Tsinna consulta la carte géante en constatant que ces pirates avaient sillonné le monde entier sans jamais trouver la fameuse Montagne d'Argent. Pourtant les pirates étaient les marins les plus redoutables et aventuriers de cette terre, pourquoi n'avaient-ils pas trouvé la montagne ? De plus une montagne n'était quand même pas rien, c'était imposant...

Intriguée, Tsinna tenta de découvrir où ce trouvait ce lieu et pour cela elle devait faire appel à son tatouage. Si la magie existait véritablement... Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir : le tenter. 

Le jeune fille ferma ses yeux pour se concentrer comme elle le pouvait. Elle ne savait ce qu'elle devait ressentir, trouver ou chercher. Il n'y avait jamais eut de libre expliquant comment on devait faire usage de la magie. Dans les histoires on disait simplement qu'il fallait chercher au plus profond de soi, retrouver la vérité. Mais quelle vérité ? Y avait-il seulement un vérité qu'elle ignorait ? Tsinna manqua de se décourager. Après tout, peut-être que la pirates s'était fait des idées, qu'il n'y avait pas de magie dans les créatures étoilées. Mais le capitaine semblait y croire si fort. Elle semblait avoir déjà été en contact avec cette magie. Alors ce pouvoir dit des étoiles devait être vrai. Il devait reposer quelque part en elle. Là où elle n'était jamais allée. Mais où n'était-elle jamais allée ? Elle avait exploré les moindres recoins de sa conscience. Elle la connaissait par cœur. Et ce fut sur cette constatation qu'elle réalisa qu'elle s'était volontairement cacher sa soif de liberté, son envie de voir plus loin que la maison du maître, d'espérer plus que ce qu'elle avait. Elle s'était interdit de songer à cela. Elle ne l'avait pas exploré. A présent, elle ne pouvait plus l'ignorer. Elle se plongea dedans, dans cette partie inconnue de sa conscience. Elle sentit son désir d'avoir plus, d'être plus. Un désir sans cesse refréné.  Elle se plongea dedans. Et alors elle vit l'immensité du monde qu'elle avait voulu connaître, voir et comprendre. Elle sentit résonner dans sa tête le murmure du vent, les bruissements des feuilles, les clapotis des vagues, le murmure de l'océan infini qui appelait, le mugissement des créatures marines, le silence de la nuit et le concert du jour. Tout cela entra en elle, se grava en elle, de façon à ce qu'elle ne puisse l'oublier. Elle ne comptait pas l'oublier de toute façon.

Il restait une ombre qui gâchait cette fête pour son âme et ses sens. Ce n'était pas cela qu'elle cherchait. Elle voulait savoir si cette Montagne était un mythe pirate ou une réalité mystique. Elle brûlait à présent de savoir. 

Elle ne parvint pas à emmener sa conscience au de-là de son corps de mortelle. Elle était encore trop encrée dans la réalité. Elle devait s'en détacher. Croire à l'invisible, croire à l'impensable. Coire en son pouvoir. 

Elle tenta encore et encore sans se décourager. Elle se concentra encore plus. Elle désirait savoir et n'allait pas refréner cette ardeur. Si elle était vraiment ce genre de créature, elle avait le droit de savoir. Elle voulait savoir. De tout son cœur. Elle n'avait jamais rien autan convoité de toute sa vie. 

A la dixième tentative, la jeune fille parvint à se couper de ces bruits pour étendre sa perception plus haut encore.

Prise d'une soudaine bouffée d'adrénaline, elle monta plus haut.

Et encore plus haut. Toujours plus haut. 

Elle voulait atteindre la Montagne d'Argent. La voir, y croire, croire en sa potentielle nouvelle vie. 

Soudain, elle ressentit du froid, de la noirceur et de la violence.

Elle les éloigna d'elle. Elle ne les désirait pas. 

Alors qu'elle sentait enfin qu'elle allait toucher son but, la brise lui porta des grognements de bêtes dont elle ignorait l'existence. 

Elle se projeta hors de son corps mais ne vit rien qu'elle ne connaissait pas.

Le vent lui porta alors ces mots : Pour entrer à la Montagne d'Argent, aucun conflits et aucun mensonges ne doit régner sur le vaisseau qui vous y mènera. Pour trouver cette montagne, seule une créature marquée de l'étoile saura ....

Le vent emporta les dernière mots si bien que Tsinna ne les entendit pas.

Elle sentit la frustration la gagner alors que son esprit revenait à son corps. Elle voulu l'en empêcher, continuer d'être en haut, continuer d'avoir ce qu'elle n'avait jamais eut. Mais elle n'était plus assez concentrée pour cela. Elle confondait réalité, révélation et désir. Son esprit réintégra son corps en lui causant un violent choc. Elle se retrouva au sol. Elle tâtonna pour trouver un appui et se remettre sur ses pieds. Elle garda encore un peu les yeux fermés pour tenter de regagner ce ciel. Mais cela lui fut impossible. Elle était confuse, embrouillée. 

Elle rouvrit les yeux sans plus avoir peur. Ce qu'elle venait d'entendre la replongeait en enfance. Sans doute avait-elle entendu un présage et une histoire sans queue ni tête. Peut-être même le simple fruit de son imagination. 

Mais elle en était heureuse. Elle sentait qu'elle était importante et qu'elle pourrait ainsi faire flancher la discipline de fer que la Capitaine s'imposait.

Elle s'empressa de prendre du papier et une plume pour écrire les mots qu'elle avait entendu et ainsi ne pas les oublier.

Elle plia ensuite le papier et le plaça dans une poche de sa robe.

Personne à part elle ne devait avoir accès à ce secret. À présent c'était sa seule chance de ne pas finir en esclave de pirate. Elle avait goûté à la liberté et elle n'imaginait pas un seul instant qu'elle puisse la quitter. Elle n'eut même plus envie de se jeter dans la mer pour se soustraire aux menaces des pirates. Déjà elle savait qu'elle n'en avait pas le cran. Ensuite, elle savait cela inutile. 

Rassemblant son courage, elle sortit sur le pont en cherchant le Capitaine pour lui confier les premières exigences du message.

Tsinna trouva la femme aux yeux bandés aux commandes du navire, occupée à donner des ordres pour parer l'arrivée de la tempête. La pirate sembla sentir Tsinna approcher et tourna son visage vers elle.

« Capitaine, commença la jeune fille en faisant taire la peur de son cœur. Pour accéder à la Montagne d'Argent, aucun mensonge ne doit régner à bord de ce bateau. »

La femme arqua un sourcil.

« Ce n'est pas ce que... »

Elle se tut soudain comme si elle avait dit une grossièreté.

« Capitaine ? tenta à nouveau Tsinna .

- Aucun mensonge ne règne sur le Spectre Oublié, répliqua-t-elle en reportant son attention sur l'horizon.

- Je pense tout le contraire. Sinon vous seriez déjà sur la voie que vous cherchez depuis tant d'année. »

Le Capitaine fit la moue.

« Sans doute. Mais une autre créature marquée de l'étoile avait laissé entendre que...

- Donc elles vous ont obéit ? s'étonna la jeune fille qui se souvenait que la pirate avait dit qu'aucune des créatures étoilée n'avait voulut la conduire à la Montagne d'Argent.

- Il y a beaucoup de chose que tu ne sais que sur ce qui c'est passé ici. Si toi seule ne connais pas l'identité de tous les pirates de ce navire, cela ne veut pas dire que des mensonges règnent à bord.

- Je fais maintenant partit de votre équipage puisque je vous guide, répliqua Tsinna qui s'horrifia aussitôt de ce qu'elle venait de dire. 

- Il y a des épreuves de confiance à passer avant d'être nommée membre de ce navire, répliqua le Capitaine d'une voix plus jeune que celle qu'elle laissait transparaître habituellement.

- Mais qui êtes-vous donc ? s'agaça Tsinna . »

La pirate tenta de reprendre son allure assurée mais la colère que Tsinna faisait naître dans son cœur, l'en empêcha. 

Aussi, elle passa la barre à Kreg avant de saisir la jeune terrienne par le bras et de la faire descendre vers les cachots. Elle ouvrit magiquement la porte métallique sans que la jeune fille ne sache comment et la poussa dedans. Le Capitaine referma ensuite la cellule.

« Sache qu'aucun pirate n'ouvrira cette prison, moi seule le peut, menaça la pirate avec une voix pleine de rancœur et de colère. »

Et la commandante repartit en laissant la malheureuse dans sa cage.

Et dire que Tsinna s'était sentie puissance pendant un moment ! Elle se retrouvait à nouveau dans une prison en attendant qu'un autre décide de son sort.