, je suis impressionnée. Je m'appelle Isabelle sinon, et vous ?
- Lance, et mon ami c'est Belial.
Isabelle eut un sourire surpris.
- Vous avez de drôle de prénom. Enfin, on ne choisit pas vraiment je crois, quoi qu'il en soit, on arrive bientôt, vous trouverez une office du tourisme en ville, vous voulez peut-être que je vous dépose devant ?
- Si ça ne vous dérange pas, ça sera avec plaisir.
- Allez, on fait comme ça alors.
Quelques minutes plus tard, Isabelle arrêtait sa camionnette devant ce qui semblait être l'office du tourisme de la ville et les deux amis en descendirent en la remerciant. Quand elle fut partie, Belial se tourna vers Bucky.
- Tu parles super bien français !
- Ouais, peut-être un des seuls avantages à avoir été utilisé par Hydra, répondit-il en souriant.
Belial haussa les épaules et s'avança vers le bâtiment, il allait y entrer mais s'arrêta et fit volte-face, la mine affolée.
- J'ai pas d'argent !
Bucky fronça les sourcils.
- J'ai bien quelques dollars, continua Belial en parlant de plus en plus vite, mais on est en France, ils utilisent des euros. On est complètement cons putain, on n'a absolument pas pensé à ça alors qu'on peut rien faire sans fric ! Il me faut une clope.
Il se laissa glisser le long du mur de l'office du tourisme et prit son tabac à rouler, ses feuilles et ses filtres qui n'avaient pas quittés le sac à dos.
Bucky soupira, il attendit qu'il finisse de rouler et qu'il allume sa cigarette pour s'agenouiller en face de lui.
- Écoute Belial, on va trouver une solution, d'accord ? Ce n'est pas si grave que ça, je suis certain qu'on trouveras l'argent nécessaire.
- Mais dans quel monde tu vis, Buck ? riposta-t-il en soufflant la fumée. Tu crois que l'argent tombe du ciel ou quoi ? C'est pas aussi simple !
- Évidemment que l'argent ne tombe pas du ciel, j'ai peut-être raté 70 ans mais je ne suis pas stupide, Belial.
- Bah alors pourquoi tu m'dis un truc aussi stupide ? J'ai pas besoin d'être rassuré, j'ai besoin d'argent.
- On va en trouver.
- Et comment ?
- On se debrouillera.
- C'est pas comme ça qu'on trouve de l'argent, Buck.
Il allait rétorquer mais Belial se releva et l'interrompit d'un signe de la main.
- Laisse tomber, j'ai trouvé comment faire. T'as qu'à m'attendre ici, je reviens d'ici une ou deux heures, lanca-t-il en pianotant sur son portable.
- Qu'est-ce que tu vas faire ?
- J'vais nous trouver de la thune.
Et il s'éloigna en courant, criant à Bucky de ne pas le suivre. L'ancien soldat d'Hydra ne bougea pas d'un centimètre, puis quand Belial tourna à l'angle d'une rue, il le suivit.
Il vit son ami s'enfoncer dans une rue commerçante déjà bien remplie malgré l'heure matinale. Belial était assez loin, il semblait être en train de laborieusement communiquer avec un homme d'une soixantaine d'années et même avec sa super ouïe, il ne parvenait pas à comprendre ce qu'ils disaient.
Puis il vit l'homme s'éloigner et Belial avait un visage indéchiffrable, un certain mélange entre l'angoisse et le soulagement, pensait-il.
Ce petit manège continua pendant une bonne demi-heure, Belial abordant toujours le même genre de personnes, et toutes semblaient l'ignorer ou refuser sa requête sans rien lui donner. Bucky, lassé de suivre Belial de la sorte, détourna son attention quelques minutes. Il pouvait bien lui faire confiance après tout, Belial était un adulte, il savait ce qu'il faisait.
Alors Bucky fit demi-tour dans l'idée d'attendre Belial comme il lui avait demandé mais alors qu'il avait presque atteint l'office du tourisme, un mauvais pressentiment fit sonner l'alarme dans son esprit. Il sentait que Belial avait des ennuis, que quelque chose ne tournait pas rond. Bucky fit volte-face et courut en direction de la rue commerçante, ignorant les passants qui lui lançaient d'étranges regards ou qui pestaient d'avoir été bousculés.
Il déboucha dans la rue et chercha son ami du regard, en vain.
- Putain, jura-t-il entre ses dents avant de s'y enfoncer, se frayant un chemin à travers la foule.
Il tourna en rond pendant une bonne quinzaine de minutes avant d'enfin apercevoir une tête rose qui discutait avec des jeunes. Bucky se précipita vers lui, soulagé d'enfin le trouver.
- Belial ! Est-ce que ça va ?! s'écria-t-il en posant sa main humaine sur son épaule.
Belial se retourna en sursautant et Bucky fit un pas en arrière. Une jeune femme le fixait, surprise.
Ce n'était pas lui.
- Oh, hem, excusez-moi, fit précipitamment l'ancien soldat. Est-ce que vous n'auriez pas vu un homme avec des cheveux roses, comme les votres, la peau brune, à peu près 1 mètre 50, avec un sac à dos ?
- Euh, non désolé m'sieur.
Bucky ne répondit pas, il soupira et s'éloigna, les sens aux aguets. Il marcha encore pendant de longues et interminables minutes -qui, finalement, s'avérèrent n'être pas aussi nombreuses que ce qu'il croyait- avant qu'il n'entende enfin sa voix, à quelques mètres de là, s'exprimer dans un français très peu maîtrisé.
Il ne se concentra pas sur ce qu'il baragouinait, Bucky accéléra le pas et finit par enfin le voir en train de récupérer un billet que lui donnait un homme en costards.
- Belial ! lança-t-il en arrivant à sa hauteur, tout vas bien ?
Le jeune homme eut l'air surpris de le voir et Bucky eut le temps de capter la lueur d'inquiétude qui brilla une seconde dans ses yeux avant qu'il ne se reprenne.
- Buck, tu m'as suivis ?
- Non, menti à moitié l'ancien soldat, mais j'avais un mauvais pressentiment.
- Non non, t'as pas à t'en faire, tout va bien.
Bucky fronça les sourcils, malgré les dires de Belial, il n'avait pas du tout l'air d'aller bien. Ses cheveux étaient en bataille et il avait l'air malade.
- T'as l'air d'avoir vu un fantôme, Belial.
- En même temps, t'es pile en face de moi, repliqua-t-il avec un sourire moqueur.
Bucky leva les yeux au ciel mais il n'eut pas le temps de renchérir que Belial s'était mit à courir vers la ruelle la plus proche. Bucky se précipita à sa suite et le retrouva plié en deux, en train de vomir dans une poubelle.
- Bon sang, mais qu'est-ce qui t'arrive ? s'affola-t-il sans trop savoir quoi faire pour l'aider.
- R-rien, haleta Belial, t'inquiète, j'suis juste malade à cause de la weed.
- Maintenant ? Mais elle ne fait plus effet, non ?
Belial soupira et cracha par terre en grimaçant.
- Ça va Bucky, lâche-moi les baskets et allons à cette putain d'office du tourisme de merde !
Bucky fut un peu déboussolé par son agressivité soudaine, mais il ne renchérit pas. Belial voulait éviter le sujet visiblement, et il savait que tant que lui n'avait pas décidé d'en parler, il serait impossible de lui tirer les vers du nez.
- Bon, très bien, t'as trouvé de l'argent ?
- Ouais, j'ai 70 euros. C'est plutôt pas mal. Ça fait à peu près 80 dollars.
- Comment t'as fais.
- J'ai fais la manche.
Et Belial dépassa son ami pour aller dans la direction opposée à la leur.
Bucky soupira, un petit sourire étirant ses lèvres et le rattrapa en quelques enjambées pour le ramener dans le bon sens.
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