Les pirates du Spectre Oublié

La pluie avait à nouveau commencé à tomber. Elle avait recommencé à tremper la jeune fille. Mais cette fois, elle n'y pensait pas. Elle trouvait même que cela avait un avantage: l'eau lavait la boue qui était collée à ses vêtements. Elle avait une toute autre préoccupation. Elle se refusait à se laisser enfermer. Elle jugeait que son crime ne valait pas la sentence qui lui était infligée. Elle ne se laisserait pas enfermer pour cela. Tsinna, bien qu'elle fut profondément attachée aux valeurs de la paix, ne comptait pas passer la fin de ses jours dans un cachot noir, humide et puant. Elle ne comptait pas attendre que celui qui l'avait trahie lui donne la mort. Non. C'était idée lui était autan insupportable qu'elle la faisait frisonner d'effrois. 

Elle n'avait jamais fait de véritable combat. Mais il lui était arrivé plusieurs fois dans sa jeune vie, de s'entraîner avec un bâton ou même simplement contre un arbre pendant sa pause quand elle avait besoin de penser à autre chose qu'aux corvées qui l'attendaient.

Aussi, fidèle aux pratiques qu'elle avait apprises, elle sauta brutalement et fit passer ses mains devant elle. Ses deux geôliers se mirent instantanément en position de combat mais Tsinna n'entendait pas se laisser faire ainsi. Pour les mettre en déroute et profiter de l'effet de surprise, elle attrapa l'arme d'un des soldats, tira d'un coup sec pour s'en saisir et la braqua sur son collègue pour les éloigner. Elle chassa les mèches qui lui tombaient devant les yeux d'un mouvement de tête. Elle ne devait pas les perdre de vue. Elle devait se tenir prête à agir au moindre signe. 

Mais ils étaient des soldats, entraînés depuis le berceau pour défendre leur maître et leur patrie. Le combat ne leur faisait pas peur et surtout pas contre une servante blessée et fatiguée.

Ils l'attaquèrent et elle dut croiser le fer avec eux.

Un coup, une parade, une pirouette et surtout, elle faisait de son mieux pour ne pas finir en brochette. Avait-elle seulement une chance ? Elle était blessée et eux non. Elle était seule, ils étaient deux. Elle ne savait pas se battre, ils en maîtrisaient l'art dans ses moindres détails. Elle était déboussolée par tout ce qui s'était passé, ils avaient l'esprit clair et limpide. 

Elle glissa sur une flaque et se retrouva dans la boue. Elle n'eut pas le temps de se relever que les soldats reprenaient le dessus sur elle.

Sa dernière pensée fut son regret d'avoir placé sa confiance et sa vie dans les mains d'un homme comme le Maître et son monde devint noir quand on l'assomma.

****

Quand Tsinna sentit la froideur de l'air, elle devina que l'aube se levait à peine.

Elle n'eut pas besoin d'ouvrir les yeux pour deviner où elle était. Le poids des chaînes liant ses mains était suffisant. La paroi dure derrière lui faisait mal. Elle n'avait pas envie de se réveiller et de constater qu'elle avait échoué. Elle était dans le lieu de tous ses cauchemars, un lieu bien pire que la bibliothèque.

Tsinna s'adossa contre le mur sans même ouvrir les yeux. Qu'allait-il lui arriver maintenant ? Elle n'allait quand même pas mourir simplement parce qu'elle avait refusé de se changer dans la rue, si ? Si visiblement... Elle poussa un soupir et laissa aller sa tête contre le mur de pierre. Elle garda les yeux fermés. Elle n'était pas prête à les ouvrir. 

Quand elle ouvrit enfin les paupières, une heure plus tard, une lumière terne illuminait la cellule aux parois froides et sombres.

Un vide s'ouvrit dans le cœur blessé de Tsinna. Jamais elle n'était allée dans une prison et elle savait que le clairon avait sonné pour elle. Maintenant tout était clair dans sa tête. En provoquant celui qui l'avait faite vivre, elle s'était elle-même piégée. Mais pourquoi avait-il eu l'air aussi heureux de l'envoyer en prison ? Pourquoi lui avait-il donné un ordre qu'elle était incapable d'exécuter ? Pourquoi tout cela ? 

Le Maître n'avait jamais beaucoup aimé Tsinna, la décision de la condamner, ou non, à une mort certaine n'avait certainement pas été trop dure à prendre.

« Joli ton tatouage, lança un homme qui la regardait aux travers d'une étroite fenêtre du mur. »

Tsinna sursauta, tirée de ses sombres pensées et regretta aussitôt son geste, sa blessure l'élança.

Elle fixa un instant l'homme mais il était bien difficile de deviner ses traits dans la pénombre de la prison. Elle voyait une peau sombre, des vêtements salles abîmés par le sel de la mer, des yeux brillants et des mains usées par les innombrables cordages qu'il avait tiré sur son navire pour tendre les voiles. 

Elle sut une chose à propos de cette homme sans trop de peine. 

Elle avait deviné qui il était à sa voix rauque des ordres qu'il avait hurlés sur son navire en écumant les flots à la recherche d'un trésor.

Ce mot que tant de fois on lui avait interdit de prononcer.

Pirate.

Son voisin de cellule était un pirate. Rien que cela lui donnait envie de vomir. Mais en même temps elle était intriguée. Comment se faisait-il qu'un pirate soit encore dans la prison alors qu'ils étaient cessé avoir disparut ?

Peu importait, elle n'allait pas lui poser la questions. Elle finirait sa vie avec un délinquant des mers.

Cette pensée la fit frémir de dégoût et elle se détourna davantage de l'homme.

« J'ai connu un homme, une fois, qui avait le même tatouage, continua le pirate sans se soucier qu'elle l'écoute ou non. Il disait qu'il avait reçu un cadeau du ciel et de la mer. Foutaise.»

Elle ne dégaina même pas le regarder pour lui répondre d'un ton cassant :

« Mais il a disparut et personne ne l'a jamais revu j'imagine, prédit Tsinna avec ironie. »

Elle sentit qu'il souriait, amusé par les piètres connaissances de la jeune fille sur son mode de vie.

Cela la déstabilisa. Comment pouvait-il trouver la force de sourire dans une situation aussi critique ? Sans doute s'est-il déjà retrouvé dans une prison et cela ne lui fait pas peur, alors que moi c'est la première fois, songea Tsinna.

« Oh non, non, la détrompa-t-il. »

Intriguée, Tsinna l'écouta tout de même.

« Le puissant capitaine du Spectre Oublié a tué cet homme qui se disait pirate, lui apprit-il. »

La jeune fille frémit à la mention du bateau qui avait fait frémir sa gouvernante. Cet homme était-il de mèche avec les terrible pirates de ce navire ?

Elle n'avait aucune envie de le savoir et encore moins envie de voir débarquer le capitaine du pirate.

Pour cacher sa peur, la jeune fille releva la tête.

« Je ne vois pas pourquoi on voudrait se faire passer pour des pirates, répliqua Tsinna en tentant d'ôter la boue de ses cheveux. »

L'autre fut pris d'un rire rauque.

« Un pirate dispose du monde comme il l'entend. Il est libre. Et... j'imagine que tu donnerais beaucoup pour être libre, non ?

-Je ne tiens pas particulièrement à devenir une pilleuse sans âme.

- Oh mais nous en avons une âme, la corrigea-t-il d'une voix grinçante. Mais pas la même que vous c'est vrai. La nôtre se tourne vers l'appel du large. Elle est attirée par les éclats du trésor. Elle palpite à l'idée de trouver l'introuvable.»

La jeune fille ne répondit pas. Elle ne l'avait même pas écouté. 

Elle se sentait figée d'une peur nouvelle.

Elle venait d'entendre le son des cannons.

Des coups de cannons.

Qui ? Elle espéra de tout son cœur que ce n'était pas les pirates du Spectre Oublié. Dans sa mémoire, tout ce qu'elle savait sur ce bateau refit surface sous plusieurs mots qui défilaient sans avoir un quelconque lien. Capitaine, peur, mort, attaque, haine, violence, aveugle, pouvoir, sorcier.

Elle secoua la tête pour chasser toutes ses mauvaises pensées de son cerveau. Tout allait bien trop vite pour elle.

Elle se leva et agrippa la porte pour tenter de voir quelque chose.

« Ah ! s'exclama le pirate. Enfin ils arrivent.

- Vous voulez dire que les gens qui nous attaquent sont des pirates ? s'étrangla Tsinna en se retournant vivement vers lui. »

Ainsi ses peurs se révélaient-elles juste ? Allait-elle voir débarquer l'un des pirates les plus craints de tout l'Atlantique ?

Sa peur reprit le dessus sur sa paix qu'elle tentait d'installer dans son être quand le pirate dit d'une voix enjouée :

« Oh et pas n'importe lesquels ! Le Capitaine du Spectre Oublié ne loupe jamais ses victimes. »

Son ton était enjoué, heureux, vibrant d'excitation. Tsinna se retourna vers lui, saisie de peur, incontrôlable cette fois. Elle allait mourir dans la journée, cela était désormais une certitude.

Pourtant elle ne voulait pas rendre les armes. L'instinct de survie, cette chose si étrange qu'elle n'avait jamais ressenti, prenait le dessus sur le reste. Ce désir de vivre à tout prix. 

Elle agrippa à nouveau les barreaux.

« Y a-t-il un moyen de ne pas mourir des mains de ce capitaine ? demanda-t-elle au pirate sans même le regarder.

- Oui, répondit-il et un sourire mal contenu pointa sur ses lèvres.

- Lequel ?

- Il faut être membre de son équipage. »

Elle lui lança un regard incrédule sans cesser de chercher un moyen de s'évader.

« Vous vous payez ma tête, siffla-t-elle.

- Oh non. Pourquoi un pirate épargnerait-il des êtres qui veulent sa mort ? »

Agacée, la jeune fille tira sur les barreaux, sans résultat. Que faire ?

Soudain, un bruit de pas se fit entendre. Le son glaçant des bottes d'un pirate sur le bois emplit les oreilles de Tsinna qui se figea, saisit à nouveau de peur.

Plus personne ne parla.

Plus aucun bruit, c'était à peine si on entendait la respiration des prisonniers.

Là, dans la pénombre, Tsinna vit une ombre se dessiner à la lueur des torches.

Celle d'un pirate armé d'un fusil et d'un long sabre ceinturé à un fourreau.

Enfin, l'ennemi sortit de l'ombre sous le sourire ravi du pirate.

L'arrivant portait de longues bottes, un pantalon noir et ample, un immense manteau de pirate noir dissimilait ses vêtements couvrant sa poitrine. Ses cheveux longs, emmêlés et noirs tombaient en cascade dans son dos. Un chapeau noir et or cachait le visage du personnage qui gardait la tête basse mais aucun doute n'était possible.

C'était une femme.

Et elle tenait quelqu'un par la gorge dans sa main gantée.

Le malheureux traînait au sol et respirait à grand peine. Il était méconnaissable. Soudain, la lumière des torches se refléta sur sa main, faisait miroiter une bague d'une grande valeur. Tsinna reconnu aussitôt la personne bien qu'elle eut du mal à réaliser dans quelle situation il s'était mise.

Le Maître.

Elle avait beaucoup de mal à croire la scène qui se jouait sous ses yeux. Celui qu'elle avait cru toute sa vie invincible était étalé dans la poussière, entravé par la main sanguinaire d'une femme pirate.

Un autre homme en tenue ample et très peu soignée sortit de l'ombre et se plaça aux côtés de la pirate.

Cette dernière releva la tête et son chapeau, en se redressant, révéla un bandage bleu nuit couvrant ses yeux.

Avec une force grandiose, elle balança le Maître juste devant la prison de Tsinna.

L'homme manqua de se fracturer le crâne contre les barreaux de métal et la jeune fille recula de plusieurs pas.

Son cœur battait de plus en plus vite bien qu'elle tenta de le calmer. Toute la ville devait l'entendre.

« Où est l'objet sacré en échange de votre vie ? demanda la pirate avec un calme glaçant qui fit augmenter les battements de cœur de de Tsinna . »

La Maître se redressa à grand peine en faisant crisser les barreaux. La réaction de la femme ne se fit pas attendre : aussi vive qu'un serpent, elle tourna son visage bandé vers Tsinna qui recula encore jusqu'à toucher le mur de sa cellule.

« Ce n'est pas un objet, détourna le Maître avec difficulté.

- Ah non ? Alors vous n'avez fait que retarder votre mort, je me trompe ?

- Loin de moi cette idée, se justifia l'homme. J'ai... »

Son regard lourd de reproche se posa sur Tsinna et elle ne sut jamais quoi faire pour apaiser son courroux.

Le Maître détourna le regard comme dégoûté d'avoir osé regarder sa prisonnière.

« Je vous offre cette fille, déclara-t-il enfin avec toute la majesté qu'il pouvait. Elle porte la marque étoilée et je sais que ceci est précieux à votre peuple barbare. »

La pirate pencha la tête vers l'homme à son côté et il hocha la tête, sans doute pour lui confirmer que le Maître ne se payait pas sa tête.

Elle fit deux pas en avant avec une grande assurance. Elle se pencha sur le Maître et rit.

« C'est vrai que les créatures étoilée sont précieuses pour nous, dit-elle, mais... je ne pense pas que cela suffise à vous sauver, pauvre idiot. Pour qui me prenez-vous ? »

Elle se redressa.

Tsinna déglutit avec peine en comprenant que son sort était une fois de plus scellé. Aurait-elle un jour la chance de décider elle-même de ce qu'elle ferait de sa vie ?

Elle n'en avait aucune idée. Son coeur cognait fort contre sa poitrine. Elle avait envie de dire qu'elle n'était pas à marchander, qu'elle n'était pas un objet, qu'elle avait le droit de décider. Elle ne dit rien. Elle en était incapable. Son tatouage la brûlait. 

« Prenez-là, supplia le Maître.

- Avec quoi en plus ? Je ne me contenterai pas de cette créature marquée de l'étoile.

- Mais elle est...

- Unique ? ricana la femme. Votre imbécillité me fait pitié. Vous pensiez vraiment que cette... captive était unique ? demanda-t-elle en avançant encore. Si c'est le cas, je me fais un devoir de vous détromper. A bord de mon vaisseau cinq créatures étoilées sont venues. Ils ont tous refusé ce que je leur demandais et... ils sont morts.

- Mais elle ne vous décevra pas ! protesta la Maître. Tsinna ne déçoit jamais. Elle est bien trop peureuse pour cela.

- Alors pourquoi est-elle en prison ? intervint l'autre pirate.

- Elle... »

La Maître ne sut que dire de plus. La pirate tira son sabre. Mais elle n'attaqua pas tout de suite, sans doute pour faire durer le supplice. Elle s'avança jusqu'à la cellule. 

"Saor, veille à ce que cet homme ne s'échappe pas, ordonna-t-elle à l'autre pirate qui hocha la tête et posa la main sur son arme. 

La pirate tendit sa main au travers des barreaux.

« Approche, créature étoilée, dit-elle. »

La prenait-elle pour un animal ? Visiblement oui. Tsinna décida de ne pas obéir. Mais elle vit que la pirate n'était pas menaçante. Elle avait l'air de simplement vouloir s'assurer d'une chose. Elle semblait vouloir savoir. Et ce qu'elle voulait savoir avait un lien avec l'appellation qu'elle lui avait donné: créature étoilée. Tsinna inspira et s'approcha en faisant taire les battements de son cœur. 

La pirate leva sa main et toucha doucement le visage de Tsinna qui se crispa. Son tatouage lui fit encore plus mal. Pourquoi ? Elle résista à la douleur. Cette dernière atteignit son paroxysme quand la femme toucha l'étoile de sa main sèche, rêche et dure. 

Le visage de la femme était serein, sombre,parcouru par de nombreuses cicatrises.

Tsinna regardait les doigts fins parcourir son visage jusqu'à toucher le tatouage. La douleur rugit dans tout son corps mais elle l'ignora. 

Aussitôt, la pirate ôta ses mains et recula d'un pas, comme si elle aussi avait ressentit une vive douleur.

« C'est donc vrai... confirma-t-elle. »

Avant que Tsinna n'ait pu demander qu'est-ce qui était vrai et pourquoi cela semblait avoir autant d'importance, le Maître faucha la femme et elle tomba à la renverse. Le dénommé Saor dégaina son épée et voulu faire un geste en direction du rebelle. Mais il se figea en voyant que son capitaine avait la maîtrise de la situation. La pirate parvint à entailler la jambe de son attaquant avec son sabre, l'empêchant ainsi de s'enfuir. Le Maître gémit de douleur. Du sang se mit à couler. 

Saor vint immobiliser le Maître pendant que l'aveugle se relevait.

« Ton attaque n'avait aucune chance d'aboutir, lui dit-elle en lui flanquant un coup dans les côtes. »

Le Maître gémit à nouveau de douleur et Tsinna se sentit mal pour lui. Elle se donna une gifle mentale. Mal pour lui ? Mais que racontait-elle ? il l'avait faite enfermer sans remords, scrupules ou hésitation avant de la vendre à des pirates. Elle n'avait pas à éprouver ce genre de compassion pour lui. 
La pirate fit un signe de la main et son compagnon releva le Maître et l'obligea à ouvrir la cellule de Tsinna. Elle le regarda tituber sur sa jambe blesser sans rien dire ou faire pour l'aider. Elle le regarda faire d'un regard parfaitement dénudé de toute forme d'émotion. 

Il força la jeune fille à sortir et Saor lui lia les mains. Elle se contracta en sentant à nouveau les cordes dures enserrer sa peau. Elle n'aimait vraiment pas ce manque de mouvement. 

« Ne t'en fais pas, dit la femme sur un ton ni doux ni mauvais, ces liens te seront bientôt enlevés.

- Pourquoi ne pas le faire maintenant ? riposta Tsinna.

- Parce que tu risquerai de t'enfuir.

- Je l'ai déjà fait, la détourna la jeune fille.

- Oui, mais tu avais alors à faire à des soldats. Avec nous, des pirates, ce que sera pas la même chose. »

Simple.

Efficace.

Tranchant.

Décourageant.

Ce furent les quatre mots qui vinrent spontanément à l'esprit de Tsinna suite au discours de la pirate.

« Puis-je au moins savoir qui vous êtes ? demanda-t-elle.

- Pour toi je serais « Capitaine » et rien de moins, répliqua l'autre sans même se retourner vers elle pour répondre.

- Rien de plus non plus, riposta Tsinna. »

Elle s'étonna elle même de sa réplique qui lui était venue si naturellement. La pirate sourit.

« En effet, confirma-t-elle d'un hochement de tête. Rien de plus. Mais il se trouve que rien n'est plus haut que le Capitaine sur un navire. »

Tsinna résista pour ne pas baisser la tête devant la force d'esprit de la femme. Elle ne pouvait pas soutenir son regard car il n'y avait aucun regard à soutenir. Juste un bandeau aux couleurs de la nuit. 

« Hé ! héla le voisin de cellule. Capitaine ! »

Tsinna lui jeta un regard incrédule. Comment pouvait-il avoir envie d'aller sur un navire de pirate ? Sans doute son esprit de marin impitoyable qui se manifeste, pensa la jeune fille. Après tout cet homme était un pirate, pourquoi refuserait-il d'aller avec cette femme qui avait de la puissance ? 

Elle s'étonna encore plus devant le sourire ravi qui éclaira le visage du marin quand son chef vint lui ouvrir la porte de la cellule.

Il se courba devant la pirate.

« Capitaine... dit-il sans rien ajouter.

- Cesse donc d'agir comme les humains du continent, Kreg, lui intima la pirate avec dédain, conduis-toi en pirate. »

Le dénommé Kreg se redressa aussitôt, un sourire encore plus heureux sur son visage bronzé. 

« Allons, ne tardons pas, la garde des seigneurs de ce monde arrivera d'un moment à un autre. Ce sera fort dommage que nous soyons là pour leur servir de distraction non ? »

Les deux pirates hochèrent la tête même en sachant qu'elle ne pouvait les voir.

Enfin s'était ce que le Capitaine prétendait. Mais Kreg n'en était pas si certain. Cette femme semblait trop souvent savoir où elle était et à qui elle avait à faire.

Mais il oubliait une chose essentielle : elle avait accomplit à plusieurs reprise ce qu'aucun pirate n'aurait put faire. Alors il était certainement normal qu'elle sache où aller, même privée de sa vue.

« Laissez cette pourriture ici, ordonna le Capitaine en frappant le Maître avec son pieds. »

Tsinna la vit s'agenouiller près de cet homme qui avait toujours était au dessus de tout pour elle puis, comme si elle voyait, la pirate lui prit le bras et traça à l'aide de son épée une encre de bateau sur son bras.

Le Maître serra les mâchoires pour ne pas donner à son ennemie le plaisir de l'entendre crier de douleur.

Le sang coula tendis qu'elle tracas l'entaille.

« Ainsi tu te souviendras de nous, lança la pirate en se relevant. Allons-y, ordonna-t-elle à ses compagnons. »

Kreg se saisit d'une lance qu'il pointa vers Tsinna en la forçant à marcher. Mais la jeune fille était bien décidée à leur faire perdre du temps pour qu'ils n'échappent pas à la garde. Hélas l'autre pirate dont elle ignorait le nom lui prit le bras et la força à courir avec eux.

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