Promesse


À la lisière de la forêt, près du village Lamm.


D'un souffle haletant, accompagné des craquements sonores de branches sous chacun de ses pas, une jeune femme brune court à l'orée de la forêt. Dans sa course folle, elle trébuche, sa main griffée par les épines d'un pin tombées au sol. Elle révèle un sourire rebelle sur ses lèvres. Elle fuit son poursuivant qui fait preuve de beaucoup de rapidité et d'agilité. Sans se retourner, elle arrive à toute vitesse dans une petite cour, à l'entrée d'une maison de chaume, son cœur battant la chamade.

Ses cheveux brunns tombant devant son visage, cachent son regard espiègle.

Et là, bondissant de nulle part, une petite silhouette l'agrippe. Dans un même rire, les deux jeunes filles tombent au sol, l'une sur l'autre, se chatouillent jusqu'à ne plus réussir à rire.

Au dessus de leurs gloussements, une voix féminine s'élève :

« Ava, Edwige, calmez-vous ! Il est l'heure de dormir ; »

Les cheveux en bataille, elles se redressent et continuent leur poursuite à l'intérieur de la maison.

Après d'incessants rires, leur père vient et souffle les bougies. Quand le silence tombe, Ava, dans sa robe de nuit beige, quitte son lit pour se glisser dans celui de sa grande sœur, se rapprochant d'elle à la recherche de chaleur. Edwige passe un bras derrière ses épaules et colle sa tête sur son front. Tout en veillant a rester la plus silencieuse, Ava lui murmure :

« Demain on pourra recommencer le jeu ? »

Amusée, l'aîné lui répond :

« Bien sûr", et chuchotant encore plus bas, elle continue : "ainsi tu pourras prendre ta revanche. Petite Numididae»

- Pardon ? C'est moi qui ai gagné! Et... Numididae toi même !

- Chuuuuuuut, les filles ! »

Au même moment elles lâchent un petit rire étouffé.

« Parle moins fort !" Sur le même ton, Edwige poursuit : "on a réveillé papa. »

Sans pouvoir se retenir, elles recommencent à pouffer de plus belle. Un autre « Chut » est prononcé, cette fois-ci par leurs deux parents.

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Un filet de lumière dorée, s'infiltre par les interstices entre les planches des volets de leurs chambres. Aveuglée par ce soudain jet de luminosité, Ava pousse un grognement, tirant vers son visage les draps de lin du lit. Plus matinale que sa cadette, Edwige arrive dans la chambre en nattant ses longs cheveux bruns bouclés, elle s'approche en douceur et réveille Ava d'une caresse sur le bras.

Leurs toilettes terminées, elles rejoignent leur père qui les attend dans la cour. Après une étreinte paternelle, ils vont au marché. Puis c'est en cours de route qu'Ava glisse sur le sentier encore verglacé de cette fin d'hiver et dévale une pente où, en son milieu, trône un arbre couché, fendu en deux. Elle heurte l'arbre violemment et décroche le pan de sa robe accroché aux branches restantes sur le tronc. .Venant à la rescousse de sa fille, son père la relève et dans un cri, Ava affirme:

« Aïïïïïïïïïïïïe ! Ma jambe! »

À l'intimité des regards, Edwige retire les bas de sa jeune sœur, et voit une étrange protubérance en sortir. D'un grincement de dent, Ava confirme la douleur de sa blessure. Edwige la regarde d'un air désemparé et lui annonce avec le plus de tact possible.

« Tu as un éclat de bois au mollet. Ce n'est qu'un éclis mais il est assez profond.»

Prise d'une pâleur affolante, la jeune blondinette se penche et constate avec horreur que c'est la pure vérité. Edwige retire le petit morceau de bois, laissant une blessure de deux centimètres de diamètre sur la jambe de sa sœur, et ils continuent leur route (certaine boitillant) vers le marché.

Arrivés à destination, leur père se dirige vers un étalage où sont présents plusieurs sortes de légumes. Comme à chaque fois, Ava s'émerveille devant toutes ces dames nobles dans leur robes de soie, dont certaines avec des parures.

Puis dans l'ombre d'un bâtiment, où sont certainement logés les bourgeois, un jeune garçon d'une vingtaine d'années fait signe à l'innocente blondinette. Naïve et toute souriante, elle s'approche de l'inconnu pensant qu'il voulait tout simplement lui parler. Un sourire perfide apparaît sur son visage. Alors qu'il ne reste que quelques mètres entre eux, il se recule, l'attirant lentement vers la pénombre. D'un geste brusque, Edwige retient le bras de sa petite sœur, un regard noir vers le jeune homme.

Son sourire toujours sur ses lèvres, il demande :

« Veux-tu venir à sa place ?"

Un ricanement sort de sa bouche et il reprend :"On pourrait s'amuser tous les deux. »

D'un air horrifié et dégoûté, Edwige tourne le dos nonchalamment et attire vers elle Ava, insouciante. Derrière elle, l'aînée entend toujours le rire pervers de son interlocuteur. En rejoignant leur père, elles accélèrent le pas, voulant quitter la place du village au plus vite.

Sur le chemin du retour, Ava n'a prononcé aucun mot, consciente qu'elle n'avait pas bien agi. Retrouvant le foyer protecteur de leur demeure, les jeunes sœurs retournent à leurs occupations. Ava lave tant bien que mal sa plaie mais cette dernière la fait encore terriblement souffrir. La jeune blonde commence à se demander s'il ne resterai pas par hasard un morceau boisé. Mais préoccupé par l'histoire au village elle ouvre dans un grincement la porte de la chambre d'elle et sa sœur. Ce n'est qu'en croisant le regard d'Edwige, qu'elle s'autorise de demander :

« Edwige, pourquoi tu as tant dénigré le monsieur au marché ? »

D'un ton détendu, la jeune brune, regarde sa cadette, les yeux luisants :

« Ava, tu es encore très jeune et tellement naïve. Plusieurs fois déjà, tu t'es éloignés de nous, tu parles à des inconnus et tu t'aventures dans des lieux parfois dangereux. C'est dans ta nature, tu aimes découvrir des choses et tu souhaites dès maintenant voler de tes propres ailes ; mais c'est bien trop tôt. Je ne serai pas toujours là pour te surveiller, et je redoute... »

Des grosses larmes coulent le long des joues de la jeune majeure, qui repend son discours en hoquetant :

« Je redoute le moment où tu seras seule. Je t'aime tellement, je ne veux même pas imaginer ce que je ferais si quelqu'un touche au moindre de tes cheveux. Malheureusement, même du haut de tes 12 printemps, je ne sais pas si tu réussiras à t'en sortir seule. Alors s'il te plaît, promets-moi que, quoiqu'il arrive, si un jour on venait à être séparées, si tu devais t'éloigner de moi pour une quelconque raison, ne fais confiance à personne. Tu ne peux compter que sur toi. Même si quelqu'un a l'air gentil, enfuis-toi, cours dans la forêt. Tu y as grandi, elle te surveillera et te protégera.

Promets-le moi ! »

D'une voix tremblotante, Ava promet.

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