Échec


« Fauchons, Arbalètes, ou bien Lances...

Armez-vous ! La chasse à l'affût a commencé !

Une fourrure en échange d'une récompense.

Des primes seront remises à chaque renard tué. »

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Forêt Grüne

Quatre fois ! Cela fait quatre fois, que le renard frôle la mort. Les hommes l'ont presque eu. Et maintenant ils savent qu'il se terre non loin.

Tapis au fond d'un trou lugubre et étroit, il se cache en espérant ne pas croiser le propriétaire de ce terrier. Mauvaise idée !!! Les bipèdes l'ont piégé ! Ils ont recouvert d'une planche l'entrée de sa cachette. Le jeune élu grogne, il s'est fait avoir comme un amateur. Il attend le coup fatal, où l'un des deux humains balancera un bâton enflammé et pris au piège, la fumée l'asphyxiera avant que les flammes dévorent sa fourrure. Pourtant rien ne vient. L'odeur des hommes lui indiquent qu'ils sont toujours présents, pourtant ils n'agissent pas. S'approchant lentement de l'issue condamnée, le renard marque un temps d'hésitation avant de tenter un regard vers l'extérieur. Une main puissante essaye de lui saisir la nuque en vain. Le cœur battant la chamade, le porteur d'améthyste entend ses bourreaux pestiférer.

Le temps passe et toujours rien, les hommes ne l'attaquent pas, pour quelle raison? Il l'ignore. Aucune de ses tentatives d'escapade n'a fonctionné et l'élu commence à être fatigué. La nuit tombe, il a faim. Il a pensé à toutes les intentions qu'avaient les bipèdes envers lui. Une chose est sûre, ils veulent le capturer... mais en vie cela lui paraît peu probable. À l'extérieur, les deux hommes guettent. Depuis le début de la chasse, des dizaines de renards sont morts, et d'autres ont fui petit à petit leur territoire. Une bouteille d'eau de vie à la main, l'un des chasseurs s'exclame :

« Hé ben dit donc !!! Tout c'temps bêtement perdu pour ces sales bêtes ! Quand donc finiront les lubies débiles de not'« cher » Duc.

-Si t'es pas satisfait, le choix t' revient d'abandonner c'te prise...et à moi la récompense ! ''hip'' !

-Bahaha... t'as trop bu mon pauv'gars, si ce fichu renard se fait la malle, t'es mal placé ''hip''pour le courser. D'autant plus qui faut pas l'abîmer... faut une belle fourrure pour une belle prime ! »

Le jeune porteur d'améthyste a le museau qui le démange, les humains empestent. Puis effrayé, le renard se recule jusqu'au fond de son trou. Ce n'est pas normal, il a compris les humains. Leur dialecte étrange lui est parvenu comme de l'eau de roche.

Dans la pénombre, il ne distingue pas la marque de sa déesse, pourtant il sait qu'elle est là. Et c'est très probablement sa tâche brune qui lui donne cette faculté de comprendre ces humains. L'espoir refleurit en lui. À l'extérieur, ils sont saouls donc empotés. C'est sa chance ! Il la saisi ! Dégageant aussi discrètement que possible les planches lui bloquant le passage, il passe d'abord la tête dehors, puis détale vers la forêt. Le temps que les hommes se rendent compte de la disparition de leur cible, cette dernière est déjà loin.

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À bout de souffle et de forces, le porteur d'améthyste s'arrête. La pénombre engloutit la forêt, et il se met à se fier plus à son odorat qu'à sa vision. Après de brèves recherches, il trouve un endroit modeste où dormir. Pourtant sa nuit est agitée. De nombreux cauchemars l'envahissent, avec des images de ses frères et de sa sœur tués. Ce n'était donc pas une rumeur, la chasse des renards a débuté, peut être vaut-il mieux qu'il quitte sa terre natale pour rejoindre un territoire plus sûr...

L'aube pointe le bout de son nez, le jeune élu aime voir la forêt se réveiller, regarder les dernières gouttes de rosée sur l'herbe ou encore surprendre la mère lièvre quitter son terrier pour... « broulrulrou ». Son estomac crie famine et ce rongeur tombe à pic. Sans plus de manières, il bondit et brise la nuque de sa proie.

La panse bien remplie, il s'éloigne peu à peu du village des hommes en direction de la rivière. De l'autre côté du cours d'eau, une terre nouvelle l'attend.

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Il est temps ! Il n'a que trop attendu, sa prochaine mission est de retrouver son messager. Mais dans l'immensité de la terre d'Ümbral comment retrouver une seule âme ? Creusant lentement un sillon derrière lui, il fait les cent empreintes. La première chose qui lui vient à l'esprit est que son allié est comme lui. Longtemps Freia l'a envoyé sous forme humaine, il ne s'agit peut être que d'un essai mais cette fois son élu est un animal. Probablement que son partenaire est à son image.

Cette hypothèse lui paraît possible. Pourtant son instinct lui crie le contraire.

Le jeune renard se remémore alors les événements qui ont précédé sa nouvelle vie. À chaque fois, une force mystérieuse les appelait l'un à l'autre jusqu'à leurs retrouvailles. Sans pour autant pouvoir parler dans les deux langues, tous deux se comprennent mutuellement au-delà de leur différence linguistique...

Non ! L'élu comprend, il ne grogne pas et ravale sa déception pour laisser place à la résignation. Tout s'assemble devant lui : Il ne compte plus le nombre de fois où il a été attiré par les villages humains, les maintes rencontres qu'il a faites avec les bipèdes ou encore son incessante curiosité pour ces créatures. Venant compléter le puzzle, une pièce clé s'ajoute... la nuit dernière franchissant la barrière du langage il a compris les humains.

Son messager, qui l'aidera et l'accompagnera, appartient à l'espèce qu'il redoute et haït le plus... c'est un humain !

Son plan de rejoindre l'autre partie de la forêt Grüne, en traversant le fleuve Triade, tombe à l'eau. S'il doit retrouver son messager, il faut qu'il rejoigne les alentours du village Lamm, voire le château.

Rebroussant chemin, l'élu s'avance au fur et à mesure dans sa quête. Durant plus de deux heures, il se questionne sur les motivations de sa déesse pour lui avoir choisi un tel coéquipier. Puis arrêtant de blâmer le monde entier, il s'interroge lui-même sur ces raisons de détester les humains.

Comme une évidence, les courses poursuites, battues et armes viennent illustrer sa haine. Cette espèce triche, se sert de la nature et des animaux sans prendre en compte les conséquences.

Avant, lui aussi était dans un de ces corps de bipèdes, mais même entre eux ils se font souffrir, ce pourquoi il n'a jamais atteint l'objectif principal confié par Freia. Alors saisissant son destin à deux pattes, il s'avance toujours résigné entre les vénérables arbres, qui sait si un homme a été choisi peut être est-ce parce qu'il est différent.

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Le soleil a passé son zénith, ses coussinets le font souffrir, des heures de marche et pas assez de chasse à son goût. Remédiant à ce nouveau problème le renard n'épargne nullement un bosquet chargé de myrtilles.

Se guidant de son possible avec le soleil, le vent et les arbres, il parvient néanmoins à se perdre. Cependant le jeune porteur d'améthyste voit cela comme une opportunité de découvrir de nouveaux horizons. Belle erreur !

Une odeur étrange s'installe dans son museau, elle n'est pas trop désagréable mais il a un mauvais pressentiment. Sortant avec fougue des taillis, une bête qui lui est inconnue le regarde avec hargne.

S'il ne peut communiquer qu'avec ses semblables et les humains, même un premier né peut comprendre qu'il a empiété sur le territoire de cette créature. D'abord calmement, l'animal s'avance jusqu'à provoquer un mouvement de recul chez le jeune renard. Soudain, encore plus irrité, la bête met en évidence ses cornes torsadées et gratte le sol de ses griffes.

La crête de poil roux le long de sa colonne se hérisse et avant de passer à la charge, la créature pousse un cri strident.

L'élu est blême. Déjà l'apparence de cet animal ne lui inspire guère confiance mais alors voir ses crocs acérés, sa langue fourchue et son groin, lui donne davantage de frissons.

S'avançant à toute vitesse vers le renard, la bête pousse des râles sonores. Bien que rapide, le porteur d'améthyste esquive l'animal avec souplesse et fait volte-face à son adversaire.

Dans l'ombre imposante de cette créature, il n'avait remarqué tout de suite que ses yeux sont placés en extérieur. Il émet en bref soupir, en réalisant que l'animal qui lui fait face est une proie. Pourtant même s'il ne craint plus de se faire dévorer, il se met en garde. La bête à beau ne pas être un prédateur ce n'est pas pour autant qu'il ne faut pas s'en méfier.

Au moment où il s'apprête à bondir sur la croupe de la bête, des bruissements venant des buissons attirent son attention. Une créature semblable apparaît, mais cette dernière affiche un regard moins belliqueux. Le premier animal se retourne avant de faire barrière entre lui et le nouvel arrivant.

Il n'est pas dupe. Ne voulant pas provoquer plus de dégâts, il courbe l'échine en signe de paix et s'efface dans la forêt.

La créature se retourne alors vers sa compagne et lui fait une léchouille amicale sur le museau.

S'en retournant paisiblement, le couple de ces étranges bêtes fait dos au jeune élu, resté caché dans les broussailles.

Soulagé, qu'il n'y ait eu plus de peur que de mal, il continue sa traversée de la forêt, mais il garde en tête une image très nette de ces animaux afin de connaître plus tard à quelle espèce ils appartiennent.

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La nuit tombe, le jeune renard ne doit pas être à plus d'une lieue des habitations humaines. Une étrange vague d'inquiétude vogue dans l'air. Humant au maximum les effluves, il tente tant bien que mal d'en analyser leurs sources. Étonné il voit de nombreux rongeurs détaler devant lui, sous l'effet de la surprise, il n'a pas le reflex dans attraper un.

Après, un groupe de cervidés passe au dessus de sa tête manquant de justesse de l'assommer. Dans l'incompréhension totale, il s'abrite entre les racines d'un arbre et observe une dizaine puis une vingtaines d'animaux passés devant lui.

Expliquant alors la raison de cette panique générale, l'air s'épaissit et il reconnaît l'odeur de fumée. Il quitte son abri et fait face à une lueur rougeâtre et brûlante au loin à travers les arbres. Pris aussitôt du même instinct de survie, il s'apprête à s'éloigner au plus vite de l'incendie afin de rejoindre une source d'eau.

Le porteur d'améthyste ne parcourt pas 6 toises, qu'il stoppe net et tourne un regard empli de désespoir vers les flammes.

S'apitoyant sur son sort, il se dit qu'une fois encore la mission divine qui lui a été confiée échoue. Il laisse son bassin tomber lourdement au sol en signe de résignation. La culpabilité monte ensuite et le jeune renard se dit que tout est de sa faute. S'il s'était pressé, il aurait pu faire quelque chose, comme retrouver son messager. Mais c'est trop tard... portant un ultime regard vers le feu mangeant si rapidement la forêt, il sait d'où vient ce phénomène.

Le village Lamm brûle, il y aura peu de survivants puisqu'il est entouré de toute part de la végétation de la forêt.

Si son allié y vivait... il est perdu.

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Un chapitre tant attendu, assez difficile à écrire mais j'espère que l'histoire vous plaira toujours autant!

Ce sur je vous dit à la prochaine (partie) bonne lecture!

Ps: Je compte faire un "index" ou quelque chose du genre sur lequel j'explique quelque événements (ex: le discours d'Edwige sur les opossums). Je pourrais si cela vous dit répondre à certaines questions si des éléments du texte vous ont paru troubles. Alors n'hésitez pas ^-^

Edit: Bien que cet "index" ai déjà été fait à ce jour (16.07.19) vous pouvez tout de même me poser des questions et ce n'importe quand, je serais ravie de faire un "index2.0" XD


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