Aux abords de la mer d'Opaï, après une longue traversée par le village Rodents...

« Halte là! Attachez les mules en retrait. Maintenant faisons preuve de discrétion... »

Sur ces mots, la matrone ouvre la marche, intimant fermement à Ava de la suivre sans rechigner. Caractérisée par son fort tempérament, elle grimace sans grande conviction. Son partenaire derrière elle, sa confiance revient et elle se met à suivre la matriarche sans un bruit.

Au fur et à mesure de leur avancée, des groupes se forment parmi les villageois qui pour certain cessent leur route. Bientôt, arrivés au niveau de la mer, ils ne sont plus que cinq, Arlane, Mô, Ava, Icaar et Ménelle. Ces deux derniers restent pourtant à quinze bons pieds derrière eux. Avidement la matrone sourit et dit:

« Nous y sommes, ici aura lieu ton épreuve ma chère amie. »

Oubliant de répliquer sur ce dernier mot, Ava grommelle:

« Si c'étaient pour vous abandonner en cours de route, autant valait-il mieux que vos hommes restent au village...

-Ils ne nous ont pas laissé pour compte, rassure toi, mais les plus... sensibles... restent à l'écart...

-Et ces deux là ne sont pas concernés j'imagine, elle désigne le duo de gardiens de la tête, ainsi que vous.

-Pas exactement nous sommes tous ici présents possiblement atteignable, mais pour les deux tourtereaux qui nous accompagne, ils sont... comment dire... moins influençable car tout simplement moins en manque de... compagnie. Et puis moi je...

-Ok c'est passionnant... mais de quoi devrions nous tous se méfier pour que ne plus être aussi vulnérable? Hein?

-Des sirènes bien entendu. »

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Laissés coi après la réponse de la matriarche les élus attendant une quelconque suite.

« Ces créatures sont redoutables pour leur mélodie, mais ne t'en fait pas pas, Arlane se baisse pour être à la hauteur de la jeune blonde, une fois envoûtée nous rentrerons au village et même si après cette étape il est vrai que tu ne seras plus toi, cela m'importe car tu seras suffisamment... malléable pour que je te garde avec nous. »

Mô grogne et prenant un léger contrôle psychique involontaire sur son alliée dit de la voix fluette de la jeune fille:

« Et ce en admettant qu'elle échoue j'imagine... grrr. »

Aussitôt estomaquées, Arlane surprise d'une parole à la troisième personne et Ava d'avoir parlé pour son renard, toutes deux se retrouvent un temps soit peu perturbées... Comprenant ensuite, après un échange, mental le phénomène, la blondinette garde en tête cette étrange capacité qui les rallient davantage mais dit:

« Vous partez d'ores et déjà triomphante matriarche, mais vous ne me verrez pas navrée pour vous lorsque que nous serons conduit par vos hommes au lac. »

Ava tourne les talons, sans idée de ce qu'elle doit faire. Restant le regard perdu au loin, elle se rapproche de son renard. Les deux élus ne savent pas ce qui est le plus dérangeant: l'absence de bruit au niveau du rivage ou l'absence de vie aux alentours...

Bien que les vagues viennent lécher la digue, aucun des sons caractéristiques des roulis de l'eau n'en émanent. De même, que depuis près d'une heure aucune forme de vie n'a croisé leur route, et cela ne semble gêner que Mô et... son huma... cela ne semble gêner que Mô. Mais après la vague réponse de la quarantenaire, il se doute que les chimères chantantes en sont pour quelque chose.

Les sortant de leur torpeur ainsi que pour accélérer sa victoire, Arlane explique le rôle d'Ava dans cette épreuve:

« Un trio de sirènes demeurent dans la mer d'Opaï, deux d'entre elle sont en possession d'instruments... je te fais grâce de deux contraintes, car tu n'aura pas à me rapporter l'un des objets en particuliers, va!

-De quelle autre contrainte suis-je « libérée »?

-Oh? Je ne te demande pas la voix de la chanteuse, tu devrais me remercier! »

Sur un rire mesquin, elle saisit le renard par le col et l'éloigne de la rive. Dans un murmure pour elle, la matriarche affirme:

« Toi aussi petite, tu pars déjà triomphante... mais je ne serais pas déçue lorsque je ferais de toi ma descendante... s'adressant alors au porteur d'améthyste elle chuchote, et que j'aurais empaillé ton familier... »

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Ava s'approche de l'eau, les vagues viennent et repartent calmement, trop calmement. Même en tendant l'oreille elle n'entend rien... serait-ce dû à la présence des sirènes?

Une fois, les pieds quasiment immergés, un sifflement d'air retenti. Faisant tâche parmi ce silence si limpide, les bruits de bruissements trahissent la présence de quelqu'un. Levant la tête la jeune blonde voit se dessiner dans le ciel, de minuscules silhouettes.

Avec un vol souple et gracieux, quatre femmes-oiseaux se posent sur un rocher au centre de l'eau. Lissant alors les plumes de leurs ailes, elles paraissent très détendues. Alors une fois prêtes, la première porte une flûte à ses lèvres, la seconde commence à gratter les cordes de sa lyre à l'aide de ses serres, la troisième entame une sérénade. Mais Ava ne fait guère attention à leur mise en scène et d'une voix quelques peu agacée, demande:

« Hé mais vous ne devriez pas être trois?!? »

Interrompue si sauvagement, quelques unes déglutissent douloureusement, alors toujours de façon si théâtrale, la chimère joueuse de lyre déclame:

« Les légendes humaines ne révèlent que ce que les hommes décident de révéler... la vérité en est par ailleurs très souvent cachée...

-Mouis... non convaincue la blondinette joue avec le feu, les légendes omettent de préciser que vous vous baladez nues... faisant preuve d'une inconscient folle elle poursuit, ohlala quel indécence... »

Décidément non préparée, à recevoir une hôte si... particulière, elles ravalent une autre fois leur salive dans un raclement de gorge douloureux. Voulant, d'une certaine manière, nettoyer leur honneur, le trio de musicienne s'engage à nouveau dans leur mélodie. Pourtant, dès lors la plus discrète, la quatrième sirène s'interpose et d'un regard complaisant stoppe leur envoûtement. Soupirant alors très bruyamment, celle qui semble être la leader pose sa lyre et déclame:

« Je suis Lùu, muse des mers, elle désigne sa partenaire de gauche et poursuit, voici Glaophona enchanteresse divine de par sa voix, puis montrant son acolyte de droite termine sa tirade, et Maulp la joueuse de flûte renommée des océans. Nous sommes les sirènes d'Op..

-Vous oubliez votre amie! »

Oubliant alors le potentiel danger, Ava plonge dans l'eau jusqu'à la taille et s'approche du promontoire de pierre des femmes-oiseaux. Une fois face à la sirène recluse, elle annone:

« Et... et vous? »

Cette dernière semble terriblement hésiter, se tournant vers ses camarades, elle leur lance un regard suppliant. Alors comme à son habitude, Lùu prend la parole:

« Nous ne l'oublions pas... notre amie s'est jointe à nous depuis peu...

-Hum... Ava surprend un autre regard de la chimère exclue et se tait.

-Tu n'a apparemment pas peur de nous, sais-tu au moins ce dont nous sommes capable, elles brandissent leurs instruments de musique d'un air menaçant, que viens tu donc faire ici? Puisque tu semblais être au courant de notre effectif... »

Alors terriblement en détresse, Ava ne sait que dire... mais d'une voix mal assurée affirme:

« J'ai besoin de votre aide pour que nous nous échappions des griffes de... de la matrone des Rodents!

-Que vous vous échappiez?

-Oui, je suis avec mon ami... elle sort alors son seul argument, mais un argument de poids lui semble t-elle, il se prénomme Mô et... il est l'élu de la déesse Freia. »

La dernière sirène, qui faisait preuve d'une extrême discrétion se redresse. La jeune blonde commençait même à penser que cette dernière était muette, sa déduction s'en retrouve faussée quand la chimère parle:

« Tu ne te considères pas comme une élue toi aussi? »

Étrangement, la femme-oiseau semble déçue. Un éclat doré passe dans son regard et avant qu'Ava n'ait le temps de répondre, elle déploie ses ailes qui blanchissent à vue d'œil. Mais la petite fille ne fait pas attention à ce qui se passe devant elle et répond tristement:

« Non... pas tellement. Je suis l'auxiliaire de Mô, cela est déjà un trop grand honneur pour moi. Et je ne saurais bafouer celui de la déesse en déclamant que je suis également son envoyée...

-Cela ne bafouerait pas mon honneur rassure toi, la sirène qui n'en est plus tellement une pose une main sur l'épaule de la jeune blonde, c'est plutôt moi qui serais honorée d'être ta déesse ma petite... »

Après un long temps de réflexion, Ava semble commencer à comprendre. Ne pouvant se mettre à genoux à cause de l'eau dans laquelle elle se trouve, elle se colle le plus possible à la surface de la mer pour se baisser un maximum. D'une plainte coupable elle murmure:

« Je ne souhaitais pas vous blesser, je vous présente mes excuses, si j'avais su que vou... encore plus faiblement elle parle pour elle, non en fait j'aurais quand même parlé... mais je suis réellement désolée...

-Mon enfant, ta modestie t'honore... ta franchise également, elle se met à rire et adresse un regard à ses compagnes sirènes, je vous veille toi et... Mô et j'ai bien ouïe le marché d'Arlane. La déesse chuchote à la blondinette, qu'attends tu pour le leur demander? Et n'omet rien! »

La tête basse, Ava contourne le monticule de pierre pour faire face aux chimères. Bredouillant elle dit:

« Afin de... répondre à l'appel de la déesse Freia nous devons partir d'ici mais la matriarche ne nous libérera que... si nous sommes triomphant de ses épreuves... Mô à remplit la sienne mais moi... Pour gagner, Arlane m'a demandé l'un de vos instruments... »

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Bonchouuuur!

Et un nouveau chapitre! Un!

Comment le trouvez vous?

Et les sirènes?

J'espère sincèrement que mon histoire vous plaise tout autant ^-^

Bis'