La vieille porte de bois, grince bruyamment ce qui réveil désagréablement les deux alliés. Devant eux se tient la gardienne habituellement toujours en duo avec leur autre geôlier.

« La Matrone souhaite vous voir. »

Sortant tout juste d'un sommeil très agité, Ava dit d'une voix enrouée :

« Vous êtes Hé... Hélène c'est ça ?

-Ménelle.

-Oui, mes excuses, Ménelle... hum hum... nous, nous ne souhaitons pas voir la harpie qui vous sert de matria.. »

Arlane entre sans un bruit et s'adresse à sa sujette :

-Merci, tu peux disposer. »

Durant le départ de la gardienne, un blanc oppressant s'installe. Sur son ton narquois habituel la matrone engage une conversation sans grande conviction :

« Bien dormi ?

-...

-Je l'espère car il faut des forces pour ce genre de journée. »

Les élus cillent en harmonie, Arlane sourit.

« Comme prévu, ce matin nous partons avec certains de mes hommes aux récifs maudits. Avant le zénith du soleil nous saurons l'issue de cette première étape. Puis... »

Voyant qu'ils ne l'écoutent pas elle claque des doigts, un bruit sonore sort en émane, la blondinette et le jeune renard sortent aussitôt de leur torpeur.

« Je disais, en route ! »

Étrange... Cette matinée démarre plutôt mal, les plans de la matriarche semblent inchangés. Bien que suffisamment inquiets, une vague d'espoir les fait quitter la paresse matinale en sachant que « leurs » propos de la nuit dernière ont tout de même marqué la femme halée. Pourtant, l'attitude de cette dernière laisse un doute profond dans le cœur des élus.

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L'itinéraire choisi, bien que plus court que les autres, semblent durer interminablement. Chevauchant des mules, le rythme de la troupe est quand même plus rapide que s'ils avaient dû y aller à pied.

Même si Ava n'éprouve aucun plaisir à discuter avec la chef des Rodents, elles échangent quasiment tout le long du trajet.

Leur conversation est assez longue pour que les jeunes élus en sache suffisamment sur les plans de cette femme.

« Pardon ??? Naaaaaaaaaaaaaaaan... vous ne pouvez pas. Hier vous disiez presque, alors imitant caricaturalement la voix de la quarantenaire Ava poursuit, « Que nenni de toi, blondie. Qu'importe ce que tu choisis, je gagne !

-Imitation peu flatteuse pour moi, de plus tu te remets à me vouvoyer ? »

La jeune blonde ne pipe mot. La parole alors totalement libre, la matrone reprend les rênes.

« Rohhh. Où est le problème ? Vous auriez dû tilter lorsque je parlais de deux épreuves. Chacun la sienne ! D'accord je plaide fautive, effectivement j'ai réfléchi et tu as encore raison « blondie », tu as trop de valeur pour mourir. Par contre ton familier ne vaut rien à mes yeux. Alors s'il échoue tu prends ma relève. Voit le bon côté des choses j'accepte enfin d'accordé de la valeur à ton animal domestique en lui attribuant un rôle.

-De un ce n'est pas mon fami... fffffumm... quand bien même je devais prendre votre relève, comme vous dites, les Rodents ne me forceront pas à être leur meneuse je m'y refuse.

-Sur ce dernier point je te conseille de ne pas douter de leur pouvoir... Arlane dévoile une partie de son épaule laissant très bien apparaître une cicatrice imposante de brûlure... sur ce nous sommes arrivés. »

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Mô déteste cette matriarche probablement bien plus que sa coéquipière. Pourtant en voyant les marques de fer brûlant sur sa peau couleur miel, il n'a pu retenir des sentiments empathiques à l'égard de cette femme. Que cache t-elle donc encore ?

Devant eux se dresse une falaise rocheuse extrêmement imposante. Derrière les rochers pointus, ils peuvent distinguer la mer déchaînée se jeter sur les parois de pierre, se fracasser contre les récifs, se déchirer entre les pics rocheux.

Le jeune renard n'aime pas du tout ce lieu. Quand bien même il n'y fait pas bon vivre et qu'une mort certaine attendrait quiconque rejoindrait les flots, il ne comprend pas pourquoi autant de peur se lit dans l'odeur dégagée par tous les humains restés en retrait.

Pensant peut-être obtenir une réaction de sa part, Arlane lance un os au bord de la falaise. L'élu ne bouge pas, ce n'est que quand Ava lui fait signe de s'approcher qu'il réagit.

« Mô, Mô, Mô... Je t'ai parlé un peu de cet endroit... chez les hommes on le nomme Fëelle, en fait j'ai omis de te dire un truc... »

Oh non ! Ce n'est pas le moment des aux revoir ! Le porteur d'améthyste grogne intérieurement mais est vite interrompu par sa blondinette.

« Je ne te dit pas adieu gros bêta... j'ai toujours cru qu'il s'agissait d'une légende, j'avais peur des récifs de Fëelle quand j'étais petite... plus petite... et aussi quand Arlane a parlé de cette épreuve car je pensais qu'elle souhaitait qu'on plonge... »

Mô ne comprend pas où Ava veut en venir... un regard d'incompréhension suffit à faire cracher le morceau à sa partenaire.

« Fëelle c'est le nom d'un dragon ! Le dragon des histoires existe... c'est lui qui garde ce lieu. L'épreuve consiste à survivre à cette bête, si tu t'approches trop près du bord, il viendra... Mô c'est fichu, tu ne peux pas survivre à un dragon... il va te tuer. Autant abandonner... je vais rester avec les Rodents et tu dois accomp...

-Grrroorrnnn... »

Il est hors de question qu'ils se séparent ! Mô regarde Ava imperturbable. Un dragon rien que ça, il n'en a que faire des légendes humaines... Faisant comprendre plus que clairement à sa jeune humaine ses intentions, il se retire vivement de ses mains, agrippées au niveau de son cou, puis s'avance vers les dangereux bords de la falaise.

Une fois avancé au maximum, les minutes d'attentes semblent se figer. Le renard adopte une position plus confortable, et posé sur son postérieur lance un regard moqueurs à tous ces humains pétochards. Parmi eux, Ava n'abandonne pas sa lutte intérieur, tout ses membres sont à l'affût.

Ponctuant les réflexions tourmentées de la jeune élue, un violent sifflement envahit l'air alentour. Un voile opaque gifle hommes et renard, puis se dressant fièrement devant eux, une bête énorme parsemé de multiples écailles rocheuses les dominent. À l'apparition de la créature, Ava pousse un cri de détresse, mais prisonnière des griffes de la matrone ne peut s'avancer rejoindre son partenaire.

Tout doucement, avec une infinie précaution, Mô se relève et fait face à la bête. D'une pensée commune, Ava parle pour son renard, répétant les mots reçu mentalement :

« C'est donc ça Fëelle. »

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Le jeune renard voit les humains rebrousser chemin, tous plus lâches les uns que les autres. Ava, toujours prisonnières de l'emprise de la matrone, est emmenée dans le sillage des Rodents. Même hors de sa vue, Mô entends les cris de supplications de son alliée. Il bout intérieurement !

Le dragon colossal pousse des plaintes stridentes, comme s'il crachait ses tripes à chaque son, Fëelle ne semble pas près à accueillir ce visiteur dans les bonnes et dues formes.

Peut-être qu'un vent de folie s'empare du porteur d'améthyste car sans crier gare il s'avance vers le maître de ces lieux. Redoublant d'ardeur dans ses rugissement le reptile de roche inspire bruyamment dans le but d'augmenter son effet de dominance.

S'il peut comprendre les hommes et presque tous les canidés, bien que le langage des chiens lui semble plus guttural, il n'explique pas le fait de comprendre les avertissements du dragon.

'' Fëelle te tueras... ''

Non convaincu de la façon dont s'y prendre, le jeune renard feinte une réponse dans son propre langage :

'' Créature des cieux, je ne peux m'exprimer dans ton dialecte mai..

- Misérable Vulpes! Fëelle ne parle qu'aux dieux et dragons, vermine rousse pense lui faire croire d'être assez digne de sa langue.''

L'énorme dragon de pierre pousse un rugissement semblable à un rire très grave et sinistre. Cet échange désappointe fortement Mô, cette vénérable créature ne voit en lui qu'un être sous-évolué... incapable de logique. Fëelle apparemment très irrité, mugis une dernière fois avant de s'avancer dangereusement de sa future proie. L'élu parle tout en esquivant les pattes acérées du protecteur:

'' Freia est plus compréhensible... ''

Comme s'étouffant avec sa propre langue, l'imposant dragon atterrit lourdement à l'endroit que Mô vient de libérer furtivement. Se mouvant fièrement et laissant saillir sa musculature, le dragon adopte une position d'attaque et regarde imperturbablement le renard.

'' Comme si s'adresser à Fëelle ne suffisait pas, créature de fourberie comment ose tu profaner le nom de cette divinité!

-Bien que sous l'apparence d'un renard, je parle au nom de ma déesse. Le langage des colosses à sang froid a disparu, pourtant tout s'éclaire... De son statut Freia garde ce dialecte au fond d'elle, j'y ai hérité dans ses pouvoirs. Cachant au mieux ça décontenance, le porteur d'améthyste surprend le regard non convaincu de Fëelle. Ignore mes mots si tu le souhaites, la silhouette draconienne sur mon flan t'appellera à raison... le choix de courroucer la divinité de la vie t'appartient désormais. ''

  Relâchant toute crispation, le vieux dragon, renouvelle son rire qui soudainement paraît plus détendu... du moins moins agressif. S'adressant alors directement au ciel et ignorant délibérément le jeune renard, Fëelle émet une tirade d'excuse destinée à Freia. Celle ci l'entends t-il? Qui sait... quoi qu'il en soit, le dragon rocheux déploie gracieusement ses ailes et laisse son visiteur sans un moindre dernier regard.

Penaud d'avoir clôt si promptement cet échange, Mô rejoint les humains tous pétrifiés de peur, attelés sur leurs chevaux, tous sauf... Arlane. Tenant moins férocement que tout à l'heure la petite blonde, elle relâche sa prise totalement indécise. D'une voix totalement narquoise, Ava s'adresse à la matriarche:

« Peut-on considérer que Mô est triomphant de cette épreuve ? Ou niez vous l'évidence qu'il ait survécu au redoutable dragon Fëelle ? »

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Voilà!

J'ai bien aimé écrire ce chapitre, qu'en dites vous?

Comme d'habitude je suis vraiment impatiente d'avoir vos retours ^-^

À la revoyure!