Zuko (6)

On peut dire que notre rentrée, qu'on a faite mercredi, était des plus banales. Je m'attendais à une université animée, avec des cours et des concepts que je n'ai jamais vu. Mais là, non. Des bâtiments classiques, de la végétation pas spécialement entretenu, quelques élèves pressés d'aller au self même si la bouffe est dégueulasse. On repère rapidement les labo pour notre premier cours, de la biochimie avec Monsieur Roku. C'est un vieux type avec une longue barbe blanche, je suis sûr qu'il pourrait s'entendre avec mon oncle. Il porte une genre de robe de prof rouge qui doit dater de bien avant ma naissance vu la coupe. Rien de spécial à dire sur les laboratoires, c'est bien équipé sans pour autant être incroyable. Bref, la banalité à l'état pur. Cet endroit me rappelle un peu un pain de campagne. À part l'endroit où on le trouve, y'a rien d'exceptionnel.

Roku : bien. Demain matin monsieur Pakku vous fera visiter l'entièreté du campus, étant donné que vous êtes arrivés après la rentrée.

Ma sœur se penche vers moi en me donnant un petit coup de coude pour attirer mon attention. Elle tiens dans sa main le sujet du travaux pratiques qu'on vas faire ce matin.

Azula : ça va être de la tarte. On se met ensemble ?

Zuko: ça me vas.

Roku : pour votre premier CCF, vous devez choisir un sujet d'étude sur une des diverses productions de l'établissement.

Ty Lee : n'importe laquelle ?

Roku: oui.

Mai: je prends l'analyse des micro-organismes présents sur les cultures.

Zuko: moi l'étude de la qualité de l'eau des bassins de pisciculture.

On avait déjà travaillé dessus l'année dernière et comme il y a de la pisciculture ici, ça va faciliter les recherches et donc, mon dossier. J'ai passé assez de temps dans mon ancien établissement à rien foutre pour ne pas retomber dans le même piège. Après un TP aussi passionnant qu'une vidéo d'asmr, on retourne chez nous pour aller travailler au café avec Ty Lee. Rien d'exceptionnel dans cet aprem. Des fois je relève la tête et je m'attendrais presque à voir le garçon aux yeux bleus débarquer pour me demander une réduction. Mais non, je ne les ai pas revu, ni lui, ni son ami à la flèche bleue.

Et comme il ne s'est rien passé après, nous voici le jour de la visite, le jeudi matin. Il nous fait visiter l'exploitation agricole. Il a des vaches, quelques brebis et, chose plus improbables, des bisons. D'ailleurs, il y en a un blanc avec une tâche grise qui ressemble à une flèche. Il est dans un enclos séparé et le prof soupire en le regardant.

Pakku: de base il devait finir en caissette mais des élèves ont râlé et ont décidé de s'en occuper.

Ty Lee : je comprends, il est mignon.

Bato: ils ont détourné la bétaillère pour l'empêcher d'aller à l'abattoir.

Mai: il a un nom ?

Pakku: Appa.

Azula : mouais, je ne jugerais pas ce choix de nom.

Il nous fait signe de le suivre et on visite les cultures dont j'ai à peine retenu les noms. Mai par contre, elle était à fond. Elle racontait pleins de trucs à Ty Lee qui comprennais pas rien non plus mais hochait la tête d'un air admiratif. Comme quoi, l'amour, tout ça. Après les cultures, on passe vers les bâtiments dédiés à la pisciculture. C'est assez grand, avec plusieurs bassins et l'endroit est plutôt sympa. C'est alors que d'un coup, un gros "PLOUF" résonne, nous faisant tous nous retourner. Et là, dans le bassin en train de recracher une petite fontaine d'eau, il y a le rat du salon de thé. Celui qui a de beaux yeux, celui qui s'est certainement foutu de ma gueule avec son pote. Il est là, habillé d'un simple t-shirt et d'un short, en train de tremper dans le bassin. Ma sœur, Ty Lee et Mai se contentent de le juger du regard et j'en fais de même, essayant d'ignorer le fait que j'apprécie de le revoir.

Pakku: ESPÈCE D'ABRUTI, TU TROUVES QUE C'EST LE MOMENT DE FAIRE UNE BRASSE !?

Sokka: J'AI GLISSÉ CHEF !

Le prof nous demande d'attendre avant de passer par le portillon grillagé qui mène aux bassins. C'est très gênant de le regarder l'engueuler. Sokka il s'appelle si je me souviens bien. Ma sœur me file un petit coup de coude.

Azula : et bah, ça commence bien.

Ty Lee : il est plutôt mignon !

Mai : quoi ?

Ty Lee : bah quoi ? C'est juste objectif, il n'est pas dégueu à regarder.

Je me demande comment elles réagiraient si je leur disait que c'était lui le rat passable. Il me lance un regard de loin avant de sortir du petit bassin, aidé par une fille avec la même teinte de peau que lui, des cheveux longs et châtains avec des drôles de mèches devant le visage. Elle a aussi un collier avec un médaillon. Je pourrais détailler ses yeux, plus grands que ceux de Sokka. Ils devraient normalement être plus intéressants à regarder mais je ne les trouves pas plus beaux.

De ce que j'ai cru comprendre, il s'est fait coller. On reprend la visite et ensuite, on a un genre d'entretien avec la directrice pour qu'elle nous aide dans notre sujet d'étude. Comme on n'était pas là l'année dernière, elle compte demander à un élève de la spécialité en question de nous aider, histoire qu'on soit pas trop paumés. Madame Wu, c'est un peu un personnage. Elle est âgée, avec des cheveux coiffés bizarrement, des vêtements extravagants et tellement de bijoux que j'ai presque mal pour elle. Elle sort de la pièce pour passer une annonce et elle revient avant de s'assoir derrière son gros bureau en bois verni.

Wu: bien, j'ai appelé l'élève qui te guidera et t'aidera pour tes recherches.

Zuko: il est en deuxième année ?

Wu: oui, ce n'est pas notre meilleur élève mais il est très serviable.

C'est alors que je vois arriver devant moi le garçon aux yeux bleus, le rat. Ses cheveux sont encore trempés mais il s'est changé, portant à présent un débardeur bleu à motif, un jogging gris et son collier de perles claires au cou. Il doit être aussi surpris que moi parce que ses yeux couleur azur s'écarquillent et il me pointe du doigt, comme s'il avait buggé. C'est ça qui est beau avec les probabilités. C'était quoi le pourcentage de chance, ou de malchance, pour que l'élève qui me soit affilié ce soit un client qui m'as dit que j'avais de beaux yeux ? Très faible, certainement. On n'aurait dû jamais se revoir, au maximum juste de croiser pour se lancer un regard gêné et c'est tout. Mais cette putain de loi de Murphy en a décidé autrement.

Zuko : Sokka ?

Wu: vous vous connaissez ?

Zuko: c'est... Un client de mon oncle.

Wu: parfait. Sokka, je te présente Zuko, il est arrivé hier et tu devras l'aider pour son sujet d'étude.

Sokka : J'ai pas le choix de toute façon ?

Wu: quel enthousiasme.

Sokka : ok, ok. Je suis votre homme.

Wu: tu peux lui faire visiter le bâtiment de pisciculture et le labo ?

Sokka : d'acc. Suis moi toi.

Il se retourne et je lui emboîte le pas, essayant de ne pas devier mon regard sur son dos et son son jogging un peu trop serré. Un peu de respect tout de même. On passe dans les couloirs mal éclairés du bâtiment de cours jusqu'à arriver en bas. Il se tourne vers moi avant de me sourire en ouvrant la porte, m'éblouissant un peu. La lumière hein, pas son sourire. Enfin je crois.

Sokka : bon, je suis pas un super guide mais tu vas devoir faire avec.

Zuko: ça me vas. De toute façon, j'ai la flemme d'aller en cours.

Sokka: alors on vas faire durer cette visite !

On commence à faire le tour des bâtiments de pisciculture. Les bassins, le hangar où on stock la nourriture et le petit labo improvisé dans ce qui était un débarras à la base. Mais ça, on y avait déjà plus ou moins visité ce matin, donc c'est pas non plus hyper intéressant. Mais Sokka arrive à rendre ça un peu moins chiant, en y allant de sa petite anecdote. Il désigne un trou dans le mur avec un sourire enjoué au visage. C'est dingue comme un sourire peut faire partie du visage de certaines personnes. Lui, j'arrive pas à l'imaginer sans.

Sokka : et ce trou, c'est moi qui l'ai fait en voulant tuer une guêpe.

Zuko: t'as essayé de la tuer avec quoi ?

Sokka : une encyclopédie.

Zuko: c'est un peu excessif.

Sokka : pour ma défense, elle était très près de ma tronche.

J'en ai entendu des rumeurs sur les lycées agricoles. Comme quoi c'est tous des tarés, qu'ils sont cons ou juste nuls en cours. Mais là, ça dépasse toute mon imagination. On sort du petit laboratoire poussiéreux et on se rend dans un genre de petite hall en extérieur où se trouvent deux rangés de casiers en métal bleu décrépit. Le sol est en béton usé et le toit laisse entre-apercevoir la charpente, recouverte de toiles d'araignée devenu grises à cause de la poussière. C'est miteux. Sokka s'accoude à l'un d'eux avant de me montrer l'endroit d'un geste de bras théâtral.

Sokka : pas mal hein ?

Zuko: heu... C'est quand même pas le vestiaire pour le labo ?

Sokka : si si.

Zuko : et les normes d'hygiène ?

Sokka : les quoi ?

Je dois faire une drôle de tête parce qu'il change de sujet. Il tapote la porte d'un des casiers, non loin de là où il était accoudé. La porte est un peu plus cabossée que les autres et un petit tag l'orne, deux lettres additionnés entourées d'un coeur. "S+Y". Aucune idée de qui c'est, il y a d'autres prénoms qui commencent par S.

Sokka : là c'est mon casier, des fois j'ouvre la porte et je hurle dedans histoire d'évacuer.

Je le fixe en clignant des yeux. Quoi ? Je finis par reprendre mes esprits et pencher la tête sur le côté d'un air d'incompréhension totale.

Zuko: quoi ?

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