Le matin était sombre et orageux lorsque le shérif, une femme d'une prestance austère, raccompagna sa fille Alexa jusqu'à la salle de classe. Les murs de l'école semblaient murmurer des secrets anciens tandis qu'ils s'avançaient dans les couloirs. La pluie battait contre les vitres, créant une mélodie discordante qui résonnait dans l'édifice déserté. Le claquement des bottes du shérif sur le sol de marbre ajoutait une note de gravité à cette matinée déjà lourde de présages.

La porte de la classe s'ouvrit brusquement, et les élèves levèrent des yeux curieux et inquiets vers l'entrée. Le silence se fit aussitôt, chaque étudiant sentant l'importance de l'instant.

Le shérif s'avança, sa voix résonnant avec autorité :

"Excusez-moi de vous interrompre," dit-elle, "mais je dois vous informer que nous allons lancer un avis de recherche pour la disparition de mademoiselle Blake Topaz."

À l'énoncé de ces mots, Danaé sentit les larmes monter à ses yeux. Elle tourna la tête vers Lee, cherchant son regard. Lee, assis au fond de la classe, sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine. Ils savaient tous deux pourquoi Blake n'était pas là, et redoutaient les conséquences d'un avis de recherche officiel, surtout après avoir entendu la suite du discours du shérif.

Le shérif Clarke, une femme aux traits marqués par l'expérience et la détermination, la gorge serrée par l'émotion, poursuivit son annonce avec une gravité accrue :

"Je dois également vous informer qu'une bête sauvage rôde en ville. Des preuves vidéos m'ont été confiées. Elle a été aperçue pour la première fois par la jeune fille disparue le soir de l'incendie, puis il y a quelques jours devant la maison de l'une des étudiantes de cette classe."

Un frisson parcourut l'assemblée. Des murmures inquiets et des sursauts de peur se propagèrent comme une onde. Serena, bouche béante, fixait Alexa avec stupeur. La petite étudiante aux cheveux rouges, toujours embrumée par ses excès d'alcool, semblait seulement prendre conscience de la gravité de la situation. Elle n'avait même pas remarqué la présence de la bête devant chez elle cette nuit-là.

Danaé, sentant l'étau de l'angoisse se resserrer autour de son cœur, se pencha vers Lee et murmura :

"Tu penses qu'elle va la trouver avant nous ?"

Lee, les mâchoires serrées, répondit à voix basse :

"On doit espérer que non, mais si on veut faire les choses bien, il va falloir être très prudents."

La femme blonde d'un âge mûr, le shérif Clarke, continua son discours avec détermination :

"Il est fort probable que cette créature soit actuellement en chasse de Blake. Je vais déployer des équipes et tout mettre en œuvre pour la retrouver saine et sauve, et pour capturer cet animal avant qu'il ne cause plus de dégâts."

L'atmosphère dans la classe était devenue oppressante. Les élèves échangeaient des regards effrayés, réalisant l'ampleur du danger qui pesait sur leur petite ville. Un silence lourd pesait sur les épaules de chacun, et même le grincement des chaises semblait déplacé dans cette atmosphère chargée de tension.

Le shérif, après avoir lancé un dernier regard protecteur à sa fille, se retourna et quitta la salle, laissant derrière elle une audience plongée dans l'angoisse et l'incertitude. Alexa se sentit soudain très seule. Les regards des autres élèves étaient tournés vers elle, comme si elle détenait les clés du mystère qui les enveloppait tous.

Serena s'approcha timidement de Danaé et Lee, ses yeux grands ouverts et humides de larmes non versées. "Vous croyez que Blake va bien ?" demanda-t-elle d'une voix tremblante.

Danaé posa une main rassurante sur son épaule, bien qu'elle-même n'en soit pas convaincue. "On doit y croire, Serena. On doit y croire."

Les murmures s'intensifièrent tandis que les élèves tentaient de comprendre ce qu'il se passait réellement. Dehors, la tempête faisait rage, et dans les cœurs de ces jeunes gens, une tempête d'émotions similaires grondait.

La journée s'étira, chaque minute semblant peser une éternité. L'atmosphère dans la classe était dense, presque palpable, et le poids du silence oppressait chaque élève. Danaé et Lee échangeaient des regards lourds de sens, bien que chacun gardât ses secrets bien enfouis. Leurs pensées étaient entrelacées de mystères et de non-dits, une toile complexe de craintes et de révélations imminentes.

L'après-midi, après une classe interminable où les mots des professeurs résonnaient comme des murmures lointains, Lee tira discrètement Danaé de côté. Ils quittèrent le bâtiment par une porte dérobée et se réfugièrent dans un coin isolé de la cour, à l'abri des regards indiscrets. Le vent sifflait à travers les arbres, portant avec lui des chuchotements indistincts et des frissons inquiétants.

"Il faut qu'on parle," dit Lee, sa voix grave et urgente. "On ne peut plus garder ça pour nous."

Ses yeux cherchaient ceux de Danaé, implorant une compréhension silencieuse. Elle, bien que consciente des enjeux, sentait la gravité de la situation peser sur ses épaules. Lee inspira profondément, le souffle court et agité.

"Comment a-t-elle pu devenir une bête féroce, Danaé ? On ne peut plus ignorer ça. Si on veut retrouver Blake, on doit dire à Clarke tout ce qu'on sait."

Danaé le fixa, luttant pour contenir son émotion. Puis, d'un ton acerbe et teinté de sarcasme, elle répondit : "Oh, allons-y, déballons tout. Disons au shérif que notre meilleure amie a un excès de pilosité à chaque pleine lune. Elle va nous croire sur parole, c'est certain !"

Lee serra les poings, frustré. "Danaé, je suis sérieux. Ça devient trop dangereux."

"Et moi donc ? Tu crois que je vais trahir Blake comme ça ?" Elle leva les yeux au ciel, son ton devenant plus acerbe. "Tu crois que je vais lui dire , ne vous inquiétez pas madame, elle peut éventuellement tuer des gens mais ça lui arrive qu'une fois par mois !"

Lee la regarda, ses traits marqués par l'angoisse. "Si on ne fait rien, ca va empirer Danaé."

Danaé croisa les bras, ses yeux lançant des éclairs. "Je sais. Mais tu me demandes de trahir ma meilleure amie. Blake compte sur nous. On doit trouver un autre moyen."

Lee soupira, luttant contre le désespoir. "Alors, quel est ton plan ?"

Elle réfléchit un instant, son esprit analytique cherchant des solutions dans ce labyrinthe de problèmes. "D'abord, on trouve la créature nous-mêmes. On doit savoir ce qui s'est passé réellement avant de parler à Clarke. Peut-être qu'il y a encore une chance de sauver Blake de son instinct primitif."