La banquise

Le froid devint insoutenable. Tous les hommes se repliaient sur eux même pour échapper à ses griffes mortelles. Le soleil avait cessé de briller depuis quatre déjà.

Kreg était dans le bureau de Kariane, réfléchissant à un moyen d'éviter de mourir de froid. Mais même ici, dans cette pièce fermée, le froid entrait et gelait ses membres. Si près du but, il refusait de s'avouer vaincu.

Féodore entra en courant.

« Kreg ! haleta-t-il, Tsinna nous indique que la glace pourrait briser la coque du Spectre Oublié à tout instant. »

Le chef temporaire poussa un juron. Bien sût il ne s'attendait pas à atteindre la Montagne d'Argent sans encombre mais le prix à payer était bien trop élever. Ils avaient déjà perdu les trois quart de leur équipage, leur capitaine et maintenant leur bateau risquait de sombrer.

« Immobilisez le bâtiment, commanda-t-il. »

Féodore sortit en transmettant les ordres. Kariane ! appela Kreg même sachant qu'il ne pouvait communiquer avec elle.

Soudain, il n'entendit plus le bruit des vagues.

Un craquement froid et sinistre retentit.

En sortant, Kreg vit que tous ses hommes s'étaient immobilisés. Jamais ils n'avaient connu le froid puisque les pirates se déplaçaient où bon leur semblait au fil des saisons.

Seule Tsinna bougeaient encore. Son étoile ne brillait pas d'une lumière éclatante mais la lueur qui s'en échappait était ensorcelante.

Près de Tsinna, Asyma regardait partout autour d'elle, tentant de déterminer si un ennemi se cachait dernière tous ses événements.

La créature étoilée s'approcha soudain du bord.

« Tsinna ? appela Asyma. Que fais-tu ?

- Un navire ne suffit pas pour arriver à la montagne, leur apprit Tsinna. Si vous voulez poursuivre votre voyage, il faudra le faire à pieds.

- Mais comment ? s'étonna un autre homme. Nous ne savons pas marcher sur l'eau !

- Vous n'en aurez pas besoin, sourit la créature. La banquise s'étend sur plusieurs kilomètres.

- La banquise ? Mais qu'est-ce que c'est ?

- Une grande étendus de glace et de neige, lui apprit la jeune fille. »

Elle baissa la tête.

« C'est tout ce que je sais. Peut-être trouverez-vous des prédateurs mais je n'en sais rien.

- Tu ne viens pas avec nous ? »

Elle marqua une pause incertaine de la route qu'elle voulait suivre. Elle avait rêvé d'aventure toute sa vie. Cependant, elle avait peur. Elle voulait avant tout connaître la vérité sur ses parents et si elle mourait avant, elle n'en aurait pas le temps.

Elle croisa un instant le regard d'Asyma qui avait maintenant confiance en elle. Pouvait-elle l'abandonner si près du but ?

La réponse était évidente.

« Je viens, dit-elle.

- Alors qu'attendons-nous ? s'étonna Asyma . »

Son envie de conquête et de trésor prenait le dessus sur ses craintes. Son enthousiasme galvanisa les autres et ils lancèrent des cordages pour quitter le navire.

Tsinna posa la première le pieds sur la glace. Lentement, pour s'assurer qu'elle n'allait pas céder sous son poids, elle se détacha de la corde.

« Vous pouvez venir, lança-t-elle au autres. La glace est solide. »

Elle n'eut pas finit sa phrase qu'une voix retendit dans sa tête :

Elles seront quatre créatures étoilées,

Chacune choisie pour incarner

L'eau, le vent, le feu et la terre.

Elles trouverons la terre mère,

Portant un monde inconnu

Que nombreux hommes ont voulu.

Qu'est ce que c'était que cela ? Une prophétie ? Ce n'était absolument pas le moment.

Pourquoi y aurait-il une prophétie pour entrer dans un monde promis au hommes ? Une prophétie mettant ne scène quatre des créatures les plus rares sur terres.

« Qu'est-ce qu'il y a, Tsinna ? s'inquiéta Asyma .

- Rien. »

La jeune fille repartit en chassant son trouble. Devant elle la glace s'étendait à perte de vue. Une fine couche de neige recouvrait ce sol inhospitalier. Tsinna inspira profondément et le froid lui piqua les narines. Elle prit son courage à deux mains et s'avança.

Le voyage commençait.

Tournant la tête, elle vit que tous les pirates l'avaient suivi Asyma et Kreg en tête. Sur leur visage rougi par la froideur, on pouvait lire une détermination que rien ne pourrai briser.

Mais la suite démontra que même lui plus féroces conquérants pouvaient renoncer à leur rêve.

Pendant plus d'une semaine, les hommes de Le Spectre Oublié marchèrent sans savoir vers où. Ils savaient qu'ils s'éloignaient de leur bateau mais les pirates affirmaient qu'ils le retrouveraient.

Tsinna et les autres ne s'arrêtaient que pour manger les vivres qu'ils avaient emportés. Ils n'avaient rien pour dormir et la fatigue les gagnait peu à peu.

Cette nuit-là, le campement sembla avoir été déserté de toute vie. Pourtant l'équipage était bien là. Les hommes et les femmes dormaient roulés en boule les uns contre les autres dans leur couverture.

Tsinna voyait bien leur visage devenir de plus en plus blanc au fil des jours. Si elle ne trouvait pas vite la montage, ils mourraient de froid.

La jeune fille leva les yeux vers le ciel. L'étendu étoilée brillait de mille feux. Les cieux étaient si calmes, si paisibles.

« Aidez-nous, implora-t-elle à voix basse. »

Mais nulles réponse ne lui vint cette nuit là.

Ne parvenant pas à trouver le sommeil, elle repensa à la prophétie.

Elles seront quatre créatures étoilées,

Chacune choisie pour incarner,

L'eau, le vent, le feu et la terre.

Elles trouveront la terre mère

Portant un monde inconnu

Que nombreux hommes ont voulu.

Tout ceci était bien vague. Fallait-il vraiment trouver quatre créatures étoilées pour trouver la montagne ? Une seule ne suffisait pas ?

De ce qu'elle venait d'apprendre, non.

Fatiguée et irritée, Tsinna se leva. Kariane, appela-t-elle avec son esprit, sachant que le capitaine lui répondrait. Oui ?

Tsinna déglutit. Kariane avait une voix étouffée et faible, comme abattue.

Nous ne pouvons atteindre la montagne, lui apprit la jeune fille. Comment ça ?

Tsinna la raconta la prophétie et mentionna leur position précoce sur la banquise. Je ne peux rien faire, déplora Kariane. Vous n'allez rien tenter pour les sauver ? s'offusqua Tsinna. Si je pouvait faire quelque chose, je le ferai, crois moi. Mais je ne sais pas où vous êtes. Et vous où êtes vous ? répliqua Tsinna . Toujours sur le navire d'Hytros , répondit froidement la capitaine exilée. Il fait une chaleur étouffante ici, je ne sais pas comment vous faites pour avoir de la banquise.

Tsinna ne sut qui dire. Ici, ils mourraient de froid comment cela ce faisait-il que Kariane soit dans une une fournaise ? Était-elle à l'autre bout du monde ?

Soudain, elle entendit Asyma tousser. La jeune femme se précipita à son chevet.

La pirate se tordait de douleur. Tsinna n'avait pas de grande connaissance scientifique mais elle pouvait cependant affirmer qu'un rhume ne pouvait faire cela.

Une plaie s'ouvrit dans le coup d'Asyma qui hurla de douleur. Tsinna plaqua ses mains sur l'ouverture mais le flot de sang ne tarissait pas.

« Tiens bon, Asyma , lui recommanda-t-elle. Tout va bien se passer. »

L'autre ne l'entendit pas et cria de plus belle. Mais que ce passe-t-il ? désespéra Tsinna . Pourquoi Asyma saignait-elle maintenant ?

Elle voulu contacter Kariane mais la peur de perdre Asyma , la seule pirates qui lui avait témoigné de la gentillesse, lui faisait perdre ses moyens. Si la pirate venait à mourir à cause de son incapacité médicale, Tsinna ne se le pardonnerait jamais.

Les cris de la jeune femme avaient réveillé les autres membres de la quête. Kreg sauta sur ses pieds et se précipita au chevet de la fille à l'agonie. Il ne posa aucune question à Tsinna , ne préférant pas perdre du temps pour des questions stupides.

« Kariane usait de sa magie quand l'un de nous était blessé, cria-t-il à l'adresse de la jeune créature.

- Mais je n'ai pas le quart de ses pouvoirs ! gémit la jeune fille.

- Tente quelque chose quand même. »

Elle hocha la tête et ferma les yeux comme chaque fois qu'elle usait des dons du ciel. Une intense lumière bleu alluma ses yeux et illumina la plaie.

Kreg ne pouvait le savoir, mais Kariane avait pénétrée dans l'esprit de Tsinna pour lui indiquer les gestes à suivre, les ayants elle-même pratiqué à mainte reprises.

Laisse la lumière s'échapper, indiqua-t-elle. Tsinna obéit : un faisceau bleu et irrégulier fonça vers la blessée et entra dans la blessure. Asyma rugit de douleur mais Tsinna continua son opération, suivant à la lettre les recommandations du capitaine Tricey.

Dix minutes plus tard, la blessure était refermée et Tsinna se sentait plus épuisée que jamais. Les interventions médicales sont les seules à user de notre énergie, lui apprit Kariane. Il n'y a aucun moyen pour y remédier. Nous ne sommes pas tout puissant.

Le contact cessa brusquement et Tsinna se retrouva avec elle-même.

Asyma haleta et ferma les yeux.

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