Infection
Village Lamm.
Sur la paille dorée, recouvrant le toit de la petite maison, sont fièrement perchés quatre opossums. Grattant le foin de leurs petites griffes, ils fouinent et farfouillent le dôme de la demeure. Perchée, à mi-sapin, Ava les observe toute souriante. Les jambes tombant de chaque côté de la branche, elle repose en équilibre, couvrant un long périmètre de son regard.
Les quatre petits marsupiaux, trottent toujours le long du toit de chaume, reniflant par ci, inspectant par là. Puis une odeur attire leurs museaux et d'un seul mouvement, ils se tournent vers le petit moineau s'étant posé à l'instant, sur le même perchoir qu'eux.
Le plus jeune des opossums, bondit et retombe sur le dos tout en plume du frêle petit oiseau.
Ava pousse un sonore hoquet de surprise, et dans la même frayeur bascule hors de la branche. Atterrissant sur celle de dessous, la jeune fille dirige un regard paniqué sur le toit de sa maison, avant de voir plus bas, sa grande sœur lui lançant un regard noir.
La jeune blondinette descend habilement de l'arbre, saute pour le dernier mètre et retombe douloureusement sur ses paumes. Elle frotte ses mains le long de sa robe, essayant tant bien que mal de retirer la sève de sa peau. D'un pas souple, Edwige rejoint sa cadette, tout en faisant attention de garder un regard strict sur Ava. Puis prenant une grosse voix, l'aînée s'enquiert :
« Puis-je savoir pour quel motif te prenais-tu pour un écureuil ? »
Ignorant la question, Ava la regarde et affirme d'un ton affolé :
« Non, non, non, Les... le... petit oi... mort..., son souffle commençant à être saccadé, le jeune fille poursuit, fffffumm... ils l'ont tué !!!
-Merci pour cette réponse extrêmement claire Ava ! Veux-tu te calmer et reprendre ta phrase, s'il te plaît ?
-Les opossums sur le toit, ils ont mangé le petit oiseau. »
Edwige jette un regard furtif en direction du lieu du crime, puis reprend le fil de la conversation, prenant un air se voulant parfaitement rassurant.
« Mon colibri ! Éprouves-tu des remords quand tu manges les lapins que père a chassé ?
-Heu... je ne pense pas.
-Et pourquoi donc, à ton avis ?
-Et bien... parce que nous mangeons des lapins mais là c'est pas pareil !
-En quoi cela est-il différent ?
-Et pourquoi toutes ces questions ?
-L'intérêt d'une question, n'est pas d'en obtenir une autre en retour. »
Cachant au mieux son visage boudeur, Ava soupir et se questionne. Il est vrai qu'elle aussi mange des animaux, mais ici cela lui semble injuste car ils étaient quatre contre un, contrairement à son père qui chasse seul et sans aucun piège fourbe.
Expliquant au mieux ses pensées à son aîné, la blondinette maintien le fait que ce soit de la barbarie.
Edwige prend la parole, tout en se concentrant sur ces mots :
« Les opossums étaient ensembles, certainement car ils sont grégaires, l'oiseau lui était seul, cela était peut-être dû à un choix ou peut-être s'était-il perdu ? Dans les deux cas il aurait eu des difficultés à l'avenir.
-Ou non, on ne pourra jamais le savoir, la cadette poursuit sur le même ton triste, ... puisqu'il n'est plu.
-Si cet oiseau était seul par choix, c'est qu'il le voulait et qu'en conséquence il savait que sa vie serait uniquement entre ses mains. Dans l'autre cas s'il s'était perdu, il n'aurait pas survécu seul. Comprends-tu ?
-Humpf... oui. »
D'une tendre étreinte les deux sœurs, rentrent à l'intérieur de leur demeure, la plus jeune jetant un dernier regard vers les quatre petits marsupiaux se débarbouillant le museau, où le sang du volatile a laissé quelques tâches.
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Plusieurs jours après le malheureuse événement, le ciel est couvert, cachant les rayons dorés du soleil à cette heure-ci. Une main rassurante caresse tendrement l'épaisse chevelure brune et bouclée d'Edwige, qui pose sa tête dans le creux du cou de sa mère. Les joues rougies par le chagrin, elle continu de pleurer, secouée de nombreux sanglots. Échangeant des phrases réconfortantes et essayant de contenir au maximum leur peine, les parents épuisés compte une dernière fois leurs écus. Comme vidée de toute conscience, Edwige se laisse glisser le long du mur, le regard dans le vide et se recroqueville sur elle même, s'encerclant de ses bras frêles. Ayant une ultime fois fait la somme du peu d'argent qu'ils possèdent, les parents regarde désespérés leur plus jeune fille ; Ava.
Cette dernière, allongée et ruisselante de sueur, gémit dans les draps blanc-cassés de son lit. N'y tenant plus, l'aînée quitte en courant la maison et s'enfonce entre les grands arbres de la forêt. Ses parents n'essayent pas de la retenir, pensant qu'elle sera mieux seule pour affronter la vérité : Ava ne s'en sortira probablement pas.
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Les courants de l'air, frappe le mince corps de la jeune brune, courant à toute allure vers le village, ne s'arrêtant sous aucun prétexte, elle fonce sans reprendre son souffle au creux de la foule houleuse. Les cheveux en bataille, sa robe de lin froissée, elle pénètre dans une grande bâtisse, aux volets bleutés, au toit recouvert de planches vernies, possédant une porte finement gravée et au centre de l'imposant mur, un solide écriteau de fer, affichant aux yeux de tous l'inscription : « Sir Gallien de Reingatnom, guérisseur, arracheur de dent et médecin pour vous servir ».
Plusieurs regards l'accueillent, tous observent la nouvelle patiente essayant de deviner quelle maladie risque de l'emporter. Après avoir salué quelques personne d'un faible sourire, Edwige se glisse dans l'obscurité de la pièce fuyant au mieux les préjugés. Environ toutes les dix minutes, un grand homme, blond au regard clair apparaît et appelle le suivant ; tous les malades se bousculent pour être le prochain. Et voyant toute cette masse de gens à ses pieds, le suppliant de le soigner, il sourit, toisant d'un regard hautain, ces personnes rongées de diverses maladies.
Caché derrière l'ombre d'une plante, presque morte, la grande brune l'observe avec dégoût et pendant une seconde songe à faire demi-tour avant de se ressaisir, se souvenant que cet homme infâme est sa dernière chance.
L'attente est longue, les heures passent et Edwige attend son tour, nombreux sont ceux qui la double, la bouscule et l'injure. Et à chaque fois qu'elle se retrouve seule dans la petite salle d'attente, prête à entrer à la prochaine ouverture, d'autres patient arrive et l'ignore. Une seule femme fait preuve de sympathie en lui souriant, mais quand arrive le Sir Reingatnom, cette dernière saute sur l'occasion et profite de l'épuisement de la jeune fille, pour la devancer.
Le temps se confond dans l'esprit d'Edwige, épuisé de tous ses précédent pleurs et de cette attente infinie, elle s'assied à même le sol et tombe dans un sommeil réparateur.
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Au milieu de la nuit, une main gantée effleure sa joue et quand il touche son épaule, l'aînée se réveille poussant un cri de surprise. Lui souriant de toutes ses dents, découvrant-en une en métal, l'homme se présente, d'un ton charmeur :
« Je suis Sir Gallien de Reingatnom, pourrais-je savoir en quel honneur ai-je le privilège de rencontrer une si charmante damoiselle ? »
Se retenant tant bien que mal de vomir, la jeune fille lui sourit brièvement répondant à sa salutation et prend son air de détresse :
« Ma jeune sœur s'est blessée à la jambe, la plaie s'est méchamment infectée, sans que nous nous en apercevions. Je vous sais gré de m'aider monseigneur.
-Comment pourrais-je dire non à un si joli visage ? »
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Edwige s'empresse à travers les fougères, guidant son hôte à la traîne derrière, ce dernier l'interrogeant sur sa personne. La jeune brune, garde le sourire , le poussant à accélérer le pas, craignant qu'ils arrivent trop tard.
Arrivant sur le porche de leur petit maison de chaume, le « médecin » s'affole :
« Veuillez m'excuser mais est-ce dans cette... « maison » que vous loger ?
-Oui, messire.
-Vous venez à ma rencontre implorant mon aide, mais en voyant votre logis je m'interroge, Avez-vous les moyens de me payer ? »
Tout en disant ceci il frotte l'un contre l'autre son index et son pouce, fronçant ses épais sourcils.
Les parents des deux jeunes filles ouvrent la porte, s'apprêtant à partir à la recherche de l'aînée. Quand ils voient Edwige ils courent vers elle et l'enserrent de leurs bras, ils s'aperçoivent de la présence de l'homme que quelques instants après. Ce dernier articule fièrement :
« Hum... hum... Je suis médecin. »
Ne faisant guère attention à sa présence, ils s'enquièrent au près de leur fille :
« Où étais-tu passée, on croyait que tu partais uniquement faire un tour.
-Je suis all...
-Cette demoiselle est venu quérir mon aide pour sa ... « sœur » ; mais je ne vous prive pas plus longtemps de votre temps, je m'en vais de ce pas soigner des clients... ayant ... les moyens. »
Il appui longuement sur le dernier mot et tourne le dos, mais une main ferme le retient, le père des deux jeunes sœurs se met à genoux et implore l'aide de cet immonde personnage. Faisant fi de toutes les supplications il s'en retourne chez lui. Laissant la famille au dépourvu, Edwige et sa mère les larmes aux yeux.
Fatigués de leur harassante journée, ils rentrent chez eux. Les deux parents viennent et embrassent une dernière fois leur grande fille.
Le vent, dehors, souffle violemment. Les volets claquent, la porte tremble, le froid s'installe. Ne supportant plus d'entendre les gémissements de douleur d'Ava, la grande sœur sort de la chambre pour vider un peu son esprit.
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S'introduisant dans la pièce, une ombre s'approche du lit d'Ava. Plongée dans un sommeil douloureux, la petite blonde ne se rend pas compte qu'elle est observée. Délicatement, l'intrus soulève le drap afin de voir la blessure de la jeune fille. D'une respiration bruyante, il s'approche encore jusqu'à effleurer la peau d'Ava. Lorsqu'un souffle chaud et humide recouvre la plaie infectée, la jeune fille pousse un cri. Alertée par le bruit, Edwige revient affolée. Voyant sa jeune sœur redressée et éveillée dans son lit, elle s'approche et l'enserre de ses bras protecteur.s Le regard vitreux, Ava parle enfin d'une voix grésillante :
« Là...il était là... »
À la suite de ses mots, elle retombe dans son lit et retourne dans les bras de Morphée. Edwige regarde alors sa sœur allongée avant de sentir un courant d'air glacial. La fenêtre béante laisse pénétrer le froid. Intriguée d'abord par les propos de sa jeune sœur puis du fait de voir les fenêtres ouvertes, elle se questionne à voix haute :
« Qui ? »
De nombreuses réponses viennent à son esprit. Elle songe. C'est probablement le vent, à cette saison de nombreux mistrals sont présents. C'est certainement sa blessure, la douleur la fait délirer...
Sur cette pensée, elle s'enquiert de l'évolution de la plaie. La jeune brune passe un bref regard sur le mollet d'Ava, le détournant aussitôt de peur d'y voir du sang. Elle s'apprête à retourner dans son lit pour mieux réfléchir à une hypothèse demain... pourtant... Non ! Elle n'a rien vu. Elle regarde à nouveaux l'infection de sa sœur mais cette fois, c'est sûr, la plaie n'est plus là. Il n'y a plus que la peau laiteuse d'Ava. Alors Edwige se relève et reformule sa question tournée vers la fenêtre :
« Qui ? Qui t'a soignée ? ».
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J'espère que cette lecture vous a plu ^-^
N'oubliez pas de commenter, si vous avez le moindre conseil, avis, remarque, sachez que je suis toute ouïe!
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